Note de l'auteur : x
Pairing : Katsuki.B x OC.
Rating : T
Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.
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Revenge lurks in the sky
Chapitre II :
Drugs and threats.
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À la réaction de la jeune femme, le professeur Aizawa su qu'il avait visé juste. Elle n'avait plus aucune notion du temps, si ce n'est l'horloge à aiguille qui ornait le mur d'en face. Après être restée comateuse durant quatre longues semaines où nombreux avaient controversé son cas, elle s'était finalement réveillée. Pour autant, il avait encore fallu la droguer une bonne semaine pour le laisser lui reprendre des forces, au risque que ses menaces ne se réalisent.
Elle n'avait ni les manières, ni le regard d'une meurtrière mais ne semblait pas non plus accablée des victimes qu'elle avait faites, des enfants qui se retrouvaient désormais sans parents, livrés à eux-même. En avait-elle seulement conscience ? Quand ils avaient réussi à rassembler un semblant de dossier sur son cas, avec des informations plus ou moins sûres, l'homme aux cheveux sombres avait décrété qu'il serait le plus à même de percer et de manipuler la fille attachée dans le lit. Malgré son expérience visible auprès des pires crapules, elle restait une gamine d'à peine seize ans.
Ses lèvres s'entrouvrirent de surprise, une émotion qu'il jugea pour une fois sincère et qu'il savoura avec orgueil après qu'elle lui ait rappelé l'état de ses yeux. Il ne s'attendait pas à une enfant de cœur, pas après tout ce qu'elle avait causé, mais au-delà de son jeune âge, son visage conservait toujours un air ennuyé qu'il n'aurait pas imaginé voir alors qu'elle était dans un territoire ennemi.
Elle sait que nous ne lui ferons rien, songea-t-il en la voyant reprendre contenance et se détourner de son regard appuyé. Elle semblait pensive, comme s'il avait disparu de la pièce et qu'elle était complètement seule. Se rendait-elle seulement compte de ce qu'elle risquait ? Midoriya avait prit un grand risque en la sauvant, mais plus que cela, en cachant son existence à la police de Tokyo ils avaient enfreint de nombreuses règles. Maintenant qu'elle était en état de parler, ils ne devaient pas perdre de temps. Ne serait-ce qu'avec la rancœur qui habitait la plupart des super-héros ayant subi de près ou de loin les effets de ses alters destructeurs.
«Ils ne viendront pas te chercher,» commença-t-il en la voyant crisper ses doigts autour de son drap. Son pouls, en revanche, resta stable. Ils avaient tous été étonnés lorsque Recovery Girl avait expliqué que la jeune femme qui avait rasé plusieurs habitations, tué des civils dans un ouragan meurtrier et affronté de nombreux super-héros professionnels sans broncher était en réalité amputée à la jambe droite, souffrait certainement de problèmes de coeur et s'était brisée les os à la surface de l'eau en se laissant mourir. Difficile d'établir des liens entre tous ces éléments quand ils pourchassaient un fantôme inconnu des services. Jusqu'à ce qu'ils trouvent son dossier dans le lycée général Utsubyō, en périphérie de Tokyo. «Tu es considérée morte par les autorités. Prise dans l'ouragan alors que tu étais en vacances au bord de l'océan. Combien de camarades te pleurent ?» lui demanda-t-il d'une colère contenue. Des gens innocents étaient morts à cause d'elle. Il détestait cela.
Elle releva son regard doré sur lui. Elle ne pouvait pas bouger, à peine cligner des yeux tant elle se sentait encore lourde des drogues qu'on lui avait fait ingérer d'une quelconque façon et cela, sans qu'elle ne s'en aperçoive. Il était en colère. Cela se ressentait dans sa manière de lui parler, dans son froncement de sourcil et dans ses yeux qui la transperçaient comme s'ils avaient le pouvoir de la fusiller sur le champ. Combien étaient en colère, encore ? Alors qu'elle avait senti son monde s'écrouler en apprenant qu'un mois et demi était passé depuis sa disparition et qu'aucun n'était venu la chercher, elle se rendit compte que les cartes qu'elle avait pensé pouvoir jouer n'étaient que des illusions. De la fumée. Un pas en dehors de cette pièce signifiait certainement la fin pour elle et elle ne pouvait plus compter sur leur patience. Elle était bloquée et cela l'enrageait.
