Bonjour, Bonsoir.
Voici un recueil reposant sur la série de livres Harry Potter. De ce fait, tous les personnages de l'histoire, ainsi que l'univers, appartiennent à J. K. Rowling. Cependant, cette nouvelle reste ma propriété. Ce sera un slash, gay fic, M/M. Si ce type d'histoire vous dérange, il vous serait préférable de ne pas poursuivre votre lecture. Je vous prie aussi de vous référer à la notice de ce site concernant le respect du rating de cette histoire, qui me semble justifié.
Par ailleurs, tous les tomes de la saga sont pris en compte.
Ceci est un recueil de nouvelles contant les épisodes les plus marquants de la vie de deux personnages. Nouvelles qui ne seront pas écrites dans l'ordre chronologique ; ceci dit, chaque date est scrupuleusement indiquée en tête de chronique. J'aurais aussi bien pu les écrire sous forme de roman, mais ç'aurait été bien moins amusant, surtout sur une si longue période qu'est celle sur laquelle s'étalent ces chroniques.
Je vous souhaite donc une bonne lecture !
L'Armoire
8 septembre 1984
La rentrée avait eu lieu une semaine auparavant, et cette année — pour la première fois depuis qu'il était directeur de la maison Serpentard —, Severus Rogue s'était senti serein.
La guerre était finie. Dans quelques mois, ils allaient célébrer le troisième anniversaire de la disparition du Seigneur des Ténèbres ; une bonne raison de se réjouir. Ce qui s'avérait moins délectable, était que feu sa meilleure amie — Lily Evans, devenue Potter —, était passée de vie à trépas le même jour. Le sorcier n'avait pas eu l'occasion de se rabibocher avec elle. Il ignorait si son subit retournement de cape lui était venu aux oreilles ou si Dumbledore s'était montré aussi opaque qu'il l'était régulièrement ; s'employant à protéger les Potter sans leur dire d'où provenait la fuite. Cette dernière option était certainement la plus avérée. Severus s'était un temps noyé dans son deuil et avait refusé d'en discuter avec qui que ce soit depuis — pourtant, Albus avait plusieurs fois tenté d'aborder ce sujet —, excepté Lucius.
Malefoy pouvait tout lui demander, et Rogue tentait rarement de lui refuser quoi que ce soit. Il était depuis quelques années l'un des sorciers les plus chanceux du monde magique : l'aristocrate lui accordait bons nombres d'attentions, et maintenant que cette sombre période était loin derrière eux, Severus apprenait à savourer ce qu'il avait ; probablement plus que ce qu'il avait jamais eu jusque-là. Un emploi stable — qui lui offrait une certaine forme de reconnaissance —, une position importante au sein du monde sorcier britannique — et tout particulièrement de Poudlard —, ainsi qu'une situation amoureuse qu'il n'avait jamais osé espérer.
Ce soir-là, Severus avait diné dans la Grande Salle — en compagnie d'autres professeurs —, et il s'était montré aussi revêche que d'habitude, même si le cœur n'y était pas. Le serpentard avait rendez-vous cette nuit : « même chambre, même mot de passe que de coutume », avait précisé Lucius. Son palpitant en battait la chamade, comme s'il s'abreuvait sans interruption de philtres d'amour depuis que Malefoy avait daigné poser les yeux sur lui.
Rogue était parfaitement capable de concocter des potions de ce type — il n'était pas un frêle sorcier sans talent —, mais jamais il n'aurait pu assumer d'en verser subrepticement dans les boissons du sang-pur. Il était un véritable vert et argent, sauf en ce qui concernait l'amour. Là, il s'était découvert un cœur bien trop tendre, qu'il avait un mal fou à dissimuler face à Lucius. Fort heureusement, il était devenu un occlumens exceptionnel, et l'aristocrate n'y était pas pour rien.
Après diner, Severus avait donc filé comme un éclair de feu en direction des cachots. Il lui fallait faire un brun de toilette : il n'irait pas retrouver Lucius en portant sur lui cette odeur nauséabonde, subtil mélange de tentatives de potions ratées — les première année —, et de phéromones de jeunes sorciers à l'esprit et au corps en ébullition : les sixième année avaient tendance à être intenables. Ils puaient l'éveil de leur sexualité, et Rogue avait tendance à grimacer tout le long du cours en observant certains échanges de regards tout bonnement déplacés lorsqu'on s'affairait au noble art des potions. À cette pensée, sa langue émit un petit claquement de désapprobation.
Une fois propre et frais, Rogue se revêtit de ses multiples couches. Même s'il faisait encore chaud pour la saison, le sorcier avait le nez fin — il renifla à cette pensée —, et il savait qu'un petit vent frais risquait de lui jouer des tours.
Il quitta Poudlard sans être vu ; il avait acquis une certaine dextérité en la matière. Ce trajet en direction de Pré-au-Lard et de La Tête de Sanglier était une promenade qu'il affectionnait beaucoup. Elle lui rappelait de bons souvenirs, et — tout comme la toute première fois qu'il avait parcouru ce chemin —, les papillons dans le ventre revenaient le titiller d'une nervosité qu'il trouvait plaisante. Il allait retrouver Lucius.
Les deux sorciers ne s'étaient pas vus depuis une dizaine de jours, et même s'ils correspondaient quotidiennement — ou presque —, Malefoy manquait douloureusement à Severus. C'était là la seule ombre au tableau du professeur de Potions : il ne vivait pas — ni de près, ni de loin —, avec l'aristocrate. Il devait se contenter de quelques heures perdues, lorsque Lucius avait la possibilité d'échapper à sa famille ainsi qu'à ses multiples obligations. Dire que c'était un plaisir de partager le sang-pur avec Narcissa Black — devenue Malefoy —, était faux. Rogue s'était déjà insurgé. Régulièrement il se montrait terriblement envieux ; il avait discrètement tenté de semer la discorde, il avait aussi piqué des colères plus franches, joué de vilaines scènes auprès de Lucius, mais rien n'y avait fait. Les sentiments ne sont rien face à la réputation des Malefoy ! lui répétait alors ce dernier, comme on réprimandait un enfant capricieux.
