CHAPITRE 2
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Salut les petit.e.s potes à la compote!
Ouais, ouais, meilleure phrase d'intro. Et alors ? He bien alors rien, wallou, nada, que dalle, puisque c'est ma note d'auteurice et que je parle, absolument, toute seule.
Bon, bah me revoilà avec un 2ème chapitre. Dites, vous aviez remarqué mon délire avec les noms de chapitre en latin ? Non mais parce que je me suis fait chier quand même à trouver des expressions latines qui collent à peu près à ce que j'écris.
Et sinon, si j'ai un peu suivi, je crois avoir compris qu'ici on répond aux reviews en note... hé, hé, hé :)
Meranath : Merci pour tes encouragements, j'espère que Malfoy continueras à t'intriguer et Ron à te plaire ;)
Remerciements : Amber 4ever pour la relecture
Disclamer : Je ne suis pas J.K.R anyway, rien n'est à moi, comme le dit la formule consacrée.
Rating : M
Paring : HP / DM
Les Trigger Warning : dépression, relations toxiques, zone grise du consentement, violences, violences sexuelles, suicide, meurtre...
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Si vis pacem, para bellum
Si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre.
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N'être Personne.
N'aller Nulle Part.
Ne faire que passer.
J'avais peur.
Puis, un jour, ça n'a plus eu la moindre importance.
Ni sens, ni raison.
Un jour, Nulle Part est devenu la seule destination que j'espérais et Personne, mon identité.
Comme prévu, les années passent et ma vie me fane et m'effrite.
Des larmes aux soupirs, du rire aux drames.
D'allées et venues en va-et-vient.
Je n'attends Rien.
Je suis Là.
Je pourrais être Ailleurs.
Je suis lâche.
Alors je continue ma route pour Nulle Part.
N.B.M
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27 novembre 2003 (plus tard) - 12, Square Grimmaurd, Londres, Angleterre
À peine était-il revenu chez lui que Harry se demanda s'il ne venait pas tout simplement de rêver ce qui venait de se passer. Il passa la main dans ses cheveux encore humides et décidément déjà trop longs pour ne pas lui donner l'air encore plus négligé que d'habitude. Il se força à secouer la tête. Non, il n'avait pas rêvé. Sans même s'en apercevoir, il fit courir ses doigts sur sa mâchoire, là où s'était écrasé le souffle de son ancien ennemi quand il lui avait murmuré ses allégations. Il fit remonter sa main jusque sur sa pommette douloureusement gonflée. La voix caressante et pourtant implacable du blond résonnait à l'intérieur de son crâne.
"Elle ne s'est pas tuée Potter".
Harry n'avait pas de mal à avouer que le suicide de la mère de Malfoy l'avait véritablement surpris et, il devait bien se l'admettre, étrangement remué. Il avait eu du mal à imaginer cette femme, pour laquelle rien n'était plus important que son fils et la pérennité de leur nom, se donner la mort. Il était intimement convaincu qu'avec ou sans baguette Narcissa Malfoy se serait relevée.
Qu'importe que son mari soit devenu fou. Qu'importe qu'il ne reste rien de leur fortune passée. Tant qu'elle avait son fils.
Pourtant, elle était morte.
Brutalement, l'idée de son suicide lui parut non seulement improbable, grossière. Alors que cette réflexion faisait le tour de son esprit, Harry sentit poindre un effroyable et fulgurant mal de tête, le désordre de ses pensées l'assourdissait littéralement. Trop d'événements imprévus, trop d'idées incohérentes, trop de transplanages et résolument trop de Malfoy pour une seule et même journée.
Le sorcier monta les quelques marches qui le séparaient de sa chambre à coucher et s'assit lourdement sur son lit.
- Accio Disimbroglio, formula-t-il d'une voix rauque et crispée.
Une petite boîte en acier tomba dans la main ouverte de Harry qui en fit sortir plusieurs billes turquoise. Elles ressemblaient à des perles mais, à les regarder de plus près, on pouvait distinguer une sorte de fumée à l'intérieur, une fumée bleutée prise au piège des contours d'une sphère lisse et parfaite. Sans hésiter, Harry en porta une à sa bouche la faisant éclater entre son palais et sa langue.
Il s'allongea en travers de son lit. Les pieds toujours posés au sol. Attendant, les yeux fermés, que la potion fasse effet.
Harry avait mis un temps fou à créer le Disimbroglio… Grâce à ses missions qui l'amenaient parfois d'un bout à l'autre du pays, il avait réussi à dégotter une potion de Sommeil sans Rêves particulièrement efficace qu'il conservait précieusement. Elle était tellement puissante qu'il s'était aperçu que, même une fois éveillé, certains effets perduraient jusqu'en milieu de journée. Il était apathique, presque absent, et pourtant étonnamment efficace quant à l'exécution de son travail. Branché sur le mode automatique, avait-il pensé à l'époque.
Bien qu'il y ait certains inconvénients, une des propriétés de la potion l'intéressait particulièrement : elle faisait disparaître toutes les pensées parasites en effectuant une sorte de tri dans son esprit pour n'aller qu'à l'essentiel. Les pensées les plus urgentes, celles qui devaient passer avant les autres, se matérialisaient clairement dans sa tête alors que toutes celles qui ne permettaient ni d'agir ni de prendre des décisions étaient réduites au silence, comme remises à plus tard.
Accessoirement, cela l'empêchait aussi de ressentir quoi que ce soit, ce qui était parfois… gênant. Surtout pour les autres à vrai dire, qui ne savaient pas comment interpréter le comportement étrange de Harry.
Il avait tout de même décidé de travailler à la création d'une solution qui permettrait de remettre de l'ordre dans son esprit agité en s'appuyant sur les ingrédients de cette potion de Sommeil sans Rêves… Seulement, n'ayant jamais été très doué pour cela, il avait tout naturellement décidé de faire appel à Hermione pour qu'elle lui apporte son aide.
- Que je t'aide à quoi ? l'avait-elle interrogé les sourcils froncés.
- Eh bien, oui tu vois, une sorte de potion qui m'éviterait de trop… de me...
Harry s'était tu. Il n'avait plus mal à sa cicatrice. Il n'y avait plus de Mage Noir pour lui envoyer des visions toutes plus terribles les unes que les autres. Non. Il n'y avait plus que lui. Plus que lui et son esprit flingué par la peur. Ses incohérences et ses doutes s'enroulant autour de chaque pensée. Il fallait que ça cesse.
