Hey !

Et voilà un nouvel OS, encore dans le cadre des Nuits du FoF, cette fois du point de vue de Chloé ! C'est la première fois que j'écris avec ce personnage, et… je sais pas trop. C'était chouette à faire ? Mais j'ai du mal à voir si ça colle. Et il faudrait que je reregarde la fin de la saison 2 pour mieux bosser le personnage de sa mère, que je connais beaucoup moins bien que celle de Kagami. Bref !

Oh, et le thème donné était Naïf.

(Et TW en fin de chapitre !)

Merci à Rouky666, Wizzette, yoh-nee et LaSilvana pour leur review !


La lionne

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– Joli ta robe. Dommage, elle t'irait mieux si tu pesais quinze kilos de moins.

La tête de Mylène, ça vaut tout l'or du monde. Sa bouille qui s'écrase et se fend soudain d'une colère humiliée. Oh, la pauvre choute. Elle est touchée ? Bah, ça la motivera peut-être à faire un régime. Quand on a un cul digne de celui d'un éléphant, ce n'est pas une mauvaise idée.

– Chloé !

Ah, c'est l'autre emmerdeuse qui rapplique, ça. Faut toujours que Marinette ouvre sa grande bouche dès qu'il y a veuve ou orphelin à défendre. La pauvre. C'est vrai que quand on a le charisme d'une huître avariée, on fait comme on peut pour attirer l'attention. Elle ne va pas lui en vouloir. Tout le monde ne peut pas avoir le charisme de Chloé Bourgeois.

– Quoi ?

– Excuse-toi tout de suite !

– Pourquoi ? C'est pas comme si je mentais.

Dupain-Cheng vire aussi rouge que la tenue de Ladybug alors qu'elle glisse sa main sur son visage. Apparemment, les nerfs travaillent dur. Difficile de rester calme pour la pauvre collégienne. Domme, le teint tomate ne la met pas en valeur, mais alors pas du tout. Enfin, Chloé n'a pas de temps à perdre avec ça. Les pseudos héroïnes comme Marinette, les gamines susceptible à la Mylène, c'est d'un ennui... Elle ne va pas gaspiller une seconde de plus à leur accorder de l'attention.

– Tu es odieuse !

– Oh, vraiment ? Écoute, si elle ne voulait pas qu'on souligne son problème de... poids, fallait qu'elle s'habille autrement. C'est pas comme si les fringues manquaient au secours populaire. Il doit bien leur rester du 48, non ? Ce sera un peu serré, mais elle devrait rentrer dedans.

Et toque. Tout le monde la regarde. Quoi, ils perdent déjà patience ? Vraiment, quelle bande de gosse. Une armée de brindilles fragiles qui se brisent au moindre courant d'air. Ils font pitié.

Quelque part, elle les plaint. Ils ne tiendront pas une minute dans le grand bain de la vie. Elle leur rend service, quelque part. Elle les prépare pour la suite.

Attends, tu vas sortir comme ça ? C'est une blague ?

Puisque personne n'a daigné les éduquer correctement.

– Si tu ne t'excuses pas...

– Quoi, tu vas le dire à ta mère ? Ouh, j'ai peur.

Près d'elle, Sabrina se tient droite. Heureusement qu'il y en a une ici pour relever le niveau. Pas que la demoiselle soit particulièrement futée, non, Chloé en réfère plutôt à sa propre personne. Mais l'autre, au moins, elle connait sa place. Elle sait se faire discrète. Attirer l'attention quand on a la dégaine de Marinette, c'est... Non, vraiment. A sa place, elle aurait honte. Elle n'oserait pas se pointer au lycée avec une tenue pareille. Mais si sin ventre dégoulinant n'empêche pas Mylène de passer la porte, c'est bien qu'il y en a qui sont nés avant la honte, dans cette classe.

Clairement, ils n'ont pas grandi avec une femme de la tempe de sa mère. Si elle les avait sous les yeux, elle s'offusquerait de voir que son époux a osé inscrire leur fille dans un établissement pareil.

Oh, bien sûr, ça ne la dérange pas tant que ça Chloé, de mettre les pieds ici. Tant qu'Adrien est dans sa classe, elle ne se plaint pas. Mais quand même.

Elle, c'est la porte de sa maison qu'elle n'oserait pas passer, si elle avait un ventre aussi flasque que celui de la blondine.

Ne mange pas autant. C'est disgracieux pour une jeune fille de s'empiffrer de la sorte.

Chloé attrape son sac d'un geste sec. Elle se tourne sans un regard pour Sabrina - pas besoin de ça pour que la suiveuse file à sa suite - et elle trottine dans le couloir sans se soucier des regards qui glissent sur sa peau comme autant de lames émoussées. Ils croient quoi, les rats ? Qu'ils vont lui faire peur, avec leurs petits yeux mauvais ? Ça lui donne juste envie de les écraser d'un coup de talon, comme on annihile une fourmilière grouillante. Beurk. Ces gens…

Mieux vaut qu'elle arrête d'y penser. Elle se fait du mal.

– Chloé, tu...

– Quoi.

Sabrina qui prend la parole sans autorisation. C'est bien elle, ça.

Maman ? Je-

Je suis occupée.

Mais-

Qu'est-ce que tu ne comprends pas Occupée, Chloé ? Va jouer toute seule, tu es bien assez grande pour ça.

– Je me disais juste... Tu y es peut-être allée un peu fort ?

– Quoi, avec l'autre ?

Oh non. Elle ne va pas s'y mettre aussi, hein ? Parce que là, elle n'a pas la patience. La bande de péquenaud l'a épuisée.

– Je ne dis pas que tu as tort, mais... Tu n'a pas peur que Mme Bustier te punisse ?

– Bah. Mon père s'occupera de ça.

La punir pour quoi ? Avoir fait remarquer à Mylène que toute la classe ne sautait pas de joie à la vue de son corps saucissonné dans un amas de tissu ? Si elle n'est pas capable d'entendre ça, clairement, elle n'est pas prête pour la suite.

Chloé a grandi toute sa vie avec ce genre de remarque, et elle ne vient pas chialer dès qu'on lui en sort une nouvelle. Elle est capable d'entendre ce qu'on lui dit, elle.

C'est quoi ce pantalon ? Sérieusement ?

Elle sait user de la critique pour mieux se mettre en valeur.

Ça vient de la famille de ton père, ça. Ils ont des goûts vraiment discutables. Enfin, je suppose qu'il n'y a pas grand chose à attendre de gens comme eux.

Elle sait endurer, encaisser, surmonter. Les pics qu'on lui jette, elle en fait ses armes. Pas sa faute, si les autres préfèrent pleurer sur leurs égratignures. S'ils aiment patauger dans leur effroyable médiocrité. Il n'a de place que pour une seule lionne dans cette classe.

Pas mal. Ça t'irait presque, si tu n'avais pas le teint aussi fade. Mais bon, il faut bien que tu tiennes un peu de ton père.

Alors elle trace dans le couloir sans s'inquiéter. Que les chatons aillent se plaindre, puisqu'il suffit de quelques mots pour éveiller leur instinct rancunier. Il en faut plus pour l'atteindre.


[TW : grossophobie, harcèlement, maltraitance parentale]

Je précise aussi que ce texte n'est pas là pour justifier le comportement de Chloé - c'est du harcèlement, ça ne se justifie pas, on ne harcèle pas les gens point - mais pour parler de l'intégration des comportements toxiques.

Et sinon… je ne sais toujours pas quoi en penser, mais j'aimerais bien écrire encore avec elle pour approfondir ça.

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