Titre : Mission de protection

Genre : Aventure/Romance

Rating : K+

Résumé : Histoire inspirée de Princesse Mononoke. Lors d'une simple mission de Roy et Riza se retrouvent à courir la montagne avec un bébé afin de retrouver et protéger ses parents. Comme si cela ne suffisait pas, suite à une série d'événements, ils sont envoyés dans le passé et c'est là que les choses deviennent un peu plus compliquées...

Disclamer : FMA ne m'appartient pas T.T

Spoiler : Tous possiblement.

Notes : Coucou ! C'est parti ! Retour dans le passé pour Riza et Roy ! J'espère que cela va vous plaire. :D Merci pour vos reviews ! Bonne lecture !


Chapitre 3


Lorsqu'ils rouvrirent les yeux, ils étaient au beau milieu de la montagne. C'était bien l'emplacement d'Omira mais il n'y avait apparemment pas de village ici. L'endroit paraissait sauvage à leur époque mais à l'âge Gyazo cela n'avait rien à voir. Ils ne voyaient que la montagne et la forêt immense à perte de vue. Ne sachant pas trop où se rendre, ils explorèrent les alentours, cherchant à savoir où Kort aurait pu aller. Il avait dû vouloir rejoindre un village.

Bien vite, ils chevauchèrent à travers la montagne. Sans le bébé, ils avançaient plus vite et s'inquiétaient beaucoup de la réaction qu'avait pu avoir Kort en réalisant qu'il n'était pas à la bonne époque. Au bout de quelques heures, ils finirent par tomber sur un village à flanc de montagne. Ils choisirent prudemment de dissimuler les élans et d'observer un peu plus avant d'y entrer. Heureusement les vêtements qu'ils portaient semblaient assez similaires aux leurs.

« Vous devrez dissimuler vos cheveux », souffla Roy.

Elle opina. En effet, aucune femme n'avait de cheveux blonds.

« Bon, fit le brun. Nous sommes mariés. C'est plus simple ainsi. Et nous sommes en voyage pour visiter de la famille dans un autre village, disons Adjime, en espérant qu'ils ne se posent pas trop de question. »

Riza approuva sans un mot et ils se dirigèrent vers le village. Ils réalisèrent bien vite que quelques élans rouges se trouvaient aussi ici même si, à leur allure, ils devinaient que seuls les personnes les plus riches pouvaient en posséder. Ils utilisaient surtout des chevaux pour se déplacer. Cela voulait aussi dire qu'ils auraient pu venir avec leur monture. Cela aurait moins questionné parce qu'un couple parcourant la montagne à pied, cela fit vite le tour du village. Ils surent au moins aussi rapidement que Kort n'était pas venu ici sinon ils en auraient entendu parler. Tout se savait dans un petit village. Ils choisirent prudemment de ne pas y passer la nuit, voulant rester discrets, et repartirent quelques heures plus tard. Là, ils récupèrent Kealo et Swaha et se remirent en route. Ils avaient pu avoir une carte de la région et avaient estimé leur point d'arrivée grossièrement. Deux autres villages se situaient non loin et ils étaient leur prochaine destination.

Ils avaient compris d'après les informations glanées au village que les forêts du coin étaient maudites et que personne n'osait s'y aventurer. C'est pour cette raison qu'ils décidèrent de marcher aux abords des forêts, afin d'éviter au maximum les rencontres. Le village où ils s'étaient arrêtés se trouvait être le plus grand de la région. Ils n'en avaient pas eu l'impression et cela montrait bien à quel point ils étaient dans un endroit reculé. Ils restèrent très prudents et au bout de quelques jours sans croiser personne, arrivèrent à l'entrée d'un village. Un garde les arrêta et Roy expliqua leur situation. Avec les beaux élans rouges et leurs vêtements de bonne qualité, ils firent bonne impression et il les laissa passer.

Comme dans le village précédent, ils se baladèrent dans la rue principale, observant les alentours et écoutant les conversations. Ils n'entendirent pas parler de Kort malheureusement, mais plusieurs discussions les intéressèrent tout particulièrement. Ils ne connaissaient rien de l'histoire de l'âge Gyazo et n'avaient aucune idée des événements qui avaient pu s'y dérouler. À priori, une guerre épique se préparait et les regards terrorisés des habitants prirent alors tout leur sens. Lorsqu'ils ressortirent dans le milieu de l'après-midi, ils observèrent la forêt avec de grands yeux.

