Bonne lecture !

blodi52 : merci pour ta review :-)

Chapitre 3 : Dismay (Kate)

« Tu as sûr que ça ne dérangera personne ? Après ce qui s'est passé aujourd'hui je pense qu'Alexis préférerait être en famille. Ils étaient arrivés à destination et Kate et Castle venaient de sortir de voiture devant l'immeuble de son partenaire.

— Ma mère t'a invité Kate. Je suis certain qu'elle a demandé son avis à Alexis avant de m'écrire. Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. »

Kate acquiesça, mais intérieurement elle ne se sentait pas plus rassurée pour autant. Malgré l'assurance de Castle, Kate était certaine qu'Alexis aurait préféré de loin passer cette soirée avec son père et sa grand-mère sans élément extérieur. Déjà qu'elle avait monopolisé Castle tout l'après-midi, maintenant elle s'incrustait même dans leurs moments en famille. Elle fit taire ses appréhensions et suivit son partenaire. À l'instant où son partenaire ouvrit la porte de son foyer, Martha s'approcha d'eux pour les accueillir.

« Katherine chérie, délicieuse créature, vous êtes venue. »

Avant que Kate puisse réagir, Martha l'entraîna dans une étreinte énergique au point de faire la faire tourner sur elle-même. Il était rare que la jeune femme accepte ce type de débordement d'affection, mais elle ne pouvait rien refuser à la mère de Castle. Son partenaire les regardait en souriant. Quand sa mère la relâcha, il demanda où était sa fille et partit la rejoindre alors que Martha emmenait Kate pour lui servir un verre de vin.

Ce qui était certain c'est que l'actrice s'était surpassée. La lieutenante ne manqua pas d'exprimer son admiration face au festin qui se dressait sur la table. Castle lui avait dit plusieurs fois qu'il y avait toujours un risque à laisser sa mère cuisiner, mais si Kate devait en juger par ce qu'elle voyait tout avait l'air succulent.

Alors que Martha s'occupait du vin, Kate fit son possible pour ne pas laisser son regard dérivé trop souvent vers le bureau ou son partenaire avait disparu. À en juger par le regard entendu de Martha, l'actrice n'était pas dupe.

« Il n'arrêtait pas de dire que vous alliez nous sortir de là, vous savez. Il avait une totale confiance en vous. Et il avait raison. Merci de nous avoir sauvés. Martha accompagna ses paroles en prenant les mains de Kate dans les siennes.

— Il n'y a pas à me remercier Martha, je n'ai pas fait grand-chose. Grimaça Kate. Elle ne méritait pas les louanges de Martha ni la foi aveugle de Castle. Elle n'avait rien fait à part se ronger les sangs.

— Ne vous sous-estimez pas très chère. Acceptez les remerciements et mettez un sourire sur ce beau visage. Ce soir nous fêtons la vie ! »

Elle tendit ensuite un verre à Kate avant de trinquer avec elle. La jeune femme laissa ses angoisses de côté et décida de suivre les conseils de l'actrice. Lorsqu'elle aperçut Castle et Alexis ressortirent du bureau, Martha lui tendit un second verre de vin avant de la pousser dans leur direction en souriant. Kate avança d'un pas mesuré, ne sachant pas trop comment se comporter devant la fille de Castle.

Martha décida pour elle en appelant Alexis à venir la rejoindre dans la cuisine pour l'aider. Celle-ci se détacha de son père et après un regard énigmatique dans sa direction, les laissa seuls.

Son regard trouva celui de Rick qui la regardait avec chaleur et Kate se sentit sourire. Elle lui tendit son verre de vin sans détacher ses yeux des siens. Elle était tellement heureuse qu'il soit sain et sauf. Elle ne l'avait pas quitté depuis qu'ils étaient tous sortis de la banque et il était évident qu'il allait bien physiquement parlant. Cela ne l'empêchait pas de continuer à croire qu'il risquait de disparaître. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'ils se retrouvaient dans une situation dangereuse. Mais les autres fois ils étaient ensemble. Cette fois-ci Kate s'était retrouvée à devoir attendre, l'angoisse grimpant à chaque minute qui passait.

