Petit chapitre de transition entre l'année 2019 et le passé.
-Mademoiselle ? Est-ce que vous m'entendez ?
Je sentis qu'on me secouait l'épaule, j'étais fatiguée. Ce qui m'étonnait, c'est que je ne ressentais plus du tout la douleur de quand j'étais dans le parc. Depuis combien de temps étais-je inconsciente ?
J'ouvris difficilement les yeux et grognai à cause de la lumière du jour qui était beaucoup trop forte. L'homme qui me parlait me redressa doucement et me mit en position assise. Une fois que mes yeux ont enfin pu s'habituer à la lumière du jour, je pus voir celui qui m'aidait.
C'était un homme assez âgé, barbe et moustache grisonnantes. Il portait un fez rouge sur la tête et il me regardait avec des yeux inquiets.
-Est-ce que vous allez bien ?
-Je crois que oui. Soufflais-je.
-Vous êtes blessée. Constata-t-il. Vous avez besoin de soin.
-J'ai connu pire, croyez moi. Mais la douleur est supportable.
-Je ne peux pas vous laissez seule dans cet état, venez à l'intérieur.
Il m'aida à me relever en me tenant le bras. Une fois debout, je regardais où je me trouvais. J'étais dans un espèce de petit jardin, entouré de grandes palissades blanches. Il y avait aussi de grands pylônes où un feu se trouvait sur le haut.
Tournant sur moi-même à 360 degrés, je fis quelque chose qui me figea sur place. Au loin, je vis les trois grandes Pyramides d'Egypte, celle de Khéops, de Khéphren et de Mykérinos.
Ce n'est pas possible. Je suis en train de rêver, je vois des monuments historiques qui se trouvent à Gizeh.
-Mademoiselle ? Allez-vous bien ?
-Pour être honnête avec vous, je n'en suis pas sûr.
Doucement, il me conduisit à l'intérieur d'un bâtiment. Pour moi c'était un musée, vu ce que je voyais à l'intérieur. L'homme m'amena jusqu'à son bureau et me fit m'assoir sur une chaise. Il me demanda de ne pas bouger et alla dans la pièce d'à côté. J'examinais ce que je pouvais voir dans la pièce. Il y avait plein d'étagères remplies de livres et des objets Egyptiens mis en valeur un peu partout.
Un journal sur son bureau capta mon attention. Il était nommé : « Journal du Caire ». Je le pris doucement dans mes mains. C'était étonnant que j'arrivais à comprendre ce qui était écrit, avec mes études, je connaissais l'anglais, le latin et j'étais en apprentissage du grec ancien et de l'ancien Egyptien. Hors, ce journal était écrit en arabe.
-Attends, c'est quoi cette merde ?
La date…elle était au 25 novembre 1925.
-1925 ?
Je n'arrivais pas à y croire, quand je me suis réveillée ce matin, on était le 20 avril 2018. C'est quoi ce bordel ? J'ai remonté le temps de 93 ans !
-Allez-vous bien Mademoiselle ?
L'homme était de retour avec un plateau en argent dans les mains où se trouvaient une théière et trois tasses. Il se rapprocha de moi et posa le plateau sur son bureau.
-Désolé, mais de quand date ce journal ? Demandais-je en montrant ma trouvaille.
-Je ne comprends pas ? Il date d'aujourd'hui, la date est notée dessus.
Soufflant et choquée, je mis ma tête dans mes mains, coudes sur mes genoux. Comment je m'étais retrouvé dans ce merdier ? Je ne sais pas ce qu'il s'est passé après avoir touché ce babouin.
L'homme me toucha de nouveau l'épaule.
-Mademoiselle ? Que se passe-t-il ?
-Vous allez me prendre pour une folle si je vous disais ce qu'il m'arrive.
Il prit la théière dans ces mains et versa du thé dans les deux tasses. Une odeur de fleurs se fit sentir.
-Tenez, vous allez boire ceci, ça vous fera du bien.
-Qu'est-ce-que c'est ?
-On appelle ça du Karkadeh, c'est un thé à base de fleur d'hibiscus. Dites moi si vous voulez du sucre avec.
Il me donna une tasse qui me réchauffait les mains, je ne m'étais pas rendu compte que je tremblais.
-Buvez tant que c'est chaud.
Lui souriant légèrement, je portais la tasse à mes lèvres et prit une gorgée. Je n'étais pas fan de thé mais la gorgée que je bus était un pur délice. Il y avait pas besoin de rajouter du sucre. Il était parfait.
L'homme bu lui aussi une tasse de thé et s'installa à côté de moi. Il examina mon visage, enfin, mes blessures.
-Qui vous a fait ça mademoiselle ? Qui vous a blessé à ce point ? Pourquoi la date d'aujourd'hui vous a-t-elle effrayé ?
