Bonjour à toutes et à tous ! Encore merci pour les nombreuses vues, les nombreux follow et les nombreuses visites et merci aux deux personnes qui ont reviewé le chapitre précédent !

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luxcie : Oui j'ai changé le nombre de fois où Harry se retourne exprès pour toi XD L'amitié entre les Serpentard va clairement jouer un grand rôle dans cette histoire ^^ Ainsi que les relations familiales, aussi peu ordinaires soient-elles ^^ Et tout le monde peut faire des câlins à Draco, bien sûr ! N'hésitez surtout pas XD

katymyny : Le chemin sera effectivement long pour bon nombre de personnages dans cette fic ^^ L'image arrivera quand j'en aurai trouvé une qui me plaît XD

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Je vous laisse avec ce nouveau chapitre, en espérant qu'il vous plaira !

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(jeudi 13/07) POV Tonks

- Parfois je me demande pourquoi j'ai choisi de faire ce métier...

Tonks déchira le rapport qu'elle était en train de rédiger et le jeta à la poubelle. Il rejoignit ainsi ses prédécesseurs qui, comme lui, n'avaient pas trouvé grâce aux yeux de la personne qui les écrivait. Il fallait dire que Tonks manquait singulièrement de motivation, ce jour-là. Enfin, à y réfléchir, cela faisait plusieurs jours qu'elle traînait la patte quand son supérieur lui donnait des rapports à rédiger. Mais là, elle n'avait vraiment pas le courage. Peut-être était-ce dû au fait que c'était vendredi et que c'était donc son avant-dernier jours de travail de la semaine. Ou peut-être était-ce à cause de son état de fatigue avancé. Ou peut-être était-ce les deux à la fois. Elle soupira. Que ce soit l'un ou l'autre ou tout ça en même temps, elle devait l'écrire, ce rapport. Elle était encore une jeune recrue, elle ne pouvait pas se permettre de partir du boulot sans avoir fait son travail.

Cela faisait tout juste un an qu'elle avait eu son diplôme d'Auror. Après trois ans de formation intensifs, elle avait été ravie de voir ses efforts récompensés. Cela n'avait pas été facile tous les jours. Ce n'était pas un cliché de dire que, lorsqu'on était une femme, il était difficile de se faire une place dans ce genre de profession. Elle s'y était attendue en entamant cette formation, mais les remarques et les brimades avaient été tout de même durs à encaisser. Elle avait beaucoup douté d'elle-même car lorsqu'elle était arrivée chez les Aurors, juste après être sortie de Poudlard, elle avait vu bon nombre d'apprentis comme elle qui avaient abandonné la formation les uns après les autres. Certains avaient tenu quelques semaines, d'autres quelques mois, d'autres un an, d'autres un peu plus longtemps. Il n'y en avait qu'un ou deux qui avaient fini leur deuxième année de formation. Les rares qui avaient été jusqu'au bout des trois ans avaient raté les épreuves de fin de formation. Tonks, elle, avait non seulement terminé la formation mais avait également réussi les examens. Elle avait été la première depuis plusieurs années à avoir été qualifiée et engagée. Mais elle disait souvent qu'elle avait eu simplement la chance d'avoir eu un bon Mentor. En effet, sa formation avait été supervisée par Alastor Maugrey, l'Auror le plus doué et le plus puissant que le Ministère n'ait jamais connu.

Une fois avoir obtenu son diplôme, Tonks avait été laissée entre les mains de quelqu'un d'autre, Maugrey ayant décidé de prendre sa retraite. Comme tout le monde, Tonks avait cru qu'il était devenu professeur de Défense Contre les Forces du Mal à Poudlard alors qu'il avait été en réalité caché dans une malle durant toute l'année scolaire écoulée. Tonks avait été sidérée en apprenant cette histoire. Elle s'était dit que Maugrey aurait mieux fait de rester Auror, il lui serait arrivé moins de bricoles ! Sans compter que Tonks aurait vraiment préféré rester sous son tutorat. Car elle avait détesté son supérieur, Gary Brenston, dès le jour où elle avait fait sa connaissance. Elle avait été sous ses ordres pendant près d'un an avant d'être confiée à quelqu'un d'autre après une grosse erreur commise par son supérieur. Elle avait plus d'une fois songé à quitter ce métier tant elle se faisait mener la vie dure par Brenston. Il la prenait de haut, la traitait comme une bouse de dragon, lui refilait le plus de paperasse possible et lui faisait régulièrement des remarques désobligeantes. Il était persuadé que Tonks avait bénéficié d'un passe-droit pour avoir son diplôme, même s'il n'avait aucune preuve pour affirmer cela. Pour lui, une jeune femme de vingt-et-un ans n'aurait jamais pu réussir avec brio une formation aussi difficile. Il avait cependant vite vu que, sur le terrain, Tonks était diablement efficace. Mais il ne voulait pas l'admettre et la voir aussi douée l'avait mis plus en rogne qu'autre chose. Il s'obstinait à dire que Tonks avait eu de la chance lors de chacune de ses missions et qu'elle n'avait aucun talent. Bien décidé à le prouver, il l'avait envoyée sur une mission aussi délicate que dangereuse. Tonks se souviendrait certainement toute sa vie de ce jour-là. Elle avait, dans un premier temps, refusé de faire cette mission. Elle n'était ni orgueilleuse, ni idiote. Elle savait très bien qu'elle n'était pas prête pour quelque chose d'aussi dangereux. Mais Brenston lui avait dit que cette mission nécessitait une grosse équipe et lui avait menti en lui disant qu'il manquait un Auror pour que l'effectif soit au complet. Il l'avait fait culpabiliser en soutenant que ce serait de sa faute si la mission serait un échec. Il l'avait aussi menacée de prendre sa réticence pour un refus d'obtempérer, ce qui n'était pas bien vu du tout chez les jeunes recrues qui devaient obéissance à leur supérieur. Acculée, Tonks avait fini par accepter. Elle tenait à sa place et ne voulait pas être renvoyée pour avoir eu peur d'aller sur le terrain.

En réalité, elle n'avait pas été au coeur de l'action. Ses collègues lui avaient demandé de faire diversion, ce qui n'était pas non plus la plus aisée des tâches. Pourtant, elle avait réussi haut la main sa mission. Mais pas de la façon dont elle l'aurait souhaitée. Elle avait usé de son don de métamorphomage pour éviter de se faire reconnaître. Même si elle doutait que l'homme qu'elle devait berner la connaissait.