Selon les légendes locales, des animaux géants descendants des Dieux y vivaient et s'y introduire signifiait déclarer son arrêt de mort. Les gens s'y perdaient et étaient dévorés par les animaux sauvages. Cela rappela à Riza son étrange rêve avec les deux loups blancs.

Elle croisa le regard de Roy et le lui rappela. Il acquiesça en silence. Oui, des choses étranges se passaient dans la forêt.

« La traverser serait pourtant le moyen le plus simple pour rejoindre le troisième village de la carte...

- Ce n'est pas une bonne idée, Colonel. »

Il soupira et ils entreprirent d'en faire le tour. Riza profita de ses soirées pour se confectionner un arc. Elle ne pouvait pas se servir de ses armes sans attirer l'attention et ne voulut pas de l'aide alchimique de Roy. Cela l'occupait.

Ce fut un travail de longue haleine et Roy lui envia sa patience. Chaque soir, elle l'améliorait un peu plus et ses flèches se rapprochaient de sa cible petit à petit. Si au début, ils souffraient des nombreuses heures passées à chevaucher, à présent, ils ne s'en rendaient même plus compte.

Un matin, alors qu'ils étaient partis depuis quelques heures, des cris se firent entendre et une odeur de brûlé les surprit. Que se passait-il ?

Ils avancèrent prudemment et tombèrent apparemment sur un village. Il n'était pas sur la carte et à en juger par l'architecture des maisons c'était un village éphémère. D'ailleurs, il n'avait aucun rempart ou protection et les villageois en payaient le prix. Ils étaient attaqués certainement par des mercenaires. Ces derniers n'avaient aucune pitié et Roy et Riza se jetèrent un regard. Aussitôt, Riza banda son arc et visa celui qui semblait être le chef du groupe. Ils étaient assez loin aussi personne ne les avait encore repérés. Malgré la distance, sa flèche ne manqua pas sa cible et l'homme s'écroula. Tous les regards se tournèrent vers eux. Roy avait juste pris le temps de se transmuter une épée, prêt à combattre. Il voulait éviter au maximum d'utiliser son alchimie pour ne pas attirer l'attention.

Bien sûr, ils devinrent la préoccupation numéro une des mercenaires et Riza décocha une seconde flèche. Un autre homme tomba. Leurs flèches à eux s'échouaient à leurs pieds et puisqu'ils n'arrivaient pas à les atteindre, les mercenaires prirent le parti de les rejoindre. Cela facilita la tâche de Riza et trois autres tombèrent en chemin. Les élans étaient plus petits que les chevaux mais surtout beaucoup plus rapides. D'un bond, Roy se retrouva derrière eux et un coup d'épée déchira le flanc de l'un d'eux. Riza, encore à quelques mètres, tira une nouvelle flèche et ils ne furent plus que quatre. Face à la vitesse avec laquelle ils étaient venus à bout d'une bonne partie de leur groupe, les hommes se lancèrent un regard paniqué. Un couteau se planta dans le cœur de l'un d'eux et Riza talonna Kealo pour récupérer son bien. Roy les défia du regard et les trois hommes prirent la fuite. Ils hésitèrent à les abattre, conscients qu'ils chercheraient certainement un autre village à piller et qu'ils tueraient d'autres personnes. Cependant, ils n'en firent rien. Eux-mêmes avaient déjà pris trop de vies. Riza récupéra son couteau et le nettoya dans l'herbe. Elle rangea son arc et ils se dirigèrent vers le village. Il y avait assurément des blessés à soigner et ils avaient tous les deux des rudiments de premiers secours.

En effet, leur aide fut plus que bienvenue. Beaucoup étaient déjà morts mais il y avait des survivants. Une personne semblait indemne, une femme qui, écroulée sur le torse d'un homme blessé, pleurait à chaudes larmes.

Riza mit pied à terre et l'éloigna doucement pour l'examiner. Il s'était pris un coup de lame dans l'épaule et ce n'était pas beau à voir. Se souvenant des leçons d'Elenna, elle fila cueillir quelques herbes et revint pour le soigner. Elle parvint à désinfecter la plaie comme elle put, broya les plantes et appliqua la mixture dessus.

« Ça évitera la fièvre », expliqua-t-elle à la femme qui l'observait faire sans un mot.

