Chapitre 3 :

Prisonnier

Obi-Wan n'avait jamais ressenti véritablement la peur. S'il avait peur alors il s'en ait débarrassé rapidement, il avait eu des moments de doutes, des envies d'abandonner, mais jamais il n'avait réussi à baisser les bras, ou bien à reculer. C'était souvent ce qu'on lui reprochait. Il avançait tête baissé, sans penser à ce qu'il pouvait lui arriver. Et il était conscient que c'était le combat que menait Cody à chacun de ses missions.

Et aujourd'hui, comme de nombreuses fois, il avançait sans crainte, ignorant les risques et les futurs dangers. Autour de lui, tout était sombre, si ce n'est ses plantes qui s'illuminaient au fur et à mesure qu'il marchait, comme pour lui montrait le chemin. Il n'avait aucune raison de ne pas les suivre, de ne pas se fier à ces lumières.

Sa robe frôlait le sol, suivant ses pas, se tâchant de boues à chaque avancée. Mais celui était égale, son objectif était de rencontrer le monstre Ohnaka et il était proche.

Au bout de quelques minutes, il avait parcouru une bonne partie des bois, et n'était même pas sur de retrouver son chemin s'il souhaitait faire demi-tour. Car quand il se retournait, plus aucune plante s'illuminait. S'il devait fuir, il serait dans une impasse et errerait plusieurs heures, dans cette forêt maudite.

Lorsque plus aucune fleur ne le guida, il se retrouva à une clairière illuminée par la Lune de la planète, face à un autel naturel, fait de mousses et de racines de plantes exotiques. Un petit court d'eau facilement franchissable l'entourait aux abords, si bien qu'il aurait pu croire que cela avait été fait exprès pour délimiter ce lieu étrange dans cette forêt maudite.

En approchant plus près de l'autel, il découvrit une mare de sang séché sur la surface et eut un mouvement de sursaut, quand il analysa comme étant le sang d'un Félucien…ou plutôt de la Felucienne, qui a été tué par le monstre.

Sur ses gardes, il attendit et balaya de ses yeux son environnement sombre, prêt à réagir en cas d'attaques. Mais il n'eut pas le temps de réfléchir que brusquement des tentacules gluantes et noirs sortirent de l'ombre et l'attrapa.

Mais Obi-Wan n'était pas un Jedi pour rien, il réagit très vite et réussit à s'en défaire rapidement et à les éviter.

« Qui êtes-vous ! Montrez-vous ! » hurla-t-il en cherchant à fuir les tentacules.

Cependant, dans un espace aussi restreint, si sombre et un milieu dont il avait peu de connaissances, il finit par trébucher et les lianes le ligotèrent, l'écartelant au milieu de la clairière, puis le dirigeant vers l'autel, l'allongeant là où le sang séché n'avait pas été nettoyé.

Il émit un gémissement de douleurs, tout en tentant de se débattre, mais les liens vivants lui serrèrent les poignets et les chevilles, jusqu'au sang. Il serra alors des dents, supportant la douleur.

« Tu n'es pas…une femelle, clama une voix sombre.

Obi-Wan tourna la tête vers le son de la voix et découvrit une grosse créature embourbée d'une substance noire semblable aux tentacules qui le maintenaient. Il n'avait pas de têtes, ni de corps, ni bien même de visages, rien qui pouvait indiquer que le monstre était un bipède ou non.

- Qui es-tu ? fit la voix rauque menaçante.

- Si je vous réponds, allez-vous répondre à mes questions ? »

La créature s'arrêta puis s'esclaffa, d'un rire sardonique et sans humour.

« Te voilà, bien présomptueux, tu es mon prisonnier et tu oses établir les règles ? Tu es sur mon territoire.

- Peut-être, mais cela ne vous donne aucun droit de vie et de mort, sur des êtres, rétorqua le Jedi.

- Si tu étais une femelle, je t'aurai épousé immédiatement.

- Vraiment ? Vous cherchez vraiment une épouse ? »

Un silence se fit, et seule la forte respiration de la créature pouvait s'entendre. Cette dernière s'avança vers lui et Obi-Wan put l'observer un peu mieux à la lueur de la Lune. Le monstre était immense, beaucoup plus grand que lui, il était proche d'un gros sanglier recouvert de boues, mais le Jedi ne put dire quel genre de créatures c'était. La seule chose qu'il savait, était qu'elle n'était pas naturelle, expliquant sans aucun doute cette malédiction qui tournait autour de la forêt depuis un certain temps.

« Je cherche…quelqu'un qui m'accompagnera jusqu'à la fin de ma vie.

- Ce n'est pas en tuant ou en contraignant un village que vous réussirez, rétorqua Obi-Wan.

- On m'a dit qu'en faisait cela, je ne pourrai pas mourir.

- Quoi ? Qui vous a dit ça ?

- Assez de questions, qui êtes-vous ? Et pourquoi essayez-vous de me piéger ?