Pour la première fois depuis sa blessure, Kate commença à comprendre pourquoi son partenaire était autant en colère devant la librairie. La prise d'otage n'avait duré que quelques heures, mais cela avait suffi pour la paralysée de terreur. Rick avait quant à lui du vivre avec ce sentiment durant trois longs mois. Trois mois où elle l'avait laissé dans l'ignorance totale quant à sa convalescence. Kate savait qu'elle avait un long travail devant elle pour se racheter. Certes, l'éloignement lui avait été nécessaire, mais elle aurait pu s'y prendre autrement et au moins faire en sorte qu'il ne s'inquiète pas pour elle.

« Merci de nous avoir sauvés.

— C'est ce que font les partenaires. Kate s'apprêtait à boire une gorgée de son vin quand Castle poursuivit.

— Oui enfin certains plus que d'autres.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Cela veut dire chère détective, que tu as sauvé ma vie huit fois alors que j'ai sauvé la tienne neuf fois. Le petit sourire qui accompagna sa remarque agaça Kate au plus haut point. Il fallait toujours qu'il ait le dernier mot.

— Alors déjà je n'en reviens pas que tu tiennes ce genre de comptes. Et puis neuf fois ? Il n'y a pas moyen que tu aies sauvé ma vie plus que je n'ai sauvé la tienne. »

Rick se mit alors à énumérer toutes les occasions ou leur vie avait été en danger. Certaines remémorations la firent sourire alors que d'autres ramenaient à la surface de très mauvais souvenirs. Quant à la fois où il était entré dans son appartement, elle aurait préféré qu'il s'abstienne de dire aussi ouvertement qu'elle était nue.

En tous les cas plus il parlait et moins Kate était en colère. Elle s'en fichait finalement de savoir qui était en tête de classement. Tout ce qui lui importait était qu'il soit encore là pour la charrier. Un Castle à l'ego surdimensionné était mieux que pas de Castle du tout.

À mesure que le repas avançait, Kate sentit la tension quitter peu à peu son corps. Elle ne pouvait s'empêcher de regarder régulièrement vers l'écrivain, mais cela était plus dû au fait qu'elle appréciait sa compagnie que par peur qu'il ne soit qu'un mirage. Le verre de vin et le succulent repas l'aidaient également à se sentir plus sereine.

La jeune femme était toute autant rassurée de constater que sa présence ne semblait pas déranger Alexis. Au contraire, l'adolescente faisait manifestement des efforts. Elle incluait Kate dans la conversation et son regard semblait dépourvu de la froideur qu'elle y avait lu le matin même. À bien y réfléchir, Kate avait même l'impression d'être à l'étude. Alexis portait parfois un regard sur elle qui ressemblait fortement à celui de son père quand il essayait de la percer à jour. Elle se demandait si cela serait positif pour elle ou non.

Kate travaillait dur avec son psy afin de pouvoir avancer dans sa vie et donner une chance à une relation future avec Rick. Mais tout cela ne servirait à rien si Alexis ne lui faisait pas confiance. Quels que soient les sentiments de Kate envers son partenaire, l'approbation de sa fille serait essentielle. Rick était adulte, il avait donc le droit de choisir avec qui il voulait être, mais Kate ne voulait pas non plus aller contre les besoins d'Alexis. Ils avaient une relation à part et si l'adolescente refusait que son père et elles se mettent ensemble, Kate ne pourrait pas vraiment l'en blâmer.

C'est ce qu'elle avait tenté d'expliquer à son psy quelques jours auparavant. Burke lui avait demandé ce qui la retenait dans le fait d'être honnête avec son partenaire sur ses souvenirs. Elle lui avait dit qu'elle ne pouvait pas être avec lui tant qu'elle n'aurait pas résolu l'enquête de sa mère. Qu'il lui était impossible de construire quelque chose sans ça. Burke s'était contenté de la fixer durant un petit moment avant de lui demander quelle était la véritable raison de sa peur de s'engager avec lui. Kate avait gardé le silence, refusant de dire à haute voix ce qui la rongeait. Burke avait attendu patiemment sans rien dire et Kate avait fini par céder.

« Il n'y a pas que Castle dans cette histoire. Il a une fille, Alexis. Elle a 17 ans et ils ont été tous les deux la majorité de sa vie. Elle est tout pour lui et avec sa grand-mère, il est tout pour elle.

— Vous pensez qu'Alexis serait contre cette relation ?

