« Tu viens, Cornedrue ?
- Partez devant, je vais attendre Lily. »
Du haut de l'escalier du dortoir des filles, je pus distinguer les voix de Peter Pettigrow et de James Potter. Je refermai soigneusement la porte derrière moi, un sourire discret flottant sur mon visage, et je descendis les marches doucement.
Il ne restait qu'un seul maraudeur dans la salle commune. Assis sur un canapé, les jambes croisées sur la table basse, il leva les yeux vers moi dès qu'il entendit la dernière marche craquer. Son visage s'éclaira aussitôt et il s'empressa de me rejoindre.
« Bien dormi ? »
Je hochai simplement la tête et réajustai mon sac sur mon épaule. C'était notre dernier jour à Poudlard, et je savais que c'était aussi difficile à imaginer pour lui que pour moi. Nous avions vécu toute notre adolescence ici, nous avions tout appris ici, une page se tournait, et tout ce qui arrivait nous faisait peur.
Ma seule consolation, c'était lui. Nous sortions ensemble depuis un peu plus d'un mois, mais je savais déjà que Poudlard ne serait pas notre dernière aventure ensemble. Parfois, je me disais que c'était naïf de ma part. Je me demandais quelles étaient les choses qui nous différenciaient des couples qui s'estimaient faits l'un pour l'autre dès les premiers rendez-vous, et qui se séparaient pourtant avec perte et fracas par la suite.
Je n'avais pas vraiment de réponse à cela. Je me disais que je pouvais toujours me tromper, que l'erreur était humaine, mais que James et moi, c'était quelque chose qui n'était pas destiné à s'arrêter. Je ne voyais même pas une seule raison pour laquelle nous pourrions nous séparer. Il n'y avait rien. Je connaissais ses défauts, et je les acceptais comme il acceptait les miens. Je savais déjà qu'il n'y avait pas une seule concession que nous n'accepterions pas de faire l'un pour l'autre. Nous n'avions même pas besoin de le dire. Nous le savions. Nous ferions tout pour rester ensemble.
« Est-ce que tu as essayé de te coiffer ? lui demandai-je en jetant un coup d'oeil suspicieux vers ses cheveux plus plats que d'ordinaire. »
Il grimaça pour seule réponse et tenta d'aplatir encore plus l'épaisseur considérable de mèches qui se dressaient sur sa tête avant que je ne prenne sa main pour l'arrêter.
« Ne fais pas ça. J'aime bien tes cheveux comme ils sont.
- Vraiment ?
- Ne fais pas semblant Potter, tu sais très bien que c'est ton arme de séduction massive, soufflai-je en levant les yeux au ciel.
- Je pensais que c'était mon visage tout entier, lâcha t-il avec un sourire en coin.
- Ce n'est certainement pas ta modestie, en tout cas, conclus-je en lui pinçant l'épaule. »
Il fit un bond sur le côté et trottina pour me rattraper alors que je sortais de la salle commune afin de me rendre dans la grande salle.
« Tu ne m'as même pas dit bonjour. Et tu ne m'as pas non plus embrassé ce matin.
- Je n'ai pas envie, avec tes cheveux aplatis.
- Tu veux dire, mon arme de séduction massive aplatie, répliqua t-il en se pavanant devant moi. »
J'eus du mal à retenir un rire. Mes yeux trouvèrent les siens alors qu'il marchait devant moi, en me regardant, avec une assurance qui me désarçonnait. Il connaissait le château comme sa poche, mais la confiance qu'il avait en lui m'épatait toujours. Moi, je pouvais être sûre que si j'effectuais une marche arrière comme il le faisait, il ne se passait pas trois secondes avant que je ne percute un mur, une colonne de pierres, un escalier, ou un élève.
« Tu ne m'as pas embrassée non plus. Ces choses là, ça se fait à deux, que je sache, répliquai-je.
- Vrai. Je n'avais pas envie de te mettre la pression.
- Pour t'embrasser ? m'étonnai-je en riant. Tu dis ça comme si ça pouvait être quelque chose d'angoissant. Oh mais attends, maintenant que tu le dis... C'est vrai que... »
Je fis mine de réfléchir et son visage se ferma. Il se retourna, et commença à accélérer la cadence, m'obligeant à trottiner derrière lui.
