Merci les lecteurs et merci à Mia811, Kamanance et ArmonicadeTerry d'avoir commeté le chapitre 2. Oui Susanna est plus audacieuse dans mon histoire car elle suit les conseils d'Eliza et la jalousie envers Candy la dévore. Mais Terry est aussi plus sûr de lui vu qu'il est fiancé à Candy. Nous allons voir dans ce chapitre ce que nos héros vont faire face au destin car je ne change dans l'histoire que les choix des personnages et jamais les choses qui dépendent d'autres causes. Ainsi le projecteur doit tomber sur la scène du théâtre lors des répétitions n'est-ce pas? Mais sur qui va-t-il tomber? Lisez et vous le saurez!
Chapitre 3
Si tu n'avais pas existé
Avant de se soucier d'Eliza, il y eut pour Candy une grande tristesse. C'est Flanny qui en fut la cause, en choisissant à nouveau de partir comme infirmière militaire sur le front français. Elle n'avait pas changé d'idée et une fois l'infirmière au poignet cassé guérie et qu'elle reprit son poste, Flanny proposa à nouveau sa candidature pour partir comme infirmière militaire en France. Candy essaya bien de l'en dissuader mais elle comprenait tant son choix, elle aurait fait de même s'il n'y avait pas eu Terry et Albert ayant besoin d'elle. Flanny lui confia ensuite qu'elle le devait car elle était la seule à ne plus avoir de famille qui l'attendait et que ses amis le comprendraient et ne lui en voudraient pas car elle y allait heureuse Eh bien! décidée à en revenir une fois son devoir réalisé. Candy accepta donc son choix et la garda à la maison ces quelques jours avant son départ pour enrichir encore leur amitié. Elle lui parla de Michael, le médecin parti il y a quelques mois et Flanny promit de tenter de le voir et lui transmettre les amitiés de son amie. Elles se dirent l'essentiel et se quittèrent sans larmes car confiantes l'une en l'autre et éternellement amies.
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Terry allait envoyer sa lettre contenant l'invitation pour Roméo et Juliette et le billet de train à Candy quand il assista à quelque chose qui l'arrêta dans son geste de glisser l'enveloppe dans la boite postale. Un petit garçon venait de s'échapper des bras de sa mère ou de sa nounou devant lui et il se précipita sur la route pour la traverser et aller, semble-t-il vers un marchand de ballons. Seulement, Terry vit aussi une voiture foncer à vive allure vers l'enfant et il n'hésita pas, il traversa aussi, prit l'enfant dans ses bras et se jeta de côté avec lui si rapidement que la voiture passa un quart de seconde après sans même freiner et le métal de la portière frôla le bras de Terry. La femme avait crié mais tout avait été si vite qu'elle avait encore le bras en l'air et la bouche ouverte quand Terry lui ramena l'enfant. Elle explosa de larmes et de remerciements envers le jeune homme qu'elle regarda en héros et serra fort sa main par reconnaissance. Terry lui dit que c'était normal et qu'elle avait un beau petit garçon mais ne voulait pas de récompense. Elle lui proposa quand même d'au moins venir boire quelque chose chez elle pour se réchauffer car elle habitait à deux pas. Terry accepta surtout car elle semblait encore bien flageolante après sa frayeur et pour s'assurer qu'elle rentre intacte chez elle.
