Disclamer : L'histoire et Harry Potter ne m'appartiennent pas

Titre : The Long Road Home

Auteur : Penelope Muir

Traducteur : Ange Phoenix

Résumé : Voldemort avait choisi Neville mais les Potter ne s'en sortirent pas indemnes. Regulus Black survit à la guerre et créa une Fondation pour réparer les dommages infligés par Voldemort. Cinq ans plus tard, Lily Potter, nouvelle employée, revint dans la vie de Severus Snape. Les choses étaient sur le point de se compliquer.

Bêta : Antidote

Avancé de la fanfiction originale : 170 chapitres, terminée

Autorisation : J'ai l'autorisation de traduire toutes les fanfictions de l'auteure


The Long Road Home


Chapitre 2


Harry Potter n'avait peut-être que six ans, mais il était bien plus attentif que sa mère et ses oncles ne le croyaient.

Il les entendait tout le temps, sa mère et ses oncles, se disputer. Et c'était toujours à propos de la même chose.

James Potter. Ou, en fait, son père, selon eux. Son père qu'il n'avait jamais vu, sauf en photo.

Et il le voyait, chaque fois que son oncle Remus et son oncle Sirius étaient dans la même pièce, que quelque chose n'allait pas. Pas à cause de son père, mais à cause d'eux. Comme s'ils ne s'aimaient pas beaucoup.

Et il savait aussi pour sa mère. Il savait qu'elle attendait quelque chose — quelqu'un —, qu'elle attendait toujours que son père rentre à la maison.

Ils ne parlaient jamais vraiment de lui, de son père, pas à Harry en tout cas. Juste des histoires que Harry avait du mal à séparer des contes de fées que sa mère lui racontait au coucher. Son oncle Sirius disait qu'il était un homme courageux, que Harry était comme lui — Harry ne savait pas trop ce qui le rendait si courageux — et que James — son père — l'aimait beaucoup.

Sa mère disait simplement que « papa » avait dû s'en aller. Et quand il avait l'habitude de lui en demander plus, d'insister davantage et de demander quand il reviendrait, elle regardait l'un de ses oncles, le sol ou la porte. Dans tous les cas, elle détournait le regard, et il n'avait pas de réponse. Il ne savait pas ce que cela signifiait. Quand Harry mentait — non pas qu'il ait le droit de mentir — il regardait toujours ailleurs. Sinon, les gens voyaient tout de suite que ce qu'il disait n'était pas vrai.

Alors, ça voulait dire que son père n'allait pas vraiment revenir ? Que sa mère mentait — racontait des histoires — parce qu'elle ne voulait pas qu'il pleure ?

Harry ne pleurerait pas. Pas maintenant. Il en avait entendu parler — les choses qui se passaient pendant la guerre — et il savait que des gens mouraient parfois. Certains, même, disparaissaient complètement et personne ne savait jamais où ils allaient. Et Harry avait fini par croire, pendant longtemps, que c'était ce qui était arrivé à son père.

Mais la dernière fois qu'il avait vu Ron, il lui avait dit la vérité. Son père était à Ste Mangouste à cause de ce que les Mangemorts lui avaient fait. Quand Harry lui avait demandé comment il le savait, il avait répondu qu'il avait entendu son père et sa mère en parler et que son frère George lui avait dit que c'était vrai.

Ce qui n'avait aucun sens. Comment Ron pouvait-il en savoir plus que lui sur son propre père ?

« Nous t'avons dit la vérité, Harry », tenta d'expliquer son oncle Sirius en s'asseyant à côté de lui sur le canapé, « Nous ne t'avons jamais menti ».

« Vous avez dit qu'il avait dû partir », dit l'enfant de six ans d'un ton accusateur.

