Hey ! Comme on se retrouve pour ce troisième chapitre ! La correction est toute chaude, alors j'espère que certaines fautes ne sont pas passées au travers des mailles du filet. (C'est fou ce truc ! T'as beau te relire 20 fois, c'est toujours quand tu postes que tu finis par les voir...)
Mais pour l'heure, réponse à la review que j'ai reçu au précédent chapitre !
@Mi'Night
Merci, merci, merci pour ton commentaire ! C'est vraiment super gentille et ça me fais très plaisir ainsi que chaud au cœur de savoir que cette histoire te plaît ! Tu me rassures quand tu dis que ça reste assez agréable à lire. Parce que mine de rien ce sont quand même des chapitres de environs 10k mots, et j'appréhendais un peu au début que ce soit trop "lourd" ou indigeste. Pour ce qui est du caractère des personnages, à nouveau, tu me soulages, parce que je n'avais qu'une grosse crainte à leur égard: qu'ils soient OOC ou trop. Alors à chaque fois j'essaye de me mettre le plus possible dans leur peau, me collant le plus possible à leur caractère, et finalement je suis entrain de virer schizo...*rire* Enfin voilà, du coup merci à toi de me suivre en espérant que ce chapitre te plaira aussi.
Sur ce bonne lecture à tous !
« Bon ça sera tout pour aujourd'hui. Vous pouvez y aller. » les libéra Aizawa jugeant qu'ils en avaient assez fait pour aujourd'hui.
Ravis de la nouvelle, les étudiants coururent aux vestiaires, manquant de renverser leur professeur qui pesta sur leur manque de retenue.
Quelle bande de surexcité...
Todoroki, lui, une fois arrivé, ne traîna pas. Ouvrant son casier et balançant son sac par dessus l'épaule, il quitta la pièce sous les interrogations de ses camarades.
« Il a quelques chose contre nous ou quoi ?! » laissa échapper Denki en enfilant son t-shirt.
« Pourquoi tu dis ça...? » lui demanda Midoriya, ne comprenant pas vraiment ce que l'on reprochait à son ami.
« Mec ça fait plus d'une semaine qu'il nous ignore et nous snob tous ! On se croirait revenu en début d'année... » pesta le blond ne comprenant pas ce soudain changement de caractère à leur égard.
Ils ne lui avaient pourtant rien fait pour mérité tel traitement.
« Je n'ai rien remarqué. » avoua le vert en retirant sa combinaison. « En tout cas avec nous il est exactement comme avant, pas vrai Iida ? »
« Oui, enfin c'est vrai qu'il semble un peu plus réservé qu'à l'accoutumé. » lui céda ce dernier. « Mais il n'y a aucune animosité en lui, tu peux me croire Kaminari. » lui confirma le délégué en remettant ses lunettes après les avoir soigneusement nettoyé.
« Peut-être, mais ça n'empêche pas qu'il ne se change plus avec nous. » le força à admettre Sero se joignant à la discussion. « C'est à croire qu'il cherche à nous éviter. »
« Mais non, il ne nous évite pas. » intervint Kirishima en voulant calmer le jeu. « Il a peut-être juste quelque chose d'urgent à faire. »
« Tout les jours ? » lui demanda l'électrique septique, ne croyant pas une seule seconde à cette excuse.
« Arrête Kirishima... C'est tout juste si le gars il nous fait l'honneur de sa présence pour dîner. Il nous évite c'est évident...» confirma celui à l'alter de Scotch.
« Vous en avez pas mare de parler de lui ?! Double face par-ci, double face par-là...! Merde à la fin ! C'est votre pote à vous deux ? Non ! Alors qu'est-ce que ça peut bien vous foutre ?! » brailla soudainement Katsuki ne souhaitant que mettre fin à cette discussion puérile. « Franchement si il veux pas voire nos tronches, ou prendre l'air, grand bien lui fasse ! Moi je m'en branle, et ça devrait être aussi votre cas ! »
Et sans plus de cérémonie il sortit en claquant la porte.
Difficile à dire si Bakugo venait de défendre Shoto ou l'enfoncer. Mais ce qui était sûr était qu'à présent il n'était plus le sujet sur toutes les lèvres.
De son côté ce dernier, loins d'imaginer qu'il était source de débat chez ses camarades, avait filé directement aux dortoirs pour se changer et se doucher là bas.
Étant donné que les autres garçons étaient tous au vestiaire, il devait être tranquille pour les au moins dix bonnes prochaine minutes.
Enfin ça c'était ce qu'il croyait.
Car en effet, pendant qu'il se changeait seul dans la pièce servant de vestiaires pour les douches communes de l'internat, il entendit la porte de cette dernière s'ouvrir.
Affolé, il remit son T-shirt expressément et se retourna avant de voir Bakugo entrer.
« Qu'est-ce que tu fais là ?! » demanda véhément Shoto pas vraiment ravie de le voir.
Sa voix était à mi-chemin entre la peur et la profonde colère.
« Je viens me doucher, ça me semble évident ! » lui répondit le blond avant de se diriger vers son étagère à rangement attitré.
« Et tu pouvais pas te doucher avec les autres aux vestiaires ?! » lui reprocha Todoroki.
« Oh relax ! Il y a pas encore écrit ton nom écrit à l'entrée de la salle de bain merde ! » s'emporta à son tour l'autre adolescent. « Et puis de toute manière, sans ça, je risquais pas d'aller loins ! » lui rétorqua-t-il en agitant son gel douche tout fraîchement récupéré.
Visiblement il avait oublié de l'emporter avec lui aujourd'hui, ce qui expliquait du coup sa venue improvisée en ces lieux.
Tenant à peine compte de sa présence, le plus âgé se changea l'ignorant complètement.
Il n'en fallut pas plus pour que le bicolore se rhabille complètement, même si cela ne consistait qu'à remettre sa veste.
« Bah quoi, tu te laves pas finalement ? » lui demanda le plus petit en retirant son haut.
« Non. » rétorqua-t-il en rassemblant ses dernières affaires.
« Dis tout de suite que je t'emmerde ! » s'offusqua ce dernier.
Silencieux, Shoto ne répondit rien, se contentant de mettre son sac sur l'épaule et tenter de fuir la pièce.
Seulement l'explosif ne l'entendit pas tout à fait de cette oreille, ne supportant ni être ainsi ignorer comme un moins que rien, ni être ouvertement considéré comme une gêne.
Alors il l'attrapa par l'épaule, le forçant à lui porter attention à lui.
« Oh, je te parles ! C'est quoi ton problème ces derniers temps ?! »
À ce contact le bicolore se retourna violemment, dégageant sa main avec brutalité avant de lui envoyer un regard noir.
« Ne me touche pas. Plus jamais. »
Presque effrayé de voire une telle fureur dans ses yeux, Bakugo déglutit.
C'est que l'enfoiré avec presque l'air menaçant comme ça ! Oui presque, si il ne tremblait pas comme une feuille...
« Bordel quelle mouche t'as piqué au juste ?! Calme-toi un peu ! Décidément les autres ont raisons, t'es d'une humeur dégueulasse en ce moment, c'est pas possible ! Merde...! »
« Fous moi la paix, je t'ai rien demandé... » fini par lui répondre le plus grand en voulant s'en aller.
« Il s'est passé quoi ce jour là ?! » demanda le blond de but en blanc, ne prenant aucune pincette.
« Je te demande pardon...?! » s'insurgea le plus jeune.
« Tu m'as parfaitement entendu ! Les autres sont peut-être trop con pour avoir fait le lien, ou trop poli pour oser te demander, mais c'est depuis que t'as disparu que t'es devenu bizarre ! Alors je te le redemande, il s'est passé quoi ? » le questionna son camarade de manière extrêmement cavalière et autoritaire.
« All Might vous l'a déjà dit à toi et Midoriya. Je me suis fait prendre dans un guet-tapant c'est tout. »
« Toi t'as perdu dans un rapport de force ?! » fit sarcastique l'adolescent. « Laisse moi rire. »
« J'étais drogué, d'accord ?! À ma place t'en aurais pas mené plus large ! Crois-moi... » se défendit son interlocuteur.
« J'aurais jamais été à ta place ! Parce que j'aurais jamais été assez con pour me faire avoir ! » lui balança en plein visage Katsuki, chauffé à vif.
