DISCLAIMER:

Cette fanfiction est basée sur le monde merveilleux d'Harry Potter, propriété de J. K. Rowling. La plupart des personnages, lieux, etc. lui appartiennent.

Cette histoire est la traduction française de Living with Danger, premier volet de la fabuleuse série Dangerverse, écrite par la talentueuse Whydoyouneedtoknow. J'ai obtenu l'accord de l'autrice pour publier cette traduction.


Chapitre 3 : Des plans sur la comète


« Me montrer quelque chose? » demanda Remus. « À propos d'Harry? »

Danger opina. « Harry, viens avec moi. » dit-elle, en se dirigeant vers l'entrée, Harry et Neenie lui tenant chacun une main. Remus les suivit curieusement.

Ils s'arrêtèrent près de l'escalier. « Toutes les maisons du quartier sont bâties sur le même plan. » expliqua Danger. « Alors cette maison est pratiquement identique à celle de la tante d'Harry. Regarde. »

Elle ouvrit la porte du placard sous l'escalier.

Harry s'éloigna d'elle d'un bond. « Non! Pas pacar! Pas pacar! NON! » Il courut vers Remus et se cacha derrière lui. « PAS PACAR! NON NON NON! »

Danger referma la porte du placard rapidement, alors que Remus s'agenouillait pour serrer le petit garçon crispé et tremblant dans ses bras. Neenie s'accrocha au pantalon de Danger à nouveau; sa bouche tremblait autour de son pouce.

Remus caressa le cheveux d'Harry, essayant de le calmer, même s'il s'était tendu lui-même devant la peur apparente du bambin. « Qu'est-ce que ça signifie? »

« Il dort dans le placard sous l'escalier chez lui. » Les yeux de Danger se plissèrent, ses narines s'élargirent, ses lèvres se serrèrent. « Si tu peux appeler ça un chez-lui. Et ils l'y enferment chaque fois qu'ils sont fatigués de lui. »

Une vague de colère envahi Remus, et il resserra ses bras autour d'Harry qui tremblait encore, le visage caché sur l'épaule de Remus.

« Je suis désolée Harry. » dit Danger d'un ton apaisant, flattant le dos du bambin. « Pas de placard. Jamais avec moi. »

« Lu-ard? » gémit Harry.

« Dis-lui : "pas de placard". » murmura Danger. « Il veut savoir si tu vas l'y enfermer. Dis-lui que non. »

« Pas de placard, Harry. » dit fermement Remus. « Pas de placard avec moi. Jamais. »

Harry relaxa d'un coup et se serra plus fort contre Remus, la tête sur son épaule.

« Quel genre de personne fait ça à un enfant? » demanda Remus en se relevant avec Harry dans les bras.

« Le genre de personne que sont Vernon et Pétunia Dursley. » dit Danger, avec un grondement dans la voix, ouvrant le chemin vers la cuisine. « Et leur fils, Dudley. Il n'est pas beaucoup plus vieux qu'Harry, mais il est énorme – l'enfant le plus gras que j'ai vu depuis longtemps – et il est méchant jusqu'à l'os. Il tire les cheveux de Neenie chaque fois qu'il peut l'attraper. Je n'aime pas penser à ce qu'il doit faire à Harry. »

« Dud-dey méchant. » ajouta Neenie, enlevant le pouce de sa bouche.

« Eh bien, on a l'avis d'un troisième parti. » dit Remus, souriant à la fillette. « Sais-tu, je pense que c'est la première fois que je t'entends parler? »

Neenie lui sourit en retour, puis se cacha derrière la chaise de Danger dans une crise de timidité soudaine.

