Chapitre 3 :

Le murmure impressionné des élèves de cinquième et sixième années galvanisa Draco et le maléfice qu'il lança après ça, s'il n'était pas trop dangereux, fut néanmoins plus précis et plus implacable qu'il n'en avait eu l'intention au départ. En face de lui, le professeur Jones poussa un cri de douleur et lâcha sa baguette comme si cette dernière le brûlait.

Ce qui était le cas en fait, à cause du sortilège de Draco.

-J'admets ma défaite ! fit immédiatement le professeur de Défense Contre Les Forces Du Mal, en partie parce que Draco le tenait toujours en joue.

L'ancien Serpentard baissa sa baguette, essayant de ne pas avoir l'air trop content de lui tandis que des applaudissements éclataient dans la salle de duel. Il salua son public d'une profonde révérence qui fit glousser quelques adolescentes. Bon ok, il était content de lui.

-Bien joué, professeur Malfoy, dit Harvey Jones encore essoufflé, avant de lui serrer la main. Vous êtes surprenant !

Devant tant de fair-play, Draco se sentit peiné d'avoir dû le blesser.

-J'y suis allé un peu trop fort sur la fin, murmura-t-il entre ses dents pour ne pas que les élèves l'entendent. Vraiment désolé.

Jones lui adressa un sourire fatigué mais sincère, mais lui ne prit pas la peine de murmurer. Apparemment il n'avait aucune honte à admettre que son adversaire avait été meilleur que lui. Draco pensa que s'il avait fait sa scolarité à Poudlard, Jones aurait probablement été réparti à Poufsouffle.

-Ne le soyez pas, reprit Jones dont l'accent australien semblait plus prononcé que jamais, je ne suis pas stupide, j'ai bien vu que vous vous reteniez durant tout le duel. De plus, c'est moi qui ai insisté pour que vous utilisiez exclusivement des sortilèges de Magie Noire. Vous n'aviez d'autre choix que de m'attaquer. En fait, c'était même injuste de ma part, un peu comme si je demandais à un droitier de ne se servir que de sa main gauche… Je pensais que je pourrais contrer vos sorts facilement mais j'ai eu tort. Vous êtes un sorcier plus puissant que moi, professeur Malfoy.

L'Australien lui tapota l'épaule puis se tourna vers les élèves.

-Je veux que vous retranscriviez les sorts qui ont été échangés devant vous au cours de cette dernière demi-heure. Leurs propriétés, leurs champs d'actions et leurs limites. Je ramasserai vos parchemins demain et ça sera noté !

Jones descendit précautionneusement de la zone de combat. Peut-être devrait-il faire un détour par l'infirmerie mais Draco n'osa pas le lui proposer. Il n'en eut de toute façon pas le temps. Déjà une dizaine d'élèves se trouvaient autour de lui, posant des questions sur un ton excité. Draco y répondit du mieux qu'il put, sentant encore les merveilleux fourmillements de la magie au bout de chacune de ses terminaisons nerveuses.

°O°O°O°

« On mange ensemble ce midi ? J'ai une surprise pour toi. »

Harry répondit au sms de Ron par un « Yep pour le repas. Une surprise ? Je pense que tu peux te la mettre là où le soleil ne brille pas.»

Il était en droit de s'inquiéter. Ron avait pris la désagréable habitude de ramener des inventions de Georges pour les lui faire tester. Sa dernière « surprise » en date avait rendu rouge l'intégralité de ses poils et ce, pendant trois jours. Heureusement, Draco était à Poudlard et n'en avait jamais rien su. Harry avait donc échappé à une foule de railleries, c'était toujours ça.

Son téléphone vibra, sa voisine de table fixa l'appareil comme s'il sortait tout droit des enfers.

-C'est sans danger, expliqua Harry, c'est moldu. Ça permet de communiquer.

La sorcière avait l'air sincèrement intriguée mais Harry n'avait pas vraiment le temps de s'attarder sur les mystères de la téléphonie. Il avait une potion devant lui et un peu moins de vingt minutes pour y trouver de l'antipoison.

« Sache que le soleil brille partout pour moi et à l'intérieur de moi. Je suis éblouissant. A toute.» avait répondu Ron. Amusé, Harry rangea son téléphone dans sa veste.

°O°O°O°

-Alors tu veux toujours que je me carre ta surprise là où le soleil ne brille pas ?

