Hello ! Ce chapitre a mis du temps à arriver, mais je vous avoue avoir été pas mal prise. J'espère que ça vous plaira malgré tout !


Chapitre 3 : dix râteaux pour le prix d'un

- Salut, salut !

Livai ne répondit même pas au grand geste d'Hanji. Il passa à côté d'elle et se contenta de lui coller un café dans les mains. La jeune femme fronça les sourcils.

- Qu'est ce qu'il y a ?demanda-t-elle.

Livai grommela, et Hanji sourit à moitié.

- Quoi, t'as encore fait des conneries ?rit-elle.

- Justement non, soupira Livai en avalant une gorgée de café.

Hanji le regarda sans comprendre, et le visage de Livai rougit un instant. Finalement, la jeune femme lui asséna une tape sur l'épaule.

- Allez, raconte moi !s'impatienta-t-elle.

Livai se pinça l'arrête du nez et passa une main dans ses cheveux. Il semblait particulièrement gêné, et c'était pourtant une chose rare. Livai n'était jamais embarrassé de quoi que ce soit. Il était porté par les évènements sans que cela l'affecte, et avait d'ordinaire plus à faire avec les problèmes des autres qu'avec les siens. Mais à voir ses doigts déformer le gobelet de café, Hanji sut que quelque chose le tracassait.

- Hier soir, Petra et moi on a voulu pratiquer...nos activités de couple, commença Livai après avoir inspiré profondément.

- Et ?l'invita à poursuivre Hanji.

Livai avala son café d'une traite.

- Il y a eu quelques difficultés techniques, finit-il en posant une main désespérée sur son front.

Hanji entre ouvrit les lèvres. Et éclata d'un rire strident. Livai sentit son sang froid disparaître, et il se jeta sur son amie, qui manquait déjà de s'écrouler sur le trottoir. Il lui saisit les cheveux et les tira violemment, mais cela ne calma pas Hanji. Cette dernière ne cessait de hurler de rire, les yeux en larme, alors qu'elle mimait sans jamais se lasser une main tombante. Livai tenta de lui faire avaler son gobelet, mais ce fut un parfait échec. Il finit par la plaquer contre le mur, une main dans le dos, pour allègrement lui crier dessus. Jusqu'à ce qu'une main ferme se pose sur son épaule. Livai se retourna immédiatement, et son teint pâlit. Erwin.

- Dois-je vous rappeler que nous enseignons à des adolescents à bannir de leur comportement toute forme de violence ?dit-il, les sourcils durement froncés. Vous ne pensez pas que vous devriez donner l'exemple ?

Livai déglutit, alors qu'il croisait le regard azur de son supérieur. Finalement, il lâcha Hanji à contre coeur, et cette dernière frotta son poignet douloureux en chouinant.

- Je ...commença Livai. Elle m'a cherché. Elle n'arrête pas de me chercher. Tout le temps.

- Je ne veux pas le savoir, rétorqua Erwin en s'éloignant. Vous êtes adultes. Comportez vous comme tels.

Livai pinça les lèvres et regarda le dos solide d'Erwin. Il pénétra dans l'enceinte du lycée. Livai se tourna lentement vers Hanji. Il avait les traits tirés.

- Je te jure que si tu me fais la moindre remarque je t'égorge, lâcha-t-il.

- Il est...très autoritaire !gloussa Hanji sans pouvoir se retenir.

Livai ne chercha pas à être diplomatique, et la poussa d'un coup de main dans l'épaule. La jeune femme manqua de tomber, mais elle se rattrapa et rit à nouveau alors que Livai se dirigeait vers l'entrée du lycée. Il ne put s'empêcher de soupirer. L'année scolaire promettait d'être bien longue si Erwin ne cessait d'apparaître partout où il était. D'autant plus que Livai n'avait toujours pas été honnête avec Petra, et qu'il ne parvenait plus à avoir d'expérience sexuelle correcte avec sa fiancée. C'était une chose qu'il jugeait bien préoccupante, et pensa pour la première fois depuis sa nuit avec Erwin qu'il courrait sans doute bel et bien à la ruine en épousant Petra. C'était une femme droite que tout le monde portait dans son coeur. Alors pourquoi une aventure d'un soir alcoolisée venait bousculer l'intégralité du quotidien modèle de Livai ? Il n'en avait pas la moindre idée, et au-delà de l'agacement profond qu'il ressentait, il était également fortement perturbé.

ooo

- Eren, non, pour la énième fois non, le terrorisme n'est pas une forme de justice, soupira Livai en se claquant le front.