Comment expliquer que je venais tout juste de me faire tabasser par mon propre père, que j'ai rencontré un babouin dans un parc qui m'a ramené 93 ans dans le passé et qui m'a transporté de Paris au Caire ? Vous ferez comment à ma place vous ? Je repris une gorgée du thé et prit mon courage à deux mains.
-Mon histoire risque d'être…compliquée à croire..
-Je suis quelqu'un d'assez ouvert d'esprit. Vous pouvez parler sans crainte.
Il me fit un sourire rassurant et encourageant. Je pris une grande respiration et commença mon récit. J'avais hésité à parler de ce qu'avait vu à l'exposition de Toutankhamon et du babouin mais autant que cet homme ait toutes les cartes en main si il pouvait m'aider. Au bout de dix bonnes minutes, je lui avais tout raconté. Je m'attendais à ce qu'il explose de rire à mon histoire mais il n'en fit rien. Il posa sa tasse de thé et m'en resservit une.
-Un père comme le votre ne mérite pas de porter ce titre.
-Attendez, quoi ?
-Comment ça ?
-C'est tout ce que vous avez à dire ?
-Que voulez vous que je vous dise ?
-Je ne sais pas…que…ce que je vous raconte est complètement aberrant, que c'est impossible d'être envoyé dans le temps et l'espace. Un truc comme ça !
-Comme je vous l'ai dit, je suis quelqu'un assez ouvert d'esprit. M'assura-t-il.
-Et d'après vous, ce babouin, qu'est-ce que c'était ?
-Vous me dites que vous étudiez l'histoire et l'archéologie, n'est-ce-pas ?
J'acquiesçais de la tête.
-Et vous avez été envoyée en Egypte par un babouin. D'après vous, qu'elle est l'explication la plus logique ?
Je cherchais dans ma mémoire, en regroupant ce que je connaissais et ce que j'ai vu sur le papyrus lors de l'exposition, ça me donnait qu'une seule explication.
-Le Dieu Thot était représenté à la fois par un Ibis et par un babouin.
Il me fit un oui de la tête.
-Mademoiselle, croyez-vous aux divinités ?
-Je n'aurais pas fait d'études dans ce genre si je n'y croyais pas. Affirmais-je.
L'homme se leva et marcha dans la pièce.
-Le Dieu Thot était surnommé le Seigneur du Temps vu qu'il régissait les cycles de la Lune en captant sa lumière. Il est aussi le Dieu du savoir, le scribe des Dieux et présidait aussi…
-L'audition des morts au tribunal d'Osiris. Finis-je.
-Exactement.
-Pourquoi m'a-t-il envoyé ici alors ?
-Je l'ignore Mademoiselle Mercier, mais si il vous a envoyé en ce lieu et à cette époque, c'est pour une bonne raison. Il ne reste plus qu'à découvrir pourquoi.
Je finis ma tasse de thé d'une traite et posa la tasse sur le plateau.
-Le soucis, c'est que je ne connais personne, je ne connais pas les lieux, j'ai aucun endroit où dormir et je n'ai pas d'argent pour payer quoi que ce soit.
Il me regarda, réfléchit un moment et me demanda de le suivre. On traversa le musée et il m'amena devant une porte d'une petite maison se trouvant juste en face du musée. Il l'ouvrit et m'invita à entrer. C'était très joli, en rentrant je vis qu'on arrivait directement dans le salon qui était juste à côté d'une petite cuisine et il y avait un escalier menant à un étage.
-Vous pouvez vivre ici si vous le souhaitez, c'est une maison mise à disposition pour les employés du musée mais elle est inhabitée. Il y a tout ce qu'il faut ici. Et si vous acceptez, je vous propose aussi de venir travailler au musée.
-Monsieur, je ne peux pas accepter.
-Vous avez besoin d'un emploi et d'un lieu pour vivre. En vivant ici et en travaillant au musée, vous pouvez obtenir les deux.
Je regardais autour de moi, je regardais ce lieu qui pouvait m'accueillir alors que j'ignorais tout de l'endroit où j'avais été envoyé. Les larmes me montaient aux yeux.
-Merci Monsieur.
-C'est normal Mademoiselle Mercier. Et pour vous dire, je suis le Docteur Terence Bay.
-Merci Docteur Bay.
-Installez-vous dans le salon. Nous avons soigner vos blessures.
-A vrai dire, elles ne sont plus très douloureuses. Je n'ai quasiment plus mal.
-Vous avez dû être bénie par la Déesse Isis. Chère mademoiselle Mercier, je pense que vous avez bénie par les Dieux.
-Restes à savoir pourquoi.
On se rapproche de l'histoire du film
