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Chapitre 3
Sombrer encore plus dans l'interdit
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petit LEMON en fin de chapitre (noté par /\)

« En réalité… » avoua-t-elle tout en grattant pensivement la crème du Milk-shake à l'aide de la paille mordillée. « Je cherche… mon père. Mon vrai père. »

Le cœur de Hawks rata alors un battement. C'était donc ça, ce qui n'allait pas. Ce qu'il parvenait à capturer subtilement dans les yeux de la fillette. Ce brin de doute et de… tristesse ? Cependant, avant de ne lui offrir de faux espoir, le héros préféra aussitôt clarifier le tout, tout en gardant un ton doux et compréhensif :

« Et tu as consciente que je ne peux pas être ton père ? Tu aurais pu être ma petite sœur, par contre. »

Il y eut à peine quelques secondes de silence avant que l'enfant ne terminer le Milk-shake et se redresse alors.

« Et ça me suffit amplement ! » s'exclama-t-elle, reprenant aussitôt du poil de la bête.

Le sourire de la fillette, ses yeux pétillants, son aura, son vocabulaire riche. Hawks était en train de fondre. Il sourit à nouveau et se pencha en avant pour ébouriffer les cheveux roux de la gamine. Ils étaient si doux.

Puis, l'enfant retira entièrement le manteau qu'elle déposa près d'elle sur la banquette, réarrangeant son gilet et piocha dans les petits gâteaux secs qu'avait aussi commandés Hawks pour eux. Le héros quant à lui, ne put s'empêcher de remarquer que l'enfant était plutôt maigre. Pas en sous poids, mais vraiment maigre. Il fut cependant soulagé de voir qu'elle n'avait pas l'air tant affamée que ça, signe qu'elle n'était probablement pas mal nourrie chez elle.

« Tes parents adoptifs ne peuvent pas t'aider à le retrouver ? Ton père, » reprit Hawks qui ne pouvait détacher ses yeux des petites ailes rouges de la fillette.

« Ils m'ont déjà beaucoup aidé. »

Hawks irait jeter un coup d'œil dans les listes de recensement, histoire de voir si d'autres hommes étaient connus pour avoir un Alter semblable au leur. Peut-être trouverait-il son père. Mais si l'enfant le recherchait activement, cela voulait dire qu'il était en vie, mais surement en prison, ou en fuite.

Un petit pincement au cœur s'éveilla en pensant à l'objectif de la fillette qui risquait de se solder par un échec cuisant. Il tenta alors de changer de conversation.

« Et donc, Mademoiselle Mystère. Comment souhaites-tu que je t'appelle ? Hiromi ? Ou par ton nom de super-héroïne ? »

« Je… Je ne sais pas. Je préfère que vous choisissiez. »

« Que je choisisse ? »

Hawks aurait pensé que la fillette aurait aimé jouer le jeu et se faire appeler par son nom de héros –toujours inconnu au bataillon, d'ailleurs-, mais encore une fois, tout ce qui touchait à son identité semblait être quelque chose de hautement sécurisé. Ironiquement, ça lui faisait penser à quelqu'un à l'Alter de flammes bleues dont l'identité à trouver lui donnait bien du fil à retordre.

« Quel nom est-ce que vous me donneriez, Monsi-… Hawks ? » sourit candidement la fillette, se hissant à genoux sur la banquette.

Index contre son menton, Hawks se mit à réfléchir. Si ça pouvait lui faire plaisir, allons-y. Il ne fut pas long à claquer des doigts et pointer la fillette du bout de sa petite cuillère :

« Que dis-tu de Hikari ? »

Cependant, ce ne fut pas la réaction escomptée. La fillette blêmit aussitôt, ses yeux s'écarquillant dans une certaine peur que Hawks lit sans difficulté. Il se maudit intérieurement pour avoir dit quelque chose de travers mais avant qu'il ne puisse proposer autre chose ou comprendre la source de ses tourments, la rouquine plaqua brutalement ses mains contre le rebord de la table.

« Va pour Hiromi ! » s'exclama-t-elle vivement.

Perplexe par son attitude, Hawks cligna plusieurs fois des yeux laissant retomber la petite cuillère dans la tasse.

« Appelez-moi Hiromi, » répéta l'enfant, prenant alors un sourire innocent, pressant ses deux coudes contre la table pour soupeser son menton dans ses mains.

Hiromi qui était connue pour être une célèbre mannequin à la peau foncée et aux cheveux aussi noirs que la braise, aussi connue pour ses populaires échoppes de maquillage à la marque de son nom. Oui, Hawks pourrait s'y faire. Un jour.

