Auteur : kitsu34

Origine : Saint Seiya (Post Hadès)

Couple : Milo x Camus parce que ça leur va bien et que j'aime les torturer.

Genre : Euh… Nawak ? Oui, j'en ai bien peur.

Disclaimer : Rien à moi dans l'univers de Saint Seiya (Heureusement me direz-vous, vu ce que j'en fais….).

Note : Bon, pour la petite histoire, ce petit texte (il n'y a que autre chapitres : le prochain est le dernier, heureusement^^) est un défi lancé par ma cousine qui me « garde-malade » en ce moment. C'est donc bien un délire, qui n'a rien à voir avec mes autres textes, ni même avec l'univers de Iéranissia. Mais on a bien rigolé, toutes les deux !

Jamais deux sans trois

Camus se tourna sur le côté droit avec peine. Il arrivait au huitième mois et il vivait un véritable enfer. Il souffla avec agacement dans le silence de la nuit. Il avait mal partout et ne parvenait plus à trouver une position confortable pour dormir depuis plusieurs semaines déjà. Il étouffa un léger cri et son visage se crispa sous l'élancement d'un vigoureux coup de pied ou de poing en plein estomac. Et en plus, il semblait avoir hérité d'un hyperactif insomniaque qui prenait un malin plaisir à gigoter contre son estomac ou son foie toute la nuit !

Il se tourna à nouveau, pestant une énième fois contre cette malédiction en hochet et couche-culotte qui lui était tombé dessus. Il n'avait rien demandé, lui ! Et il avait fallu que ça soit pour lui… Encore une fois… Il ferma les yeux sous un autre coup, plus douloureux encore que le premier. Un gosse… Il avait déjà donné, pourtant, entre Isaac et Hyoga ! Pourquoi c'était toujours sur lui que tombaient les gamins ? Il ne les aimait même pas particulièrement !

Bon… Si, d'accord. Il les avait aimé, ses deux disciples. Et quand ce garnement ne lui donnait plus de coups de pied dans l'estomac ou n'appuyait pas sur sa vessie, il l'adorait. Sentir cette petite vie grandir en lui, le voir sur le moniteur lors des échographies, le rendait tout chose…

Un nouvel élancement lui arracha un gémissement. Mais ça, c'était quand ce petit monstre le laissait dormir ! Il roula sur le dos, finalement, avec l'impression d'avoir du mal à respirer. Il détestait cette position. A chaque fois, il lui semblait que son ventre l'écrasait et l'étouffait. Il resta un instant immobile, guettant avec appréhension le prochain coup, mais les minutes s'égrenèrent sans que le choc craint ne survienne.

Camus expira doucement, toujours aux aguets, et se tourna lentement sur le côté droit, à nouveau. Rien ne se produisit. Il inspira avec volupté. Peut-être allait-il pouvoir se reposer un peu, maintenant que Miliocha s'était calmé. Avant de sombrer dans le sommeil, il jeta un coup d'oeil rancunier à Milo, profondément endormi, lui.

« J'apprécierai que tu te tiennes tranquille la nuit, Miliocha, comme ton père, au lieu de bouger dans tous les sens comme lui le reste du temps. Tu n'es pas obligé de prendre son côté hyperactif ! »

Il bâilla langoureusement, puis se blottit dans les draps, avec un soupir de bien-être… Enfin, tout était calme et apaisé. Il se sentait presque confortable, avec un petit ange au repos endormi dans son ventre.

Et le réveil sonna.

oOoOo

« Tu ne manges pas ?

- Je n'ai pas très faim, je me sens un peu barbouillé, là.

- Tu sais ce qu'a dit le doc : tu dois manger équilibré, même si le bébé appuie sur ton estomac.

- Ça va, Milo, tu n'es pas mon infirmier !

- Tu veux que je te prépare autre chose ? Tu as envie d'un plat en particulier ?

- Milo ! Fiche-moi la paix !

- Oh là là, tu as tes humeurs à ce que je vois…

- Rhaaa ! J'en ai assez, je sors !

- Comme tu veux, mon amour. »

Jetant sa serviette sur la table, d'un geste plein d'une rage encore contenue, Camus se leva si brusquement que la table fit un bond, heurtée avec énergie par son ventre. Le sourire narquois et indulgent à la fois de Milo augmenta encore sa colère et il claqua presque la porte derrière lui.

