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Edward, nous savons que tu es là dehors. Tu pourrais aussi bien rentrer et être sociable. Plus tu attends et plus Emmett pourrait casser.
Il roula les yeux à la faible tentative d'humour de Rosalie en s'arrêtant de courir et regardant Isabella et Jacob rentrer chez eux, lui heureux, elle réticente. Un faible grognement gronda dans la poitrine d'Edward lorsqu'il vit le loup la pousser brutalement et il secoua la tête avec incrédulité à ce son. Il venait de poser les yeux sur cette fille... femme. Il n'était pas tout à fait sûr de son âge mais quoi qu'il en soit, il n'était pas prêt à la laisser quitter sa vue.
Cette notion le rendit perplexe.. Qu'il ait trouvé une femme humaine, presque sortie de l'enfance et avec très certainement aucune éducation formelle d'un quelconque intérêt était tout simplement ahurissant pour lui. Peut-être que le bannissement lui avait un peu brouillé les idées, pensa-t-il en traînant silencieusement derrière le couple.
Edward garda ses distances par crainte que le loup ne sente sa présence. Mais il n'avait pas à s'inquiéter. Jacob était concentré sur son retour à la maison et des images de lui et d'une femme remplissaient ses pensées, certaines qui étaient particulièrement graphiques firent frémir Edward et une fois de plus lui fit regretter de pouvoir lire dans les pensées.
Soudain Jacob s'arrêta, le nez pointé en l'air.
Edward se figea sur place, se préparant à se battre s'il le fallait. Les vampires et les métamorphes, quels qu'ils soient, n'étaient pas en très bons termes, surtout ceux qui prenaient la forme de loups.
Jacob renifla l'air bruyamment.
Ecureuil, bon appétit !
Profitant de la distraction de Jacob, Bella se tourna pour jeter un dernier coup d'œil au château comme elle insistait à l'appeler. Edward put entendre les questions qui lui passaient par la tête à une vitesse vertigineuse et fut assez impressionné par elles et aussi reconnaissant pour le répit des rêveries lubriques de Jacob. Au lieu de l'attendu 'combien quelque chose avait coûté' ou 'combien d'or pouvait être caché dans sa nouvelle demeure', elle s'interrogeait sur les caractéristiques architecturales et se demandait s'il y avait une bibliothèque. Cette Isabella comme il avait entendu l'homme-loup l'appeler, n'était pas un joli visage typique.
Et elle était jolie. Il devait l'admettre. De longs cheveux bruns foncés tirés en arrière dans une simple tresse, avec un teint de pêche et de crème et des lèvres rouge vif. Sa robe en lin et coton était bien usée et un peu trop courte, atteignant à peine ses chevilles, ce qui lui indiquait qu'elle n'avait pas les moyens de la remplacer. Le corsage était bien ajusté, ce qui lui plaisait, avec quelques déchirures soigneusement réparées dans le tissu et un ruban bleu vif noué dans le dos que ses doigts avaient envie de dénouer.
Un sifflement aigu perça l'air et Isabella soupira et baissa la tête un instant, comme si elle savait que son temps d'exploration était terminé. Elle siffla rapidement en réponse et laissa Jacob la guider vers chez elle.
Edward se demanda où elle vivait et avec qui et il envisagea brièvement de la suivre.
Edward, je suis sérieuse. Viens ici maintenant. Emmett veut trouver ton salon de musique.
Avec un profond soupir, il décida qu'il valait mieux rentrer chez lui pour retrouver ses invités inattendus, si ce n'est que pour les renvoyer chez eux ou vers un autre endroit qu'ici.
A peine la porte d'entrée de la maison se referma-t-elle derrière lui que cela commença.
"Charmante maison que vous avez, Lord Masen," dit poliment la femme qui était sortie de la calèche en lui tendant une main. "Où êtes-vous Lord Cullen cette décennie ?" Elle haussa un sourcil parfait. "Duc ? Roi ? Prince ? Vieux reclus grincheux qui ne souhaite rien de plus que d'être laissé seul ? Ou est-ce un état perpétuel ?"
"Je suis heureux que tu trouves tout cela amusant, Rosalie," répondit Edward tout aussi froidement, sans accepter sa main tendue.
Son visage brillait d'un sourire radieux alors qu'elle se détournait pour admirer son environnement. Si le regard d'Edward la dérangea, elle fit comme si de rien n'était.
"Incroyable ce qu'on peut faire quand on a du temps devant soi, avec ton bannissement de Volterra et tout ça," continua-t-elle, en faisant mine d'inspecter le vestibule.
