Burning like hell
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Chapitre 3
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Zuko n'avait, en règle générale, aucune difficulté à dormir. Une fois le soleil couché il se sentait aussitôt somnolent et ressentait l'envie irréversible de fermer les yeux. Il était un maitre du feu après tout, il se levait à l'aurore et dormait au couché du soleil. Il avait fait ça toute son enfance, et si son voyage avec son oncle vers l'Avatar avait perturbé son rythme de sommeil, il l'avait parfaitement retrouvé depuis qu'il avait intégré le groupe.
Sauf, que cette nuit était une putain d'exception, et qu'il fixait les yeux grands ouverts le plafond depuis qu'il s'était allongé, et cela devait au moins faire deux heures qu'il attendait d'avoir envie de dormir.
Il aurait bien méditer, mais lorsqu'il fermait les yeux, il voyait automatiquement le visage de Katara, et ça le rendait fou.
Fou à lier.
Zuko était perdu. C'était fichu. Il savait qu'il n'y aurait plus aucun retour en arrière possible maintenant, il l'avait laissé entrée et il ne la laisserait plus jamais ressortir, parce que pour rien au monde il ne voudrait que Katara sorte de sa vie. Même si elle venait à lui cracher un jour au visage à quel point il la dégouttait, Zuko en serrait toujours aussi dingue.
Elle était pire qu'une drogue, et en plus, il n'y avait même pas gouté.
Il amena subitement ses mains à ses yeux et enfonça ses paumes contre ses orbites.
« Fais chier, » jura t-il en imaginant justement les lèvres de Katara contre les siennes.
Il s'apprêtait à imaginer un peu plus que des baisers avec elle dans sa tête, lorsqu'il entendit un bruit vers la cuisine. Au départ, il n'y fit pas vraiment attention, mais lorsque le bruit se répéta et qu'en plus il y distingua même quelques jurons, Zuko enleva ses mains de ses yeux. Il avait reconnu la voix étouffée par la distance. Il la reconnaitrait entre mille.
Elle était réveillée.
Automatiquement, tout le poussa à aller vers elle. La force d'attraction qu'elle provoquait chez lui commençait un peu à l'effrayer. C'était plus fort que lui, il avait besoin d'être prêt d'elle quand elle était là.
Il se fit violence pour rester dans sa chambre, pour respecter son intimité, mais au bout de l'énième bougonnement, Zuko se leva.
Il la trouva accroupit par terre, la tête entre les genoux. Prêt d'elle, une casserole renversée. Zuko fronça les sourcils et s'approcha doucement vers elle.
« Katara tout va bien ? »
Il s'était accroupie près d'elle et lui effleura l'épaule avec la main. Elle grommela quelque chose d'absolument inaudible et lorsqu'elle releva la tête il s'aperçut qu'elle avait les joues humides. Ah. Elle pleurait.
« Mal, » souffla t-elle à bout de force.
Il n'y eut pas besoin de plus d'explication pour comprendre. Elle serrait ses bras contre son ventre. Il s'apprêtait à lui demander s'il pouvait la toucher pour pouvoir la relever et l'emmener vers sa chambre, lorsqu'elle se précipita vivement vers un seau. Elle se mit à vomir et Zuko s'approcha de nouveau vers elle, pour éloigner les mèches de cheveux qui penchaient vers son visage.
« Ca va aller, » lui assura t-il alors qu'il n'en savait rien.
Katara vomit de nouveau et Zuko ne bougea pas d'un pouce. Il attendit patiemment qu'elle eut fini. Puis il poussa le seau, et la réceptionna tout contre lui, alors qu'elle allait se laisser tomber sur le sol. Il passa l'un de ses bras par dessous ses cuisses, et il la porta jusqu'à sa chambre. Katara se tenait encore le ventre quand il posa sur son sac de couchage.