Sirius soupira et hocha la tête, « C'est vrai. Il a dû partir. »

« Mais il n'est pas parti », répondit Harry, impatient et frustré, « Il est à Ste Mangouste. Je ne suis pas stupide, tu sais. »

Son oncle eut l'air surpris pendant un moment avant de le considérer avec un sourire et il s'approcha pour lui ébouriffer les cheveux.

« Non, tu ne l'es pas », convint-il, l'air pensif, avant de poursuivre : « Harry, quand nous avons dit que ton père était parti... nous voulions dire que... ce que nous voulions dire, c'est que ce n'est pas vraiment ton père qui est là. »

Harry était confus.

« Comment mon père peut-il être là, mais pas vraiment là ? »

Sirius changea de position et jeta un coup d'œil à la porte. Harry se rendit compte qu'il espérait que sa mère rentrerait à la maison, comme ça il n'aurait pas à être celui qui lui dirait.

Pas de chance.

Sa mère était bien trop occupée pour rentrer à la maison en plein milieu de la journée.

« Harry, c'est... tu vois comment on parle toi et moi », commença-t-il, « et comment on joue ? »

« Oui ? »

« Eh bien, » la voix de Sirius devint plus douce, sa main se plaçant sur le bras de Harry, « Eh bien, ton père avait l'habitude de faire tout ça. Mais... il ne peut plus. »

« Comment ça se fait ? »

« Parce que... parce qu'il a été blessé », dit Sirius, avant de passer son bras autour de lui et d'entraîner Harry dans une sorte de câlin. « Tu as dit que Ron t'a dit que les Mangemorts lui ont fait du mal ? »

Harry hocha la tête et Sirius fit de même, lui confirmant que c'était vrai.

Harry fronça les sourcils, ne comprenant toujours pas vraiment.

« Mais il est toujours là, n'est-ce pas ? Ce n'est pas parce qu'il ne peut pas jouer qu'il est parti. »

Il regarda son oncle Sirius avec curiosité, qui avait l'air très perplexe, alors qu'il essayait de trouver quoi dire ; « Eh bien... tu vois... Harry, il n'est plus le même homme qu'avant, » il lui serra l'épaule, « C'est... c'est comme s'il n'y avait plus personne, » il s'arrêta avant d'observer le garçon, « C'est comme s'il n'y avait plus personne à l'intérieur. ».

Les sourcils de Harry se froncèrent en signe de confusion et il détourna le regard, pensif. Un instant plus tard, il regarda Sirius d'un air interrogateur.

« Tu veux dire que son âme est partie ? »

Sirius sembla stupéfait pendant un moment avant de sourire doucement et d'acquiescer, « Oui. C'est... c'est exactement ce que je voulais dire. »

« Et personne n'est vraiment quelque chose sans âme », dit Harry avec une innocente prévenance, « Pas vrai ? ».

Sirius eut l'air de rester muet pendant un moment, puis, en regardant de plus près, Harry se rendit compte — avec un sursaut — que son oncle était bouleversé. Se sentant coupable, il s'empressa d'entourer la taille de Sirius de ses bras et de le serrer fort dans ses bras.

« C'est bon, oncle Sirius. Je comprends. »

Harry l'entendit rire avant de sentir son oncle déposer un baiser sur le dessus de sa tête.

« Tu as fait mieux que ce que j'attendais de toi, je te l'accorde. Tu es aussi intelligent que ton père. »

Harry lui sourit en retour, légèrement cette fois. Il baissa les yeux vers le sol, redevenant contemplatif.

Son parrain lui ébouriffa à nouveau les cheveux : « Ça va ? »

Harry ne répondit pas pendant une minute, avant de relever la tête et de parler, incertain : « Ron dit... » Il hésita, mais le regard chaleureux de Sirius lui redonna confiance. Il sourit, un peu penaud.

« Ron dit que... que tu es comme mon père », dit-il, « parce que tu vis avec maman et moi », poursuit-il, « et parce que tu viens à toutes mes activités scolaires, et, tu sais, parce que tu m'aides quand j'en ai besoin. Et, toi et maman vous vous aimez, n'est-ce pas ? » Il hésita, notant l'expression de son oncle. Il se défila un peu : « Tu me prends pour un idiot. ».