Il n'aimait pas savoir que l'heure tournait et qu'il avait tout intérêt à rapidement prendre le chemin de l'appartement nommé par Dabi sous peine d'arriver en retard et se faire taper sur les doigts. Hawks avait déjà bien trop de problème pour compromettre la mission qui prenait bien trop de son temps.

« Très bien… Hiromi, » reprit Hawks plus lentement. « L'heure tourne, et l'on va devoir bientôt se quitter. Tu vas maintenant me donner l'adresse de tes parents, comme promis. »

La fillette ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la referma aussitôt et se laissa elle aussi retomber contre la banquette, ses yeux évitant soigneusement le regard scrutateur de Hawks.

« Ils n'ont techniquement pas d'adresse aujourd'hui, » dit-elle d'une traite.

Hawks ferma un instant les yeux, restant zen. Étonnamment, il n'était pas surpris de la voir agir ainsi. Dès le début, il sentait l'entourloupe. La fillette n'avait aucune envie que Hawks la ramène chez elle.

« Comment ça, ils n'ont pas d'adresse ? »

« C'est une réalité. »

Tapotant le rebord de la table du bout de son index, l'esprit de Hawks était en fusion. Il n'avait vraiment pas envie d'amener de force l'enfant jusqu'à un poste de police, là où elle serait questionnée, et où son portait serait dressé pour les journaux. Il aurait comme l'impression de la trahir.

« As-tu… Des frères ou des sœurs ? »

« J'ai une sœur. Une grande sœur. Enfin… On n'est pas du même sang, mais je la considère comme telle. »

Parfait. S'il pouvait retrouver la sœur, le tour serait joué. Mais avant qu'il ne puisse pousser son enquête plus loin, la rouquine se leva et se planta devant Hawks, poings fermés autour de quelque chose.

« J'ai un cadeau pour vous, » fit-elle en avançant ses poings liés.

« Ne détourne pas la question, » répliqua Hawks, hautement suspicieux, reculant légèrement sa tête en arrière par sécurité.

Qui sait ce que cachaient ses paumes. Une bombe à oignon qui le ferait pleurer toutes les larmes de son corps pendant que l'enfant s'échappait ? Ou bien un poing à ressort qui l'assommerait en pleine figure ?

Cependant, rien de tout cela n'arriva. Toute souriante, la fillette lui présenta un porte-clés en forme de poulet bien enrobé qui levait un pouce, tandis que sur son torse bombé était écrit « daddy ». L'esprit de Hawks était pourtant extrêmement rapide, mais avant que son cerveau ne puisse réaliser la symbolique de ce cadeau, la rouquine sourit à pleines dents :

« Est-ce qu'il vous plaît ? »

« Tu… Tu ne préfères pas le garder pour ton père ? » lui demanda tout de même Hawks, ses doigts venant survoler les lettres inscrites en rouge sur le torse du poulet.

Pour première réponse, elle saisit sa main et l'obligea à garder le porte-clés confiné en sa paume. Puis elle recula d'un pas, jetant son manteau sur son épaule.

« Vous m'avez beaucoup aidé aujourd'hui, Monsieur. Vous n'avez pas idée. Gardez ceci en gage de gratitude. »

Après une révérence, elle tourna les talons et détala tel un lapin. Hawks ne se fit pas prier et se jeta hors de la banquette pour lui courir après, jetant un billet dépassant nettement l'acompte derrière lui.

« Reviens-là ! » s'exclama-t-il.

Il ne pouvait pas laisser une enfant de dix ans déambuler comme cela dans la rue. Ses propos étaient louches, et ce qu'elle recherchait n'allait la conduire qu'à de sombres ennuis, il le sentait. Cependant, après avoir poussé la porte du café, il vit l'enfant décoller en trombe, dans une parfaite balance entre force et vitesse.

« Merde ! »

Hawks décolla lui aussi, conscient que malgré les compétences aériennes que prouvait actuellement Hiromi ou qui qu'elle soit, elle restait une enfant, et ses ailes n'étaient pas encore faites pour des vols aussi effrénés comme celui-ci. Ses os avaient beau être légers comme tous les gosses porteurs d' Alter volatil, ses ailes n'étaient pas encore aptes à lui conférer une sécurité totale. Pas sans entrainement ardu au préalable.

« Arrête-toi ! Ce que tu fais là est extrêmement dangereux ! » lui cria Hawks qui fermait petit à petit la distance entre eux. « Si tu tombes-… ! »

« Ne me suivez pas, Monsieur Hawks ! Je sais très bien ce que je fais, je vous le promets ! »

Soudain, la fillette parvint à se retourner tout en se laissant porter par le vent, ailes battant en arrière. Ce mouvement vif, précis et laborieux prit Hawks de court qui écarquilla les yeux. Cette gamine était on ne peut plus doué !