«Tu ne ressens aucune pitié, n'est-ce pas ?» fit l'homme en reprenant le contrôle de lui-même. Elle n'était pas une gamine à gronder pour avoir dessiné sur les murs. Elle avait tué. Et pour cela, elle ne méritait pas de meilleur traitement de faveur. «Toutes ces vies prises ne te font rien.»
Il l'affirmait, pour autant, Kagame se sentit obligée de le rectifier. Ce n'était pas une question de sentiments.
«Celui qui n'est pas capable de faire de sacrifices ne changera rien,» répondit-elle, sobrement. Elle avait senti les corps de tous ces gens résister à son vent destructeur, elle avait sentit leur masse se faire engloutir au fond de l'océan. Elle avait peut-être même senti leurs mains enserrer ses membres brisés quand c'était elle qu'on était venue sauver alors qu'elle ne le méritait pas. Elle le savait, elle avait senti au fond d'elle qu'elle avait été prête à accueillir la mort. Son sacrifice contre les dizaines de vies qu'elle avait volées. Mais il fallait accepter les pertes pour aller de l'avant. C'est sa conscience qu'elle faisait taire en combat, pas ses ambitions.
Le visage d'Aizawa se ferma. Peu importait ce qu'ils attendaient d'elle, il se rendait compte d'à quel point son cerveau n'était qu'un entremêlement de phrases assassines, d'antipathie et d'ambition. Elle semblait répéter les mêmes paroles, les mêmes gestes et ses yeux brillaient d'un éclat de confiance entière envers ses alliés. Qu'importe ce qu'ils tiraient d'elle, l'homme n'avait pas vu une seule seconde son assurance fléchir alors qu'elle ne cessait de fixer la fenêtre. Elle était intimement persuadée qu'ils reviendraient. Sa dévotion était le point le plus inconnu dans l'équation. C'était sur cela qu'il fallait se pencher pour la faire plier, il en était maintenant certain.
«Qu'espérez-vous changer ?» lui demanda-t-il, songeant qu'elle refusait d'entretenir un quelconque contact visuel avec lui depuis qu'il était entré dans la pièce. Les seules fois où elle laissait ses yeux dorés parcourir la pièce, c'était pour jeter un coup d'œil à sa prothèse. Il mit cette information dans un coin de sa tête en attendant sa réponse. Qui ne vint pas après plusieurs secondes de silence. Il reprit alors. «Les lois, l'opinion publique... C'est un soulèvement que vous voulez ? Le chaos ?»
«Vous posez beaucoup de questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre,» se contenta-t-elle de répondre, caressant distraitement la douceur du drap. Elle n'en pouvait plus de rester allongée ou assise. Son corps s'était visiblement remis de ses blessures et elle se fustigea de ne pas avoir fait le lien entre le temps passé dans cette chambre et son état. Bien sûr qu'elle ne pouvait pas guérir aussi vite, surtout après avoir senti son corps se briser en mille morceaux.
«Tu n'es pas en position de te plaindre, gamine,» soupira-t-il d'agacement en fronçant les sourcils. Il n'avait pas prévu de passer des heures dans cette pièce. Tourner en rond commençait à lui peser sur les nerfs.
«J'aimerais me laver et manger,» fit-elle d'une voix posée, acceptant de se tourner vers l'homme aux cheveux sombres. Il remarqua alors l'épaisse mèche d'un bleu terne qui trahissait sa chevelure foncée. Il était certain qu'elle n'était pas présente quand ils l'avaient ramassée, à moitié morte, sur la berge. Une voix dans sa tête lui intima de se méfier alors qu'il haussait un sourcil, blasé. Était-elle réellement sérieuse ?
«Qu'on te libère et qu'on t'apporte Kaminari, aussi ?» glissa-t-il avec un sarcasme teinté d'amertume. Ça aussi ils ne l'avaient pas prévu quand le garçon s'était en quelques secondes vidé de toute son énergie, le rendant amorphe et béat.