- De te quoi ? avait reprit Hermione ouvertement agacée cette fois. De te transformer en une sorte de mort-vivant, qui ne serait plus capable de penser ou de ressentir la moindre émotion. C'est ça que tu veux ?
- Non ! avait précipitamment répondu Harry. Justement j'ai besoin de toi pour que tu m'aides à réguler cet aspect-là de la potion. Je veux juste, enfin tu sais bien, pouvoir penser normalement, comme tout le monde. Sans être submergé… et m'interroger constamment et... pour être là, juste, simplement là ! avait-il bafouillé, honteux de devoir exprimer sa faiblesse à voix haute.
- Crétin ! C'est exactement comme ça que tout le monde pense ! Et on fait avec ! avait-elle terminé rageusement, laissant Harry seul dans la cuisine d'Olivier et Ginny, avec la sensation tenace de n'être qu'un minable.
Finalement c'est Georges qui l'avait aidé à mettre au point son idée. Lui aussi semblait intéressé par le résultat final… Après de nombreuses tentatives, ils étaient parvenus à enfermer un sort temporaire de Tête-froide couplé aux ingrédients de la Potion de Sommeil sans Rêve qui les intéressaient et à un Philtre de Paix.
Le résultat était à la hauteur de leurs attentes.
Harry savait bien qu'il ne devait pas en abuser mais il fallait avouer qu'il avait de plus en plus de mal à s'en passer. Sans ces petites billes, lorsqu'il était seul, il passait ses soirées les yeux dans l'âtre de sa cheminée, perdu dans le labyrinthe de son esprit. Prisonnier. Au milieu des autres, amis comme inconnus, il restait à l'écart, incapable de rire vraiment, incapable de suivre la moindre conversation jusqu'au bout. Le Disimbroglio n'avait rien résolu au fond. C'était juste un répit. Mais c'était mieux que rien.
Les yeux toujours clos, l'étau qui encerclait son crâne se desserra petit à petit et son esprit se vida peu à peu… Le cerveau du Désormais-un-peu-moins-tourmenté-Harry-Potter fît le choix de ne conserver que l'image des yeux gris et obscurcis par le doute de son plus vieux rival.
Il l'avait revu.
Et Merlin cet homme avait failli lui faire perdre la tête en moins de 2h de temps. D'ailleurs, il était sûrement en train de devenir fou. Mais ça, le Disimbroglio l'empêchait d'y penser...
À la place, il commença à défaire lentement la ceinture de son pantalon avant de faire glisser sa fermeture éclair. Il passa sa main le long de son sexe, par dessus son caleçon, il avait vraiment besoin de se toucher. Harry fit glisser doucement le bout de ses doigts le long de ses côtes faisant remonter son t-shirt. Il effleura lentement un téton avec son pouce, le faisant durcir sous son doigt. Harry fermait les yeux, il imaginait de longs doigts pâles et fins. De longs doigts qu'il voyait s'enfoncer dans le cuir d'un fauteuil...
À cette pensée, il finit de se tendre complètement, son gland frottant désespérément contre l'élastique de son boxer. Il tira alors sur le vêtement devenu excessivement gênant et caressa du bout des doigts ses testicules durcies par le désir. Pressé tout à coup, il s'empara de son sexe et commença de lents va-et-vient sur toute sa longueur, imaginant une autre main, une autre peau. Quelqu'un qui s'accroupirait lourdement, qui aurait dans le regard une lueur… dangereuse, qui le regarderait en faisant jouer ses canines sur ses lèvres.
Harry imagina ces lèvres occupées à une activité bien plus productive. Et alors que cette idée prenait forme dans son esprit, c'est Malfoy qu'il vit, les lèvres brillantes de salive, à genou entre ses cuisses. Il bloqua sa respiration pour retenir encore un peu l'orgasme qu'il sentait monter en lui. N'y tenant plus, il accentua durement la pression sur son sexe pour enfin accéder à la libération, rejetant sa tête en arrière dans un long gémissement essoufflé.
Alors qu'il retrouvait une respiration moins erratique, Harry se laissa bercer par les battements de son cœur qu'il sentait se calmer progressivement.
Ce n'était pas la première fois qu'il se touchait en pensant à Malfoy. Ce n'était pas la première fois qu'il utilisait le Disimbroglio pour éviter d'y réfléchir. Mais il revenait toujours à lui. Lui.
La potion l'empêchait momentanément de se demander encore et toujours pourquoi, pourquoi lui, l'empêchait de se traiter mentalement de cinglé… elle se contentait d'apporter des réponses pragmatiques.
Excitation, masturbation, fantasme, orgasme.
Pour le reste, Harry aurait tout le temps de ressasser ce qu'il venait de faire quand les effets du Disimbroglio se seraient dissipés.
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30 novembre 2003 - Fat Toad Restaurant, Londres, Angleterre
- L'interrogatoire a duré 8h d'affilée, j'ai cru qu'il ne céderai jamais. Mais Harry a réussi à le faire craquer. Il ne l'a pas lâché un seul instant ! s'exclama Ron avec des étoiles dans les yeux. T'avais pris quoi vieux ? Je me demande même comment il a fait pour tenir si longtemps. Ton regard lançait des Avada… ça faisait un moment que je ne t'avais pas vu si...
- J'ai revu Malfoy il y a quelques jours, l'interrompit Harry tout à coup sans avoir écouté un seul mot de la conversation précédente.
- Quoi ?! s'étrangla Ginny qui venait de prendre une bouchée de son plat du jour.
Ron et Ginny le regardaient de l'air de ceux qui appréhendent une catastrophe. Ils attendaient que le brun daigne en dire plus. La fourchette de Ron était suspendue dans le vide et le bout de pomme de terre qu'il comptait mener à sa bouche menaçait de venir finir sa route sur son pantalon qui, miraculeusement, n'était pas encore tâché.
- Je l'ai croisé, éluda Harry avec moins d'empressement, soudain conscient qu'il venait de balancer une petite bombe en plein milieu de leur pause déjeuner.
- Et… ? osa finalement Ron, en reposant ses couverts.
- On a… discuté, éluda finalement Harry. Il m'a demandé un service.
- Un service ? appuya Ginny doucement.
Elle voulait en savoir plus, mais elle était bien placée pour savoir que faire parler le brun pouvait se révéler aussi compliqué que de vouloir converser avec un troll des cavernes.