Seulement il ne fallut même pas quelques dixièmes de seconde pour qu'il regrette immédiatement ses paroles.
Et c'était le plus gros problème de Bakugo : son impulsivité. Étant grande gueule et partant aux quarts de tours, il se retrouvait souvent dans des situations où il se mettait à dire des choses atroces, chose qu'il ne pensait même pas forcément et qui finissait par le ronger de culpabilité une fois plaisir de sa réplique cinglante partie...
« Oublie, c'était pas ce qu... »
« Qu'est-ce que t'en sais ?! » le plaqua contre le mur Shoto avant de le bousculer violemment. « Hein ?! Qu'est-ce que t'en sais ?! Comment je pouvais deviner qu'on avait piéger mon verre ?! Tu peux me le dire toi qu'est si brillant ?! Si génial ?! Plus fort que tout le monde...? Hein...? » laissa mourir sa voix le garçon avant de brusquement relâcher son camarade, comme brûlé par son contact, effrayé ou dégoûté...
Alors il recula brusquement de trois pas, laissant une distance convenable entre eux, puis après lui avoir jeté un regard terrifié, il quitta la pièce presque en courant.
Il n'avait aucune envie de rester là d'avantage... Non vraiment aucune.
Son camarade voulu le retenir, mais pour faire quoi ? Empirer les choses ? S'excuser ? Certainement pas, sa fierté l'en empêchait. Essayer de comprendre ? Mais comprendre quoi ?! Il venait de le regarder comme la pire des saloperies, ça se passait d'explications ou de détail très honnêtement.
Alors il le laissa s'en aller, jugeant qu'il avait assez chié dans la colle comme ça pour aujourd'hui.
Shoto lui, une fois de l'autre côté, il tomba nez à nez avec Yaoyorozu, prête elle aussi à visiblement prendre une douche, mais du côté des femmes.
Quand elle vit son camarade de classe sortir haletant et visiblement un peu déboussolé du vestiaire opposé, elle se posa des questions.
« Tout va bien Todoroki ? » demanda la jeune fille avec une extrême politesse, comme à son habitude.
« Oui... » fit-il brièvement. « J'étais parti me doucher, c'est tout... »
« Oh... Et tu as oublié quelque chose je suppose ! C'est ça ? »
« Qu'est-ce que tu en sais ? » lui demanda un peu véhément le garçon, toujours de mauvaise humeur lié à l'incident précédent avec Katsuki.
« Je dis ça parce que tu as gardé ton costume de héros... » lui fit-elle remarquer en pointant du doigt ses vêtements. « Et très sincèrement je doute que tu le remettes après t'être lavé... À l'internat qui plus est...»
C'est vrai que ce serait bien curieux.
Le bicolore soupira, se calmant un peu, et valida son mensonge.
« Ouais... j'ai oublié de prendre des vêtements propres. C'est tout. » déclara-t-il en coupant court à la discussion.
Il sentait que Momo voulait lui demander quelque chose, et comme pour être sûr qu'elle ne le fasse pas, il quitta les lieux sans plus attendre, lui adressant à peine un au revoir, et partit prendre l'ascenseur pour gagner sa chambre.
Au diable sa douche, il l'a prendrait plus tard. En attendant, il n'aurait qu'à faire son devoir de littérature qui poireautait toujours sur son bureau.
A peine arrivé il posa ses affaires près de sa commode et jeta un œil à son travail toujours pas commencé. Enfin, ça n'urgeait pas non plus. Il lui restait bien quelques jours encore.
Un sujet d'invention ? Génial... Une lettre qui plus est... Quelle barbe.
Bien qu'il ai l'habitude d'en écrire à sa mère, il n'était pas spécialement fan du genre épistolaire. Il le faisait parce qu'il savait que ça lui faisait plaisir, qu'elle y trouvait un certain charme et que de son côté cela lui faisait plaisir aussi qu'elle le soit. Mais à part pour elle, pour cet être qu'il chérissait tant, il n'avait pas spécialement envie de faire cet effort. Alors oui, il pouvait l'affirmer haut et fort, il n'aimait pas spécialement écrire de lettres.
En plus il osait précisé « sujet large ».
Large large... Il n'y avait pas tant de types de lettres de que ça...
Il regarda rapidement les exemples mis entre parenthèses.
Admirateur, vacances, amour... Amour ? Écrire une lettre d'amour...? Sérieusement ?! Qui choisirait une chose pareil ?! C'était un coup à être la risée de la classe.
Enfin bref, il fallait écrire une lettre, peu importe cette dernière, avec un minimum de une page. Faisable, mais pas franchement très emballant...
Finalement il ne ferait pas ça aujourd'hui, il n'avait pas la tête à ça. Ces derniers temps, niveau imagination... enfin voilà.
C'était loin d'être très rose entre le manque de sommeil, les cauchemars et les douleurs répétitives qui survenaient sans prévenir. Il était pas vraiment d'humeur ni en capacité d'imaginer une scène de plage fictive pour la décrire à un oncle tout aussi fictif, ou encore avouer son amour à une personne inexistante et le coucher sur le papier.
Néanmoins il commença quand même son devoir, et écrivit juste la date, un lieu, et une entête. Pour les noms et le destinataire, on verrait plus tard. Au pire il mettrait n'importe quoi, après tout ils avaient bien le droit de tout inventer, non ?
Trouvant qu'il en avait déjà assez fait pour aujourd'hui, il rangea son devoir dans un tiroir, tout en comptant les jours exacts qu'il lui restait pour le rendre.
Puis il sortit son futon, et s'allongea dessus, silencieusement, comme hypnotisé par le bruit de l'horloge, et la course effréné de la trotteuse.
Encore et toujours elle faisait le tour du cadrant. Sans but, sans objectif bien défini, sans fin, jusqu'à la mort...
Bon dieux, venait-il seulement de philosopher et s'apitoyer sur le destin d'une pauvre aiguille d'horloge ?!
A moins qu'il ne l'enviait...?
Décidément la fatigue ne lui réussissait vraiment pas.
Une nuit comme tant d'autres, Shoto se réveilla en sursaut et en sueur, à cause de cauchemars.
Et comme les autres nuits, cette peur qui lui rongeait l'estomac laissa très bientôt place à de violentes nausées.
N'ayant pas le temps ni la force de se rendre jusqu'aux toilettes situés au rez-de-chaussée, il attrapa expressément sa corbeille avant de rendre à l'intérieure.
Bordel, cinq nuits de suites que c'était comme ça ! Et il avait l'impression que c'était de plus en plus violent de jour en jour...
Comme si se réveiller chaque lendemain avec le visage de son agresseur gravé sous les paupières n'étaient pas suffisant, il fallait en plus qu'il souffre de maux de ventre et nausées terribles au réveille...
Il n'en pouvait plus lui, il n'en pouvait juste plus...
Il en avait marre de cette vie là ! Tout ce qu'il voulait était que tout soit comme avant, comme retrouver ses interactions avec les autres ou encore ne plus trembler à la présence d'inconnus trop proche !
Il voulait aussi pouvoir échanger des contacts amicaux avec les autres sans être ouvertement dégoûté ou terrifié, tout comme pouvoir prendre les transports en commun sans trembler, ou à nouveau pouvoir manger au self et arrêter d'avoir peur des endroits trop bondé !
Et que dire des vestiaires ?! Qu'est-ce qu'il donnerait pour pouvoir à nouveau se changer avec les autres garçons, se doucher avec eux, pouvoir... pouvoir...
...Il y avait tellement de chose qu'il ne pouvait plus ! Tellement...
Oui tout ce qu'il désirait était retrouver sa vie d'avant, avant ce jour...
En pleure mais surtout en rage, il s'acharna sur ses tiroirs, et son mobilier, les balançant puissamment à l'autre bout de la pièce.
Lui qui n'avait jamais été d'un naturel violent se redécouvrait, l'épuisement et la crise de nerf ayant raison de lui.
C'était trop demandé que de pouvoir passer ne serait-ce qu'une seule nuit tranquille ?! Une seule vrai nuit complète et réparatrice sans revoir son supplice sous toute les formes possibles et imaginables ? Sans avoir à réentendre la voix de ses types assouvissant leur besoin bestiaux sur son corps.
Dans son corps.
Et ses putains de médocs...! Il en avait marre d'eux aussi ! Marre de devoir les prendre à longueur de temps pour ne pas crever d'une saloperie et d'avoir la gerbe à cause d'eux ! Lui qui avait toujours eux une santé de fer en était réduit à ça ?! Vraiment ?!