— Elle aurait toutes les raisons de l'être. Quand on m'a… quand on m'a tiré dessus, il m'a taclé au sol. Il était prêt à prendre cette balle à ma place. Et en retour je lui ai menti et j'ai disparu durant toute ma convalescence. Qui voudrait de quelqu'un comme moi pour son père ?

— Kate, personne ne peut vous reprocher d'avoir voulu prendre du recul. Vous n'auriez peut-être pas dû couper tout contact avec vos proches, mais chacun réagit à sa manière à la suite d'un traumatisme important.

Il lui laissa quelques instants pour s'imprégner de ses paroles. — Maintenant, dites-moi qu'elles étaient vos relations avant la fusillade ? A-t-elle jamais manifesté de l'hostilité en votre présence et celle de son père ?

— Bonnes. On n'était pas très proche, mais elle avait l'air de m'apprécier. Elle n'a pas eu l'air d'être dérangée quand je suis resté au loft après que mon appartement ait brûlé.

— Son attitude a-t-elle changé depuis ?

— J'ai eu l'occasion de la croiser quelques fois depuis mon retour. J'ai l'impression qu'elle voit d'un mauvais œil le fait que Castle ait accepté de revenir au poste, expliqua Kate d'une voix hésitante.

Burke avait ensuite essayé de lui faire comprendre que le comportement d'Alexis n'était certainement qu'une réaction liée à la peur de perdre son père. Après tout, elle était présente le jour de l'enterrement. Il lui avait conseillé de ne pas le prendre personnellement et avait émis l'hypothèse qu'elle devrait en parler avec son partenaire. Devant son regard apeuré, il avait ajouté qu'elle n'avait pas besoin de parler de sa déclaration si elle n'y était pas prête, mais que cela ne l'empêchait pas d'aborder les conséquences de sa blessure auprès de ses proches.

Kate savait que Burke essayait juste de l'aider. Elle lui en était reconnaissante. Seulement elle craignait ce que pourrait lui dire son partenaire. Si elle abordait le sujet d'Alexis avec lui, il y avait fort à parier qu'il essayerait d'aborder une nouvelle fois la question de ses souvenirs. Sans compter qu'il voudrait savoir pourquoi Kate tenait tant à savoir ce qu'Alexis pensait d'elle. Cela amènerait une conversation qu'elle n'était pas prête à avoir. Comment pourrait-elle lui expliquer qu'une relation avec lui serait impossible si sa fille la détestait ? Comment lui expliquer qu'elle voulait attendre avant de se lancer avec lui ?

Son partenaire était un homme optimiste. Il lui dirait qu'ensemble ils pourraient tout affronter, qu'il serait là pour la soutenir et l'aider à aller mieux. Mais Kate ne voulait pas commencer une relation sur des bases bancales. Elle ne voulait pas que Rick devienne sa béquille émotionnelle. Elle avait besoin de faire le travail elle-même. Si Kate se lançait trop tôt et qu'ensuite tout dérapait entre eux parce qu'elle n'était pas assez forte, elle s'en voudrait toute sa vie. Il méritait beaucoup mieux que ce qu'elle avait à offrir. Alexis également. Quand bien même l'adolescente partirait à l'université d'ici à quelques mois, cela ne signifierait pas qu'elle ne ferait plus partie de l'équation. Il y avait plus dans cette relation que Rick et elle-même. En entamant quelque chose avec lui, elle ferait partie d'une famille à part entière. Une famille qui avait ses habitudes. Kate ne pouvait pas perturber leur dynamique tant qu'elle n'était pas certaine de pouvoir accepter les implications. Même si la situation d'aujourd'hui lui avait fait réaliser qu'elle aurait pu le perdre avant même que leur histoire ne commence elle ne voulait pas brûler les étapes. Une petite voix dans sa tête, ressemblant étrangement à celle de sa meilleure amie, n'arrêtait pourtant pas de lui dire que la vie était courte et qu'il fallait en profiter avant qu'il ne soit trop tard.

La question était de savoir si elle pouvait et voulait réellement risquer de tout faire foirer sur le long terme uniquement à cause de ce qu'il s'était passé aujourd'hui. Kate soupira intérieurement. Elle aurait tant voulu que tout soit plus simple. Qu'elle soit plus simple. Être avec l'homme qu'elle aimait ne devrait pas être aussi dur.