Elle était censée distraire cet homme de son poste de guetteur. Mais elle n'avait pas vraiment eu le temps de faire quoi que ce soit. Car dans sa malchance légendaire, il avait fallu qu'elle prenne les traits d'une femme qui ressemblait fortement à une personne contre laquelle l'homme avait visiblement beaucoup de griefs. À peine Tonks l'avait-elle abordé qu'il s'en était pris physiquement à elle. Il devait vraiment beaucoup en vouloir à la femme à laquelle ressemblait Tonks car il avait littéralement essayé de l'étrangler. En l'insultant de tous les noms au passage, évidemment. Mais Tonks ne s'était pas laissée faire et s'était brillamment défendue. Elle l'avait dégagé d'un coup de pied bien placé et n'avait pas perdu de temps pour le ligoter d'un sort. Elle n'avait pas prévu d'en arriver là aussi vite mais la situation l'avait exigé. Il n'avait pas été question de ramener le guetteur au Ministère. Il fallait juste coincer ses complices. Mais elle ne pouvait pas le laisser en liberté après ce qu'il avait fait. Ce type était un vrai danger public ! Du coup sa mission s'était vite terminée. Elle avait dû attendre que ses collègues ressortent de la boutique d'objets magiques rares qui avait été prise d'assaut par quatre hommes qui voulaient dérober la totalité du coffre du magasin. Sauf que ce genre d'intervention était très longue. Elle s'était vite ennuyée. En voulant shooter dans un caillou qui se trouvait près de la tête du guetteur ligoté, son pied avait malencontreusement ripé et avait atterri dans le nez de l'homme. Elle était un peu rancunière sur les bords. Ça lui apprendrait de vouloir s'en prendre à une Auror ! Lorsque ses coéquipiers étaient enfin ressortis de la boutique, ils avaient été surpris de voir qu'elle avait un homme ligoté à ses pieds. Ils n'avaient cependant pas posé de questions sur le moment et ils étaient tous rentrés au Ministère avec le guetteur et ses complices, eux aussi ligotés.

Une fois arrivés, Tonks avait reçu les félicitations du Chef des Aurors en personne, à la plus grande fureur de Brenston. Celui-ci s'était d'ailleurs fait sérieusement réprimander pour avoir envoyé Tonks sur une mission pareille sans en avoir référé au Chef. Il n'était que le supérieur direct des nouvelles recrues, il n'était pas le plus haut placé dans la hiérarchie. Cela avait été un choc pour Tonks qui était persuadée que le chef d'Auror avait donné son accord pour son implication. Elle n'avait alors pas hésité à raconter ce qui s'était passé. Brenston avait été mis à pied et attendait son audience disciplinaire pour connaître son sort. Tonks avait hérité d'un nouveau supérieur, Bart Cooper. C'était le jour et la nuit entre Brenston et lui. Cela faisait à peine un mois qu'elle était sous les ordres de Bart mais ils s'entendaient déjà très bien. Elle avait recommencé à aimer son métier et l'adorait toujours un peu plus chaque jour.

Sauf quand elle avait des rapports à écrire. Et celui qu'elle devait rédiger en ce moment-même était particulièrement ardu. Elle n'avait pas participé à la mission, elle devait donc se baser uniquement sur les informations qu'elle avait. Et ça, c'était franchement galère. Elle venait de recommencer pour la douzième fois son rapport lorsque la porte du bureau s'ouvrit sur nul autre que son supérieur.

- Tu es encore là ? s'étonna-t-il.

- Comme tu le vois...

- Tu devrais rentrer chez toi. Tu n'étais pas très en forme, aujourd'hui. Mais j'aimerais d'abord te parler de quelque chose.

- Je t'écoute.

- Ça concerne la traque aux Mangemorts.

Tonks haussa les sourcils.

- Euh... pardon mais en quoi ça me regarde, au juste ? Tu sais bien que je ne suis pas sur cette affaire. Ou, plutôt, sur ces affaires.

- Eh bien... il pourrait que ça change. Personne n'était favorable à l'idée de te faire participer à une de ces traques mais on n'a pas le choix. On manque cruellement d'effectif. Tu ne seras d'ailleurs pas la seule novice à être réquisitionnée. Enfin, quand je dis novice, je parle de ceux qui sont arrivés en dernier avant toi.

- Super, ça me rassure beaucoup, ce que tu me dis là. Ce ne sont peut-être pas encore des Aurors confirmés mais ils ont au moins quatre années de service alors que moi je n'en ai qu'une seule. Mais bon, s'il le faut je vous accompagnerai pour traquer un des Mangemorts encore en fuite. J'espère juste que vous ne m'enverrez pas aller chercher Lucius Malfoy ou Bellatrix Lestrange.

- Non, tu as trop d'affects avec eux pour cela. En fait ce n'est pas vraiment sûr que tu participes à une traque. Tu n'es pas assez expérimentée pour ça. Ce serait trop dangereux.

- Pourtant tu m'as dit que je serais réquisitionnée pour une traque.

- Je me suis mal exprimé. Tu ne participeras pas à la traque en elle-même mais plutôt aux préliminaires de l'enquête. Laisse-moi t'expliquer, ajouta Bart en voyant Tonks ouvrir la bouche. On cherche à localiser un des Mangemorts et on pense être sur une bonne piste.

- Vous pensez avoir trouvé où il se cache ?

- Non, mais on a peut-être trouvé deux personnes qui pourraient nous être utiles. Il faudrait surveiller leur courrier, en fait. Et je suis désolé mais l'une de ces deux personnes s'avère être le fils de celui que tu ne veux pas traquer. L'autre est un de ses amis.

Tonks écarquilla les yeux.

- Vous comptez traquer le courrier de deux adolescents ? Non mais vous n'avez pas honte ?!

- Un Auror doit savoir mettre parfois sa conscience de côté, Tonks, dit sèchement Bart.

Apparemment, il n'appréciait pas de se faire réprimander par la personne qu'il devait encadrer.

- Je trouve ça quand-même scandaleux, asséna Tonks, outrée. Quand tu avais quinze ans, ça t'aurait plu que des Aurors lisent les lettres que tu envoyais à tes amis durant les vacances d'été ?

- Si elles avaient permis à des Aurors d'enquêter plus facilement sur un Mangemort, je l'aurais compris.

- Ben voyons... Tu dis ça avec ton point de vue d'Auror. Mais à quinze ans tu n'étais sûrement pas dans cet état d'esprit-là.

- On s'en fiche, répliqua Bart, l'air agacé. Si je suis venu t'en parler c'est parce que tu seras sûrement réquisitionnée pour aller interroger un de ces deux adolescents si, à travers leurs lettres, on apprend qu'ils sont en contact avec le fils Nott. À vrai dire, ça fait déjà deux jours qu'on surveille leurs échanges. Et d'après ce qu'on a lu, ils n'ont visiblement aucune nouvelle de leur ami.

- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, Bart. Je n'ai pas l'habitude des interrogatoires.

- Tu en as déjà fait quelques-uns et tu as su faire tes preuves. Tu vas te débrouiller à merveille, j'en suis persuadé.

- Tu me dis ça pour me convaincre d'accepter. De toute façon je n'ai pas trop le choix, n'est-ce pas ? Là c'est le Chef qui me confie cette mission. Je ne suis pas vraiment en mesure de refuser.