Excédé, il balança l'organisateur semainier pour ses cachets contre la porte de sa chambre la faisant exploser et répandre son contenu aux quatre coins de la pièce.
Très vite ses vases suivirent, de même que sa chaise, plantes, commode, créant un bruit épouvantable quand ils rencontrèrent les murs et se brisèrent au sol.
Todoroki n'y allait pas de main morte, jetant tout ce qui lui passait bien sous la main, se moquant bien sûr le coup les conséquences ou coût de ses actions.
Tout ce qu'il voulait était évacuer, et que quelque chose ou quelqu'un souffre pour lui, à sa place. Un exécutoire, n'importe quoi...
Et aujourd'hui c'était sa chambre qui en payait le prix.
« Crève ! Crève ! » cria-t-il en s'en prenant aux tatamis de sa chambre. Seul sol sur lequel il pouvait à priori se détendre et se sentir à l'aise...
Pourquoi devait-il souffrir ?
Pourquoi souffrait-il ?
Pourquoi n'arrivait-il pas à passer au dessus de ça ?
Pourquoi cela lui faisait si mal ? Pourquoi dans son esprit ce qui lui était arrivé lui était si insoutenable, insurmontable...?
« Va chier ! » hurla Todoroki en larme et à l'agonie en renversant son armoire au sol. « Vas chier ! Vas chier ! Vas chier ! »
« Bordel c'est pas bientôt fini de boucan ?! » hurla une voix de l'autre côté de la porte en tambourinant à cette dernière. « Il est trois heure du matin espèce de pauvre demeuré !!! Il y en a qui veulent dormir, merde ! »
Petit à petit, épuisé par sa frénésie destructrice il se laissa glisser contre un mur pour sangloter à chaude larme, se coupant au passage avec des débris de verres ou céramiques.
Ramenant mollement ses jambes contres lui, il y enfuit sa tête, s'agrippant et enserrant ses cheveux de ses doigts, ne faisant que renfoncer l'objet étranger dans sa plaie.
De puissant hoquet et pleurs franchirent sa gorge. Si puissant qu'ils en devinrent douloureux et le poussait à la suffocation. Étouffé par sa propre salive et son nez complètement bouché, il toussa, manquant de vomir à nouveau.
Non seulement il avait mal, mais en plus il se sentait misérable. Juste vraiment misérable.
Il étais sale et dégoûtant, et c'était une sensation de souillure qui ne partait pas malgré les nombreuses douches et bains. A cause de son mal être, sa gorge lui lançait à nouveau, comme un étau brûlant rongeant ses chaires.
Puis sa cicatrice sur le flan le lança, lui piqua, le poussant à gratter ses points de suture, encore et toujours afin de soulager cette sensation douloureuse de démangeaisons. Même son ventre se tordait pour lui, de même que son postérieur ayant à nouveau la sensation de se sentir si sauvagement agressé et poignarder à l'entre cuisse.
Et ce qu'il en souffrait. À cette instant précis il avait l'impression qu'il en mourrait, et peut-être qu'il n'attendait que ça au final. Mourir et être enfin en paix.
Alors il pensa avec jalousie au bout de verre logé dans sa main.
Si seulement il avait pu se planter autre part, juste plus haut, un peu plus haut...
De l'autre côté de la porte, la fureur de ses voisins de chambres furent loin d'être calmée, et ce malgré l'étrange calme qu'il régnait depuis quelques minutes à l'intérieur de la pièce.
« Bordel double face ouvre !!! Si tu crois que tu vas t'en tirer comme ça ! » Hurla le blond en martelant la porte de coup.
« Arrêtes Bakugo. Quoi qu'il faisait ça s'est calmé. Tu vois bien ? Retournons nous coucher, ça vaux mieux... » tenta de le raisonner Sero, désireux lui même de regagner sa chambre.
« Il a raison. » Insista Satou lui aussi très fatigué.
« Vous, vous faites comme vous voulez, mais moi je pars pas tant qu'il aura pas ouvert cette putain de porte ! » n'en démordit pas Katsuki.
« C'est de l'acharnement à ce niveau là. » soupira le brun.
« Nan, c'est du bon sens espèce de con ! Un mec qui brinquebale ses meubles au beau milieu de la nuit c'est pas normal ! Vas savoir ce que ce malade est peut-être entrain de foutre ! » leur expliqua-t-il avec la ferme intention d'exploser la serrure.
Surtout que ces derniers temps il était loins d'avoir un comportement très normal...
« De vous deux je me demande quand même qui est actuellement le plus grand malade ! » s'offusqua Rikido en voyant son camarade s'acharner sur la poignée de porte. « Aizawa ne va pas être content si on dégrade les locaux, fais gaffe... »
« Je lui expliquerai, il comprendra. » se contenta de répondre le blond, semblant bien trop sûr de ce qu'il avançait.
Continuant d'appuyer sur la poignée, il mit en garde une dernière fois Todoroki.
« Oi je te jure que si tu veux pas que je fasse voler en éclat ta putain porte, c'est le dernier avertissement ! Tu m'entends ?! »
Mais toujours rien.
« Je n'en reviens pas ! C'est toi qui crie depuis tout à l'heure ?! » Intervint Momo en se frottant l'épine du nez. « Pourquoi ça ne m'étonne même pas... » chuchota-t-elle pour elle même.
« Casse-toi, toi ! Retourne te coucher ! En quoi ça te regardes au juste ?! »
« Je sais pas si tu es au courant, mais moi et Asui on t'entend crier depuis l'autre bout du dortoir...Alors je ne sais pas ce que tu trafiques, sachant que ce n'est même ton étage, mais s'il te plaît baisse d'un ton... » sembla de mauvaise humeur la jeune fille bien décidée à retourner se coucher.
Puis le blond eut une idée.
« Attends ! Puisque t'es là tu vas m'aider ! Ouvre cette putain porte ! »
Ignorant son langage grossier sur le coup, elle fit une remarque.
« Pourquoi veux tu que je t'ouvre la chambre de Todoroki ? Qu'est-ce que tu lui veux au juste ? »
« Mais qu'est-ce que ça peut te foutre ?! Pour une fois que je te demande un service, fait-le merde ! »
C'est claire que dit comme ça il avait de grande chance qu'elle exauce sa requête...
Elle soupira et s'approcha pour ne pas avoir à crier et réveiller d'avantage de monde.
« Je ne peux pas. »
« Comment ça tu ne peux pas ?! »
« Ce sont des portes à carte magnétique ! Pour pouvoir en créer une il faudrait déjà que je connaisse l'encodage de sa puce voyons ! C'est un peu comme si tu me demandais de copier une clé, mais sans pouvoir voir le model ! »
« Putain mais tu sers à rien ! » pesta Bakugo.
« Doucement avec les insultes je te prie... » le mit en garde Yaoyorozu. « Je peux savoir ce que vous faites tous là d'ailleurs ?! Il y a un problème ? »
« Évidemment qu'il y a un problème ! Tu crois peut-être qu'on s'est donné rendez-vous là où qu'on s'est retrouvé ici au petit bonheur la chance ?! A trois heures du matin ?! Réfléchis bon sang ! » brailla le blond.
Sero arriva, et bâillonna son ami, expliquant plus calmement la situation, à l'aide de Rikido.
« Ça fait dix minutes qu'il y a un raffut pas possible émanant de sa chambre. A croire que le gars fait des travaux de réaménagement... Du coup on est venu voir ce qu'il se passait histoire qu'il calme le truc, tu vois ? Seulement il ouvre pas et Bakugo veux exploser la porte, gros bourrin qu'il est...»
La brune arqua un sourcil.
Travaux de réaménagement ? Vraiment...?!
« Mais bon c'est le calme plat maintenant, alors on va y aller. Pas vrai Bakugo ? » insista Sero.
« Hum ! Huuuumpf ! Rhhh ! » marmonna ce dernier, bâillonné par les scotch de son camarade.
« Oups, désolée... » le relâcha son ami avant de subir ses foudres.
Momo, de son côté s'avança jusqu'à la poignée, remettant une de ses mèches derrière ses oreilles.
« Qu'est-ce que tu fais ?! Je croyais que tu pouvais pas nous aider ! » lui rappela le blond.