L'aristocrate ne lui avait jamais promis autre chose que ce qu'il lui donnait, alors Severus n'avait d'autre choix que de s'en prendre à lui-même et à son palpitant amoureux. Il avait tout accepté — il avait même insisté pour prouver à Lucius qu'il était prêt à tous les sacrifices —, et il comprenait que Malefoy n'apprécie que peu ses tentatives pour grappiller toujours plus d'attentions de sa part. Tout comme il avait très peu goûté l'attitude de Rogue lorsque Drago — son fils unique — était né. Le Maître des Potions était peut-être naïf — d'autant plus en ce temps-là —, toutefois la naissance de ce petit sorcier avait été la preuve personnifiée que Lucius avait des relations sexuelles avec Narcissa. C'était un fait que Severus avait eu beaucoup de mal à encaisser. Encore aujourd'hui, il ne pouvait pas affirmer qu'il portait le malheureux gosse dans son cœur. C'était là aussi un sujet de querelle avec son amant, qui était un père fier et obnubilé par son seul et unique enfant.
Qu'importait leurs rares désaccords. Rogue refusait de se braquer — il était d'un naturel revanchard et peu enclin à l'oubli et au pardon —, face à Lucius ; il tenait bien trop à lui pour cela. Quant à ce dernier, il avait tendance à balayer chaque mésentente d'un revers de la baguette. Rien ne se mettait en travers de la route d'un Malefoy. Il ignorait ce qui ne lui convenait pas, et sa mauvaise foi faisait le reste.
À cette pensée, Severus esquissa un léger sourire. L'aristocrate et ses manières lui manquaient terriblement. Dès lors, il hâta le pas.
Il parvint à La Tête de Sanglier sans qu'un sorcier ne le repère. Face à l'entrée du vieux pub miteux, il eut toujours la même réflexion : « est-ce que c'est ouvert ? ». Ceci probablement parce que les carreaux aux fenêtres étaient si sales que l'on ne distinguait rien à travers. Pas même un rayon de la lumière qui éclairait la pièce.
Une forte odeur, pas des plus agréables et pourtant typique du lieu, assaillit le sorcier dès qu'il eut franchi la porte de l'auberge. Severus n'aurait su dire si cette nuisance olfactive provenait de lait de chèvre caillé, toutefois selon lui, il y avait là quelque chose de louche concernant un bouc. Il se représentait très nettement cette image à chaque fois qu'il venait.
Il ne prit pas le temps d'observer les clients — la plupart, tout comme lui, masquaient leurs visages sous une capuche —, et se contenta d'adresser un signe de tête au patron, qui vérifiait l'état du contenu de l'une de ses bouteilles. Pas rassurant pour une noise.
Le sorcier comprit — Severus supposait diverses possibilités de sorcelleries à l'œuvre, puisqu'il n'entrait jamais ici à découvert —, qui il était et ce pourquoi il venait. Il lui répondit aussitôt d'un signe de tête, indiquant l'étage ; et de fait, les chambres.
Comme d'habitude, c'est bien ce que Lucius a écrit, pensa Severus en quittant la pièce, se dirigeant avec entrain vers le premier étage, tout en traversant un couloir sombre et plus poussiéreux encore que la salle de la taverne. Il est déjà là, forcément…
Lucius arrivait toujours avec une légère avance. Rogue, quant à lui, débarquait toujours avec un léger retard. Personne ne s'en offusquait.
À mesure qu'il grimpait les marches pour aller à l'étage, une grande fébrilité s'empara de lui. Il se dirigea vers la porte de la chambre, bien plus déterminé qu'il n'y paraissait quelques instants auparavant, alors qu'il marchait dans les champs en friche proches du village.
— Jobarbille, marmonna rapidement Severus d'une voix fine, arrivé devant l'entrée.
La vieille porte émit un petit bruit, puis grinça en s'ouvrant.
La pièce était bien plus spacieuse que ce que le couloir étroit laissait entrevoir. Severus la connaissait désormais dans ses moindres détails : le vieux papier peint fleuri greffé aux quatre murs, teint de couleurs pastel, qui s'effritait en de longs sillons depuis belle lurette, taché de toutes parts — le professeur Rogue en ignorait les causes — ; le plafond était dans le même état, papier peint en moins, peinture qui jadis fut probablement blanche et qui tendait désormais vers un écru tout en nuances et en dégradés d'un goût douteux, et un vieux lustre crépitait, pendu au plafond d'une façon si irréelle qu'elle ne pouvait qu'être magique ; le sol était constitué de vieilles planches de bois pourri posées côte à côte — le terme de parquet ne s'y appliquait pas, tant le travail avait été bâclé —, que seul un sort quotidien devait maintenir en place, d'innombrables moutons de poussière jonchant les recoins de la chambre ; une imposante armoire biscornue était calée dans un coin, jamais ni Lucius ni lui-même n'avaient encore tenté de l'ouvrir — ils avaient constamment mieux à faire — ; un lit deux places — une place et demie, répétait depuis toujours Malefoy —, aux draps et aux couvertures usés jusqu'à la corde, trônait dans la pièce, son matelas aux lignes irrégulières infesté de punaises, dont les deux sorciers avaient pris l'habitude de se débarrasser d'un simple sort dès leur entrée dans la chambre, et pourtant qui rentraient toujours au domicile ; une petite table de chevet ronde accompagnée de son tabouret, tous deux en bois, achevaient de parer les lieux, seuls meubles encore en l'état, d'une élégance surprenante en comparaison au reste de la pièce.
Lucius était occupé à jeter un sort sur le matelas, et les punaises fuyaient en file indienne ; elles avaient désormais l'habitude de cet exode temporaire et leur organisation était impeccable.
— Bonsoir, déclara le nouvel arrivant en refermant la porte.
Malefoy tourna son élégant visage vers lui, un petit sourire aux lèvres.
— Bonsoir, Severus, prononça-t-il lentement, laissant filtrer la teneur de ses sentiments rien qu'à la diction du prénom de son amant.
Les yeux sombres de Rogue pétillaient. Néanmoins il prétendit agir en sorcier mesuré et avança lentement jusqu'à réduire toute distance entre son amant et lui.
— Est-ce que tu… commença Lucius, avant que l'autre ne lui coupe la parole en le gratifiant d'un doux baiser.
Malefoy en oublia son intention de s'exprimer et il attira Severus tout contre lui, l'embrassant passionnément. Après ce langoureux baiser, Rogue mit de côté toutes ses intentions de jouer le rôle du véritable serpentard froid et calculateur qu'il était en temps normal ; ce qui était invariablement le cas lorsque le sang-pur le tenait près de lui. Entre ses bras, il devenait un sorcier mièvre et amoureux.
— Tu m'as manqué, laissa-t-il échapper, la voix soudainement plus grave.
Lucius le gratifia d'un petit rire, mi-moqueur, mi-séducteur.
— Tu n'as pas envie de discuter, constata-t-il en observant l'expression de son amant.