- Ouais… répondit-il d'un air détaché, il veut des informations sur la mort de sa mère : qui était là, qui l'a découverte, les détails quoi, acheva Harry en essayant de rester le plus naturel possible.
Comme s'il n'était pas en train de parler d'un ex-mangemort qui s'avérait être son plus vieux rival. Comme s'il ne s'agissait pas de celui qui avait toujours eu le don de le faire agir de manière tout à fait irrationnelle. Comme s'il ne suffisait pas qu'il pense un peu trop à sa bouche pour...
- Pourquoi il pense que tu ferais ça pour lui ? questionna lentement Ron, abasourdi.
- C'est exactement ce que je lui ai demandé, répondit Harry en jouant avec sa fourchette, mal à l'aise du tour qu'avait pris ses pensées. En fait... il ne croit pas au suicide de sa mère.
Harry ne voulait pas lever la tête de son assiette pour voir l'incrédulité s'afficher sur les visages des deux Weasley. Il regrettait déjà de leur en avoir parlé… Il allait reprendre la parole pour dire que Malfoy était sûrement devenu aussi dément que son père et qu'il pouvait aller se faire foutre quand Ron reprit :
- Tu sais quoi… Hermione avait trouvé ça bizarre elle aussi. On n'en a jamais parlé avec toi parce qu'à cette époque eh bien…
- Parce qu'à cette époque tu agissais comme un vrai connard dépressif qui passait le plus clair de son temps à envoyer chier tout le monde, continua Ginny d'un ton neutre en regardant le brun droit dans les yeux.
- Harry cilla sous la critique. Il ne l'avait pas vu venir et il eut le bon ton de rougir instantanément.
- Ce qui finalement n'était pas si horrible, reprit Ginny en souriant de biais, maintenant tu n'es plus qu'un pauvre type dépressif qui passe le plus clair de son temps à faire la gueule. Il est même possible que l'on ait perdu au change ! conclua-t-elle sarcastique.
- Gin' ! s'écria Ron, outré que sa soeur ait pu dire une chose pareille.
- C'est bon Ron, coupa Harry voyant que le roux s'apprêtait à faire une scène à sa soeur en plein restaurant. Ginny a raison. Je ne suis pas toujours... de la meilleure compagnie, concéda-t-il finalement dans une grimace.
Il entendit distinctement Ginny marmonner le mot "euphémisme" dans sa serviette mais décida de l'ignorer. Après tout, il l'avait sûrement mérité.
- Donc. Maintenant que je ne suis plus un connard colérique mais juste un mec à l'humeur sinistre, commença-t-il ne pouvant réprimer un sourire, j'aimerais bien entendre pourquoi Hermione s'est étonnée de la mort de Malfoy mère.
- Ron ne l'aurait pas regardé plus bizarrement s'il venait de se changer en un service à thé en porcelaine qui viendrait lui chanter une chanson sur l'amour éternel. Il prit conscience qu'il n'avait pas plaisanté avec ses amis depuis bien trop longtemps et son cœur se serra à cette pensée.
- Elle m'avait simplement dit que ça ne lui semblait pas logique de la part de Narcissa Malfoy. Et, à la réflexion, j'ai trouvé qu'elle n'avait pas tort. Cette femme était prête à mentir à Voldemort pour savoir où était son fils et s'il allait bien, et là elle se suicide alors que Malfoy avait de bonnes chances d'être remis en liberté. Ça ne collait pas…
Harry était pendu aux lèvres de son plus vieil ami. Il n'aurait jamais pensé qu'il puisse abonder dans son sens. Une question lui brûlait cependant les lèvres :
- Pourquoi n'en avez-vous parlé à personne si vous aviez des doutes ? demanda Harry peut-être un peu trop brutalement.
- Nous n'avions pas de… doutes concernant la version officielle Harry, répondit Ron en se massant le front. Nous étions à la fin de cette guerre… à ce moment là, pour chacun de nous, il y avait plus urgent que de remettre en question un rapport du Bureau des Aurors concernant la femme d'un des plus fidèles mangemorts de Voldemort. Nous avons été surpris, puis nous n'en avons plus parlé. C'est tout, termina Ron, plus vexé par la remarque du brun qu'il ne l'aurait voulu.
Harry hochait doucement de la tête comme pour assimiler les propos de son ami et collègue. Bien sûr qu'ils avaient eu d'autres chats à fouetter, lui-même ne s'était-il pas vautré dans son mal-être sans plus penser à autre chose ?
- Il t'a convaincu n'est-ce pas ? demanda tout à coup Ginny, le tirant de ses pensées.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? questionna Harry avec la désagréable sensation d'être pris en faute.
- Malfoy. Il t'a dit qu'il ne croyait pas au suicide de sa mère. Mais ce n'est pas tout… Que pense-t-il qu'il lui soit arrivé ? l'interrogea-t-elle plus clairement.
Harry se passa la langue sur les lèvres avant de les pincer. Il n'était pas sûr d'apprécier la théorie de son ancien ennemi concernant la mort de sa mère mais il était moins sûr encore de la réaction de ses deux amis quant à soupçonner leurs propres collègues d'homicide volontaire.
- Il pense qu'elle a été assassinée, exprima-t-il finalement en passant une main dans ses cheveux récemment coupés pour cacher son malaise.
Les Weasley échangèrent un regard lourd de sous-entendus avant de se rendre compte que Harry les observait avec l'air blasé de celui qui s'était attendu à cette réaction.
- Harry, ne nous juge pas si sévèrement, grinça Ginny qui rougissait sous le regard déçu de celui qu'elle avait trop longtemps aimé.
- Je n'ai rien dit Gin', se défendit-il du bout des lèvres.
- Tes yeux parlent pour toi Potter ! grinça-t-elle vivement. Tu te rends compte de ce que tu dis au moins, reprit-elle à voix basse. Tu sous-entends que certains de nos collègues auraient pu tuer Narcissa Malfoy et tu penses que l'on va sauter au plafond et te suivre dans une chasse au dahu aussi insensée que vaine !?
- Selon Luna, les dahus existent et ont la capacité d'apparaître et de disparaitre où bon leur semble, récita tranquillement Ron dans une tentative désespérée d'alléger l'atmosphère ambiante.