Cependant, il vit trop tard ce qu'elle maintenait entre ses deux mains. Un revolver… ?! Hawks sentit son cœur rater un battement mais avant qu'il ne puisse esquiver une potentielle balle, le pistolet laissa éclater une vague de lumière acide qui brouilla aussitôt la vue du héros. Avant de s'écraser contre un immeuble, Hawks s'immobilisa aussitôt, jurant tout haut, deux mains contre ses pupilles irritées.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, la gamine avait disparu, il était seul dans le ciel.

O

1er janvier – 10h57

Lorsque trois coups singuliers toquèrent à la porte du vieil appartement aux rideaux tous tirés pour plonger le salon dans la pénombre, Dabi sut automatiquement qu'il s'agissait de Hawks. Il prit le temps de se frotter les yeux après avoir été réveillé par la porte, s'étira, vérifia l'heure –Hawks était avant l'heure, bien, la leçon était rentrée- et quitta le canapé. Il en profita pour ouvrir sans douceur les rideaux hideux et sales de poussière avant d'arriver à la porte et déverrouiller les sept serrures que ce paranoïaque de Giran avait insistées de monter ici.

Quand il ouvrit la porte, il tomba en effet face à Hawks, cette fois-ci, pas dans sa tenue de héros, mais en tant que parfait civil, les cheveux en pétards et le visage…

« Tes yeux… » lâcha Dabi arquant un sourcil alors que Hawks entrait dans le salon sans attendre. « T'as chialé ? »

Hawks grimaça suite à l'état chaotique et poussiéreux de l'appartement en question qui s'était empiré en l'espace de deux petites semaines, puis haussa les épaules à l'adresse de Dabi. Il n'avait pas pris le temps de s'observer dans un miroir tant il était en retard –après avoir galéré à retrouver son portefeuille qui était tombé lorsqu'il avait décollé devant le café-, mais était conscient que ses yeux ne devaient pas être beau à voir.

En effet, ils étaient rougis, comme s'il avait pleuré.

« Longue histoire, » fut la réponse de Hawks en s'asseyant lourdement en face de la table du salon, là où l'ordinateur de Dabi séjournait déjà.

« T'as sérieusement chialé ? » ricana Dabi en referment la porte derrière lui, détaillant l'autre homme de haut en bas. « Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Tu t'es pris un sale râteau à ta fabuleuse soirée du nouvel an ? »

Pourquoi était-il aller dire à Dabi il y a quelques jours qu'il allait profiter du nouvel an pour essayer de ramener quelqu'un dans son lit, déjà ? Ah oui, pour le rendre jaloux. Le pire dans tout ça, c'est qu'il n'avait pas pensé une seule seconde à séduire quiconque durant la soirée, trop préoccupé à noyer son esprit dans l'alcool.

« Évidement que non, j'ai pas pleuré, » répliqua Hawks en frottant ses paupières. « On m'a juste explosé les yeux avec une lumière. »

« Début d'année bien mouvementée. »

« T'as pas idée. »

Cette gamine était vive d'esprit et préparée. En tout premier lieu, pourquoi avait-elle sur elle ce genre d'arme ? C'était un indice très inquiétant quant à la situation qui l'avait poussé à fuir sa famille et à le pister comme cela.

Soudain, il sentit Dabi entourer son poignet de ses doigts toujours aussi glacés afin de libérer le visage de ses mains.

« Arrête de frotter comme un débile. Tu vas t'arracher les yeux. »

Les élans d'attention, voire presque protecteurs que Dabi semblait acquérir depuis quelque temps dépassaient toujours Hawks. Cependant, il ne dit rien et se laissa faire quand Dabi tira sur ton bras pour le faire quitter la chaise et l'amener sans aucune douceur jusqu'à la cuisine ouverte. Avant que Hawks n'ait pu commenter quant à la saleté qui s'étendait jusqu'à la cuisine, Dabi le poussait déjà jusqu'à l'évier, et ouvrait le robinet d'eau froide.

Un sourire sournois se dessina sur les lèvres du héros lorsqu'il comprit l'objectif à la limite du mignon du vilain planté à ses côtés.

« Oh, c'est presque touchant de te voir si attentionné, l'allumeur, » l'embêta Hawks haussant un sourcil à son adresse.

Dabi plissa aussitôt les yeux à ses propos et soudain, agrippa la nuque de Hawks et le pencha en avant, la tête dans l'évier. Le jet glacé vint frapper l'arrière du crâne du héros qui lâcha un cri de surprise, pressant ses mains contre le rebord de levier et poussant en arrière pour contraindre Dabi à le lâcher et quitter le jet d'eau.

Dabi retournait dans le salon sans un mot, sourire en coin alors que Hawks claquait des dents, se retournant vivement pour envoyer des éclairs visuels au brun.