La dame habitait un immeuble cossu mais pas trop, classe moyenne avec tout le confort et calme mais sans luxe inutile et ostentatoire. Un immeuble de huit étages avec ascenseur, gardien, parking et même un jardin agréable derrière. Central Park n'était qu'à cinq minutes, Broadway vingt minutes à pieds. Madame Barrett, Kate de son prénom, dit à Terry que son époux d'origine britannique comme elle, travaillait au consulat anglais de New York en tant que premier adjoint du consul et devait souvent faire des déplacements entre Philadelphie et Washington pour son travail. Ils vivaient ici depuis deux ans avec Jonathan, leur fils de quatre ans et auparavant ils vivaient à Londres. Kate Barrett demanda au bout de peu de temps à Terry s'il n'en venait pas aussi car elle crut reconnaître quelques onces d'accent anglais dans ses brèves paroles. Terry sourit et lui dit alors son origine puis à l'aise avec elle vu sa gentillesse, précisa son métier et sa future pièce. Kate lâcha alors un sourire d'évidence car elle pensait bien avoir vu quelque part son visage. Elle regretta de ne pas avoir pu voir le roi Lear mais uniquement l'affiche et se promit de voir Roméo et Juliette, avec si possible son époux. Terry pensa lui proposer de l'inviter mais il se souvint de son budget limité et se contenta de lui dire de ne pas oublier de venir le voir dans sa loge après la représentation et lui dire son impression. Kate sourit et promit d'être sincère mais lui avoua que déjà elle le trouvait parfait pour le rôle, pour sa belle et élégante allure mais aussi pour une impression qu'il tenait aussi le rôle côté cœur. Terry rosit un peu mais sentit que Kate ne cherchait pas à le flatter ou l'idolâtrer pour avoir sauvé son fils mais avait un fond intuitif et généreux, comme Candy et il sentit en lui aussi une envie d'avoir une amie comme elle et de lui parler de son cœur. Alors il se lança et oublia vite sa réserve car Kate l'écouta avec cœur et raison. Et quand il aborda innocemment son désir de trouver un appartement digne de sa fiancée, elle s'écria que cela tombait bien car il y en avait un à louer juste au dessus. Terry l'écouta le décrire et songea qu'il devait être idéal mais certainement trop cher pour lui. Quand Kate lui proposa d'aller le visiter, Terry fut gêné et avoua qu'il ne pouvait encore s'imaginer vivre un tel standing. Kate sourit et lui dit qu'elle ignorait encore quel loyer en voulait le propriétaire mais que ça ne coûtait rien d'aller tout de même le visiter puisqu'elle avait un double des clefs. Terry accepta finalement et une fois vu ce qu'il trouva encore plus idéal, il regretta vraiment de devoir l'oublier. Il y avait trois belles chambres, un grand salon, une cuisine toute équipée, une salle de bain avec baignoire, des toilettes modernes, une petite pièce pouvant faire bureau et une terrasse donnant sur le jardin et sur Central Park, plein sud. Terry ne put cacher un soupir et Kate sourit en lui disant qu'elle allait demander ce soir au propriétaire quel loyer il en voulait et qu'elle le lui dirait demain, s'il acceptait de revenir dîner et rencontrer son époux. Terry accepta l'invitation mais refusa ensuite sa demande de lui offrir quelque chose pour lui prouver sa gratitude d'avoir été si courageux et habile pour sauver Jonathan. Kate lui prit la main et lui dit dans les yeux qu'elle ne cherchait pas à payer une dette mais éprouvait une vraie sympathie pour lui et aimerait vraiment lui faire un vrai plaisir du cœur. Terry ne put lui résister et se dit que ce serait mieux si Candy venait avec Albert mais il n'avait eu qu'une invitation gratuite pour la pièce. Alors il demanda à Kate le prix d'une autre place de théâtre et d'un aller retour en train depuis Chicago afin que sa fiancée puisse aussi emmener son meilleur ami amnésique car elle culpabiliserait à le laisser seul. Kate sourit encore de tant de prévenance pour le plaisir de sa dulcinée et espérait qu'elle aussi soit autant généreuse et idéale pour ce beau jeune homme. Elle glissa alors un gros billet dans sa poche pour ne pas le gêner et lui dit dans l'oreille d'offrir un beau bouquet à Candy s'il y en avait trop puis le reconduit à la porte en lui répétant de ne pas oublier de revenir demain soir.
Terry ressortit heureux d'avoir enfin une amie à New York et remit le lendemain dans l'enveloppe les autres billets de train et de théâtre plus un post-scriptum à sa lettre avant de la poster. Mais sitôt la lettre partie, il se souvint qu'il n'avait qu'un petit studio et qu'il n'avait pas encore trouvé d'hôtel pas trop onéreux mais suffisamment confortable pour Candy et qu'il faudrait aussi maintenant une chambre en plus pour Albert. Une fois rentré, il compta ses économies et renonça à acheter cette voiture qu'il avait repérée, tant pis, elle attendrait, il marcherait encore et ses invités circuleront en taxi ou fiacre.
Le lendemain soir, il déposa un gros bouquet de roses blanches dans les mains de son hôtesse qui lui sourit avec tendresse en le traitant d'incorrigible cœur noble. Jonathan arriva en courant et se pendit à son cou en criant:
- C'est Roméo qui m'a sauvé de la méchante voiture!