« Sache Bakugo qu'il existe toujours au moins deux solutions à un problème. » lui répondit l'adolescente en sortant un petit appareil bizarre de son avant bras. « Ensuite ce n'est pas que je ne pouvais pas t'aider, mais que ne voulais pas t'aider, nuance. »
« Génial et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?! Tes état d'âmes ?! » pesta sarcastique le gamin au mauvais caractère.
« Le manque de sommeil, et le peu d'envie de te voir déclencher l'alarme à incendie au beau milieu de la nuit avec tes bêtises j'imagine ? Non mais tu imagines si tu fais sauter la porte ?! » le gronda-t-elle en brouillant la serrure avec son dispositif.
Quelques que secondes plus tard la porte s'ouvrit dans un petit bip, révélant au petit comité le capharnaüm dans lequel était plongé la chambre du bicolore.
« Nom de... » laissa échapper Satou en voyant les meubles et multiples débris au sol.
Bakugo fut le premier à s'élancer dans la pièce ignorant l'odeur de vomi et le bazar qu'il y régnait.
« Mais quel bordel...! T'as complètement pété un câble ou quoi double face ?! »
Cherchant du regard le propriétaire de la pièce, il finit par le trouver derrière la porte, complètement recroquevillée sur lui même et tressautant sous des sanglots incessants.
Wow, ok. Par contre Bakugo ne s'était pas du tout préparé à ça...
« Qu'est-ce qui lui arrive ? » demanda Rikido avant de jeter un regard à Sero qui lui répondit par un haussement d'épaule.
« Je crois qu'il a viré zinzin... » lui avoua celui à l'alter adhésif.
« Bon, vous deux cassez vous ! » brailla Katsuki en n'en n'ayant déjà marre de leur présence.
Si c'était pour foutre de l'huile sur le feu, ça il pouvait s'en charger tout seul.
«Vous étiez pas sensé aller vous recoucher en plus ?! »
« Si, si bien sûr, mais... »
« Bah foutez le camp alors ! » pesta-t-il avant de s'accroupir près de Todoroki.
Momo voulu faire de même, à savoir s'en aller, ne sachant pas si sa présence était légitime, mais le blond la retint oralement.
« J'ai pas dit que tu pouvais te barrer toi ! Restes, je pourrais avoir besoin de tes services... »
Obéissante malgré son évidente impolitesse, elle resta à ses côtés, et assista silencieusement à la scène tout en essayant d'ignorer l'état de la pièce. Todoroki avait vraiment dû être de mauvaise humeur pour avoir fait une chose pareille... Pourtant ce genre de comportement ne lui ressemblait pas, mais alors pas du tout.
Il n'était pas comme Katsuki, violent et impulsif, ah ça non...
« Oh double face...! » commença le plus âgé en posant sa main sur l'épaule du bicolore pour qu'il prenne conscience de sa présence et lève la tête.
Seulement rien y fit. Il laissa sa tête fermement enfoncer dans ses bras et ses genoux, ramenés contre son torse, comme dans une volonté de se couper du monde.
« Oh Todoroki, réponds ! » l'appela pour la première fois par son nom le garçon. « Tu commences à me foutre sérieusement les jetons là ! » le secoua un peu son camarade.
« ...J-je vais... Je vais bien... » réussit à sangloter l'adolescent, la voix étouffée par les pleurs et le tissus de ses vêtements. « Je... je v-vais... v-vais très bien... »
« Ah bah oui putain ! Ça, ça se voit ! » répondit ironique Bakugo.
Évidemment que ça allait pas ! Qui pourrait croire un mensonge aussi évident ?!
Puis son regard se porta sur la trace de sang maculant sa tête et ses cheveux blancs, avant de s'étendre sur ses genoux et le sol à divers endroits.
« Bordel tu saignes ?! Tu t'es blessé ?! Montre-ça espèce de con ! »
Il voulu passer sa main dans ses cheveux, pour voir l'origine du saignement, mais suite à ce geste, jugé trop "intime" et oppressant, Shoto recula vivement, effaré et choqué.
« Qu-qu'est-ce que tu fais ?! » pleura-t-il. « Je t'ai déjà dit de ne pas me toucher ! Qu'est-ce que tu comprends pas ?! » lui hurla-t-il terrorisé, semblant petit à petit quitter son état amorphe.
« Je voulais juste t'aider abruti ! »
« J'ai pas besoin qu'on m'aide ! » lui rétorqua-t-il avec véhémence, la colère et l'agressivité semblant monter.
Si il n'avait pas l'air d'un animal apeuré et complètement paumé, peut-être que Bakugo l'aurait cru. Mais là... On aurait juste dit un type perdu, complètement sous crise, au bord du gouffre.
Sentant que la situation était sous tension et que l'animosité gagnait de seconde en seconde la pièce, Momo sortit de son silence.
Si elle ne faisait rien, entre le mauvais caractère de Katsuki, et l'instabilité de Shoto, elle sentait que ce n'était qu'une question de secondes avant que tout ne dégénère réellement. Si ces deux là se battaient, elle ne donnait pas cher du dortoir et des conséquences qui les incomberaient.
« Todoroki, calme-toi... Aussi incroyable que ça puisse l'être, Bakugo s'inquiète juste pour toi. Tu sembles beaucoup saigner... Tu veux bien me montrer ? » lui demanda-t-elle d'une voix étonnamment calme et douce, ne trahissant aucunement son anxiété.
Elle n'avait pas peur de Shoto.
Mais ce Shoto là, celui qui se tenait par terre devant elle et qui ne ressemblait en aucun cas au camarade de classe qu'elle avait toujours plus ou moins connu jusque là, si. Un peu.
Lentement elle s'approcha et brisa la distance entre eux en saisissant sa main.
Elle avait vu des gouttes de sang s'en échapper lorsque qu'il avait repoussé le blond, alors elle n'eut aucun mal à deviner la partit du corps touché.
Katsuki fut surpris qu'il ne la repousse pas.
Elle et lui se connaissait pourtant encore moins bien que eux. Après tout ils avaient quand même passé plusieurs mois ensemble à rattraper leur licence.
Momo en comparaison, à part quelques bonjours et exercices fait en commun en classe, on ne pouvait pas franchement dire qu'il y ait eu beaucoup d'interaction entre eux.
Alors d'où venait cette différence de traitement ?! Il croyait qu'il détestait les gens, et visiblement les contacts avec autrui, à part peut-être ceux de ses très très proche connaissance... Ce serait donc moins exclusif que ça finalement ?
Il pensa aux vestiaires, aux douches, et réfléchis à la seul réelle variable qu'il existait entre elle et lui. Non, entre elle et les soixante dix autre pour-cent de la classe...
Le sexe.
Momo était une fille.
C'est tout...?
Shoto détestait encore plus les hommes que Mineta maintenant ? Nan c'était différents... Il semblait plutôt en avoir peur plus que d'être rebuté par eux. Quoique...
« Tu veux qu'on aille voire Recovery Girl. » lui proposa l'adolescente. « Ça m'a quand même l'air assez profond... » lui fit elle remarquer.
« Ç-ça ira... » lui souffla le bicolore semblant regagner petit à petit son calme... « Ça ne fais pas mal de toute façon...» lui avoua-t-il.
« Ça c'est sans doute à cause de l'adrénaline. » lui expliqua-t'elle en désinfectant la plaie avec une solution qu'elle venait de créer après avoir retiré le verre.
Trop polie, elle ne lui demanda pas l'origine de son évident pétage de plomb, se contentant de lui apporter des soins et d'éviter elle même de poser les mains où il ne fallait pas.
Elle banda sa main, et lui pria quand même de voir l'infirmière demain, à une heure plus propice juste pour être bien sûr que ce soit pas trop grave.
Voilà déjà une bonne chose de faite. Mais maintenant que faisaient-ils ?
Il le laissait là, dans ce bazar sans nom et lui souhaitait bonne nuit comme si de rien n'était ? Ils prévenaient un professeur ?
Gardaient ça sous silence et l'envoyait dormir chez quelqu'un pour la nuit ?
La brune envoya un regard à Bakugo qui compris ses arrières pensées.
« Retire-toi immédiatement cette idée de la tête ! Tu sais aussi bien que moi qu'il ne voudra jamais. »
« Ça coûte rien de lui demander. » protesta-t-elle avant de se retourner vers Todoroki.