«La source d'énergie,» fit-elle en acquiesçant pensivement. Il avait beaucoup de puissance en lui, s'il n'avait pas été là, elle n'aurait jamais pu lancer ses éclairs. La mâchoire de Shota se contracta face à son indifférence et l'appellation qu'elle avait utilisée pour son élève. Elle était dénuée de sentiments, c'en était effrayant pour une gamine de son âge. Il fit en sorte de se montrer le plus froid possible. Un autre l'aurait déjà enfermée pour ses paroles et il sentait qu'elle profitait de sa position. C'était bien la seule chose qu'elle avait.
Agacé, il se leva de son fauteuil et décida qu'ils avaient assez attendu. Il fallait maintenant passer aux choses sérieuses. Pour autant, quand il se retourna vers elle avant de sortir de la pièce, il constata qu'elle avait repris son activité et que la mèche bleue avait disparu. Il se figea un instant. En avait-elle profité pour se libérer alors qu'il reposait ses yeux ? Elle n'avait pourtant pas assez d'énergie à recueillir pour un tel exploit, ils s'en étaient assurés. Il se souvint alors des paroles de Recovery Girl et l'observation de Shoto. Elle avait des problèmes de cœur et le garçon avait remarqué l'utilisation de son alter foudre sur sa propre personne. La pauvre électricité qu'elle arrivait à absorber était alors faite pour cela ? Midoriya serait heureux de le noter dans son carnet, lui qui passait maintenant le plus clair de son temps avec Uraraka ou en salle de réunion pour trouver une solution au problème qu'il avait introduit à Yuei. Ou encore à retenir les élans meurtriers de Katsuki.
«Ils vont revenir,» entendit-il la jeune femme souffler doucement. Il se contenta de la fixer, persuadé que cette remarque ne lui était pas destinée à lui. Cherchait-elle à se rassurer ? Se persuader ? «Ou je les rejoindrai avant.»
Aizawa fronça ses sourcils. Elle tentait de l'intimider ? La gamine n'avait rien tenté depuis qu'elle était alitée, mais ce fait accroissait davantage sa méfiance. Elle attendait le bon moment, la faille. Et des failles, ils en avaient des tonnes. Impossible de la livrer aux autorités, ils n'étaient pas censés l'avoir recueillie, ni sauvée. Mais Yuei n'était pas une prison. Ils devaient passer au plan B. L'homme détestait devoir se référer aux gamins qui grouillaient l'enceinte du lycée mais les professeurs étaient déjà bien occupés à rebâtir ce qui avait été détruit, à accompagner leurs élèves et assurer leurs cours.
«Tu les retrouveras bientôt,» fit-il d'une voix grave, attisant son intérêt. «Et vous répondrez de vos actes.»
Ce n'était visiblement pas ce à quoi elle s'attendait car elle le fixa un instant avant de hausser les épaules et de se détourner de lui. Indifférente. Il claqua la porte et soupira en passant sa main sur son visage. Ils enclenchaient la seconde.
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«Elle ne devrait pas pouvoir bouger,» assura Mei en jetant un coup d'oeil à la jeune femme face à elle puis en inspectant l'attirail qu'elle avait elle-même conçu et qui reposait à ses côtés.
Les mains de Kagame étaient collées contre son corps, sa tête retombant sur sa poitrine alors qu'elle était profondément endormie grâce aux vapeurs soporifiques de Midnight. Il avait fallu l'habiller et pour cela, l'infirmière avait demandé l'aide de Mei qui en avait encore les mains tremblantes. Elle qui s'était attendue à une super-vilaine à la force décuplée s'était retrouvée face à une fille du même âge qu'elle, aux yeux dorés et au physique diminué. Elle aurait pu être une élève du lycée et de ce qu'elle avait compris, la brune jouait déjà la comédie avant de dévoiler son vrai visage. Pour autant, il était troublant de s'occuper d'elle tout en imaginant les dégâts qu'elle avait pu produire et l'agitation qu'elle suscitait pour tous ceux au courant de sa présence ici.
«Est-ce qu'il faut lui remettre sa prothèse ?» demanda-t-elle en inspectant le moignon droit, dénudé et aux cicatrices propres. Ça n'avait rien à voir avec celle rosée sous son œil gauche, recouvrant une bonne partie de sa pommette.