Severus secoua la tête. Ils auraient bien le temps de converser plus tard. Il n'y pouvait rien, si Malefoy l'observait de la sorte et qu'il lui offrait ce type de caresse qui le poussait instantanément à être obnubilé par son corps ; et puis dix jours sans le toucher, c'était beaucoup trop long.
Il posa ses mains bien à plat sur le torse de Lucius, appuyant contre la douce étoffe de sa luxueuse robe ; imaginant sans peine la texture ferme, douce et chaude qui se cachait en-dessous.
— Déshabille-toi, susurra le blond.
Rogue sourit. Il secoua la tête. Il y avait régulièrement une tacite petite joute entre eux. Ils souhaitaient tous les deux prendre le dessus. Cette fois, qui céderait le premier ?
— Non. Toi, déshabille-toi ! rétorqua Severus, en visant de son index le cœur de son amant.
La main de Malefoy vint se plaquer — non sans une certaine élégance malgré le geste en question —, contre l'entrejambe de l'autre sorcier.
— Je propose que le plus fébrile d'entre nous soit le premier à ôter ses vêtements, et il me semble que tu es le plus agité de nous deux, le railla l'aristocrate.
Lucius affichait un sourire des plus sensuels. Ce n'était pas dans ses habitudes. Severus n'avait découvert cette mimique chez son amant que lorsqu'ils avaient déjà été intimes. Jusque-là, tout ce qu'il ait jamais affiché était teinté de froideur. Impassibilité, dégoût, moquerie.
— Je suis déçu : il suffit de quelques jours pour que tu oublies mes proportions honorables au repos, le taquina Rogue.
— Penses-tu, c'est certainement parce que je ne l'ai jamais vue dans cet état ! plaisanta Malefoy.
Severus émit un petit grognement, attrapant la main de son amant — qui avait achevé de le tendre par son simple contact —, et portant ses doigts à ses lèvres. Il en isola un, qu'il se mit à sucer délicatement. Le regard de Lucius s'en trouva rapidement troublé.
— Déshabille-toi, lui ordonna Rogue, en passant le doigt de Malefoy sur ses lèvres humides.
Ce dernier acquiesça.
— Bien. Tes désirs sont des ordres, déclara-t-il.
Il repoussa doucement Severus et ôta lentement sa robe, ainsi que l'ensemble de ses vêtements. Une fois nu, il s'assit sur le bord du lit — basculant ses bras vers l'arrière pour maintenir son équilibre tout en offrant au brun la vue la plus dégagée sur son corps —, et toisant son amant.
— Ravi du spectacle ? Tu comptes garder ta cape longtemps ? demanda Lucius, goguenard.
Rogue le dévorait des yeux. Le corps de Malefoy était à l'image de toute sa personne : élégant, ferme, fort ; tout simplement parfait. Il était de plus en plus beau. Seule ombre au tableau, l'une de ses jambes présentait d'étranges cicatrices — les restes d'un puissant maléfice —, auxquelles il ne souhaitait absolument pas penser dans l'immédiat.
Il grogna encore et retira son épaisse pelisse, gardant toutefois sa robe et tous les vêtements qu'elle masquait.
Alors que Lucius avait pris soin de plier ses habits et de les poser sur le tabouret, Severus se contenta d'envoyer valser sa cape en visant approximativement le charmant petit meuble.
— C'est tout ? questionna Malefoy en haussant un sourcil.
Son amant lui répondit par un sourire, ne cessant de l'admirer.
— Non. Mets-toi à quatre pattes, lui commanda-t-il alors, ne cessant de contempler ce corps tentateur et exposé.
Lucius afficha une petite moue rebelle.
— Severus…
Il fut immédiatement interrompu par l'autre sorcier.
— Non. Pas de discussion, lança-t-il sèchement.
Rogue voulait son amant à genoux et le cul en l'air sur ce lit ; sans attendre. Malefoy lui adressa un subtil sourire teinté de sensualité et de tendresse, puis il obéit sans mot dire. Severus se mordit les lèvres face au paysage qui s'offrait à lui. Il prit une grande inspiration, s'efforçant de savourer la vue avant d'agir. Rapidement, il ne tint plus en place et s'approcha du lit. Du bout des doigts, il effleura la cuisse contractée de Lucius, qui frémit légèrement.
— C'est pas trop tôt. Tu abuses de ma patience, souffla-t-il.
Severus émit un petit ricanement. Il ne répliqua pas, se contentant de déposer un doux baiser sur l'une des fesses qui trônait sous ses yeux.
— Tu as perdu le parchemin explicatif ? gronda Malefoy de sa voix suave.
Vraisemblablement, Rogue prenait beaucoup trop son temps ; ce n'était pas dans ses habitudes. Toujours sans un mot, il s'approcha une nouvelle fois du postérieur de l'aristocrate et mordit la peau délicate qui s'y trouvait.
— Severus…
Le ton était menaçant. Lucius — en bon serpentard noble et au sang-pur qui se respectait —, n'appréciait pas tellement de se trouver dans une position qu'il jugeait avilissante. Le fait qu'il cède parfois aux caprices de son amant était toujours source d'une intense satisfaction — teintée d'excitation —, pour Rogue ; qui n'était pas — lui non plus —, vert et argent par coup du sort.
Le jeu avait assez duré, et le brun se glissa entre les jambes de Malefoy. Il renifla sa peau, l'embrassant et cajolant les fesses tendues de ses deux mains. Sans prévenir, sa langue vint se poser pile sur l'orifice légèrement crispé de Lucius, qui émit un hoquet de surprise avant de se contracter instinctivement. Puis il se relâcha, et son amant profita de l'occasion pour lécher consciencieusement cette zone sensible.
Le blond soupirait doucement face à cette caresse à la fois si légère et si intime. Alors le rythme changea : la langue de Severus se contracta, et elle se mit à le pénétrer lentement. Chaude et humide. Lucius plongea sa tête dans les draps. Sa jambe meurtrie en éprouva des difficultés à maintenir son équilibre. Il adorait ça. Il se mordillait discrètement les lèvres pour éviter de parler et de couvrir Rogue de mots salaces. Seuls quelques sons trahissaient tout le bien qu'il pensait du traitement qu'on lui infligeait.
Puis le muscle que le brun maniait avec brio cessa toute activité et s'éloigna, son amant soufflant doucement sur toute la zone humide. Malefoy frissonna. Sa jambe le lançait, irradiant. La gêne, la douleur et le plaisir se mêlaient sans aucun raffinement, et le sorcier en fut — l'espace de quelques instants —, pris de vertiges. Il contracta son corps pour ne pas s'affaler sur le matelas, posant ses coudes bien à plat et enfouissant sa tête entre eux. Instinctivement, il tendait d'autant plus son cul à Severus, qui apprécia le message envoyé.
