Auteur : Nat, à votre service et à celui de votre famille !

Disclaimer : Les personnages de Tolkien n'appartiennent toujours qu'à Tolkien. Ma bêtise m'est toujours propre, hein, ça non plus ça ne change pas. Et Olo a participé à l'élaboration du bidule ci-dessous en suggérant un ou deux gags.

Warnings : Le texte qui va suivre contient une grooosse dose de stupidité profonde. Si vous tenez à l'image dorée de nos semi-elfes préférés, fuyez. MAINTENANT. C'est censé être drôle, mais je ne sais pas si le texte remplit le contrat. Ah, sinon, les anachronismes sont présents et les personnages OOC. Mais genre, totalement. …En fait, cherchez pas, ce texte est juste stupide.

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Thranduil au Bois Dormant

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Conte populaire humain remanié par Elladan de Fondcombe

Il était une fois un roi Elfe du nom d'Oropher. La tradition littéraire humaine voudrait qu'on le qualifie ici de bon, de sage ou de bien aimable, mais le fait est qu'il n'était ni l'un, ni l'autre, et encore moins le troisième. Il était en revanche aussi fier qu'autonome et possédait un caractère aussi bien trempé que l'acier de son épée. Volontaire et dur à la tâche, il s'était construit lui-même son propre royaume avec ses petits bras musclés et le gouvernait d'une main qui ne l'était pas moins.

Ce royaume fort lointain, très justement nommé Vertbois le Grand, se trouvait caché au cœur d'un grand bois fort vert. Elfes Sylvains et Sindar y vivaient en harmonie sous l'égide du roi, Changeurs de peau et animaux géants construisaient nids et maisons sous les ramures verdoyantes, et tous les royaumes voisins venaient commercer avec les habitants de la forêt, qu'ils fussent Nains, Hommes ou Elfes étrangers –à l'exception des Noldor, parce qu'il ne faut pas abuser non plus (1). Les plus beaux joyaux et bijoux conçus par les habiles artisans Nains ornaient les gorges blanches, les poignets délicats et les oreilles pointues des sujets de Vertbois, et les plus grands crus issus des vignobles humains ravissaient leurs palais tandis que la sagesse enseignée par leurs voisins Elfes du Bois Doré élevait leurs esprits. Le roi lui-même enchantait son peuple en organisant au moindre prétexte d'innombrables fêtes visant à célébrer la nature, la douceur de la vie, et surtout son pouvoir et sa magnificence sans pareils, ainsi que l'opulence du royaume due à l'exportation massive du charbon de bois. (2)

Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des grands bois verts. Cependant, une ombre planait sur l'esprit d'Oropher. En effet, le fier roi n'avait conçu aucun enfant en dépit de maintes et maintes décennies d'un mariage heureux, et cette absence affligeait grandement le couple royal. La crainte de ne pas avoir d'héritier pour perpétrer sa lignée hantait le noble souverain, et il voyait déjà son royaume splendide et surtout autonome tomber entre les mains avides de ses voisins Nains ou Humains. Ou, pire encore ! entre celles de ces dégénérés de Noldor, dont il se disait qu'ils choisissaient leurs hérauts sur la base d'un concours de chaussures. Oropher n'était pas tout à fait sûr d'avoir bien compris cette étrange affaire, mais il était en revanche absolument certain qu'il ne voulait pas en savoir plus –et qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour tenir son peuple et son vert domaine à distance respectable de ces infâmes individus.

Les années passèrent, et un beau jour l'heureuse nouvelle parcourut enfin Vertbois le Grand depuis les plus profondes racines jusqu'aux plus hautes frondaisons : la reine avait donné naissance à l'héritier tant désiré. Thranduil était le nom qui lui fut donné, et tout dans le royaume ne fut que liesse, et allégresse, et joie, et bonne humeur, et plein d'autres trucs positifs du même genre. On célébra cette naissance providentielle jour et nuit durant de nombreuses semaines, que dis-je, de nombreux mois. Une année entière, le dorwinion coula à flot, les chants résonnèrent sous les branches feuillues, et les danses firent vibrer le sol à tel point que même les Nains dans leur lointaine montagne le remarquèrent.

A l'occasion de l'anniversaire de son fils premier-né, Oropher-roi organisa la plus somptueuse des fêtes jamais tenues dans une forêt, qu'elle fut verte ou non. Il y convia ses voisins du Bois Doré, les Changeurs de peau, les Hommes, les Nains (à condition qu'ils se tinrent bien), et toutes les bonnes fées protectrices de la Terre-du-Milieu. (Il va sans dire qu'il ne convia pas les Noldor.)