Un homme d'environ trente-cinq ans le suivit en arborant un visage plein de bonté et de reconnaissance et le remercia en l'étreignant et le priant de vouloir accepter son respect éternel pour avoir sauvé son fils. Terry fut alors aussi vite à l'aise avec lui qu'avec sa femme car ils respiraient autant la sincérité, la simplicité et le bon goût. Le repas était aussi excellent, Kate cuisinant seule et très bien, il n'y avait pas de bonne pour servir et pas par pauvreté apparemment. Quand Kate aborda la question de l'appartement du dessus, Terry faillit lâcher sa cuillère du délicieux flan au chocolat. Il pensa avoir mal entendu car le loyer réclamé du propriétaire était à peine plus élevé que celui qu'il versait à sa logeuse pour le studio. Kate répéta une deuxième fois ce chiffre et certifia que ce n'était pas une erreur. Terry resta alors bouche bée et regarda James Barrett qui souriait puis hocha la tête pour confirmer. Terry osa alors dire que le propriétaire ne devait pas avoir toute sa tête car son appartement valait au moins le double en loyer que ce qu'il en demandait. Puis il vit les Barrett rire et James lui avoua que le propriétaire c'était lui et qu'il avait toute sa tête. Il préférait seulement que son locataire soit quelqu'un de sûr et quoi de mieux qu' un ami qui pourrait prendre soin de sa famille lors de ses absences et le rassurer plutôt qu'un peu d'argent en plus dans les poches ? Terry fut flatté mais n'arriva pas à accepter tout de suite pareille offre. Kate rajouta alors qu'elle aimerait vraiment qu'il accepte par amitié pour elle et lui permette plus tard de pouvoir aussi avoir une amie comme Candy dans l'immeuble et se sentir moins seule. Terry admit qu'il aimerait accepter mais à condition que James accepte aussi de réviser à la hausse le loyer en fonction des revenus du locataire, donc l'augmenter quand il gagnerait mieux sa vie. James rit et topa le contrat par une accolade, Kate applaudit puis lui posa un baiser sur la joue et Jonathan sauta dans tous les sens en chantant sa joie d'avoir son nouvel ami près de lui.
Terry songea ensuite qu'il n'avait plus besoin de chercher un hôtel car l'appartement avait trois chambres, donc une pour chacun de ses invités et même une pour lui. De plus, il était partiellement meublé, la plus grande chambre qu'il réservait à sa dulcinée l'était entièrement avec un grand lit, une armoire, une coiffeuse et une commode. Et pour ce qu'il manquait, Kate trouva tout de suite un canapé lit pour la deuxième, un lit de camp pour la troisième et d'autres choses dont de la vaisselle supposée en trop chez elle. Et chaque jour elle apporta un nouvel ustensile ou objet si bien que quand Terry y emménagea, à la fin de la semaine suivante, rien ne semblait manquer pour accueillir ses invités. Enfin, il put acheter la voiture idéale puisqu'il était «riche» et put même y rajouter un nouveau costume pour être élégant dans les grandes occasions comme le soir de la première après la pièce et voir l'admiration dans les émeraudes de sa princesse. En attendant ce jour merveilleux, il écrivit une longue lettre pour raconter toutes ces nouveautés à sa belle et lui donner sa nouvelle adresse.
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Candy venait de recevoir les invitations et billets de train et les montra tout de suite à Albert qui fut étonné que Terry l'invite aussi. Il ne put donc refuser car Candy le prévint que si Terry l'avait voulu c'était qu'il le fallait où il serait vexé et Terry vexé c'était terrible! Albert accepta donc ce voyage en se promettant de s'éclipser le plus souvent possible là-bas pour laisser les amoureux profiter un peu d'eux-mêmes car ils en avaient bien besoin. Candy avait obtenu deux semaines de congés fin novembre et début décembre car elle était volontaire pour assurer les nuits de Noël et nouvel an en échange. Albert obtint quatre jours de congés pour pouvoir voir la pièce mais reviendrait à Chicago plus tôt que Candy.
Mais avant ce voyage, Candy en accepta un autre pour son directeur qui l'envoya à Miami chez un confrère et ami qui avait besoin d'une infirmière quelques jours pour soigner sa nièce. Vu qu'en plus, ce docteur Kliss avait influé pour éviter au directeur d'être limogé suite à son refus de renvoyer Candy sur ordre des Legan, celle-ci accepta cette mission avec reconnaissance.
Mais elle ne fut donc pas là le lendemain quand la lettre de Terry arriva et Albert en fut bien embêté. Il ne l'ouvrit bien sûr pas mais se demanda si elle pouvait attendre le retour de Candy et devant son doute, décida d'envoyer un télégramme express à Terry par prudence pour l'informer que Candy était absente, qu'elle aurait la lettre en fin de semaine et qu'il ne devait pas s'inquiéter.
