Hey ! Ce chapitre est le plus long jusqu'à maintenant, et je ne pense pas en écrire d'aussi long à nouveau, donc profitez bien XD
Enjoy and review !
Chapitre 2 : La Marque des Ténèbres
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Melian se réveilla en entendant le hurlement de sa sœur. Encore à moitié endormi, il sortit de son lit et se dirigea vers l'entrée de la tente, où se tenaient Ellana et son amie Anna. Serrées l'une contre l'autre, les deux jeunes filles regardaient passer la procession la plus morbide que Melian ait jamais vu.
Des sorciers en capes sombres, et dont les visages étaient couverts d'un masque blafard comme la lune, déambulaient entre les tentes, les baguettes levées pour maintenir en l'air un couple de moldus.
Des Mangemorts.
Melian frissonna, et poussa les deux filles à l'intérieur de la tente. Liam se tenait derrière lui, les yeux alertes malgré son air fatigué. Abigail ne tarda pas à les rejoindre, et se précipita immédiatement sur Ellana en la voyant pâle et tremblotante.
Cassiel n'était nulle part en vue.
« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Liam. « Ces quoi tous ces cris ? »
« Des… des sorciers se sont un peu emportés après la fête… » essaya Melian, mais son meilleur ami n'était pas dupe.
Le Serdaigle jeta un coup d'œil à l'extérieur, avant de refermer la porte et de la sceller d'un collaporta.
« Un peu emportés ? » répéta-t-il, d'un ton sec. « Ce sont des Mangemorts, Mel ! »
« Je sais ! » répliqua Melian, avant de désigner sa sœur, son amie, et sa mère. « Mais elles n'avaient pas à le savoir. »
« Tu plaisantes ? Si je n'avais pas été là, tu n'aurais même pas remarqué leur présence ! Et je suis parfaitement capable de reconnaître des silhouettes encapuchonnées avec des masques blancs ! » s'insurgea Ellana.
« Et grâce à toi et tes cordes vocales, ils savent que nous sommes là ! »
« Cela suffit. » La voix d'Abigail les figea sur place. « Ils savent parfaitement que nous sommes là, puisque Cassiel se trouve avec eux. »
Anna pâlit en entendant l'accusation, et Melian regretta qu'elle et Liam se retrouvent impliqués dans une situation qui ne les concernaient pas le moins du monde.
« Et bien que je n'approuve absolument pas ses agissements, il nous assure au moins un semblant de sécurité dans ce désordre. » poursuivit sa mère.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? » demanda Ellana, qui avait du mal à avaler que les actes de leur père pouvaient leur être bénéfiques.
« Ce chaos n'est pas une conséquence de la victoire des Irlandais. C'était un évènement prévu depuis un moment. Tout ceux qui y participent le savent et en ont discuté ensemble au préalable. » expliqua Abigail, du ton sérieux qu'elle utilisait lorsqu'elle était leur précepteur.
« Ils savent quelles tentes ils doivent viser ou laisser tranquilles… » déduisit Liam.
« Je pense même que c'est le champ entier qui doit être laissé tranquille. Ils n'ont fait aucun dégât en passant, n'est-ce-pas ? »
« Non, ils se pavanaient, c'est tout. » confirma Melian.
« Mais… Ginny, Cassiopée et Luna… elles ne sont pas dans ce champ… » réalisa Ellana, horrifiée, avant de se tourner vers Anna. « Tu sais où elles sont ? »
« Luna et Cassiopée sont à l'opposée d'ici, elles ont dû venir avec une semaine d'avance… mais Ginny… » réfléchit Anna à voix haute. « Son père a reçu des tickets, lui aussi… ils ne doivent pas être loin de nous… »
Son père ? Mais qui donc était cette Ginny ? Ellana n'aurait pas mentionné son nom de famille si elle avait été une sang-pure… à moins qu'elle ne vienne d'une famille de traîtres-à-leur-sang… et qu'Ellana ne veuille pas en parler devant leur mère. Ginny… Melian n'avait aucun souvenir d'une sang-pure nommée Ginny… à moins que ce ne soit un diminutif…
« Il faut aller les aider ! » s'exclama Ellana. « Nous sommes protégés, non ? »
« Non. Notre tente l'est. Mais ces Mangemorts ne savent pas que tu es la fille de l'un d'entre eux, et même s'ils le savaient, Père est une nouvelle recrue. Ça m'étonnerait qu'ils prennent autant de précaution avec nous qu'avec Malfoy. » rétorqua Melian.
« Et ton amie ne bénéficie d'aucune protection, même si elle est avec toi. » ajouta Abigail.
« Mais… Ginny… » protesta Ellana, en échangeant un regard avec Anna.
« Attend… elle est avec son père et ses frères, non ? » fit remarquer cette dernière. « Nous ne pouvons pas agir comme des Gryffondor… foncer au cœur du danger n'arrangera rien. Ce qu'il nous faut, c'est un moyen de la contacter. »
Melian voyait bien que sa sœur n'était pas convaincue. D'où tenait-elle ce comportement courageux ? De cette Ginny ? Si elle était effectivement une Weasley, comme Melian en étant désormais pratiquement certain, elle devait se trouver à Gryffondor.
« Je vais la chercher. » s'entendit-il proposer.
« Melian ! » protesta sa mère.
« Je viens avec toi. » dit Liam, d'un ton qui n'admettait aucune contradiction.
« Mel… » murmura Ellana, surprise.
Melian décida de se concentrer sur elle.