Harry envoya un regard noir à Ron avant de poser de nouveau les yeux sur Draco qui se tenait tranquillement à côté de son meilleur ami. Harry avait du mal à réaliser qu'il était vraiment là, à quelques pas de lui, un léger sourire condescendant flottant sur ses lèvres pâles. Bien entendu, il fallait qu'il soit toujours aussi beau et flegmatique. Harry résista à l'envie de vérifier si son uniforme d'étudiant Auror était bien mis mais ça n'aurait servi à rien à part le rendre ridicule. Il était bien trop conscient que le reste de la clientèle avait les yeux rivés sur eux et si leurs regards sur lui étaient chargés de sympathie, ceux qu'ils posaient sur Draco l'étaient beaucoup moins. Bande de crétins…

-C'est ma surprise, alors pas touche, fit le brun qui se sentait étrangement intimidé depuis qu'il avait aperçu Draco dans la sandwicherie.

-Pas même avec une perche, certifia Ron avant de s'installer à leur table, le laissant face à Draco... Et ce, même si la survie de l'espèce humaine devait en dépendre, rajouta-t-il après coup.

-Salut Potter, fit le blond d'une voix traînante en tendant la main à Harry. Weasley, me voilà meurtri au plus profond de mon âme.

Harry prit sa main dans la sienne, peut-être un peu trop longtemps par rapport à un poignée de main standard mais considérant que ce qu'il voulait en fait, c'était embrasser Draco jusqu'à les laisser tous les deux pantelants, il trouvait qu'il s'en sortait plutôt bien.

-Encore faudrait-il que tu en aies une, répondit Ron.

-Tu confonds Weasley, ce sont les roux qui sont dépourvus d'âme. Fort heureusement, pour ma part, je ne suis pas affublé d'une telle tare.

-Qu'est ce que tu fais au ministère ? demanda Harry, coupant court à la chamaillerie, même s'il soupçonnait Ron et Draco de s'amuser comme des petits fous.

-Les Aurors ont fait appel à moi pour une affaire, expliqua Draco sans pouvoir vraiment empêcher l'orgueil de transparaître dans sa voix, et je ne peux pas en dire plus, je suis sous le sceau du secret.

Harry fronça les sourcils et se tourna vers Ron qui leva les mains en signe de défense.

-Me regarde pas comme ça, je ne bosse pas sur ce cas donc je ne suis au courant de rien. Mais Malfoy a fait du bon travail comme consultant la dernière fois. Ça ne m'étonne pas qu'on refasse appel à lui. Même si ça me troue le cul de le dire, c'est un expert en Magie Noire.

-Pitié Weasley, je vais finir par croire que tu m'estimes. Et ne fais pas sonner ça comme si j'étais devenu un gentil garçon ! Il se trouve que la prime est intéressante, le travail totalement sans danger et c'est toujours sympa de rabaisser des Aurors incompétents.

-Sans danger ? répéta Harry l'air de rien mais Draco lui lança un regard entendu.

-Sans danger, confirma-t-il avec un léger sourire.

Alors seulement Harry se détendit et prit la carte des menus – en fait pour tout menu, il n'y avait que des sandwichs mais Harry et Ron aimaient bien ce troquet -. Draco étudiait la carte en levant un sourcil désabusé. Sa prestance toute aristocratique dénotait carrément ici et Harry ricana intérieurement. Il avait beau être dingue de cet homme, c'était toujours jubilatoire de le voir hors de sa zone de confort. Ça le rendait plus humain, plus accessible.

-Tu dois repartir quand ? demanda-t-il, espérant qu'ils pourraient passer la soirée – et la nuit - ensemble.

-Bientôt. J'ai un cours à 15 heures avec des Serpentards et des Poufsouffles, un mélange intéressant.

Harry connaissait un autre mélange intéressant, genre Draco et lui, nus, en sueur, emboîtés l'un à l'autre… ou peut-être qu'il lui laisserait ce veston en velours qui lui donnait un air si respectable.

-Ah…

Sa déception devait transparaître parce que Ron leva les yeux au ciel.

-Peut-être que tu pourrais me faire visiter le bâtiment où tu étudies ? suggéra Draco l'air de rien.

Harry se sentit stupidement subjugué parce que Draco le fixait d'une manière bien trop intense pour qu'il ne comprenne pas que ce n'était pas une visite de bâtiments qu'il lui proposait. Draco le voulait. Et comme à chaque fois que Harry en prenait conscience, ça lui faisait un drôle d'effet dans l'estomac, même encore maintenant. Et les conséquences sur sa libido n'étaient pas en reste non plus.