« Ecoutes... Tu ne peux pas passer la nuit ici Todoroki, ce n'est juste pas décent, en plus d'être dangereux avec tout ce qui traine... Alors pour cette nuit tu voudrais bien aller dormir avec Bakugo ? Il est d'accord. »
« C'est pas tout à fait ce que j'ai dit... » lui rappela le concerné.
« Tu n'as pas tout à fait dit non plus le contraire. » rétorqua-t-elle attendant patiemment la réponse du bicolore.
« Je refuse... » répondit le plus grand en essuyant son visage encore bouffi et rougie par les larmes.
Hors de question qu'il dorme avec lui... Juste impossible. Au fond de lui, là tout de suite, il n'avait qu'une envie, c'était de rentrer chez lui.
« Bon au moins le débat est clos. » reconnu Katsuki.
« Mais ça ne nous avance pas... Je l'aurai bien pris avec moi tu t'en doutes, mais ça risquerait de faire jaser, en plus d'être formellement interdit. » lui expliqua Yaoyorozu.
« Tu m'étonnes... Bah il reste plus qu'une solution, enfin si double face arrêtes ses caprices bien sûr... »
Et c'est ainsi que vers approximativement trois heures et demi du matin Midoriya se retrouva réveillé en pleine nuit par de violents coups dans sa porte.
Il n'eu même pas besoin d'ouvrir pour savoir d'avance que c'était Bakugo se tenait derrière cette porte. Qui d'autre aurait l'audace de taper dessus comme ça au beau milieu de la nuit de toute façon...
D'un pas lourd et lent, il traîna des pieds, et ouvrit cette dernière.
« Qu'est-ce qui se passe Kacchan... » lui demanda le vert en se frottant les yeux, fatigué.
En guise de seule réponse il vit Bakugo, en compagnie de Yaoyorozu, lui présenter son ami et lui sortir mot pour pour mot :
« Longue histoire, laisse-le pioncer dans ta piaule... »
« Hein...? »
« Tu m'as très bien compris Deku, fait pas traîner ça en long et en large on sais très bien que tu vas accepter de toute manière! » soupira le blond, lui aussi lessivé.
« Ecoutes, tu débarques chez moi à pas d'heure pour me demander un service. La moindre des choses serait que j'ai le droit à un semblant d'explication non ? » bailla le plus petit la tête encore un peu dans le gaz.
« Il t'expliquera ... » fut sa seul réponse avant qu'il ne s'en aille, la jeune fille sur les talons, un regard désolé.
De son côté Todoroki le rassura tout de suite, ou pas vraiment.
« Ne t'inquiètes pas. Je vais aller dormir sur le canapé du salon en réalité. Je les ai juste suivis pour qu'il me fiche la paix... » et sans plus attendre lui aussi commença à amorcer un mouvement pour s'en aller.
Seulement Midoriya le retint.
« Attends...! Je ne voulais pas te faire croire que ça me dérangeait ! Au contraire. C'est juste que bon, Bakugo et ses manières des fois... Enfin tu vois quoi ! Mais tu peux rester bien sûr, si ça peut rendre service. »
Le garçon se retourna et hésita.
D'une part il appréhendait un peu partager un lit avec une autre personne.
Mais de l'autre cette personne était Midoriya, quelqu'un de confiance, et quelqu'un qu'il estimait profondément.
Alors ça pouvait aller non...?
Et puis au fond de lui, il ne se sentait pas autant paniqué qu'à l'idée de partager son lit avec Katsuki...
« Allez viens ! En plus il doit faire plutôt froid en bas, surtout sans couverture. » insista le plus petit avant que le bicolore ne cède.
« D-d'accord... »
Bien qu'appréhendant un peu, il suivit son camarade dans sa chambre, ne portant même pas attention à la décoration très « fan boy », et attendit patiemment ses instructions.
« Tu peux choisir le côté du lit qui te plaît. » lui avoua Izuku en sortant un second oreiller de son tiroir sous lit.
Au pif il s'installa près du côté mur, le collant pratiquement de tout son être.
« Tu n'es pas obligé de me laisser autant de place tu sais, je ne bouge pas beaucoup la nuit quand je dors. » le rassura Midoriya sans se douter une seul seconde qu'il ne s'agissait pas vraiment le problème.
Shoto acquiesça, mais ne quitta pas son coin pour autant.
Il fut surprit que le vert ne lui demande pas des comptes, où ne cherche même pas à gratter ou comprendre son état.
Il s'était quand même présenté à lui le visage rouge et bouffis, la main bandé, la mine complètement de débrayer, et pourtant il n'avait pas poser une seul question indiscrète. Il l'avait accueilli comme si de rien n'était, lui avait sourit comme à son habitude, comme si son épisode de tout à l'heure n'avait jamais eu lieu, ou pas dans cette réalité.
Et il y avait un certain côté rassurant à cela, terriblement rassurant même.
Son stress se calma un peu, et ses muscles se décrispèrent petit à petit, trouvant l'ambiance de la pièce très enfantine et innocente entre les posters et figurines.
Si certain trouvait ça affreusement gênant ou oppressant de dormir avec le visage de la même personne placardé partout aux murs, au contraire, lui trouvait ça réconfortant. Enfin dans l'optique où l'on était fan d'All Might bien sûr.
Midoriya s'installa à l'autre bout du lit, prêt à s'endormir, mais ne se résolut pas à éteindre la lumière. Ne pouvant fermer les yeux dans ce silence et faire absolument comme si il n'avait rien vu de l'état de son ami, il prit la parole timidement.
« Tu sais... Si jamais ça ne va pas, et que tu as besoin d'une oreille attentive, je suis prêt à t'écouter. Tu peux tout me dire. » lui avoua-t-il avant qu'un autre profond silence ne gagne les lieux.
Mine ne rien, il n'était pas stupide non plus. Il ne lui avait pas poser de questions pour ne pas le mettre mal à l'aise mais il voyait bien que quelque chose n'allait pas. Seulement il préférait lui tendre une main dans un premier temps, que de la lui prendre avec force.
Et Shoto appréciait cette pudeur qu'il avait à son égard, tout comme sa gentillesse, seulement il y avait des choses qu'on ne pouvait pas avouer, même à ses amis.
Surtout pas à ses amis.
Alors il maintint le silence, avant de lui murmurer du bout des lèvres le même honteux mensonge que d'habitude :
« Je vais bien je te remercie.»
Il entendit un soupir, puis un vague "bonne nuit", avant de voir la lumière s'éteindre.
Si les premières secondes se passèrent bien, très vite ses angoisses revinrent aux galops, le forçant à se lever.
« Un problème ? Tu cherches quelque chose ?» lui demanda le vert en rallumant sa lampe de chevet.
«Mon... M-mon téléphone...! Je l'ai oublié dans ma chambre !» lui expliqua-t-il très paniqué.
Son téléphone...?
« Ne t'inquiètes pas, si c'est pour le réveil il y a toujours le miens tu sais. » le rassura le plus petit.
«N-non...! C'est pas ça... Je... J-je veux appeler mon père...» lui avoua-t-il larmoyant.
«Ton père ?» répéta surprit le plus petit ne s'attendant pas du tout à cette réponse.
Pourquoi il voulait appeler son père au beau milieu de la nuit ? Même Endeavor devait dormir à une heure pareille, non ?
Puis il vit son regard emplis de détresse, et il comprit qu'il s'agissait d'un réel besoin.
« Oh, d'accord... Tu veux le mien ?» lui proposa gentiment Izuku afin de lui éviter d'avoir à remonter pour chercher le sien.
Le bicolore hésita en voyant l'appareil tendu par son ami. Mais, sentant son cœur lui serrer la poitrine il céda, le remerciant infiniment pour son geste, la voix fragile. Il pria juste mentalement pour que son père décroche en voyant ce numéro.
Son camarade, lui, désirant le laisser en intimité, en profita pour s'éclipser et aller faire un petit tour en bas aux toilettes.
Après quelques sonneries, Shoto entendit finalement une voix grave et fatiguée au bout de l'appareil.
«Allo...? Midoriya...?!» fit ce dernier un peu intrigué et inquiet.
La dernière fois que le garçon l'avait appelé à une heure aussi tardive était pour lui apprendre que son fils n'était pas rentré de la soirée et avait disparu. Alors maintenant, il appréhendait un peu à chaque fois qu'il voyait ce numéro s'afficher, surtout à une heure pareille.