« Je vais te réchauffer, d'accord. »
Elle acquiesça doucement, et il fit glisser sa main contre son dos mais Katara lui attrapa le poignet pour le diriger vers le bas de son ventre. Il supposa que la douleur s'était focalisée autre part. Il se positionna en cuillère tout contre elle, et laissa la paume de sa main diffuser une chaleur douce et réconfortante dans le bas de son ventre.
Il la sentit se détendre petit à petit et cela le rassura un peu. Il fut surpris quand il sentit les doigts de Katara se poser sur sa main, et ne rien faire d'autre que de toucher sa peau. Il espérait qu'elle ne pouvait pas entendre son cœur battre à tout rompre dans sa cage thoracique. Il n'arrivait pas à croire qu'il l'enlaçait, certes pour l'aider à aller mieux, mais elle était quand même d'une certaine manière dans ses bras, les siens à lui.
Finalement, pour la première fois depuis que le soleil s'était couché, Zuko fut content de ne pas avoir trouvé le sommeil.
« Est-ce que c'est toujours aussi...violent ? » lui demanda t-il au bout d'un certain temps.
Katara soupira, et il sentit sa main quitter la sienne.
« Pas toujours non, » répondit-elle d'une voix fatiguée.
Sans même qu'il ne s'en aperçoive ses doigts se mirent à la faire des tout petits cercles contre sa peau. Il la sentit sursauter et il s'arrêta aussitôt.
« Désolé, je.. »
« Non, » le coupa t-elle « c'est moi, je..je m'y attendais pas. »
Zuko ferma un court moment les yeux, se trouvant idiot de s'être laissé aller juste un tout peu petit et avala difficilement sa salive.
« Est-ce que tu veux que je m'en aille ? »
Il crut que Katara n'allait jamais lui répondre. Il ne pouvait pas voir son visage et il mourrait d'envie de voir les sentiments qui la traversaient, là, en ce moment.
« Non reste, » lui dit-elle enfin, « s'il te plait. »
Zuko resserra un peu plus sa prise autour d'elle, mais sans lui faire de mal, et continua de diffuser de la chaleur dans le bas de son ventre. Ils restèrent un moment sans rien dire, sans rien faire, et Zuko crut qu'elle s'était endormie, mais il l'entendit renifler. Elle pleurait, encore.
Il était désemparée. Il avait pourtant l'impression de l'aider, mais peut être qu'elle ne pleurait pas à cause de la douleur. Dans ce cas, il était foutu, parce qu'il était absolument nul pour réconforter avec des mots. Parler c'était vraiment pas son genre. Alors, alors Zuko se permit de refaire des tout petits cercles avec ses doigts contre son ventre. Cette fois-ci, Katara ne sursauta pas. Alors il continua de la masser doucement.
Dehors, la pluie commença à tomber. Goutte par goutte. Puis si torrentiellement, que même enlacé à Katara, Zuko entendait à peine ses pleurs.
Zuko ne sut qui de lui ou Katara s'endormit le premier. À vrai dire, tout était un peu flou. Il savait juste que maintenant il était réveillé, qu'il était à moitié sur le sol, à moitié sur le sac de couchage de Katara et que celle-ci avait la tête posée contre épaule. Il cligna des yeux. Il faisait totalement jour dans la pièce. C'était la première fois de sa vie qu'il ne se réveillait pas à l'aurore. Il devina cependant au silence qui régnait dans leur maison de fortune, que Sokka et Toph dormaient encore, et qu'Aang devait certainement déjà être entrain de méditer.
De son seul bras libre, Zuko se pinça l'arrête du nez pour essayer de se réveiller. Ce geste, bien qu'il avait essayé de le faire le plus lentement possible réveilla Katara. Elle papillonna des paupières et fronça les sourcils tout en le regardant.
« Salut, » souffla Zuko.
Elle s'humecta doucement les lèvres.
« Salut, » murmura t-elle.