-Oui. Ça serait bien, murmura-t-il, son regard descendant malgré lui au niveau de la bouche du blond.

Ses testicules se contractèrent d'anticipation. Harry s'agita sur sa chaise en se maudissant intérieurement d'être aussi sensible à la présence de Draco Malfoy. C'était à son tour d'être en dehors de sa zone de confort et avoir une érection en public était la dernière chose qu'il voulait.

Ron se racla la gorge alors Harry détourna sagement les yeux tandis que le serveur s'approchait pour prendre les commandes.

°O°O°O°

-Relax Harry, il n'est pas forcément en train de se faire agresser et si c'était le cas, je suis sûr que Malfoy sait se défendre.

-Je ne suis pas inquiet, mentit Harry.

Ron renifla. Harry jeta un coup d'œil sur le visage impassible de Draco, debout à quelques mètres d'eux. Le serveur l'avait retenu juste avant qu'il ne sorte du restaurant et était encore en train de lui parler. Harry se demanda si la famille du mec avait été victime des Mangemorts ou si l'homme était simplement un de ces types détestant les Malfoy juste par principe. Il aurait voulu aller auprès de Draco mais Ron avait raison, le blond lui en voudrait forcément de se mêler de ça, et il pouvait déjà l'entendre parler de complexe du héros d'une voix suintante de mépris, alors Harry rongeait son frein.

Le repas avait été incroyablement frustrant, il voulait se libérer de la tension sexuelle que Draco avait provoqué par sa seule présence et le temps leur était compté. Il se demanda s'il désirait autant le blond parce qu'ils se voyaient peu mais il se rappela qu'il le désirait tout autant lorsqu'ils étaient à BeauxBâtons alors qu'ils couchaient ensemble tous les jours.

Finalement la discussion se termina et Draco, toujours aussi impassible, revint vers eux.

-Ça va ? demanda Harry après qu'ils eurent fait quelques pas en silence.

-Pourquoi ça n'irait pas ? s'étonna Draco. Si on excepte l'existence de Weasley bien entendu.

-Mon existence rend le monde plus beau et plus propre, rétorqua Sun, les mains dans les poches, en levant le front comme si les cieux allaient soudainement s'ouvrir pour confirmer ses dires.

Ce que évidement ils ne firent pas.

-Toutes mes félicitations Weasley, tu as les mêmes propriétés que du papier toilette ! lâcha Draco.

-Ah mais lécher des culs, c'est pourtant plus ton truc Malfoy. Paraît que MacGonagall ne jure que par toi ces derniers temps.

-Je suis juste un membre compétent de l'équipe professorale. Et avant que tu ne pouffes ridiculement de rire, « compétent » est en un seul mot, Weasley.

-Vous le dites si je dérange ? intervint Harry, légèrement agacé d'être laissé de côté.

-Je croyais qu'on avait déjà établi le fait que c'était Weasley qui dérangeait, répondit Draco innocemment.

Ron eut l'air outré et comme Harry ne prenait pas sa défense, il sembla comprendre qu'il était temps pour lui de prendre congé.

-Il y a des manières plus polies de me dire de vous laisser seuls, grommela-t-il.

Draco eut une moue méprisante et ouvrit la bouche mais un regard croisa le sien alors il garda sagement le silence.

-On se voit plus tard Ron, dit Harry avec un vague signe de la main alors qu'il se dirigeait d'un pas rapide vers les bâtiments où il étudiait.

Ça ne devrait pas être bien difficile d'y trouver une salle vide.

Heureusement il avait recommencé à pleuvoir donc ce n'était pas vraiment bizarre de les voir accélérer le pas.

-Pressé Potter ? demanda Draco en le rattrapant.

-Pas toi ? Merde, j'ai cru que toi aussi tu voulais… rétorqua Harry en ralentissant.

Puis il se sentit comme le dernier des imbéciles, Draco devait le prendre pour un ado attardé avide de sexe. Le pauvre venait de se faire insulter par un minable serveur et tout ce que Harry trouvait à faire, c'était de l'emmener dans un endroit isolé pour qu'il puisse satisfaire sa libido.

Il s'arrêta net et jeta un coup d'œil inquiet sur la rue mais personne n'était assez proche pour les entendre.

-Oh mais moi aussi, je veux…, railla le blond dont l'ironie aurait eu plus d'impact si ses yeux gris n'étaient pas autant assombris par l'envie qu'il avait de lui.