« Elle est adorable. » dit Remus. « Tu es vraiment chanceuse. »

« Oui, on dirait qu'elle t'aime bien. » dit Danger. « Avec la plupart des gens, elle ne sort pas de mes jupes avant de les connaître depuis au moins une semaine. Leur parler, ça en prend au moins deux. »

« Tu ne dois pas avoir beaucoup de gardiennes. »

Danger haussa les épaules. « Je n'en ai pas besoin. Il n'y a nulle part où je vais où Neenie ne peut pas m'accompagner, en dehors du travail, et elle aime les gens de la garderie, elle y va depuis qu'elle est bébé. Donc, maintenant, tu en sais autant que moi à propos d'Harry. Je le garde chaque fois que je peux m'absenter du travail… »

« Est-ce que tu veux dire que tu as manqué le travail pour t'occuper d'Harry? » interrompit Remus.

« Une fois que j'ai compris pourquoi il entrait dans une crise chaque fois que j'allais chercher les décorations de noël, oui. Je n'allais pas laisser un petit garçon aussi adorable se faire maltraiter sans faire au moins quelque chose pour lui. J'ai essayé d'appeler les Services Sociaux, mais ils sont débordés et, tant qu'il n'est pas en danger immédiat, ils ne veulent pas en entendre parler. Alors, en ce moment, je travaille à temps partiel comme caissière, à temps partiel comme gardienne. Les Dursley paient bien, donc ce n'est pas vraiment un problème financièrement… » Elle s'arrêta, remarquant comment Remus la regardait. « Qu'est-ce qu'il y a? »

« Qu'est-ce qu'il y a? » Tu t'occupes de ce petit garçon et le protège de ce que ses proches lui font, en te sacrifiant pour le faire – un emploi à temps partiel, même avec du gardiennage, ne peut certainement pas vous supporter toutes les deux à la manière dont vous le méritez.

Tu es une bonne personne.

C'est ce qu'il y a.

Et j'aimerais pouvoir te le dire.

« Je pensais seulement à quel point c'est ironique que toi, pratiquement une étrangère, décide d'aider Harry, alors que ses proches, les personnes qui devraient s'occuper de lui, sont eux-mêmes le problème. »

« De mauvaises choses se produisent partout. » dit Danger, agitant ses mains avec dédain « Et je ne suis pas le genre de personne à s'assoir et les regarder se passer tranquillement. Je ne l'ai jamais été. »

« Merci. » dit Remus sérieusement « Pour tout. »

« Ah, bienvenue. » marmonna Danger en rougissant. « Ne regarde pas maintenant, mais je pense qu'il s'endort… »

Pendant qu'elle le disait, Remus senti Harry devenir plus lourd sur son épaule, de la manière inexplicable qu'ont tous les bébés qui s'endorment. Il bougea le garçon dans ses bras doucement. « Est-ce que je devrais le poser sur le canapé? »

« Non, il pourrait rouler en bas. Je vais mettre une couverture sur le sol. »

Le téléphone sonna. « Je reviens. » dit Danger, en allant décrocher. « Allô? Oui… oh, oui, bien sûr… tout de suite. Bienvenue. » Elle raccrocha. « Sa tante dit qu'elle veut qu'il rentre à la maison. » dit-elle sarcastiquement. « En vérité elle pense qu'elle m'a assez payé pour la journée. Ça ne coûte rien de l'enfermer dans un placard après tout. »

« Un placard. » Remus baissa les yeux vers Harry, dont l'expression et le comportement alors qu'il dormait ne pouvaient être décrits que par le mot angélique, et ressentit le besoin impérieux de serrer le bambin très fort et ne jamais le lâcher. « Ça doit arrêter. C'est tellement mal. »

« Et tu vas y mettre fin? » demanda Danger d'un ton léger.

« Si je le dois, oui. »

« Je ne veux pas jouer l'avocat du diable, mais comment? »

« Ce sont des adultes n'est-ce pas? Ils vont entendre raison… » Il s'arrêta en voyant Danger hocher la tête.

« S'ils étaient raisonnables, est-ce qu'ils feraient dormir un bambin de même pas deux ans dans un placard? Ils pensent qu'ils sont le plus beau cadeau que Dieu a fait au monde, et ils n'écouteront jamais personne. Crois-moi. Je le sais. »

« Je le prendrais moi-même si je pensais que ça réglerait quoi que ce soit. » dit Remus, berçant doucement Harry alors qu'il se réveillait avec un petit gémissement.