L'adolescent, lui, fut surtout surprit qu'il décroche et aussi vite. C'est vrai qu'il avait son numéro étant donné qu'il avait été son stagiaire. C'était sûrement pour ça qu'il n'avait pas raccroché.
« Nan... C'est moi. » fit le garçon d'une petite voix.
« Shoto ? » sembla être surprit mais soulagé le plus âgé. « Qu'est-ce qui passe ? Encore tes insomnies ? C'est ça...?»
Le bicolore ne répondit pas, laissant le silence le faire pour lui.
« Je vois... » conclut le rouge à travers l'appareil ne cherchant même pas à comprendre pourquoi il avait appelé avec le téléphone de son ami. « Tu veux que je vienne je te chercher ? » lui proposa-t-il en sentant bien que ça n'allait pas pour le plus jeune.
Ce n'était pas la première fois qu'il l'appelait à cause de ses problèmes de sommeil, mais peut-être la première où il semblait si perdu.
Alors il n'avait qu'un mot à dire et il arrivait sur le champ, malgré la nuit.
Pourtant, comme toutes les autres fois, le plus jeune refusa ne désirant pas arriver à se tel extrémité malgré son envie cruel de rentrer chez lui...
« Nan... Je veux juste un peu entendre ta voix. »
Plusieurs jours c'était écoulé depuis l'incident, et jamais il n'eu à revenir là dessus avec Midoriya.
Naturellement quand les profs avaient découvert le bazar, on lui avait demandé des comptes. Ce à quoi il n'avait juste jamais répondu, lui valant une sanction plutôt exemplaire: nettoyer l'internat pendant les prochains jours, après les cours, et débarrasser les ordures.
Si ce n'était que ça... de toute manière ça lui était bien égale. Ayant donné une raison ou non, il doutait sincèrement qu'il échapperait à la punition.
Résigné il toqua à la porte de ses camarades pour récupérer leur corbeille, jusqu'à arriver à la chambre de Kouda.
« Je suis venu récupérer les papiers. » expliqua-t-il brièvement en montrant le sac poubelle à côté de lui.
« Ah oui bien sûr...! » répondit le garçon d'une voix aiguë. « Tu peux me laisser juste deux minutes ? Le temps de nettoyer la litière de mon lapin ? »
« Ah, oui... C'est bon ne t'inquiètes pas. Tu veux un coup de main ? » lui proposa-t-il, plus par interêt personnel de l'animal que par réel volonté d'aider.
« Si tu veux. »
Le héros animalier laissa entrer le bicolore, et lui montra le coin litière pendant que le petit lagomorphe blanc gambadait en totale liberté dans la pièce.
« Il n'a pas de cage...? » demanda Todoroki un peu surprit.
« Non. Contrairement à ce qu'on croit, les lapins ne sont pas fait pour vivre enfermé. Comme les chats ils ont juste besoin qu'on leur apprenne la propreté, et la discipline. »
C'est vrai qu'il ne lui viendrai pas à l'idée de mettre en cage un chat...
Attiré par la boule de poile, il se baissa pour la caresser. Visiblement très domestiqué, l'animal chercha à lui renifler les doigts pour les lécher.
Lui préférait les chats à la base, mais il supposait que son père n'en accepterait jamais.
Surtout pas maintenant qu'il savait que c'était des nids à bactéries. De toutes manière il trouvait que ça répandait des poils de partout et que cela était un véritable calvaire pour s'en débarrasser.
Machinalement il ramassa un petite balle à ses pieds pour éviter de marcher dedans. Sans doute de jouet de l'animal... Mais en la soulevant, un bruit de clochette raisonna.
Il eu un frisson puis son cœur s'arrêta quelques secondes avant de reprendre ses battements.
Il lâcha le jouet au sol, comme brûlé par ce dernier, et s'en éloigna allant plutôt aider son camarade. Après tout il était venu pour ça.
Ces dernier temps, il avait un peu de mal avec les bruits de tintement métallique...
« Tu t'es blessé ? » demanda Kouda en regardant l'entaille rougeâtre dans sa main.
La blessure était large mais pas si profonde heureusement. Alors il n'avait jamais jugé bon d'aller consulter l'infirmière. Bien désinfecter tout les jours et mettre un bandage, suffisait amplement à éviter toute complication. Sauf aujourd'hui ou il l'avait retirer, trouvant qu'à force de d'être couverte en continu, la plaie cicatrisait mal et restait comme moite et humide.
« Ouais, mais c'est rien. » lui répondit-il en récupérant la litière sale et en la mettant dans un sac solidement fermé.
Koji le remercia de sa contribution, ce à quoi le bicolore répondit d'un hochement de tête, et continua sa tournée. D'étage en étage il récupéra les détritus, jusqu'à arriver chez Momo ou elle l'attentait visiblement.
« Todoroki ! Tu tombes bien. Tiens... » lui tendit-elle. « C'est un organisateur pour médicaments. J'ai vu que tu avais cassé le tien l'autre jour... »
Ah oui, cette chose...
« C'est... gentil, merci. Mais il ne fallait pas. » répondit poliment Shoto.
C'est vrai, dans l'absolu il avait une liste...
Mais surtout ces derniers temps il prenait beaucoup moins de cachet. Vraiment moins même...
Et c'était pour le mieux, car c'était bien les effets indésirables de ces derniers qui le rendait malade comme un chien chaque soir.
Alors certes ça ne réglait pas tout ses problèmes, faisant toujours des cauchemars toutes les nuits, mais au moins il ne la finissait plus au dessus des toilettes, une bouteille d'eau à la main.
Néanmoins il accepta quand même son présent, le rangeant précieusement dans sa poche avant d'achever sa tournée des tâches journalières.
Puis, une fois faite, il monta dans sa chambre évitant soigneusement les autres, pour y rester un peu au calme, car tel était devenu son quotidien.
De temps à autres, dans son extrême gentillesse, Midoriya montait prendre de ses nouvelles et lui apportait le repas quand il n'avait pas le morale ou n'était pas d'humeur à descendre dîner.
Jamais un mot de travers, toujours un sourire et de gentilles phrases bien polie à son égard.
Sur le coup, cela faisait peut-être bizarre de ressentir ça d'un ami et garçon de son âge mais, il lui faisait un peu penser à sa mère, et dieux seul sait qu'elle lui manquait terriblement...
Si il le pouvait il lui rendrait bien visite, mais entre l'internat et les cours, c'était presque impossible. Sans compter qu'avec toute cette histoire son père ne le laissait plus sortir seul.
Alors ces journées étaient encore plus triste et dure qu'avant. Il n'avait rien fait, mais c'était pourtant lui qui était enfermé et étroitement surveillé pour sa sécurité...
Fatigué il s'endormit sur cette pensée avant de se réveiller le lendemain dans un état épouvantable.
Sa tête lui lançait terriblement, de même que tout ses muscles, et notamment quand il inspirait. Pourtant en passant sa main sur son front, il n'avait pas particulièrement l'impression d'avoir de fièvre.
Alors il en fit abstraction et se dépêcha d'aller à la salle de bain avant que cette dernière ne soit prise d'assaut par les autres garçons de la classe.
Expressément il se déshabilla et prit une bonne douche, évitant au possible les miroirs et les cicatrices répugnante qui jonchaient son corps, dont celle de son intervention chirurgicale. Chaque seconde qu'il passait dans cette pièce était soigneusement chronométré, allant de la douche au brossage de dents, jusqu'au séchage de cheveux.
Quinze minutes, pas une de plus, pas une de moins.
Puis il prenait ses médicaments, et partait vite prendre un truc à grignoter pour là matinée avant de se changer pour l'école, revêtant son uniforme.
Finalement, avec cette organisation, il arrivait à éviter soigneusement une majeure parti de ses autres camarades et la cohue.
En général, comme il prenait quand même la peine de partir à l'école avec ses deux amis, il tuait le temps restant en relisant ses devoirs et ses leçons avant de s'en aller aux coups de huit heures pour assister au premier cours.
Tel était devenu sa routine.
Et ce changement n'avait pas manqué de faire parler de lui...
Mais au diable. Au point où il en était il n'en avait franchement plus rien à faire.
Qu'on parle sur lui, qu'on jase !
Grand bien leur fasse.