Il reçut pour toute réponse les regards désabusés de ses deux vis-à-vis, apparemment dénués de tout sens de l'humour…
- Okay… reprit Ron essayant de conserver son ton léger. Reprenons au début. En considérant que Narcissa ne se soit pas donné la mort… peut être que nous n'avons pas besoin de tirer de conclusions hâtives. Le Manoir des Malfoy était rempli d'Aurors et de flics, ils saisissaient tout, vérifiant qu'il ne reste aucun artefacts de Magie Noire, il y a peut-être eu un accident. Qui sait…
- Dans ce cas là, pourquoi déguiser sa mort en suicide ? questionna Harry d'un haussement de sourcil.
- Je n'en sais rien moi mais… peut-être que d'attirer l'attention sur le fait que des sortilèges mortels n'aient pas encore étaient détectés par les forces de l'ordre aurait été une bonne idée pour affoler la population sorcière, tenta Ron tout à fait sérieux à présent.
- Ouais… peut-être, concéda Harry. On fait quoi alors ?
- Qu'est ce que tu proposes ? demanda la rousse sans enthousiasme.
- Il faudrait que l'on puisse interroger discrètement tous ceux qui ont participé à la fouille du Manoir Malfoy, et plus particulièrement ceux qui ont escorté Narcissa sur les lieux le jour de sa mort, proposa Harry rapidement.
Il avait, évidemment, déjà réfléchi à la question.
Ginny frappa son front du plat de la main, l'air de n'avoir jamais rien entendu d'aussi stupide.
- Merlin tu n'es pas sérieux Harry !? Discrètement ? chuchota Ron en écho à la réaction de sa sœur. Il y avait plus d'une vingtaine d'agents sur l'affaire, la Brigade est restée sur les lieux pas loin d'un mois. Si tu crois qu'on peut enquêter discrètement et poser des questions, l'air de rien, à une vingtaine de flics chevronnés, j'ai bien peur que les nargoles aient complètement envahi ton cerveau…
- Ron, il faut vraiment que tu arrêtes de traîner avec Luna… remarqua Ginny en secouant la tête l'air faussement dépité.
- On pourrait commencer par essayer de savoir qui sont ceux qui l'ont découverte, reprit Harry rapidement avant que Ron ne cherche à se défendre auprès de la jeune femme. Ce doit être ceux qui savent le plus de choses j'imagine…
- McLaggen fait partie de ceux qui l'ont retrouvée, déclara Ginny d'un ton neutre.
- Comment tu sais ça ?! s'étonna Harry les yeux écarquillés par la surprise.
- La question, répondit Ginny lentement, c'est plutôt comment, toi, tu ne le sais pas ? McLaggen ne passe pas une semaine sans en parler. Il en a même fait une sorte de… blague, grimaça la jeune femme l'air vaguement dégoutée par l'humour plus que discutable de son supérieur.
- Quel fils de…
- Ce que veux dire Harry, l'interrompit Ron avant qu'il n'ait pu finir d'insulter proprement le chef de la Brigade de Police Magique, c'est que McLaggen et lui ne sont pas vraiment proches. Il est donc plutôt normal qu'il ne soit pas au courant.
- Il me déteste quoi, résuma Harry le regard noir en pensant à Caïus.
- Cela dit… investiguer auprès de McLaggen n'en sera que moins évident, affirma Ron pour revenir au sujet qui les intéressait. À moins que…
Le roux fit dévier son regard sur sa jeune sœur qui travaillait à la Brigade sous les ordres de l'homme qui était au centre de leur conversation, un sourire charmeur étirant ses lèvres.
- Non, non, non… s'exclama Ginny comprenant où son frère voulait en venir. Ron je n'ai même pas encore approuvé cette idée d'enquête au sein même de notre Département alors ne me demande pas d'aller soutirer des informations à mon chef ! Ne crois pas que Harry soit le seul à ne pas l'apprécier…
- Oui... mais j'ai entendu dire que, toi, il t'appréciait particulièrement, insista Ron tout de même beaucoup moins enjoué en abordant l'attirance que cet homme manifestait pour Ginny.
- Justement ! Si je pouvais me passer de me retrouver en tête à tête avec lui, ça m'arrangerait… précisa la rousse dans un souffle. On ne pourrait pas se contenter d'aller parler de tout ça à Shacklebolt ? Il nous écouterait non ? demanda-t-elle presque suppliante.
Harry et Ron se regardèrent de biais. Peu de temps en arrière, ils avaient demandé des autorisations spéciales afin d'enquêter au sein même du gouvernement au sujet d'un dossier pour lequel ils pensaient que des informations avaient été mal exploitées. Il s'agissait d'une affaire de disparition de femmes, Cracmolles pour la plupart, qui s'étalait sur les deux dernières années. L'une des disparues semblait avoir été en contact avec le Haut-Fonctionnaire à la Coopération Magique Internationale...
Le moins qu'ils puissent dire c'est que leur demande n'avait pas plu à Kingsley qui leur avait demandé de reprendre leurs recherches au lieu de formuler, à demi-mot, des accusations infondées. Ils étaient repartis la tête basse et n'avaient cessés de piétiner sur cette affaire depuis.
Harry se racla la gorge, honteux en repensant à la réaction de son chef.
- Je ne crois pas que l'on puisse juste se pointer devant Shacklebolt et lui dire qu'on a des doutes, avisa Harry évasif, il faut qu'on puisse au moins lui fournir quelques preuves qui tiennent la route.
- Je suis d'accord avec Harry, renchérit Ron. Il faut qu'on lui apporte quelque chose qui explique notre envie de voir ce dossier rouvert. Quelque chose d'autre que les allégations de Malfoy et quelque chose de plus tangible que nos seules réserves.
La jeune sorcière les regarda alternativement, comme prise au piège.
- Je ne me lancerai pas là-dedans, murmura finalement Ginny les mains levées devant elle comme pour repousser cette idée le plus loin possible. McLaggen est… de la pire espèce mais c'est mon chef et je ne suis que Sous-Brigadier les gars. Je n'ai pas envie de risquer ma place en la mémoire d'une femme qui a mal choisit son camp, termina-t-elle la voix plus assurée.
Harry n'avait rien à répondre à ça. Il n'avait même pas pensé que ses amis puissent apporter le moindre crédit à ce que Malfoy lui avait dit. Il était presque plus surpris qu'ils l'aient écouté jusqu'au bout… Si Ginny ne voulait pas s'en mêler, il n'allait pas l'y forcer.
Ron, quant à lui, était plus ouvertement déçu par la réaction de sa sœur mais ne répondit rien non plus, continuant de la fixer en se rongeant un ongle.