Sirius sourit et secoua la tête, « Non, je ne pense pas que tu sois un idiot, » il fronça un peu les sourcils, « Je... je pense juste que tu es un peu... confus. »

Harry croisa les bras et le regarda fixement.

« Je ne suis pas un bébé », dit-il d'un ton sec.

« Harry, je le sais », dit Sirius en riant doucement, « Mais... la façon dont ta mère et moi nous nous aimons est très différente. Ce n'est pas la même chose que la façon dont ton père et elle s'aimaient. Et la façon dont ton père t'aimait est différente de la façon dont je t'aime. »

« Mais... comment ? Pourquoi ? » hésita Harry, ne sachant pas vraiment si ce qu'il allait dire serait bien pris ; « Je t'aime plus que je ne l'aime... » il fit une pause, « Et... et j'aime oncle Remus plus que je ne l'aime, aussi. Et maman n'est pas souvent là... » Il le regarda, déconcerté par ses propres sentiments, « Et Ron a dit qu'on est censé aimer son père et sa mère plus que quiconque ! ».

Sirius se passa une main dans les cheveux, avant de regarder son filleul, son expression pleine de sympathie.

« Harry, la vie de famille de Ron est très différente de la tienne. Et c'est normal que tu aies des sentiments qui ne semblent pas justes aux autres, » il appuya un doigt sur la poitrine du petit garçon avec un sourire, « Ne laisse personne te dire le contraire. ».

Harry baissa les yeux un instant, avant de les relever et de regarder son parrain avec attention. Après quelques secondes, il sourit : « Tu peux m'emmener à la fête foraine modulée maintenant ? Tu as promis de le faire. »

Sirius eut l'air surprise pendant un moment avant de rire et, libérant le garçon de son étreinte, il lui donna un léger coup de poing sur le bras : « Bien sûr. Va t'habiller en Moldu. »

« Ok! » s'exclama Harry avec enthousiasme en quittant précipitamment la pièce.

Toutes les questions qu'il se posait au sujet de James Potter avaient été résolues pour l'instant.


Sirius se demandait s'il devait ou non raconter à Lily tous les détails de sa discussion avec Harry.

Bien sûr, il devait lui parler de ses questions sur James et des réponses qu'il avait données à ces questions. Mais ce dont Sirius n'était pas sûr, c'était de lui dire que son fils commençait à être perturbé par la « dynamique familiale », pour faire simple. Après tout, Sirius était habitué à ce qu'ils vivent avec lui — plus que cela, il appréciait qu'ils vivent avec lui, en particulier grâce au lien qu'il avait pu développer avec Harry — et, vraiment, la dernière chose qu'il voulait était de les effrayer tous les deux.

Ce qui n'était pas le cas, se dit Sirius, compte tenu de la situation actuelle de Lily. Elle avait besoin de lui — même si elle détestait l'admettre et qu'il adorait s'en réjouir — pour l'aider avec Harry. Surtout maintenant qu'elle avait décidé d'accepter cette bourse ridicule qui, Sirius en était convaincu, lui faisait perdre son temps.

Après avoir quitté Poudlard, James s'était rapidement installé chez Sirius et, peu de temps après avoir rejoint l'Ordre, Lily s'était également installée chez eux.

Ce n'était que peu de temps après - juste avant que lui et Lily ne se marient — que James avait acheté une plus grande maison et avait demandé à Sirius de venir avec eux, pour que la bande reste soudée.