Danger sourit malicieusement. « Tu le prendrais, tu veux dire que tu le kidnapperais? Passer un jour, le prendre dans tes bras et juste partir avec lui? »

« Ou une nuit. » di Remus, entrant dans le jeu. « Crocheter la serrure de leur porte d'entrée, entrer furtivement et le prendre, puis sortir. Personne ne le remarquerait. Nous pourrions être à des kilomètres avant le lever du soleil, si nous avions un endroit sécuritaire où aller. Une maison, un emploi, quelque part loin d'ici… » Il sourit tristement, secouant la tête. « Des plans sur la comète. Tiens, tu devrais le ramener chez sa tante. »

Danger prit Harry. « Peux-tu rester avec Neenie pendant que je le ramène? » demanda-t-elle. « Ça ne prendra que quelques minutes. »

« Certainement. » Remus l'accompagna pour lui ouvrir la porte, puisque Harry occupait ses deux bras, surtout endormi comme il l'était. Alors qu'il la refermait derrière elle, il senti quelque chose tirer sur son pantalon. Il regarda vers le bas. « Oui, que puis-je faire pour toi? » demanda-t-il sérieusement à Neenie.

« Bras. » demanda la fillette en levant les bras vers lui. Remus la leva, et elle se trémoussa jusqu'à ce qu'elle soit assise sur sa hanche, le regardant bien en face. « Lunard gentil. » dit-elle avec un sourire, apparemment fière d'avoir prononcé les deux syllabes de son nom correctement. « Dodo. » Et sans un mot de plus elle déposa sa tête sur son épaule et ferma les yeux.

C'était toute une journée, je suis fatigué moi aussi.

Il bailla en s'assoyant sur le canapé. M'étendre les jambes me ferait du bien. M'allonger encore plus.

Il transféra le poids de Neenie sur son torse. Je vais juste fermer les yeux un moment. Je ne vais pas m'endormir…

Il faisait sombre. Il était dans l'eau, une eau très froide, très profonde. Trop profonde. Il n'arrivait pas à flotter, il allait couler…

Une main attrapa la sienne et tira son bras sur un morceau de bois, qu'il serra alors qu'il reprenait son souffle. Il regarda son sauveur. C'était une femme, aux cheveux bruns bouclés, qui semblait familière…

Danger. C'est son nom. Je l'ai rencontré aujourd'hui, elle s'occupe d'Harry. Il remarqua alors que la femme, qui s'accrochait de l'autre côté de ce qu'il voyait clairement maintenant comme étant un minuscule radeau, avait deux enfants accrochés sur son dos, l'un d'entre eux étant Harry. L'autre était sa sœur – quel est son nom déjà? Neenie, c'est ça. – Tous deux semblaient fatigués, comme s'ils étaient sur le point de lâcher et de tomber à l'eau.

Il tendit la main, offrant par son geste de prendre l'un des enfants. Danger opina, et il accrocha son coude autour d'une saillie du radeau pour se stabiliser, puis il tendit le bras et attrapa Harry. Son cœur manqua un battement lorsqu'il crut un instant qu'il allait échapper l'enfant, mais Harry s'accrocha à lui de toute ses forces et tint bon.

Pourquoi on ne les met pas sur cette chose? Ça ne nous portera pas, mais ça peut supporter les enfants. Il leva Harry de l'eau et le déposa sur le radeau, qui balança un peu mais ne chavira pas. Danger déposa rapidement Neenie près de Harry et les enfants se collèrent au milieu du radeau.

Remus regarda plus loin sur la rivière et aperçut la silhouette d'une femme, qui se raccrochait désespérément à quelque chose qui semblait se briser sous ses mains. Alors qu'ils passaient à côté d'elle, il tendit le bras et attrapa sa main, la tirant vers leur radeau. Elle l'attrapa et s'y accrocha de toute ses forces. Lorsqu'ils arrivèrent à un endroit mieux éclairé il vit son visage – c'était Aletha Freeman, avec l'air déterminé qu'elle avait toujours eu en chassant les cognards sur le terrain de Quidditch.