Recovery Girl réfléchit un instant. Elle avait perdu de son amabilité et de ses réflexions amusantes au profit d'un sérieux à toute épreuve. Il fallait au moins ça pour ne pas se laisser avoir par le physique de la jeune femme et le professeur Aizawa avait été clair : il fallait rester prudent. Elle finit par acquiescer, donnant l'autorisation à la rose qui prit soin de remettre correctement la prothèse plutôt bien calibrée à la brune. Elle ne savait pas qui l'avait conçue mais le travail était d'une qualité indéniable.
Quand elle finit son ouvrage, avec des gestes maladroits, n'étant pas habituée à ce genre de choses, la mécanicienne hocha brièvement la tête. Elle pouvait maintenant l'habiller et l'enchaîner et elle lui enfila un pantalon d'uniforme et un simple t-shirt noir, laissant ses bras pâles et marqués de cicatrices, apparents. De son côté, Recovery Girl s'assurait qu'elle était toujours aussi endormie et prenait ses constantes. Elle retira l'aiguille de son bras, songeant qu'il lui faudrait de la vraie nourriture, meurtrière ou non.
«J'ai terminé,» indiqua Mei en terminant de boucler la ceinture en acier qui enfermait Kagame dans un étau impossible à détruire. De cette façon, elle ne pouvait ni s'échapper, ni user de ses mains pour diriger ses éclairs. Elle boucla celle qui entourait ses cuisses et en fit de même pour ses chevilles, l'une en carbone et l'autre faite de chair. «Vous ne pensez pas qu'ils puissent aller trop loin ?» fit-elle en se tournant vers la vieille femme. Cette dernière ne répondit pas tout de suite, observant la masse de cheveux ternes et sombres qui recouvraient comme un rideau le visage de l'adolescente endormie.
«Le temps manque avant qu'ils ne décident de venir la chercher,» répondit la petite femme aux cheveux grisonnants.
Mei frissonna en songeant à la possibilité qu'ils reviennent détruire leur lycée après s'être enfuis durant la dernière grosse bataille. Étaient-ils au courant que leur alliée était encore en vie et faite prisonnière ? Elle ne préférait pas l'imaginer, craignant que la réponse ne l'effraie d'autant plus. Elle avait vu de ses propres yeux de quoi ils étaient capables. Malgré la puissance de tous les super-héros, une attaque dans un délai aussi court les affaibliraient à coup sûr. Mais ils devaient l'être également, n'est-ce pas ?
«Elle se réveille, il est temps» déclara Recovery Girl alors que la rose hochait la tête et se déplaçait à la gauche de leur détenue. Cette dernière papillonna des yeux en grognant, agacée d'être sans cesse droguée. Elle sentit néanmoins que le temps était plus court et que la dose ingérée avait été moindre. Pour quelle raison, encore ? Elle eut sa réponse en sentant des liens retenir tout mouvement. Quand elle força contre, ces derniers se firent plus serrés encore et elle grimaça.
Elle remarqua alors la présence de la petite vieille qui l'avait soignée et d'une grande fille aux cheveux roses et aux lunettes épaisses. Kagame se permit de baisser son regard doré sur sa jambe droite et la sensation de sa prothèse qu'ils lui avaient rendus. Un bref soupir de soulagement passa la barrière de ses lèvres. Elle se sentait moins nue malgré le débardeur noir qui laissait ses bras à l'air libre. Ils avaient même pensé à un pantalon.
«Ma prothèse est mal mise,» informa-t-elle simplement, sans une seule once d'agressivité alors qu'elle devinait au rougissement de la plus jeune que c'était elle qui s'en était chargée. La brune retint un rictus. La mécanicienne la craignait, serait-ce le cas de tous ceux qu'elle verrait aujourd'hui ? C'est qu'elle devait se sentir honorée d'être la vedette. Profondément fatiguée, mais fière de voir qu'elle n'avait pas encore totalement perdu. Il fallait qu'elle gagne du temps.