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Ce soir au théâtre, Terry trouvait que Susanna était vraiment mauvaise, encore plus que la veille. Depuis qu'il l'avait chassée de chez lui, elle jouait mal et si au début il mit cela sur sa honte, il pensa plutôt que c'était sa haine désormais envers lui qui faisait son incapacité à rendre crédible son jeu d'amoureuse passionnée. Car il constata bien vite qu'elle le haïssait de l'avoir méprisée et humiliée. D'abord, elle eut encore l'audace un soir où il répétait et se croyait seul sur la scène afin de trouver le meilleur angle et mouvement du corps pour que Candy sache que c'était pour elle seulement cette tirade d'amour, de venir l'interrompre en sifflant avec rage qu'il n'oublie pas que Roméo et Juliette étaient des amants maudits et qu'il vivrait donc la même fin qu'eux avec sa Candy puisqu'ils se prenaient pour eux. Il haussa les épaules et lui répondit qu'elle, en tout cas, ne risquait pas de connaître la passion vu son âme mesquine et superficielle comme Eliza la laide aigrie, car déjà sa soi-disant beauté craquait sous un rictus mauvais. Susanna le foudroya encore du regard et répliqua qu'au moins, elle, savait ce qu'était le plaisir et qu'il aurait un jour des regrets quand il aura vu son infirmière s'empâter sous les grossesses et la routine étant donné son peu de talent évident pour la volupté. Il préféra ignorer cette répartie stupide où il finirait par la gifler tant elle était venimeuse. Il la regarda seulement avec pitié en reprenant son jeu et revoyant dans sa tête sa belle Juliette en robe blanche diaphane et ses cheveux volant au vent, comme à leur première rencontre sur le RMS Mauretania. Puis il sentit l'arôme de ses baisers les plus fougueux, frissonna puis rit en se disant:
« Candy pas douée pour la volupté! Mais elle est née pour l'amour ma Juliette! Elle est la déesse de l'amour et je ne suis pas prêt de me lasser d'elle ! Le seul regret aurait été de la rater et heureusement, elle m'a choisi pour la vie car je suis né pour elle et elle pour moi. »
Et il reprit son rôle de Roméo et déclama bien fort sur la scène en ignorant Susanna :
« Beauté trop précieuse pour la possession, trop exquise pour la terre! Telle la colombe de neige dans une troupe de corNealles, telle apparaît cette jeune dame au milieu de ses compagnes... Mon cœur a-t-il aimé jusqu'ici? Non; Jurez-le mes yeux! Car jusqu'à ce soir je n'avais pas vu la vraie beauté.»
Susanna repartit encore plus haineuse en le maudissant de tous les drames possibles mais Terry était hermétique, uni à sa Juliette et heureux.
Et il réussit, lui, à encore améliorer son jeu, sa gestuelle et sublimer son personnage alors que Susanna, emprisonnée dans sa haine toujours plus grande, ne faisait que régresser. Robert Hattaway eut de la patience avec elle mais la prévint devant Terry et d'autres acteurs que si elle ne s'améliorait pas demain soir, il lui enlèverait le rôle et le donnerait à Karen car elle avait été aussi bonne qu'elle à l'audition et n'avait comme seul handicap de ne pas être blonde, ce que Robert avait pensé mieux mais qu'au fond, une Juliette rousse était possible. Susanna pâlit, elle qui se croyait la meilleure actrice de toute la troupe. Elle regarda Terry mais il semblait se ficher encore totalement d'elle. Puis elle eut peur en pensant à sa mère qui sera furieuse si elle perdait son rôle vedette, elle qui visait si haut pour sa fille. Alors elle ravala sa rage et honte et promit à Robert que demain elle aura retrouvé tous ses moyens. Terry eut droit à des félicitations de son directeur pour sa prestation mais il rajouta en plus très fort qu'il avait vraiment travaillé comme un professionnel depuis son arrivée et réussi à être déjà un grand acteur consciencieux et sans l'aide de personne. Certains baissèrent alors la tête après leurs accusations qu'Eléonore Baker soit responsable du choix de Robert, et Susanna cacha son dépit qu'il soit autant doué, quels que soient ses partenaires. Mais Terry avait besoin d'une certitude et demanda ensuite à Robert de lui parler en privé.
- Terry, lui dit-il droit dans les yeux dans son bureau, jamais Eléonore Baker n'a interféré pour que tu ais ton rôle, bien au contraire.
- Comment cela? fit le jeune homme maintenant pris d'un autre doute.
- Non, elle ne m'a pas non plus dit de ne pas te choisir, rassure-toi.
Puis en le voyant toujours indécis:
- Bon, je vais te dire mot pour mot ce qu'elle m'a dit car je crains que sinon tu n'imagines toujours des erreurs. Et pourtant, elle m'en voudrait car ce qu'elle m'a dit, elle voulait que tu l'ignores et je la trahis par idée que ce sera mieux pour vous deux. Mais veux-tu vraiment l'entendre Terry, la vérité de ta mère?