Sirius n'était pas sûr de ce que Lily avait ressenti à l'époque — il pouvait probablement avoir une idée assez précise — mais elle avait gardé le silence sur ses objections, du moins quand il était là. Et il n'allait certainement pas laisser quelque chose comme le mariage se mettre en travers de son lien fraternel avec James. Donc, il était parti avec lui. Et donc, à l'exception de la période où James et Lily se cachaient, Sirius avait toujours été habitué à ce que Lily vive avec lui. Un élément permanent de sa maison et de sa vie — une sœur — et il était plutôt à l'aise avec la façon dont tout cela avait tourné.

Après les événements de 1981, elle et Harry étaient revenus. Ils n'en avaient même pas vraiment discuté.

Mais Lily lui avait fait comprendre qu'elle appréciait sa présence fréquente au cours des premiers mois. Elle avait souvent peur — même si elle faisait de son mieux pour le cacher — que les Mangemorts ne reviennent. Qu'ils s'en prennent à nouveau à elle et à Harry, comme ils l'avaient fait pour elle et James juste après la guerre. C'était une chose qui les avait tous inquiétés, à l'époque, tous ceux qui avaient servi dans l'Ordre. Donc, pendant ces quelques mois, Remus était aussi resté avec eux. La sécurité par le nombre.

Au fil du temps, Remus avait fini par retourner chez lui — ne revenant pas le mois suivant la pleine lune — et rien d'autre ne fut dit. Ni Lily ni Sirius n'avaient suggéré qu'il parte pendant le temps qui s'était écoulé ; la question n'avait même pas été soulevée en théorie.

C'était simplement la normalité.

La seule personne qui avait remis en question la situation de vie était, apparemment, Harry. Et Sirius, suite à leur conversation précédente, se demandait depuis combien de temps son filleul se préoccupait de cette question. Sans parler des pensées supplémentaires — l'agitation évidente — que Harry s'infligeait en essayant de comprendre ses sentiments pour James.

Sirius poussa un soupir de résignation.

Il allait devoir le dire à Lily. Même si cela devait l'amener à décider qu'il était temps pour lui de les quitter, si c'était mieux pour Harry...

Il faillit sursauter — tiré de ses pensées — lorsque la porte se referma derrière lui.

Il regarda par-dessus son épaule et lui adressa un sourire en guise de salutation : « Salut, Lil'. »

« Sirius ! » Lily était rayonnante lorsqu'elle se précipita vers lui — cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu ce sourire — et elle poursuivit : « Sirius, tu ne devineras jamais ce qui s'est passé. ».

Lily lui tendit une enveloppe. Sirius la regarda attentivement, complètement décontenancé par cette allégresse inhabituelle, avant de lui prendre l'enveloppe des mains.

« Que s'est-il passé ? » demanda-t-il, en gardant les yeux sur elle, tandis qu'il ouvrait lentement l'enveloppe.

« J'ai été acceptée », dit-elle, les yeux et le sourire brillants.

Les sourcils de Sirius se froncèrent légèrement ; sûrement pas...

« Pour la Bourse », développa-t-elle, et ses mains se figèrent, « Pour la Fondation Aurelius, tu te souviens ? ».

Bien sûr que je m'en souviens.

Après tout, c'était quelque chose qui découlait d'une de leurs disputes les plus fréquentes et les plus vives : sa fixation sur la recherche d'un remède pour James.

Les sourcils de Sirius se froncèrent une fois de plus.

Comment cela était-il possible ?

Il avait étudié le projet à fond dès que Lily lui en avait parlé et il était certain qu'elle ne remplissait pas les conditions pour être acceptée. Il avait presque — dans son inquiétude — envisagé d'aller voir Regulus — ce qui serait stupide, pour un grand nombre de raisons — et le fait que son frère était bien plus susceptible d'intervenir et de faire exactement le contraire de ce qu'il demandait — quoi que cela puisse être — était tout ce qui l'empêchait de ramper vers lui. Encore.

Sirius sursauta lorsqu'il remarqua que Lily le regardait avec impatience et il réalisa qu'il l'avait fixé. Il rêvait.