- Je m'appelle Obi-Wan Kenobi et je suis un Jedi. »

Evidemment, il savait qu'il n'aurait pu dire sa véritable identité, car à peine, eut-il dit cela, que les liens l'étirèrent, tout en le serrant, si bien qu'il pouvait sentir le sang s'échapper de sa peau et ses os craquaient. Il lâcha une plainte sourde de douleurs, haletant difficilement pour les contenir.

« Un Jedi ! Que fait un Dieu ici ? Que fait un Dieu dans mon territoire !

- J'ai entendu les prières des Feluciens que tu maltraites, souffla Obi-Wan, et je suis venu t'arrêter.

- Stupide Jedi ! Vous ne me faites pas peur ! »

La tentacule à sa main gauche cassa son poignet, en un coup, lui lâchant un cri de supplice. Ses doigts ne répondirent plus, se relâchant soudainement.

« Je ne suis pas…venu…te tuer, gémit-il ignorant la torture, je suis venu te demander qu'est ce qui t'as causé cela, Ohnaka ? Tu n'étais pas un monstre avant, qu'est-ce que tu étais ? »

Un grognement se fit entendre et il crut pendant un moment que le monstre allait recommencer à lui casser un autre membre, mais il avait tort. Les liens se figèrent, se desserrant doucement.

« J'étais un Pirate avant, je parcourais la Galaxie, avec mon équipage, j'étais le chef, j'étais respecté, j'étais ….libre. J'appartenais à la race des Weequays.

- Les Weequays ? Comment…

- Un jour, nous avons rencontré un Sith.

- Un sith ? »

Un frisson parcourut l'échine d'Obi-Wan. Si un Sith était mêlé à une affaire aussi sordide que celle-là, rien ne présageait de bon.

« Oui, un Sith, qui nous avait promis richesses et gloires, et nous l'avions cru. Il nous avait dit que sur Felucia, se cachait un trésor inestimable dans ses forêts et nous sommes allés…Mais nous nous sommes…séparés, et personne ne nous avait dit que certaines plantes dégageaient des substances hallucinogènes, si bien que la moitié de mon équipage est morte en s'entretuant ! »

Le Dieu retint un souffle, se rappelant alors des paroles de Cody. Si quelqu'un avait pu mettre en gardes les voyageurs de Felucia, rien de tout cela. Mais un Sith ne serait pas gêné de ne rien dévoiler des méfaits de cette jungle horrible.

« Et le reste de votre équipage ?

- Ils ont fini par mourir de folies, certains se sont suicidés et d'autres sont morts de famines et de déshydratations.

- Je suis désolé, Ohnaka, ce qui vous est arrivé est injuste et cruel. »

Il était sincère, il pleurait intérieurement pour ces individus qui sont morts par simples amusements pour un Sith.

« C'est…bizarre, tu es la première personne à qui je parle de ça, je pensais que j'entendrai que des pleurs et des supplications, ricana Ohnaka.

- Je suis un Jedi, je ne suis pas là pour te demander d'épargner ma vie, de plus, tu ne peux pas me tuer. Alors, parlons entre adulte et relâche moi. »

Quelques secondes se passèrent avant que le monstre accepta d'obéir. Les tentacules se retirèrent et Obi-Wan put se redresser, s'asseyant, grimaçant en découvrant son poignet complètement meurtri. Même s'il était immortel, chaque blessure prenait autant de temps que pour un mortel, fort heureusement, au Temple, c'était trois fois plus rapide, mais il n'avait aucune envie d'y retourner pour le moment.

« Dis-moi, ce Sith, qui est-ce ?

- Il disait s'appeler Tyrannus, marmonna la créature.

- Oh. »

Ohnaka perçut le choc provenant du Jedi et émit un grognement sourd.

« Vous le connaissez ?

- En quelques sortes, admit Obi-Wan en frottant son poignet meurtri, Darth Tyrannus prend un malin plaisir à tromper les mortels, il ne les a jamais aimé et ne se gêne pas d'exploiter les faiblesses de chacun.

- C'est à cause de lui, à cause de lui…que j'ai tout perdu. Que…je suis ainsi. Ma haine est si grande, Jedi, si grande que…parfois, j'avais envie de tuer, de raser ce village, de… »

A ses mots, le Dieu fronça les sourcils, une question lui taraudait l'esprit. Il y avait quelques choses qui clochaient dans l'histoire de la créature qu'il n'arrivait pas à comprendre.

« Dis-moi Ohnaka, comment cela se fait-il que…tu ne peux pas sortir de la forêt ? Pourquoi as-tu crée un mur magique autour du village ?

- Je n'ai pas crée de mur magique, grinça-t-il.

- Quoi ? Mais…qui a fait ça ?

- Quand Darth Tyrannus nous a accompagné jusqu'ici, il était accompagné. Par un autre Sith, un peu plus jeune. Peu de temps après nous avoir quitté, il est revenu, mais c'était trop tard, mon équipage était décimé et il ne restait que moi. Pour contrôler ma haine et ma colère, il…m'a autorisé à rester dans cette forêt et a crée une barrière magique pour me contrôler.