- Bien. Je vais vous laisser… C'est un plaisir de déjeuner avec vous, ironisa Ginny en se levant pour aller régler la note.
Les deux autres la saluèrent vaguement, Harry tenta même un pauvre sourire qui ne devait pas être très convaincant vu la façon que Ginny avait eu de lever les yeux au ciel en le regardant.
- Tu es avec moi alors ? demanda finalement le brun en se tournant vers Ron.
Il voulait s'assurer du soutien de l'autre Auror, comme pris d'un doute tout à coup.
- Évidemment que je suis avec toi, répondit Ron, piqué par l'inquiétude qu'il avait perçu dans le ton de Harry. Je commençais à m'ennuyer ferme à vrai dire, continua-t-il en souriant à demi. Suivre les règles. Résoudre des affaires de trafic de potions. Piétiner des mois sur des enquêtes qui tournent en rond à cause de la paperasse… Bref, je crois que j'était prêt à tout prendre pour m'extirper de cette routine, déclara le roux enthousiaste.
Harry sourit sans croire une seconde aux déclarations de son ami, il savait que leur travail n'était en rien routinier et que Ron disait cela pour qu'il n'ait pas le sentiment de l'avoir forcé à accepter. Il aurait voulu remercier son ami… d'être toujours là malgré tout. Mais il ne le fit pas. C'était trop compliqué. Il se contenta de lui donner le petit gâteau qui accompagnait le café qu'il s'apprêtait à boire.
Un petit gâteau, c'était tout aussi bien.
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5 décembre 2003 - 7 Suffield Road, Seven Sisters, Londres, Angleterre
Draco était occupé à finaliser un chaudron rempli de Philtre de Paix au sous-sol, quand il crut entendre frapper à l'une de ses fenêtres. Il se dépêcha de terminer ce qu'il était en train de faire pour remonter dans son appartement. Une chouette l'attendait derrière la fenêtre de son salon, éclairée par la lumière froide des lampadaires de la rue.
Il n'y avait qu'un seul sorcier qui pouvait lui faire parvenir une lettre à cette heure avancée de la nuit. Et il ne s'y attendait plus.
Il fit entrer la petite chouette grise aux immenses yeux dorés qui se percha sur le dossier d'une chaise de cuisine et réceptionna la lettre soigneusement fermée par de la Cire Indexile, qui reconnaissait le destinataire de la missive d'une simple caresse du doigt. Draco effleura le cachet du bout de son index, sentant la cire chauffer à son contact pour finalement fondre, lui permettant de déplier le mince parchemin.
Malfoy,
Je vais t'aider. Mais j'aurais besoin de temps. Et sûrement de toi aussi.
Retrouve moi demain à l'Alma à 22h, c'est un pub moldu. On ne devrait pas être dérangés.
H.P.
Bordel, il avait réussi à convaincre Potter.
Draco se saisit fébrilement d'un nouveau bout de parchemin pour y inscrire un rapide message confirmant ainsi sa présence au rendez-vous. Il n'arrivait pas à y croire… Le foutu Sauveur voulait bien lui servir d'indic' ! Il se sentit tout à coup un peu plus léger, une lueur d'espoir crépitant sous sa poitrine lui apportait une agréable sensation qu'il ne se rappelait pas avoir ressenti un jour. Aussitôt il grimaça malgré lui, l'idée que ce soit Potter qui fasse naître ce sentiment en lui le doucha instantanément. Même lorsque Draco parvenait à ses fins il fallait qu'il continue de le faire chier. À croire que c'était écrit…
Potter… se murmura-t-il à lui même sans même s'en apercevoir. Pourquoi fallait-il qu'il soit gay ? se demanda-t-il irrité de penser à ça tout à coup. Pas que Draco le soit… Draco n'était rien du tout. Les histoires qu'il avait eu n'en étaient pas. C'étaient des nuits dont les souvenirs se mélangeaient sur sa peau… Des femmes, des hommes. Il n'éprouvait rien pour personne, il n'aimait que la sensation du corps des autres autour du sien.
Et il oubliait tout ce qui n'était pas son plaisir au matin.
C'est Maxine qui l'avait initié à tout cela.
Il avait découvert que sa voisine était une sorcière un soir où elle avait fait exploser le mur qui séparait son appartement de celui de Draco. Elle s'apprêtait à lui lancer un Oubliette, pensant qu'il s'agissait d'un moldu, quand elle s'était aperçue que son voisin avait lui-même sa baguette à la main. Elle s'était mise à rire devant l'air ahuri de Draco.
- Je suis vraiment désolée, avait-elle réussi à articuler entre deux éclats de rire. J'étais en train de déballer ma commande pour ma boutique et je ne sais pas ce qu'il m'a pris, j'ai voulu tester une potion de Force, je me suis simplement appuyée contre le mur... et il s'est effondré ! avait-elle terminé les yeux brillants de son récent fou rire.
En temps normal, Malfoy lui aurait sans doute lui-même envoyé un Oubliette, mais la jeune femme ne semblait pas le reconnaître. Elle avait déjà fait réapparaître le mur, et réparé les dégâts qu'elle avait causé dans l'appartement de Draco qui n'avait toujours pas dit un mot. Maxine le regardait, circonspecte.
- Euh, tu n'est pas un genre de dangereux tueur en série qui va profiter de la situation pour me descendre en vue d'utiliser mes os et mes organes à des fins nécromanciennes j'espère ? Avait-elle questionné l'air faussement effrayé.
Draco pensa d'abord que cette fille était réellement inconsciente et deuxièmement, qu'elle n'aurait pas pu viser plus juste en le qualifiant de tueur.
- Tu es française, avait-il simplement répondu.
- Qu'est ce qui m'a trahi ? avait-elle demandé amusée. Mon charme, ma grâce, mon élégance ou… mon horrible accent ?
Draco n'avait pas eu de vraies conversations depuis plus de 2 ans. Il n'avait plus revu aucun de ses anciens camarades. Il n'avait cherché à rentrer en contact avec personne, se contentant de revendre quelques potions au marché noir en passant par de nombreux intermédiaires et toujours caché derrière l'apparence de quelqu'un d'autre grâce au Polynectar. Il était seul et ça lui allait bien. Pourtant, la soudaine et apparente sympathie de la jeune femme l'avait pris au dépourvu.