« A quoi est-ce qu'elle ressemble ? Qui est sa famille ? De qui est-elle accompagnée ? »
« C'est… euh… c'est Ginevra Weasley. Elle est là avec son père, tout ses frères, Harry Potter… »
« Harry Potter ? » répéta leur mère, en s'étranglant à moitié. Pour une fois qu'elle perdait son masque, il fallait que ce soit à cause d'Harry… « Tu es amie avec Potter ? Pourquoi n'as-tu rien dit ? »
« C'est-à-dire que… j'avais peur de votre réaction ? » tenta Ellana, mais elle n'avait pas l'air sûre de sa réponse. « Et ce n'est pas le moment pour cette discussion, de toute façon ! Ginny fait ma taille, elle a des cheveux roux et en cas de danger, tu devrais la trouver avec Harry. »
« Je vois. » fit Melian, avant de se tourner vers Liam. « Tu es sûr ? »
« Tu oses poser la question ? »
« Bien, mère, nous ne serons pas longs. Ellana, tu restes ici avec ton amie. Si vous sortez, ce sera probablement elle qui payera les conséquences, tu comprends ? »
Ellana hocha la tête, et il vit dans son expression qu'elle était sincère. Melian se tourna ensuite vers Anna – à qui il n'avait pas adressé plus de cinq mots depuis le début du voyage, ce qui le rendait légèrement honteux.
« Anna, je peux te faire confiance pour ne pas laisser Ellana sortir de cette tente ? »
La jeune fille hocha frénétiquement la tête.
« Melian… » appela sa mère, l'air hésitante. « Peut-être devriez-vous porter des capes noires, pour être plus discrets… vous n'aurez qu'à les jeter si vous apercevez des Aurors… »
« Bonne idée… » admit Melian.
Une fois apprêtés, Liam et lui prirent leurs baguettes et sortirent de la tente. Melian n'avait pas la moindre idée de l'endroit où Ginny pouvait se trouver, mais il n'avait pas d'autre choix que de la chercher.
« Ils se seront probablement enfuis vers le bois, pour trouver une cachette… » remarqua Liam.
« Ça vaut le coup d'essayer. »
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Ellana regarda son frère partir, en se demandant si elle ne venait pas de faire une énorme erreur. Et s'ils se faisaient attaquer par des Mangemorts parce qu'elle avait insisté pour sauver Ginny ? J'aurais dû y aller moi-même…
« Ne t'inquiète pas, ma puce. Ton frère est puissant, et son ami est intelligent. Ils s'en sortiront très bien. » la rassura sa mère. « Et je suis sûre que ton amie est en sécurité, quelque part, avec ses frères, si ce n'est son père. »
Ellana hocha la tête, la gorge serrée. Elle ne se le pardonnerai jamais s'il arrivait quelque chose non seulement à Ginny, mais aussi à Melian et Liam.
Comprenant son angoisse, Abigail prépara du chocolat chaud – à peu près la seule chose qu'elle savait préparer sans l'aide d'un elfe – et ramena des couvertures. Les trois sorcières finirent assises les unes contre les autres, emmitouflées de plaids en laine et une tasse de chocolat à la main.
« Et si vous me racontiez comment vous vous êtes rencontrées, avec vos amies ? » demanda Abigail, d'une voix enthousiaste.
Ellana échangea un regard avec Anna. Elles-mêmes ne s'étaient rapprochées qu'une fois arrivées dans leur dortoir, le soir de leur rentrée en première année.
« J'ai rencontré Cassiopée et Ginny dans le Poudlard-Express… » commença Ellana.
Ellana songea, alors qu'elle racontait des anecdotes de Poudlard à sa mère en attendant Melian, que cette soirée représentait, en un sens, le lien qu'elle avait avec sa famille : son père faisait quelque chose de mal, qui la mettait en danger, son frère la protégeait, et sa mère la réconfortait.
Cependant, elle n'avait pas idée d'à quel point les actes de son père pouvait la blesser, ni de jusqu'où Melian irait pour la protéger. Et elle savait encore moins pendant combien de temps sa mère resterait inactive et se contenterait de payer les pots cassés avec du chocolat chaud.
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Le seul avertissement de leur arrivée fut le craquement d'une branche.
En à peine quelques secondes, Melian et Liam se retrouvèrent encerclés par un groupe de Mangemorts, qui les regardaient comme un chat jouant avec une souris. Ils ne devaient pas être plus de dix, mais tous avaient leurs baguettes pointées sur les deux amis, et un sourire narquois aux lèvres.
Melian croisa le regard de l'un d'entre eux.
Il reconnut immédiatement les yeux verts sous le masque blanc. C'étaient ceux qu'il voyait dans ces cauchemars. Dans la pénombre, il devinait plus qu'il ne voyait les cheveux châtains et la carrure imposante de Cassiel.
Son père le reconnut également, et baissa sa baguette. Le mouvement ne passa pas inaperçu parmi les autres Mangemorts qui ricanèrent. Certains tournèrent même leurs baguettes vers lui.
« Qu'est-ce qu'il y a, Forester ? Tu n'arrives plus à contrôler ton héritier ? » demanda l'un d'entre eux, en insistant avec mépris sur le dernier mot.
« Paraît que sa fille est devenue complètement folle après sa première année… quelque chose en rapport avec un serpent géant… »
« A moins qu'elle ne soit folle depuis sa naissance, vu sa lignée ! »
« J'ai entendu dire qu'elle était la future Bellatrix ! »
En les entendant insulter sa sœur, Melian vit rouge. Il leva sa baguette, non pas vers les Mangemorts, mais vers son père, qui n'avait aucunement réagit aux provocations.
« Tu vas rester là sans rien dire ? » demanda-t-il, furieux. « Tu vas les laisser insulter ta fille, ta famille, sans protester ? Tu as si peur que ça de leur Maître ? »
A la mention du Seigneur des Ténèbres, les Mangemorts tremblèrent, et leurs baguettes se tournèrent à nouveau vers lui.
« Baisse ta baguette, fils, tu vas te blesser. » répliqua froidement Cassiel. « N'oublie pas ce qui s'est passé lors de ton dernier duel… il y a une raison pour laquelle j'entraîne Ellana à ta place. »
Une vaque de rage se diffusa dans les veines de Melian. Il lâcha sa baguette et se transforma en lynx, avant de sauter sur son père, qui tomba à la renverse sous le choc. Derrière lui, les Mangemorts s'attaquaient à Liam, mais le Serdaigle, imperturbable, se contenta de lever un bouclier pour parer leurs sorts.
