Être quelqu'un d'autre (suis-je encore vraiment moi ?).
Je compte me casser définitivement sur AO3, donc à part les fics déjà existantes, je ne pense pas poster de nouveaux trucs sur ce site, donc si jamais mes fics vous intéressent (lol), suivez-moi là-bas si le cœur vous en dit ! (Pseudo : AngelicaR2) Et si ça vous intéresse aussi (meh tu parles…) j'ai publié le début d'une autre fic Hookfire sur AO3 aussi.
- Cap ou pas Cap de faire un Ténébreux!Baelfire ?
Ils avaient peur de lui.
Et honnêtement, comment leur en vouloir exactement ?
Il était le Ténébreux après tout, le nom était parfaitement adapté à la fonction et désignait bien ce qu'il était devenu, un sorcier immortel puissant, presque invincible, empli de magie noire et donc extrêmement dangereux.
Il avait lui-même peur de ce qu'il était désormais, parce que le Ténébreux, ne serait-ce que par ses immenses pouvoirs et notamment son potentiel de destruction était un danger simplement en existant.
Il était dangereux pour la Forêt Enchantée, et pour ses habitants tout comme son père l'avait été à l'époque, et si dans son innocence d'enfant, il avait cru au début que le fait que Rumplestiltskin ait de la magie ne changerait rien à qui il était foncièrement, il avait été vite détrompé.
Et maintenant, alors qu'il avait pris sa place, qu'il avait fini par endosser à son tour le lourd fardeau qui avait failli le briser autrefois, il comprenait bien à quel point il avait eu tort.
Être le Ténébreux était véritablement une malédiction, et ça, personne ne pouvait le comprendre avant de pleinement le devenir.
Maintenant qu'il l'était, il aurait absolument tout fait pour ne plus avoir à l'être.
(Si abandonner tous ses pouvoirs lui avait permis à la fois de redevenir lui-même et de ramener son père à la vie, il l'aurait fait dans la seconde, sans la moindre hésitation.)
§§§§
Une fois le choc de la révélation passé, Blanche-Neige et les autres leur indiquèrent où ils pouvaient s'asseoir, et, alors que Belle saisissait le fauteuil avec ses deux mains pour le reculer et prendre place à la table où tous les autres se trouvaient déjà, Neal sentit sa magie s'activer et bouger la chaise où il allait lui-même s'asseoir.
Il se crispa immédiatement après cela, sous les regards étonnés de l'assistance, et ses mains se mirent à trembler. Il n'avait rien fait pourtant, il n'avait rien fait du tout, mais il avait senti la magie vibrer en lui, il avait, il avait…
Alors quoi, il était le Ténébreux depuis moins d'une journée, et il perdait déjà le contrôle de ses pouvoirs ?
(Mais ce contrôle, l'avait-il jamais réellement eu une seule seconde ?
Il n'avait jamais voulu être un sorcier après tout, il n'avait jamais été destiné à l'être.
Il n'était pas prêt à l'être tout court, et la haine, la haine de la magie régnait dans son cœur, alors comment pourrait-il jamais parvenir à maîtriser ce pouvoir qui le dépassait et dont il n'avait jamais voulu ?)
Ce n'était pas le vent qui avait bougé cet objet, c'était lui, mais pourtant, mais pourtant, se répéta-t-il à lui-même, essayant de ne pas paniquer face à cela, il venait d'utiliser la magie alors même qu'il n'en avait pas l'intention. Et il ne put faire autrement que de faire face au rictus grandement amusé de l'ombre en face de lui, parce que l'autre savait justement.
Il savait qu'il n'avait pas voulu lancer de sortilège, non seulement parce que c'était inutile et futile de faire ça juste pour bouger une chaise, mais également parce qu'il se refusait d'utiliser sa magie tout court.
Parce que ça voudrait dire accepter pour de bon son statut de Ténébreux, chose qu'il ne voulait pas faire, il était encore dans le déni pour l'instant, peut-être que ce n'était que temporaire, peut-être qu'il trouverait un moyen de se débarrasser de ces ténèbres qui lui dévoraient le cœur et l'âme actuellement.