— Tu es magnifique, murmura-t-il alors, en réponse à ce geste.
Lucius laissa filtrer un petit son de contentement. Rogue lui empoigna de nouveau les fesses, revenant embrasser et donner quelques coups de langue là où il avait laissé ses caresses. L'un de ses doigts vint se joindre à ses lèvres, titillant le point d'entrée devenu palpitant. Severus força un peu, jusqu'à ce que la première phalange de son doigt ne pénètre Malefoy. Ce dernier grogna ; plaisir et ténue indignation mêlés.
— J'aime comment tu te contractes, soupira le brun, entre deux effleurements humides.
— Tais-toi ! grommela l'aristocrate.
Son amant sourit tout contre son trou. Lucius avait l'art et la manière de maintenir un langage châtié, même en de tels moments. Néanmoins, son goût de la provocation le poussa à tenter de le sortir — plus encore qu'il ne l'était déjà —, de sa zone de confort.
— Il semblerait que ton cul en réclame plus. Serait-il affamé ?
— Severus…
La menace était une nouvelle fois présente dans la voix de Malefoy, malgré le fait que cette dernière soit atténuée par son visage plaqué tout contre les draps, ainsi que par la position peu redoutable dans laquelle il se trouvait. Rogue poursuivit ses taquineries.
— Plus profond ou plus de doigts ? Les deux ?
Lucius se retourna vivement — s'extirpant aux bons soins de son amant —, agrippant Severus et rebasculant sur le lit, le brun allongé sur lui et pris au piège de ses bras.
— Fini de jouer, petit imbécile, lui marmonna-t-il à l'oreille.
— T'es pas drôle, ronchonna Rogue.
En réponse, Malefoy trouva ses lèvres et l'embrassa langoureusement.
— D'accord, je n'ai aucun problème avec le fait que ton sens de l'humour soit discutable, affirma Severus, une fois que leurs bouches furent séparées.
Il avait chaud, toujours empêtré dans ses vêtements, et Lucius était indéfiniment capable — avec un seul et unique baiser —, de l'exciter comme le puceau qu'il n'était pourtant plus. Un sourire séducteur lui répondit. L'aristocrate n'était pas là pour rire ; pas maintenant.
— Déshabille-toi, lui intima-t-il.
Rogue secoua la tête.
— Non, c'est moi qui donne les ordres ce soir.
Malefoy haussa un sourcil, et un dangereux sourire naquit sur ses lèvres. Il repoussa doucement Severus, le condamnant à l'éloignement.
— Fais-le, insista le blond.
— Sinon ? le provoqua le brun.
Sans le quitter des yeux, Lucius écarta ses jambes et laissa sa main — et l'un de ses doigts en particulier —, reprendre ce que Severus avait été contraint d'abandonner plus tôt.
— Sinon, tu peux te contenter de m'observer tandis que je m'amuse seul, déclara-t-il en prenant le soin de détacher chaque mot.
Rogue renifla. Le majeur de Malefoy allait et venait tout doucement.
— Tu ne vas pas résister longtemps ; je me trompe ? demanda l'aristocrate.
Severus dodelina la tête de droite à gauche. Sans même s'en apercevoir, il avait déjà commencé à dégrafer sa robe. Lucius — quant à lui —, avait cessé tout mouvement. Il remportait aisément cette manche : inutile de se donner plus longtemps en spectacle.
Une fois nu, Rogue vint se glisser tout contre son amant. Malefoy l'enserra de ses bras, caressant son dos et posant ses lèvres sur son cou. Là, il allait faire en sorte qu'ils ne discutent plus.
L'ambiance se fit moins joueuse, moins taquine. Leurs mains parcouraient le corps l'un de l'autre — sans la moindre hésitation —, se délectant de ces — trop peu fréquents —, rapprochements physiques.
Severus embrassait Lucius à en perdre haleine. Puis il reprenait son souffle et il recommençait. Ces baisers humides étaient l'une des choses qu'ils préféraient faire, parce que des années durant, ils s'étaient retenus d'esquisser le moindre geste d'affection. Ils s'étaient longtemps tournés autour. Tous deux étaient tombés amoureux bien avant d'oser braver les conventions et le poids qui leur pesait sur les épaules — particulièrement sur celles de Malefoy —, et les angoisses qu'ils ressentaient lors de leurs premiers émois s'étaient largement atténuées après la fin de la guerre. Alors même si la situation n'était pas parfaite, le fait de pouvoir se tenir ainsi — dans les bras l'un de l'autre, sans peur —, était une victoire.
Rogue se retrouva bien assez vite installé à califourchon sur Lucius, penché sur ses lèvres et faisant courir sa langue contre elles. Le blond avait saisi sa queue et la caressait avec agilité. Le souffle du brun n'était plus aussi rythmé.
— Si tu continues comme ça, marmonna Severus, sans achever sa phrase.
C'était inutile. Malefoy savait pertinemment ce qui arriverait. Il ne cessa pas ses gestes pour autant, et happa les lèvres de son amant, l'entrainant dans un énième baiser fougueux. Rogue haletait.
Soudain, l'imposante armoire biscornue calée dans le coin de la pièce fut prise de soubresauts. Les deux sorciers tressaillirent, et Lucius — constamment sur le qui-vive —, s'était immédiatement emparé de sa baguette. Severus ne put s'empêcher d'admirer sa dextérité et de se sentir stupide. Il entreprit de chercher la sienne tandis que d'étranges rayons lumineux semblaient irradier du vieux meuble bancal.
Malefoy se leva, toisant l'armoire sans ciller et pointant sa baguette dessus. Il grimaçait légèrement, contraint de prendre appui sur sa jambe blessée sans l'aide de sa canne. Rogue remit enfin la main sur son bâton de pouvoir et se tint de l'autre côté du meuble, à bonne distance lui aussi. Ils avaient l'air fins, tous les deux, nus face à la menace.
L'armoire laissa ensuite échapper une fumée malodorante. Lucius grimaça de dégoût — sans pour autant remuer —, alors que Severus n'affecta même pas une expression nauséeuse. Il s'accoutumait aux mauvaises odeurs que pouvaient générer les potions qu'il manipulait ou qu'il enseignait à longueur de temps.
— Tu sais ce que c'est ? osa-t-il alors demander — sur un ton prudent —, à l'aristocrate.