Le jeune homme protesta avec véhémence, et Livai dut lui jeter sa règle au visage pour qu'il se taise. C'était sa première heure de la journée, et il était pourtant déjà épuisé. Il avait à peine dormi et ses yeux menaçaient sans cesse de se fermer. Finalement, Livai se leva pour se poser devant le tableau. Il attrapa un feutre, et tendit la main pour effacer la leçon de la veille. Il fronça bien vite les sourcils, et chercha sa brosse autour de lui. Plusieurs petits ricanements lui firent lever les yeux. Il vit la brosse. Elle était perchée tout en haut du double tableau, bien entendu hors de sa petite portée.

- Je vous hais, maugréa Livai en se pinçant l'arrête du nez. C'est officiel.

Les élèves éclatèrent de rire. Cela tourna mal au fond de la classe, car Sasha eut le malheur de cracher toute sa brioche sur Connie, et ce dernier hurla en s'époussetant. Livai ne prit même pas la peine de s'énerver. Aujourd'hui, il n'en avait pas le courage. La cloche le sauva. Tous les élèves se ruèrent hors de la salle. Livai attrapa une chaise lorsqu'ils furent tous sortis, afin d'aller récupérer sa brosse. Il en passa un coup nerveux sur le tableau.

- Ta taille a toujours été un problème, n'est ce pas ?

Livai se claqua le front, et il se tourna vers la porte. Erwin se tenait dans l'embrasure. Livai reposa nerveusement la brosse.

- Tu comptes m'éviter toute ta vie ?demanda Erwin en souriant.

- J'aimerais que tu comprennes que j'ai une vie, maugréa Livai. J'ai des amis, une fiancée, alors essaye de trouver quelqu'un d'autre à ennuyer.

Erwin rit un instant, et Livai fronça les sourcils.

- Je suis désolé, s'excusa le proviseur. Mais je n'ai pas envie d'ennuyer quelqu'un d'autre, pour ne rien te cacher. Et si ça ne te dérange pas, j'aimerais bien qu'on aille prendre un verre toi et moi. Histoire de pleinement discuter de notre situation.

- Si, ça me dérange, rétorqua Livai avec colère. Maintenant, proviseur ou pas, sors de ma salle de classe.

Erwin poussa un profond soupir, mais finit néanmoins par sortir. Livai sourit un instant. Et se donna une claque sur le front lorsqu'il le réalisa. Il détestait l'état dans lequel le mettait Erwin. Il n'aimait pas être surpris ou embarrassé, et encore moins béat lorsqu'il croisait une personne avec qui il avait eu une expérience sexuelle désastreuse. Livai ne savait plus comment faire pour se cacher. Il avait trompé sa fiancée avec un homme particulièrement séduisant, cet homme s'avérait être son nouveau supérieur, et il se montrait désormais impuissant avec Petra. Sa vie tournait au vinaigre et Livai ne le supportait pas. Ce n'était pas une chose habituelle pour lui. Livai était quelqu'un qui réussissait tout, mais aujourd'hui il se mangeait des murs, et ça lui déplaisait fortement. Malheureusement, il n'allait pas avoir le choix. Il devait vivre avec ce qu'il avait fait.

- Salut.

Livai se tourna brusquement vers la porte. Petra rentra dans la salle. Elle avait un dossier calé contre sa poitrine, et un petit sourire timide sur les lèvres.

- C'était à cause de moi ?demanda doucement la jeune femme.

Livai n'eut aucun mal à comprendre qu'elle parlait de l'échec de la veille.

- Non, répondit-il sèchement.

- Tu sais, c'est peut être médical, tenta une nouvelle fois Petra.

Livai soupira d'agacement.

- Ce n'est pas médical, grogna-t-il.

- Livai, pourquoi tu ne me parles plus depuis quelques jours ?demanda Petra. Depuis que tu es sorti avec Hanji, tu refuses qu'on ait des discussions construites. Que s'est il passé ?