La robe richement brodée de Rosalie chuchotait sur le sol alors que ses hanches se balançaient d'avant en arrière à chaque pas déterminé. Ses cheveux blonds ramenés en arrière dans un chignon élaboré brillaient dans la lumière qui filtrait à travers les fenêtres. Elle s'arrêta un moment pour regarder la petite sculpture d'un cygne en ébène avant de se tourner vers Edward et de continuer son exploration.
"Fallait-il vraiment que tu tues Marcus sur la place publique ? Je veux dire, vraiment. Oui, c'était un moulin à paroles grossier et prétentieux et je suis sûre qu'il le méritait mais pendant le festival... avec toute la ville autour ? Même ça, c'est un peu extrême. Tu as de la chance qu'ils ne t'aient pas tué en représailles, même après que les souvenirs des habitants aient été modifiés. Carlisle a dû être très convaincant."
Marcus l'avait mérité, pensa Edward. Il avait essayé de s'immiscer dans les bonnes grâces d'Aro et de Caius une fois de trop et ils étaient assez superficiels pour se délecter de l'attention et de la flatterie. Il fallait que cela cesse et Edward y avait veillé.
"Ils m'ont juste envoyé au milieu de ce putain de nulle part avec l'ordre de de me repentir." Il agita la main en direction de la vue extérieure, détestant se retrouver à la campagne.
La ville manquait à Edward, avec la variété de proies et de plaisirs à sa portée ainsi que le divertissement disponible sans fin, à tout moment. Il se demanda s'il envoyait chercher Tanya, viendrait-elle ou était-elle occupée à baiser son remplaçant au sein de la Garde. Non pas qu'ils avaient autre chose qu'une relation physique mais quelle relation satisfaisante ça avait été.
Ce petit coin perdu de l'enfer était le silence après des décennies de musique et il était certain qu'il allait devenir fou avant d'être de nouveau de retour dans les bonnes grâces des Volturi. Et maintenant, il semblait que toute sa" famille" allait lui tomber dessus afin de l'aider dans sa repentance.
N'était-ce pas plaisant ?
"Eh bien, nous sommes ici pour faciliter la transition, cher frère," dit Emmett avec un énorme sourire et une claque dans le dos.
"Quelle chance j'ai ! Eh bien, vous pouvez retourner là où vous étiez et rapporter à Caius et Aro que je suis bien sur la voie de la rédemption."
"Oh, nous ne sommes pas ici pour le bien des Volturi," dit Rosalie par-dessus son épaule.
"Alors pour qui ?"
"Carlisle et Esmée nous ont demandé d'être ici," dit Emmett avec un sourire.
Edward se crispa à l'idée que son créateur, celui avec qui il avait passé les cinquante premières années de son existence de vampire et qu'il avait un jour considéré comme son père, avait arrangé cela. Et Esmée. La femme qui l'avait traité comme un fils et qui prétendait l'aimer même s'il savait qu'elle n'aurait jamais approuvé la direction que sa vie avait prise.
"Un peu de cette maison, un peu de celle-là," observe Rosalie, en faisant un tour complet du logis. "Presque un hommage à tous les endroits où nous avons vécu en famille. Esmée sera ravie."
Edward se mordit la langue, ne souhaitant pas argumenter car cela ne ferait que prolonger leur séjour. Toute ressemblance architecturale familière avec des résidences antérieures était purement fortuite. C'est du moins ce qu'il se disait.
"Combien de temps allez-vous rester ? Ou plutôt, quand allez-vous partir ?"
"Est-ce une façon d'accueillir ta famille ?" demanda Emmett sur un ton taquin, les fossettes apparaissant sur ses joues.
"Juste ceux qui emménagent de manière inattendue, Emmett. Comment devrais-je réagir ? Et oui, vos meubles sont arrivés hier, et non, je ne les ai pas déballés. Ils sont toujours dans leurs caisses sur un chariot, attendant votre départ."
"On s'est dit qu'Alice te le dirait puisqu'elle sait tout, voit tout et dit tout." Emmett remua les doigts comme s'il jetait un sort, un sourire diabolique sur le visage, ce qu'il lui vaut une raillerie dégoûtée de la part d'Edward.
"Pour cela, il faudrait qu'il soit là pour écouter," dit Alice en descendant les escaliers d'une démarche légère et sautillante. "Il est soit en train de nous envoyer chercher ceci ou cela ou autre chose, soit en train de bouder dans le grenier. C'est bon de vous voir tous les deux."
"Tu étais au courant de ça ? "
Alice sourit avec joie et acquiesça tandis qu'Edward faisait encore plus la moue, grommelant des mots choisis dans sa barbe.