Puis, elle l'enveloppa délicatement dans un morceau de tissu et le fit boire.

Roy pendant ce temps s'occupait d'un autre blessé grave. Riza avait fait assez de mixture pour qu'il puisse se servir. Certains villageois légèrement blessés les aidèrent de leur mieux et ils entreprirent d'enterrer leurs morts. Ce fut un vieil homme qui, le soir venu, vint les remercier.

« Je suis Otolan, le chef de ce village. Merci de nous être venu en aide. Nous serions tous morts sans vous. »

Roy et Riza ne dirent rien, acceptant les remerciements.

« Ce n'est pas grand chose, mais pouvons-nous vous inviter pour le dîner et la nuit ? »

Ils acceptèrent sans hésiter, conscients que les trois mercenaires restants pouvaient décider de revenir.

« Comment vous appelez-vous ? questionna alors Otolan en boitillant vers une des maisons encore debout.

- Je suis Roy Mustang et voici ma femme, Riza », présenta le brun.

Otolan jeta un regard intrigué à Riza. Elle ne l'avait pas soigné et il n'avait pas entendu sa voix. Avec la capuche qui recouvrait son visage et ses habits de voyage, il pouvait en effet penser qu'il s'agissait d'un homme. Il comprit son erreur alors qu'ils s'installaient dans la maisonnette. Elle défit sa cape, laissant voir son visage et ses cheveux blonds.

« Oh ! fit Otolan. D'où venez-vous donc étrangers ? demanda-t-il alors qu'une vieille femme les rejoignait.

- Nous venons de l'est », informa Roy sans mentir.

Il restait méfiant, n'aimant pas trop les regards qu'on leur portait, surtout à Riza.

« Je vous ai vu combattre, reprit Otolan. C'était impressionnant. »

Riza et Roy ne répondirent pas et la vieille femme leur sourit avec chaleur.

« Merci encore de nous avoir sauvés. Vous devez être fatigués et avoir faim. Je vais préparer à manger.

- Merci, répondit Roy.

- Je vais vous aider », fit Riza avec un sourire.

La vieille femme se montra très aimable et Riza apprit dans la discussion qu'elle s'appelait Amya. Ils étaient des nomades et se déplaçaient tous les trois ou quatre ans lorsque la terre qu'ils cultivaient se faisait moins riche.

Pendant ce temps, Otolan expliqua le fonctionnement du village à Roy, lui montrant les champs alentours et lui présentant les habitants. Beaucoup étaient en deuil et veillaient leurs blessés. Roy se dit à cet instant qu'il aurait dû demander à May Chang de lui en apprendre plus sur l'éxirologie de Xing.

Ils passèrent une soirée agréable mais restèrent prudents. Ils ne dormirent que d'un œil. Otolan leur avait fait installer un lit dans une des maisons et ils furent tranquilles. Rien ne vint troubler le calme de la nuit.

À l'aube, Roy avait les yeux grands ouverts sur le plafond, pensif. À ses côtés, Riza dormait, respirant profondément, recroquevillée sur elle-même. De temps en temps, son regard descendait sur la jeune femme et il l'observait tendrement. Un doux sourire fleurissait alors sur ses lèvres. Il avait du mal à réaliser qu'ils étaient à présent dans une toute autre époque et que malgré l'incongru de la situation, elle était toujours là, avec lui.

Lentement, il leva une main vers elle et caressa sa joue. Elle frémit et cligna des yeux, réveillée.

« Nous allons y aller, souffla-t-il. Le soleil se lève. »

Elle opina, encore à moitié endormie, et frissonna avant de s'étirer.

« J'ai fait un rêve étrange », marmonna-t-elle.

Il s'assit et porta sur elle un regard curieux.

« Dans la forêt... il y avait un immense cerf... c'était un dieu. »

Elle se redressa à son tour et frotta son visage.

« Un dieu de vie... et de mort. »

Il ne dit rien. Jamais la jeune femme n'avait fait de pareils rêves et il pressentait qu'ils étaient importants. Elle avait toujours eu un excellent instinct.

« Ne perdons pas de temps », déclara-t-elle alors en secouant la tête.

Ils se préparèrent rapidement et les villageois se réveillaient à peine quand ils sellèrent leurs montures.

« Vous nous quittez déjà, fit Otolan.

- Oui, nous devons reprendre notre chemin. »

Il opina.

« Et vous, que ferez-vous ? demanda Riza.