Nous sommes là-dedans tous ensemble, on dirait…

Et juste comme il pensait cela, quelque chose frotta contre sa jambe. Quelque chose de doux. Une main, qui se ferma brièvement autour de sa cheville avant de perdre prise…

Il y a quelqu'un sous l'eau. Je dois l'aider.

Il prit une grande inspiration et plongea.

L'eau était froide et trouble contre son visage. Il ne voyait rien. Il chercha à tâtons autour de l'endroit où il croyait avoir senti la main s'accrocher à sa cheville et, juste comme il commençait à manquer d'air, il la retrouva, molle et tombante. Il l'attrapa fermement et nagea vers la surface.

Comme il l'avait espéré, les deux femmes nageaient à contre-courant, faisant du surplace tout près, l'attendant. Il tira la personne repêchée derrière lui, et ne ressenti aucune surprise à la vue de Sirius Black, épuisé et pâle, ne respirant pas.

C'est mauvais.

Mais avant qu'il puisse faire quoi que ce soit, Sirius haleta et commença à tousser, et Remus le hissa à moitié sur le radeau avant de s'y accrocher à nouveau. Aletha caressa le visage de Sirius doucement, et il ouvrit les yeux un moment pour lui sourire.

Le radeau accéléra. L'eau sembla se réchauffer et il y eut plus de lumière. Et – est-ce que c'est en train de grossir?

Quelques secondes de plus et la question ne se posa plus. Le radeau avait effectivement grossi. Il était maintenant assez large pour porter tout le monde. Remus aida les femmes à monter à bord, puis accepta leurs mains pour le hisser hors de l'eau.

Soudainement, ils passèrent de la noirceur d'un tunnel à la clarté, la clarté d'un jour ensoleillé. La fatigue que Remus ressentait jusqu'à présent sembla glisser hors de lui alors qu'il regardait les rives verdoyantes de la rivière et les visages souriants de ses amis. Le radeau était une oasis de paix et, alors qu'Harry grimpait sur ses genoux, Remus souhaita qu'ils puissent y rester pour toujours…


Danger referma la porte derrière elle, incapable de s'enlever de la tête l'image de deux yeux verts remplis de tristesse et d'une petite voix appelant « Dan-er? » d'un ton implorant.

Il m'a pratiquement supplié de ne pas partir. Mais qu'est-ce que je peux faire? Je n'ai aucun droit sur lui…

Une autre voix s'invita dans ses pensées. La voix de Remus.

« Je le prendrais moi-même… si nous avions un endroit sécuritaire où aller. Une maison, un emploi, quelque part loin d'ici… »

L'imagination de Danger prit le contrôle de ses pensées. Juste une petite maison, assez grande pour quatre. Un homme, une femme, un garçon et une fille, une nouvelle vie ensemble… et un emploi dans une librairie, ou une bibliothèque… oh, ne serait-ce pas merveilleux? De travailler au milieu de la sagesse et de la folie de toutes les époques, proprement catégorisée et ordonné alphabétiquement…

Elle sourit ironiquement. Maintenant qui fait des plans sur la comète? Une nouvelle vie ensemble? Pour l'amour de Dieu, Gertrude, tu as rencontré Remus aujourd'hui, peu importe ce dont tu as rêvé! Elle n'utilisait son prénom en se parlant à elle-même que lorsqu'elle était agacée. Et tu sais que tu n'auras jamais Harry. Même si les Dursley ne le veulent pas, ils ont tous les droits sur lui, et ils n'acceptent jamais de perdre quoi que ce soit, même lorsqu'ils ne souhaitent rien de plus que d'en être débarrassé.