Il se racla la gorge et sortit la lettre qui était dans l'enveloppe. Il y jeta un bref coup d'œil, prenant connaissance de ce qu'elle disait, à savoir qu'ils étaient heureux de lui offrir une place sur le projet Dorado au sein de la Fondation Aurelius, avec une formation préliminaire devant commencer deux semaines plus tard.

Sirius haussa légèrement les épaules, reconnaissant sa défaite, et essaya de trouver quelque chose de positif à cela. Il supposait que le fait qu'elle ait été acceptée sans être totalement qualifiée était quelque chose dont elle devait être fière, quelque chose dont il devait la féliciter et dont il devait partager la joie. Et normalement, il le ferait...

La lettre lui fut soudainement arrachée des mains, le tirant de ses pensées. Il remarqua immédiatement la blessure et l'agacement sur le visage de Lily et il se reprit rapidement.

« C'est génial, Lily. Félicitations. »

« Tu n'as pas besoin de faire semblant d'être content pour moi, Sirius, » dit-elle, brièvement, en se dirigeant vers la cuisine, « Je peux déjà voir ce que tu penses. »

Sirius se leva et la suivit, « J'essaie juste d'être un ami, Lil'. »

Lily jeta un coup d'œil par-dessus son épaule en levant un sourcil.

« Un ami serait heureux que j'aie obtenu une place dans une bourse aussi prestigieuse. »

« Ah, » il leva un doigt, « Mais un bon ami comprendrait pourquoi cette bourse particulière n'est pas dans ton intérêt. »

Elle roula des yeux, « Je suppose que Harry dort ? »

« Oui », confirma Sirius, « Il a essayé de t'attendre. »

Elle hocha la tête, « C'est bien qu'il ne l'ait pas fait, il est tard. »

« Oui, c'est vrai », approuva Sirius, avant de poursuivre en se souvenant d'une partie de ce que son filleul lui avait dit plus tôt ; « Tu vas probablement sortir beaucoup plus tard, beaucoup plus que tu ne le fais déjà, quand tu commenceras ce projet. »

« Je suppose que c'est vrai », approuva-t-elle en commençant à se verser un verre de lait, « Mais je peux le supporter ».

« Mais Harry le peut-il ? »

La main de Lily s'arrêta, sa main qui tenait la brique de lait suspendue dans les airs pendant un instant. Elle tourna des yeux sombres vers lui — un avertissement, en fait.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? »

Sirius hésita, à peine incertain de ce qu'il s'apprêtait à dire.

« C'est juste que Harry a souvent parlé de ton absence. Il commence à penser que c'est normal que tu ne sois pas à la maison. »

« Tu suggères que je ne m'occupe pas de mon fils ? » demanda-t-elle, rapidement, sur la défensive.

« Eh bien, qui est celui qui est ici quand il rentre de l'école ? »

Les yeux de Lily papillonnèrent furieusement. C'était une vision familière, vraiment, donc il n'était pas trop alarmé.

« Sirius, si c'est une de tes tactiques pour m'empêcher d'accepter cette bourse, » s'emporta-t-elle, « alors tu peux arrêter tout de suite. »

« Écoute, il ne s'agit pas de cette bourse, il s'agit de Harry... »

« Eh bien, si ça te dérange tant d'être ici, je suis sûr que Remus serait plus qu'heureux de rester avec lui pendant que je suis au travail — »

« Ce n'est pas ce que je voulais dire ! »

« Non, vraiment, Sirius, » elle l'arrêta en levant une main, « Si mon fils est un tel fardeau — »

« Ne me dis pas ça ! » cracha-t-il, son tempérament s'enflammant avec succès sous l'accusation, « Tu sais que ce n'est pas ce que je voulais dire. Je ne me plaindrai jamais de m'occuper de lui. Ce serait juste bien que le gamin sache que sa propre mère se soucie de lui tout autant. »

Elle pointa un doigt vers son visage ; « Ne t'avise pas de dire que je ne suis pas une bonne mère. Tout ce que je fais, c'est pour Harry », son regard s'assombrit, furieux ; « Il le sait. »

Sirius était prêt à affirmer que son fils ne le savait pas, mais il ne savait pas vraiment lui-même ce que Harry savait. Oui, il savait qu'il était confus, qu'il était curieux, voire inquiet. Mais — pour autant que Sirius puisse s'en souvenir — il n'avait jamais remis en question l'amour de sa mère pour lui, ni même pourquoi sa mère n'était jamais à la maison.