«C'est la première fois,» reprit la rose avec un peu plus de contenance, comme si elle se refusait à s'aplatir devant elle. Kagame hocha la tête. La mécanicienne avait raison, la brune appréciait les gens déterminés et sans peur. Et puis, elles avaient certainement le même âge. Dans un monde alternatif, elles auraient pu être camarades, peut-être même amies. Mais l'amputée était celle qui voulait voir le monde évoluer tandis que la rose avait conçu tout ce matériel pour la retenir. Efficace, se fit-elle la réflexion quand elle essaya de bouger très légèrement sa main et qu'elle sentit le métal l'enserrer. Il réagissait au moindre de ses mouvements, d'une presque intelligence.
«Alors ce n'est pas si mal,» détermina Kagame en détournant finalement son regard de la silhouette de l'adolescente, sentant tout son malaise. La petite vieille qui n'avait pas pris la parole l'enjoint alors à marcher et elle cru basculer en avant avant de sentir qu'elle pouvait bouger ses jambes pour se déplacer. Elle fronça les sourcils. C'était lui laisser beaucoup de mouvement, s'était-elle trompée sur l'image qu'ils avaient d'elle ?
Mei suivit son raisonnement alors qu'elles passaient la porte de la chambre dans laquelle elle était retenue depuis plus d'un mois. C'était étrange de la quitter, d'autant qu'à part elles trois, il n'y avait pas d'âmes qui vivent.
«Au moindre mouvement suspect, les fers à tes chevilles et tes cuisses se ressereront et tu ne pourras plus bouger,» l'informa la rose avec dureté. Kagame hocha docilement la tête et suivit le pas qu'on lui imposait, reprenant peu à peu de force dans ses jambes qu'elle n'avait plus utilisé depuis trop longtemps.
Elles traversèrent deux couloirs, montèrent des escaliers avant d'arriver devant une porte qui était inconnue de la prisonnière. Mais elle n'eut pas besoin d'attendre avant de comprendre où on l'avait emmenée. Quand elle fit irruption, Mei la maintenant par l'avant bras, elle sentit de nombreux regards la transpercer.
D'un coup d'oeil circulaire, elle repéra l'imposante carrure d'Endeavor et son visage fermé, Shota Aizawa qui avait les yeux fermés et semblait se reposer dans un coin de la pièce, le fils du numéro un qui arborait un air concentré, à ses côtés le garçon dynamite qui ne décolérait pas et dont sa simple présence sembla raviver la haine à son égard et enfin Izuku Midoriya assis à côté de son ami mi-chaud, mi-froid, la fixant d'un air déterminé. Une belle brochette de super-héros, en somme.
«Wildgust, c'est ainsi que tu es surnommée, n'est-ce pas ?» commença l'homme à la barbe enflammée alors qu'elle sentait la prise de Mei faiblir et les deux femmes s'en aller. Dommage, elle trouvait la présence de la jeune femme rafraichissante. Elle fit alors face à l'assemblée de super-héros et n'esquissa aucun geste. L'endormi était le seul à pouvoir lui retirer ses pouvoirs mais il n'avait pas l'air d'avoir fini sa nuit. Peut-être que si elle se jetait de la fenêtre ? Non, elle ne pourrait jamais leur échapper et ses mouvements seraient ralentis par les liens qui l'enserraient. «Répond, gamine,» tonna la voix grave et agacée du numéro un. Elle tourna son attention vers lui.
Etait-il nécessaire qu'elle réponde ? Il n'avait pas l'air très patient, à l'instar des autres. Sauf peut-être un qui semblait se retenir de lui sauter dessus. Katsuki Bakugo, n'est-ce pas ? Ses yeux rougeoyants flamboyaient de la même manière que lorsqu'ils s'étaient affrontés. Depuis combien de temps contenait-il sa colère ? Combien de nuit avait-il passé à rêver de sa mort ? Elle lui jeta une oeillade ennuyée. Il ne devait pas le prendre si personnellement, il n'était qu'un adversaire qu'elle avait dû combattre.
«Effectivement,» répondit-elle d'une voix neutre. À quoi cela pouvait-il leur servir de connaître son épithète ? Elle ne l'avait presque jamais revendiqué. Pour le peu de mission où elle avait servi, aussi... Sa fonction était assez unique, elle n'était pas un soldat. Une arme serait plus juste.