Malefoy était un puits de connaissances magiques. Il avait toujours baigné dedans, et sa famille avait constamment veillé à ce qu'il en sache le plus possible. Rogue, quant à lui, n'était qu'un sang-mêlé, et ce n'était pas sa mère — oppressée et sur la réserve —, qui lui avait inculqué bon nombre de références. Il avait surtout appris à Poudlard, puis ensuite auprès de Lucius, qui consacrait quotidiennement du temps à en savoir toujours plus sur la magie. Severus n'était meilleur que lui en potions uniquement ; il doutait que cela puisse présentement lui servir.
— Il y a beaucoup de possibilités, rétorqua alors le blond.
Il recula encore d'un pas, et sa jambe sembla flancher.
— Est-ce que ça va ? le questionna alors le brun, inquiet.
Les lèvres serrées, Lucius acquiesça. Il souffrait manifestement, mais sa fierté l'empêcherait de le reconnaitre. Severus se morigéna. Tout à son excitation, il avait fait mettre son amant à quatre pattes un peu trop longtemps, alors qu'il savait que sa jambe était toujours fragile et que peu d'efforts pouvaient relancer la douleur.
— Parle-moi de ces possibilités, avança donc Rogue, pour changer de sujet.
Si Malefoy ne quittait pas l'armoire du regard, le brun — lui —, alternait les angles de vue, partagé entre l'armoire bancale et entre son amant ; dont la concentration extrême le charmait, au-delà de l'inquiétude ressentie face à sa blessure.
— Avant toute chose, peux-tu tenter d'ouvrir la porte de l'armoire ? questionna Lucius.
— Pourquoi moi ? s'indigna Severus, reniflant et bougonnant.
— Parce que je suis prêt à répliquer à toute vitesse en cas de problème : tu sais que je suis meilleur duelliste, affirma sèchement Malefoy.
Rogue renifla plus bruyamment encore. Il n'appréciait pas cette réponse, cependant elle n'en était pas moins vraie pour autant.
— Passe-moi ma cape, pria-t-il Lucius.
Ce dernier — sans cesser de fixer le meuble bancal qui n'agissait plus avec bizarrerie et paraissait s'être de nouveau endormi —, haussa néanmoins un sourcil à l'attention de son amant.
— Est-ce que tu plaisantes ? Nous courrons peut-être un grave danger, et toi, tu penses sérieusement à te rhabiller ? s'étonna l'aristocrate.
— Je ne sais pas… et si c'était une connaissance qui se planquait ? Une erreur de transplanage ? Et si on nous dénonçait publiquement ? s'inquiéta Severus.
Ce n'était pas tant pour lui — juste un peu —, mais surtout pour Malefoy qu'il se souciait de cela.
— S'il y a la moindre créature dans cette armoire, je la tue. Qu'importe ce dont il s'agit, sorcier ou autre : je ne prendrais aucun risque. Nous en encourons déjà bien assez, déclara Lucius.
Rogue hocha la tête. Il s'approcha alors du vieux meuble biscornu et tendit sa main vers la poignée.
— Severus… qu'est-ce que tu fiches ? s'offusqua le blond.
— Je fais ce que tu dis : j'essaie d'ouvrir la porte ! ronchonna le brun.
— Nous sommes des sorciers, s'irrita l'aristocrate.
— Oui, votre Seigneurie, mais contrairement à vous je sais aussi ouvrir une porte à l'aide de mes mains, le railla Rogue.
Lucius resta impassible et ne pipa mot.
Severus agrippa la poignée et l'actionna — avec plus ou moins de force —, dans tous les sens possibles et imaginables : aucune réaction. L'armoire ne remua pas d'un poil, et la porte en fit tout autant. Toujours stoïque, Malefoy lui épargna le moindre commentaire désobligeant.
Le brun renifla et recula de quelques pas avant de pointer — lui aussi, tout comme le blond dont le bras n'avait pas faibli —, sa baguette sur l'étrange meuble.
— Alohomora, lança-t-il.
Étonnamment, il ne ne passa rien non plus, et Severus se sentit légèrement honteux. Il ne ratait jamais un sort aussi simple.
— N'affiche pas cette mine déçue, le rassura Lucius. Tu n'y es pour rien. Alohomora ! Comme tu peux le voir, il m'est impossible aussi de déverrouiller cette armoire aussi aisément. C'est un objet puissant, déclara Malefoy, ses sourcils froncés.
Il abaissa sa baguette et s'approcha du meuble. De sa main libre il l'effleura, et Rogue se souvint alors que ces fichues planches de bois ensorcelées les avaient interrompus. Il franchit les quelques pas qui le séparaient de Lucius et vint embrasser son épaule ferme, à la peau douce et chaude. Il n'appréciait pas d'être ainsi nu — sans plus de raisons à cela —, toutefois puisque son amant déambulait dévêtu, il n'allait pas se débiner et se rhabiller : et il comptait bien en profiter.
— T'as une idée de ce que c'est ? lui demanda-t-il alors.
Malefoy ne répondit pas immédiatement : il paraissait réfléchir.
— Pas pour l'instant. C'est étonnant, je n'avais encore jamais vu cette armoire réagir de la sorte, dit-il enfin.
— Nous ne venons pas si souvent que ça, marmonna Severus.
Il aurait aimé pouvoir retrouver Lucius ici tous les soirs. Passer plus de moments avec lui, trouver le temps de partager son quotidien autrement que par correspondance ou avec la poudre de cheminette ; réseau qui lui permettait néanmoins de pouvoir embrasser Malefoy. Quelques rares fois, ils s'étaient laissés emporter et ils avaient alors frôlé le drame. Depuis, ils avaient convenu qu'ils ne se retrouveraient plus dans des lieux où ils pouvaient être surpris. La réputation de l'aristocrate ne pouvait assumer un tel scandale. Rogue — quant à lui —, doutait que Dumbledore — le seul sorcier à qui il devait rendre des comptes dans la profession —, ne le blâme s'il apprenait ses penchants. Le directeur de Poudlard acceptait tous les travers des gens, ou presque. Après tout, il employait cet imbécile de Rubeus Hagrid ; un bon à rien, quasi un cracmol.
— Serais-tu sur le point de te plaindre ? questionna alors le blond, en tournant brièvement le regard vers son amant.
Le brun secoua la tête, déposant un nouveau baiser sur les épaules de Lucius.
— Non. J'attends ton verdict. De nous deux, c'est toi le spécialiste, affirma Severus.
L'armoire était redevenue parfaitement banale. Un vieux meuble raté et daté, rien de plus.
— Aide-moi à la déplacer, ordonna Malefoy.
Rogue obéit sans un mot. Il allait se poster de l'autre côté du sujet qu'ils étudiaient, puis un déclic le traversa.