Tous les invités apportèrent de somptueux présents pour le petit prince, mais la fête trouva son apogée lorsque les fées vinrent lui offrir leurs propres cadeaux. Chacune se pencha sur le berceau de l'enfant pour lui faire don d'un talent merveilleux. L'une lui offrit la beauté, l'autre la patience, une troisième l'intelligence. Les deux fées bleues, Allatar et Palando, lui donnèrent la force et l'habileté à l'arc comme à l'épée. La fée qui devait lui faire don d'un caractère accommodant éternua malencontreusement quand vint son tour de parler. (3) La fée Saruman lui fit, elle, don du discernement, et la fée Radagast lui insuffla l'amour des choses qui poussent et des choses qui vivent.

Mais hélas, une ombre sans nom s'étendit sur cette journée de réjouissance, parce que sinon tout irait trop bien et il n'y aurait pas d'histoire. Ce qui serait tout de même dommage.

Une ombre sans nom, donc, s'abattit sans prévenir sur le Grand Vertbois, car toutes les fées n'avaient pas été conviées à la fête. En effet, la fée Sauron (4) habitait alors parmi les Elfes Noldor, et elle se trouva bien vexée ne n'avoir point été conviée. Elle décida donc de s'inviter toute seule. Et, vexée comme un pou, elle décida également de faire au bambin un don un peu pourri.

Apparaissant comme par magie au beau milieu de la salle du trône du roi sylvestre, au cœur de son palais creusé dans des cavernes (5), la fée maléfique tendit un doigt parfaitement manucuré vers le berceau du gracieux bambin. Sa voix menaçante s'éleva tandis que la lumière festive prenait des teintes sanglantes du plus mauvais augure, et elle déclara avec force :

« Ainsi, roi, tu as négligé de convier la plus puissante des fées à la fête la plus importante de ton royaume ? Voilà une erreur ! Mais vois, je n'en garde pas rancune. Bien au contraire : je suis moi aussi venue offrir un don au jeune prince. Mais mes chères sœurs ont déjà couvert toutes les offres habituelles, je vais donc devoir faire preuve d'originalité. Entendez tous, vous qui êtes présents ! Soyons témoins et désespérez, car avant de fêter son dix-huitième siècle, le prince Thranduil de Vertbois le Grand s'étouffera avec une gorgée d'eau et en mourra ! AAHAHAHAHAHA ! »

Sauron disparut alors dans un éclat de rire sardonique et un nuage de fumée qui irritait la gorge et piquait les yeux. Les larmes montèrent donc à ceux de l'assemblée. Oropher-roi eut beau pester et tempêter, le nuage ne se dissipa pas plus que le mauvais sort qui planait désormais sur la tête blonde de son charmant bambin. Il harangua les autres fées, mais elles ne pouvaient rien : un don avait été fait, et selon la loi des fées (6) il ne pouvait être retiré. Alors le roi et la reine se lamentèrent longuement, et avec eux tous les invités. Et tous désespérèrent. Quelle tragédie.

Ce fut alors qu'une voix bougonne s'éleva du fin fond de la salle. Fort heureusement, la fée Gandalf n'avait pas encore prononcé son vœu parce qu'elle était trop occupée jusque là à baby-sitter des Hobbits. Habituée à évoluer dans des atmosphères enfumées grâce à sa proximité avec le petit peuple aux pieds velus, la fée grise s'avança sans peine jusqu'au berceau où le prince gazouillait.

Dans la fumée. Oui, oui.

La fée Gandalf leva son bâton et, de ses puissants bougonnements, rattrapa la catastrophe à venir en offrant enfin son don au jeune enfant : « Oui, déclara-t-elle de sa voix de stentor, le prince Thranduil s'étouffera avec une gorgée d'eau ainsi que l'a prédit la fée Sauron. Mais il n'en mourra pas et s'endormira seulement pour mille ans, me regardez pas comme ça Oropher, c'est le mieux que je puisse faire. Et c'est tout de même une amélioration de sa situation, en particulier s'il apprécie les siestes, alors arrêtez de râler. Maintenant excusez-moi braves gens, mais j'ai des Hobbits à nourrir, moi ! »

Alors tous dans la salle du trône respirèrent enfin, et cela n'avait rien à voir avec le fait qu'un serviteur avait enfin pensé à ouvrir les fenêtres.