Après tout, il n'était pas devenu le Ténébreux de la même manière que son père, peut-être que cela signifiait qu'il restait encore un espoir ?
(Mais une voix, oh une voix qu'il ne connaissait que trop bien riait sous son crâne, et se riait de ses maigres espoirs, s'amusait à l'idée de les réduire en poussières en moins d'une seconde, pour la simple et bonne raison que quand on est le Ténébreux on l'est à vie.
Ou bien on mourrait, et Neal n'avait pas envie de mourir, pas encore.
Alors oui il savait, il savait bien dans le fond de son cœur qu'effectivement il était pour l'instant condamné par sa propre faute à rester l'immortel surpuissant que son père avait été pendant si longtemps.)
Mais aussi et surtout parce que ça ne rendrait tout cela que bien trop réel.
Et il était suffisamment confronté au réel par le biais du spectre grimaçant à la vue duquel il ne pouvait pas échapper et dont le rire était enfoncé dans son crâne pour ne pas en plus avoir besoin que sa magie s'active alors qu'il n'en avait pas besoin et n'avait pas envie de s'en servir.
Il aurait aimé pouvoir sortir de la pièce, peut-être pour pouvoir y réfléchir seul, mais être seul voulait dire être seul avec lui-même, être enfermé avec le doppelgänger de son père, et ce n'était pas ce qu'il voulait.
Il ne voulait plus être seul, parce que maintenant, pour lui, être seul n'était plus possible.
(En un sens, son père non plus n'avait jamais été seul durant les deux siècles où il avait disparu dans le monde sans magie puis au Pays Imaginaire, il y avait toujours eu les voix, les Ténébreux précédents, les ténèbres elles-mêmes, toute cette noirceur…
Il y avait eu l'ombre et le sourire du monstre qu'il ne pouvait que voir à chaque instant, le suivant à chaque pas qu'il faisait.
Il avait été seul et il ne l'avait pas été, et cette soit-disant solitude n'était en réalité qu'une prison de laquelle on ne pouvait pas s'échapper.)
Prenant une profonde inspiration, il décida de faire comme si rien ne s'était passé, et prit finalement place autour de la table, et ne prenant pas attention à l'ombre, il tenta de se concentrer sur la conversation, se persuadant que, si il faisait comme si l'apparition devant ses yeux n'existait pas, elle allait bien finir par réellement ne plus exister.
Et de toute façon, ce n'était pas comme s'il avait mieux à faire que ça.
Posant son regard sur l'assemblée, il se surprit à sourire, certes, il ne s'était écoulé que quelques jours depuis leur départ pour le château du Ténébreux, puis son caveau (l'avantage c'est que le voyage de retour avait pris beaucoup moins de temps), mais ça faisait du bien de revoir des visages familiers.
Surtout après avoir été une nuit entière entouré par un visage qu'il ne voulait que trop revoir tout en voulant l'éviter le plus possible, et il ne savait pas combien de temps il allait tenir comme ça, avec l'esprit déchiré en deux en permanence, entre l'homme qui était son père mais qui était mort, et celui qui n'était pas son père mais qui était là.
Blanche-Neige était là bien sûr, de même que David, et il lisait la détermination dans leurs yeux, la volonté de trouver un moyen de vaincre Zelena, d'être réunis à Emma et Henry, et il pouvait voir la même chose chez Regina. Il y avait d'autres personnes qu'il connaissait à peine, les nains, Granny, sa petite-fille Ruby, Geppetto, Archie, retransformé en cricket. Et tant d'autres dont il ne connaissait ni les noms ni les visages.
Mais il y avait également des personnes issues de son passé, proche ou lointain, Aurore et Philippe, Mulan, Clochette ou encore la fée bleue (et il ne comprit pas la bouffée de hargne, de rage, de haine qui se saisit de lui alors qu'il la regardait. C'était son père qui était supposé la détester, non ? Et aux dernières nouvelles, il n'était pas son père.), et il sentit un certain soulagement l'étreindre en les regardant tous, et en comprenant qu'il n'était effectivement pas seul.