— Depuis quand est-ce que tu as besoin d'aide ? Lance un sort ! déclara-t-il.
Lucius haussa un sourcil à son attention et obtempéra nonchalamment.
— Wingardium Leviosa.
Severus observa bêtement l'armoire, qui ne remua pas d'un pouce. Puis il serra les lèvres avant d'oser un regard en douce vers Malefoy, qui l'observait, narquois.
— Tu aurais simplement pu me le dire, ronchonna-t-il.
Le blond laissa échapper un petit rire avant d'agripper le meuble, invitant silencieusement Rogue à en faire de même. Tous deux concentrèrent leur force physique sur ce curieux objet, or il était tellement lourd qu'il était impossible de le faire bouger d'un crin de licorne.
— Est-on si peu aptes à déplacer une malheureuse armoire ? s'offusqua Severus.
Ils étaient pourtant bien faits de leurs personnes : le brun avait développé une fine musculature, et Lucius était mieux sculpté encore. L'aristocrate n'avait eu d'autre choix que de pratiquer à haut niveau bon nombre de sports sorciers. Les Malefoy exigeaient l'excellence sur presque tous les domaines. Et le meuble, même s'il était légèrement plus haut qu'eux, était à peine assez large pour qu'ils ne se touchent pas les mains s'ils se tenaient chacun d'un côté. C'était à n'y rien comprendre.
— Elle est bien plus remplie que ce que son gabarit laisse présager, marmonna le blond.
Il avait de nouveau reculé et l'observait de tête en pied.
Une nouvelle fois, Rogue se retrouva occupé à alterner les angles de vue : Lucius, puis l'armoire.
— Alors ? demanda-t-il après un long moment.
Il perdait patience. Il n'appréciait pas que quoi que ce soit s'immisce entre son amant et lui ; fut-ce un objet magique inconnu et fascinant. Severus n'avait pas touché Malefoy depuis dix interminables journées, et il rêvait de ces retrouvailles depuis approximativement huit nuits. Il renifla, tout en fronçant les sourcils à cette pensée.
— Je n'en suis pas certain — rares étaient les fois où Lucius n'avait aucune certitude —, néanmoins je suis tenté de te répondre que ce pourrait être la demeure d'une créature magique. Le poids de l'armoire me pousse à croire qu'il y a une très grande pièce — sinon plusieurs —, à l'intérieur.
Le blond reprit un instant son souffle — il avait esquissé un léger geste à l'attention de sa jambe —, avant de poursuivre.
— J'ai lu des parchemins fascinants concernant une variété exotique de goules qui ont développé assez de notions en magie pour se faire un nid dans les mobiliers remisés aux greniers. Les soubresauts — une explosion à l'intérieur ? —, les rayons lumineux et la fumée malodorante : ça m'évoque un sort ou une potion ratée ; tu ne crois pas ?
Severus se pinça les lèvres. Il savait qu'il aurait dû prendre l'option Étude des Goules lorsqu'il était encore étudiant. Cependant, Malefoy n'avait certainement pas tort. Bon nombre de potions ratées avaient exactement les conséquences citées. Il acquiesça.
— Oui, peut-être. Si ça se trouve, la goule en est morte : c'était une grosse explosion. Ou bien un sorcier a transplané avec une potion ratée. Ou il a fait transplaner un autre sorcier avec la mixture en question, redoutant ses conséquences ! tenta Rogue.
Un rictus quitta les lèvres de Lucius.
— On ne peut pas transplaner dans l'auberge. Encore moins dans une armoire cachée dans une chambre de l'auberge. Nous devrions signaler ça au tenancier, proposa le blond.
— Maintenant ? demanda Severus, morose.
L'aristocrate tourna son visage racé vers lui.
— Bien sûr que non, mon ami. Nous avons mieux à faire, n'est-ce pas ? répliqua-t-il, le regard à la fois sensuel et carnassier.
Rogue y répondit par un sourire suggestif, digne d'un prédateur. Il pointa toutefois l'armoire de sa baguette.
— Et tu es sûr que ça ne craint rien si…
— Je ne suis sûr de rien, le coupa Malefoy. Garde ta baguette à portée de main, et j'en ferais autant.
Le sourire de Severus s'élargit.
— Intéressant, de garder les baguettes à proximité, murmura-t-il.
Comme s'il avait senti venir un mauvais coup de la part du brun, Lucius anticipa.
— Incarcerem, lança-t-il alors.
De solides cordes — à la texture plus douce qu'il n'y paraissait —, vinrent enserrer le torse et les bras, ainsi que les pieds de Rogue. Il en laissa tomber sa baguette au sol, surpris.
— Qu'est-ce que tu fais ? s'indigna-t-il, rouge de honte.
— Je prends les devant avant que tu n'aies une idée plus dérangeante que celle-ci, susurra Malefoy.
Ce faisant, il ramassa la baguette de son amant et déposa les deux bâtons sur le lit, côte à côte. Puis il agrippa Severus et le jeta lui aussi sur le matelas. Il s'installa à ses côtés. Rogue grogna.
— La prochaine fois, je te jette un impardonnable. On verra comme tu seras docile une fois sous mon contrôle ! rouspéta-t-il.
Lucius éclata de rire.
— Vois-tu, je te connais. Je me doutais que tu serais moins tendre encore que moi, répondit-il, sans se départir de son charmant sourire.
— Comme si tu n'y avais pas pensé, protesta Severus.
Malefoy fit courir l'une de ses mains sur le corps de son amant.
— Préfères-tu qu'on opte immédiatement pour un sortilège d'Impérium ? Avec moi, tu serais entre de bonnes mains. Je ne te ferais rien subir que tu ne souhaites pas déjà, ronronna-t-il.
— Annule le sort, lui intima le brun.
L'idée de l'Impérium lui paraissait pourtant tentante et excitante — ce qu'elle n'aurait pas dû être —, mais pas aujourd'hui. Il voulait profiter du corps de Lucius en pleine conscience.
— Que puis-je espérer en échange ? demanda Malefoy, joueur.
Sa main s'était arrêtée autour du nombril de Severus et il tournait autour, flatteur.
— Je ne sais pas… fais-moi ce que tu aimerais que je te fasse dès que je serais désentravé ! proposa alors Rogue.
Il n'était pas contre l'idée de rester attaché quelques courtes minutes supplémentaires, si ça signifiait des caresses bien placées.
Lucius lui sourit. Visiblement, la suggestion lui plaisait. Il embrassa doucement son amant et glissa le long de son corps, le gratifiant d'effleurements et de baisers.
