Chapitre 3 :
Combien pèsent les cheveux ?
J'ai fini par assimiler trois grandes leçons :1. C'est réel : j'ai 11 ans, à nouveau.
2. Je suis bel et bien une fille.
3. La Mort est une pute.
Les choses ont un peu changé dans cette réalité : tante Pétunia est plus gentille avec moi (je crois qu'elle voulait secrètement une fille), oncle Vernon est encore piiire... si, apparemment, c'est possible. Et Dudley considère que je suis sa petite chose toute fragile à protéger, rien qu'à lui : quand il m'a appelé sœurette, ce n'était pas une insulte. Il y croit, je l'ai vu défoncer deux gamins qui se moquaient de mes vêtements quand on a visité le zoo (ça, ça n'a pas changé).
Si vous vous demandez ce qu'il s'est passé avec le serpent... j'ai hésité à le libérer puisque mon pouvoir de fourchelangue m'a été donné par Voldemort en personne et que je n'ai plus jamais envie de me taper la discussion avec des serpents. Et puis j'ai compris à quel point c'était injuste quand il a crié de douleur : ça lui fait mal que les humains s'amusent à taper sa vitre alors au diable Voldemort, j'ai parlé et la vitre a disparu.
Comme je n'avais pas encore envie de rester plusieurs semaines dans mon placard, j'ai voulu lancer un petit sortilège d'illusion pour faire croire à Vernon que la vitre était encore là mais ça n'a pas fonctionné. Il semblerait que mes capacités magiques soient réduites à mon hôte, Iris Potter qui n'a que dix ans après tout... alors j'ai fui le lieu du crime et personne n'a fait le lien entre la vitre disparu et moi.
"Tiens-toi tranquille pendant que je coupe."
Pétunia coupe les cheveux d'Iris deux fois par an, il paraît qu'il lui arrive de faire des nattes... des nattes, nan mais franchement : je ne vais tout de même pas porter des nattes ! Je me sens si ridicule, en permanence... heureusement que je porte les vieilles fringues de Duddley, c'est un repère rassurant.
"Tu peux couper plus court ?" je demande.
"Pour quoi faire ? Tes cheveux sont très bien comme ils sont, reste tranquille."
Pour quoi faire ? C'est lourd... je ne m'étais jamais posé cette question mais qui se demande combien pèsent les cheveux ? Ça vole dans tous les sens et ça m'empêche de me concentrer : je ne vois que ça surtout quand ça retombe sur mes yeux.
BANG ! BANG ! BANG !
Hein ?! Je relève la tête et les ciseaux tailladent le dessus de mon arcade sourcilière, ça saigne mais je m'en fou. Y'a quelqu'un qui est en train de défoncer la porte d'entrée avec un marteau... un GROS marteau, vu le bruit. Ou alors c'est Hagrid mais il ne devrait pas venir avant plusieurs jours.
"Iris, fais attention..."
"Laisse-moi, je peux m'occuper de mes cheveux tout seul." je grogne. "... toute seule, enfin, t'as compris : file-moi les ciseaux et vas ouvrir la porte avant qu'elle ne sorte de ses gongs."
"Mais tu saigne, je ne vais pas te laisser avec des ciseaux alors que tu pourrais te blesser."
"Ça ne t'a jamais dérangé, ça, avant."
"Je ne sais pas du tout de quoi tu fais allusion : reste tranquille, on a presque terminé. C'est mon moment préféré : les nattes !"
"Ah non, surtout pas ça !"
BANG ! BANG ! BANG !!!
Je glisse au sol pour échapper au coup de ciseaux final et je m'élance dans le couloir pour comprendre ce qu'il se passe avec la porte.
"Iris ! Reviens ici, immédiatement."
Elle m'a coupé les cheveux... j'ai pensé que ça serait moins désagréable mais ce n'est pas le cas, au contraire : à peine moins lourd et encore plus volatile. Fais chier.
BANG !
Bon, bah il semblerait que je n'ai pas besoin d'ouvrir la porte : elle se disloque devant mes yeux. C'est bien Hagrid, tout en finesse et en délicatesse (ceci est de l'ironie, bien sûr, j'adore Hagrid mais pour la discrétion on repassera)... et c'est une bonne nouvelle : je cherchais un moyen d'envoyer un hibou, ça ne sera pas utile et il va même m'accompagner sur le chemin de traverse.
"Allons-y, Hagrid." je dis, précipitamment.
"Iris Potter ?" dit-il, ému. "C... c... tu connais mon nom ?"
"Si tu savais... je suis si content que tu sois là, aujourd'hui. Je vais échapper au supplice des nattes et j'ai hâte d'aller sur le Chemin de Traverse depuis que j'ai reçu ma lettre pour Poudlard."
"Alors tu sais déjà tout sur Poudlard ?"
"Ouais, ouais, tout. J'ai juste une question, c'est très important..."
Il me regarde, confus.
"T'aurai pas un élastique ou une petite ficelle pour mes cheveux ?"
-Fin du 3ème chapitre-
...à suivre...
