Alice

«Emmène-nous à la maison». entendis-je dire Tarrant à Bandit

J'étais pensif, qu'est-ce qui avait bien pu mettre le chapelier dans un tel état de panique? Ses yeux avaient viré à un jaune profond et son regard s'était voilé. Je pressai ma joue plus fort contre son dos et resserrai mon étreinte autour de sa taille pour essayer de le rassurer. Bien que je ne connaisse pas la source de son inquiétude, je me devais de le soutenir face à ses peurs.

Je sentis ses mains se poser sur les miennes. Ce contact me donna le frisson, ma peau picotait là où nos peaux se rencontraient. Ses mains étaient rugueuses et je pouvais sentir les différents dés et accessoires qu'il portait. Je fermais les yeux et profitais de sa chaleur, j'inspirais profondément afin d'inhaler son odeur. Il sentait les étoffes, la colle au mercure, le vent et une odeur plus prononcée de cannelle. Cela me rappelais nos interminables séances de thé, où j'étais souvent en retard. A cette pensée, j'esquissai un sourire.

Au bout d'un moment, je sentis que Bandit ralentissait, je rouvris alors les yeux et vis la maison du chapelier. Elle était seule au milieu des montagnes verdoyantes et des cascades. Le cadre était plus qu'exceptionnel. Le paysage rappelait les côtes florissantes d'Écosse. La maison avait la même forme que le chapeau haut de forme de Tarrant, on ne pouvait pas se tromper sur le propriétaire de la demeure pensai-je. Le savant mélange entre le blanc et le bordeaux donnait un aspect prospère et accueillant à la maison. Les fenêtres étaient colorées passant du bleu au vert, ajoutant une touche de fantaisie. Elle était juste magnifique et tellement à l'image du chapelier.

Tarrant desserra mon étreinte et descendit du Bandersnatch. Il me tendit la main pour m'aider à descendre. "Merci Tarrant" murmurai-je. "Mais de rien mon Alice" répliqua-t-il d'un clin d'œil. Il appuya sa main au bas de mon dos et me guida vers sa maison. Je passai également mon bras derrière son dos pour me rapprocher de lui. Il me regardait, un soupçon de violet occupant le vert de ses iris. Je ne savais pas encore à quoi correspondait cette couleur, je ne l'avais encore jamais vu.

Il ouvrit la porte et me fit signe de rentrer. Je redécouvrais son salon, il était magnifiquement coloré de bleu et de blanc. L'escalier en colimaçon en bois donnait un certain cachet à la pièce. A ma droite, il y avait une pièce qui devait être une partie de l'atelier de Tarrant. Des chapeaux étaient élégamment exposés sur le mur et en face se produit le portrait de famille du clan Hightopp que m'avait montré le chapelier quand j'étais venu le voir la première fois. Je pus voir au fond de la pièce une étagère très bien organisée avec tout un tas de matériaux qui serviront à la confection de chapeau. Je suppose en tout cas car ils m'étaient totalement inconnus. Sur ma gauche, il y avait un petit salon. J'étais émerveillée par les lieux et la beauté qui émanait de l'habitacle.

"Ça te plais ?" me dit-il d'une voix moqueuse. "Oh oui, c'est très joli…" balbutiai-je honteuse de m'être fait prendre en train d'observer sa maison avec tant d'insistance. "Excuse-moi Tarrant… je suis trop curieuse, la dernière fois je n'ai pas vraiment eu le temps de regarder" dis-je d'une petite voix. "Mon attention était focalisée sur autre chose" ajoutai-je avec un clin d'œil. Il rougit légèrement à l'insinuation mais se ressaisit rapidement et me propose de me faire visiter.

"Tarrant, je suis exténuée est-ce que l'on pourrait faire ça demain" implorai-je d'une voix fatiguée. "Oui Alice pas de problème, viens je vais te montrer ta chambre" me dit-il. "Ma chambre? Je pensais que, qu-" marmonnai-je "Que quoi Alice ?" me coupa-t-il. "Je pensais qu'on pourrait dormir ensemble ..." avouai-je d'un souffle. Il fit les yeux ronds et sa bouche s'ouvrit d'ahurissement. Ses joues devinrent rouges écarlates et ses yeux se teintèrent de rose. "Humm oui nous pourrions faire comme cela" bredouilla-t-il, son brogue écossais épaississant tous ses mots.