Ça rassura quelque peu Harry qui hocha la tête avec un léger sourire. Il passa devant espérant que ce faisant, Malfoy materait son cul.

Ça devait être le cas car à peine furent-ils entrés dans une salle abandonnée trouvée par Harry que Malfoy fut devant lui et qu'une paire de mains agrippèrent ses fesses, l'empêchant de prononcer correctement le sort qui bloquerait l'accès à la pièce. Sa seconde tentative fut la bonne, heureusement parce qu'ensuite la bouche du blond se posa dans son cou et il commença à l'embrasser. Avec un soupir de contentement, Harry pencha la tête pour lui laisser un meilleur accès. Il ne savait pas combien de temps encore il allait supporter de voir le blond en pointillé.

-Je suis désolé, dit-il tout en se laissant dévorer, ses mains caressant doucement le dos de Draco. Pour le serveur… ce connard…

Les lèvres de Draco quittèrent son cou mais son souffle était toujours contre sa peau et ça suffisait pour le faire frissonner.

-Il n'y a pas de quoi, ce n'est pas la première fois qu'on me fait du rentre-dedans… je m'en remettrai.

Harry se figea.

-Du rentre… attends, tu veux dire que ce mec t'a dragué ?

-Heu oui. Bon sang Potter, cet uniforme d'aspirant Auror est très seyant mais il possède trop d'agrafes…

Harry recula légèrement, les mains de Draco cessèrent de s'activer sur ses trop nombreuses attaches et les sourcils blonds se froncèrent.

-Il y a un souci ? demanda-t-il.

-Je… je pensais que ce type t'avait pris à part pour… enfin tu sais… Je croyais que c'était un connard qui…

Un sourire joua sur les lèvres de Draco. Ça semblait l'amuser ce crétin !

-Tu pensais qu'il voulait me dire à quel point les Malfoy et moi en particulier, étions pourris… Non, il a été plutôt clair, aussi discret et balbutiant qu'un adolescent, mais il me voulait moi.

Une étrange sensation prit place dans l'estomac de Harry. Une sensation plutôt désagréable. Il avait vaguement ressenti ça lorsque Dean sortait avec Ginny et qu'il se croyait amoureux d'elle. Mais la sensation à présent était pire. Rien que l'idée qu'un autre homme touche Draco lui donnait envie de mordre.

-Tu n'as rien à craindre, poursuivit Draco, personne ne fait le poids face à toi.

Il y avait une légère amertume dans son ton, comme s'il déplorait ce fait, mais Harry était trop choqué que Draco se fasse draguer sous les yeux de tous – et les siens en particulier - pour faire attention au reste.

-Ça arrive souvent ? De te faire draguer par des hommes, comme ça, en pleine rue ?

-Tu fais sonner ça comme si ce type m'avait harponné. Personne ne s'est douté de rien, même pas toi. Dois-je te rappeler que notre bonne vieille société sorcière est du genre homophobe ? Ce mec avait tout intérêt à rester discret.

-Tu ne réponds pas à ma question.

Draco esquissa un sourire narquois.

-Et toi tu es jaloux.

Harry se contenta de le fixer jusqu'à ce que le blond pousse un soupir excédé.

-Je te rappelle que mon homosexualité a fait les gros titres de la presse. Alors oui, de temps en temps, un mec tente le coup. Quand ils ne sont pas trop rebutés par l'aspect « ancien Mangemort » qui me colle à la peau, cela va sans dire

-Je n'aime pas ça, grogna Harry, se sentant ridicule en le lui disant mais ne pouvant pas s'en empêcher.

-Et bien c'est indépendant de ma volonté, Potter. Je n'aime pas non plus voir toutes ces femmes qui te courent après mais j'ai confiance en toi.

-Evidement, siffla Harry, tu sais très bien qu'elles ne me font aucun effet. Les hommes qui « tentent le coup » comme tu dis, ce sont des hommes et…

-Bordel Potter, railla Draco nerveusement, tu es le fichu Sauveur ! Comment peux-tu être aussi peu sûr de toi ? Aucun ne t'arrive à la cheville.

Harry se sentit pâlir et recula sans même s'en rendre compte. Mais Draco ne le laissa pas aller bien loin, ses mains s'agrippèrent à son uniforme et le ramenèrent contre lui.

