Re Bonjour/Bonsoir !

Voici la 3ème OS. Celle-ci porte sur la naissance de Sinmore, la petite soeur de Surt/Aksel.

Rating : K+

Les personnages de Surt et de Sinmore appartiennent à Takeshi Furuta.

Bonne lecture :)


Cela faisait maintenant deux jours qu'ils voyageaient, passant d'une gare à l'autre, se dirigeant vers le nord. Il commençait à faire de plus en plus frais et la jeune Aïda se demandait s'il lui restait assez d'argent afin d'acheter des vêtements plus chauds pour son fils. Il ne s'était pas agité, ni plaint de tout le trajet qui était pourtant épuisant. L'enfant devait sûrement ressentir l'angoisse de sa mère et la précarité de la situation, alors il se faisait tout petit jusqu'à l'arrivée à leur destination finale.

Aïda était une jeune femme de vingt-cinq ans qui avait vécu toute sa vie à Moscou. Comme toutes les filles de son entourage, elle croyait avoir trouvé bonheur et sécurité en épousant un homme occupant un poste important au sein du KGB. Cependant, sa joie fût de courte durée en réalisant qu'après la phase de lune de miel et la naissance de leur fils Aksel, son mari se révéla être un individu extrêmement violent et contrôlant. Sa famille l'observait de loin mais ne pouvait pas lui venir en aide car son époux était très influent dans les différentes strates policières et ils ne voulaient pas se les mettre à dos.

Pendant quatre longues années, la jeune femme vivait, survivait plutôt, en évitant de se faire remarquer ou d'attiser la colère de son compagnon. Néanmoins, tout cela changea le jour où elle apprit qu'elle était à nouveau enceinte. Même après avoir révélé son état à son conjoint, ce dernier continuait de porter la main sur elle pour un simple regard resté trop longtemps sur un autre homme.

Afin de protéger l'enfant qu'elle portait et pour offrir une meilleure vie à son fils, Aïda décida finalement de trouver un moyen de s'échapper par elle-même et c'est pour cela qu'ils étaient présentement à la gare de Tioumen, attendant le train qui les emmènera à Nadym, une petite ville dans le nord de la Sibérie. Elle avait réussi à parler à une de ses tantes paternelles qui lui donna le nom d'un ami à elle qui vivait dans ces lieux reculés. Elle lui assura qu'il allait les accueillir le temps qu'il faudrait et que là-bas ils étaient hors de portée de la police secrète.

Aïda attendait donc ce train qui les mènera à leur délivrance.

« Maman, on arrive bientôt ?

- Il ne nous reste qu'un seul train à prendre mon cœur, tu pourras dormir à l'intérieur, il fera chaud.

- D'accord. »

La jeune mère pouvait voir que son fils commençait à avoir froid et elle se maudissait de ne pas avoir penser à prendre des manteaux plus épais lorsqu'elle préparait la valise à la hâte. Heureusement, l'annonce de l'arrivée imminente du train se fit entendre et les passagers se préparaient déjà à l'embarquement. Par chance, la jeune Russe avait réussi à leur prendre un compartiment à quatre couchettes qu'ils étaient les seuls à occuper. Le voyage se passa sans trop d'encombre, le petit Aksel s'endormit dès qu'il eut posé la tête sur l'oreiller de sa couchette.


Arrivée à Nadym

En sortant du train, il faisait presque nuit. Aïda remarqua à travers la foule un homme aux cheveux sombres mi long, portant des lunettes, qui tenait une petite pancarte avec son prénom inscrit dessus. Ça devait être l'ami de sa tante, il n'avait pas l'air très vieux. Il devait être dans le début de sa quarantaine. La mère raffermit sa prise sur la main d'Aksel et se dirigea vers lui.

« Monsieur …

- Hedeon. Vous devez être Aïda je suppose.

- En effet, oui et voici mon fils Aksel.

- Enchanté. Suivez-moi vous devez être épuisé après ce long voyage.