Bien que tout le monde dans ce théâtre sache ce secret devenu de polichinelle, Terry se sentit ému d'entendre Robert dire « ta mère » mais aussi de se sentir enfin quelqu'un pour elle.
- Oui Robert, je veux savoir le vrai quel qu'il soit car rien n'est pire que l'ignorance.
- Eh bien!, elle m'a dit avant ton audition, ceci:
« Soyez très exigent avec Terry, soyez sans pitié avec lui car bien que je sais déjà qu'il a le don, je ne veux pas qu'il fasse ce métier autrement que si chez lui, c'est plus qu'une vocation et une passion mais toute sa vie, comme pour moi. Car hélas, j'ai sacrifié mon fils et ma vie personnelle, mais cela je le referai encore mais plus de perdre Terry. Pourtant je ne m'imagine toujours pas vivre sans être actrice même si ce métier m'a pris mon plus cher trésor, je ne peux pas le détester pour autant car qui aurai-je été sans mon âme, même près de lui, sinon une mauvaise mère tout de même? Mais maintenant, il n'a plus besoin de moi et s'il a choisi ce métier qui lui a pris sa mère c'est qu'il fallait donc faire ce que j'ai fait, sauf ce qui n'est pas que de ma faute. J'aime Terry quoi qu'il fera Robert mais je lui ai assez fait de mal, je n'interférerai plus dans sa vie sans qu'il le veuille. Je veux seulement le voir pour savoir s'il a l'âme et le cœur assez forts pour réussir ce que j'ai raté. Il est libre mais son bonheur m'importe plus que ce métier désormais, même dans l'ombre je serai là étant donné que je n'ai plus droit à plus. Voilà mon secret Robert, je préfère qu'il croit encore que je suis égoïste si ça le rend plus fort et en paix. Je compte donc sur vous pour le garder pour vous et traiter Terry avec justesse mais rigueur.»
- Voilà Terry, maintenant tu sais qui est ta mère aujourd'hui, bonne chance.
- Merci Robert, je vais essayer de la saisir.
En sortant du théâtre, Terry téléphona depuis un bar et la gouvernante lui ayant dit que madame Baker était chez elle et ne sortirait pas ce soir, il partit dans sa voiture après avoir dit:
- Dites-lui seulement que son fils a envie de la voir.
Sur le trajet, il songea que Candy avait vraiment toujours raison côté cœur, c'était bon d'avoir le courage de savoir et montrer ses sentiments car les fuir ne faisait que souffrir. Il arriva tout de même avec le trac au ventre et espéra arriver à dire enfin le vrai. Mais dès qu'il vit son visage derrière la porte, venue elle-même lui ouvrir et l'air inquiet mais plein d'espoir, il sentit les derniers verrous de son cœur se briser.
- Bonsoir maman, j'aimerais qu'on continue ce qu'on a commencé en Ecosse, si tu en as envie !
- Oh Terry! Mon fils! Mon cher enfant! Oui, j'ai envie de revivre ce bonheur avec toi, tu m'as tant manqué!
- Toi aussi ! dit-il d'un sourire tendre qui la fit oser se jeter dans ses bras.
Il la serra fort, heureux de se souvenir du parfum de ses cheveux. Puis il lui dit sans la lâcher:
- Oui, c'est stupide de se voir si peu en vivant si près mais j'avais besoin de temps, de me prouver des choses et surtout... réaliser mes projets les plus chers dont un plus cher que le théâtre, avoir une famille de cœur avec celle que j'aime et qui m'aime sans conditions.
- Ton amie d'Ecosse? Candy? dit-elle, davantage en l'affirmant que le questionnant après l'avoir lâché pour le voir et sourire de ses yeux plein d'étoiles.
- Oui mère. Candy est ma meilleure chance dans la vie, sans elle je ne serais pas là.
- Je sais mon fils, je suis bien d'accord, tu as choisi la meilleure des routes, Candy est un ange. Elle vit aussi ici?
- Non pas encore. Maman, j'aimerais te raconter tout en détails mais... pourrais-tu avant me permettre d'entrer plutôt que le dire sur le palier?
- Oh! Quelle idiote je fais! Pardonne-moi mon chéri, je suis si heureuse. Entre, mon Terry.
Puis elle cria:
- Martha! Mettez deux couverts! Finalement je meurs de faim ce soir et mon fils aussi!