- Tu as le droit, mais...

- Ce ne serait pas très bien vu, oui, je sais, soupira Tonks. En fait ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que j'ai peur de me planter royalement.

- Si le Chef te met là-dessus c'est qu'il estime que tu as les compétences nécessaires. Bon, assez discuté. J'ai terminé le boulot, je suis juste venu te voir pour te parler de ça, vu que je suis ton supérieur. Et je profite d'ailleurs de mon statut pour t'ordonner de rentrer chez toi. Tu finiras ce rapport demain, ce n'est pas urgent.

- Mais je n'ai même pas écrit une ligne... Je n'arrête pas de recommencer, je ne sais même plus à combien de brouillons j'en suis...

- Ça ne veut dire qu'une chose : tu n'es pas apte à le rédiger ce soir. Alors inutile de t'acharner. Rentre chez toi ou je t'y force à coups de pied aux fesses.

- Tu serais bien capable de le faire... Mais c'est bon, je m'en vais, puisqu'on ne veut plus de ma présence ici...

- Arrête, tu vas me faire pleurer, se moqua Bart.

Tonks lui tira la langue en guise de réponse. Oui, bon, ce n'était pas une façon de se comporter avec son supérieur mais il n'avait qu'à pas la chercher ! Elle devait tout de même avouer qu'il avait raison. Elle était au bout du rouleau.

- Allez, je te laisse. Bonne soirée.

- Merci, bonne soirée à toi aussi.

Bart s'en alla en fermant la porte derrière lui. Tonks leva les yeux au ciel. C'était inutile puisqu'elle allait bientôt partir... Elle rangea ses affaires, s'assura qu'elle n'oubliait rien et sortit du bureau, puis du Ministère. Elle transplana et arriva chez elle, en plein milieu de son salon. Elle faillit alors déprimer. Il régnait un vrai désordre dans son appartement. Rien n'était à sa place. Elle allait sûrement devoir passer son dimanche à faire du rangement... Elle qui était pressée d'être en week-end n'avait plus du tout hâte, désormais. Une chose était sûre : elle ne ferait pas de rangement pas ce soir-là. Elle n'avait qu'une seule envie : se mettre au lit et rejoindre le pays des songes. Et c'est bien ce qu'elle comptait faire.

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(vendredi 14/07) POV Théo

Théo se traîna péniblement jusqu'à la salle de bain. Il s'était encore réveillé ce matin-là. Oui, ce simple fait le déprimait. Il aurait voulu ne pas se réveiller. Il se maudissait d'être aussi résistant. Il était pourtant cassé de partout, fatigué, affaibli et affamé. Il ne savait même pas comment il pouvait encore tenir debout. Il soupçonnait son père de le tenir en vie par un moyen illégal. Soit par un sort informulé, soit par une potion qu'il incorporait dans le peu de nourriture qu'il lui donnait. Théo ne pouvait pas l'en blâmer. Si son père le tuait, il n'aurait plus son souffre-douleur préféré. Ce serait quand-même idiot. Mais Théo n'en pouvait plus. Il n'en pouvait plus du traitement que lui infligeait son père depuis qu'il était rentré. Mais, par Merlin, qu'y pouvait-il si le patron de son géniteur s'était fait tuer par l'adolescent qu'il voulait assassiner depuis qu'il était tout bébé ?! Ce n'était pas lui qui avait ordonné à Harry Potter de retourner son Expelliarmus contre l'Avada du mage noir ! Il n'était même pas là, à ce moment-là. Il était à Poudlard, comme tous ses camarades.

Dès qu'il avait appris la chute de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, il avait su qu'il allait passer des vacances difficiles. Que son père allait se défouler sur lui. Ça avait toujours été comme ça. Même sans être en colère, il trouvait toujours une raison pour le frapper. Et là, il avait une bonne raison d'être en colère. Il se retrouvait au chômage. Il se vengeait alors sur son fils qui, encore une fois, n'y était pour rien. Mais ça, Edward Nott s'en moquait comme de sa première baguette.

Théo soupira. Cela ne servait à rien de s'apitoyer sur son sort. Après tout, c'était de sa faute s'il se retrouvait dans cette situation. Il avait refusé la main tendue de Draco et de Blaise, ses deux meilleurs amis. Ils lui avaient proposé de l'héberger durant les vacances à l'insu de tout le monde. Mais Théo avait eu trop peur de les mettre en danger pour accepter. Son père était un Mangemort. Même recherché par toute une équipe d'Aurors, il n'aurait pas hésité à aller chercher son fils chez l'un des amis de celui-ci. Il n'aurait pas supporté d'en être privé pendant toutes les vacances. Et Théo savait que son père aurait été prêt à tout pour le récupérer. Quitte à faire sérieusement du mal à ses amis et à leurs parents. Enfin, plutôt à la mère de Blaise ou au parrain de Draco. Et ça, pour Théo, il en était hors de question. Alors il avait décliné l'offre et avait fait de son mieux pour rassurer ses amis. Il leur avait caché les lettres qu'il avait reçues dans lesquelles son père lui donnait des directives pour le rejoindre en toute discrétion lorsqu'il descendrait du Poudlard Express. Il savait que ses amis s'étaient doutés de quelque chose mais ils n'avaient pas réussi à lui tirer les vers du nez. À présent il se retrouvait chez son père qui se cachait des Aurors et qui le frappait tous les jours avec toujours plus de hargne. Il utilisait aussi des sorts de coupures et de lacération quand il était particulièrement énervé. Il usait également du couteau. Avec du venin sur la lame sinon ce ne serait pas drôle. Mais ce que son père préférait, comme le bon Mangemort qu'il était, c'était le bon vieux Doloris. Il n'y avait pas de douleur plus insupportable que celle infligée par ce sort.

Malgré tout ce qu'il subissait, Théo gardait l'infime espoir que la cachette de son père se fasse découvrir par les Aurors. Il savait pourtant qu'il y avait très peu de chances. Son père avait tellement sécurisé l'endroit que même le plus assidu des Aurors ne saurait le localiser et encore moins y pénétrer. Si Théo voulait s'en sortir, alors c'était à lui de s'enfuir de cette maison. Et il savait comment s'y prendre. Mais encore fallait-il oser. Et même s'il se trouvait courageux de résister face aux violences de son père, il n'avait pas l'audace des Gryffondor. Pourtant il devait le faire. Il ne savait pas combien de temps il tiendrait encore. Il fallait absolument qu'il mette son plan à exécution.