« James, je plaisante ! m'exclamai-je. »
Il ne répondit pas et se contenta de continuer sa route, ce qui eut l'effet de me faire rire encore plus, et ce n'était certainement pas ce qu'il avait prévu, mais je ne pouvais pas lutter. Sa susceptibilité m'avait toujours faite rire, d'aussi loin que je m'en souvienne. Il avait cette manière de bouder comme un enfant qui contrastait totalement avec le jeune homme sûr de lui qu'il était habituellement. C'était une des choses que je préférais à propos de lui.
« James, j'ai quelque chose à te dire ! »
Après avoir accéléré la cadence, j'arrivai à sa hauteur, l'attrapai par le bras et le repoussai légèrement contre le mur de la salle de classe numéro onze. Il se laissa faire tout en s'efforçant de ne pas me regarder dans les yeux, mais quand je posai ma main sur sa joue, son visage s'approcha instinctivement du mien et il répondit à mon baiser.
« Bonjour, murmurai-je en m'écartant juste assez pour pouvoir évaluer sa réaction.
- Tu penses vraiment que tu peux te faire pardonner comme ça ?
- Oui, tentai-je en nouant mes bras autour de lui et en enfouissant ma tête dans son cou. »
Il resta immobile pendant une ou deux secondes avant d'inspirer profondément et de me serrer un peu plus contre lui.
« Tu as bien raison, dit-il. »
Je pouffai et me mis sur la pointe des pieds pour déposer un rapide baiser sur sa joue. J'étais amoureuse de ce garçon, et je me fichais de ce que les autres en disaient. Je savais qu'il avait déjà eu plusieurs relations avant moi, je savais qu'il avait un passé que je n'avais pas, et parfois, cela me faisait peur, mais je savais aussi que je pouvais lui faire confiance.
« Est-ce qu'on va manger avant que tout cela ne devienne trop angoissant pour toi ? se moqua t-il.
- Si seulement l'angoisse ressemblait à cela... soupirai-je en m'écartant de lui pour reprendre notre chemin vers la grande salle.
- Si tu t'inquiètes pour tes notes d'ASPIC, je t'arrête tout de suite. J'ai entendu McGonagall dire à Slughorn que tu avais été brillante.
- Ce n'est pas spécialement les notes, c'est d'autres choses.
- Comme quoi ?
- Des trucs de filles.
- Quels trucs de filles ? Tu dis toujours que les trucs de filles n'existent pas, que toute chose concerne toute personne indépendamment de son sexe ou de son genre et...»
J'ouvris la bouche pour répondre et la refermai aussitôt en songeant qu'il y avait un sujet que nous n'avions jamais vraiment abordé, et il s'agissait de celui-ci : son expérience, et mon inexpérience. Je fus soulagée lorsqu'il poussa la porte de la Grande Salle. Nos camarades étaient déjà tous en train de prendre leur petit déjeuner, et nous n'allions certainement pas avoir ce genre de conversation ici.
« Tu sais que tu peux tout me dire, Lily ?
- Oui, je sais, mais...
- Tout, insista t-il. »
Je hochai la tête alors que nous arrivions à la hauteur de nos amis, et il me jeta un regard interrogateur alors que je m'asseyais à côté de Marlène McKinnon qui avait déjà préparé deux toasts dans mon assiette.
« Merci Marlène, tu es la meilleure.
- De rien. Je savais que tu arriverais tard parce que Potter essayerait de te bécoter sur le trajet, nous taquina t-elle.
- Oh mais tu es si loin du compte, McKinnon, commenta Sirius avec un sourire narquois. Evans est celle qui retarde James, ce n'est pas l'inverse.
- Ces accusations sont révoltantes, Black, m'offusquai-je faussement.
- Dois-je te rappeler que j'ai le même emploi du temps que vous et que par conséquent, je suis présent quand tu tires plus ou moins discrètement mon meilleur ami par le bras pour pouvoir lui sauter dessus dans un coin sombre entre chaque cours ?
- Je ne lui saute pas dessus dans des coins sombres ! répliquai-je en rougissant légèrement.
- Et même si elle le faisait, je n'ai pas de problème avec ça, intervint James. Maintenant, est-ce qu'on peut juste évoquer le vrai sujet du jour ? »
Il fit un signe de tête vers la table des professeurs où Slughorn était assis, portant un anorak aux couleurs pastel et des skis aux pieds.
« Il croit que c'est la mode moldue. Je lui ai pourtant déjà expliqué qu'il y avait des subtilités par rapport aux saisons et à l'activité, mais je crois qu'il aime vraiment ce look... expliquai-je alors que les autres gloussaient. »
Le professeur Slughorn était plutôt sympathique bien que cupide, et je devais avouer que ses extravagances vestimentaires me faisaient toujours sourire. Il avait une fascination pour la mode moldue qui était surprenante quand l'on savait qu'il se focalisait spécifiquement sur les pièces les plus décousues.