"Ou est-ce cette charmante petite chose et le loup qui étaient sur la colline qui t'ont fait oublier tes manières ?" demanda Rose après avoir donné un câlin à sa sœur.
Edward ravala le juron qui menaçait de s'échapper de ses lèvres. Il avait espéré que ses "frères et sœurs" n'avaient pas vu Jacob et Isabella.
"Tu oublies qu'Edward n'a jamais eu de manières, ma chère," taquina Emmett. "Le fait d'être dans la Garde a fait disparaître tout souvenir de son humanité, quels que soient les efforts de Carlisle et Esmée."
"As-tu fini d'énumérer mes nombreuses fautes ?" demanda Edward d'un air hargneux.
"Probablement pas mais nous sommes ici pour longtemps."
Emmett gloussa devant le roulement de yeux qu'il reçut. Il aimait tellement taquiner son jeune "frère," et il fut un temps, pas si lointain, où la relation était mutuelle.
"Quelle charmante petite chose ?" demanda Alice, regardant par la fenêtre comme si elle pouvait voir de quoi ils parlaient.
"Une fille curieuse qui voulait voir le château," marmonna Edward, en levant les mains en signe de frustration et en se dirigeant vers la bibliothèque. "Elle et son compagnon métamorphe étaient dehors et vous ont vu arriver tous les deux."
"Le château ? Quel château ?" Emmett demanda à qui voulait l'entendre en suivant Edward.
"Cette maison," expliqua Alice. "C'est la plus grande chose du coin, alors les autres pensent sûrement que c'est un château." Je lui ai dit d'être un peu plus subtil mais il n'a pas écouté. Non pas qu'il le fasse parfois."
Après des années dans l'enceinte des Volturi, il était difficile d'imaginer être à l'étroit dans une maison de taille normale, même si ce n'était que de la poudre aux yeux. Edward avait rassemblé de nombreuses belles acquisitions au cours de ses cent ans d'existence et il n'était pas prêt à les confier à qui que ce soit à Volterra avant son retour.
Et il était certain qu'il reviendrait. Aro avait besoin de ses talents et ce ne serait qu'une question de temps avant qu'ils ne le rappellent là où il méritait d'être.
"Et d'autres seront tout aussi curieux que ton visiteur à fourrure et son amie," fit une autre voix de la raison depuis le palier du deuxième étage.
Emmett, Rose et Alice se tournèrent vers les escaliers alors qu'un homme blond et longiligne descendait lentement.
"Jasper ! C'est bon de te voir !" déclara Emmett avec un sourire.
Il hocha la tête en signe de réponse avant de faire signe vers la bibliothèque où Edward était vautré sur une chaise à haut dossier, fixant un nœud particulièrement intéressant dans le plancher en bois.
"Ce que je trouve le plus intéressant, c'est que notre frère ici présent n'a pas argumenté sur le fait que l'espionne était une jolie petite chose..." fit observer Jasper.
"Ce n'est pas une espionne," murmura Edward. "Elle était juste curieuse de voir un nouveau bâtiment. Maintenant qu'elle l'a vu, elle ne reviendra pas."
Edward n'y croyait pas le moins du monde mais il espérait que sa nonchalance convaincrait les autres de ne pas y prêter plus attention.
"Vraiment ?" gloussa Emmett, avant de bondir dans la pièce. Il était tout excité à l'idée qu'Edward s'intéresse à quelqu'un d'autre que lui. "Alors, à quel point est-elle jolie, Edward ?"
"Je l'ai à peine vue..." répondit-il, en murmurant alors que le visage d'Isabella envahissait sa mémoire.
"Menteur !" Alice poussa un cri avant de grogner et de jeter un regard furieux à Edward, qui avait rapidement changé ses pensées de la jeune fille à l'ameublement de la troisième chambre.
Elle cligna plusieurs fois des yeux avant qu'ils ne se concentrent sur un point très, très lointain.
"Ça ne se démode jamais," dit Emmett en se laissant tomber sur un divan en velours rouge avec juste assez de grâce pour que le bois craque mais ne se brise pas. "Alors, que vois-tu, Alice ?"
Alice resta silencieuse pendant quelques minutes, les sourcils froncés, attendant que la suite de la vision se déroule dans son esprit. Aussi soudainement qu'elle a commencé, elle se termina et elle tapa dans ses mains avec enthousiasme.
"Dans quelles pièces veux-tu les mettre, Edward ?" demanda-t-elle avec un sourire. "Ils ont besoin de s'installer avant que tu ailles voir Carlisle demain."
"Je ne vais pas voir Carlisle demain," dit Edward avec insistance, en fixant la cheminée vide.
"Tu le feras si tu veux voir ton Isabella."