«Où se trouve votre QG ?» lui demanda-t-il sans passer par une quelconque manipulation. Elle s'en étonna. Aucun de tous ces apprentis ou super-héros confirmés n'étaient en possession d'un quelconque alter pour lui faire avouer la vérité. Elle haussa un sourcil. Pensait-il que la confronter à leur ignorance attiserait un quelconque sentiment de pitié ? Elle ne répondit rien, remarquant le hochement de tête d'Endeavor. Non, elle venait de comprendre, c'était une perche qu'il lui tendait avant de passer aux choses sérieuses. «Je vois que tu n'es pas très bavarde.»
Elle se contenta de froncer les sourcils avant de noter un mouvement de la part du garçon blond qui, d'une rapidité extrême, se propulsa en sa direction, une profonde haine s'imprimant sur ses traits alors qu'elle fermait les yeux pour absorber l'énergie contenue dans sa prothèse en cas d'utilisation imprévue et qu'elle fit remonter jusqu'à l'endroit de son épiderme où il avait écrasé sa main vengeresse. Alors qu'il la maintenait contre le mur, sa paume agrippée à son cou, elle prépara l'éclair, faisant s'illuminer sa mèche bleue.
«Kacchan, attention !» cria la voix de Midoriya alors qu'elle allait relâcher la pression mais toute sa maîtrise s'évanouit à l'instant où elle la déchaîner, la frustrant. Elle sut immédiatement qu'Eraser Head avait fini sa nuit. Ses yeux dorés rencontrèrent ceux sanglants du blond qui ne l'avait pas lâchée et elle nota leur proximité en frissonnant désagréablement. Elle n'aimait pas la sensation de sa paume moite sur sa peau.
«Balances tes putains de potes avant que je ne t'explose,» grinça-t-il, son autre main levée au-dessus de sa tête. Elle grimaça en sentant l'air lui manquer. Son expression se tinta d'un bien-être malsain en la voyant suffoquer, comme une vengeance de ce qu'elle lui avait infligé.
«Es-...s-aye,» articula-t-elle en cherchant l'air, levant sa tête pour étirer son cou et rendre le passage de l'oxygène plus facile. Mais il ne la lâchait pas, comme une proie qu'il aurait enfin tout le loisir de torturer. Il était lui aussi privé de son alter mais en aucun cas de sa force.
Sa réponse sembla l'enrager mais soudain, la prise se desserra et ses oreilles qui sifflaient après avoir été cognée contre le mur ne purent tout de suite comprendre qu'il suivait simplement l'ordre de la relâcher. Elle ne savait pas qui en était l'auteur mais cela lui permit de retrouver ses esprits et de ne plus voir des centaines d'étoiles dans ses yeux. Si elle n'avait pas été enchaînée, elle l'aurait détruit. Elle afficha un air légèrement agacé alors qu'elle toussotait. Il ne s'était pas retenu.
«La fille de deux super-héros reconnus, membre d'une équipe de meurtriers. Qu'en penseraient tes parents, gamine ?» grogna Endevaor alors qu'elle relevait son visage en sa direction, ses pupilles se teintant d'une colère sourde. Elle commençait à perdre patience.
«Que pense votre famille de vous ?» siffla-t-elle en un coup bas qui intensifia le feu qui empoisonnait son visage. Elle surprit le regard appuyé de Shoto et son froncement de sourcil mais ne s'en formalisa pas. Elle ne l'avait pas longtemps côtoyé mais il lui avait suffit de voir la tension dans les épaules de son fils à ses côtés pour comprendre que tous les super-héros ne l'emporteraient pas avec un linceuil blanc. Pour elle, sa famille était morte et enterrée. Ce qu'ils pouvaient penser n'avait plus aucun impact sur sa vie car ils n'en faisaient plus partie. Son allégeance allait envers ceux qui l'avaient recueillie et endurcie.
«Tu crois en eux, mais eux ne viendront pas,» retentit alors la voix d'Aizawa. Ce dernier la fixait de ses pupilles sombres, de longues cernes s'étendant sur son visage. «Tu n'es rien de plus qu'une arme. Et les armes se cassent et se remplacent.»