Cependant, cette sensation ne dura pas longtemps, rapidement remplacée par un constat qu'il aurait aimé ne jamais faire, et qui lui tordit l'estomac, lui donna envie de vomir, et envoya un sentiment de profond dégoût jusqu'au fond de ses entrailles.
Ce serait si simple de les tuer.
Et c'était vrai, évidemment, mais ce n'était pas ça le pire, après tout, il était le Ténébreux, il était immortel, il avait la magie, le pouvoir, il était le sorcier le plus puissant de tous les royaumes et mondes existants, il pouvait le faire. Même la fée bleue, une puissante entité magique n'aurait sans doute pas été de taille face à lui.
Non, le pire c'était la façon dont cette réflexion avait envahi son esprit comme ça, sans prévenir, sans qu'il comprenne une seule seconde d'où elle venait, si ce n'est de son propre esprit détraqué par la noirceur qui l'habitait et par le mauvais génie qu'il ne pouvait pas détruire.
Parce que cette phrase avait finalement basculé en :
Je pourrais les tuer…
Et il sentit une envie de vomir le traverser, avant de serrer les poings, ce n'était pas possible, ce n'était pas vrai, il ne pouvait pas penser ça, il n'était pas un tueur, il n'était pas un meurtrier, il n'était pas un monstre.
Il n'était pas son père.
Et même son père, à de rares exceptions, n'avait pas tué des gens pour rien, et pourtant les dieux savaient qu'il en avait fait des dégâts en tant que Ténébreux.
Il ne voulait pas les tuer, n'avait aucune raison de le faire, et pourtant, il ne pouvait pas complètement faire taire cette voix qui lui hurlait de le faire.
Tuer pour tuer, tuer non pas pour se défendre ou même pour se venger ou parce que l'autre représentait un danger, non, là il ne s'agissait que d'assouvir une soif de sang et de mort à laquelle il ne comprenait rien et dont il ne voulait pas. Ça ne pouvait pas être lié à la dague, puisqu'il l'avait bien cachée.
Mais les doutes, mais les mots de l'ombre continuaient d'envahir et d'empoisonner son esprit, et il savait, il savait bien que rien de tout ça n'était vrai ou concret, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'écouter.
Difficile de faire taire une voix qui se trouvait tapie sous votre crâne…
Ce n'est qu'en constatant que Regina était sur le point de parler qu'il put enfin mettre de côté les pensées meurtrières qui tournaient en boucle dans son esprit et est-ce que son père avait vécu ça lui aussi ?
(Très probablement oui, et Neal rêvait d'un univers où son père ne serait jamais devenu le Ténébreux, où la guerre n'aurait jamais éclaté, où sa mère ne serait jamais partie, et où sa famille ne se serait pas effondrée sur elle-même.
Et puis il revoyait le sourire amusé et sournois de l'ombre en face de lui, et ses illusions s'effondraient, comme d'habitude.)
« Bien… Nous avons donc tous un problème, et ce problème se nomme Zelena. Ma… ma demie-sœur, déclara-t-elle, prononçant ces mots comme si elle ne croyait pas ce qu'elle était en train de dire et qu'il fallait qu'elle les dise à voix haute pour qu'ils sonnent véritablement réels. Elle… elle compte notamment s'en prendre à moi, et ce alors que je ne lui ai jamais rien fait.
- Oui, pour une fois, lâcha Grincheux avec ironie, et Neal vit le moment où Regina se mordit la langue pour ne pas répondre à la pique plus que justifiée.
- Effectivement… Je ne sais pas ce que je lui ai fait personnellement, si ce n'est être née après elle et ne pas avoir été abandonnée par notre mère… Et je ne sais pas non plus exactement ce qu'elle veut.