Elle était grande, avec de longs cheveux dorés, elle portait des vêtements moldus que Malfoy aurait volontiers qualifiés de répugnants tant ils étaient mal coupés et lui donnaient l'air de sortir de son lit. Mais il se dégageait de cette fille une telle confiance et une telle force qu'il ne fit aucune réflexion.
Ils avaient finalement fait connaissance. Elle s'appelait Maxine Ouerdo, avait quitté la France un an plus tôt et Malfoy n'avait pas bien compris ses raisons… elle semblait fuir quelque chose. Sans trop s'expliquer pourquoi, il lui avait dit son nom, elle avait plissé les yeux et froncé le nez un instant. Elle savait qui il était. Puis elle avait haussé les épaules l'air de dire que ça n'avait pas la moindre importance.
- Tu n'as peur de rien c'est ça ? avait-il ironisé pour cacher son trouble.
Maxine avait rit doucement.
- Il y a bien des choses qui m'effraient… avait-elle répondu sérieusement, mais un homme qui s'est fait prendre au piège d'une guerre alors que ce n'était qu'un gamin n'en fait pas partie. Désolée si ça te déçoit, avait-elle ajouté effrontément.
Bien plus tard, elle avait fait passer l'infâme sweat-shirt qu'elle portait par dessus sa tête, puis fait descendre son pantalon en laissant couler ses mains contre ses jambes. Elle avait déshabillé Draco avec la même lenteur. Son impatience battait dans ses veines mais malgré cela, il n'avait pas esquissé le moindre geste pour précipiter la suite qui tardait à venir. Maxine n'avait rien dit en voyant les longues cicatrices qui couraient sur ces bras. Elle s'était contentée d'embrasser chaque centimètre carré de peau, laissant des marques sur l'épiderme sensible de Draco. Personne ne l'avait jamais touché comme ça. C'était doux et sauvage à la fois. Il s'était complètement laissé faire, hypnotisé par les arabesques que Maxine dessinait sur son corps avec sa langue et ses doigts. Il avait laissé parler sa peau et ses sens.
Quelques heures plus tôt, il ne la connaissait pas et lorsqu'elle était partie, quelque chose s'était tordu en lui.
Il avait vécu comme un fantôme ces dernières années, isolé, concentré sur sa survie, sur ses potions. Gardant son esprit sous contrôle pour ne plus voir les visages de ceux qu'il avait fait souffrir. Pour ne plus entendre leurs cris déchirer le silence de sa conscience. Il avait un seul objectif… Sa détermination semblait être la seule chose qui lui restait. La seule chose en laquelle il croyait.
Mais Draco était humain malgré tout.
Et Maxine venait de lui rappeler cette vérité qu'il avait pris soin d'enterrer profondément en lui. Il avait aimé ce qu'elle lui avait fait, il en voulait encore assurément, il voulait se laisser aller. Mais ça signifiait ouvrir les vannes de ces émotions… Et laisser libre court à cette envie de hurler son isolement, la fatuité de sa vie, son dégoût de lui-même.
Il sentait qu'il pouvait se reprendre, qu'il pouvait effacer cette soirée de sa mémoire. L'enfouir avec le souvenir des cils de sa mère qui frôlaient son visage, avec le regard que son père avait eu pour lui avant d'être amené à Azkaban, avec le souvenir de Potter accrochant sa main, pour le sauver, lui.
Il aurait pu.
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6 décembre 2003 - The Alma, Londres, Angleterre
Il était déjà 22h30 quand il poussa la porte du pub. Il était en retard car il avait voulu marcher un peu dans les rues mouillées de la capitale. Draco se déplaçait rarement à visage découvert dans Londres, mais ce quartier était presqu'exclusivement moldu et la pluie battante faisait baisser la tête des personnes qu'il croisait, les empêchant de le voir.
Lorsqu'il entra dans le bar, il jeta un regard circulaire dans la salle avant de repousser la capuche qui dissimulait en partie son visage. Potter était là, ses yeux verts fixés sur lui et la mâchoire déjà serrée… ça promettait d'être divertissant.
- Potter, salua-t-il en lui tendant la main nonchalamment sachant qu'il ne pourrait pas lui refuser cette fois-ci.
Le brun s'en saisit d'un geste crispé, sa paume était glacée et cette fraîcheur surprit Draco qui conserva la main de son rival dans la sienne un peu plus longtemps que nécessaire. Quand il s'en aperçut il se dégagea vivement comme s'il s'était brûlé et ne put s'empêcher de voir l'air étrangement vexé de Potter à cette réaction.
Perplexe, il reprit :
- Je dois t'avouer que je suis déçu, déclara Draco en regardant autour de lui. Je m'attendais à un endroit plus animé, plus chaleureux… plus gay, termina-t-il en plantant son regard d'acier dans les yeux étrécis de l'ancien Gryffondor.
Draco ne pouvait pas s'en empêcher, il avait besoin de le blesser, de le voir accuser les coups. Ses coups. Il vit Potter soupirer longuement avant de plaquer un étrange sourire sur son visage.
- Si tu es si déçu Malfoy, lui susurra-t-il, je te promets de te faire entrer dans un endroit bien plus intéressant la prochaine fois…
Ses yeux s'étaient étonnamment obscurcis et Draco comprit qu'il venait de se faire prendre à son propre jeu. Sans pouvoir se contrôler, les mots utilisés par l'ancien Gryffondor lui brûlèrent les joues tellement fort, qu'il était impossible que Potter l'ait manqué. Il héla le serveur pour se donner une contenance mais personne ne fut dupe.
Alors que le blond portait son verre de Gibson à ses lèvres, Potter reprit :
- Concernant l'objet de notre rendez-vous, commença-t-il en butant sur le double sens du mot, je réitère ma volonté de t'aider, déclara-t-il en avalant sa salive, mais je pense que nous devons discuter des termes de notre alliance.
Potter cherchait ses mots pour continuer et ça n'avait rien de bon.
- Vois-tu j'ai réfléchi...
Première nouvelle pensa Malfoy en haussant un sourcil dédaigneux.
- ...et je me suis rendu compte que, si tu avais raison, le fait de te donner les noms des potentiels agresseurs de ta mère serait une mauvaise idée. Une très mauvaise idée en fait, répéta-t-il lentement.