« J'vais te détruire, » le menaça Hawks entre ses dents serrées.

« Un piaf à moitié aveugle est loin de me faire peur. »

« Mes yeux vont bien, et pas grâce à toi. Merci. »

Après avoir passé doucement ses yeux sous l'eau froide pour apaiser l'irritation, Hawks ressentit les bienfaits du geste et fut soulagé. Loin de lui l'envie de perdre une aussi bonne acuité visuelle que la sienne. Pendant ce temps-là, Dabi était installé à la table et cliquait plusieurs fois sur le pad circulaire, pour ensuite tourner l'ordinateur vers Hawks qui s'approcha de la table.

« J'ai besoin de deux trois de tes codes pour entrer là-dedans, » lui fit-il d'un ton sans appel.

Heureusement, ce n'était que des réseaux de données sans trop de pièces à conviction –de toute manière, les bases de données comme celle de la Commission, même Hawks n'y avait pas totalement accès-, il ne mettait pas en péril la vie d'innocents, ou du moins pas directement pour le moment. Dabi le testait toujours et encore, cherchant ses limites. Même après l'avoir accepté plus ou moins dans l'Alliance et après avoir été accepté par la plupart de ces membres.

Hawks secoua énergiquement la tête, faisant en sorte d'éjecter le plus de gouttelettes d'eau possible vers Dabi qui leva une main nonchalante pour se protéger sans réagir plus intensément, puis le blond s'assit sur la place vacante, et s'empara du clavier.

« C'est quoi le prochain taff ? Le prochain projet ? » l'interrogea Hawks sans quitter l'écran des yeux. « J'espère quelque chose de productif, voire d'excitant. Histoire de marquer cette nouvelle année. »

« Stand by pour le moment. Shigaraki revient demain, c'est à ce moment-là que les choses vont bouger, » lui répondit Dabi, basculant légèrement sa chaise en arrière, prenant ses aises en posant ses pieds chaussés sur la table. « Sois patient, Pretty Bird. »

Oh que oui, Hawks était patient. Mais sa patience avait des limites, surtout quand il avait l'impression de sentir une tempête approcher. Quelque chose de terrible allait finir par se produire, il le sentait de plus en plus chaque jour, et lui, était là à attendre que Dabi daigne lui offrir des réponses concernant leurs objectifs et le Front de Libération.

« Ne me dis pas que tu m'as fait venir juste pour taper ces fichus codes, » lâcha Hawks, pressant la touche entrée et faisant glisser l'ordinateur jusqu'au brun.

Il était persuadé que non, mais lorsque Dabi ne répondit rien, se balançant légèrement d'avant en arrière tranquillement dans la chaise qui pouvait à tout moment déraper et lui briser la nuque au vu de sa position, Hawks haussa un sourcil interrogateur.

Bon sang, il aurait pu profiter de ce temps précieux pour retrouver la gamine.

« J'voulais te voir, » lui fit soudain Dabi, soutenant le regard de Hawks, exprimant une nonchalance extrême en totale contradiction avec ses propos.

Ça… Hawks sentit son sang ne faire qu'un tour. C'était ça qu'il voulait à tout prix éviter. Qu'il aurait aimé éviter, était plutôt la formulation correcte. La façon dont il regardait Dabi, et ce que lui procurait la vue de ces magnifiques yeux bleus. Ces questionnements de morale qui se faisaient de plus en plus fréquent quand il sentait être bien aux côtés de Dabi, même si c'était juste attendre dans le froid en haut d'un immeuble, ou se plonger dans un profond silence car il n'y avait plus rien à dire.

Et leurs dernières réunions secrètes, peu avant le nouvel an, avait été un énième tournant. Un tournant qu'essayait d'ignorer Hawks, mais à nouveau perdu dans les yeux bleus du vilain, tout lui revint en mémoire et lui fit l'effet d'une claque.

Lui, à genoux devant Dabi, son intimité en bouche. Ou, bien, tout simplement les rôles inversés.

Ils n'étaient pas allés plus loin, pas d'enlacements, pas de baisers, pas de mots doux. Juste des pantalons baissés et quelqu'un à genou.

Lors d'un de ses rapports à la Commission en novembre dernier, il avait précisé que Dabi, sa cible, était probablement intéressé exclusivement par les hommes. Les indices avaient été subtils et peu nombreux, mais Hawks étant en partie de ce bord-là, avait su quoi rechercher. Dabi flirtait un peu avec lui, certes, mais ça avait semblé n'être qu'un jeu pour le déstabiliser, au début de tout cela.

La Commission s'était emparée de ce détail, et avait ordonné à Hawks de se saisir de cette opportunité si les résultats escomptés ne venaient pas. Résultats qui faisaient peine à voir et qui prenaient leur temps. Alors Hawks avait joué au jeu de Dabi, poussant cette drague un peu plus loin. Jusqu'au moment de non-retour.