« Vous avez tout organisé pour la fête de ce soir ? demanda Mary MacDonald aux garçons.
- Tout est prêt depuis des mois, lui répondit Peter alors que les trois autres acquiesçaient.
- Pas d'infraction au règlement, n'est-ce pas ?
- Non, Lily, pas d'infraction au règlement... souffla Sirius avant de rajouter plus discrètement à l'oreille de Mary : Du moins pas devant les préfets.
- Et toi, tu es prête ? me glissa Marlène. »
Je tournai les yeux vers elle et à son simple sourire je sus à quoi elle faisait allusion. Je me contentai de soupirer avant de prendre mon toast avec moi, de me lever, et de lui faire signe de me suive.
« On part devant, à tout à l'heure ! m'exclamai-je à l'adresse de la tablée. »
James m'adressa un signe de la main et Sirius m'envoya un baiser, comme il le faisait à chaque fois que nous nous quittions, ce que je trouvais à la fois drôle et consternant.
« Je ne suis pas prête, Marlène, lui murmurai-je lorsque nous fûmes dans le couloir. Tu crois vraiment qu'il s'attend à ce que nous...
- C'est notre dernier soir ici, bien sûr que Potter s'attend à coucher avec toi, Evans, intervint Dorcas Meadowes. »
Elle venait de surgir de nulle part et de faire irruption dans notre conversation privée comme si elle y avait été conviée, et j'eus besoin de me concentrer de toutes mes forces pour garder la face. Dorcas Meadowes était sortie avec James, et elle aimait beaucoup le rappeler à quiconque croisait son chemin.
« James veut juste passer du temps avec toi, Lily, tenta de me rassurer Marlène.
- Oui, enfin, il va certainement trouver bizarre que sa petite-amie n'ait pas envie de lui, espérons qu'il comprendra, commenta Meadowes d'un air faussement intéressé.
- Je ne me souviens pas t'avoir demandé conseil, Dorcas, lui fis-je remarquer.
- Comme tu veux. J'essayais de t'aider. Il ne faudra pas t'étonner si James se lasse, conclut-elle. »
Juste comme cela, elle fila devant nous vers la salle de Métamorphose. J'eus soudainement envie de mourir. Ou de la tuer. Ou de faire exploser tous les murs du couloir pour que nous mourrions toutes les deux.
« James ne se lassera pas.
- Je sais, répondis-je à Marlène. »
En fait, je ne savais pas. Peut-être que Dorcas avait raison. James avait de l'expérience, il avait toujours eu du succès avec les filles, est-ce que cela lui manquait ? Est-ce qu'il ne préférait pas toute cette période où il pouvait flirter à droite à gauche sans avoir d'engagement avec qui que ce soit ? Est-ce qu'il regrettait de former ce couple avec moi parce que cela l'empêchait de s'adonner à des relations sexuelles avec d'autres filles ?
Je secouai la tête en entrant dans la salle de classe. Il avait toujours été correct avec moi, ne m'avait jamais pressée pour quoi que ce soit, et me demandait régulièrement la permission pour m'embrasser ce que je trouvais à la fois étrange et absolument admirable. Je n'avais aucune raison de donner un quelconque crédit à ce que racontait Dorcas Meadowes, mais elle avait mis des mots sur mes craintes et je me disais que si elle avait si facilement pu me chambouler l'esprit, c'était peut-être parce qu'une part de vérité se cachait dans son discours.
J'avais déjà sorti toutes mes affaires lorsque les garçons pénétrèrent dans la salle de classe. Je me retournai, James m'adressa un sourire tout en s'asseyant à côté de Sirius, et je me sentis tout de suite un peu mieux, mais dès que mes yeux se posèrent sur le tableau noir face à moi, les doutes furent de retour.
J'eus toute les peines du monde à me concentrer sur ce que nous disait le professeur McGonagall. Ce n'était pas trop grave, car il ne s'agissait pas d'un cours en lui même. Pour le dernier jour, elle voulait juste s'assurer que nous serions prudents dans notre vie future compte tenu de la situation avec Voldemort et les mangemorts, et que nous ne nous laisserions pas influencer par la crainte. Elle répondit également à quelques questions d'élèves, et passa plusieurs minutes à discuter avec James à la fin de l'heure.
