STRANGER THINGS | UNE FAMILLE AVANT TOUT

Chapitre 2 : La Promesse

Avertissement : Stranger Things, ses personnages et son univers apparaissent à Netflix et aux frères Duffer. Je ne possède aucun droit sur cette licence et je ne tirerai aucun bénéfice pécuniaire de cette histoire.

- Est-ce que tu es mon papa?

La question le prit par surprise même si cela n'aurait pas dû être le cas. Cela faisait plusieurs jours qu'Hopper avait envie de lui en parler. Le papier que le docteur Owens lui avait remis le brûlé dans la poche de son manteau et le tourmentait chaque fois que son esprit s'égarait vers ce sujet. Mais quand la petite voix, encore connu par les vagues d'émotions qui s'y étaient abattues, d'Eleven imposa la question dans leur réalité, il sentit son cœur s'accélérer dangereusement. D'une main tremblante, il se recoiffa négligemment tout en baissait les yeux vers ses pieds nus. Il n'avait pas peur de répondre, car il savait très bien ce qu'il voulait être ou ne pas être. Être le papa de cette fille serait pour lui un bonheur d'une intensité incomparable. Mais ce genre de sujet ne devait pas être abordé à la légère. Il fallait trouver un angle d'attaque et faire en sorte que ce soit entendu ne vienne entacher cette conversation. Alors, il eut une idée.

- Pour répondre à une question, je vais avoir besoin de quelque chose, expliqua-t-il.

Alors qu'El lui adressait un regard confus, il la prit par les aisselles et la souleva pour se libérer de son étreinte en la sollicitant à côté de lui. Dans la précipitation qu'engendrait l'angoisse, il se leva et manqua de trébucher sur la table du salon. Mais le stress lui fit complètement oublier ce faux pas et il alla jusqu'au porte-manteau. Il pouvait presque sentir les papiers d'adoption l'appeler à travers sa poche. Dans le fond, il ne pouvait pas rêver d'une meilleure occasion pour discuter avec Eleven. Il retira le document de la poche et retourna dans le salon où la fille l'attendait, une inquiétude luisant dans son regard chocolat. Bon sang, il lui avait fait peur avec son comportement hâtif et maladroit. Sans doute craignait-elle qu'il ne veuille pas être son père. Elle avait été rejetée tellement de fois auparavant que cette peur était compréhensible, mais surtout inévitable dans ce genre de situation. Raison de plus pour se montrer prudent avant d'aborder un sujet aussi sérieux.

Hopper s'accroupit en face de la fille et planta son regard, se voulant rassurant dans le sien. De la main droite, il vint lui pincer légèrement la cuisse et il lui adressa un sourire doux. De son autre main, il tenait fermement l'enveloppe, presque par peur qu'un coup de vent inexpliqué ne la fasse s'envoler. Il s'éclaircit la gorge, essayant de chasser la boule qui lui noyait les cordes vocales.

- Il y a des années, j'ai eu une petite fille. Tu te souviens, je t'avais expliqué…

- Sarah, mais elle est partie.

Le chef de la police sentait les larmes lui monter aux yeux. Peut-être n'était-il pas près pour tout ça. Non, il devait passer à autre chose maintenant. Il était trop tard pour faire machine arrière désormais.

- C'est exact. Elle est partie et après ça, je me suis senti très triste. Je suis venu habiter ici, mais je ne vivais plus. Plus rien n'avait d'importance. Jusqu'au jour où je t'ai trouvé dans cette forêt, où je t'ai amené ici et que nous avons rangé cette cabine, où je t'ai donné un bain et où j'ai soigné tes blessures, où j'ai commencé à te faire la lecture tous les soirs ... À partir de ce jour-là, j'ai cessé d'être malheureux. Tu m'as offert des moments de bonheur que j'avais cessé d'espérer revivre. En un an, j'ai eu plus de souvenirs heureux que toutes les années que j'ai passé ici depuis la mort de Sarah. Tout ça, c'est grâce à toi. Mais nous avons été stupides et nous avons tous les deux faits beaucoup d'erreur. Je t'ai blessée, j ' en ai conscience et je suis désolé. C'est pour cela que quoi que tu décides, je serai avec toi.

Sur ses paroles, il tendit l'enveloppe à Eleven. Elle la regarda comme si c'était la première fois qu'elle en voyait une. Après une hésitation qui parut durer une éternité, elle saisit le papier entre ses doigts tremblants et prit le contenu de l'enveloppe. Pendant quelques secondes, elle parcourut le texte qui y était écrit. Sans doute ne comprenait-elle pas tous les mots, mais Hopper espérait qu'elle en saisirait l'essentiel. Lorsqu'elle eut fini de lire, elle leva les yeux vers lui, une incertitude brûlante dans son regard.

- Jane Hopper?

- Oui, ma puce, Jane Hopper est ton nom officiel maintenant. Mais si tu veux, on peut continuer à t'appeler El. Nous trouvons une excuse s'il le faut. C'est toi qui choisis.

- Mais Hopper est ton nom.

Il soupira et tenta de trouver les mots justes pour expliquer la situation de la manière la plus claire possible.

- C'est vrai, Hopper c'est mon nom. Mais il pourrait être le tien aussi.

Onze regardait en alternance le papier et le visage barbu du chef de la police. Visiblement l'incompréhension occupait une grande partie de son esprit.