Ce plan était somme toute assez simple. En fait, il avait déjà fait le plus dur. Car il avait anticipé cette situation et avait donc préparé depuis longtemps un plan de secours. Il consistait à mettre une puissante potion de sommeil dans le repas de son père et s'enfuir lorsque celle-ci aurait fait effet. Mais ce n'était pas une potion de sommeil ordinaire qu'avait concoctée Théo. Il y avait incorporé un philtre de paix ainsi qu'une potion relaxante. Avec ça, son père dormirait pendant des jours et des jours. Théo aurait tout le temps de reprendre des forces en mangeant avant de s'en aller. Il n'avait pas d'autre choix que d'utiliser son vieux balai, en espérant qu'il n'était pas resté dans le Manoir Nott. Mais Théo était presque sûr que son père avait tout emmené dans cette maison qui lui servait de refuge.

Depuis le début des vacances, Théo avait eu mille fois l'occasion de mettre son plan en action. Car c'était lui qui préparait les repas, son père ayant en horreur les elfes de maison. Bien sûr, Théo ne faisait à manger que pour une personne. Lui n'avait droit qu'à des repas de prisonnier. Même si Théo ressentait en permanence la faim, le fait qu'il ne partage pas les repas de son père était une bonne chose pour son plan. Sinon, lui aussi aurait à ingérer le puissant somnifère. Ce qui n'était pas vraiment le but.

Il fallait donc qu'il se lance. Mais il avait tellement peur que son père le surprenne en train de commettre son méfait... Il soupira et se décida à se laver. C'était une chose qu'il avait encore le droit de faire. C'était son petit plaisir de la journée. Cela lui permettait de nettoyer ses plaies et se relaxer un tant soit peu. Lorsqu'il vit son reflet dans le miroir et plus particulièrement son corps qui ne ressemblait plus à rien, il se dit qu'il était vraiment temps d'agir.

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(samedi 15/07) POV Sirius

Dans le salon du Square Grimmaurd, le silence régnait en maître. Sirius lisait un livre tandis que Remus faisait du rangement dans ses papiers. Au bout d'un moment, Sirius sentit le regard de son ami posé sur lui. Il sut qu'il allait lui parler. Et, en effet, quelques secondes plus tard, Remus brisa le silence :

- Tu passes tellement de temps à lire ce bouquin que ça m'étonne que Harry ne t'ait pas encore posé de questions. À moins qu'il t'en ait posé mais que tu ne me l'aies pas dit. Ce qui serait parfaitement dans ton droit.

- Il ne m'a rien demandé à ce sujet. Ça l'a juste surpris que je sois du genre à lire.

- Ce n'est pas très étonnant. Tu ne lui as pas vraiment caché que tu n'étais pas un élève très assidu à Poudlard, commenta Remus.

- Tu aurais préféré que je lui mente ?

- Non, mais tu aurais pu tout simplement te taire.

- Tu sais bien que je suis incapable de faire ça. Et puis je ne vois pas pourquoi tu me prends la tête avec ça.

- Parce que tu risques de regretter d'avoir dit à Harry quel genre d'élève tu étais. À moins que tu décides finalement de refuser la proposition de Dumbledore.

- Aaaaah c'est de ça dont tu veux parler... comprit Sirius. Mais je n'ai pas encore pris ma décision. Et puis je ne vois pas le rapport.

Remus poussa un soupir agacé.

- Si tu acceptes cette proposition, comment veux-tu être crédible face à quarante élèves en leur demandant de se concentrer sur leurs BUSES s'ils savent que tu as passé la moitié de ta cinquième année à faire les quatre cent coups avec tes meilleurs amis ? Car Harry pourrait très bien vendre la mèche un jour où il serait particulièrement remonté contre toi.

Sirius grimaça.

- Je n'avais pas pensé à ça. Mais comme je te l'ai dit, ma décision n'est pas encore prise.

- Ça te tente quand-même beaucoup.

- Évidemment, sinon ça ne ferait pas six mois que je me tape tous les bouquins possibles et imaginables sur le monde des sortilèges ! s'exclama Sirius. Et ça ne ferait pas non plus six mois que je m'entraîne quasi quotidiennement dans une pièce du Square pour être sûr que je maîtrise n'importe quel sort. Et ça ne ferait pas non plus six mois que mon meilleur ami me donne tout un tas de conseils sur la façon de gérer une classe. Et ça ne...

- C'est bon, je crois que j'ai compris, coupa Remus, mi-agacé, mi-amusé. Tu dis que tu n'as pas encore fait ton choix mais la balance semble pencher davantage vers le «oui» que vers le «non».

- Je l'admets, concéda Sirius. Pour te dire la vérité j'ai super envie d'accepter. Il y a encore deux ans, jamais je ne me serais imaginé professeur mais quand tu m'as raconté l'année que tu as passée à Poudlard en tant que professeur, je suis complètement tombé sous le charme de ton récit. Je me suis rendu compte qu'en fait ça me plairait énormément d'enseigner. Mais je ne sais pas si j'en suis capable. Je sors quand-même de douze dans d'emprisonnement à Azkaban...

- Mais tu n'en gardes pas autant de séquelles que tu le devrais. Ce qui est en grande partie dû au fait que tu te transformais en Padfoot quand ça devenait trop dur. Sans compter que tu es suivi par une psychomage depuis six mois et que les effets sont déjà fulgurants sur ton état mental. Ton traitement y est aussi pour quelque chose, bien sûr. Tu es tout à fait apte à enseigner, Sirius. Ça te fera le plus grand bien. Tu vas avoir du lien social. Tu vas travailler. Ça va beaucoup t'aider à t'en remettre.

Sirius acquiesça d'un air distrait. Il savait que son ami avait raison. Mais l'idée d'enseigner l'attirait autant qu'elle l'effrayait. Les sortilèges avaient toujours été sa matière préférée lorsqu'il était élève à Poudlard. Avec Remus, il était à l'origine de la plupart des sorts qui avaient été posés sur la Carte du Maraudeur. Remus, lui, excellait dans toutes les matières mais sa matière de prédilection restait la métamorphose.

Sirius se rappelait encore de ce jour de janvier, peu avant la reprise des cours, où Dumbledore était venu le voir pour lui proposer de venir enseigner à Poudlard. Il lui avait expliqué qu'à la rentrée des grandes vacances, il comptait réinstaurer le cours de duel. Mais contrairement à ce qui avait été fait trois ans plus tôt, ce serait une option facultative accessible dès la deuxième année, les élèves de première année étant trop novices en terme de sortilèges. Ce serait néanmoins un véritable cours, le but étant que les élèves apprennent à se battre correctement en duel. Il serait enseigné par le professeur Flitwick, ce qui laissait vacant le poste de professeur de sortilèges. Sirius s'était alors vu offrir ce poste par Dumbledore, à sa plus grande surprise. Au fil de la discussion, Sirius aurait plutôt pensé que le directeur lui confierait la nouvelle option. Car les sortilèges étaient la plus importante des matières. Il n'était pas nécessaire d'avoir une certaine note aux BUSE pour pouvoir la poursuivre en sixième année car tous les élèves devaient la continuer jusqu'aux ASPIC. Tout comme l'histoire de la magie, mais ça c'était plus pour le côté culturel, ce que déploraient la grande majorité des étudiants qui souhaitaient s'en débarrasser au plus vite.