Malefoy était du genre à prendre son temps. Il n'était jamais impulsif. La classe due à son rang lui imposait de ne rien faire avec empressement, et surtout, de toujours effectuer une tâche dans les règles de l'art. D'après Severus — qui n'avait pourtant jamais intimement connu qui que ce soit d'autre —, le blond était un amant hors du commun.
Amant qui avançait sereinement vers son but, tout en massages et en coups de langue. Rogue avait largement eu le temps de bander, et sa queue pointait fièrement vers son nombril, comme si elle voulait indiquer le chemin alors qu'elle était l'objectif.
Lucius s'y intéressa petit à petit, et Severus — contraint à l'immobilité —, tentait tant bien que mal de s'agiter. Il crevait d'envie d'enfoncer ses doigts dans la chevelure de Malefoy et de s'y accrocher. Parfois — lorsque le blond le taquinait un peu trop —, le maintenir par les cheveux lui permettait de mettre fin au supplice, ou bien de lui faire comprendre qu'il devait s'activer avant que maléfice s'ensuive.
— Lucius… est-ce que… tu voudrais que je te torture… de la sorte ? En prenant… beaucoup trop mon temps ? demanda Rogue, si tendu qu'il en devenait difficile de parler avec fluidité.
Le blond laissa échapper un petit rictus et avala subitement la queue de Severus jusqu'à la garde. Ce dernier en écarquilla les yeux de surprise et de contentement. Il recommença le geste plusieurs fois — le brun adorait ça et il le montrait —, avant de cesser tout mouvement pour prononcer quelques mots.
— Au cas où je n'aurais pas été assez limpide, mon cher ami : ceci est exactement ce que je souhaiterais que tu me fasses subir.
Malefoy reprit son activité, laissant Severus pantelant ; il avait bien compris le message de son amant. Rogue ne réalisa même pas à quel instant Lucius l'avait libéré. Il n'avait été concentré que sur ce que le blond parvenait à faire — avec une dextérité incroyable —, à l'aide de sa bouche, de sa langue, de sa gorge et de ses mains habiles.
Le brun put enfin glisser ses doigts dans la chevelure pâle et si soyeuse de l'aristocrate ; tout à son image. Cette douce texture sur sa peau, couplée à la chaleur humide de ce que sa queue subissait : c'était exactement l'idée que Severus se faisait d'une excellente soirée. Il passait un moment délicieux. Puis Malefoy mit fin à cette caresse, et Rogue grogna.
— Tu devrais, eh bien… tu sais, me montrer… jusqu'au bout, tenta-t-il.
Lucius haussa un sourcil à son attention.
— La nuit n'est même pas encore tombée, répliqua-t-il avec un petit sourire.
Rogue renifla.
— Ça n'a aucun rapport. Continue, suce-moi… s'il te plait, ajouta-t-il ensuite.
Le blond ricana. Il était resté là, face au sexe raide de son amant, la main de ce dernier jouant avec ses cheveux.
— Juste un peu ? le supplia encore Severus dans un murmure.
Malefoy eut pitié de son plaisir frustré, et il reprit délicatement sa queue en bouche.
— Par la barbe de Merlin, Lucius, soupira — quelques instants plus tard —, le brun. Je ne sais pas comment… ce que tu fais… pour devenir toujours… eh bien… tu es chaque fois plus… talentueux que la dernière… fois.
L'aristocrate fit encore monter le plaisir d'un cran, puis comme il ne s'agissait de poursuivre que « juste un peu », il abandonna la zone et remonta vers le visage de son amant, qu'il embrassa doucement.
— Je t'observe, Severus. Je mémorise ce qui a semblé te plaire le plus. Parfois je tente d'autres gestes, et je guette ta réaction. La prochaine fois, je serais meilleur encore, lui susurra-t-il tout contre l'oreille.
Rogue laissa échapper un soupir de contentement. C'était du Malefoy tout craché.
— Je suis ton sujet d'expérimentation préféré, souffla-t-il en caressant le corps de Lucius, qui le recouvrait de tout son poids.
— Le seul, l'unique, lui assura ce dernier, en venant doucement mordiller les lèvres du brun.
Ensuite, Severus lui sourit. Il évitait de le faire, parce que contrairement à Lucius, son sourire était nettement moins avenant. Pourtant, Malefoy persistait à lui trouver un charme fou ; qu'aucun autre sorcier ne pouvait se vanter de posséder, lui affirmait-il régulièrement.
— Il semblerait que je te doive une faveur, marmonna alors Rogue, en tentant de renverser le blond.
Lucius comprit l'intention et il lui facilita la tâche.
— Fais-toi plaisir, fais-moi plaisir, déclara-t-il en se réajustant sur le matelas, bien installé sur le dos.
Il écarta les jambes pour que Severus vienne se nicher au milieu. Le brun adorait se glisser entre ses cuisses écartées.
Là où Lucius n'hésitait pas à constamment varier les plaisirs et à toucher, lécher, sucer, ou pénétrer Rogue dans toutes les positions imaginables et possibles, Severus — quant à lui —, s'il aimait lui aussi explorer l'ensemble des possibilités, il le faisait cependant toujours au départ de son quartier général ; juste là, entre les jambes de Malefoy, qu'il soit sur le dos ou à quatre pattes, allongé ou debout, de face ou non.
Déjà surexcité par les activités précédentes, le brun n'eut pas la patience de faire languir son amant, et il se jeta sur la queue tendue de Lucius, tel un veracrasse affamé se jetant sur une laitue. Ce fut néanmoins efficace, car il observa vite l'aristocrate soufflant légèrement et murmurant de manière inaudible, tentant constamment de faire preuve de son légendaire sang-froid.
Pourtant, Rogue ne rêvait que d'une chose : lui faire perdre le contrôle, l'entendre gémir à haute voix, le voir gesticuler dans tous les sens. C'était idiot de sa part, et il s'agissait assurément de fierté mal placée ; n'est pas serpentard qui veut. Lui, il ne parvenait pas à se maitriser. Malefoy était bien trop compétent pour qu'il garde un semblant de tenue. Il avait donc toujours le sentiment d'être moins bon, et il ne voulait pas ne rien apporter à Lucius. Il devait lui prouver qu'il méritait son amour et son intérêt. C'était dans sa nature. Severus avait bien trop souvent senti qu'il était une valeur négligeable, et qu'il lui fallait œuvrer dur sur tous les plans pour justifier tout ce qui se produisait de positif dans sa vie ; Lucius, ses talents de Maître des Potions et son poste à Poudlard.
Il eut alors une idée — digne du serpentard qu'il était —, susceptible de rendre fou son amant. Peut-être pas de la manière la plus noble qui soit — il n'était pas vert et argent pour rien —, toutefois il allait offrir un moment inoubliable à son imperturbable sorcier.