L'autonomie et la pérennité de Vertbois le Grand étaient donc sauves. Néanmoins, jugeant que mille ans de sommeil ça faisait quand même une sacrée sieste, le roi Oropher ne voulut prendre aucun risque. Il fit fermer toutes les frontières et le royaume se replia sur lui-même, entièrement coupé du monde extérieur. Pour achever de contrecarrer le mauvais sort, Oropher bannit l'eau de son royaume. Il décida de ne laver son fils qu'au lait d'ânesse et à l'huile d'amande douce (7) et de l'élever au vin rouge (8). Le jeune prince Thranduil grandit donc en grâce, en force et en patience (parce que la sagesse n'était définitivement pas le fort de la famille) dans les cavernes profondes du palais de son père, avec interdiction formelle de mettre un orteil dehors avant son dix-huitième centenaire sous peine de se faire couper ledit orteil. Ce qui fit qu'il grandit aussi en totale ignorance, mais passons.

Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des grands bois verts (bis). Mais la fée Sauron, tapie dans les recoins les plus sombres de la forêt, veillait au grain. Voyant les années s'écouler et la protection attentive d'Oropher permettre au prince d'approcher son dix-huitième siècle sans le moindre incident aquatique, la vile fée décida de prendre les choses en main. Elle créa une guerre mondiale, comme tous les méchants qui ont besoin de régler un léger souci, et le preux Oropher s'en alla donc guerroyer au loin. Il partit, laissant son domaine et son titre à son fils et ne revint jamais, parce que pour une raison étrange les gens qui partent à la guerre dans les contes ne reviennent jamais. Ça doit être un genre de convention, je suppose. En tout cas ça nous arrange bien, et Sauron aussi.

Le jeune roi Thranduil, ainsi privé de son geôl… pardon, de son protecteur, décida de profiter de sa liberté nouvellement acquise pour aller faire un petit tour dans la forêt. Au cours de sa promenade il tomba au détour du chemin sur une rivière qui coulait là. Oui, je n'en avais pas parlé avant parce que je l'avais complètement oublié, mais il y a une rivière dans la forêt. Et, comble de hasard, la fée Sauron se trouvait également là. Elle s'était bien évidemment déguisée en vieille, parce qu'il y a toujours des vieux dans les contes. Sans doute une autre convention quelconque. Mais revenons à nos moutons, et plus précisément à Thranduil qui découvrit sous ses yeux ébahis ce liquide précieux si rare : l'eau.

« Quelle est donc cet étrange liquide ? s'interrogea le jeune Elfe. » « C'est de l'eau, mon roi, répondit la vieille. » « De l'eau ? Comme c'est surprenant. Je n'en ai jamais vu au palais. Est-ce dangereux ? » « Que nenni, répondit la vieille. Vous pouvez la boire, ô roi, ou même vous y baigner si l'envie vous en prend. C'est très agréable, surtout à la saison, et je vous le recommande fortement. »

Intrigué par l'eau qu'il ne connaissait pas, Thranduil s'y baigna donc en suivant les traîtres conseils de la fée déguisée (9). Hélas, trois fois hélas, suite à un faux mouvement le malheureux roi but la tasse dans la rivière et, ainsi qu'il avait été annoncé dix-huit siècles plus tôt, il sombra dans un profond sommeil. Ses gardes le découvrirent étendu sur la berge et le ramenèrent au palais, éplorés. Ils couchèrent le roi dans sa chambre et une sieste prolongée s'abattit sur Vertbois le Grand, plongeant dans le silence et l'obscurité d'un petit somme beaucoup trop long la jadis verte forêt qu'on renomma alors la Forêt Noire. …Quoi, vous faites la sieste avec la lumière allumée, vous ? Bon, alors on change le nom, voilà.

Mille années s'écoulèrent lentement, et nul n'entendit plus parler du grand bois plus si vert. En même temps personne n'en avait entendu parler non plus pendant les mille huit cent années précédentes, vu qu'Oropher avait fermé les frontières. Du coup ça n'inquiéta personne. …Toujours est-il qu'un beau jour le fameux millénaire se trouva écoulé et des Nains vinrent se paumer dans ce qu'on appelait désormais la Forêt Noire. Il s'agissait de la compagnie du roi Thorin qui recherchait la Montagne Solitaire, qu'ils avaient apparemment perdue dans l'intervalle. Egarés dans les bois sombres et silencieux, les courageux Nains découvrirent l'entrée du palais de Thranduil et y pénétrèrent avec la ferme intention de demander leur chemin aux Elfes parce que, tout de même, une montagne, ça ne se perd pas comme ça. Ils trouvèrent les Elfes, évidemment, mais tous endormis et malgré leurs efforts répétés pour les tirer de leurs songes aucun ne s'éveilla pour leur indiquer la route vers leur fichue montagne.