Mais ce serait bien pour Neenie d'avoir un frère. Elle était vraiment seule avant qu'Harry n'arrive. Il n'y a pas de petites filles de son âge dans le voisinage, et la plupart des petits garçons sont comme Dudley – des grosses butes trop gâtées…

Arrête maintenant, ordonna son côté sensé. Tu souhaites la lune.

Non, je souhaite…

N'y. Pense. Même. Pas.

Cette discussion intérieure l'accompagna à travers la cuisine jusqu'au salon, où elle s'arrêta net.

Lunard. Finit tout de même son côté émotionnel, de manière irrépressible.

Remus Lupin dormait sur son canapé, un bras enroulé protectivement autour de la petite Hermione, endormie sur son torse.

Ils ont l'air parfait ensemble, ne pût-elle pas s'empêcher de penser. Il pourrait être son père.

Et elle a besoin d'un père. Je fais de mon mieux, mais elle arrive à la période têtue, et avoir quelqu'un autour pour me soutenir aiderait beaucoup.

Elle s'assit avec lassitude sur la chaise berçante, reconnaissant la réalité. Avoir quelqu'un aux alentours aiderait pour tout. Il y a des jours où je voudrais simplement abandonner et pleurer, parce qu'il y a tant de choses à faire et jamais assez de temps ni d'argent. Je sais que la vie est dure, mais les humains ne sont pas faits pour la vivre seuls, n'est-ce pas? Je veux dire, il doit bien y avoir une raison pour cette chose qu'on appelle l'amour…

Elle cligna des yeux, surprise par ses propres pensées, et secoua la tête. Un peu rapide en affaires, n'est-ce pas, jeune fille? L'amour c'est un grand mot. Essayons l'amitié d'abord, et voyons où ça nous mène…

Après tout, tu ne le connais pas tant que ça encore. Peu importe ce que Pétunia Dursley et son réseau d'espion peuvent en dire.

Elle soupira. Il peut blaguer tant qu'il veut, mais ma réputation vient d'en prendre un coup. Les potineuses du voisinage vont assumer le pire, et cette histoire sera partout d'ici deux jours. Il n'y a rien que je puisse y faire.

Peut-être qu'on devrait déménager…

Mais je ne peux pas abandonner Harry. Il est sous-alimenté, dans tous les sens du terme – Il est très brillant, mais même les enfants les plus brillants ne peuvent apprendre si on ne leur en donne pas l'opportunité. Et quand a-t-il des opportunités, s'il est toujours enfermé dans ce damné placard? Et ils ne le prennent jamais dans leurs bras, ni n'ont aucun geste affectueux envers lui – je pense même qu'ils le frappent parfois, il se crispe parfois lorsque je lève ma main plus haut que mon épaule.

Elle tordit le bas de son chandail de frustration. Nous sommes son seul espoir. Moi et Neenie, et maintenant Remus…

Je ne peux pas lui enlever ça, je ne peux tout simplement pas. Peu importe ma réputation, nous devons rester ici.

À moins, bien sûr, qu'on fasse quelque chose de vraiment fou. Comme le prendre et se sauver avec lui.

Est-ce qu'on pourrait s'en tirer? Est-ce qu'avoir la magie de notre côté pourrait nous aider? Il y aurait sûrement des gens de ce côté qui nous chercheraient aussi, je pense qu'il est important d'une manière ou d'une autre… mais si on se cachait des non-magiques avec de la magie et des magiques sans magie…

« Des plans sur la comète, encore! » Dit-elle à voix haute par frustration.

Remus se réveilla dans un sursaut, regardant avec confusion la petite tête brune sur son torse.

« Je vais la prendre. » dit Danger, soulevant sa sœur si doucement que Neenie ne poussa qu'un soupir avant de continuer sa sieste dans les bras de Danger. « Je reviens dans un instant. »

Elle monta les marches rapidement et déposa la fillette dans son berceau. Lorsqu'elle revint, Remus était assis à la table de la cuisine, semblant légèrement embarrassé.