Il délaissa un instant le sexe imbibé de salive de son bien-aimé et agrippa sa baguette, toujours posée sur le lit. Malefoy ne prêtait pas attention à ses gestes ; il avait fermé les yeux, savourant les actions du brun. Ce dernier se focalisa de nouveau sur la verge de Lucius, la léchant et la massant, l'esprit concentré sur la meilleure manière de lui faire encore plus plaisir.
Ce faisant, il en profita aussi pour humidifier la baguette à l'aide de sa salive, et — sans prévenir —, il inséra délicatement sa fine pointe dans le rectum du blond. Malefoy se raidit un instant avant de se laisser aller, concentré sur les lèvres de Severus autour de sa queue. Ces stimulations multiples étaient toujours perturbantes — il ne savait plus où donner de la tête —, toutefois il les appréciait plus qu'il n'aurait voulu le reconnaitre. Pourtant, à un moment, Lucius finit par tiquer.
— Severus ? questionna-t-il. Qu'est-ce que tu… ce n'est assurément pas ton doigt qui est…
Il paraissait perturbé — et n'osa même pas achever sa phrase —, alors Rogue cessa un instant de savourer ce qu'il avait en bouche.
— Non, effectivement, ce n'est pas sorcier : c'est plutôt magique, susurra-t-il, taquin.
— Quoi ? s'indigna Malefoy. Par les génitoires de Salazar, Severus, ôte tout de suite ça de là !
Rogue eut le bon sens de rougir en posant les yeux sur la mine effarée de Lucius. Il fronçait les sourcils, une expression scandalisée sur le visage.
— T'es sûr ? questionna Severus.
— C'est outrageant, ajouta l'aristocrate.
— Ça te plait pas, de commettre cet acte blasphématoire ? insista le brun, avant de lécher le sexe de Lucius de haut en bas.
— Démon, siffla Malefoy, avant de marmonner. Ne lance aucun sort par erreur… je t'en prie…
Cette fois, Rogue était fier de son idée quelque peu osée. Il était parvenu à interloquer son amant, lui permettant un instant de se libérer totalement du poids de son nom.
Après un tel traitement, Lucius rendit rapidement les armes, et Severus savoura sa victoire.
Il dégagea délicatement la partie immergée de sa baguette et la nettoya distraitement, désormais surpris d'avoir eu cette étrange impulsion, et légèrement coupable de l'avoir imposée à son amant sans préambules.
Il fila s'allonger à ses côtés. Malefoy avait encore les yeux fermés, semblant reprendre sa respiration. Rogue renifla.
— Désolé, grommela-t-il.
L'aristocrate ouvrit enfin les yeux, lui adressant un petit sourire.
— Tu es un sorcier surprenant, Severus, affirma-t-il.
Le brun haussa les épaules.
— J'espère que je ne t'ai pas offensé, je voulais juste…
— Je sais, l'interrompit Lucius. Tout va bien, j'aime tes lubies. Viens par là.
Ils se retrouvèrent alors dans les bras l'un de l'autre.
— Je me remets de mes émotions et je m'occupe de toi, annonça Malefoy.
Severus fronça les sourcils et baissa le regard sur la jambe blessée de Lucius. Il la maintenait dans une position peu naturelle.
— T'as mal, c'est ça ? demanda-t-il.
— Ce n'est rien, déclara le blond.
Ça sonnait comme un aveu. Rogue embrassa tendrement Malefoy, se serrant tout contre lui, comme si ça allait apaiser la douleur : ils ne pouvaient rien faire contre elle ; ou du moins le brun aurait peut-être pu, mais l'aristocrate refusait qu'il analyse sa blessure de trop près.
— Parle-moi un peu de tes journées, quémanda Lucius. Ce retour à Poudlard et les premières années ?
Severus posa son front contre celui de son amant.
— Oh, tu sais, rien de plus que ce que je t'ai déjà raconté dans mes parchemins. Au moins, la fin de la guerre me permet de travailler sur de nouvelles potions. Je me concentre là-dessus, en attendant de te retrouver.
Malefoy sourit.
— Est-ce que tu comptes développer une potion pour cesser de chercher à m'impressionner ? Je sens parfois le manque de confiance en toi qui transparait à travers tes tentatives — quelque peu spectaculaires —, de me séduire toujours plus, cher ami. Tu sais que tu n'as rien à me démontrer.
Severus rougit, puis il renifla.
— J'ai tendance à me montrer compétiteur face à mes amis, ronchonna Rogue, mi-taquin, mi-gêné.
— J'en prends bonne note, cher amour. Et maintenant ? demanda Lucius, caressant lentement de ses mains le dos de son amant.
— J'aime mieux ça. Je veux juste te plaire, tu sais, lâcha finalement Severus.
Malefoy frotta doucement leurs nez l'un contre l'autre.
— C'est déjà le cas. Contente-toi de profiter de nos retrouvailles sans chercher à m'enfiler le premier objet qui passe dans l'arrière-train. Par la barbe de Serpentard, je suis heureux que tu n'aies eu que ta baguette sous la main !
Ils éclatèrent tous deux de rire, toujours front contre front, peau au contact l'une de l'autre, et doigts caressants.
— Je voulais simplement que tu te laisses aller, reconnut Severus, ricanant encore.
Ils n'avaient que peu de secrets l'un pour l'autre : il avaient affronté la guerre ensemble ; pas dans le même camp. Et leurs sentiments — ainsi que leur complicité —, n'en étaient ressortis que plus renforcés.
— Que je me laisse aller ? s'étonna Lucius.
— Tu sais bien… même gémir, tu le fais à la Malefoy : pas de petit cri ridicule, pas de tremblement incontrôlé, rien ! C'est parfois frustrant, avoua Rogue.
L'aristocrate émit un petit rictus.
— Je veillerais à te briser les tympans un de ces jours ; si c'est là tout ce que tu souhaites, déclara-t-il, moqueur.
— Je n'en demande pas tant, ricana Severus.
Ils s'embrassèrent derechef. La soirée ne faisait que commencer, tout comme la paix — l'espéraient-ils —, et à cet instant, leur monde se résumait à eux deux, réunis dans cette chambre. L'armoire ne vint plus troubler leurs retrouvailles cette nuit-là, et ils finirent par temporairement oublier cet épisode, ne gardant de cette rencontre que le souvenir d'un bon moment passé l'un contre l'autre.
Vos pensées concernant ce texte sont évidemment bienvenues. N'hésitez pas à me signaler toute erreur restante.
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À bientôt !