- Je vous remercie infiniment pour votre aide monsieur.

- Ce n'est rien voyons. De toute façon, j'avais une dette envers votre tante. Disons que maintenant, on est quitte. »

Hedeon prit la valise de la main d'Aïda et se dirigèrent vers sa voiture qui les conduisit jusqu'à une petite maison près de l'extrémité de la ville. Une chambre avait déjà été préparé pour les deux nouveaux arrivants qui remercièrent encore une fois leur hôte avant de se retirer pour la nuit.


2 semaines plus tard

La vie dans la petite ville de Nadym était tranquille. Le climat était certes moins clément que dans le sud mais Aïda et Aksel finirent par s'y habituer. Hedeon était un hôte serviable et faisait attention à leur moindre demande. Aïda appréciait énormément cet homme mais, pour une raison qui lui échappait, ce n'était pas le cas de son fils.

« Il est bizarre » lui dit-il un jour.

Elle avait mis cette méfiance sur la possibilité que l'enfant ait besoin de plus de temps pour s'adapter aux nouveaux lieux et aux nouvelles personnes dans sa vie. Pendant ce temps, une bonne routine s'était installée au sein de la maison. Hedeon allait travailler le matin dans un site d'extraction de gaz naturel près de la ville et, en échange de son hébergement, Aïda entretenait la maison pour se garder occupée. Le soir, après avoir couché Aksel, il lui arrivait de s'installer au salon pour discuter avec le Nadymien ou tout simplement lire un des livres de sa bibliothèque.

Un soir alors qu'elle était justement en train de lire dans la pièce à vivre pendant d'Hedeon était installé sur la table de la salle à manger pour travailler sur des rapports, la jeune femme ressentie une horrible douleur qui lui serra le bas-ventre. Elle en lâcha son livre et glissa du canapé vers le sol en se tenant l'abdomen.

« Aïda ?! Que vous arrive-t-il ?

- Je… Je ne sais pas. Je n'arrive pas à… »

Elle avait du mal à respirer. La douleur se faisait de plus en plus insupportable. Elle comprit soudain la possible cause de celle-ci et se mit à paniquer.

« Non. Non. Nooonnn. Pas mon bébé. Pas mon bébé. »

À ces mots, Hedeon comprit à quoi elle faisait allusion et se leva pour se précipiter vers la cuisine. Il ouvrit un des cabinets au-dessus du comptoir et en sortie un liquide bleuâtre reposant dans une vielle bouteille dont le verre a été brunie par le temps. Bouteille en main, il se hâta vers Aïda et vint s'agenouiller à côté d'elle.

« Tenez, buvez en une gorgée ! »

Sceptique, la jeune regarda la bouteille au liquide non identifié et hésita à suivre la consigne qui lui a été donné.

« Ma mère était une sage-femme et elle donnait ça aux femmes qui lui disaient craindre que leur bébé ne soit trop fragile.

- Il… Il faut que j'aille à l'hôpital.

- L'hôpital est à 20 minutes d'ici Aïda ! Vous perdrez votre enfant d'ici là! S'il-vous-plaît faites-moi confiance. »

Un nouveau pincement encore plus douloureux fit disparaitre les hésitations de la jeune femme qui se dit finalement qu'il avait raison et qu'elle n'avait plus rien à perdre. En voyant, qu'elle était prête à coopérer, Hedeon ouvrit la bouteille, versa une petite quantité du médicament dans le creux du bouchon et le fit boire à la jeune mère. La douleur se calma drastiquement après une dizaine de minutes et l'absence de tâche rouge sur le bas de sa robe rassura Aïda.

Complètement essoufflée et fatiguée, elle tourna doucement la tête vers l'homme toujours à genoux à côté d'elle.

« Merci…

- Vous allez mieux ?

- Oui. Qui…qui êtes-vous ?