Ces deux là s'étaient toujours bien entendus. Ce n'était pas gagné car James avait été un élève plutôt turbulent les premières années, mais le professeur McGonagall avait tout de suite vu chez lui un énorme potentiel en Métamorphose et ses notes avaient démontré qu'elle avait eu raison. Sans montrer aux autres élèves une quelconque préférence, je savais très bien que James était son petit point faible, et je ne lui en voulais guère car il était le mien aussi.
La journée fut longue, beaucoup trop longue à mon goût. Au déjeuner, j'avais vu Dorcas discuter avec des filles qui jetaient des coups d'oeils qui se voulaient discrets vers moi. Je savais très bien qu'elle leur répétait la conversation qu'elle avait surprise un peu plus tôt, et j'en étais écœurée. Je n'avais surtout pas envie que tout cela arrive aux oreilles de James, et je tentai de le faire comprendre à Meadowes en ayant une petite conversation avec elle dans l'après-midi.
Il me sembla que tout était clair entre nous lorsque je quittai mon dernier cours pour aller à la bibliothèque pendant que James et Marlène se rendaient à leur entraînement de Quidditch, mais quand le soir même je pénétrai dans la salle commune peu après l'équipe exténuée, une partie d'entre eux se tourna vers moi en chuchotant, et en croisant brièvement le regard satisfait de Dorcas, j'eus une petite idée sur le sujet de leurs messes basses.
« Je vous conseille à tous de la fermer. Le prochain que j'entends prononcer le prénom de Lily va passer une très mauvaise dernière nuit à Poudlard, et je peux vous garantir qu'il s'en souviendra toute sa vie, vociféra James. »
Il réalisa une seconde plus tard que je venais d'entrer dans la salle commune. Ses yeux avaient à peine trouvés les miens qu'il jeta son sac de quidditch dans les bras de son meilleur ami, m'attrapa par la main, et m'entraîna avec lui dans le tourbillon de marches menant aux dortoirs des garçons.
A peine la porte refermée derrière nous, il jeta son balai sur le sol, passa nerveusement sa main dans ses cheveux, et ouvrit la bouche avant de la refermer aussitôt pendant que je restai paralysée au milieu de la pièce. Il y avait une boule dans ma gorge, et j'avais si mal au ventre que j'avais envie de me plier en deux.
« Qu'est-ce qu'elle a dit ? Meadowes... C'est elle, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'elle a dit ? parvins-je à articuler malgré tout. »
Il soupira, s'adossa à la commode qui contenait tous ses vêtements, et lâcha un lourd soupir. Ses yeux avaient du mal à soutenir les miens, et les miens avaient du mal à soutenir les siens. J'étais tellement embarrassée que j'en étais paralysée.
« Elle a dit que tu n'avais pas envie de... Je... Peu importe ce qu'elle a dit. Je suis désolé, balbutia t-il à ma plus grande surprise. »
Je l'observai avec stupeur. Je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle il s'excusait, et j'étais horrifiée par ce que Dorcas Meadowes avait pu raconter à tout le monde. Elle avait étalé ma vie personnelle et celle de James devant les autres, et avait en plus déformé mes propos.
« Est-ce que je t'ai mis la pression ? Lily, je suis désolé si c'est le cas, je...
- Non, mais non, absolument pas, le coupai-je en fronçant les sourcils.
- J'aurais dû aborder le sujet... Merlin. Je savais que tu n'oserais pas le faire, mais je ne pensais pas que tu y réfléchissais pour l'instant et...
- James, ce n'est pas de ta faute, est-ce qu'on peut juste... Est-ce qu'on peut oublier Meadowes et passer une bonne soirée ? Une bonne dernière soirée, corrigeai-je aussitôt.
- Si je retourne en bas, je ne suis pas sûr de ne pas faire de victime...
- Alors on reste ici.
- Lily, vraiment, tu devrais y aller, t'amuser avec McKinnon et les autres, et...
- J'ai passé la journée avec Marlène. J'ai envie d'être avec toi. »
Il me sourit brièvement et se laissa tomber sur son lit avant de se pencher et de sortir une grosse boîte du dessous. Il l'ouvrit, s'assit en tailleur, et tapota son matelas pour me faire signe de venir m'asseoir avec lui.
« Je te présente la réserve de chocogrenouilles des maraudeurs ! s'exclama t-il en ouvrant les bras vers l'énorme boîte.