Il ne devrait tout bonnement pas avoir apprécié leurs ébats, ni même se réveiller soudainement en plein nuit, en sueur, après avoir rêvé en vouloir plus.

« Ton cerveau a court-circuité ou quoi ? » fit soudain Dabi, l'éjectant brutalement hors de ses pensées. « T'es sur y'a que tes yeux qui ont pris ? »

« T'es impossible… » articula Hawks, droit comme un « i » sur sa chaise.

« C'est ce qu'on me dit souvent, oui. »

Puis, d'un air toujours aussi flegmatique, Dabi se redressa sur sa chaise, pieds quittant la table et repositionna l'ordinateur devant lui. Hawks le scrutait avec suspicion évidente dans le creux de ses yeux, croyant pourtant parvenir à lire plus amplement chez le vilain, mais visiblement, il y avait toujours un petit quelque chose qui lui échappait. Après quelques clics, Dabi referma l'ordinateur portable, garda ses mains à demi marquées de cicatrices contre l'appareil et leva ses yeux azurés jusqu'aux prunelles dorées du héros.

Hawks retint sa respiration, maudissant son corps pour s'être si tendu –bon sang, il était entrainé à maintenir les apparences et conserver loin ses émotions des regards, Dabi allait lui aussi le rendre fou-, et déglutit, mal à l'aise.

« C'est bon, tu m'as vu maintenant. Je peux m'en aller ? »

Pour tout réponse, Dabi poussa l'ordinateur plus loin au centre de la table et se leva. Aucun des deux ne brisèrent leur contact visuel, pas même lorsque du coin des yeux, Hawks pouvait constater que le gilet usé de Dabi glissait légèrement sur son épaule, dévoilant la peau brûlée de son avant-bras.

Un pas en avant, et Dabi était devant Hawks qui soudainement, se sentait si petit, assis sur la chaise d'un salon sale dans un coin paumé de la ville. Il n'avait pas peur non, loin de là. En cas de danger, il aurait été rapide à déployer ses ailes et brandir une plume aiguisée juste sous le cou de son ennemi. Non, l'anticipation qui mordait ses entrailles était tout autre.

« Tu veux un bonne année peut-être ? » ajouta nerveusement Hawks. « J'ai-… »

Soudain, Dabi attrapa d'une main le col du débardeur noir qu'il portait sous sa veste en cuir afin de le faire quitter la chaise qui tangua et manqua de claquer violemment au sol. Malgré le geste, Hawks n'apposa aucun signe de défense. Ses ailes s'agitèrent peut-être un peu, mais il tressaillit à peine.

« Chuuuut… » lui fit Dabi, son index venant s'appuyer dans une ferme douceur contre ses lèvres. « Parfois, ton silence est ce qu'il y a de meilleur dans ce monde. »

« Seulement parfois… ? »

Mais Hawks ne termina pas sa phrase, ses pupilles retombant sur les lèvres de Dabi. L'index s'abaissa, et le visage du brun s'approcha, court-circuitant cette fois-ci réellement l'esprit du héros. Cependant, Dabi s'arrêta tout proche de ses lèvres, permettant à leurs deux souffles de se mélanger ce qui laissa à Hawks le temps de deviner que l'autre homme avait fumé il ya peu et avait possiblement bu une demi-douzaine de bières.

Pourtant, Dabi n'était pas saoul. Ni même un peu pompette, Hawks aurait pu le jurer, il le voyait. Mais alors qu'il tentait à l'aide de ses derniers neurones encore actifs, de faire la lumière là-dessus et de l'alerter quant à des retombées astronomiques s'il allait plus loin dans cette bien étrange relation, Hawks ne remarqua même pas que ses propres doigts s'étaient enroulés autour du col du t-shirt de Dabi, le tenant ainsi, comme refusant de le voir se retirer.

Il sentit les mains de Dabi se saisir de sa ceinture, tirant ainsi son bassin en avant rencontrant celui du vilain, électrisant absolument tout le corps du héros qui retint une vive expiration incontrôlée.

Il y avait bien plus que les fois où ils s'étaient offerts quelques gâteries dans le froid, au sein de ces vieux entrepôts que s'efforçait de réserver Dabi pour leurs réunions de travail. Oh oui, il y avait bien plus. Les sentiments étaient impliqués, ou allaient être impliqués si jamais Hawks n'arrêtait pas tout de suite ce qu'ils s'apprêtaient à faire en repoussant le brun et hurlant un « temps mort ! ». Mais ce n'est pas ce qu'il fit.

Il ne pouvait pas. Ils ne pouvaient pas.