"Alors allons-y" répliquai-je lui prenant la main et je nous dirigeais vers sa chambre. Une fois dans sa chambre je lui lâchai la main. Je me tournai vers lui, confuse "Euh Tarrant, dans ma précipitation je n'ai emmené aucun vêtement…" lui expliquai-je. Il balaya mon corps du regard et partit dans une autre pièce. Il revint avec une chemise. "Désolé, je n'avais que ça" s'excusa-t-il. Il me la tendit en rougissant. "Merci, ça ira très bien" le rassurai-je. "Je te laisse te changer ici, je vais me changer dans la pièce d'à côté" m'informa-t-il.

J'attendis qu'il parte et qu'il referme la porte avant de porter sa chemise à mon nez. Dieu que cela sentait bon. L'odeur envahi mes narines à tel point que je pourrai me noyer dedans et pourtant la chemise était propre, je n'osai imaginer le parfum que devait avoir la chemise qu'il portait actuellement. Je me ressaisi et me déshabillai rapidement, j'enfilai sa chemise par-dessus ma tête. Elle m'arrivait à mi-cuisse et était bien trop large pour moi. Je ris discrètement à la vue de mon corps dans le miroir recouvert de la chemise de mon chapelier. Après une inspection rapide de la pièce, je me dirigeai vers le lit et me mis sous les couvertures.

Une fois confortablement installé, je laissai libre court à ma curiosité. Je parcouru la pièce du regard, la chambre avait une forme octogonale et était plutôt spacieuse. Les murs alternaient entre un pan du même bleu que le salon, qui me rappelait la couleur de ma robe préférée, et un pan au motif floral. Le rosier représenté, s'entrelacer autour du chandelier qui était présent au milieu du mur. Les fleurs étaient peintes avec diverses nuances de rose, donnant des effets de profondeur et de lumière.

En face du lit, il y avait une immense fenêtre aux multiples carreaux bariolés. A ma gauche, se développer une autre fenêtre, plus petite, avec une alcôve où était installé une magnifique banquette rose framboise qui se mariait parfaitement bien avec le bleu des murs. Deux tables de chevet étaient disposées de part et d'autre de l'immense lit à baldaquin dans lequel je me trouvais.

Quand mon regard se posa vers la droite de la pièce, je vis que Tarrant était revenu. Il se tenait contre le chambranle de la porte et m'observait avec un sourire en coin. Il était vêtu d'un tee-shirt blanc en coton et d'un pantalon de pyjama en lin beige. Depuis combien de temps était-il là?

Je glissai mon regard vers son visage et vis que le vert de ses yeux était saupoudré de violet. Il faut que je lui demande à l'occasion à quoi correspondait cette couleur, même si j'avais déjà un avis sur la question ce qui me fit esquisser un sourire.

Il se décolla de l'ouverture de la porte et se dirigea vers la table basse présente au milieu de la pièce tout en enlevant les divers accessoires qu'il avait sur ses mains. Il se pencha et les déposa sur le meuble. Puis il me rejoignit timidement au lit, sans un mot. Il s'allongea sur le dos et mit ses bras derrière sa tête, n'osant pas me regarder.

Je rampai vers lui et lui donnai un chaste baiser avant de mettre ma tête sur sa poitrine savourant notre proximité et la douce mélodie de son cœur.

"Tu sais Alice… j'ai peur." murmura-t-il. Je fus agréablement surprise qu'il se livre à moi sans avoir été obligé de lui tirer les vers du nez. J'attendis donc tranquillement la suite de sa confession.