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Candy s'aperçut très vite que la nièce du docteur Kliss n'était ni une petite fille ni malade. Karen Kliss avait dix-huit ans, était actrice et sa dépression était en fait un désespoir et une profonde colère de n'avoir pas obtenu le rôle de Juliette à New York. Candy trouva le monde vraiment petit en l'écoutant mais ne lui dit pas tout de suite qu'elle connaissait Terry et Susanna Marlowe, que Karen détestait de tout son cœur. Elle pensait être victime d'un complot de cette actrice car se trouvait bien meilleure qu'elle. Tant qu'elle accusa et critiqua Susanna, Candy se tut mais lorsqu'elle prétendit que Terrence Grandchester devait aussi y être pour quelque chose puisqu'il était le petit ami de Susanna, voire son amant, elle s'indigna.
- Non Karen, je vous interdis d'accuser Terry de vos misères, c'est faux, il n'est pas le petit ami de Susanna et encore moins... j'en suis absolument certaine!
- Terry! s'exclama Karen avec surprise. Vous appelez Terry, Terrence Grandchester! Alors vous le connaissez?
- Oui et très bien Karen. Il n'y est pour rien, croyez-moi.
- Très bien? Il est donc... votre petit ami à vous?
- Heu, oui. En fait il est mon fiancé Karen et c'est quelqu'un d'irréprochable.
- Ca alors! Enfin la chance est de mon côté alors! Vous au moins devez bien penser que cette Marlowe est une imposture! Car ce que j'ai avancé, ce n'est pas moi qui l'ai imaginé, c'est ce qu'elle m'a dit il y a un mois, qu'elle était la petite amie de Terrence, quel culot a cette fille!
- En effet Karen! fit Candy en soupirant car cette fois elle n'avait plus envie d'avoir pitié de Susanna, devinant qu'elle avait dû causer plus d'ennuis à Terry qu'elle ne l'avait supposé.
- Vous voyez que j'ai raison Candy, on a conspiré contre moi et puisque Terrence n'y est pour rien, c'est forcément Susanna qui a manœuvré, avec tous ses mensonges pour me voler mon rôle.
- Je ne sais pas Karen mais... c'est possible en effet. Mais je ne peux l'accuser sans preuves quoi qu'elle mente, ni vous. Je ne suis pas non plus compétente pour dire si vous êtes meilleure actrice qu'elle mais Terry le sait peut-être. Et si je lui demandais par télégramme pour être sûre?
- Il n'a pas assisté aux auditions de Juliette, ni pour moi ni Susanna d'ailleurs car Robert n'accepte jamais de public aux auditions. Sauf pour Terrence, enfin pour Eléonore Baker qui a voulu, il paraît, voir ce prodige. J'imagine que vous savez qui elle est Candy?
- Oui, Karen. Terry m'a écrit que le secret est dévoilé au théâtre, elle est sa mère et je suis contente qu'elle y soit allée car quoi qu'il n'en soit pas encore entièrement conscient, cela a dû l'aider à se surpasser encore.
- Oh pour moi il n'y a jamais eu de doute, Terrence est le meilleur de la troupe et il a eu son rôle sans influences car Robert a du nez, sauf pour Susanna. Je sais qu'il choisit toujours le meilleur à chaque rôle mais cette fois, il a dû se faire aveugler par cette blondasse plus vicieuse qu'une vipère. Savez-vous qu'elle s'est aussi vantée ce jour là, en disant que bien que ce soit vrai que Terrence avait eu le rôle par talent, que c'était quand même grâce à elle s'il était rentré dans la troupe ! Sornettes! Elle a uniquement ouvert la porte à Terrence, Robert accorde toujours cinq minutes à qui veut une audition pour savoir s'il a du talent, pas besoin de Susanna! Ah! Je suis tout de même bien contente qu'elle se soit pris un râteau avec Terrence car je me disais bien qu'il ne semblait pas très amoureux d'elle, étant donné que c'était toujours elle qui courait partout à le chercher. Et franchement Candy, Terrence m'a semblé quelqu'un de bien avant que Susanna ne dise ses mensonges et je suis soulagée qu'il soit aussi lucide et ait du goût car un aussi beau garçon mérite mieux qu'elle. Mais ne pâlissez pas Candy, moi je ne veux pas vous le prendre, seulement être sa partenaire sur scène.
- Je n'ai pas pâli Karen, du moins pas pour cette raison, j'ai entièrement confiance en lui. J'ai juste été peinée que Susanna soit ainsi, je n'aurais pas cru non plus en la voyant. Mais je vous crois car il y a peu, Terry m'a écrit qu'elle n'était plus son amie, qu'elle l'avait trahi, et c'est moi qui lui avait demandé d'être gentil avec elle bien que j'avais déjà vu qu'elle en était amoureuse.