« Tu vas mieux ? »
Elle acquiesça, et doucement se mit en position assise. Zuko massa un peu son bras ankylosé sur lequel Katara s'était endormie, et s'assit lui aussi. Leurs épaules se touchèrent, mais aucun des deux ne firent quoique se soit pour s'éloigner. Le fait qu'elle ne le fuiyait pas comme un animal sauvage lui fit beaucoup de bien. Il avait eu peur qu'au moment où elle ouvrirait les yeux, elle le chasserait aussi de sa chambre.
Il la regarda du coin de l'œil. Ses longs cheveux bruns lui tombaient sur le visage, elle avait l'air au bout de sa vie, et quand elle se mit à bailler, l'estomac de Zuko se noua. Il pourrait se réveiller auprès pour tous les matins du reste de sa vie. Il la trouvait tellement belle. Et puis, sans qu'il ne sache réellement pourquoi, il sentait que c'était tellement juste d'être là, avec elle. Comme s'il avait enfin trouvé sa place dans le chaos de ce monde.
« Il pleut encore, » observa t-elle au bout d'un moment.
« Ouais, ça craint, » dit-il tout en se grattant le haut du crâne. Ils étaient censés lever le camps dans la journée, peut être qu'ils allaient quand même rester encore un peu au temple. Zuko aimait bien cet endroit, ils avaient chacun leur espace, il y avait un village pas loin pour les provisions et puis, le temple était tellement grand que personne ne s'apercevait lorsque quelqu'un disparaissait.
Il aimait être seul. Cela lui permettait de mettre de l'ordre dans ses émotions, méditer, bouder, et parfois se masturber. Bref, il savait que le luxe de prendre du temps pour lui-même allait disparaitre dès qu'ils allaient partir, ils camperaient surement dans une forêt, les uns sur les autres.
« Katara, » l'appela Zuko.
Il attendit qu'elle tourne la tête vers lui pour poursuivre. Lorsqu'elle le fit, il fut une fois de plus ravi qu'elle le toise pas de sa haine habituelle.
« Comment tu faisais avant ? Qui t'aidait ? »
Elle parut étonnée par sa question et ramena ses genoux contre sa poitrine avant de répondre.
« Personne, » avoua t-elle « j'attendais juste que ça se passe. »
« C'est terrible, » conclut-il en fronçant les sourcils.
Katara se contenta d'hausser les épaules. Il aurait aimé rester plus longtemps avec elle, après tout à aucun moment elle ne lui avait dit de foutre le camps, mais il savait que les autres allaient bientôt être tous réveillés et il n'avait pas particulièrement envie qu'on le surprenne à sortir de la chambre de Katara au petit matin.
Il se leva en silence, et s'étira de tout son long, faisant remonter par la même occasion son tee-shirt. Cela avait une courte nuit. Il savait très bien qu'il serait moins concentré dans son entrainement avec Aang aujourd'hui, et en même temps, il se sentait revigoré. Comme si une partie de lui avait retrouvé la vie.
« Zuko, » l'interpella Katara alors qu'il allait passer la porte.
Il s'arrêta et la regarda attentivement.
« Je ne t'ai pas pardonné, et je ne te fais toujours pas confiance, tu sais. »
Il ne s'était tellement pas attendu à ce qu'elle lui dise ça, qu'il reçut cette phrase comme une claque. Putain, et dire qu'il avait pensé que la hache de guerre était enfin enterrée. Ça ne s'arrêterait donc jamais ! Peut importe ce qu'il fasse !
« Mais, » poursuit-elle et elle eut du mal à le regarder dans les yeux, « je peux essayer. »
Il ne dit rien, se contenta d'hocher la tête, mais ce ne fut qu'une fois qu'il ferma la porte, qu'il se permit de sourire comme un illuminé. Il se passa distraitement les doigts sur la mâchoire et secoua la tête.
Finalement, peut être que, un jour, pourquoi pas, Katara voudrait porter du rouge pour le restant de ces jours.
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J'ai glissé une petite référence à The Last of Us 2 dans mon texte, faites moi signe ceux qui l'auront retrouvé ;) et sinon je vous dis à dimanche pour le chapitre 4 ! ( ou lundi, mais en tout cas il arrivera vite !)