- Le fait est, que je ne t'ai pas demandé de réfléchir Potter, simplement de me dire qui était là ! Et de m'apporter cette bague, cracha l'ancien Serpentard qui sentait déjà la situation lui échapper. Mais ça semble, en fait, bien trop compliqué pour un abruti tel que toi. Heureusement que ton coup de chance contre Voldemort t'as ouvert les portes du Département de la Justice sinon tu aurais pu t'installer au pied du Ministère et proposer des passes aux plus offrants, conclua Draco, hargneux.
Potter s'était calé au fond de son siège, affichant un air un peu ennuyé, attendant que Draco termine sa diatribe.
- Bien, se contenta de répondre le brun. En fait, ce n'est pas comme si tu avais le choix, formula-t-il lentement. J'imagine que tu as essayé de trouver toutes ces informations par toi-même ces dernières années et que, si tu fais appel à moi c'est que tu n'y es pas parvenu. Si tu veux que j'entre dans la partie, on va jouer avec mes règles. Sinon, dès que je connaîtrai les noms de ceux qui étaient auprès de ta mère ce jour-là, peu importe ce qu'ils aient fait, je m'assurerai qu'ils reçoivent une protection maximale pour empêcher toutes tentatives de vengeance crasse de ta part.
Draco se sentait bouillir intérieurement, sa mère avait été tuée, il en était persuadé, et Potter pensait qu'il pourrait laisser les coupables impunis. Il voulait les faire souffrir. Et s'il y avait bien un domaine dans lequel il était doué c'était bien la souffrance.
Son vieil ennemi semblait avoir suivi le cours de ses pensées quand il reprit doucement :
- Si tu as raison ils payeront. Mais tu n'as pas besoin de te faire justice toi-même… on peut les coincer intelligemment.
- Oh oui Potter, bien sûr. Ma famille donne envie qu'on lui rende justice n'est-ce pas ?! Moi-même, il n'y a que la moitié de l'Angleterre qui souhaite me voir mort ! siffla-t-il au brun avant d'avaler son verre d'une traite et de se lever.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Potter comprenant très bien que son interlocuteur s'apprêtait à la planter là.
Malfoy n'avait pas ajouté un mot de plus en partant et il avait déjà traversé la route quand Harry sortit du pub à sa suite. Il ne voulait pas avoir l'air de courir après l'autre homme mais il suffisait que celui-ci se trouve dans une rue tranquille pour décider de transplaner. Il mit sa fierté de côté et traversa la rue en courant. Il rattrapa le blond, le poussant sans ménagement contre l'angle de la rue dans laquelle il venait de s'engouffrer. Harry attrapa le col de sa veste et pointa sa baguette sur son torse, le maintenant contre le mur de béton gris.
- Qu'est ce que tu crois connard, que je suis là par pure charité ? Si je veux t'aider c'est que j'ai de bonnes raisons de penser que tes doutes pourraient être fondés ! grinça Harry entre ses dents.
Malfoy ne se débattait plus mais l'auror ne desserra pas sa prise sur son col, laissant lentement le bras qui tenait sa baguette descendre le long de son corps. Les dents de Malfoy mordaient rageusement dans sa lèvre inférieure, comme il l'avait vu si souvent le faire pour ravaler son impuissance.
Harry eut la soudaine envie de passer sa langue sur les lèvres meurtries de cet homme qu'il sentait au bord de la rupture. Il lécha les siennes à cette pensée, ne manquant pas le regard voilé du blond qui ne quittait pas sa bouche des yeux. Il le détestait de le rendre si faible. Il le voulait à genou, il le voulait pour lui, il voulait qu'il se laisse faire et qu'il se taise, et cette pensée l'empêchait de réfléchir convenablement.
Il détourna difficilement ses yeux de ceux de Malfoy et approcha doucement sa bouche de son oreille, refrénant l'envie qu'il avait de mordre le cou pâle de l'homme qui hantait son esprit.
- Maintenant tu vas ravaler ta petite arrogance de façade et tes grands airs et tu vas venir t'asseoir dans ce putain de bar avant que je ne change d'avis, chuchota finalement Harry à l'oreille de Malfoy d'une voix polaire.
Le blond avala sa salive avant de répondre, bien trop conscient de la proximité de l'autre homme, de sa bouche flottant à quelques centimètres de sa peau, du ton inflexible avec lequel il lui avait parlé et du frisson inattendu que ce murmure avait fait courir sur sa peau. Mortifié en prenant conscience de l'attirance qu'il ressentait, il se dégagea violemment de la poigne de l'Auror avant de le bousculer pour passer.
- Je n'ai besoin de m'asseoir nulle part avec toi ! cracha-t-il en reprenant sa marche, cherchant à contredire les sensations qui s'étaient emparées de lui quelques secondes plus tôt.
- Donc tu n'as plus besoin de moi du tout, lança Harry sans le suivre.
Malfoy se retourna à ses mots les poings serrés, prêt à frapper. Il s'avança vers l'homme qui avait failli le tuer un soir lointain, d'un Sectum Sempra… Et cette pensée l'encouragea à se reprendre.
- Potter, je ne vais pas te supplier si c'est que tu attends, déclara-t-il en essayant de maîtriser sa voix. Tu crois que je vais te promettre de ne pas saigner ceux qui ont fait ça ? Tu crois que je serai capable de leur laisser la moindre chance de survivre… s'écria-t-il dans un éclat de rire dément.
Harry frissonna, et cette fois le désir n'y était pour rien.
- Puisque tu as l'air de penser que je peux avoir raison, je doute que tu ne résistes longtemps à l'envie d'avoir le fin mot de cette histoire… supposa Malfoy en s'approchant encore de l'Auror. Le deal était simple : tu m'apportes des informations et je te rends service en retour. Ce que je ferai de ce que tu me diras ne te concerne pas…
- Tu sais que tu n'échapperas pas au Baiser du Détraqueur une deuxième fois… formula Harry sur le ton de la menace.
- Qu'est ce que ça peut te faire ? grinça le blond, un air de défi coincé dans ses yeux métalliques.
À cette question Harry ne pu s'empêcher de ressentir une vague nausée. L'image de Malfoy agonisant, un Détraqueur penché au-dessus de son corps le fit blêmir instantanément. Mais le blond se méprit sur son trouble.
- N'aie aucune crainte, je ne chercherais pas à me dérober. Au contraire, je ferai en sorte de le mériter. Je ferai même en sorte que les Détraqueurs soient une véritable bénédiction en comparaison de ce que je ferai subir à ses sales fils de chiens.