- Nous allons finir d'enterrer nos morts et nous nous mettrons en route également. Il est temps de construire un nouveau village. »

Ils acquièrent. En effet, leurs cultures étaient détruites et ils comprenaient qu'après la bataille, ils veuillent recommencer à zéro.

« Bon courage, fit Roy avant d'attraper la corne de Swaha, s'aidant de celle-ci pour se mettre en selle.

- Bon voyage à vous ! » salua Amya.

Ils reprirent leur chemin vers le troisième village de la carte. Ils devraient l'atteindre dans les jours à venir. Ils continuèrent de longer la forêt et furent surpris de croiser plusieurs garnisons de samouraïs. Ils étaient très observateurs et ils durent faire très attention pour ne pas se faire repérer. Heureusement entre l'instinct de Riza et le flair des deux élans rouges, ils les sentaient arriver. Ils allèrent jusqu'à pénétrer l'orée de la forêt pour ne pas se faire voir. L'endroit était étrangement calme. Ils entendaient pourtant les murmures du vent et le bruit des animaux mais cela n'avait rien à voit avec l'agitation des hommes. C'était apaisant.

« Ils se préparent de drôles de choses, souffla Riza alors qu'ils observaient les samouraïs au loin. Ils sont nombreux et prêts au combat. »

Roy approuva, méfiant.

« Dans quoi sommes-nous encore tombés ? »

Elle retint un sourire. En effet, ils devaient avoir un don pour se retrouver au cœur des pires situations.

« Allons-y. »

Il la suivit et ils ressortirent de la forêt.

En effet, rejoindre le troisième village leur prit trois bonnes journées. Ils l'aperçurent au coucher du soleil du troisième jour. Le ciel était oranger et Riza fronça les sourcils.

« La forêt s'est tue... » souffla-t-elle en observant les alentours.

Effectivement, tout était bien trop calme soudainement, comme le calme avant la tempête.

Il se tint sur ses gardes.

« Rejoignons le village. »

Elle approuva et ils firent avancer les élans. Cependant, l'alarme sonna bientôt au village. Oui, il se passait bel et bien quelque chose.

« Qu'est-ce que... ! s'écria Roy alors qu'une odeur infecte se répandait dans l'air.

- Là-bas ! désigna Riza en lui montrant un point en hauteur par rapport au village.

- Qu'est-ce que c'est ? questionna le brun.

- Un démon... Kealo ! »

L'élan obéit et s'élança rapidement sur le chemin. Roy la suivit mais Riza ne prenait pas la direction du village. Non, elle bifurqua et fonça droit vers la montagne. Là-haut, une masse noire immense et informe faisait pourrir les alentours et semblait avoir jeté son dévolu sur le village. Détruisant tout sur son passage, elle dévalait la montagne.

« Riza ! appela Roy en la rattrapant à peine. C'est trop dangereux.

- Ewen est dans ce village, assura la jeune femme. Je le sens ! »

Il grommela mais pressa Swaha. Très bien, il se battrait pour les protéger alors.

« Dieu de la mort ! Passe ton chemin ! » s'écria Riza.

Un rugissement ni humain ni animal lui répondit et la créature se dirigea droit vers eux.

Riza prépara son arc et Roy mit pied à terre, voyant qu'il ne s'arrêterait pas. Elle tira et la flèche se figea dans un de ses yeux rouges, seule chose identifiable de ce corps monstrueux. Un cri terrible résonna et la masse informe jaillit vers eux. Roy posa ses mains au sol et mur de terre bloqua la progression du démon. Cela ne fit que le ralentir cependant et Roy rappela Swaha. Il sauta en selle et ils s'éloignèrent au plus vite.

Le monstre était rapide. Il eut tôt fait de détruire le mur et de les poursuivre. Riza prépara son arc une nouvelle fois et Roy tiqua. Elle paraissait bien décidée à protéger le village mais lui c'était elle qu'il voulait protéger. Brusquement, il fit demi-tour et Riza poussa un cri. Des vague de feu gigantesques échouèrent sur le démon et l'odeur devint plus pestilentielle encore. La forme bougeait toujours et sautant à terre, Roy l'ensevelit sous terre à l'aide de l'alchimie. Puis, il transmuta un poignard de son épée et siffla Swaha. Le monstre se remettait à peine alors que Roy s'élançait vers lui. Le poignard fila dans les airs et se ficha entre les deux yeux de la créature. Celle-ci concentra alors toute sa fureur sur Roy et il talonna Swaha pour échapper à ses bras empoisonnés. Il leva une main pour se protéger alors que la forme immonde le rattrapait. La brûlure lui glaça le sang. La main noirâtre était parvenue à encercler son bras. Elle s'évapora cependant tout aussi rapidement tandis que la créature reprenait soudainement forme animale. Un énorme sanglier sanglant se tenait là et il s'écroula, raide mort. Swaha ralentit tandis que Roy retenait difficilement un cri de douleur.