« Je suis désolé » commença-t-il « Tu m'as demandé de la surveiller et je me suis endormi… »

« Pas besoin de t'excuser. » dit Danger sincèrement « Je doute qu'elle aurait pu bouger sans te réveiller, et c'était vraiment un beau tableau à voir. Ne t'inquiète pas. »

Remus opina rapidement. Un silence inconfortable s'installa.

« Je devrais y aller. » dit Remus au même moment ou Danger demandait « Veux-tu rester pour le souper? »

Ils hésitèrent, se regardant presque timidement. Puis Remus dit tranquillement « Bien, je suppose que je pourrais… » alors que Danger s'exclama « Mais si tu as quelque chose de prévu… »

La double coïncidence fut de trop, et ils s'esclaffèrent riant ensemble et brisant la tension qui avait commencé à monter dans la cuisine.

« Non, je n'ai rien de prévu. » dit Remus, ricanant encore, un moment plus tard. « Et je suis vraiment fatigué de ma propre cuisine. Alors si l'offre tient toujours, j'accepte avec plaisir. »

« Non, le plaisir est le mien. » Danger sourit et senti son cœur se réchauffer lorsqu'il sourit en retour. « J'adore cuisiner. As-tu une préférence? »

« J'aime beaucoup les pâtes, mais vraiment, n'importe quoi fera l'affaire. » dit Remus

« As-tu déjà mangé des pâtes avec une sauce au beurre d'arachides? »

« Non, mais je suis intrigué, et je suis prêt à tout essayer au moins une fois. »

« C'est un peu dangereux, non? »

Remus haussa les épaules. « Pas plus que la vie en soit. Je fais des exceptions pour les choses vraiment stupides. Comme taquiner un hippogriffe. »

« Qu'est-ce qu'un hippogriffe? »

Le temps nécessaire pour préparer le repas fut rempli d'histoires à propos de la vie dans le monde des sorciers et de la magie en général. Danger écouta attentivement, notant les détails dans sa mémoire. On ne sait jamais ce qui peut être utile.

« C'est excellent. Mes compliments au chef. » dit Remus après avoir goûté aux pâtes.

« Grands mercis, gentil sire. » dit Danger en inclinant la tête dans sa direction.

« Je n'ai rien mangé d'aussi bon depuis que j'ai quitté Poudlard. »

« C'est… ton école? » hasarda Danger, espérant obtenir de nouvelles histoires.

Elle ne fut pas déçue. Avant qu'elle ne tende la dernière assiette à essuyer à Remus, Danger en savait plus sur le monde de la magie en Angleterre que n'importe quel moldu (un mot qu'elle trouvait fascinant) n'étant pas en relation avec un sorcier ou une sorcière.

« Tu ne devrais pas me dire tout ça, n'est-ce pas? » demanda-t-elle « Tu pourrais avoir des problèmes. »

« Je pourrais. » répondit Remus. « Mais comme tu l'as dit, tu es déjà impliquée. Tu es pratiquement en train d'élever le garçon qui a survécu. » Il lui avait expliqué la cause de la renommée d'Harry, et le surnom que le monde de la magie lui avait donné. « C'est logique que tu sois au courant. Tu es peut-être magique toi-même. »

« Moi? »

« Tu es ce qu'on appelle une rêveuse-de-vérité. Tu vois des choses en rêves qui se sont réellement produites. Certaines parties ont même l'air prémonitoires. C'est un don magique, pour ce que j'en sais… mais on peut vérifier. »

« Comment? »

Remus sorti un bâton sculpté d'environ trente centimètres de sa poche, et le tendit dans sa direction.

« Est-ce que c'est… »

« Une véritable baguette magique. Vas-y, essaie-la. »

Danger accepta la baguette avec précaution et l'agita timidement. Rien ne se passa.

« Je préfèrerais que tu la pointes dans cette direction. » dit Remus fermement, en éloignant son bras de lui.

« D'accord. » dit Danger d'un ton sec, éloignant son bras d'un mouvement ennuyé.