Mais en réalité, Sirius avait été surpris tout court que Dumbledore lui propose un poste d'enseignant. Il avait passé sa scolarité à faire des blagues et s'était pris un nombre incalculable d'heures de retenues. Il n'avait donc pas le meilleur des profils pour se voir attribuer un poste de professeur ! Il avait fait la remarque à Dumbledore qui lui avait alors dressé la liste de ses qualités et de ses atouts. Il avait également utilisé les mêmes arguments que Remus : travailler lui permettrait de reprendre plus facilement une vie normale et de se sentir mieux. Il avait laissé à Sirius un peu plus de sept mois pour réfléchir.

Dans l'optique où il accepterait, Sirius s'était aussitôt remis à niveau en achetant une trentaine de livres sur les sortilèges. Mais il avait dû attendre pour s'y mettre car la proposition de Dumbledore était tombée durant la période où Sirius bataillait pour obtenir la garde de Harry. C'était aussi durant cette période-là que Sirius avait commencé à se faire suivre par une psychomage sous le conseil – ou plutôt l'ordre – de Remus qui avait alors emménagé au Square. Sirius avait d'ailleurs bien fait d'écouter son ami puisque le Ministère lui avait demandé de suivre une thérapie pour qu'il puisse être jugé apte à s'occuper de Harry. Au bout de trois mois de séances hebdomadaires, Christina, la psychomage de Sirius, avait fourni un premier compte rendu positif au Ministère qui avait alors accordé de façon provisoire la garde de Harry à Sirius. Il y avait un délai d'un an pour que celui-ci devienne officiellement – ou non – le tuteur de Harry. Un employé du Ministère viendrait faire une enquête complète pour s'assurer que Sirius était prêt à s'occuper d'un adolescent. Cette «mise à l'épreuve» d'un an avait prit effet au début des vacances puisque c'était à ce moment-là que Harry était venu habiter chez Sirius.

Malgré toutes ces péripéties, Sirius avait réussi à lire tous les livres qu'il s'était achetés. Il avait également réquisitionné une pièce du Square pour s'entraîner à la pratique. Remus l'avait beaucoup aidé en le mettant dans toutes sortes de situations dans lesquelles il pourrait se retrouver avec ses futurs élèves. Sirius n'avait peut-être pas encore pris sa décision mais une chose était sûre : il était prêt ! Même s'il avait encore très peur de ne pas être à la hauteur. Lui qui avait eu peur de s'ennuyer au Square une fois qu'il avait récupéré tous ses biens, n'avait finalement pas vu le temps passer jusqu'à l'arrivée de Harry ! Sans compter qu'il communiquait régulièrement avec son filleul lorsque celui-ci était à Poudlard. Il avait tenté de l'aider du mieux qu'il pouvait pour le Tournoi des Trois Sorciers. Et il regrettait d'avoir échoué. Il regrettait de ne pas avoir pu l'empêcher d'y participer et il regrettait de ne pas avoir deviné qui se cachait derrière tout ça. Mais le mal était fait et tout ce que Sirius pouvait faire, c'était aider Harry à s'en remettre.

- Perdu dans tes pensées ?

Sirius leva la tête et sourit à Remus.

- Oui, je réfléchissais à tout ce qui s'est passé cette année...

- Elle n'a pas été de tout repos pour toi, constata Remus. Mais tu t'en es plutôt bien sorti.

- Peut-être, mais c'est justement parce que ces six premiers mois ont été épuisants que je veux une fin d'année tranquille.

- C'est un moyen détourné de me dire que tu comptes refuser la proposition de Dumbledore ?

Sirius grimaça.

- Je ne sais pas. En fait il y a plein de choses qui me font peur. Déjà, enseigner, c'est nouveau, pour moi. Ensuite, je ne sais pas comment les élèves vont réagir. J'ai aussi peur de ne pas m'entendre avec mes collègues. Si au moins tu avais accepté de revenir enseigner, j'aurais pu compter sur ton soutien...

- Tu cherches à me faire culpabiliser, là ?! s'indigna Remus.

- Un peu, oui ! Il n'y a pas que pour moi que je suis dégoûté que tu aies refusé. C'est aussi et surtout pour toi. Tu avais l'occasion d'enseigner la matière qui t'a toujours passionné et tu as refusé. C'est nul.

- Tu sais très bien pourquoi j'ai refusé, lâcha Remus.

- Oui et je trouve ça débile. Il ne s'est jamais rien passé durant l'année où tu as enseigné. Personne, à part la plus intelligente des Gryffondor et, accessoirement, la meilleure amie de mon filleul, n'a compris que tu étais un loup-garou. Ça veut donc dire que tu étais quelqu'un de parfaitement normal aux yeux des élèves.

- Mais les parents n'auront pas le vécu de leurs enfants. Ils n'auront pas été en contact avec moi pendant une année. Ils auront tout à fait le droit de se faire leur propre opinion, d'avoir peur et de refuser que leurs enfants suivent les cours d'un m... d'un loup-garou.

Sirius soupira.

- Si tu te considères toi-même comme un monstre, comment veux-tu que les parents d'élèves ne se fassent pas la même opinion que toi ? Pour te faire accepter des autres il faut d'abord que tu t'acceptes toi-même.

- Dit celui qui a peur que ses collègues et ses potentiels futurs élèves le voient uniquement comme l'ex prisonnier d'Azkaban, railla Remus.

Sirius ouvrit la bouche, la referma, la rouvrit et la referma de nouveau. Remus venait de marquer un point, là. Il faisait des reproches à son ami mais il pouvait tout aussi bien se les faire à lui aussi !

- Pfff... On ne peut jamais discuter, avec toi.

- Si, c'est juste que tu finis toujours par te faire avoir à ton propre jeu, se moqua Remus.

- N'empêche que si tu as raison, alors j'ai raison aussi. Nous sommes dans la même situation. J'accepterai la proposition de Dumbledore uniquement si tu acceptes celle qu'il t'a faite.

- Tu me fais du chantage !

- Ça t'apprendra à m'en avoir fait pour que j'accepte de me faire suivre par une psychomage !

- Oui bah si j'avais su je t'aurais laissé avec tes cauchemars et tes tourments !