- Mais tu as tué la Felucienne ? Pourquoi ?

- Le Sith m'a dit que mon cœur finira par être rongé par la haine et que la magie qui me retient ne pourra plus me contrôler…alors quand j'ai senti que je n'avais plus aucun contrôle, je pensais que l'amour d'un être pourrait me sauver. Je n'ai jamais aimé alors, je voulais savoir ce que c'était. »

C'était tellement étrange d'entendre un monstre pareil demander à connaître l'amour. Obi-Wan avait fait face à de nombreux créatures envahis par le mal, au point où l'esprit de ses êtres n'était plus récupérable, mais pour la première fois, il rencontraît un monstre conscient et qui espérait être sauvé par le sentiment opposé à ce que son cœur avait succombé.

« Je ne voulais pas la tuer, Jedi, je le jure.

- Malheureusement, rien ne pourra excuser tes crimes, Ohnaka, tu as maltraité le village.

- Je n'avais pas le choix, je devais survivre !

- Bien que ce ne soit pas de ta faute, je crains que beaucoup de personnes ne soit pas d'accord avec cela.

- Vous allez me…libérer alors ? Me tuer ? Pour en finir ? »

Obi-Wan se mit sur ses pieds, fixant la créature qui n'avait pas de yeux et observant autour de lui. Il n'y avait pas d'autres solutions ? Il pourrait très bien permettre à la créature de rester ici encore, il irait expliquer la situation aux villageois, malgré la mort de la Felucienne, mais pour combien de temps ?

« Si tu es d'accord, j'accepte d'achever ta vie, Ohnaka, dit-il simplement. C'était la seule manière pour que cela se termine bien, même si au fond, il aurait aimé que la créature vive encore, elle n'était pas si mauvaise.

- Je le suis, Jedi. Permettez moi de mourir. A cause de ma haine, je n'ai pas pu me mettre à mort, cette malédiction m'en empêche.

- Je sais c'est pourquoi je te le propose.

- Merci, Jedi. »

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Quand il avait posé sa main encore saine sur le corps visqueux de Ohnaka, prêt à lui retirer son énergie vitale puis spirituel, il ne s'attendait pas à ce que la barrière magique se brise soudainement. Ce fut si violent, qu'il en tituba presque. L'absence de cette magie autour de la forêt le fit comprendre que la forêt méritait son surnom de maudite.

Cependant, il n'eut pu réfléchir plus longtemps à la question, car cette magie, qui retenait la colère sauvage d'Ohnaka, était la seule chose qui maintenait l'esprit de la créature. A peine eut-il disparu que toute conscience disparut de son esprit et il se jeta littéralement sur le Jedi, qui eut la rapidité de reculer mais Obi-Wan, blessé, était beaucoup trop lent, et il finit par se faire attraper par la bête sauvage, qui n'avait désormais plus rien de vivant. C'était devenu un monstre, enragé, assoiffé de sang, qui n'avait qu'une seule envie : tuer.

Obi-Wan utilisa alors tout son pouvoir pour repousser la créature, mais cette dernière l'avait fortement agrippé à elle, si bien qu'il fut lui aussi prit par ses propres attaques. Malgré ses pouvoirs divins, il ne parvint pas à se libérer et il se sentit aspirer par les substances épais du corps d'Ohnaka, si bien que tout son corps fut aspiré dans cette huile noire, qui le recouvrait.

Il y a très longtemps, on lui avait raconté que ce genre de créatures avait cette apparence boueuse et huileuse, car leur haine était si grande, si puissante, que leur cœur avait fini par déborder et leur sang s'était transformé en du sang noir et épais. Comment un tel monstre a-t-il pu finir ainsi et aussi longtemps ? Comment ce village avait-il pu être épargné ? Pourquoi un Sith avait décidé de le laisser vivant ? Qui était ce Sith qui avait mis cette barrière magique ?

Il n'arrivait plus à aspirer, son corps ne répondit plus, il avait l'impression de se noyer dans une mare de boue. Il n'allait pas mourir, il le savait, mais est ce quelqu'un allait le sortir de là ? Quelqu'un allait-il deviner qu'il se trouvait dans un monstre ?

Ironique, n'est ce pas ? Lui qui avait passé la majeur partie de sa vie à combattre des monstres, des créatures maléfiques, démoniaques…il allait se trouver dans les entrailles de l'une d'elle.

Dommage, il aurait aimé en sauver une.

« Pardonne-moi, Ohnaka, j'aurai aimé te sauver. »

Alors que sa vue s'obstruait peu à peu et qu'il s'enfonçait dans sa prison glutineux, la dernière image qu'il aperçut était une silhouette qui s'était jeté sur lui.

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Quelqu'un le portait. De grands bras, de grandes mains douces. Il ouvrit légèrement les yeux. Il tomba sur un visage aux traits jeunes, des jolis bouclettes tombaient derrière ses oreilles.

On s'arrêta. Des yeux se posèrent sur lui. Ils étaient bleus. Avec une lueur dorée, dans les pupilles.

« Rendormez-vous. »