- Eh bien! Vous êtes une perle Candy et Terrence est donc bien un noble cœur aussi. Et il comprendra que vous ne puissiez pas assister à la première de la pièce mais vous occuper de moi et me guérir.
- Mais Karen! Je ne peux pas faire ça, j'ai trop envie de le voir, nous ne nous sommes pas vus depuis six mois !
- Je comprends mais la première d'une pièce, c'est trop symbolique, je serai trop mal ce soir là, j'aurai besoin de vous pour ne pas m'effondrer. Vous le verrez après, nous devons être solidaires face à notre rivale la Marlowe ce soir car si elle triomphe, ce sera un affreux spectacle pour vous aussi.
- Mais Terry seul compte pour moi Karen, elle je m'en fiche puisqu'elle n'existe pas pour lui !
- Oui mais moi je souffre et ai besoin de vous. Mon oncle vous a embauchée pour me soigner Candy, vous ne pouvez pas abandonner une patiente qui souffre, j'irai mieux après la première mais jusque-là je vous en prie, restez avec moi, Terrence comprendra.
Candy soupira en se disant qu'il faudrait réussir alors à la «guérir» avant la fin de la semaine ou s'enfuir d'ici.
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A New York, Terry vit Robert se lever et dire stop à la répétition puis Susanna commença à geindre.
- J'ai eu assez de patience Susanna, c'est pire qu'hier, tu ne peux jouer Juliette désormais.
- Je t'en prie Robert, laisse-moi une dernière chance, ma mère va s'en rendre malade !
- Eh bien!, elle s'en remettra aussi, comme pour elle-même ! Je ne peux pas faire du théâtre avec des gens qui veulent être acteurs mais ne savent pas travailler et oublier leurs propres sentiments, il me faut des acteurs sans états d'âmes, comme Terry.
Elle jeta un regard mauvais sur le jeune homme qui n'avait pourtant pas l'air content qu'elle soit renvoyée mais l'air encore indifférent et eut une idée de vengeance.
- Mais justement Robert, c'est de sa faute si je suis bloquée, c'est depuis qu'il... Oh mon Dieu, je ne voulais pas le dire pour ruiner la pièce mais puisque c'est moi qui paie, tant pis, je le dis. Il m'a séduite, promis le mariage puis trahie et repoussée pour une... fille d'écurie.
- Quoi? s'exclama Terry, sidéré qu'elle ose inventer pareille accusation. Moi je t'ai séduite, promis le mariage, quand cela?
- Parfaitement! affirma-t-elle effrontément mais sans le regarder en face. Souviens-toi Robert, quand il est arrivé, il m'a fait des sourires pour que je l'aide à entrer dans la troupe, il a été gentil et moi... je voulais aussi être généreuse et sympathique alors j'ai accepté qu'il me fréquente, puis il m'a raconté des bobards et m'a... convaincue de coucher avec lui.
- Espèce de menteuse! Jamais je ne t'ai touchée, c'est toi qui... Oh, tu es encore pire que je croyais, tu n'es qu'une... pitoyable fille, je préférerais me faire moine que de t'approcher tant tu me dégoûtes. Robert, je suis fiancé depuis notre escale à Chicago, souviens-toi, je t'ai présenté Candy et...
- Ne t'en fais pas mon garçon, je sais que c'est elle qui ment, je vous connais suffisamment tous les deux pour en être certain. Susanna, non seulement je te renvoie de la pièce mais je te renvoie aussi définitivement de ma troupe et ne veux plus jamais te voir traîner ici et près de Terry afin de lui nuire, c'est clair?
- Mais vous n'avez pas le droit, je n'ai rien fait que dire ce que j'ai subi, c'est injuste!