- Tu es incapable de faire ça, Remus. Tu tiens beaucoup trop à ton Padfoot adoré. En plus tu avais raison. J'avais vraiment besoin de ce suivi. Et puis ça a été indispensable pour me voir octroyer la garde provisoire de Harry. Mais revenons-en à nos hippogriffes. Tu t'inquiètes de la réaction des parents d'élèves, mais Dumbledore t'a dit qu'il leur enverrait une lettre pour les rassurer en leur disant que Snape te préparera la potion Tue-Loup tous les mois et ce, durant toute l'année. Il leur expliquera en quoi elle consiste et insistera sur le fait qu'elle te rendra parfaitement inoffensif. Il leur dira aussi que, pendant les pleines lunes, tu seras enfermé dans ton bureau qui sera protégé par tout un tas de sorts très puissants. Et il précisera qu'en-dehors des pleines lunes, tu n'auras aucune raison de devenir dangereux et que les élèves seront donc en sécurité comme avec n'importe quel autre professeur. S'il dit que tu as été mordu à l'âge de cinq ans par le plus féroce des loups-garous, les parents comprendront que tu n'as jamais voulu en devenir un. S'ils font confiance à Dumbledore, alors ils te feront confiance aussi. Et ça vaut pour moi également.

Remus poussa un long soupir.

- Tu as raison. Je n'ai pas vraiment à m'en faire, tout compte fait. Et puis... j'avoue que j'adorerais retourner enseigner à Poudlard. Surtout la métamorphose, quoi. Je suis tout à fait prêt à devenir professeur de métamorphose, ça c'est certain. Mais j'aurais préféré que Minerva reste directrice de la maison de Gryffondor... Je ne suis pas du tout préparé à m'occuper de soixante-dix élèves ! Toi encore ça va, tu te partageras les Serdaigle avec Filius qui restera leur directeur de maison. Mais moi je n'aurai pas le soutien de Minerva ! Elle veut se consacrer entièrement à ses fonctions de sous-directrice, c'est tout. Elle laisse les Gryffondor à la personne qui la remplacera à la fois en tant que professeur de métamorphose et en tant que directeur ou directrice de Gryffondor.

- C'est vrai que c'est abusé et que ça fait un peu trop d'un coup pour toi. Mais avoue que c'est mieux pour tout le monde qu'elle ne soit plus la directrice des Gryffondor. Quand tu y réfléchis bien, elle n'a jamais vraiment bien rempli ce rôle. Rien qu'avec Harry, déjà... Elle ne s'est jamais rendue compte de rien. Ça craint, franchement, grimaça Sirius.

- Qui te dit que je ferai mieux qu'elle ?

- Personne, mais tu es quelqu'un de censé et de réfléchi. Tu aimes les enfants. Beaucoup plus que McGonagall, je pense. Tu es plus jeune qu'elle, tu auras donc sûrement le contact plus facile avec tous ces adolescents. Ils vont vite se rendre compte que tu n'es pas une bête sanguinaire qui va les attaquer dans leur dortoir en pleine nuit pour te repaître de leur sang...

Remus esquissa un sourire.

- T'es bête... Mais ça vaut aussi pour toi. Tu es bien plus jeune que Filius. Les Serdaigle vont sentir le changement ! C'est vraiment bien que Filius ait demandé à partager son rôle de directeur de maison avec toi. Tu ne pouvais pas le devenir à part entière puisque tu n'es pas allé à Serdaigle. En tout cas, si je retourne enseigner à Poudlard, je serai ravi de retrouver Filius. Je m'entendais très bien avec lui lorsque j'enseignais la DCFM. C'est quelqu'un de très drôle. En-dehors des cours il n'est pas si différent du professeur qu'il était quand toi et moi étions élèves à Poudlard.

- Donc tu serais prêt à y retourner ?

- J'ai encore besoin de temps pour y réfléchir. De toute façon j'ai dit non à Dumbledore. Ça se trouve, il a déjà trouvé quelqu'un d'autre.

- Manquerait plus que ça, grommela Sirius. Je serais dégoûté, si c'était le cas. Parce que j'ai presque réussi à te convaincre ! Mais si jamais le poste est toujours libre et que tu décides de le pourvoir, je veux qu'on le cache à Harry jusqu'à la fin des vacances.

- Pourquoi ? s'étonna Remus.

- Parce que s'il sait que tu redeviens professeur à la rentrée, il ne fera pas le moindre effort pour essayer de t'appeler Remus pendant le reste des vacances !

Remus éclata de rire.

- Je n'avais pas pensé à ça ! D'accord, on ne lui dira rien. Mais ce serait bien qu'il sache pour toi.

- Je compte le lui dire bientôt. Enfin, quand Dumbledore sera venu et que ce sera officiel.

- C'est plus raisonnable, en effet.

- Je trouve aussi. Et d'ailleurs, en parlant de Harry, j'ai un plan pour l'obliger à t'appeler par ton prénom. Mais il faut que tu marches avec moi.

Les yeux de Remus se mirent à pétiller. Sirius sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. Il ne connaissait que trop bien ce regard pour l'avoir souvent vu lorsqu'ils étaient élèves à Poudlard. C'était le regard de celui qui s'apprêtait à monter un plan de Maraudeur.

- Je t'écoute, dit Remus.

Il y avait un brin d'impatience dans sa voix mais aussi et surtout beaucoup, beaucoup d'excitation. Sirius sourit d'un air malicieux et lui dévoila son plan.

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(lundi 17/07) POV Théo

Il ne fallut que trois jours à Théo pour se décider à mettre son plan à exécution. Il ne savait pas vraiment ce qui l'avait motivé. Peut-être était-ce la faim. Peut-être était-ce l'ennui. Peut-être était-ce le désespoir. Peut-être était-ce le profond dégoût qu'il éprouvait envers son père. Peut-être était-ce la dernière séance torture subie la veille au soir. Ou peut-être était-ce tout cela à la fois. Quoi qu'il en soit, il avait dans la poche de son pantalon la fiole dans laquelle se trouvait le mélange de potion de sommeil, de philtre de paix et de potion relaxante. Il était en train de préparer le repas du midi et attendait le bon moment pour y verser le contenu de la fiole. Il avait évidemment ajouté quelque chose pour masquer le goût de la potion et la rendre inodore. Il n'était pas sûr de rester en vie si son père se rendait compte de quelque chose. Il était même certain qu'il le tuerait, cela ne faisait aucun doute pour lui. La question était plutôt de savoir comment il s'y prendrait. Oui, Théo en était arrivé à développer un humour assez noir.

Il était donc dans la cuisine et était à l'affût du moindre bruit. Son père était sûrement dans le salon en train de lire la Gazette du Sorcier. Théo ne savait pas comment il faisait pour se le procurer. Il avait certainement un allié qui lui envoyait le journal par hibou. Le Ministère ne pouvait pas contrôler tous les courriers qui circulaient en Grande-Bretagne, sinon tous les Aurors seraient réquisitionnés à cet effet et devraient donc, par la même occasion, abandonner la traque aux Mangemorts, ce qui était inenvisageable.