Harry ferma les yeux un instant. Il fallait se rendre à l'évidence, raisonner Malfoy relevait de l'impossible. Mais, le moment venu, il serait toujours temps de l'empêcher de faire quoi que ce soit de stupide… C'est la promesse silencieuse qu'il se fit pour se donner bonne conscience. Au fond, il savait pertinemment qu'il aurait dû laisser son ancien rival à ses recherches.
Mais il en était incapable. Il fallait qu'il sache. Il fallait qu'ils se revoient.
Le brun tira de sa poche une cigarette qu'il alluma sans quitter Malfoy des yeux. Ils étaient tous les deux trempés et des gouttes d'eau s'accrochaient aux mèches de cheveux de l'ancien Serpentard. De son autre main, Harry sortit de la sacoche qu'il portait en travers de l'épaule un épais dossier dont dépassait quelques parchemins.
- C'est une affaire de disparition, formula-t-il en guise d'explication. Impossible d'avancer. Avec Ron nous sommes persuadés qu'au moins une des femmes disparues avait des liens avec Loyal Mitford, le Haut-Fonctionnaire à la Coopération Magique Internationale. J'ai essayé d'en savoir plus auprès de Nott… qui est son sous-secrétaire et qui l'accompagne partout comme un petit chien… Mais…
- Mais il s'est rendu compte que tu n'en voulais pas qu'à son cul et ça l'a vexé… lança Malfoy sur le ton de la conversation.
- Comment tu sais ça ? demanda-t-il vivement, en oubliant même de nier, effaré de ce que Malfoy soit au courant pour lui et Théo.
Je l'ai reconnu, répondit le blond évasif, fuyant le regard de Harry tout à coup. Sur la photo de la Gazette, crut-il bon de préciser.
- C'est impossible ! s'exclama Harry. À moins que tu aies été dans le coup ? l'interrogea-t-il suspicieux.
- J'apprécie toujours autant la méfiance que tu me portes, déclara-t-il de sa voix traînante. Mais, une fois de plus, je suis navré de t'apprendre que je ne suis pas à l'origine de tous les maux que porte cette Terre.
Malfoy releva la tête, un sourire méchant collé au visage avant de reprendre :
- Sinon, tu m'appellerais Maman.
À la grande surprise de Draco, Potter éclata de rire, s'adossant au mur de l'immeuble qui bordait l'étroite ruelle dans laquelle ils se faisaient face et s'étranglant à demi avec la fumée de sa cigarette moldue. Ses yeux étaient deux émeraudes quand il releva la tête pour regarder l'homme qui venait de l'insulter, et son sourire n'était pas moins étincelant.
- Je crois finalement que ta grandiloquence m'avait manqué, avoua-t-il sans pouvoir empêcher ses fossettes de se creuser.
Il semblait réellement sincère, et Draco en eut le souffle coupé, comme s'il avait pris un coup. Depuis quand Potter avait-il décidé de rire à ses attaques ? Et depuis quand son sourire était-il devenu fascinant au point que Draco ne sache plus quoi répondre.
Il secoua la tête et releva un de ses sourcils, son expression favorite ainsi reconstituée il reprit la parole :
- Il faut que tu te fasses soigner Potter. Si tu ris quand on t'insultes je serais curieux de connaitre ta réaction lorsqu'on te fait mal…
Cette réplique eut le mérite de calmer l'autre homme dont le sourire s'effaça aussitôt, remplacé par quelque chose de bien plus sombre.
- Bien, conclua Potter, froid de nouveau. Je veux que tu jettes un oeil à cette affaire, il me faut quelqu'un qui pourrait… discrètement obtenir des informations sur ces filles qui ont disparu. On dirait qu'elles se sont purement et simplement volatilisées, or ce sont toutes des Cracmolles.
- Tu as besoin de quelqu'un qui ne respecte pas les règles du jeu pour arriver à tes fins en fait… le nargua Draco, heureux de constater le comportement contradictoire du Sauveur du monde sorcier.
- En quelque sorte, grimaça-t-il. Tout est dans le dossier, reprit Harry vivement, les noms des disparues, les quelques interrogatoires que nous avons menés et un souvenir du petit-ami de Poppy Morton qui rapporte une dispute qu'ils avaient eu peu avant sa disparition. Poppy parle de Loyal Mitford et de leur relation. Aide-moi à comprendre cette affaire et je t'apporterai des réponses sur la mort de ta mère, promit finalement le brun.
Draco se saisit du dossier que Potter lui tendait, caressant la tranche du bout des doigts. Ça n'allait pas être facile, pensa-t-il. Potter voulait le mêler à une affaire qui ressemblait à s'y méprendre à un nid de vipères… lui qui s'était forcé à ne rien tenter d'insensé pour obtenir des renseignements sur la mort de sa mère allait être obligé de revenir sur ses principes finalement. Mais au moins cela ne remettrait pas en cause les découvertes que Potter ferait… Le marché que lui proposait l'Auror était finement pensé.
- Tu aimerais bien que Nott y soit mêlé n'est-ce pas ? demanda finalement le blond comme pour conclure le marché entre lui et l'ancien Gryffondor.
Un sourire carnassier fit retrousser les lèvres de Potter avant qu'il réponde.
- Il y est mêlé. Ou alors il le sera, assura-t-il avec un air de conspirateur.
Une fois de plus cette nuit-là, le regard de Draco s'accrocha un peu trop longtemps à la bouche de son plus vieil ennemi. Agacé, il reprit la parole en redressant sa capuche sur sa tête.
On se retrouve ici dans une semaine, même heure, avec ou sans nouvelles. Je veux savoir comment tu avances.
Sur ces mots il se détourna de Harry et transplana, laissant l'Auror seul dans la ruelle sinistre.
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Pic et pic et ratata, c'est fini pour ce deuxième chapitre ! Je ne me souvenais pas qu'il se finissait de manière si abrupte ^^ désolée pour ça. Alors, alors qu'en pensez-vous ?
Harry qui fantasme sur Malfoy depuis plusieurs années, ouais c'est un trope relativement connu mais je l'aime bien. J'ai l'impression qu'on a plus l'habitude de lire des fics avec un Draco qui fantasme sur Harry depuis... LONGTEMPS et un Harry qui débarque. J'ai un peu voulu changer la donne.
Et sinon une petite enquête avec des cracmolles ? Ces personnages m'ont toujours intrigués, tu vis dans le monde sorcier mais tu n'as pas de pouvoirs magiques... T'imagines la FRUSTRATION de malade.
Phil Goude.