Ils ne pouvaient cependant pas gagner ce combat, surtout que Melian n'était pas sûr du côté duquel se trouvait l'allégeance de son père. Après s'être retransformé, le Serpentard récupéra sa baguette et fit signe à Liam de s'enfuir.
« Je te couvre ! » cria-t-il.
Liam ne perdit pas de temps et fonça en direction du petit bois, où ils trouveraient plus facilement de quoi s'abriter. Melian bloqua les sorts lancés par les Mangemorts, et s'enfuit à la suite de son ami.
Ils coururent à travers les arbres jusqu'à être certains de ne pas être poursuivis, ne s'arrêtant que lorsque Melian réalisa qu'ils étaient perdus.
« Où est le champ ? » demanda-t-il, inquiet.
« Sur notre droite. » dit Liam.
« Tu es sûr ? »
« Certain. »
« … »
« … »
« Je vais vérifier. »
« Bonne idée. »
Un simple « Pointe au nord » de sa baguette lui permit de se situer par rapport à leur tente – et de confirmer par la même occasion que le champ se trouvait effectivement sur leur droite. Si Ginny et sa famille avaient un minimum de jugeote, ils se trouveraient dans le bois.
Ils errèrent dans les bois pendant encore un bon quart d'heure, avant que Melian n'entende finalement des voix. A travers le feuillage, il aperçut le trio d'or, accompagné d'une fille rousse qui devait être Ginny.
« Par-là ! » s'exclama-t-il à voix basse.
Il se tourna vers Liam, mais son ami ne le regardait pas. Il fixait un point derrière Melian, et ses doigts se resserraient sur sa baguette. Melian se retourna et vit un sorcier qui se disputait avec son elfe.
L'elfe tenait une baguette, que le sorcier essayait de récupérer. Melian se demandait s'il devait intervenir ou partir, lorsque le sorcier parvint à prendre la baguette. Il la pointa vers le ciel, et cria :
« Morsmordre ! »
Melian pâlit en voyant un crâne formé d'étoiles vertes, avec un serpent sortant de sa bouche, apparaître dans le ciel. La Marque des Ténèbres. Cette vue lui donnait envie de vomir. Les Mangemorts ne la lançaient qu'après avoir commis un meurtre.
La sensation d'une main serrant la sienne le ramena à la réalité.
« Mel, reprend-toi ! Il faut qu'on parte d'ici, où ils penseront que c'est nous qui avons fait ça ! » dit Liam, les yeux écarquillés par la panique.
« Mais… » bredouilla Melian.
Il devait sauver Ginny, et arrêter ce sorcier… Ce sorcier qui venait de s'évaporer dans la nature, ne laissant que son elfe et la baguette derrière lui. Liam avait raison, si quelqu'un les voyait, ils les accuseraient d'avoir fait apparaître la Marque.
« Viens ! » insista Liam, en le tirant derrière lui.
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Ellana n'était pas exactement sûre de la manière dont elle s'était retrouvée dans sa chambre, chez elle, au Manoir Forester.
Melian et Liam étaient rentrés complètement terrorisés, criant qu'un sorcier avait fait apparaître la Marque des Ténèbres. Ellana avait alors aperçu la Marque, assombrissant le ciel de sa lumière verdâtre.
Son père était arrivé peu après. Tous avaient fait mine de ne pas voir sa cape noire et son masque blanc, comme s'il ne venait pas de s'amuser à torturer des moldus avec ses amis psychopathes. Il avait ordonné le départ – alors qu'il n'était pas plus de trois heures du matin – et ils étaient rentrés au Manoir en transplanant.
Liam et Anna étaient rentrés immédiatement chez eux, par cheminette. Ils avaient prétexté vouloir voir leurs familles, mais Ellana se doutait qu'ils voulaient juste échapper à Cassiel.
Elle ne pouvait pas leur en vouloir.
Surtout étant donné que, le lendemain matin, Cassiel les convoqua elle et son frère dans la salle d'entraînement, pour la première fois depuis deux ans.
« J'ai eu une idée, hier soir, quand tu m'as attaqué en te changeant en lynx. » annonça-t-il, en s'adressant à Melian. « Vous allez vous battre en utilisant vos capacités Animagi. »
Ellana échangea un regard avec son frère. Cela faisait deux ans qu'ils se disputaient au sujet de celui qui avait la forme animale la plus puissante, mais ils ne s'étaient jamais réellement battus. Et pour cause, si Ellana essayait de le mordre, elle le tuerait avec son venin, tandis qu'il la réduirait en lambeaux avec ses griffes.
« Melian, ton but c'est de capturer ta sœur. Ellana, tu dois lui échapper. » expliqua leur père. « On fait ça pendant quinze minutes, si à la fin Ellana est toujours libre, c'est elle qui gagne. J'ai passé le reste de la nuit à installer des obstacles. »
Voilà qui expliquait ses cernes et son air de revenant. Au moins, Ellana avait bien fait de porter des vêtements de sport – elle risquait de passer sa matinée, voire sa journée, à courir pour échapper aux griffes de son frère.
« Prêts ? »
« Non, est-ce que – »
« Alors entrez. »
Cassiel ouvrit la porte de la salle d'entraînement, qui était pour l'occasion remplie de panneaux de bois, de plateformes suspendues aux murs, de cordes, et d'une multitude d'objets tout droit sortis de son imagination. Le tout ressemblait plus à un terrain de jeu qu'à des obstacles de combat.
Il nous a pris pour des singes, ou quoi ?