- Votre ami Aïda. Je suis votre ami. Venez, vous devez vous reposer. »

Il aida la jeune mère à se relever et la conduisit dans sa chambre. Ce remède avait été efficace et rapide. Aïda ne s'en plaignait pas mais cela ne l'empêcha pas de continuer à se demander de quoi il s'agissait et si elle avait bien fait de le prendre.

La semaine suivante, Hedeon prit quelques jours de congé pour surveiller les conditions de santé de la jeune femme. Heureusement, son état semblait se stabiliser et elle paraissait même avoir plus d'énergie que d'habitude. Rassuré, l'homme se permit de baisser sa garde tout en gardant un œil sur elle. Il prit aussi sur lui de s'occuper du petit Aksel le temps que sa mère porte sa grossesse à terme.

De son côté, Aïda faisait des recherches dans les livres de la bibliothèque du salon, espérant y trouver la recette de ce remède miracle dont elle n'avait jamais entendu parler. Elle n'osait pas reposer la question à Hedeon de crainte de passer pour une ingrate. Après avoir fait toutes les étagères, elle ne trouva rien et se demanda si elle pouvait aller poursuivre sa quête à l'hôpital mais oublia vite cette idée en se disant que ce serait suspect. Comme elle se portait bien et qu'il n'y avait aucun signe d'inconfort avec son bébé, la jeune Russe se dit qu'elle était peut-être trop méfiante. Il s'agissait peut-être tout simple d'une tisane ancestrale de bonne-mère que la famille d'Hedeon avait su garder même au fil des âges. C'est sur cette pensée qu'elle décida de cesser ses recherches et pria que le futur lui donne raison.


6 mois plus tard

« Encore un effort Aïda. Poussez ! »

Ça faisait maintenant plus d'une heure que la jeune femme était en pleine labeur. Elle était à bout de souffle à force d'hurler et de pousser. Assis dans la salle d'attente, Aksel paniquait en entendant les cris de sa maman et Hedeon faisait de son mieux pour rassurer le petit garçon.

« J'ai peur Monsieur.

- Ne t'inquiète pas. C'est normal que les mamans aient mal quand elles vont avoir un bébé. »

Après plusieurs mois de cohabitation, l'homme n'inspirait toujours pas confiance au petit Russe. Mais là, l'inquiétude grandissante le poussa à vouloir écouter ses mots réconfortants. Soudain, ils entendirent les pleurs d'un nourrisson venant de la salle d'accouchement. La tension qui régnait dans l'atmosphère se dissipa, le calvaire était donc terminé. Après une vingtaine de minutes, une infirmière vint demander à Hedeon de venir les rejoindre à l'intérieur. L'homme et le garçon se levèrent pour s'y diriger mais la jeune femme les arrêta.

« Je crois que vous devriez rentrer seul pour le moment Monsieur. »

L'estomac d'Aksel se noua. Il ne savait pas pourquoi mais il avait un mauvais, très mauvais pressentiment.

« Je veux voir maman ! » cria-t-il tout à coup.

Hedeon s'agenouilla pour se mettre au niveau du petit pour tenter de le calmer.

« Je vais aller voir ce qui se passe. On ferait mieux d'écouter la madame.

- Mais je veux venir aussi !

- Tu devrais rester ici en attendant. Je reviendrai vite, je te le promets. »

Le petit garçon était au bord des larmes mais n'eut pas le choix que de rester dans la salle d'attente avec la jeune femme. Les minutes passèrent et l'attente se faisait de plus en plus douloureuse pour l'enfant. L'infirmière, assise à côté de lui, évitait de le regarder dans les yeux. Hedeon ressortit finalement de la salle d'accouchement mais l'expression qu'il arborait sur son visage inquiéta le petit.

« Je peux aller voir maman maintenant ?

- Aksel, ta… »

Hedeon s'arrêta pour se tourner vers la jeune infirmière et elle comprit qu'il serait mieux de les laisser seuls. L'homme vint s'asseoir à côté de l'enfant et lui prit la main.

« Aksel, ta maman est… elle a eu très, très mal pendant l'accouchement et elle s'est endormie.