Hawks lâcha le t-shirt, posa ses mains à plat contre le torse de Dabi et s'apprêta à le pousser en arrière lorsque les lèvres de son Némésis vinrent survoler les siennes, provoquant une explosion d'émotions à venir tourbillonner partout dans le corps du héros qui sentit ses joues et le bout de ses oreilles rougir furieusement. Ce ne fut que lorsqu'il sentit la langue brûlante de Dabi contre sa lèvre inférieure, qu'il lâcha prise. Qu'il se laissa tomber en chute libre, ailes liées et incapable de le sauver.

Ses deux mains vinrent fermement agripper le crâne de Dabi et il pressa avidement ses lèvres contre les siennes. Ses mains se perdirent dans ses cheveux doux tandis que les bras du brun s'enroulaient autour ses hanches, offrant le plus de friction possible entre leurs deux corps.

Le baiser fut brûlant, asphyxiant, affamé. La bouche de Dabi contre la sienne lui faisait voir les étoiles, même sa lèvre inférieure marquée et mutilée à vie. Avant que son dos ne rencontre l'un des murs du salon, Hawks parvint à s'extirper de sa veste, le tissu en cuir s'échouant à leurs pieds. Il voulait faire de même avec Dabi, lui retirer son gilet usé, lui enlever son infatigable t-shirt blanc, voir l'étendue des dégâts et pouvoir toucher les rares parcelles de peau vierge et fraiche qu'il serait capable d'atteindre.

Cependant, la main de Dabi qui vagabondait anciennement contre ses fesses, vint disparaitre et leur échange haletant fut brisé par le brun qui tira sa tête en arrière, scrutant sourcil haussé le gadget qu'il tenait dans sa main. Hawks rouvrit les yeux, le souffle court et vit que le vilain tenait le porte-clés de poulet entre ses doigts.

« Qu'est-ce que… c'est… ? » lâcha Dabi, les lettres Daddy brillant à la lumière du soleil qui parvenait difficilement à travers les vitres poussiéreuses.

Dabi avait dû ressentir la forme de l'objet dans la poche arrière de son jean et dans un élan de lucidité, Hawks se remémora la matinée qu'il avait eue.

« Oh ça, » lâcha le héros en laissant retomber l'arrière de son crane contre le mur derrière lui. « Un cadeau. Rappelle-toi l'enfant donc je t'ai parlé en SMS. »

« Il t'a donné ça ? »

Il leva le porte-clés entre lui et Hawks, le poulet tournant légèrement sur lui-même, comme levant un pouce victorieux au héros qui cligna plusieurs fois des yeux, encore trop chamboulé par ce cyclone d'émotions pour faire un résumé clair à l'autre homme.

« Trop longue histoire. Et c'est elle. Elle m'a donné du fil à retordre mais elle est rigolote. Elle a le même Alter que moi, elle pourrait être ma petite sœur, » lui répondit Hawks qui tira sur les manches du gilet de Dabi afin qu'il tombe le long de ses bras marqués de cicatrices.

« Et toute cette longue histoire aurait-elle un lien avec tes yeux ? » lui demanda Dabi en refermant son poing autour du porte-clés, approchant à nouveau son visage pour détailler les yeux encore un peu rougis du héros.

« Bingo. Après m'avoir donné ça, elle a fui à toutes jambes, et à toutes ailes, et m'a aveuglé. »

« Tu veux dire que tu t'es fait avoir… Par une gosse ? »

Le ricanement de Dabi frustra Hawks au plus haut point qui fronça les sourcils et s'attaqua alors à la ceinture du brun puisqu'il ne l'aidait pas à retirer ce fichu gilet.

« La ferme… » fut la réponse du héros.

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Quoi qu'il ait voulu dire après, son souffle fut avalé par la bouche de Dabi qui se pressa à nouveau fermement contre la sienne. Cette fois-ci, Hawks gémit dans l'échange, son esprit se refermant à nouveau et se concentrant uniquement sur la main de Dabi qui vint glisser le long de l'arrière de sa cuisse qu'il leva ensuite et porta contre son bassin. Cette délicieuse friction, de leurs hanches pressées, de leurs intimités agitées seulement séparées par quelques couches de tissu, les intoxiqua tous les deux.

D'un geste précis de la main, Hawks retira la ceinture de Dabi mais avant qu'il ne puisse défaire les boutons du jean qui était à présent un ennemi primordial à attaquer, la seconde main du brun vint attraper l'autre cuisse de Hawks, le hissant sans trop de difficulté. Afin de garder l'équilibre dans ce porter, Hawks entoura fermement ses jambes autour de son bassin et enroula ses bras derrière son cou, intensifiant toujours et encore leur baiser torride.