Hop, une pincée de sel. Ce n'était pas bon pour les artères mais Théo pouvait bien accorder ce petit plaisir à son père puisque c'était probablement son dernier repas avant le long séjour à Azkaban qui l'attendait. Car Théo savait que lorsqu'il serait sorti de la maison, tous les sortilèges de protection seraient désactivés. Les Aurors auraient donc enfin la possibilité de localiser l'endroit. Si son plan fonctionnait, les heures ou les jours de liberté de son père étaient comptés. Mais pour cela, il fallait qu'il n'y ait aucun accroc. Théo devait donc être très prudent. Ce qui était bien, c'est qu'il y avait une sauce dans le plat que son père lui avait demandé de préparer. Il pouvait donc y incorporer facilement la potion. C'est ce qu'il fit juste avant d'ajouter les derniers ingrédients du plat. Il mélangea consciencieusement et fit mijoter pendant une vingtaine de minutes pour que la sauce s'imprègne bien de la potion et vice-versa. Il venait à peine de réchauffer une dernière fois le plat lorsque son père vint le voir.

- C'est prêt ? demanda-t-il brusquement.

- Oui, répondit simplement Théo.

Son père darda sur lui son regard haineux. Théo eut l'émouvante impression d'être une bouse de dragon particulièrement malodorante.

- Rends-moi ta baguette et retourne dans ta chambre.

Théo obéit, donna sa baguette, sortit de la cuisine et se rendit à l'endroit qui lui servait de chambre. C'était probablement la pièce la plus petite de la maison. Celle-ci n'était elle-même pas très grande. Même les pièces les plus spacieuses devaient être plus petites que celles du Manoir Nott. Mais Théo s'accommodait très bien de sa petite chambre. Il n'y avait qu'un lit et une armoire mais c'était amplement suffisant pour lui. Il avait été désintéressé du luxe lorsqu'il avait découvert Poudlard. En revenant au Manoir pour les vacances de Noël lors de sa première année, sa chambre lui avait semblé tristement impersonnelle comparée à son dortoir à Poudlard. Bien entendu, il ne l'avait jamais dit à son père. C'était inutile d'aggraver son cas. Il n'était pas masochiste.

Arrivé à sa chambre, il prit son livre du moment, se cala contre la tête de son lit et reprit sa lecture qu'il avait abandonnée pour aller préparer le déjeuner. Il comptait attendre deux heures avant de se rendre au salon. Normalement, d'ici là, la potion aurait fait effet sur son père. Il l'espérait, en tout cas. Mais il avait confiance. Cette potion, il l'avait préparée pendant un an et il s'était énormément renseigné. Il n'avait rien laissé au hasard. Il s'était d'abord procuré les ingrédients nécessaires lors des vacances d'été de l'année précédente lorsqu'il s'était rendu sur le Chemin de Traverse pour acheter ses fournitures. Il avait pris tout un tas d'ingrédients différents pour ne pas attirer les soupçons. Une fois à Poudlard, il avait attendu quelques semaines avant de demander au professeur Snape s'il pouvait utiliser un des cachots pour s'entraîner sur des potions un peu plus compliquées que celles qu'il apprenait en cours. Son directeur de maison savait qu'il se destinait à suivre une double formation de botaniste et de potionniste et ne s'était donc pas étonné outre mesure face à cette requête. Il lui avait juste demandé de ne pas s'essayer à des potions trop dangereuses qui nécessitaient sa présence. Théo le lui avait promis et n'avait pas menti. La potion de sommeil, le philtre de paix et la potion relaxante n'étaient absolument pas des potions dangereuses à préparer. Le seul bémol, c'est qu'il n'avait pas le droit de fabriquer la potion de sommeil. Mais Théo s'était senti prêt à braver cette interdiction. Lui qui avait pourtant toujours été un élève modèle. Il n'avait cependant pas le choix. Il savait qu'un jour ou l'autre, il serait obligé de se sauver de l'emprise de son père. Et il ne s'était pas trompé.

Il avait donc mis huit mois en tout pour fabriquer ces trois potions. La potion de sommeil avait été très longue à préparer. Parce que c'était une potion de sommeil pur. Pas une potion de sommeil sans rêves qui ne demandait que quelques heures de préparation. Comme il ne disposait du cachot que deux fois par semaine et pour deux heures seulement et que la potion de sommeil nécessitait deux semaines de préparation à raison de trois heures par jour, il avait donc mis énormément de temps à la faire. Estimant que la potion ne serait jamais prête avant la fin de l'année, il avait parfois poursuivi la préparation dans les toilettes de Mimi Geignarde. Il connaissait déjà le fantôme de la jeune fille mais n'avait jamais passé autant de temps avec elle. Il avait beaucoup discuté avec elle. Il semblait qu'elle était contente d'avoir de la compagnie. De nature pourtant réservée, Théo avait lui aussi aimé avoir quelqu'un à ses côtés. Bizarrement, il savait que Mimi serait discrète et qu'elle ne le dénoncerait pas à d'autres élèves qui viendraient s'aventurer dans ses toilettes. Même si elle lui avait révélé un secret en lui confiant que, deux ans plus tôt, trois élèves de Gryffondor étaient eux aussi venus préparer une potion dans les toilettes. Du Polynectar, avait-elle dit. Elle lui avait évidemment demandé de ne rien dire. Elle s'était beaucoup épanchée sur le brun aux lunettes et aux yeux verts qui était sorti vivant de la Chambre des Secrets et qui n'avait pas daigné la rejoindre malgré la proposition qu'elle lui avait faite. Théo n'avait jamais autant ri. Intérieurement, bien sûr. Mimi aurait très mal pris le fait qu'il rit alors qu'elle lui racontait qu'elle était malheureuse d'avoir vu son plan drague échouer.

Après chaque séance de préparation, que ce soit dans les cachots ou dans les toilettes, Théo transvasait le contenu du chaudron dans une gourde qu'il cachait dans son dortoir jusqu'à la séance suivante. Lorsqu'il avait enfin terminé le philtre de paix qu'il avait préparé en dernier, il s'était senti soulagé d'un grand poids. C'était au tout début du mois de juin, les examens n'allaient pas tarder à commencer. Il avait dû faire preuve d'une grande organisation tout au long de l'année pour réussir à tout gérer à la fois.

Contrairement à la plupart de ses camarades qui avaient pris deux options en troisième année, lui en avait pris quatre, ce qui ajoutait quatre heures de plus que les autres élèves dans son emploi du temps. La seule option qu'il avait délaissée était l'étude des moldus car son père l'aurait tué s'il l'avait prise. Il tenait absolument à suivre les quatre autres mais cela s'était avéré impossible car certaines d'entre elles se chevauchaient. Il en avait longuement discuté avec le professeur Snape et le directeur et il avait été décidé qu'il ne suivrait qu'une heure de divination au lieu des deux heures hebdomadaires. Cela lui avait permis, en troisième année, de se rendre à la première heure de runes et en quatrième année à la première heure d'arithmancie. Ses deux meilleurs amis, Blaise et Draco, avaient accepté de lui fournir le cours de la deuxième heure de divination qu'il était obligé de manquer. Comme il avait toujours eu des facilités à apprendre, il n'avait eu aucun problème de compréhension malgré le fait qu'il séchait une heure de cours dans cette matière. Il avait d'ailleurs eu un Optimal à l'examen de divination les deux années précédentes.