- Impressionnant, soufflai-je en me penchant au dessus.
- Profites-en avant que Sirius ne nous surprenne. »
J'avais rarement vu autant de confiseries au même endroit. Je souris et me laissai tenter bien que je sente encore une angoisse grandissante en moi Je savais que je devais lui parler, mais je n'avais aucune idée de la façon dont je devais m'y prendre. Meadowes avait bien raconté ce qu'elle voulait, et je ne souhaitais pas parler d'elle, mais je n'avais aucune envie qu'il se méprenne sur ce que je pensais réellement.
Nous passâmes plusieurs heures à discuter de tout et de rien et à engouffrer chocogrenouilles sur chocogrenouilles avant que je ne me décide enfin à communiquer correctement avec lui. Nous étions à ce moment là côte à côte, assis contre sa tête de lit, son bras était autour de mes épaules et je me sentais bien, j'étais en confiance, et je savais qu'il m'écouterait.
« James ?
- Hmmm...
- ...Tu fais du quidditch depuis longtemps, n'est-ce pas ? »
Il hocha simplement la tête, les yeux rivés sur ma main qui se baladait nerveusement sur sa cuisse. J'aimais tellement être avec lui, juste comme ça, juste à profiter de sa proximité, que cette discussion me terrifiait simplement. Je ne voulais pas tout gâcher. Je cherchais des détours pour lui faire comprendre ce qu'il se passait en moi, car je n'arrivais pas à le lui dire autrement, sans toutefois savoir si je retrouverai mon chemin.
« Tu sais que je n'en ai jamais fait...
- Je pourrais t'apprendre, un de ces quatre, me dit-il.
- Justement, commençai-je, hésitante. Toi, tu as... Tu as déjà fait quelques matchs, mais moi je... Je n'en ai jamais fait, et je... Comment te dire... ? J'ai peur que le quidditch te manque maintenant que tu es avec moi, parce que je... Je ne fais pas de quidditch... Avec toi. »
Je savais que cette conversation était absolument terrible. Je m'y prenais mal, très mal, et j'avais moi même du mal à donner du sens à ce que je venais de débiter, alors quand je distinguai une lueur de compréhension dans ses yeux, je laissai échapper un léger soupir de soulagement.
« Je n'ai pas envie de jouer au... Quidditch... avec d'autres personnes. Et si tu n'as pas envie de jouer au quidditch avec moi, ce n'est pas grave. Ça ne change rien.
- Ce n'est pas que je n'en ai pas envie, c'est juste... J'ai besoin d'un peu de temps.
- Moi aussi, m'avoua t-il à ma plus grande surprise.
- Vraiment ?
- Ce n'est pas parce qu'on a déjà joué au quidditch qu'on est tout le temps prêt à aller sur le terrain... me fit-il remarquer avec un demi sourire qui m'octroya un rire.
- Dorcas disait que tu te lasserais si je ne... Jouais pas au quidditch avec toi...
- Dorcas dit n'importe quoi. Si tu n'es pas prête, je ne veux pas l'être. On va prendre notre temps. Ne te mets jamais la pression à cause de ça. »
Il resserra son étreinte autour de moi et déposa un baiser sur ma tempe. Jamais je ne m'étais sentie aussi soulagée et comprise. J'aurais dû le savoir. James ne s'était jamais comporté autrement avec moi. Il avait toujours été à l'écoute.
« Est-ce que je peux dormir ici sans jouer au quidditch ?
- Vraiment Lily, je ne comprends pas ce que tu veux dire. Le quidditch se joue sur un immense terrain, et je n'ai qu'un vif d'or dans ma table de chevet, évidemment qu'on ne va pas faire une partie ici...
- Tu es un idiot, pouffais-je en lui donnant un coup d'épaule.
- Je sais. »
J'avais peur et il le sentait. Nous n'étions pas en couple depuis longtemps, mais il y avait quelque chose de formidable entre nous qui me surprenait perpétuellement : nous parvenions à ressentir les émotions de l'autre sans avoir à mettre de mot dessus. C'était parfois déroutant, mais la plupart du temps, c'était rassurant.
Il resserra son étreinte autour de moi, ma tête se cala naturellement contre la sienne, et au fur et à mesure que ses battements de cœur ralentissaient, les miens se calmaient aussi. Je fermai les yeux, et bientôt je ne perçus plus que sa respiration lente et la douceur de ses doigts sur les miens. C'était notre dernière nuit à Poudlard, ma première nuit avec lui.