« Père ? Vous vous souvenez que ma forme Animagus est un serpent ? Ce terrain donne clairement l'avantage à Melian ! »
« Cesse donc de te plaindre, Ellana, et serre-toi de ton cerveau. Salazar sait que c'est ton seul atout. »
Ellana serra les dents et s'abstint de répliquer. Cassiel lança un vermillieux, qui fit apparaître des étincelles rouges au bout de sa baguette.
« Partez ! »
Esquivant les sorts de son frère, Ellana se jeta derrière un panneau en bois et répliqua par quelques maléfices appris en cours de DCFM. Melian trouva refuge derrière un pilier en pierre – qui, pour le coup, n'avait pas été installé durant la nuit.
« Incendio ! » cria Melian.
Le panneau de bois derrière lequel Ellana s'était réfugié s'enflamma. La jeune fille para les sorts offensifs d'un protego et se dirigea vers un autre panneau de bois. Il fallait qu'elle trouve des protections plus efficaces.
Un par un, Melian détruisit ses cachettes. Ellana se réfugia finalement derrière un autre pilier en pierre – impossible d'y mettre feu. Il essaye de me faire sortir de ma cachette comme un rat de son terrier…
Un coup d'œil à son père confirma qu'il n'était pas ravi de la tournure que prenait les choses. Il voulait qu'ils se transforment… Sous forme de serpent, Ellana serait plus lente, mais aussi plus difficile à repérer.
Se transformer était son option la plus prometteuse – ils ne resteraient bientôt plus de panneaux en bois. Une fois changée en serpent, Ellana se faufila dans un tunnel qu'elle n'aurait pas pu emprunter sous forme humaine, sans que son frère ne se rende compte qu'elle avait bougé.
Au bout d'un moment, Melian réalisa qu'elle n'était plus derrière le pilier en pierre, et sortit de sa propre cachette. Ellana pria pour qu'il ne soupçonne pas le tunnel. Si elle n'en sortait pas et qu'elle ne lui lançait pas de sorts, il ne la trouverait pas.
A moins qu'il ne se transforme en lynx pour la pister.
Ellana sortit du tunnel et aperçut le félin, qui reniflait le pilier de pierre. Saisissant sa chance, elle se retransforma en humaine et lui lança un petrificus totalus.
Au même moment, une sonnerie retentit, annonçant la fin des quinze minutes. Elle avait gagné.
« C'était pathétique. J'ai crû que vous n'utiliseriez jamais les compétences que, je vous le rappelle, vous êtes sensés travailler ! »
« Mais on l'a fait à la fin, et c'est ce qui m'a permis de gagner ! » protesta Ellana.
« Tu t'en es servie pour te cacher ! » s'offusqua son père.
« Ce n'est pas ce qu'elle devait faire ? Se cacher pour éviter que je l'attrape ? » demanda Melian.
« Dit comme ça, l'exercice ressemble à une partie de cache-cache… » marmonna Ellana.
« Taisez-vous ! Vous allez recommencer, et cette fois-ci, vous utiliserez vos capacités pour combattre, par pour faire une course-poursuite. » martela Cassiel.
Ellana se retint de lever les yeux au ciel. Une fois les panneaux de bois réparés, Melian et elle se remirent en position, bien que ni l'un ni l'autre n'en ait particulièrement envie. Ils détestaient s'affronter, et d'une certaine manière, c'était encore pire s'ils utilisaient leurs formes animales.
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Sur ordre de leur père, ils recommencèrent l'exercice, encore, et encore, et encore. Melian n'avait pas réussi à attraper sa sœur une seule fois. A chaque fois qu'il pensait retourner la situation à son avantage, le chronomètre sonnait la fin des quinze minutes.
Il avait l'impression que son subconscient l'empêchait de se donner à fond, par peur de blesser Ellana – qui n'avait pas les mêmes problèmes. Elle finissait toujours par l'immobiliser, ou par se cacher dans le terrain imaginé par leur père pour lui échapper.
« Melian, si tu échoues encore une fois, je serais forcé de te donner des leçons supplémentaires. » finit par menacer son père.
Ellana blêmit, et Melian pouvait presque voir les rouages tourner dans sa tête. Elle allait faire exprès de perdre pour lui éviter une séance de doloris. Sauf que si leur père s'en rendait compte, ce serait elle qui écoperait d'une punition.
« Donne tout, tu m'entends ? » dit Melian à sa sœur.
« Mais si tu perds… »
« Je ne perdrais pas. »
Elle pouvait guérir d'un incarcerem ou d'un petrificus totalus – aucun de ces deux sorts n'étaient véritablement offensif. Mais un doloris ? Elle n'en n'avait que trop reçut.
Cette fois-ci, Melian se changea immédiatement en lynx et lui courut après. Elle lui lança des sorts qu'il esquiva facilement, se changea en serpent pour passer dans des passages trop étroits pour lui, mais il ne lâcha pas.
Avisant une suite de plateformes fixées au mur, Melian se retransforma en humain et conjura une échelle, qu'il grimpa en quelques bonds. Une fois sur la plateforme, il put suivre sa sœur et attendre le moment propice pour l'attaquer.
Ellana n'avait toujours pas remarqué qu'il se trouvait au-dessus d'elle. Il attendit qu'elle se rapproche de sa plateforme, et lui sauta dessus. Sous le choc, elle se changea en serpent – pas forcément la meilleure idée, car les griffes et les crocs de Melian étaient sortis.
Il ne réalisa ce qu'il avait fait qu'une fois que l'odeur de sang parvint à ses narines – ou plutôt à sa truffe. Et il ne comprit l'étendu des dégâts qu'une fois qu'elle se transforma en humaine.
Il avait fait trois énormes entailles sur son flanc droit – des entailles dont les cicatrices ne disparaitraient probablement jamais. Réprimant un cri d'horreur, Melian sortit sa baguette et commença à murmurer des sorts de soin, mais ils n'avaient aucun effet. Les entailles étaient trop profondes.