« Colonel ! » appela Riza en le rejoignant.

Il se laissa tomber au sol et elle sauta à terre.

« Ne me touchez pas », gronda-t-il en levant son bras valide.

L'autre était noir par endroit et fumant. Riza sortit sa gourde. Il se tendit de douleur alors que l'eau coulait sur son bras.

« C'est de ma faute, souffla Riza, mortifiée. Si je n'avais pas...

- C'est moi qui ai lancé ce poignard, corrigea Roy durement. Je savais ce que je faisais. Je vous interdis de vous sentir coupable pour ça. »

Elle lui jeta un regard désespéré et sortit son onguent. Il la laissa faire alors qu'elle l'appliquait sur sa peau noircie.

Les villageois arrivèrent alors qu'elle bandait son bras blessé.

« Vous nous avez sauvés ! s'écria un homme d'une cinquantaine d'années. Vous êtes blessé étranger, nota-t-il alors. Venez vous reposer au village. »

Ils ne se firent pas prier. Roy tenait à peine debout et Riza eut bien besoin d'un peu d'aide pour le ramener. Au milieu de toute cette agitation, elle ne perdait pas de vue leur objectif. Elle devait retrouver Kort et Ewen. Ils étaient au village. Elle le savait et ils ne passaient pas inaperçus. Comment allait réagir Kort ?

Pour l'heure, elle se retrouva avec Roy dans la maison du chef du village. La chaman examina sa plaie et ils l'écoutèrent attentivement.

« Cette plaie n'est pas ordinaire. Je crains qu'elle ne vous ronge de l'intérieur comme le sanglier qui nous a attaqués.

- Vous voulez dire qu'il deviendra comme lui ? » questionna Riza, terrifiée.

La vieille femme opina gravement.

« J'en ai bien peur... »

Ils échangèrent un long regard et il posa une main rassurante sur la sienne. Ce n'était pas sa faute. Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable pourtant. Des pleurs retentirent à cet instant et Riza se leva. Ewen !

Elle les suivit à l'extérieur de la maison et fut surprise de retrouver Ewen dans les bras d'une jeune femme.

« Oh ! » fit Riza.

La femme ne résista pas lorsque Riza récupéra le bébé. Celui-ci ouvrit de grands yeux et elle lui sourit, rassurée de l'avoir retrouvé.

« Riza ! » appela Roy en la rejoignant.

Il avait repris des forces depuis l'attaque du sanglier et fut soulagée de la voir agenouillée avec Ewen dans ses bras.

« Bah dis donc, tu nous en auras fait voir de toutes les couleurs toi... » sourit-il en caressant la joue du bébé.

Il avait arrêté de pleurer et ne quittait pas Riza des yeux.

« Où l'avez-vous retrouvé ? demanda Roy à l'attention de la jeune femme.

- Je ne sais pas... répondit-elle, confuse.

- Il était avec un homme errant dans les montagnes, déclara le chef du village.

- Un homme ? questionna Riza. Où est-il ?

- Blessé. Il est alité. Il a osé s'introduire dans la forêt maudite.

- Ewen va bien, fit Riza. C'est le principal. »

Leurs regards étaient dirigés sur eux et elle savait qu'elle devait s'expliquer.

« C'est notre fils, déclara-t-elle sans ciller. Cet homme l'avait kidnappé et nous étions à sa poursuite. Merci d'avoir pris soin de lui.

- Un kidnappeur... souffla l'homme. Pourquoi vouloir capturer votre bébé ? »

Ce fut Roy qui inventa la réponse.

« Je suis issu d'une famille assez fortuné. Ma femme également. Il voulait faire pression sur nous.

- Et vous le pourchassez vous-même ? »

Roy se renfrogna.