« Kate ? »

La jeune femme reprit brutalement conscience de ce qui l'entourait quand Rick posa sa main sur son épaule en l'appelant. Prise dans le tourbillon de ses pensées elle avait perdu le fil de la conversation. Elle regarda son partenaire et lut de l'inquiétude dans son regard. Elle le rassura d'un sourire avant de se concentrer à nouveau sur ce que disait Martha. Il fallait qu'elle fasse plus attention. La dernière chose dont Kate avait besoin ce soir était que son partenaire se rende compte de ce qui lui traversait l'esprit. Il était déjà assez dur de devoir faire comme si de rien n'était chaque jour. Comme s'il n'y avait pas sa déclaration qui lui venait à l'esprit dès qu'elle croisait ses yeux. Comme s'il n'y avait pas son mensonge sur ses souvenirs. Combien de fois avait-elle voulu tout lui avouer, mais la peur prenait le dessus à chaque fois. Cela n'empêchait pas Kate de sentir le poids de celui-ci sur ses épaules. Tout comme elle avait conscience que plus le temps passait plus Rick serait en colère en apprenant la vérité.

Malgré les protestations de Rick, Kate mit un point d'honneur à aider à débarrasser à la fin du repas. Avec tout le travail de Martha pour préparer ce festin, le moins que la lieutenante puisse faire était de participer pour tout nettoyer. Elle entendit son partenaire maugréer qu'elle ne lui laissait jamais avoir le dernier mot. Kate sourit et lui répondit du tac au tac qu'il aurait dû choisir de suivre quelqu'un d'autre pour ses livres s'il voulait avoir le dernier mot. Alors qu'ils partaient dans un de leurs échanges de piques affectueuses dont ils avaient le secret, Kate vit du coin de l'œil qu'Alexis souriait aussi.

« Vous êtes sûr d'être des adultes ? » demanda l'adolescente alors que Rick lui tirait la langue tout en passant à Kate les plats lavés pour qu'elle les essuie. Kate se sentit rougir. Il n'y avait que lui qui pouvait la faire se sentir aussi libre et insouciante, au point d'oublier qu'elle avait plus de 30 ans et non pas 12. Pour toute réponse, Rick se tourna vers sa fille pour lui tirer la langue à elle aussi avant de reprendre ce qu'il faisait comme si de rien n'était.

« Je crois que ton père est resté perdu dans l'enfance. Ce n'est pas faute d'essayer de le faire grandir.

— On sait tous Kate que tu apprécies cette facette de ma personnalité. C'est toi-même qui m'as dit que ma présence rendait ton travail plus facile. Il la regardait avec un sourire en coin, fier de lui.

— Ça ne veut pas dire que je n'aimerais pas que tu écoutes un peu plus ce qu'on te dit, rétorqua‑t‑elle.

— Oh croyez-moi lieutenant Beckett il était pire avant votre rencontre. » Renchéris la jeune fille.

Rick fit semblant d'être blessé, mais Kate n'était pas dupe. Son partenaire continuait de sourire et entoura sa fille de son bras quand elle referma la porte du frigo après y avoir rangé les derniers restes.

« Merci, Martha et Alexis pour ce merveilleux repas. Je n'avais pas aussi bien mangé depuis longtemps.

— Vous n'allez quand même pas déjà partir ma chère. Il n'est que vingt et une heures, argua la matriarche.

— La journée a été longue… essaya d'expliquer la jeune femme avant d'être coupée dans son élan. — Restez. L'interruption venait d'Alexis et Kate la regarda avec étonnement. — Je veux dire, vous n'êtes pas obligée bien sûr…mais avec papa on va regarder un film et vous pourriez le regarder avec nous. »

Alexis semblait mal à l'aise et si Kate lisait correctement entre les lignes, la proposition de la jeune fille ressemblait beaucoup à un gage de paix. Kate n'hésita pas longtemps. Elle était heureuse de pouvoir rester un peu plus longtemps. Si elle était honnête avec elle-même, la lieutenante n'avait aucune envie de se retrouver seule chez elle. Il y avait de fortes chances pour que sa nuit soit agitée et si elle pouvait éloigner les cauchemars encore un peu, autant en profiter. De toute manière, elle ne pouvait pas dire non à la cadette Castle. Pas alors que celle-ci avait fait des efforts tout le long du repas. Sans oublier que Rick voulait également la voir rester. Il n'avait pas besoin de l'exprimer en mot, ses yeux disaient tout.