- Elle se réveillera quand ?

- Elle ne se réveillera pas, mon garçon. »

Le petit garçon ne comprenait pas ce qu'Hedeon voulait dire. Les gens se réveillent toujours, pourquoi sa maman ne réveillera pas ? La seule personne qu'il connaissait qui ne s'est jamais réveillé était sa grand-mè… Oh non.

« Elle est partie avec les anges ? »

Hedeon fixa l'enfant. L'air triste que son visage affichait montra à l'adulte qu'il avait compris.

« Oui… Elle est avec les anges. »

Le petit garçon baissa la tête, ses lèvres se mirent à trembler et les larmes suivirent juste après. Sa maman était partie. Elle n'allait plus jamais revenir. Les pleurs d'Aksel redoublèrent à cette pensée. Il était tout seul désormais, sans sa maman, et il ne voulait surtout pas retourner chez son horrible père… Le petit continua de pleurer pendant de longues minutes, après lesquelles il releva brusquement la tête. Non attends. Il n'était peut-être pas tout seul. Il tourna son visage dont les yeux et les joues étaient encore mouillées et demanda à Hedeon :

« Et le bébé ?

- Viens avec moi. »

En tenant toujours la main de l'enfant, ils se dirigèrent vers une salle attenante à la leur. Ils y virent plusieurs berceaux dont un avait l'air d'être occupé. Aksel s'en rapprocha et se mit sur la pointe des pieds pour mieux apercevoir. Il y vit un tout petit bébé aux cheveux d'un brun tirant sur le rouge. Le nourrisson dormait profondément, sa respiration était rapide et presque inaudible.

« C'est ta petite sœur. Elle s'appelle Sinmore. »

Aksel ne se retourna pas vers l'adulte qui lui parlait et continuait d'observer la petite.

Sa petite sœur.

Elle était toute petite et fragile. Elle était sa famille. Tout ce qui lui restait. Et en tant que grand frère, c'était à lui de s'occuper d'elle. Il tendit sa main pour venir caresser la joue du bébé dont les yeux papillonnèrent au contact.

« Il faudrait la laisser dormir pour le moment. »

Le petit retira sa main mais resta près du berceau. Il était hors de question qu'il s'éloigne d'elle. Au même moment, un médecin rentra dans la salle pour venir s'adresser à Hedeon.

« Êtes-vous le père de ces enfants ?

- Non mais ils vivent chez moi.

- Malheureusement, nous ne pouvons pas vous laisser repartir avec eux sans preuve attestant que vous êtes le tuteur légal.

- C'est absurde ! Ils n'ont personne d'autre.

- Je suis désolé. C'est la loi. On les placera dans un orphelinat le temps que vous régliez les papiers. »

Aksel écoutait la conversation, comprenant que Sinmore et lui ne rentreront pas avec Hedeon. Bizarrement, ça le rassurait au fond. Il pourra garder sa sœur loin de cet homme qu'il trouvait étrange depuis le début. Il ne sait pas où ils allaient être emmenés mais du moment qu'il restait avec elle, ça l'importait peu.

« Ne t'inquiéta pas Aksel, je règlerai ce problème et je reviendrai vous cherchez ta sœur et toi. »

L'enfant ne répondit pas, se contentant de le fixer sans grande joie. Honnêtement, ça ne lui faisait ni chaud, ni froid.

Après une heure d'attente, une travailleuse sociale vint récupérer les deux enfants pour les emmener à l'orphelinat en question. Heureusement, le médecin demanda à ce qu'ils ne soient pas séparés. C'est avec le cœur lourd qu'Aksel et sa nouvelle petite sœur furent embarqués vers une nouvelle destination, une nouvelle vie. Seuls mais ensemble.


Voilà :)

Surt apparaît plus comme un personnage secondaire dans cette OS car il fallait d'abord donner un contexte pour l'histoire à venir.

Tous les commentaires sont les bienvenus :)