Livai sentit son pouls s'accélérer. Il tapota son torse avec l'illusion que cela pourrait calmer son coeur.

- Il ne s'est rien passé, lâcha-t-il. On parlera plus tard. Je vais avoir cours. S'il te plaît, retourne à tes dolipranes.

Petra baissa les yeux, mais elle n'insista pas. Livai la regarda partir avec un pincement au coeur. Comment allait il pouvoir annoncer à cette fille merveilleuse qu'il l'avait trompée le jour même de sa demande en mariage ? Petra était la femme idéale. Elle était jolie, intelligente, aimante, bienveillante. Toutes les personnes de cette terre rêvaient d'un jour tomber sur quelqu'un comme elle, et Livai, qui était parvenu à la trouver, la détruisait. Durant plusieurs minutes, il se détesta. Il posa une main sur son front. Toute cette agitation mentale avait fait grimper sa température.

ooo

- Je pense qu'on va arrêter les vous et les Madame ou Monsieur, ou je ne sais quoi, dit Hanji en souriant à Erwin. Vous avez couché avec mon meilleur ami, vous m'avez vu plus ivre que je ne l'ai jamais été, alors je pense que ça suffit à justifier une certaine complicité.

Erwin sourit franchement.

- Très bien, approuva-t-il en rangeant quelques papiers sur son bureau.

Hanji se tenait face à la porte grande ouverte du bureau du proviseur. Elle s'apprêtait à quitter l'établissement, tous ses cours de la journée étant terminé. Il n'était pas très tard, tout juste 17 heure.

- On devrait aller boire quelque chose, proposa finalement la jeune femme.

Erwin fronça les sourcils. Hanji éclata de rire.

- C'est pas un rencard, reprit-elle. On va juste aller boire un café, un chocolat, une bière, peu importe, histoire de discuter un peu en tête à tête de notre ami commun.

- Livai, en conclut Erwin.

Hanji hocha positivement la tête. Puis elle perdit son sourire hilare de collégienne, et parut devenir la personne la plus adulte de cet établissement scolaire.

- Les sentiments et émotions de Livai sont cachés dans une caisse fermée avec des clous, dit-elle. Mais quand on y va au pied de biche, on se rend compte que c'est une énorme caisse. Par exemple, il veut des enfants. Et quand on le regarde, on se demande ce qu'un homme comme lui pourrait bien faire d'enfants ! C'est quelqu'un de compliqué, mais qui mérite qu'on s'intéresse profondément à lui.

- Tu es autorisée à me dire des choses comme ça ?demanda Erwin en souriant.

Hanji pinça les lèvres.

- Non, avoua-t-elle. S'il apprend que j'ai balancé ça je vais me faire tuer et dépecer, alors je te serai reconnaissante de garder cette information sous clé.

- Rassure toi, je ne vais pas te torpiller, lui dit Erwin d'un ton réconfortant.

Hanji retrouva son sourire.

- Bon alors, on y va ?s'impatienta-t-elle.

Erwin hocha positivement la tête, et il se dirigea vers elle. Il claqua la porte de son bureau. La journée de travail était à présent terminée, mais Erwin savait parfaitement que sa véritable vie venait de commencer à l'instant où il avait décidé d'accepter la proposition d'Hanji. C'était une drôle de femme avec un tempérament si trempé qu'Erwin peinait par moment à la croire humaine. Elle était amusante, provocante, mais avait également un côté particulièrement protecteur qui la rendait d'autant plus charmante. Aussi Erwin la suivit sans discuter, chose qu'il finit par regretter lorsqu'il monta dans sa voiture. En effet, s'il épargnait à la jeune femme le calvaire du métro, elle ne se priva quant à elle pas le moins du monde de l'assommer en lui racontant absolument tout et n'importe quoi. Et principalement n'importe quoi. Erwin apprit une nouvelle chose sur Hanji durant les vingts minutes qui les séparaient du centre ville. Hanji était incroyablement bavarde, et c'était par conséquent très étonnant qu'elle soit si lié à Livai qui était l'incarnation même de l'insociabilité. Cela fit comprendre à Erwin qu'il avait bien des choses à découvrir à propos de cet homme qui ne cessait de titiller sa curiosité.