"Je suis terrifié à l'idée que tu puisses me quitter une fois que tu te rendras compte que je ne vaux rien." Souffla-t-il d'une voix à peine audible. Je me redressai sur un coude, mon autre main prenant appui sur son torse, pour mettre mon visage à la même hauteur que le sien. J'ouvris la bouche pour répliquer mais il m'intima le silence en posant son doigt sur mes lèvres.

"Attends je n'ai pas fini." m'expliqua-t-il. "Alice, regarde-toi et regarde-moi. Tu es si belle, si parfaite et saine d'esprit qui plus est. Je ne suis pas ce que l'on peut qualifier de beau, ma peau est tachée par le mercure qui m'emmène petit à petit un peu plus dans la folie, et… et mon corps est…» balbutia-t-il. Il expira bruyamment et déglutit. "Mon corps est recouvert de cicatrice…" confessa-t-il.

"Alors pourquoi ?! Pourquoi resterais-tu ici ? Pour moi ?! Laisse-moi en douter !" cracha-t-il ses yeux ayant virés au jaune-orangé. "Tu mérites tellement mieux, je ne comprends pas pourquoi tu m'as choisi." Questionna-t-il plus pour lui-même que pour moi.

Je passai ma jambe droite par-dessus ses hanches pour le chevaucher, ses bras tombèrent mollement le long de son corps, et je mis mes mains sur ses joues prenant son visage en coupe. Je le regardai droit dans les yeux.

"Tarrant" l'interpellai-je. Il releva les yeux vers moi. "Je t'aime" lui avouai-je. A cet aveu ses yeux devinrent violet, il se redressa, plaça ses mains sur mes hanches et me rapprocha plus près de lui.

"Tu… Tu m'aimes ?" Il butait sur chacun des mots, l'apparition de son brogue ne facilitant pas son élocution. "Oui je t'aime Tarrant" lui répondis-je tout simplement.

J'eu à peine le temps de finir ma phrase qu'il s'empara de mes lèvres. Je fermais les yeux, profitant de toutes les sensations que m'offrait ce baiser. Je sentis sa prise se raffermir sur mes hanches et je passais mes mains dans ses cheveux pour le rapprocher encore plus de moi. Ses lèvres se mouvaient en rythme avec les miennes, embrasant mon corps. Sa langue lécha mes lèvres me demandant l'accès à ma bouche. Je lui accordai en ouvrant les lèvres et il s'empressa d'y fourrer sa langue partant à l'exploration de ma bouche. Nos langues se battaient pour savoir qui mènerait la danse.

Trop vite à mon goût, je manquais d'air et me séparais à contrecœur. Il haletait tout comme moi essayant tant bien que mal de retrouver son souffle. Ses yeux avaient pris une teinte rose qui se mélangeait à l'ancienne teinte violette.

Je me rallongeai à ses côtés ma tête contre son cœur, écoutant son rythme affolé. Nous restâmes dans ce silence réconfortant pendant plusieurs longues minutes puis, je me tournai sur le côté droit afin de dormir. Il suivit mon mouvement et se colla contre mon dos. Il passa son bras sur ma taille et captura une de mes mains dans la sienne entrelaçant nos doigts ensemble.

"Je t'aime mon Alice" susurra-t-il à mon oreille et je m'endormis à ses paroles.

Je me réveillai en sursaut, où étais-je? J'ai rêvé que j'étais parti vivre avec le chapelier à Underland et à la pensée que tout ceci n'était que pur produit de mon imagination me donna envie de vomir. Puis, je sentis un poids sur ma taille qui n'était autre que le bras de Tarrant. Il avait sa main sur mon ventre qui me tenait pressée contre lui, comme s'il avait peur que je parte pendant mon sommeil. Je me rappelais alors que ce n'était pas un rêve, que je me trouvais bien à Underland, dans la maison du chapelier. Je me retournai et vis Tarrant dormir paisiblement, ses traits étaient relâchés et il souriait. Je me blottis contre sa poitrine passant ma jambe droite entre les siennes et enroulai mon bras droit contre sa taille. J'inspirai profondément son odeur, lui donnai un baiser sur la poitrine et me rendormis paisiblement.


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