Peut-être savait-il que Lily essayait de faire revenir son père pour lui ?

« Maman ? »

Ils se retournèrent tous les deux vers la petite voix qui retentit près de la porte.

Harry se tenait là, se frottant les yeux, somnolent.

Il leur sourit : « Tu es rentrée. »

Sirius jeta un coup d'œil à Lily, remarquant le regard qu'elle lui lança, l'expression de culpabilité. Elle la ravala — la culpabilité — avant de sourire à son fils et de s'approcher de lui, se penchant pour lui donner un baiser et l'attirer dans ses bras.

« Bonjour, bébé, » elle se pencha en arrière pour le regarder, « Tu devrais être endormi. »

Harry haussa les épaules, « Je ne peux pas dormir. »

Ils savaient tous les deux que c'était un mensonge. Ils pouvaient dire à son apparence ébouriffée — ces yeux troubles — qu'il avait déjà dormi, et qu'il s'était probablement réveillé au son de leur dispute.

Ce ne serait pas la première fois.

Lily leva la main, frottant sa joue avec son pouce. Harry se recula timidement avec un sourire.

« Tu veux que je te lise une histoire ? » lui demanda-t-elle.

Les yeux de Harry s'écarquillèrent avant qu'il n'acquiesce rapidement : « Uh huh ».

« Ok », Lily se leva et dit : « Dis bonne nuit à oncle Sirius. »

Harry se précipita vers lui, le serrant brièvement dans ses bras et il s'enfuit de la pièce.

« Bonne nuit, oncle Sirius ! » salua-t-il par-dessus son épaule.

« Bonne nuit, Harry », lui répondit-il avant que ses yeux ne rencontrent ceux de Lily.

Ils se regardèrent tous les deux pendant un moment. Sirius n'était pas vraiment sûr de ce que son regard était censé transmettre et avant qu'il ait eu l'occasion de le comprendre ou de le demander, elle s'était retournée et avait suivi son fils hors de la pièce.


« Tu es une vraie tête de linotte. »

Regulus Black, avec ses habituels yeux pétillants et son sourire taquin, le regardait en buvant son jus de citrouille.

Severus n'arrivait pas à trouver une raison pour laquelle il avait mentionné le fait qu'il avait encouragé — et par là même provoqué — l'embauche d'une candidate aussi inappropriée pour le poste de boursier.

Regulus avait été déconcerté par ce que Severus avait fait, une fois que la paperasse était passée son bureau, et il était resté confus pendant toute l'explication du dilemme jusqu'à ce qu'il demande finalement qui était le candidat en question.

Le regard de Regulus quand il lui avait dit : Lily Potter, l'avait horrifié.

Severus n'avait jamais vraiment considéré à quel point ses sentiments envers Lily avaient été transparents pour Regulus au fil des ans. Après tout, après qu'ils aient quitté Poudlard, il avait à peine, voire jamais, parlé d'elle. Regulus et lui avaient à peine discuté pendant leur scolarité, mais il supposait que l'amitié entre Lily et lui avait fait scandale à l'époque et que Regulus en avait entendu parler.

Si Severus était honnête avec lui-même — s'il avait fait attention à autre chose qu'à l'espionnage durant ces derniers mois — il pourrait facilement admettre que Regulus avait eu une idée de leur existence, au moins depuis que le Seigneur des Ténèbres avait annoncé son intention de chasser la famille Potter. Severus était plus qu'affolé et Regulus, bien qu'il n'ait jamais fait de déclarations franches concernant Lily, avait souvent laissé entendre qu'il était au courant des sentiments de Severus et de son changement de loyauté.