Une gerbe d'étincelles dorées jailli de la baguette et atterrirent sur le comptoir de la cuisine, où elles crépitèrent avant de s'éteindre dans la flaque d'eau qui s'écoulait de l'égouttoir à vaisselle.

« Est-ce que c'était moi? » demanda Danger dans un souffle.

« C'est toi qui tiens la baguette. » répondit Remus en lui souriant.

Danger la lui rendit rapidement, fixant toujours l'endroit où les étincelles étaient apparues.

« Félicitations, Miss Granger. » dit Remus, empochant sa baguette. « Vous êtes une sorcière. »

Danger s'assit brusquement, par chance là où la chaise se trouvait derrière elle.

Je suis une sorcière, j'ai de la magie.

Mais—c'est impossible.

« Comment est-ce possible? Je veux dire, tu m'as dit que Poudlard contactait les enfants avec de la magie, et je n'ai jamais reçu de lettre ni rien, donc comment puis-je être magique maintenant? »

« Je ne sais pas. » admis Remus. « Mais tu es magique. Personne ne peut utiliser une baguette sans détenir de pouvoirs magiques. J'ai déjà entendu une théorie selon laquelle certaines personnes ont une magique latente, une magie qui n'est pas active et ne peut pas être détectée, alors ils vivent toute leur vie comme des moldus. Personne ne le sait jamais, à moins qu'ils expériencent une sorte de choc émotionnel qui fasse ressortir la magie en eux. »

« Un choc émotionnel? Comme trouver mes parents morts dans le salon? »

Remus grimaça. « Ça pourrait faire l'affaire, oui. »

Danger fixa le plancher. « Quand j'ai trouvé mon père et ma mère, j'ai crié. J'ai crié tellement fort qu'ils m'ont entendu au bout de la rue. Et des choses se sont cassées. Toutes les ampoules, tous nos abat-jours en verre, même les vitres se sont brisées. Est-ce que c'était de la magie? »

« Ça en était sûrement. » Remus sembla sur le point de faire un mouvement dans sa direction, mais se dirigea plutôt vers le bureau dans le coin de la pièce, écrivit quelque chose sur le bloc-notes qui s'y trouvait, et l'arracha. « Voici, mon numéro de téléphone. Si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi. Sauf demain soir, mais n'importe quel autre jour, appelle-moi. »

Danger opina, acceptant le morceau de papier. « Attends une seconde, je vais te donner le mien. » dit-elle « Au cas où il y aurait quelque chose que tu aurais besoin de me dire rapidement. »

Remus prit la note et la mit dans sa poche. « Je devrais vraiment y aller. » dit-il en regardant dehors, où la noirceur était déjà bien installée.

Danger l'accompagna à la porte. « Merci d'être resté pour le souper. »

« Merci de m'avoir invité. C'était le meilleur repas, et la meilleure compagnie, que j'ai eu depuis des mois. »

« Moi aussi. Pour la compagnie, je veux dire. » Danger eut le souffle court face au sourire que lui fit Remus à cet instant.

« Eh bien, bonne nuit alors. » dit-il en lui tendant la main.

« Bonne nuit. » Elle lui secoua la main avec courtoisie.

Est-ce mon imagination, ou est-ce qu'il a gardé ma main dans la sienne un peu plus longtemps que nécessaire?

Remus s'inclina poliment, puis parti.

Danger s'appuya contre le mur et repris son souffle.

Je suis définitivement attiré par cet homme.

Fortement attiré.

Je pense qu'une douche froide s'impose.


Remus se dépêcha le long des rues sombres vers l'endroit où il avait garé sa voiture, non lui du parc, les pensées se bousculant dans son esprit.

Je dois rentrer à la maison. Et commencer à faire des plans. Harry est maltraité, Sirius est innocent… Aletha doit savoir, avant tout. Je peux lui envoyer un hibou demain… est-ce que je devrais parler à Dumbledore? Je n'ai pas de preuves solides…

Mais avant toute chose je devrais prendre une douche froide.

Je suis fortement attiré par cette femme.

Et ce n'est pas bon. Pour aucun de nous.