« Félicitations, Melian. Tu as gagné. » déclara tranquillement Cassiel, comme si sa fille n'était pas inconsciente au milieu d'une flaque de sang.
Melian ne prit pas la peine de répondre, paniqué par le sang qui sortait sans retenue de la blessure. Il ne pouvait pas aller à Ste Mangouste sans qu'on ne lui pose des questions dérangeantes. Mais alors où ?
J'ai besoin d'un endroit sûr… d'un refuge…
Un refuge ! Quel était l'adresse que lui avait donné le professeur Snape, déjà ? La Forge ?
Empli d'une détermination nouvelle, Melian appliqua un sort de bandage sur la plaie pour empêcher le sang de couler, puis il prit sa sœur dans ses bras et se dirigea vers la cheminée la plus proche. Il jeta la poudre de cheminette et articula « La Forge » à voix basse, dans l'espoir que son père ne l'entende pas.
Melian ressortit dans un hall d'entrée clairement prévu pour accueillir des visiteurs. Plusieurs cheminées étaient disposées dans la pièce, et une zone à l'écart devait être prévue pour le transplanage.
« Professeur Snape ? » appela Melian, en entrant dans la salle suivante – une salle de réception. « Professeur Lupin ? »
Pas de réponse. Si ses souvenirs étaient corrects, Snape lui avait expliqué que si quelqu'un entrait dans la maison, il serait prévenu et se rendrait immédiatement sur place. Il ne restait donc à Melian qu'à attendre.
Il finit par trouver la salle à manger, et put poser Ellana sur la table. La plaie sanguinolente lui donnait envie de vomir, et il détourna les yeux. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si Ste Mangouste n'aurait pas été une meilleure idée. Au moins, Ellana serait en train de se faire soigner par des guérisseurs…
« Qui est là ? » demanda une voix dans le hall d'entrée.
« Melian Forester ! » répondit-il, refusant de quitter Ellana. « J'ai besoin d'aide, ma sœur est blessée ! »
Melian entendit un bruit de pas précipité, puis Lupin apparut sur le seuil de la porte. Un regard au corps d'Ellana lui fit perdre toutes ses couleurs. Il hésita un instant, peut-être pour décider de ses priorités.
« Tu es blessé ? »
« Non, je vais bien. Mais elle a des entailles assez profondes… »
« Je ne m'y connais pas beaucoup en magie de soin… je vais appeler le professeur Snape et Mme Pomfresh, d'accord ? »
« Il ne devrait pas être déjà au courant ? »
« Si, c'est justement ce qui m'inquiète… Mais le plus important est de sauver ta sœur. Je vais appeler Mme Pomfresh en premier, et une fois qu'elle sera arrivée, j'irais le chercher. »
Melian hocha la tête, rassuré que Lupin ne lui demande pas de quitter Ellana. Il n'avait jamais ressenti autant de peur et de culpabilité à la fois… du moins pas depuis le tout premier entraînement de sa sœur. A l'époque, il n'avait pas encore développé la potion contre le doloris, et c'était le stress qu'elle n'y survive pas qui l'avait poussé à créer son remède. Ce n'était que plus tard qu'il avait réalisé que son père n'utilisait jamais toute sa puissance magique contre eux.
Lupin ne mit pas longtemps à revenir – Merlin seul savait comment il avait réussi à contacter l'infirmière pendant les vacances.
« Elle devrait arriver d'ici cinq à dix minutes, le temps de rassembler son matériel. » expliqua Lupin, d'un ton qui se voulait probablement rassurant.
Malheureusement pour son professeur, Melian n'était pas le moins du monde rassuré – et il ne le serait pas avant d'avoir la certitude que sa sœur allait se remettre de ses blessures. Savoir qu'il était le responsable de ses cicatrices était déjà suffisamment difficile.
Le reste de la soirée fut assez floue dans l'esprit de Melian. Il ne cessait de revoir la satisfaction dans le regard de son père, lorsqu'il l'avait félicité de sa victoire.
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Ellana se réveilla dans une chambre qu'elle ne connaissait, ce qui devait être l'une des expériences les plus terrifiantes de sa vie. La douleur qu'elle ressentit en essayant de se lever n'arrangea absolument pas les choses.
« Calme-toi, Ella, tu es en sécurité. » la rassura Melian, assit sur une chaise à côté du lit. « Nous sommes dans l'une des chambres de La Forge, le refuge créé par les professeurs Snape et Lupin. »
« Qu'est-ce qui m'est arrivé ? » demanda Ellana, d'une voix rauque. Melian lui tendit aussitôt un verre d'eau.
« Pendant le combat… je… » Il hésita, cherchant visiblement les mots les plus appropriés. « C'est ma faute. Ces entailles… ce sont mes griffes. C'est moi qui t'ai fait ça. »
« Je sais. Ma question c'était : qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? » corrigea Ellana, les sourcils froncés.
« Tu sais ? Mais… tu… »
« Je ne t'en veux pas le moins du monde, si c'est ce qui te préoccupe. »
S'il avait perdu ce duel, Cassiel lui aurait fait subir le doloris pour le punir. Il avait même menacé de la punir, elle. De plus, la culpabilité et le remord qu'elle voyait dans les yeux de son frère étaient suffisants pour la convaincre qu'il regrettait son geste.
« C'était un accident. Tu ne voulais pas me faire mal, et tu le regrettes. » renchérit-elle. « Et je suis vivante, c'est tout ce qui compte. »
« Merci… tu ne peux pas savoir à quel point je suis désolé… »
Oh si. Crois-moi, je le sais.
« C'est Père qui devrait être désolé pour nous faire faire une chose pareille. Il sait à quel point nous pouvons être dangereux sous forme animale. Il voulait que je sois blessée, sans doute pour me punir d'avoir soutenu Black. »
« Vous êtes bien trop perspicace pour votre âge, Mlle Forester. » commenta une voix qui la fit bondir de son lit.