Baiser qui fut un instant interrompu lorsque Hawks fut jeté sans préambule sur le canapé où Dabi avait fait une petite sieste un peu plus tôt, arrachant un petit cri étouffé partagé entre surprise et douleur. Lâchant un rapide « d'solé chochotte », Dabi se pencha à nouveau vers un héros étalé de tout son long sur le canapé, cependant, son mouvement fut stoppé par le bras de Hawks se pressant contre sa carotide.

« Tu comptes pas faire ça ici, » lâcha le héros aux joues empourprées et aux cheveux encore plus explosés.

Pourtant le genou qui s'appuya contre son entrejambe, et les mains déterminées qui l'obligèrent à écarter les jambes, lui suffirent en tant que réponse. Son sang ne fit qu'un tour, et il sentit le membre piégé dans son boxer durcir encore plus malgré le lieu qui était loin de le séduire.

« Dabi, c'est trop crade ici, » marmonna Hawks entre ses dents, pourtant conscient que Dabi était parfaitement capable de percevoir son excitation grimpante.

« Petite chochotte, » lui fit Dabi avec un sourire en coin, lâchant les cuisses de Hawks pour poser ses paumes sur son ventre protégé par le tissu de son débardeur. « Mais si tu y tiens, on peut aller à ton appart'. »

Hors de question évidement, et Hawks sourcilla à cette proposition. Montrer au vilain où il habitait serait la pire des erreurs dans la longue et triste liste de toutes les plus folles conneries qu'avait faites Hawks jusque-là.

« C'est bien ce que je pensais, » ajouta donc Dabi en plongeant à nouveau sur ses lèvres pour l'entrainer dans un chaud baiser.

Hawks y répondit sans attendre, ses mains se perdant dans les cheveux doux du brun.

Le héros aurait aimé taper son crâne contre un mur. Quand il s'agissait de Dabi, il était devenu bien trop faible. Quelle honte. Si la Commission savait…

Soudain, il sentit des mains glacées venir se balader sous son débardeur, lui procurant de doux frissons d'extasie. Mains qui paraissaient se réchauffer doucement au contact de sa propre peau.

« Pour un type à l'Alter de feu, t'es vraiment glacé, » lui murmura Hawks, pourtant totalement ailleurs, alors que les lèvres du vilain descendirent jusqu'à son cou.

« Blâme ma mère, » fut la réponse marmonnée par Dabi.

Quoi ?

Mais le train de pensée de Hawks fut brisé par l'une des paumes de Dabi qui avait atteint l'endroit de son cœur, simplement protégé derrière un amas de peau, de chair et par sa cage thoracique. Cette paume glacée qui avait par le passé tant façonné de flammes bleutées pour engendrer la mort à autrui. Cette paume qui aurait pu l'incinérer en un instant.

« Détends-toi, » lui chuchota soudain Dabi, ressentant sans difficulté les battements agités de son cœur qui avait pris en vitesse.

De sa main libre et agile, il parvint à ouvrir le pantalon de Hawks et à la faufiler jusque dans son boxer, s'emparant de son sexe avide et brûlant. Le blond laissa échapper un gémissement malgré lui, tirant sa tête en arrière, ses mèches de cheveux retombant contre le matelas. Il porta son poignet à sa bouche, mordillant sa peau dans l'espoir de se taire lors du prochain assaut.

Yeux fermés avec force, il sentit que Dabi lui retirait son jean évasé, ses basquets à peine lacées pour ensuite abaisser totalement son boxer rouge. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être si passif lors des préliminaires, mais aujourd'hui, il était totalement à la merci de ses émotions.

« Dabi… Gosh… » lâcha Hawks le souffle court. « Est-ce que tu as même ici, préservatifs et lu-… »

« Je sais que tu as tout ça dans ton portefeuille. »

Rouvrant les yeux à cette mention, Hawks leva la tête et vit que Dabi se tenait entre ses jambes, l'une de ses mains lui montrant le portefeuille en question, sourire sournois sur les lèvres.

« Et-… Et comment tu sais ça, hein ? »

« Secret du métier. »

Sachant visiblement où chercher, Dabi ouvrit le bien de Hawks et sortit deux petits sachets qui accélérèrent brutalement le cœur de Hawks. Se redressant à l'aide de ses coudes, le héros retint un instant sa respiration, ses yeux se perdant sur le sachet que Dabi déchirait. Ça y est, ils allaient réellement le faire. Ils allaient vraiment coucher ensemble. Lui le héros numéro 2 du Japon, bossant en tant qu'espion dans le gang de son futur partenaire, vilain hautement recherché pour meurtres. Et le tout, totalement volontairement. Il ne pourrait pas fermer les yeux sur ça. Jamais.

« Première fois ? » fut la question de Dabi, troublante quand on connaissait le personnage sans cœur.