En y repensant maintenant, il se dit qu'il était plutôt suspect que Regulus ne l'ait jamais poussé à donner les raisons pour lesquelles il s'était tourné vers Dumbledore. Aucun d'entre eux n'avait su avec certitude que l'autre avait changé de camp pendant la guerre — aucun n'aurait voulu que l'autre soit complice de sa défection — et ce fut qu'après la chute du Seigneur des Ténèbres et après que Dumbledore se soit porté garant pour eux deux que chacun avait découvert le changement de loyauté de l'autre.

Severus avait été rapidement disculpé, son rôle étant bien plus facile à dévoiler : un espion qui s'était retourné et avait fourni des informations cruciales dans les derniers jours.

Ce n'était pas le cas de Regulus — le secret de l'Horcruxe devait rester entier, même si Severus ne le savait pas à l'époque — et Regulus avait donc été jugé. L'affaire s'était effondrée en quelques jours — personne n'avait voulu se présenter — et le témoignage de Dumbledore s'était avéré totalement inutile.

« Efface ce sourire stupide de ton visage », grogna Severus en roulant des yeux, se sentant de plus en plus irrité. Ce qu'il lui avait dit n'était pas du tout amusant !

« Ou quoi, tu vas enlever dix points à Serpentard ? » gloussa Regulus, le regardant avec un amusement non dissimulé : « Tu ne me fais pas peur, Severus. Je ne suis pas l'un de tes élèves. »

Severus lui lança un regard noir, avant de répondre par une affirmation totalement hors sujet : « Mes élèves n'ont pas peur de moi. »

Regulus ricana, « Ce n'est pas ce que dit Andromède, la petite Dora est terrifiée par toi. »

Tonks avait peur de lui ? Pourquoi, la petite... il ne lui avait jamais dit un seul mot méchant de sa vie !

« Elle ferait bien d'épaissir sa carapace, » dit Severus, laconiquement, « Je traite tous mes élèves de la même façon. »

« Par conséquent, ils ont tous peur de toi. »

Severus n'avait pas vraiment envie de penser à ça.

Il avait fait de son mieux avec les élèves qui lui étaient confiés. Certes, il était parfois un peu dur avec eux, mais il était déterminé à ce qu'ils apprennent. Sinon, comment pourraient-ils se protéger lorsque le Seigneur des Ténèbres reviendrait ? Quel bien cela leur ferait-il s'il leur tapotait le dos et leur essuyait le nez ? Ils avaient besoin d'être poussés et d'apprendre à se débrouiller seuls. Choyer les enfants, surtout à un âge aussi fragile, ne les aiderait en rien pour l'avenir, sinon à en faire des tapettes incompétentes totalement incapables de se défendre ou de contribuer utilement à l'effort de guerre.

De plus, il y avait des choses bien plus pressantes dans son esprit.

Lily Evans.

Lily Potter, se rappela-t-il. Ce nom, même pas prononcé, lui laissait un goût amer dans la bouche. Il avait toujours autant de mal à le comprendre maintenant que le jour où il les avait vus ensemble pour la première fois, toutes ces années auparavant à Poudlard. Que quelqu'un d'aussi intelligent, d'aussi beau, d'aussi merveilleux que Lily Evans puisse être attiré par des gens comme James Potter était si déconcertant, si absurde qu'il n'arrivait pas à croire que c'était la réalité.

Severus roula des yeux devant ses propres pensées. Penser à Lily et Potter lui donnait l'impression d'être de nouveau à l'école, se dit-il, alors qu'il était de nouveau rempli de la même amertume qu'il avait ressentie à Poudlard. Des jours passés depuis longtemps — auxquels il ne pensait plus — car de telles pensées ne lui serviraient à rien maintenant.