- Ça veut dire que selon ce papier, je suis ton tuteur, expliqua Hopper, grâce à lui, les méchants hommes ne pourront plus te reprendre aussi facilement parce que maintenant tu existes légalement.

- Légalement? demanda-t-elle en détachant chaque syllabe comme elle le faisait toujours avec un nouveau mot.

- Ça veut dire que tu es reconnu par l'état. Ça veut dire que maintenant, tu existes pour tout le monde.

Onze hocha la tête pour signifier qu'elle avait compris. Puis elle attendit qu'Hopper continue son explication. Cette incertitude qui se prolonge luieait causait sans doute plus de peur qu'autre choisi. Il fallait clarifier la situation au plus vite pour la soulager de son angoisse. Après tout, cet enfant avait déjà vécu tellement d'angoisse qu'il serait injuste de venir en rajouter par-dessus.

- Ce que j'essaie de te dire, c'est que ce papier dit que je suis ton tuteur. Mais il peut également dire que je suis ton père. Mais cela ne dépend que de toi. Si tu ne veux pas que je sois ton père, je peux juste rester celui qui te nourrit et qui prend certaines décisions pour toi jusqu'à ta majori…

Avant qu'il n'ait pus finir sa phrase, onze se jeta autour de son cou en une fois de plus échapper à quelques larmes de bonheur. Avec l'élan, elle faillit le faire basculer en arrière et il dut se retenir à l'accoudoir du canapé pour regagner sa stabilité. Après une seconde de stupéfaction, il enroula ses bras autour de la fille et la serra contre son cœur.

- Je veux. Je veux. Je veux, répétait-elle. Je veux que tu sois mon père.

Le cœur d'Hopper faillit éclater et sans s'en rendre compte, il se mit lui aussi à pleurer une nouvelle fois. Tellement de larmes avait été versées durant cette soirée que sans doute, ni l'un ni l'autre ne pourrait sangloter avant plusieurs mois.

- Tu me rends tellement heureuse ma puce. Tellement heureux.

Ils restèrent longtemps dans cette position, s'étreignant comme s'ils ne voulaient plus jamais se lâcher. Eleven avait trouvé un père et Hopper, une fille. Le vide que chacun d'eux subissait depuis tant d'années se comblait en partie. Alors qu'ils respiraient à l'unisson, ils prirent conscience de la légèreté qui les prenait. Pour Eleven, cela était encore plus fort, car depuis des jours, elle se tourmentait en imaginant devoir quitter la cabine pour retourner vivre en forêt. Désormais, elle avait officiellement une famille.

- Mais tu sais, déclara Hopper en brisant le silence paisible qui les entourait, si tu le souhaites, tu peux continuer à m'appeler Hopper, ou Hop. Ou comme tu préfères.

Une nouvelle fois, Eleven le regarda droit dans les yeux.

- Est-ce que je peux t'appeler papa ? demanda-t-elle avec une timidité sincère que le chef de la police ne lui connaissait pas.

Le cœur de ce dernier faillit éclater alors que son cerveau était inondé d'émotions oubliées depuis longtemps : la fierté et un amour si profond qu'il avait peur de s'y noyer.

- Bien sûr que tu peux ma chérie, rien ne me ferait plus plaisir.

Un sourire irradiant de bonheur s'étala sur les lèvres d'Eleven et elle se jeta une dernière fois autour de son cou. Ayant épuisé ses larmes, elle commençait tout doucement à s'assoupir sur l'épaule de son père nouvellement déclaré. Celui-ci lui caressa doucement de dos, essayant d'enregistrer ces derniers moments si riches en émotion qu'il doutait pouvoir trouver le sommeil. Comme pour le contredire, un bâillement étira ses joues. Il était temps pour eux de se remettre au lit. La fille le serrait si fort qu'il doutait pouvoir s'en détacher. De toute façon, il n'en avait pas vraiment envie.

Dans un accès de fatigue, il décida qu'exceptionnellement, elle pourrait dormir avec lui. C'était une habitude à laquelle il avait préféré ne pas laisser de place, car il voulait préserver le peu de place que lui offrait son lit. Dans de rares cas, il lui avait permis de se coucher à ses côtés. Notamment lorsqu'elle était tombée malade et que la fièvre lui donnait des hallucinations. Un passage de leur vie commune qu'il préférait oublier. Pourtant, cela faisait partie de leur histoire.

Ce fut avec l'esprit immergé de souvenir qu'il se déplaça vers sa chambre, El accroché à son corps comme un koala. Tout en marchant aussi silencieusement que possible, il prenait soin de la bercer au rythme de ses pas. Peut-être ne dormait-elle pas encore, mais la paix qu'ils ressentaient tous les deux ne tarderaient à les entraîneurs dans les bras de Morphée et il ne voulait pas la priver d'encore plus d'heures de sommeil.

Il se mit au lit et instinctivement, Eleven se blottit contre lui alors qu'il les couvrait de sa couverture. Dans ce calme nocturne apaisant, une dernière phrase, dont la fille était la responsable, vint clore définitivement cette discussion. Une parole si mélodieuse qu'elle se répéta en écho dans les oreilles d'Hopper.

- Je t'aime papa.

- Je t'aime aussi ma chérie.