Qu'est-ce qu'il pouvait lui taper sur les nerfs en ce moment, à dire oui à tout et à se montrer si arrangeant tout le temps ! Mange équilibré, hydrate toi bien, ne fais pas ça, fais ci… Gnagnagna ! Il n'en avait pas marre d'être si raisonnable en permanence ! Il était chiant, oui !

En râlant, il défit son peignoir et attrapa un T-Shirt, l'enfilant tant bien que mal. Il avait dû refaire toute sa garde-robe pour des pièces plus larges, permettant le passage de son ventre. Il batailla un moment avec son pantalon, un machin en tissu léger et confortable. La ceinture, extensible pourtant, commençait à devenir juste. Il poussa un soupir exaspéré : il allait encore devoir demander à Shura de lui réajuster ses pantalons… Ce serait la troisième fois en deux mois… A la pensée de l'inévitable après midi d'habillage et de couture du dixième temple, sa mine s'assombrit.

S'il y en avait un qui était transporté par la situation, en dehors de Milo bien sûr, c'était le chevalier du Capricorne. Il avait failli faire une dépression en apprenant que le cas de Camus était un « incident rarissime, du jamais-vu, qui ne concernait pas d'autre chevalier ». Les juges, par l'intermédiaire de Saga, s'étaient répandus en excuses. A priori, au moment de réintégrer son âme dans son corps, il y avait eu une « mauvaise manipulation regrettable » qui avait conduit à cette catastrophe. Bref, il serait l'exception qui confirme la règle, quoi.

Avec un soupir de frustration, tentant vainement à plusieurs reprises de boutonner son pantalon, il jeta un regard amer à ses tennis, tristement abandonnées dans le fond de son placard. Cela faisait des semaines qu'il ne parvenait plus à les lacer et il était trop fier pour demander à Milo de le faire à chaque fois. Rageusement, il glissa ses pieds dans les sabots plastiques affreux qu'il avait dû accepter d'adopter. Et même ceux-là, il avait du mal à les enfiler ! Ses pieds gonflés peinaient à y pénétrer. En jurant à voix basse dans la langue de Molière, il se tortilla dans tous les sens, et finit par parvenir à se chausser, au bout de longues minutes d'effort. La lutte le laissa essoufflé, retrouvant difficilement sa respiration. Il avait presque un point de côté !

Se reculant de quelques pas pour se contempler dans le miroir de la chambre, Camus se regarda d'un air morne. Il ne ressemblait vraiment plus à rien… Son regard consterné circula de ses cheveux mal peignés, malgré ses efforts, à sa tenue informe, en passant par son teint livide et brouillé, accentué encore par des cernes prononcées. Inévitablement, comme à chaque fois, son regard tomba sur son ventre proéminent, tendant fièrement son T-Shirt, comme une pastèque ou une montgolfière. Il se faisait horreur. Réellement horreur. Ce corps difforme, gonflé, presque grotesque, lui donnait envie de vomir la plupart du temps.

« Tu es tellement beau, mon amour. »

Camus lança dans le miroir un regard terrifié et horrifié à Milo, appuyé contre le chambranle, qui le contemplait d'un air énamouré insupportable. Que venait-il de dire ?

« Tu n'as jamais été aussi beau, je crois. »

Les yeux incandescents s'agrandirent démesurément et sa gorge se noua. Son menton trembla et soudain, il en eut assez. Assez de cette mascarade qui le dépassait. Assez de ce corps qu'il ne supportait plus. Assez de cette guimauve ruisselant sur lui de tout côté. Assez de ne plus pouvoir fermer son pantalon ou se brosser convenablement les cheveux. Assez de ces douleurs, de cette nausée permanente, de ces crampes abdominales, de ces coups qui l'empêchaient de dormir, de ces montagnes russes émotionnelles. Assez, assez, assez ! Il fondit en larmes, comme souvent à présent.

« Oh non, chut. Là, ce n'est rien.

- Mais arrête, toi aussi ! Je suis gros ! Et moche ! Et mal coiffé ! Et mes pieds sont gonflés, je ne peux plus mettre mes chaussures ! Et j'en ai marre de tout ça !