« Professeur Snape ! » s'écria-t-elle, avant de s'effondrer à cause de la douleur.
Melian et Snape se précipitèrent immédiatement, et Ellana se retint de lever les yeux au ciel. Elle avait vu pire ! Elle ne se souvenait même pas de ce qui s'était passé – et elle tentait d'oublier le fait qu'elle s'était évanouie à cause de la douleur.
« Restez couchée, vous allez rouvrir vos blessures ! » la gronda Snape.
« Tu n'as pas eu la même réaction en me voyant… » bougonna Melian.
« Considère-le comme ta punition pour les cicatrices ! » le taquina Ellana mais, au lieu de rire, Melian se rembrunit encore plus. « Je plaisante ! Je ne t'en veux pas, je t'assure. »
« Avec un peu de chance et le traitement approprié, vous ne devriez pas garder de cicatrice. J'ai apporté un baume que vous devrez appliquer matin et soir, une fois que les plaies auront guéri. » intervint Pomfresh, en entrant dans la chambre.
Ellana laissa l'infirmière l'ausculter sans broncher, même si les entailles offraient une vue peu ragoutante. Elle n'osait imaginer à quoi elles avaient dû ressembler la veille, avant d'être nettoyées par la baguette experte de Pomfresh.
« Si, pour une quelconque raison, les plaies ne cicatrisent pas correctement, vous ne devriez garder que trois lignes blanches, suffisamment fines pour passer inaperçue. » la rassura Pomfresh. « Vous n'aurez pas à vivre le calvaire de M. Potter… »
Rassurée, Ellana s'autorisa un sourire à la blague de l'infirmière. Elle n'avait réellement pas envie de garder des cicatrices, surtout que cela détruirait Melian de savoir qu'il en était responsable. Trois lignes blanches, hein ?
« Tu ne m'as toujours pas raconté ce qui s'est passé… » fit-elle remarquer à son frère.
« Père n'était d'aucune aide, alors je t'ai amenée ici. Le professeur Lupin est arrivé peu après et il s'est chargé de contacter Mme Pomfresh et le professeur Snape. » résuma Melian.
« Père… » murmura Ellana. Quelque chose remua, au fond de son estomac, lorsqu'elle réalisa qu'il ne s'était pas inquiété pour elle. « Et Mère ? Tu l'as prévenue ? »
« Je lui ai dit que tu dormais chez une amie. Elle pense que je suis au Manoir. »
« Je vois… »
« Je ne sais pas comment on va expliquer tes blessures, par contre. »
« T'inquiète, je les camouflerais. Elle n'y verra que du feu. »
Elle en doutait un peu, vu qu'elle n'arrivait même pas à camoufler l'amertume dans sa voix, mais sa mère ne remarquerait pas qu'elle n'allait pas bien s'il ne voyait pas directement ses blessures. Elle avait tendance à ne voir que ce qui l'arrangeait – en l'occurrence, ses enfants en bonne santé, malgré les cernes, les gémissements de douleur, et le teint pâle.
M
L'un des points positifs de la blessure d'Ellana – le seul, en réalité – était que Melian pouvait discuter avec le professeur Snape de ce qui s'était passé pendant la Coupe du Monde. Lupin l'avait également informé de la situation actuelle de Sirius Black, qui attendait toujours son procès.
« Des gens au Ministère pensent que Sirius est derrière l'attaque de la Coupe du Monde et qu'il fait semblant d'être de notre côté. » détailla Lupin. « Ils vont même jusqu'à dire qu'il a envoûté Harry pour le mettre de son côté. »
« Pas des gens influents, j'espère ? » s'inquiéta Melian.
« Ça dépend si tu considères Rita Skeeter comme influente… » répondit Snape. « De manière générale, les plus hauts placés et les plus influents portaient des capes et des masques ce soir-là, donc ils essayent plutôt d'éviter d'en parler. »
« Et tu dis que tu as vu le sorcier qui a fait apparaître la Marque des Ténèbres ? » s'enquit Lupin, à la fois intéressé et inquiet.
Melian grimaça à se souvenir. La Marque était ignoble, répugnante. Elle lui donnait envie de se transformer en lynx pour toujours et de vivre comme un animal, loin de la guerre et des suprémacistes sang-purs.
Et en même temps, au plus profond de lui, une voix sortie tout droit de son esprit, une voix qui devenait toujours plus forte lorsqu'il s'entraînait avec son père, lui murmurait que cette Marque était la clé du pouvoir.
« Oui, j'étais dans les bois avec Liam Fawley. C'est lui qui a repéré le sorcier en premier. Il se disputait avec un elfe de maison, qui refusait de lui donner la baguette qu'elle tenait dans ses mains. » raconta Melian. « Mais il faisait sombre, et je n'ai pas pu distinguer son visage. »
« Peut-être pourrais-tu me montrer le souvenir… il faudrait que j'emprunte sa Pensine à Dumbledore… » réfléchit Snape, plongé dans ses pensées.
« Vous… vous pensez qu'Il pourrait… » il dut s'y prendre à deux fois pour le dire : « qu'Il pourrait revenir ? » demanda Melian.
Il avait quatre ans à la fin de la guerre, mais certains souvenirs étaient gravés dans sa mémoire. A l'époque, des Mangemorts venaient régulièrement voir Cassiel, pour le convaincre de rejoindre leurs rangs – du moins, c'était ce dont Melian c'était persuadé.
Maintenant qu'il y pensait, il n'avait jamais été entièrement sûr que son père ne supportait pas le Seigneur des Ténèbres, d'une manière ou d'une autre. Après tout, il s'était joint aux autres pendant la Coupe du Monde… sans compter que ce que les journaux faisaient passer pour un incident était en fait un projet prévu depuis des semaines.
Plongé dans ses pensées, Melian ne remarqua pas l'échange de regards entre les deux professeurs.