« Évidemment que non… »

« C'est vrai que tu as le pays entier à tes pieds. »

Pressant une main contre son épaule nue, Dabi tenta de le repousser contre le matelas, mais Hawks ne bougea pas et se redressa en position assise dans l'objectif de lui retirer à lui aussi le reste de ses vêtements. Mais à peine eut-il tiré sur le pan du gilet bleu, que Dabi se saisissait de son poignet pour arrêter son action.

« Non. Pas… maintenant, » lui fit Dabi, soudain bien sérieux. « Juste, profite. »

Hawks fronça les sourcils, mais laissa la paume de Dabi le pousser lentement contre le matelas du canapé. En réalité, ça ne l'étonna pas plus que ça, Dabi ne cachait pas réellement l'état de son corps, mais ne dévoilait certaines parcelles de sa peau qu'en cas de nécessité extrême.

Lorsqu'ils s'embrassèrent à nouveau, Hawks sentit un premier doigt imbibé du gel froid s'introduire en lui. Il retint un gémissement suite à cette intrusion, allant sans attendre passer un bras autour du cou de Dabi, sa main libre allant agripper le t-shirt blanc qui confinait les cicatrices.

Si on lui avait dit quelques semaines plus tôt qu'il serait dans ce genre de position, en proie à nul autre vilain que Dabi, criminel à l'Alter de feu, il aurait probablement éclaté de rire, pensant à une blague de mauvais goût. Si on lui avait dit ça il y a quelques jours, il n'aurait pas ri, non, mais avec haute suspicion il se serait élancé dans des questionnements et monologues intérieurs, ne comprenant pas comment il aurait pu finalement céder à ses pulsions et compromettre à ce point sa carrière et son lui tout entier.

Son dernier partenaire masculin étant un lointain souvenir à présent, il mit du temps à s'adapter aux autres doigts qui vinrent s'activer, pourtant sans impatience, sans violence. Il grimaça plusieurs fois, mais après un instant, et malgré lui, finit par laisser échapper un doux gémissement qui vint chatouiller délicieusement les oreilles du vilain au-dessus de lui.

Rapidement, Hawks en voulait plus. Tout comme dans ses rêves dernièrement, il voulait Dabi tout entier. Il le voulait partout.

« Active-toi… ! » articula Hawks entre ses dents, ouvrant un œil avec certaine prudence pour voir que les pupilles bleues de Dabi étaient dilatées.

Dans ses rêves, Dabi écoutait uniquement ses pulsions, n'était pas doux, et prenait ce qu'il voulait. Hawks le laissait faire, totalement à sa merci. Ce qu'il vivait actuellement était un tout autre scénario qui serra le cœur du héros. Peut-être qu'au fond de lui, il aurait préféré un autre traitement. Le style de traitement qui ne l'aurait pas fait sombrer plus que l'étau qui le prenait à la gorge. Qui l'aurait empêché de s'attacher encore plus.

« Pas peur de te brûler les ailes ? » lui susurra Dabi, laissant sa main libre serpenter le long de sa cuisse.

Elles l'étaient déjà, métaphoriquement parlant. Mais Hawks ne lui fit pas le plaisir de lui répondre, et enroula ses jambes chancelantes autour des hanches de son futur amant, le poussant à passer aux choses sérieuses. Les doigts qui se retirèrent privèrent ses poumons d'oxygène, ce manque lui agrippant la gorge.

Ce n'est qu'en entendant les boutons d'un jean être ouvert que Hawks remarqua qu'il avait fermé les yeux, la tête retombée en arrière sur le matelas, le visage rouge de sueur.

« Ta lenteur va me tuer… » lui murmura Hawks d'une voix presque tremblante.

À peine eut-il terminé sa phrase que l'objet de ses désirs vint forcer son passage, lui arrachant un cri balancé entre douleur et surprise. La main de Dabi qui vint glisser jusqu'à la sienne était tout aussi glacée que son corps, et Hawks vint refermer ses doigts autour d'elle, la serrant comme si sa vie en dépendant, offrant au brun une chaleur bien différente de ce pouvait lui apporter son Alter.

Trop intime. Trop proche. Trop chaud. Trop bon.

Et trop con.

Le plaisir intense qui vint saisir les tripes de Hawks n'était pas une illusion. C'était la réalité. Sa dangereuse réalité.


Et voilà un nouveau chapitre, petit pas dans ce long chemin que j'entreprends x)
Je te remercie oh toi lecteur, en espérant que ce chapitre ait été à la hauteur de tes espérances.

Prochain chapitre : Liaison dangereuse

N'hésitez pas aussi à me donner des idée de fic sur ce couple si ça vous intéresse. Je cherche à écrire quelques petits OS durant mon temps libre ;)