-Non, non, ce n'est pas ce que je voulais dire, souffla-t-il contre son oreille alors que Harry se tenait encore droit comme un piquet dans ses bras, je m'en fiche que tu sois le Sauveur, l'Elu, l'Etoile de mon Cul du Monde sorcier, tu le sais non ?

Harry hocha sèchement la tête. Draco soupira contre lui.

-Mais tu es tellement… bon sang Potter… Et entre nous ce qu'il y a c'est… Merde ! Ce que je ressens pour toi... c'est…

Harry posa les mains sur ses joues pâles. Draco cessa de se perdre dans des balbutiements incohérents et ses yeux gris se fixèrent aux siens. Il eut un petit rire nerveux. Draco et lui étaient totalement handicapés lorsqu'il s'agissait de se dire vraiment les choses. Peut-être qu'à un moment donné, ça ne serait plus suffisant mais pour l'instant ça lui allait.

-Je sais… Et moi aussi, tout comme toi, répondit-il en caressant l'arrête de sa mâchoire.

Draco haussa des sourcils amusés.

-Il y a pas à dire, on gère niveau éloquence.

Harry ricana. Draco l'embrassa, alors il cessa de rire.

°O°O°O°

Cela faisait bien trois heures qu'il se trouvait dans la salle de duel et la soirée était à présent bien avancée. Après le duel, huit jours plus tôt, il avait demandé à MacGonagall la permission de s'entraîner tous les soirs. Et comme la salle était remplie de sortilèges de protections - et qu'il lui avait offert ces chocolats suisses qu'elle adorait secrètement - elle n'avait rien trouvé à y redire. Et chaque nuit, après s'être défoulé, il avait dormi comme un bébé. Aucun cauchemar à l'horizon. Bien plus efficace que n'importe quelle séance chez un psychomage si on voulait son avis.

Au départ, il s'était contenté de refaire les sortilèges qu'il avait utilisés contre Jones, des sortilèges plutôt classiques et peu puissants. Un peu comme s'il était intimidé par ses retrouvailles avec la Magie Noire.

Mais à présent il regardait en jubilant les cibles d'entraînements voler/brûler/se ratatiner. Il avait senti les fourmillements de la magie en lui toute la journée mais là, c'était l'extase. Même le fait de transpirer sous l'effort et la concentration ne le répugnait pas.

La magie chantait dans chacune de ses terminaisons nerveuses. Avant cette semaine, depuis combien de temps n'avait-il pas réellement fait de Magie Noire ?

Il connaissait la réponse bien sûr. Depuis qu'il était avec Harry. Il s'était restreint à BeauxBâtons parce que le brun n'aimait pas ça et qu'il trouvait ça dangereux. Mais l'inquiétude de Potter était infondée, la Magie Noire n'était dangereuse que si on ne savait pas la contrôler et Draco savait lui. Il était un Maître en la matière.

Et cet été avait été pire que tout. Depuis l'attaque des Mangemorts, il n'en avait pas fait du tout, vivant comme un fichu cracmol.

Mais il avait eu tort, décida-t-il en souriant Il lança un nouveau sortilège qui pulvérisa la nouvelle cible mouvante. Il avait eu tort parce qu'il revivait.

Mieux valait un Mage Noir que pas de mage du tout. Et il était bon. Il était plus que bon même.

Un élève si doué, susurra une voix en lui mais il l'entendit à peine car sentir la magie crépiter au bout de ses doigts et vibrer dans tout son corps était mieux que tout. Mieux que voler. Mieux que baiser.

Mieux que Harry.

Il eut un pincement de culpabilité à cette pensée, un peu comme s'il venait de piétiner quelque chose de sacré et son cœur se serra un instant. Puis une nouvelle cible apparut devant lui et un nouveau sourire inquiétant étira ses lèvres.

Il connaissait un sortilège bien douloureux qui ferait l'affaire.

« Il faut placer ta baguette presque à la verticale de ton coude pour bien le lancer, Draco.»

Draco écouta les conseils qui venaient du passé et l'avaient terrifié à l'époque. Mais il n'était plus un adolescent effrayé, alors il lança le sortilège, imaginant que la cible en face de lui était en fait le donneur de conseils, le Maître, celui qui avait fait de lui une moitié de sorcier. La voix de Voldemort se tut enfin et la cible se ratatina dans un bruit qui ressemblait à un hurlement. Essoufflé mais toujours concentré, Draco essuya la sueur sur son front et ne détourna pas les yeux.

Cette nuit-là aussi, il ne fit aucun cauchemar.

A suivre…