Naviguant de déconvenues en explorations de pièces désertes, le brave Thorin finit par parvenir au cœur du palais, là où se trouvait la chambre du roi Elfe endormi. Thranduil reposait là, tout en elfique grâce, ses longs cheveux d'or ondulant sur les oreillers, ses grands yeux de jade indéfiniment clos et son opalin visage couvert de poussière puisque personne n'était venu faire le ménage depuis mille ans. Oui, ça fait longtemps, et oui, il y avait beaucoup de poussière dans ce château. Et quelques araignées. Accessoirement.

Subjugué par l'état des lieux, Thorin en était rendu à se gratter la barbe en se demandant s'il pouvait réveiller l'endormi en le secouant comme un sac de pruneaux secs lorsque son fidèle conseiller, le sage Balïn, comprit enfin qu'ils étaient dans un conte et qu'il n'y avait qu'un seul moyen de réveiller qui que soit dans cette maudite forêt : briser l'enchantement du roi. Il fallait pour ce faire lui offrir un baiser d'amour, principalement parce que c'est comme ça que ça se passe dans le conte original. Elrohir dit bien qu'il y a une autre version et que la procédure de réveil est légèrement différente, mais il dit aussi qu'il n'a pas très envie d'en parler. Il commence d'ailleurs à prendre une vilaine teinte verdâtre, nous allons donc nous contenter de la version ne heurtant pas sa sensibilité.

…Où en étais-je ? Ah oui, le réveil.

En dépit de quelques reluctances dûment énoncées, le valeureux Thorin se trouva contraint de mettre en œuvre le protocole de réveil préconisé par son sage conseiller.

[NDLA : Nous signalons à notre aimable lectorat que la scène de la tentative de réveil par application de baisers sur la victime du sortilège ne sera pas décrite pour causes de difficultés techniques. Ça veut globalement dire qu'Arwen a essayé de voler la plume de l'auteur et que celui-ci a du s'enfuir à l'autre bout de la bibliothèque pour poursuivre la rédaction de son œuvre. Plusieurs étagères ont hélas péri dans ce terrible incident.]

Après plusieurs tentatives en suivant les divers conseils apportés par sa compagnie, Thorin dut se rendre à l'évidence : le roi Elfe ne se réveillait pas. Les baisers ne fonctionnant manifestement pas, et étant quelque peu agacé par ces tentatives infructueuses, le seigneur Nain opta en définitive pour une méthode plus radicale qui avait déjà fait ses preuves parmi les siens : il réveilla l'Elfe endormi à grands coups de baffes dans sa royale figure. (10)

Cela fonctionna.

Malheureusement, cela mit également le roi d'une humeur exécrable dès le réveil. A moins qu'il ne fût seulement pas du matin, ce qui est possible aussi.

Dans sa colère, le roi fit enfermer les Nains dans les cachots par ses gardes enfin réveillés. Tout était bien qui finissait bien, et tous vécurent enfin libres, heureux et éveillés.

Fin.

Elrohir vient de me faire remarquer que les Nains ne peuvent pas être libres s'ils sont enfermés dans les cachots. Ce qui est vrai. Considérons donc qu'ils se sont échappés desdits cachots. Avec des tonneaux, parce que pourquoi pas. Ils peuvent donc vivre heureux, éveillés, tonnelés et, pour le coup, libres.

Re-Fin.

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(1) Ce qui m'amène à m'interroger sur les raisons de l'aversion naturelle d'Oropher envers les Noldor, puisqu'il partage leurs deux principales caractéristiques : la tête de mule et la fierté mal placée. Elrohir m'a vaguement expliqué que ça avait un lien avec une affaire de gris manteau et de collier de joyaux, mais je ne suis pas certain d'avoir bien compris le rapport. Quoiqu'il en soit, ça n'en a aucun avec notre histoire et je referme donc ici cette parenthèse.

(2) Et des champignons. Oui, c'est un commerce très spécifique. En même temps, les pauvres gars vivent dans une forêt, alors j'imagine bien que c'est compliqué d'exporter autre chose. On ne va pas se mentir : niveau agriculture ce n'est pas l'idéal et je doute fortement que cet environnement favorise le développement de l'industrie.

(3) Mais ça, en général, la légende évite de le préciser.

(4) Elrohir vient de me faire remarquer, à juste titre, que l'ombre a un nom, du coup. Je ne peux pas vraiment rectifier le texte sans tout réécrire et gâcher du papier, mais l'information étant pertinente je la pose là.

(5) Ce qui est parfaitement logique.

(6) Loi féerique du 1er avril de l'année 1500 du Deuxième Age, article 37, alinéa 2.

(7) Ce qui lui donna une peau douce et des cheveux magnifiques.

(8) Ce qui expliquait pas mal de choses.