- Et tu oses encore insister! Alors très bien, je vais donc te dire ici pourquoi je ne crois pas tes mensonges étant donné ton audace Susanna. D'abord, j'ai eu le temps de constater que c'est toi qui cours toujours après Terry et l'importune même quand il s'isole, comme sur le toit pour jouer de l'harmonica par exemple. Pas une fois depuis qu'il est ici je ne l'ai vu te chercher mais des dizaines de fois l'inverse et d'autres pourraient le dire aussi. Ensuite, j'ai vu en effet à Chicago que Terry pouvait être plus souriant et gai, pour ne pas dire romantique et je ne l'ai jamais vu ainsi ici avec toi mais uniquement avec sa fiancée, qu'il a d'ailleurs embrassée devant toi et sans paraître gêné alors que toi on t'a vu leur lancer des regards noirs et marmonner des injures. D'ailleurs cette manie de marmonnement te coûte cher Susanna car ma femme aussi t'a vue et entendue insulter Terry et sa fiancée et leur souhaiter le pire. Et même le concierge t'a surprise à médire sur Terry il y a juste trois jours et tes propos ne peuvent laisser un doute puisqu'il a entendu:
« Il me le paiera, je ruinerai sa vie ; puisque il n'a pas voulu de moi, il n'aura personne, je la tuerai et il sera malheureux toute sa vie ! »
Monsieur Petrovic, notre concierge, m'a rapporté ces mots parce qu'il s'inquiétait que tu penses pareils projets. Je lui ai dit que ce n'était que des phrases en l'air d'une amoureuse frustrée et que tu ne ferais jamais cela mais tu es vraiment capable déjà de beaucoup de vilenie et ta jalousie semble dangereuse. Et pour finir, même si Terry avait eu des relations sexuelles avec toi sans ton réel consentement, oserais-tu dire qu'il t'a connue vierge ou que déjà un autre acteur l'année dernière a obtenu facilement tes faveurs, un certain Shepperd et qui s'est vanté ensuite de t'avoir eue dans une loge du théâtre ?
- Oh! Il a osé!...
Susanna mit sa main devant sa bouche mais c'était trop tard, elle s'était trahie et Terry soupira de soulagement que Robert soit si perspicace où il aurait pu avoir des ennuis et il imaginait la peine de Candy. Robert regarda encore Susanna avec pitié puis en finit.
- Maintenant, va-t-en d'ici et ne reviens jamais Susanna ou je t'emmène à la police pour menaces de mort et accusations graves mensongères.
Elle est devenue livide, a baissé la tête mais un bruit bizarre la retint encore. Robert avait tourné le dos et commençait à marcher vers les coulisses en disant à un autre acteur qu'il allait vite télégraphier à Karen de venir en urgence. Terry était encore sur scène à songer à quoi il avait échappé et n'entendit et ne vit rien. Susanna leva les yeux, vit d'où venait le bruit, un des énormes éclairages rompait et allait s'écraser à terre. Un éclair de joie la traversa en voyant qu'il était au dessus de Terry. Elle recula doucement en souriant puis blêmit car une voix cria du fond du théâtre:
- Un télégramme urgent de Chicago pour monsieur Granchester!
Terry s'éveilla alors et sauta de scène, si vite que le projecteur passa à deux centimètres de son pied en faisant un boucan énorme en s'écrasant, ce qui fit se tourner tout le monde. Susanna ne vit que son dépit encore et exprima tout haut avec colère:
- Raté! Oh! Je suis maudite! Il devrait être en dessous! Mort ou en miettes!
Puis elle partit en courant sous les yeux horrifiés de Robert et des autres. Terry ne vit que le projecteur et ce à quoi il avait encore échappé et remercia sa bonne étoile. Robert regarda Susanna s'enfuir et constata:
- Elle l'a vu tomber, n'a rien dit et regrette qu'il... Elle est complètement folle, je dois prévenir sa mère, c'est trop cette fois.
Terry soupira mais alla vite chercher son télégramme. Le jeune homme lui tendit et lui dit:
- Eh bien!, on dirait que ce pli arrive à temps! On l' a envoyé à votre ancienne adresse et la concierge, ignorant votre nouvelle adresse m'a envoyé ici. J'espère que c'est aussi une bonne nouvelle.
- En effet! fit Terry d'un grand sourire après avoir lu les lignes d' Albert. C'est aujourd'hui mon jour de chance !
Puis en cherchant son portefeuille dans sa poche et lui tendant un billet d'un dollar :
- Faites-vous aussi plaisir mon cher, merci encore.
Puis il partit vers sa loge en se promettant d'offrir aussi un bouquet à son ancienne logeuse et en remerciant aussi fortement Albert dans sa tête et se disant qu'il avait vraiment bien fait de l'inviter aussi à New York car sans le savoir, il lui avait aussi sauvé la vie. Candy l'avait fait en partant à Miami, Albert en envoyant ce télégramme, lui s'était sauvé en sauvant un petit garçon d'un danger. Tout s'était ligué contre cette perfide Susanna qui n'avait pas fait le poids face à l'amour qui rend généreux. L'amour sincère et confiant l'avait empêché d'un destin tragique. Il en sortit encore plus amoureux et retourna voir sa mère pour lui offrir aussi un gros bouquet et de l'amour à vivre maintenant.
A suivre...