« C'est notre fils, rétorqua-t-il. Comme vous l'avez vu, nous sommes à même de nous défendre. »

Les villageois n'avaient pas vu la bataille, juste le cadavre du sanglier, et l'homme approuva. Il devait en effet être un grand guerrier pour être venu à bout de ce démon.

« Quoi qu'il en soit, reprit Roy. Merci d'avoir pris soin d'Ewen.

- Vous avez sauvé notre village, ce n'est qu'un juste retour des choses. Vous pouvez rester aussi longtemps qu'il vous plaira. »

Roy opina, passant un bras autour des épaules de Riza. Elle était soulagée d'avoir retrouvé le bébé. Il pouvait le lire dans son regard.

Roy lui sourit avant de se relever. Il demanda alors à Noro, le chef du village, de l'amener à Kort. Celui-ci gisait, pâle comme la mort.

« Qu'a-t-il ?

- Plusieurs côtes cassées et des morsures un peu partout. Il a dû vivre un enfer.

- Et Ewen n'a rien... c'est un miracle.

- Nous craignons les Dieux de la forêt mais nous vivons toujours ici. Avant aujourd'hui, nous n'avions jamais subi d'attaques. Nombreux sont les enfants à s'être déjà aventurés dans la forêt malgré nos mises en garde. Ils reviennent généralement apeurés mais vivants. »

Roy acquiesça.

Ils avaient trouvé un équilibre avec les Dieux de la forêt.

« Par contre, fit Noro. Ils ne pardonnent pas... »

Il observait son bras et Roy baissa la tête.

« La chaman peut peut-être vous aider. »

Roy n'y croyait pas mais il accepta d'y retourner. Elle était présentement en train de regarder une série de pierres alignées devant elle. Noro fit aller chercher Riza et celle-ci prenait juste place quand la chaman releva la tête vers Roy.

« Il existe une légende. Un dieu de vie et de mort qui réside dans la forêt... »

Elle tourna la tête vers Riza.

« Et on dit qu'une femme aux cheveux d'or saura rétablir l'équilibre entre humains et animaux. Peut-être que le Dieu de la forêt pourra vous guérir de ce maléfice si tel est votre destin. Pour cela, il vous faudra aller au plus profond de la forêt, au fin fond des montagnes, dans un endroit où nul homme ose s'aventurer. »

Roy croisa le regard de Riza. Il opina et la remercia. Il fallait qu'ils en discutent d'abord.

Noro les escorta jusqu'à une petite maison et leur fit apporter tout ce dont ils avaient besoin pour passer une nuit confortable. Ils apprécièrent son hospitalité et le remercièrent.

Ils s'installaient à peine que Kaya, la jeune femme qui avait pris soin d'Ewen, vint frapper à leur porte.

« Bonsoir, voudriez-vous venir avec nous aux sources chaudes ? proposa-t-elle à Riza. Après votre voyage, ça vous fera du bien. »

Riza fut un peu surprise de sa proposition et Roy en profita pour récupérer Ewen

« Vas-y ma chérie. C'est une bonne idée. »

Elle rosit et obtempéra sans un mot, surtout gênée. Elle prit quelques affaires et suivit Kaya.

Ce fut effectivement un moment agréable si ce n'est que toutes la regardaient et qu'il ne fallait pas être pudique. Lorsqu'elle revint, Ewen dormait et Roy préparait quelques vêtements.

« Je crois que c'est votre tour. »

Les hommes en effet allaient aux sources chaudes après les femmes généralement.

« Oui, Noro est passé me prévenir. Ça été ? »

Elle rougit légèrement.

« Eh bien... je dois être une sorte de phénomène de foire ou alors je ne suis pas faite comme toutes les femmes je ne sais pas, mais je n'ai jamais autant souhaité être invisible de ma vie », plaisanta-t-elle avec un air embarrassé.

Il s'avança vers elle, ses affaires à la main.

« Ne dites pas de bêtises. Vous êtes parfaite », sourit-il en posant une main sur son bras.

Et il sortit, la laissant là. Elle piqua un fard et fut contente que personne ne soit là pour l'observer cette fois.

Roy rejoignit Noro au cœur du village et ce dernier le guida jusqu'aux sources. Il comprit assez rapidement ce que voulait dire Riza. Dès qu'il entra dans le bain, tous le dévisagèrent. Beaucoup observaient son bras cependant.

« Vous avez apparemment une femme pleine de surprises, déclara Noro. Je n'ai jamais entendu de rumeurs filer aussi vite dans le village. »

Roy fronça les sourcils et un autre homme reprit la parole.