Ce qui s'était passé dans le passé était sans importance... dans une certaine mesure, en tout cas.

Et, de toute évidence, Potter n'était pas quelqu'un dont il voulait s'occuper. Il ne le ferait plus jamais, en ce qui le concernait.

Mais maintenant, les pensées concernant Lily envahissaient son esprit — et ce depuis deux semaines — à tel point qu'il aurait pu redevenir un adolescent stupide.

Un idiot.

Une tête de linotte, comme l'appelait Regulus.

La réunion de présentation du projet Dorado était prévue dans quelques jours et il était de plus en plus nerveux à l'idée de se retrouver face à face avec elle. Severus n'était pas nerveux. Plus maintenant. Certainement, il ne devrait pas l'être.

Lily et lui s'étaient parfois croisés depuis la fin de la guerre, une fois pendant un festival à Pré-au-Lard, deux fois dans au Chemin de Traverse. Les deux fois, ils ne s'étaient pas salués. Il l'avait vue, avait voulu — mais ne l'avait pas fait — la saluer, et il avait remarqué que Lily le regardait du coin de l'œil.

Mais ils n'avaient jamais parlé.

Et c'était ce qui pesait le plus sur son esprit.

Que dirait-il, lorsqu'ils seraient forcés par les circonstances — de ce projet, une situation qu'il avait lui-même créée — de converser réellement ensemble.

Qu'avaient-ils à se dire, vraiment ?

Comment va la vie ?

La vie de Lily, il en était conscient, n'était pas une vie remplie de joie. Une vérité qu'il pouvait tirer du simple fait qu'elle avait pris la peine de postuler pour cette bourse, bien qu'elle ne soit pas qualifiée pour, et il était certain que c'était entièrement dû à la situation actuelle de James Potter. Il en avait entendu parler. Et il était clair qu'elle gardait l'espoir de le voir guérir, et qu'elle était apparemment prête à faire tout ce qu'elle pouvait pour l'aider.

Severus se demandait si elle aurait fait la même chose pour lui si...

Stop.

Il ne pouvait pas se permettre de penser à des choses aussi triviales. À des fantasmes ridicules. À comment les choses auraient pu être.

C'était irrationnel et une totale perte de temps. Ils n'étaient plus des enfants, ils étaient des adultes. Et bientôt des collègues de travail.

Severus était certain d'avoir la maturité nécessaire pour se comporter comme tel.

Il s'était mis dans de pires situations — personne ne pouvait le nier — et comment pourrait-il être rationnel s'il était capable d'espionner l'un des sorciers les plus puissants de tous les temps, pour l'un des autres sorciers les plus puissants de tous les temps, tout en étant incapable de se retrouver dans la même pièce que Lily Potter ?

Severus n'était que légèrement réconforté par cette pensée. Il avait l'impression — une impression épouvantable — que si le simple fait de penser à Lily Potter pouvait le ramener à l'époque où il était ce petit garçon effrayé et peu sûr de lui...

Eh bien, la revoir, en chair et en os, pourrait bien avoir le même effet.

Severus soupira d'exaspération, ce sentiment de nervosité commençant à l'envahir une fois de plus à cette idée.

Il ne pouvait vraiment pas prévoir comment leur première rencontre allait se passer.

Serait-elle hostile ? C'est possible.

Serait-elle gênante ? Très certainement.

Amicale ?

Severus se moqua de la dernière idée ; bien sûr que ce ne serait pas amical. Il en était certain.

Il roula des yeux, avant qu'ils ne se concentrent à nouveau sur Regulus, qui le regardait avec la même étincelle dans les yeux et ce sourire taquin, bien trop connu.

Severus lui adressa un regard noir.

Et Regulus se mit à rire.


Et voici le deuxième chapitre !

Je suis pressée de voir la rencontre entre Lily et Severus.