- J'ai la réponse à cette question, déclara alors Neal, s'attirant les regards étonnés de tout le monde. Je suis le Ténébreux, ce qui signifie à la fois que j'ai la voix des Ténébreux dans mon crâne (et il comprenait maintenant pourquoi son père n'avait jamais rien dit à personne alors qu'il sentait sur lui les regards mi-curieux mi-effrayés des autres), et que je suis obligé de voir le… le fantôme, en quelque sorte, du précédent Ténébreux. Donc mon père… et j'ai ses souvenirs, je crois.
- Oh… fit l'ancienne méchante reine, assimilant rapidement l'information. Je vois… Je… Dans ce cas-là, que compte-t-elle faire ? Que nous puissions nous préparer à ce qui va nous tomber dessus ?
- Zelena a été abandonnée par votre mère à sa naissance, elle a ensuite grandi à Oz, fit-il, leur révélant ce que la copie de son père lui avait confié, élevée par une mère adoptive aimante mais morte trop tôt et un père alcoolique à qui on peut très certainement décerner le titre de pire père adoptif de l'année.
- Je pense que le roi George lui aussi serait bien placé pour gagner, marmonna David, et Neal s'autorisa à sourire.
Il était toujours lui, il était le Ténébreux, mais il était toujours lui-même, Neal Cassidy, l'enfant perdu, le voleur, Baelfire, et ça, même cette foutue malédiction ne pourrait pas le lui enlever, jamais.
- Tu as envie de les faire compatir avec elle à ce que je vois ? Siffla alors la voix agaçante de l'ancien Ténébreux, et Neal se retint à grand-peine de ne pas lui dire qu'il ne faisait que leur rapporter ce qu'il lui avait dit plus tôt.
- En grandissant, elle a appris à utiliser ses pouvoirs, et pour une raison que j'ignore, elle a été mal vue à cause de sa magie, ce qui l'a conduite à se rendre chez le Magicien d'Oz pour comprendre d'où elle venait… Elle a appris qui elle était, elle a su pour son abandon. Mon père lui a appris la magie, elle a appris qu'Eva, la mère de Blanche-Neige, était responsable de son abandon en révélant la grossesse de Cora à Léopold, qu'elle était supposée épouser (oui je sais c'est compliqué.) Et elle est devenue jalouse de Regina et depuis elle cherche à remonter le temps pour prendre sa place et disons qu'en résumé, si elle réussit, on est légèrement foutus.
- … »
Il ne fut même pas surpris face à cette absence de réponse.
« Ta famille… a vraiment un problème avec la mienne, finit par dire Blanche-Neige à son ancienne belle-mère, qui soupira.
- Tu peux le dire… Mais je ne comprends pas, lorsque ton père m'a enseigné la magie, il y a longtemps, il m'a bien enseigné les trois règles qui la régissaient, et la régissent toujours normalement. On ne peut pas forcer quelqu'un à tomber amoureux de façon sincère, on ne peut pas ressusciter les morts, et… on ne peut pas revenir dans le passé. Je doute que le Ténébreux lui-même ait pu se tromper à ce point-là à ce sujet.
- C'est exact, lui confirma-t-il. Cependant… Il existe un rituel semble-t-il, durant lequel il faut rassembler quatre éléments bien précis et assez peu définis, qui permettent de revenir dans le passé. Quelque chose qui représente l'innocence, une autre la sagesse, mais aussi le courage et enfin l'amour.
- On est complètement dans Le Magicien d'Oz en fait, c'est ça ? Lança alors Ruby.
- Je n'aurais pas mieux dit, rétorqua Neal. Et étant donné le fait que ce sort n'a jamais été lancé à ma connaissance, je ne sais effectivement pas à quoi ces éléments correspondent.
- Dans le livre, se souvint Blanche-Neige, il y a le cerveau de l'épouvantail, le cœur pour l'homme en fer-blanc, la potion de courage pour le lion peureux et… l'innocence de Dorothy je suppose ?
- J'espère qu'on pourra arrêter Zelena avant d'avoir à se poser la question d'à quoi correspondent ces éléments, fit alors Regina. »
Et Neal se mit alors à prier pour qu'elle ait raison.
A suivre…