« Oh oui, ma femme n'avait que ça en tête en revenant du bain tout à l'heure. Elle dit que sa peau est aussi blanche que celle d'une princesse. »

Cela fit rire les hommes de l'assemblée. Roy ne dit rien.

« Et ses cheveux dorés comme le soleil ne gâchent rien. C'est une beauté », reprit alors Noro avec un air entendu que tous partageaient.

Roy ne savait pas comment se sentir. Elle était sensée être sa femme. À cette époque, il sentait qu'il le complimentait par ce biais mais la situation lui semblait trop étrange, aussi il ne dit rien. Oui, elle était belle. Cela il en convenait aisément.

Il passa une grande partie de son bain à les écouter vanter la beauté de « sa femme », repérant ce qu'ils taisaient. Bien sûr, les femmes avaient vu son tatouage mais personne n'avait osé en parler. Ils étaient à moitié brûlé bien sûr et ils devaient s'imaginer quelques histoires sordides derrière cela. En tout cas, personne ne lui posa la question.

Lorsque Roy entra dans la maison où ils étaient hébergés, Riza était allongée sur un petit matelas à même le sol. Elle se redressa, l'interrogeant du regard.

Il vint s'asseoir sur un second matelas près du sien. Ewen dormait un peu plus loin dans un panier que Kaya leur avait donné.

Roy baissa les yeux vers elle et Riza se sentit rougir.

« On me fait beaucoup de compliments sur vous mais ils sont généralement liés à votre travail. Ce soir, on m'a vanté votre beauté et ils sont tous unanimes. Pour eux, vous devez être une princesse d'une contrée lointaine. Je ne serais pas surpris s'ils nous prenaient pour des amants en fuite », lâcha-t-il, les joues rosies.

Elle rougit furieusement et baissa la tête.

« Désolée Colonel. Ça devait être embarrassant. Ils n'ont jamais vu de femmes blondes alors...

- Oh mais je suis d'accord avec chacun de leurs compliments, coupa alors Roy. Normalement, je garde juste ces réflexions pour moi, ajouta-t-il avec un clin d'œil, la rendant encore plus gênée, mais ici les choses sont différentes. Je suis votre mari et je pense que c'est une manière pour eux de me complimenter également », fit-il en haussant les épaules.

Elle ne répondit pas, cramoisie, et se recoucha, se tournant de l'autre côté. Il rit et s'allongea à son tour.

Il souffla la bougie et glissa une main vers elle. Elle se retourna vers lui.

« Que faisons-nous ? »

Il rencontra la sienne et noua leurs doigts.

« Ma mission est de vous protéger Colonel et je...

- Assez Riza ! s'écria-t-il soudainement. Je ne suis pas Colonel à cette époque et vous n'êtes pas mon Lieutenant. Vous n'avez pas à vouloir me protéger tout le temps et ici, appelez-moi Roy... s'il vous plaît », ajouta-t-il alors qu'elle restait silencieuse.

Il la sentit se crisper et caressa doucement sa main de son pouce.

« Ça ne change rien à mon intention et c'est vous qui m'avez protégé aujourd'hui... »

Il soupira, se rapprochant d'elle.

« Et pour Ewen ? questionna-t-il en sachant qu'elle ne changerait pas d'avis.

- Nous avons toujours le parchemin. Peut-être que vous pouvez en faire une copie et le ramener juste lui ? » proposa-t-elle.

Il ne dit rien quelques secondes et finit par opiner.

Elle parut un peu plus rassurée et il entendit sa respiration ralentir. Il réalisa alors qu'il avait peu de chances de s'en sortir. Cela voulait dire qu'il ne pourrait bientôt plus la voir, que mourir signifiait être séparé d'elle, et son cœur se serra. Il n'avait pas peur de la mort mais par contre il ne voulait pas la quitter, jamais. Cette pensée était inconcevable pour lui.

Il réduisit la distance qui les séparait et serra la jeune femme contre lui. À moitié endormie, elle marmonna et se blottit dans ses bras.

Alors son souffle s'apaisa et il s'endormit à son tour.


Bon, la fin de ce chapitre n'est pas très gaie je l'avoue. J'espère que cela vous a plu tout de même et que je ne vous ai pas perdus en chemin ;) Bisous à vous et à la semaine prochaine !