« Il est, à mon avis, toujours vivant, mais très faible. En réalité, il doit être dans un tel état de faiblesse que même les rituels de magie les plus noirs ne peuvent plus rien pour lui. » dit Snape. « Bien sûr, ce ne sont que des spéculations. »
« Mais si Pettigrow arrive à le rejoindre… » protesta Melian.
« Peter est un imbécile, doublé d'un lâche. Il est incapable de ramener Vous-Savez-Qui à la vie. » rétorqua Lupin.
Ils avaient tous les deux l'air absolument convaincus que le retour au pouvoir du Seigneur des Ténèbres était impossible, ce qui conforta Melian dans son idée que non seulement c'était possible, mais qu'en plus ils lui cachaient quelque chose. Il ne lui restait qu'à découvrir quoi.
E
Lorsqu'elles avaient appris qu'Ellana était blessée et qu'elle se trouvait sous la protection de Snape et Lupin, Astoria et Lucy avaient accouru pour lui rendre visite. Les deux sang-pures étaient les seules à qui Ellana avait parlé de sa situation familiale – et encore, elles n'en savaient pas autant que Draco.
Ellana aurait bien prévenu son meilleur ami, mais elle avait peur qu'il n'en parle à son père, qui le dirait ensuite à son père à elle. La dernière chose qu'elle souhaitait était que son père ne vienne troubler la paix régnant au refuge.
« Et le professeur Snape a créé cet endroit pour les élèves… comme toi ? » demanda Astoria, incertaine du mot qu'elle devrait employer pour la désigner.
« Pour tous ceux qui pourraient avoir besoin, pour une raison ou une autre, d'un endroit où dormir qui n'est pas leur maison. » rectifia Ellana. « Et l'idée vient du professeur Lupin. »
« Il… il ne reste pas là tout le temps, si ? » demanda Lucy d'une voix effrayée.
Ellana se retint de lever les yeux au ciel. Quelqu'un avait découvert la nature de Lupin et fait fuiter l'information, et depuis même les élèves qui avaient apprécié son enseignement se retournaient contre lui.
« Il passe les nuits de pleine lune dans une pièce spéciale de son appartement, que le professeur Snape a aidé à protéger pour qu'un loup-garou ne puisse pas en sortir. »
Elle omit de préciser que Black avait passé la dernière pleine lune avec lui, sous forme de chien. Elle ne faisait pas confiance à ses amies avec cette information. En réalité, il n'y avait pas beaucoup de secrets qu'elle se sentait capable de confier à Astoria et Lucy, ces derniers temps. Si elles n'avaient pas déjà été au courant, elle ne leur aurait pas parlé de l'entraînement qui avait dérapé.
« Vous étiez en sécurité, pendant l'attaque de la Coupe du Monde ? » demanda Ellana, plus pour changer de sujet que par réelle curiosité. Elle connaissait déjà la réponse.
« Père a prévenu mon frère de rester dans la tente avec moi, et il a pu faire en sorte que personne ne vienne de notre côté. » répondit Lucy. « Il a une certaine autorité, parmi eux. »
Il était impossible de ne pas remarquer la fierté dans sa voix. Elle avait conscience de la position de son père parmi les Mangemorts, et elle l'admirait pour cela.
« Ma mère, ma sœur et mes cousines étaient avec moi. Père est parti avec mes cousins, pour les initier. » raconta Astoria.
Elle avait l'air triste de ne pas avoir été invitée à s'amuser avec ses cousins. Les Greengrass était une famille profondément misogyne, et le père d'Astoria regrettait amèrement d'avoir eu deux filles et pas un seul fils.
« Je suis restée avec ma mère et Anna. » dit Ellana, en réponse aux regards interrogateurs de ses amies.
Un mensonge doit être vague, et le plus proche de la vérité possible. Elle devait également utiliser des mots neutres, objectifs, qui ne donnaient aucune indication sur son ressenti des évènements. Le mensonge était la langue courante, chez les sang-purs.
« J'avais oublié que tu l'avais invité à venir avec toi. » dit Astoria. « Elle a due être ravie de pouvoir assister à la Coupe du Monde. »
« Elle a regretté de ne pas être avec sa famille pendant l'attaque. Ils ne se trouvaient pas très loin des festivités. » rétorqua Ellana.
Astoria semblait persuadée qu'Anna était son œuvre de charité – alors même que ses parents étaient des sorciers haut placés du Ministère.
« Au moins, Cassiopée était loin du danger. » commenta Lucy, qui ne savait probablement pas où se situait la tente de Cassiopée, mais estimait qu'elle devait se trouver à des kilomètres des sang-purs.
A quelle moment ses amies étaient-elles devenues aussi hautaines ? Déjà au début de l'année précédente, elles passaient plus de temps seules dans leur coin, et se moquaient d'Anna et Cassiopée.
« Vous avez entendu parler du grand évènement de cette année ? » demanda Astoria, l'air de rien. « Père ne veut rien me dire ! »
« Il parait que ce sera international. » dit Lucy. « Cela fait des mois que le Ministère travaille dessus. »
« Quel évènement ? » s'enquit Ellana, en maudissant son ignorance – et à raison, vu le regard échangé par ses amies.
« Justement, nous n'en n'avons pas la moindre idée ! » protesta Lucy.
« Heureusement que Père me raconte ce qu'il fait au Ministère… il a toujours aimé m'enseigner la politique, surtout que Daphnée ne s'y est jamais intéressée. Il me respecte beaucoup, ce n'est pas très courant dans la Famille qu'une fille soit plus intelligente qu'un pot de fleur. »
« Je vois ce que tu veux dire… » approuva Lucy. « Père passe beaucoup de temps à m'enseigner les Potions, et il en profite toujours pour me parler des dernières nouvelles du Ministère. »
« Père préfère m'enseigner la Magie Noire. Peut-être pourrai-je vous montrer ? » intervint Ellana, avec un sourire innocent.
Astoria et Lucy ne revinrent pas la visiter après ce jour.