(9) Prouvant ainsi que la sagesse n'était définitivement pas le fort de la famille.

(10) Ça aussi, la légende évite généralement d'en parler. C'est plus prudent. D'ailleurs vous ne l'avez jamais appris, et surtout pas par moi. Je n'ai rien à voir avec cette histoire, Elladan le Conteur est un homonyme et notre bien-aimé roi Thranduil n'a donc aucune raison de m'arrondir les oreilles à la serpe rouillée, par pitié, merci !

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Arwen haussa un elfique sourcil prouvant sa filiation avec le seigneur de Fondcombe.

« Rassurez-moi Elladan, vous êtes bien conscient que si jamais Thranduil découvre l'existence de ce… ramassis de bêtises que vous appelez texte, ce ne sont pas les oreilles qu'il risque de vous arrondir ?

-Evidemment, rétorqua son frère, puisque c'est un homonyme qui l'a rédigé.

-Eh bien, je suis au regret de vous annoncer que votre homonyme n'est pas très doué, constata Elrohir en se frottant la nuque, l'air peu convaincu par toute cette histoire. Il a précipité la fin et, d'ailleurs, il n'y avait aucun Nain dans le conte originel. »

Elladan balaya la remarque d'un geste de la main –celle qui tenait toujours la plume, ce qui envoya voler quelques gouttes d'une encre sombre sur l'acajou de son pupitre.

« Il n'y avait pas d'autre roi disponible dans la région concernée pour réveiller les endormis enchantés. Vous m'en voyez navré mon cher frère, mais il m'a bien fallu adapter l'histoire aux contraintes locales. »

La réponse apportée n'effaça pas l'expression dubitative d'Elrohir. En revanche, elle eut le mérite de faire lever les yeux clairs d'Arwen jusqu'au ciel –ou, en l'occurrence, jusqu'au plafond.

« Ce devait être un prince humain, Elladan, pas un roi Nain. Et n'oubliez pas non plus qu'en ce qui concerne l'écrivain, ce devait être votre homonyme. Je me permets de vous le rappeler car vous sembliez beaucoup y tenir il y a approximativement quinze secondes.

-Vous n'êtes jamais satisfaite, soeurette de mon cœur. Et il faut bien que j'inclue moi-même les Nains dans les contes humains puisqu'ils ne les mentionnent jamais. »

Cette fois-ci, ce fut au tour d'Elrohir de réagir. Il releva la tête pour plonger son regard gris dans celui, identique, de son jumeau, et une tristesse feinte vint marquer ses traits encore juvéniles.

« Je suis sincèrement désolé, 'Dan, mais je suis obligé de vous contredire. J'ai moi-même recopié un conte, i peine une heure de cela, dans lequel les Nains tiennent une place prépondérante. »

Les deux autres semi-elfes le considérèrent un instant, l'une avec étonnement, le second avec intérêt. Désireux de prouver ses dires, leur frère s'empressa de retrouver le conte en question dans l'ouvrage abîmé qui lui servait de modèle et les trois jeunes gens se plongèrent bientôt dans une lecture studieuse, leur corvée de copistes définitivement oubliée. Les yeux d'Elladan ne tardèrent pas à luire dangereusement dans l'obscurité (toute relative) de la bibliothèque.

« Mais voilà ! se récria-t-il soudain, son ravissement parfaitement lisible sur son visage. Mon frère, ma sœur, nous avons là de quoi faire une transition parfaite et expliquer pourquoi les Nains cherchaient une montagne dans la forêt de Thranduil !

-C'est-à-dire ? s'enquit Arwen, le sourcil aussi arqué que méfiant.

-Mais avez-vous lu le même nouveau conte que moi, Arwen ? Les Nains, la forêt, le sommeil enchanté, tout y est, tout est lié ! Regardez, il y a même une marâtre !

-Ça manque de citrouille, tout de même, fit observer Elrohir.

-Il est question de pomme, ça remplacera. »

La jeune fille agita un index sévère en direction de son frère aîné.

« Elladan, n'y pensez mêm…

-Mes enfants, s'exclama le jeune semi-elfe en lui coupant peu élégamment la parole, après des recherches approfondies auprès des plus grands experts en Nains, Elladan le Conteur revient vers vous pour vous présenter cette légende ancestrale venue du cœur des montagnes !

-Certainement pas !

-Oh, Valar… »

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J'aimerais, s'il vous plaît, que nous ayons tous une pensée pour la chronologie qui nous a quitté pendant la rédaction de ce chapitre. (Et pour la ponctualité aussi, dans mon cas précis.)

J'espère que ce petit texte aura su vous tirer un sourire et je vous remercie pour votre lecture ! :)