« Ce sera avec plaisir Alexis. » L'adolescente lui fit un sourire timide avant de partir vers le bureau de son père. Kate savait de son séjour avec eux il y a deux ans qu'ils disposaient d'une collection de films non négligeable. Il ne restait plus qu'à installer tout ce qu'il fallait dans la partie séjour. Cette fois-ci, son partenaire insista pour qu'elle ne bouge pas et se détende aussi Kate s'installa sur le canapé alors que Martha prenait place dans un des fauteuils.

« Je sais que vous pensez ne pas avoir votre place ici Katherine, mais c'est faux. Kate, qui faisait tourner son verre de vin entre ses mains, s'arrêta pour regarder l'actrice.

— Je ne veux pas qu'Alexis se sente mal à l'aise parce que je suis présente. Je monopolise déjà assez son père, répondit-elle en tendant l'oreille vers le bureau ou père et fille semblaient eux aussi discuter bien qu'elle ne puisse entendre ce qu'ils disaient.

— Ne dites pas de bêtises. Souvenez-vous que c'est mon fils qui a insisté pour vous suivre. Alexis est suffisamment âgée pour partager son père, vous savez. De toute manière, vous ne vous mettez pas en travers de leur relation ne vous inquiétez pas. Vous êtes bonne pour mon fils. Ainsi que pour ma petite fille même si elle ne s'en rend plus compte pour le moment. »

Le retour de son partenaire et d'Alexis empêcha Kate de répondre. Non pas qu'elle aurait su quoi répondre à ce que Martha venait de lui dire. L'actrice semblait sincère, pourtant Kate avait du mal à y croire. Elle n'avait pas l'impression d'être bonne pour son partenaire. Sans elle dans sa vie, il ne risquerait pas sa vie. Sans elle dans sa vie, Alexis n'aurait pas à avoir peur pour lui. Elle avait apporté le chaos et la mort dans son sillage. C'est lui qui était bon pour elle. Lui qui rendait son travail plus facile, lui qui l'obligeait à sortir de ses retranchements. Lui qui lui avait donné envie de plus dans sa vie. Plus de rire, plus de joie, plus de tout. Il lui donnait la force de casser le mur qui l'avait maintenue en sécurité pendant tant d'années. Elle ne pourrait jamais égaliser tout ce qu'il lui avait apporté.

Castle père et fille firent leur retour. Rick s'occupa du DVD pendant qu'Alexis prenait place sur le canapé. Elle s'installa à l'opposée de Kate. Dès que tout fut prêt, son partenaire les rejoignit et prit place entre elles. Du coin de l'œil la jeune femme vit Rick passer un bras autour des épaules de sa fille qui posa sa tête sur le haut de son torse. Kate enviait parfois la facilité avec laquelle ils initiaient des gestes tendres les uns envers les autres. Son père et elle se serraient dans les bras quand ils se voyaient, mais il y avait bien longtemps que quelqu'un l'avait tenue ainsi après une dure journée. De manière imperceptible elle se rapprocha un tout petit peu de son partenaire. Pas suffisamment pour qu'il s'en rende compte, mais assez pour qu'il lui suffise d'un geste pour prendre la main qui reposait sur sa cuisse.

La première heure du film passa, entrecoupée des rires de Rick et Alexis et plus occasionnellement des siens. Ce n'est qu'ensuite que la fatigue nerveuse de la journée commença à la rattraper. Avant qu'elle ne puisse véritablement comprendre ce qu'elle faisait, le peu d'espace entre elle et Rick disparut et sa tête se posa sur son épaule. Son partenaire bougea et Kate se redressa immédiatement en pensant qu'elle le gênait. Il lui sourit et se contenta de déplacer son bras avant de l'inciter du regard à reprendre sa position. Les joues légèrement rosées, Kate reposa sa tête dans le creux de son épaule et sentit Rick l'entourer de son bras. En dehors des mouvements circulaires des doigts de l'écrivain sur le haut de son bras aucun d'eux ne bougea du reste du film.