Théo soupira en pensant à ses deux amis. Ils lui manquaient terriblement. Mais il allait bientôt retrouver Blaise. Car c'était chez lui qu'il comptait se réfugier. Il savait où il habitait pour s'y être rendu plusieurs fois. Il n'y était jamais allé en balai mais il connaissait quand-même le chemin. Bien évidemment, il n'avait pas le droit d'envoyer de lettres, il n'avait donc pas pu prévenir son ami qu'il allait débarquer chez lui incessamment sous peu. Mais il savait très bien que Blaise lui ouvrirait grand la porte – ou plutôt la fenêtre – et le serrerait dans ses bras jusqu'à l'en étouffer. Il devait beaucoup s'inquiéter pour lui, tout comme Draco. Il s'en voulait de leur causer autant de soucis à son sujet. Mais ce n'était pas vraiment de sa faute. Il n'avait jamais demandé à être séquestré dans cette maison avec un père en cavale qui le frappait et le torturait tous les jours. Au moins, il échapperait à tout ça ce jour-là. Il était vraiment temps que ça s'arrête car la séance de torture de la veille avait été particulièrement éprouvante. La douche du matin n'avait pas réussi à stopper le sang qui s'écoulait de ses plaies et il avait une atroce douleur dans les côtes à chaque fois qu'il respirait. Oui, il avait plus que hâte de s'en aller.

Il ne vit pas vraiment le temps passer durant les deux heures qui suivirent, plongé qu'il était dans son livre sur les créatures magiques. Oui, parce qu'il avait trois grandes passions : la botanique, les potions et les animaux, qu'ils soient magiques ou non. Il aimait aussi bien les chats que les licornes ou les Sombrals. Il s'intéressait aussi beaucoup à l'astronomie et aux runes. Ces deux lubies laissaient ses amis perplexes mais ils étaient habitués à sa personnalité quelque peu déconcertante.

Il devait donc être près de quinze heures lorsqu'il se décida à sortir de sa chambre. Son père ne prenait pas la peine de l'y enfermer car il savait très bien que Théo ne prendrait pas le risque de chercher à s'échapper. Toutes les issues de la maison étaient de toute façon bloquées. Sans sa baguette, Théo ne pouvait rien faire. Il se dirigea à pas de loups vers le salon. Il n'y avait aucun bruit. Il s'approcha, encore et encore, avec la peur sourde de se faire piéger. Peut-être sa potion n'avait-elle pas fonctionné. Peut-être son père l'attendait-il derrière la porte du salon pour l'attaquer et le frapper jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Non, il ne devait pas penser à tout ça. Arrivé devant le salon, il prit une grande inspiration et ouvrit la porte. Il fut en partie rassuré. Son père était à table, la tête dans l'assiette. Il semblait profondément endormi. Théo préféra tout de même se méfier. Cela pouvait toujours être un piège. Il s'avança et entendit la lente respiration régulière de son père. Avachi comme il était, il ne pouvait pas feindre le sommeil, surtout un Sang-Pur comme lui qui se tenait toujours bien à table. Soulagé, Théo fouilla les poches de son géniteur afin de récupérer sa baguette. Il sourit lorsqu'il la trouva et la tint dans sa main. Elle était en bois de châtaignier, mesurait vingt-huit centimètres et renfermait un crin de licorne. Théo l'adorait. Elle était faite pour lui. Ne voulant pas perdre trop de temps, il quitta le salon et retourna dans sa chambre. Il prit sa valise et y mit toutes ses affaires. Il n'avait pas pu le faire avant car si son père s'était aperçu que son armoire était vide, il se serait douté de quelque chose. C'est pour cela que Théo avait voulu que sa potion de sommeil fasse effet plusieurs jours. Bien sûr, il n'avait pas besoin de trois jours pour faire ses bagages mais cela lui laissait le temps de se rendre chez Blaise.

Comme il avait assez peu de vêtements – grandissant vite comme tous les garçons de son âge malgré les mauvais traitements – il ne mit pas longtemps à faire sa valise. Il y ajouta ses affaires de cours, quelques objets personnels auxquels il tenait puis il partit à la recherche de son vieux balai en emportant sa valise avec lui. Il était sûr de trouver son balai dans la chambre de son père et il avait raison puisqu'il y était bel et bien. Il le prit et le posa sur sa valise. Puis il sortit de la chambre de son père – située au deuxième étage – et se rendit à la cuisine. Hors de question qu'il entreprenne un trajet en balai sans avoir repris des forces au préalable. Il ne tenait pas à faire un malaise alors qu'il serait sur sin balai. Une chute d'une centaine de mètres, ça devait faire très mal. Pas sûr qu'il en sorte vivant et indemne. Pas sûr qu'il en sorte vivant tout court, en fait. Il se prépara un plat et mangea à sa faim pour la première fois depuis le début des vacances. Depuis un peu de plus de deux semaines, donc, s'il comptait bien. Il avait plus d'une fois failli perdre la notion du temps mais il essayait de se raccrocher un tant soit peu à la réalité en comptant les jours qui passaient. Ça avait quelque chose de rassurant. Mais comme il était habitué à manger peu, il fut très vite rassasié, même s'il s'efforçait de manger lentement. Tant pis, il prendrait des provisions et ferait une ou deux haltes au cas où le besoin de manger se ferait ressentir. Ainsi repu, il retourna dans la chambre de son père où il avait laissé sa valise et son balai. Vu qu'elle était située au deuxième étage, ce serait plus facile pour lui de s'envoler sur son balai.

Il essayait de ne pas penser à ce qu'il avait fait. Il essayait d'oublier qu'il avait endormi son père à son insu et que celui-ci était profondément plongé dans le sommeil à quelques mètres de là. Il essayait d'oublier qu'il s'apprêtait à s'enfuir et qu'il ne reverrait sûrement plus jamais son père. Il essayait d'oublier qu'une fois qu'il serait parti, les Aurors pourraient localiser la maison qui ne serait alors plus protégée par les sorts qui avaient été installés pour la calfeutrer. Il essayait d'oublier que les Aurors pourraient ainsi arrêter son père. Par sa faute. Il essayait d'oublier tout ça mais ce n'était guère évident. Il accrocha sa valise au bout de son balai, s'approcha de la fenêtre et désactiva tous les sorts qu'avait posés son père. Théo n'avait pas besoin que son père les lui ait révélés pour les connaître. Il savait comment protéger une maison, même s'il ne l'avait jamais fait. Il ouvrit la fenêtre libérée de ses sorts, enfourcha son balai et s'envola dans les airs. Le plus dur était fait. Maintenant, il devait veiller à ne pas se faire repérer. À côté de ce qu'il venait de faire, cela allait être un jeu d'enfant.