Tant qu'on ne s'adressait et n'agressait pas directement sa personne, il s'en moquait.
Et c'est la tête ailleurs qu'il assista aux cours de littérature.
Vers la fin de cette dernière, Cementos leur rendit les devoirs sur les lettres qu'il avait récupéré il y a maintenant quelque jours.
Et tous là reçurent.
Tous, sauf lui.
À la place de sa copie, Cementos s'approcha et son bureau, et lui demanda d'une voix mi-inquiète mi-ennuyé si il pouvait venir le voir à son bureau, là maintenant.
Alors il obéit, et pendant que tout ses camarades sortaient, certains se demandant ce qu'il avait bien pu faire pour se faire ainsi convoquer, un grand homme entra dans la pièce.
Son père.
« Qu'est-ce que ça veux dire...? » demanda l'adolescent. « Pourquoi mon père est ici ? »
« C'est en rapport avec ton devoir, Todoroki. » lui expliqua le professeur.
« Mon devoir ? Qu'est-ce qu'il a...? Je l'ai rendu non ? » s'inquiéta l'enfant.
« C'est plus compliqué que ça... » essaya d'expliquer Cementos avant d'inviter le plus grand à s'assoir. « Tu permets que je laisse ton père lire ton devoir ? » lui demanda le professeur.
A ces mots, Shoto protesta immédiatement.
« Non...! Je veux dire pourquoi faire ?! C'est juste un devoir non...? »
Enji, récupéra le papier malgré les protestations du plus jeune et commença sa lecture, à voix haute. On lui avait dit de venir à cause d'un devoir inquiétant, alors il était bien à déterminer à savoir ce qui faisait tant trembler le corps en enseignant.
« Très chère Mort, » débuta-t-il d'une voix puissante et claire « ...si aujourd'hui je t'écris ce n'est pas pour te supplier de m'épargner.
En ces temps si dure où la solitude me tue, où la douleur me broie, et où le vide me comble, il n'y a que de tes grands bras décharnées dont j'attends l'étreinte passionnée.
Je ne suis pas un vivant mort de l'intérieur, mais un mort encore vivant.
Un mort qui attend sa mort.
Un mort qui crève à petit feux, aux yeux tous, dans un silence sans nom.
Et je les regarde, les autres, marcher.
Et ils croient qu'on est sur le même chemin.
Mais il n'y a pas de chemin madame la mort.
Pas pour moi.
Moi c'est dans le Styx que je patauge, trébuche, et me noie de jour en jour.
J'en bois des tasses entière de ce fleuve immonde, j'en pleure des torrents entier...
Chaque jour je rêve un peu plus de faire couler mon sang et de nourrir le sol de mon corps putréfiée.
J'en couperai bien des bouts, et les filerai à bouffer à ces chiens. Mangez, dévorer, puisque c'est ce que vous désirez ! Prenez les derniers méandre de mon corps ! Possédez mes jambes, mon être ! Gavez vous de mes chaires, que je disparaisse enfin, que je devienne poussière.
Oui chère Mort, je n'attends rien de la vie, parce que je n'attends que toi.
Taro Yamada » acheva le père en se tournant vers son fils ne sachant trop quelle expression aborder.
« Comme vous le voyez, c'est assez inhabituel... » expliqua Cementos en choisissant soigneusement ses mots, ne désirant pas créé de mal entendu. « Le devoir consistait en l'écriture d'une lettre, à la première personne. Ils étaient bien sûr libre sur la forme et le fond mais... »
« Mais t'as choisi d'écrire une lettre de suicide ?! » s'indigna Enji, inquiet en regardant le plus jeune.
« Alors, le mot est peut-être un peu fort monsieur Endeavor... » tenta de le rassurer le professeur.
« C'est pas une lettre de suicide ! » protesta l'adolescent en récupérant de force sa copie. « J'ai juste écrit ça comme ça ! Parce qu'il fallait bien écrire quelque chose ! » expliqua-t-il en prenant une profonde inspiration avant de tousser.
« "Parce qu'il fallait bien écrire quelque chose" ?! Et t'aurais pas pu, je sais pas, écrire un truc plus lambda ? Plus joyeux ? Moins morbide ? Je suis sensé penser quoi moi quand je lis ça ?! Hein ? » lui demanda son paternel en se demandant intérieurement si il s'agissait d'une mauvaise blague, ou si son fils avait bien des idées obscures en tête.
« Et alors ?! Quand Charle Baudelaire à écrit les fleurs du mal personne est venu l'emmerder à ce que je sache ?! Ça veux pas dire qu'il était dépressif pour autant ! » riposta le bicolore.
« Oui, enfin ça, ça reste à prouver... » laissa échapper le professeur de littérature avant de reprendre. « Tout ça pour dire que je ne dis pas que tu as nécessairement des problèmes. Qu'on soit bien d'accord... Mais quand je vois ce genre de devoir, tout en sachant que les dernières semaines n'ont pas été évidente pour toi, et bien je suis en droit de me poser quelques questions... » tenta de lui expliquer maladroitement Ishiyama.
« Au point de convoquer les parents ? » arqua un sourcil Shoto. « C'était vraiment nécessaire d'en arriver là...? »
« Je regrette mais d'après le protocole, si un élève montre des signes de détresse psychologique je suis en droit de les appeler. Sauf si ces derniers sont la source du problème bien entendu... » expliqua Cementos.
« Je suis pas en détresse psychologique ! » s'offusqua le garçon.
« De toute évidence, si tu l'es ! » protesta Enji en se tournant vers lui. « Sinon à quoi rime cet écrit ? Sérieusement ? » lui demanda-t-il d'une voix plus emprunte de de peur et d'incompréhension que réellement de colère.
« Mais je te l'ai déjà dit ! C'est juste un travail que j'ai écrit comme ça ! Fallait bien que je rende quelque chose ! Tout est fictif ! J'ai même pas signé de mon nom, regarde ! » lui montra-t-il, comme pour prouver ses dires, avant de tousser.
« D'accords. » fit sobrement le professeur. « Tu dis que c'est purement par choix artistique, alors d'accord, je te crois. » le rassura-t-il. « Mais dans ce cas, peux-tu me justifier ton choix ? M'expliquer pourquoi avoir choisi ce registre ? » lui demanda-t-il ne désirant que comprendre ce qui avait poussé son élève à lui rendre un tel devoir.
Après tout, il avait le droit de s'exprimer, et défendre son opinion.
Seulement à cette question, l'adolescent sembla embêté, comme en proie à un vertige.
Pourquoi ? Comment ça pourquoi ?
« Je...j'en sais rien... Je l'ai juste fait. J'ai écrit ce qui me passait par la tête comme ça. » déclara-t-il comme si il s'agissait d'une évidence.
« Donc « Chaque jour je rêve un peu plus de faire couler mon sang et de nourrir le sol de mon corps putréfiée. » c'est ce qui te passe par la tête ? » répéta Cementos.
« Oui... enfin non ! Enfin oui ce jour là forcément j'ai du le penser pour écrire ma lettre! Mais c'est parce que j'étais dans l'ambiance ! Je ne pense pas réellement à... à m'ouvrir les veines. » acheva-t-il bégayant et essoufflé. « Enfin vous comprenez ! »
Il avait l'impression de se sentir piégé, et il n'aimait pas beaucoup ça. Pas du tout même.
« Tu es sûr que ce n'était pas une tentative maladroite de ta part d'attirer l'attention sur toi ? Une manière de nous faire comprendre que tu es en détresse ? Que ça va mal ? Que tu cherches de l'aide ?»
« Non ! » protesta l'enfant gêné par ce qui était avancé.
Lui, quémander de l'aide ? Et puis quoi encore ?!
« Je crois surtout que toi et moi on va avoir une sérieuse discussion Shoto. » déclara son père d'une voix plus calme mais également plus ferme. « Vous permettez que je garde la copie monsieur Ishiyama ? »
« Bien sûr, faites donc... J'ai hésité à noter le devoir et lui en redemander un nouveau. Par acquis de conscience je ne l'ai pas fait, car après tout, en dépit de sa forme particulière, Todoroki a travaillé, et ce ne serait pas correct à son égard de considérer ça comme caduque. Néanmoins j'apprécierais qu'à la l'avenir tu me rendes quelque chose de moins... obscure ? D'accord ? » lui fit bien comprendre le professeur en se voulant toutefois bienveillant.