Lorsque le générique de fin s'afficha à l'écran, Kate eut beaucoup de mal à se convaincre de bouger. Elle se sentait au bord de l'endormissement et particulièrement bien installée avec le corps de Rick comme support. Seulement elle ne pouvait pas rester éternellement ainsi. Kate releva la tête afin de laisser son partenaire récupérer l'usage de son corps. De l'autre côté, Alexis était déjà debout et regardait dans sa direction. Kate se sentit gênée par le regard scrutateur de l'adolescente.

« Les enfants, moi je monte me coucher. Mon lit est en train de m'appeler. Bonne nuit mes chéris. »

Martha se leva, fit une bise à sa petite-fille et son fils avant de se pencher sur Kate pour faire de même. Kate cacha son étonnement en lui souhaitant bonne nuit à son tour. Martha avait toujours traité Kate avec chaleur, mais elle était rarement aussi démonstrative. Kate se surprit à aimer l'attention. Elle laissait d'ordinaire peu de gens avoir de tels gestes envers elle, mais avec Martha c'était différent. C'était agréable d'être maternée de temps en temps même si l'actrice n'était pas sa mère.

« Je vais faire pareil, déclara Alexis tout en serrant son père dans ses bras. — Bonne nuit papa. Elle se sépara de lui et s'approcha de Kate qui attendit de savoir ce qui allait se passer. — Bonne nuit lieutenant Beckett et merci encore de me les avoir ramenés. Hésitante, l'adolescente lui fit une rapide accolade auquel Kate répondit maladroitement.

— Bonne nuit Alexis, lui murmura Kate avant que la jeune fille ne s'écarte d'elle. Alexis disparut rapidement dans l'escalier, les laissant seuls.

— Bon et bien je vais rentrer. Merci encore pour cette soirée Castle. Et...je suis vraiment contente que Martha et toi soyez sains et saufs. La fin de sa phrase s'acheva dans un murmure. Elle ne voulait pas que son partenaire puisse percevoir à quel point elle avait eu peur de les perdre aujourd'hui.

— La prochaine fois, rappelle-moi de te demander de m'accompagner. J'aime autant mieux affronter la mort avec toi.

— Et moi j'aime autant mieux que tu n'affrontes plus la mort du tout Castle. Sous ma surveillance ou non. Cette fois-ci Kate releva la tête pour affronter son regard.

— On s'en est toujours sorti jusqu'à présent. Kate voyait ce qu'il essayait de faire, mais les images de la banque revenaient la hanter et avec elle la peur de l'avoir perdu pour toujours. — Il suffit d'une seconde Castle. Une seconde pour que tout s'arrête. Par automatisme, sa main se porta à sa poitrine. Les yeux de Castle suivirent le mouvement de sa main et sa mine s'assombrit. — Crois-moi je le sais Kate. »

Le silence prit place entre eux, l'air devenant plus lourd, presque suffocant. Il fallait qu'elle s'éloigne si elle ne voulait pas gâcher encore plus les choses. Ça n'avait jamais été son intention de donner une tournure aussi sombre à leur conversation. Kate laissa retomber sa main et commença à se diriger vers la table pour y récupérer son manteau. Quand elle l'eut en main, elle avança vers la porte d'entrée. Rick n'avait toujours pas bougé de là où il était.

« Tu pourrais rester ? La question la prit au dépourvu.

— Castle, je doute que ce soit une bonne idée.

— Pourquoi ? Ce ne serait pas la première fois que tu restes ici pour la nuit.

— Les circonstances étaient différentes, rappela Kate. — Mon appartement venait de brûler. Et puis pense à Alexis. Elle apprécierait de pouvoir passer du temps avec toi sans que je ne rôde autour.

— Tu ne rodes pas autour de nous. Et puis c'est moi qui te le propose.

— Rick...tu sais très bien que les choses ont changé depuis ma blessure. Alexis commence à peine à accepter que tu me suives à nouveau...inutile d'en rajouter en m'imposant ici.

— Allez, s'il te plait ? Il est tard et je vois bien que tu es épuisée. Tu as vraiment envie de traverser la ville à cette heure-ci ? Il accompagna ses paroles d'un regard suppliant. Kate sentit ses défenses faiblir. Il continua de la fixer de ses yeux implorant jusqu'à ce que Kate cède.

— Bon très bien. Mais ce sera à toi d'expliquer la raison de ma présence demain matin à ta fille. »