M
Dire que Melian était surpris de trouver sa mère dans sa chambre était un euphémisme. Elle ne venait que rarement dans cette partie du Manoir – Melian et Ellana avaient une aile réservée pour eux – et jamais sans une bonne raison.
« Cela fait une semaine qu'Ellana n'est pas rentrée à la maison. Ton père n'a peut-être pas remarqué son absence, mais cela n'en reste pas moins inquiétant. Avec quelle amie séjourne-t-elle ? »
Oh, père est au courant de son absence. En fait, je suis presque sûr qu'il ne dit rien pour qu'Ellana puisse soigner sa blessure avant de rentrer. Ça, Melian ne pouvait pas le dire, peu importe à quel point c'était tentant.
« Ellana est chez une amie née-moldue, Mère. Elle doit rentrer demain après-midi. »
« Cesse de me mentir, Melian, c'est très déplaisant à entendre dans la bouche de son fils. » coupa Abigail. « Ellana ne serait jamais partie une semaine sans prévenir. Il s'est donc passé quelque chose. »
« Et c'est seulement maintenant que vous vous inquiétez ? » rétorqua Melian.
« J'ai passé la semaine à rendre visite aux mères de ses amies et camarades de classe. Je ne peux pas la chercher directement, tu comprends que cela attirerait une attention désagréable. » corrigea-t-elle.
Melian eut légèrement honte de ne pas avoir remarqué les différentes sorties de sa mère, mais il avait été très occupé à chercher des sorts ou des potions pour effacer les cicatrices.
« Père sait qu'elle est absente. » dit-il, d'un ton détaché. « Il sait aussi pourquoi. C'est même étrange qu'il ne te l'ait pas dit. »
Abigail se mordit les lèvres, seule indication de son irritation. Elle détestait ne pas être au courant de quelque chose dans sa propre maison. Melian n'avait pas envie d'être celui qui lui apprendrait que Cassiel les entraînait en secret depuis des années.
« Elle rentre demain, tu as dit ? »
« Juste à temps pour l'heure du thé. »
C'était un mensonge, et il n'aurait pas d'autre choix que de ramener sa sœur à la maison. Elle ne pouvait pas rester absente aussi longtemps sans attirer une "attention désagréable" comme le disait si bien sa mère.
« Je vois. Si tu m'excuseras, je crois que je vais aller me reposer avant le dîner. Je ne suis pas au meilleur de ma forme. » dit sa mère, avant de quitter la chambre – qui était plus une suite qu'une chambre, d'ailleurs.
Plus tard, après le dîner, Melian se rendit à la bibliothèque – une immense pièce, où étaient stockés les livres qui ne tenaient pas dans le bureau de son père – pour chercher d'autres livres sur les cicatrices. Il ne se pardonnerait jamais si sa sœur restait défigurée à vie - qu'importe que la blessure soit sur ses hanches et non sur son visage.
Melian choisit une poignée de livres qui l'intéressait, puis il remonta dans sa chambre. Il était presque arrivé aux escaliers, lorsqu'il entendit ses parents se disputer, dans le bureau de son père. Plus curieux qu'il ne voulait l'admettre, il se rapprocha discrètement et, faute d'une meilleure expression, il écouta aux portes.
« Réponds-moi, Cassiel. Pourquoi est-ce que ma fille ressent le besoin de fuir sa propre maison ? » demanda Abigail, d'une voix tremblante.
« Elle n'est pas chez une amie ? » Cassiel avait l'air tendu, ce qui était plutôt rare, et donc inquiétant.
« Ne joue pas les idiots ! Je t'ai dit et répété qu'elle n'était pas prête, pas après ce qui lui ait arrivé… mais tu n'écoutes jamais ! » s'insurgea Abigail. « Quel était l'exercice, cette fois ? Ont-ils appris à se servir des Impardonnables l'un contre l'autre, maintenant qu'ils connaissent leurs effets par cœur ? »
Melian crû qu'il venait de recevoir un seau d'eau glacée sur la tête.
Sa mère était au courant pour les entraînements. Elle savait qu'ils apprenaient à se servir de sortilèges noirs, qu'ils subissaient le doloris ou l'imperium lorsque Cassiel n'était pas content de leurs résultats.
« Pour une fois, le but de l'exercice devrait te plaire. Ils vont désormais apprendre à se servir de leurs capacités d'Animagus dans un combat. » répondit Cassiel, l'air satisfait de lui-même.
Melian entendit ensuite sa mère gifler son père, ce qui le réjouit plus qu'il ne le devrait.
« Ce n'était pas notre accord, Cassiel. Je t'ai promis de ne pas me mêler de tes affaires, de ne pas protester si des Mangemorts venaient se réunir ici, de te laisser entraîner les enfants… »
« Et en échange, tu pouvais t'occuper de leur éducation avant Poudlard, et je promettais de ne pas aller trop loin avec leur entraînement. De ne pas franchir la ligne. » compléta Cassiel. « Tu n'as jamais défini la ligne. »
« Je pensais qu'elle était évidente ! » protesta Abigail. « Que lui est-il arrivé ? Est-elle… est-elle blessée ? »
« Rien d'impossible à soigner. En revanche, je ne sais pas où Melian l'a emmenée. »
Loin de vous, parents psychopathes…
Préférant ne pas tenter le diable, Melian retourna dans sa chambre, la conversation repassant en boucle dans sa tête. Comment n'avait-il pas réalisé plus tôt que sa mère était au courant ? N'était-ce pas évident ?
Et surtout, que voulait-elle dire par « après ce qui lui est arrivé » ? Il n'avait pas l'impression qu'elle parlait du journal qui l'avait possédée. Manifestement, ses parents savaient quelque chose au sujet d'Ellana qu'il ignorait.
OOO
Parce que je ne fais pas souffrir ma chère Ellana pour rien, ces cicatrices deviendront importantes par la suite ^^