Shoto hocha la tête avant de serrer et froisser sa copie entre ses doigts à cause des remords et de l'anxiété.
Pourquoi avait-il écrit un truc pareil ? Pourquoi avoir cru ne serait-ce que cinq secondes que coucher ses plus noirs, profondes et intime pensées sur le papier serait une bonne idée ?!
Ça lui apprendrait de manquer de jugeote...
Enji finit par se lever, incitant son jeune fils à le suivre et à saluer son professeur.
Puis dans les couloirs il déclara d'une voix sans appelle.
« Fais tes affaires, tu retournes à la maison pour les prochaines semaines. »
« Pardon ?! »
Oula qu'est-ce que c'était encore que cette décision ?
« Tu m'as très bien entendu. Fais tes affaires, tu rentres à la maison te faire soigner. »
Oh la ! Doucement, doucement !
« Me faire soigner ?! Mais de quoi ? Je vais très bien ! » protesta le plus jeune en piquant une crise dans les couloirs.
« Non tu ne vas pas bien justement ! » lui répondit le rouge en se retournant brusquement vers lui. « Je t'ai laissé agir comme tu le voulais jusqu'à présent, mais maintenant c'est fini ! Ça tu peux me croire ! Dès demain je te prends rendez vous chez un psy et c'est non négociable. »
« Tu rigoles là j'espère ?! Un psy ?! Et puis quoi encore !?» s'insurgea le bicolore.
« Fais ce que je te dis et arrêtes de discuter... » soupira Endeavor, commençant à en avoir plus que marre de cette discussion.
Il irait chez le psy point barre. Il était encore son père alors c'était encore à lui de décider de ce qui était le mieux pour lui.
« Mais je fais que ça, t'écouter ! J'ai jamais mon mot à dire, tu me laisses jamais le choix ! Faut toujours tout faire à ta manière ! » se plaignit Shoto.
« Arrêtes, tu sais très bien que ce n'est pas vrai... » soupira le héros de flamme. « Tu voulais revenir à l'école, tu es revenu. Tu ne voulais pas prendre de consultation chez un spécialiste, à nouveau j'ai cédé à ta demande et t'ai laissé gérer ça comme tu l'entendais. Seulement je suis forcé de reconnaître que tu vas droit dans le mur mon garçon ! » lui avoua-t-il.
« Droit dans le mur ? Pour un devoir...?! Tu trouves pas que t'exagères ?! » insista l'adolescent en commençant à se sentir chancelant.
« Il y a pas que la lettre... » lui expliqua-t-il en essayant d'être plus calme. « Tes notes dégringolent, t'es de mauvaises humeurs constante la journée mais quasi toutes les nuits tu m'appelles en pleures parce que tu n'arrives pas à te rendormir. On me rapporte que tu es également plus agressif, en marge des autres... Sans compter que t'as détruit ta chambre dans un accès de colère, au beau milieu de la nuit. »
« C'était pas volontaire ! »
« Alors c'était quoi ? » lui demanda le plus grand en posant ses mains sur ses épaules. « Hein ? C'était quoi ? Une lubie ? »
« Je sais pas ! J'ai juste... Je l'ai juste fait ! J'étais fatigué et avait pas les idées claires. C'est tout ! » expliqua lamentablement le plus jeune.
« Et pourquoi selon toi ? Hein ?! Pourquoi si tout va si bien comme tu dis ? » insista Endeavor.« Tu manques de sommeil, ça se voit. Et tu es terriblement pâle... Tu as un problème, admets-le. Ce n'est pas une honte. » essaya de le rassurer ce dernier.
Se dégageant de l'emprise de son père, il protesta vivement.
« Nan, mon seul problème ici c'est toi ! Pendant dix ans de ma vie t'as jamais été présent comme il fallait pour moi, tu m'as élevé sous tes coups et arraché à ma mère ! Et maintenant tu veux jouer les bons père et prétendre savoir ce qu'il y a de bon pour moi ?! » lui reprocha-t-il
Shoto savait qu'il était entrain de proférer des choses terriblement douloureuse et blessante au plus âgé. Et au plus profond de lui même il regrettait déjà ses paroles n'ayant en réalité aucune envie de lui dire toutes ces atrocités.
Après tout ce dernier s'était quand même montré plutôt avenant et bienveillant à son égard. Il n'avait rien à voir avec l'homme qu'il avait connu autre fois, c'était vrai et ça Shoto ne pouvait le nier. Alors c'était un peu vicieux de sa part de lui balancer son passé en pleine tête comme ça...
Mais d'une autre part, il avait cette envie morbide et inexplicable, voir même inexorable, de lui faire du mal, de le peiner ou le contrarier pour se défouler et surtout arriver à ses fins.
C'était mauvais mais il voulait qu'il souffre aussi, même un peu...
Peut-être qu'ainsi il le laisserait enfin tranquille.
Ou pas.
« Ton petit jeu ne marchera pas avec moi ! Crois-moi ! » planta ses grands yeux bleu déterminé, le héros. « Maintenant cesse ton cinéma et viens. On a assez discuté comme ça... »
Il n'était pas stupide et avait vu claire dans les agissements du plus jeune. Il essayait de le pousser à bout dans l'espoir qu'il s'énerve et abandonne. Manque de pot pour lui, il lui en faudrait plus que ça pour l'atteindre. Surtout qu'il savait que ce dernier n'était probablement plus tout à fait au claire dans sa tête.
Il savait que son fils manquait de sommeil et qu'il avait les nerfs à fleur de peau ses derniers temps. Ses professeurs l'avait prévenu qu'il était d'humeur très versatile, exécrable, irritable voir parfois même insolent. Aussi il savait que ce n'était pas vraiment lui qui parlait, mais plus la fatigue et l'épuisement, voire même peut-être son mal être. Alors ses propos passaient sans trop de problème d'une oreille à l'autre.
Et Endeavor était soulagé quelque part de savoir qu'il n'était en réalité pas le seul à pâtir du mauvais caractère de son fils en cette période. Ceci lui confirma qu'il n'avait en réalité probablement rien de personnel contre lui. Il appuyait juste là où ça faisait mal, voir même très mal, mais ce n'était pas de la véritable haine comme il en avait eu à son égard par le passé.
« Nan ! Je m'en fous je reste là ! » broncha-t-il.
Misère de misère...
« T'as vraiment envie de que je te traîne ou te porte dans toute l'école pour te faire sortir d'ici ? Tu sais que je le ferai Shoto ! »
« Si tu me touches hurle ! » le prévient se dernier le regard bouillant d'audace et la respiration erratique.
« Arrête tes caprices pour l'amour du ciel... Quel âge as-tu au juste ?! » s'indigna Enji. « Nan, tu sais quoi ? Très bien, tu veux rester là ? Reste là ! J'irai faire tes cartons moi même et reviendrai te chercher en dernier. »
Puis, à ces mots, il fit demi-tour n'attendant même pas la réponse de son interlocuteur.
Des fois, il fallait se faire imposer pour se faire entendre même si cela ne lui faisait pas spécialement plaisir.
De toute façon il allait sûrement encore faire des pieds et des mains, bouder, ou il ne savait trop quoi d'autre.
Mais à son plus grand étonnement, non. Il eu quelques secondes de silence, puis un grand bruit.
Alors Endeavor se retourna, et découvrit avec stupeur son fils étendu au sol.
« Shoto...?! » demanda son père avant de courir précipitamment à ses côtés.
L'idée qu'il fasse la comédie ne lui effleura même pas l'esprit.
Ce n'était pas son genre d'en arriver jusque là, mais surtout en passant ses mains sur son cou et son visage il se rendit compte qu'il était brûlant de fièvre.
Comment avait-il fait pour ne pas s'en rendre compte plus tôt ? Remarque, vu la véhémence et l'animosité dont avait réussi à faire preuve le plus jeune dans les couloirs, difficiles d'imaginer qu'il soit souffrant...
« Hé, Shoto ! Réponds moi...! Tu m'entends ? »
L'enfant bredouilla faiblement quelque chose, presque dans un murmure.
« La...La poit-... j'ai m-mal à ma poitrine... » réussit-il à articuler difficilement avant de sombrer.
Sans attendre Enji appela une ambulance, puis essaya de faire reprendre connaissance au plus jeune, l'appelant à de multiples reprise tout en le secouant délicatement.
Mais aucune réponse.