- Viens là, mon amour. Calme-toi. Tout va bien »

Tout allait bien ? Mais il le faisait exprès ou quoi ? Rien n'allait ! Il avait un bide de la taille de Montmartre, ne dormait plus, ne mangeait plus, ressemblait à Cassios dans ses bons jours, n'arrivait plus à lacer ses chaussures, devrait supporter ENCORE d'entendre Shura radoter qu'il avait trop de chance, et tout allait bien ? Et ça, c'était sans même évoquer l'accouchement qui se ferait forcément par césarienne et auquel il n'avait pas, mais alors pas du tout, envie de penser ! Et personne ne comprenait ce qui lui arrivait ! Et… Et…

« Je veux pouvoir mettre mes chaussures tout seul quand j'en ai envie !

- Oui, bien sûr, mon cœur. Je comprends, je comprends. Là, là. Chut. Tout va bien. »

Avait-il vraiment été Camus du Verseau un jour ? Ce légendaire et fier chevalier des glaces, à l'impassibilité tant vantée ?

Ce devait être dans une autre vie...

oOoOo

« Tu veux une chaise, Camus ?

- Assieds-toi, je t'apporte un verre de citronnade bien fraîche.

- Tu devrais faire attention avec ce soleil. Tu n'as pas trop chaud ? Deathmask ! Apporte-lui un parasol !

- Tiens, le Pingouin, je t'ai apporté une glace.

- Kanon ! Sois gentil avec lui ! Ce n'est pas facile comme situation. Essaie de faire attention.

- Ben je suis gentil. Et j'ai fait attention : elle est à la fraise, ma glace. T'en veux pas ? t'es sûr ? Bon, je la bouffe alors. Je ne sais pas ce que j'ai, mais j'ai envie de fraise, moi, en ce moment. »

Camus soupira en s'éventant avec la main, avant de se rendre compte qu'un souffle bienfaisant et vigoureux lui arrivait tout à coup, par derrière. Il se retourna et sourit. Aiolos, éventail en main, s'évertuait à le rafraîchir. Il tendit la main vers Dite qui s'empressa de lui tendre un verre de citronnade fraîchement pressée et bien glacée. Il allait s'affaler contre les gradins de pierre pour soulager son dos, quand il s'aperçut qu'Aldébaran venait de glisser un confortable coussin derrière lui. Il lui adressa un regard reconnaissant et s'avachit, douillettement installé à l'ombre du parasol de Deathmask dans une chaleur agréable, atténuée par l'éventail d'Aiolos. Il avisa le cortège des Ors aux petits soins pour lui avec satisfaction. Bon, bien entendu, c'était sans compter la saleté de reptile marin qui avalait sournoisement SA glace dans un coin. Mais dans l'ensemble, les autres se pliaient en quatre pour lui, à présent que le terme de sa « grossesse ? » - « gestation ? » - approchait. Allons, sa situation avait parfois aussi du bon… Et il comptait bien en profiter !

« Mmh, je mangerai bien du melon…

- Tu as entendu, Dite ? Du melon, vite !

- Mais je fais pousser les fleurs, moi ! Pas les légumes !

- Je crois que c'est un fruit, au fait.

- On s'en fout, Saga ! Du melon, vite, du melon !

- Bon, je fonce à Rodorio !

- Dépêche-toi, Death !

- Il est déjà parti ?

- Ne t'en fais pas, Camus : dans cinq minutes, tu auras ton melon.

- Moui, mais un charentais, hein, pas un espagnol.

- Euh… C'est quoi la différence ?

- Je veux un melon orange à l'intérieur, pas un melon jaune : je ne les aime pas, les jaunes.

- Merde ! Mû ! Dis-le à Death par télépathie !

- Je ne suis pas sûr qu'il sache bien faire la différence. Je vais l'aider à choisir. »

Camus regarda d'un air indécis le fruit orangé, apporté par Deathmask et Mû et coupé en petits dés par Shura. Il en prit un morceau, qu'il mâcha sans conviction. Les Ors, en cercle autour de lui, le regardaient manger presque avec religion. Mais il repoussa son assiette, déçu par un goût terreux qu'il n'associait ordinairement pas avec ce type de melon.

« Tu n'en veux plus ?

- Il n'est pas bon ?

- Tu ne te sens pas bien ?

- Je ne me souvenais pas que cela avait ce goût-là. En fait, j'ai plutôt envie d'une pastèque.

- Vite, Mû ! Téléporte-toi au village ! »

Couché presque sur ses coussins – Aldébaran en avait rajouté deux autres -, toujours éventé par Aiolos et resservi par Aphrodite, Camus contempla avec une joie sournoise les Ors restants se précipiter pour assouvir la moindre de ses envies.

Oui, il y avait un peu de bon dans cette mascarade…

oOoOo