Tétanisée qu'il ait deviné les doutes coupables qui s'insinuaient en elle chaque nuit, la peur que ses espoirs soient finalement vains, elle se sentit pâlir et bloqua sa respiration. Izuku fronça les sourcils en se tournant vers son professeur, lequel pencha discrètement la tête. Il avait fini par deviner son point faible. Car malgré tout l'aplomb dont elle faisait preuve, elle restait une gamine de seize ans au passé brisé. Elle était simplement tombée sur les mauvaises personnes. Comprendre son ennemi, Eraser Head était le mieux placé pour cela. Maintenant qu'ils avaient ouvert les vannes, il fallait s'infiltrer.
«Tu as été portée disparue. Les morts sont revenus à leur famille. Tous.»
Kagame se figea. Elle avait compris le raisonnement. Elle avait compris ce qu'il insinuait. Elle ne pouvait le croire.
«Vous mentez,» grogna-t-elle en serrant ses poings, ne se formalisant pas des puissantes lanières qui lui rappelaient qu'elle ne pouvait rien faire.
«Vois par toi-même,» se contenta-t-il d'ajouter en se levant, une télécommande dans les mains. Lorsqu'il lui fit face et qu'il alluma l'écran présent dans le coin de la pièce, elle sentit toute les couleurs quitter son visage.
Sur une chaîne d'information enregistrée était diffusé en lettres sombres "MISOGA KAGAME, TOUJOURS PORTÉE DISPARUE. DES VIDÉOS REMETTENT EN CAUSE SON INNOCENCE." En dessous, son portrait d'étudiante du lycée qu'elle fréquentait et en parallèle, des vidéos prises où sa silhouette floue mais légèrement reconnaissable échappait à une puissante explosion du blond et continuait de maintenir l'ouragan dévastateur, sa cape brûlée à de nombreux endroits voletant derrière elle.
«Ils savent que tu n'es pas morte.»
Et cette phrase sonna comme un coup de massue au fond de son ventre alors qu'elle détournait le regard, sentant ses yeux s'embuer. Elle se détestait d'être aussi faible, du sentiment d'abandon et d'injustice qui la prenait aux tripes. Non, ils attendaient le bon moment pour venir la chercher. Et quand ils le feraient, elle rattraperait son échec.
«Ils viendront,» grogna-t-elle avec un espoir nouveau, ses cheveux sombres faisant barrage autour de son visage et cachant ses deux prunelles dorées. «Et ils vous éliminerons tous. Je les aiderais.»
Le coup de poing qu'elle se prit à la fin de sa phrase, bien placé, l'empêcha de voir le froncement de sourcil de Shota. Assommée, sa tête retomba sur son torse comme une poupée de chiffon alors que son corps inconscient était rattrapé par les bandages de l'homme aux longs cheveux corbeaux. Izuku lança un regard assassin à Katsuki qui affichait un air carnassier.
«Oï, elle n'avait qu'à la fermer.»
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Quand elle se réveilla, Kagame était de nouveau enchaînée au lit. Elle fut surprise de ne rien ressentir après le coup de poing du garçon dynamite et soupira en s'apercevant que la nuit était déjà tombée et qu'il était presque minuit. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée inconsciente mais force est de constater qu'on lui avait une nouvelle fois retiré sa prothèse et que cette dernière n'était plus dans sa chambre.
Lâchant un "tch" agacé, elle prit plusieurs inspirations, tentant de se calmer. Elle avait perdu le contrôle, pire, elle leur avait révélé ses faiblesses. Mais tout s'arrangerait quand ils reviendraient la chercher. Ils ne tarderaient plus, elle s'en persuadait pour tenir le coup. Ils ne pouvaient pas l'abandonner. Elle n'était pas qu'une arme, elle était leur alliée. Elle comptait pour eux, ils l'avaient élevée.
Kagame laissa une larme de culpabilité couler le long de sa joue marquée d'une cicatrice. Elle s'en voulait d'avoir failli à sa mission et de continuer à douter d'eux. Elle méritait ce qui lui arrivait. Rageusement, elle colla sa joue contre le tissu du coussin, avortant la descente désagréable de la goutte salée. Elle n'avait pas le droit de pleurer, pas après ce qu'ils avaient fait pour elle. Elle tiendrait le coup jusqu'à la fin.
Aussi, elle se sentit partir dans un demi-sommeil, bercée par le silence et le moelleux de son lit. La brune ne sentait presque plus la pression des lanières sur ses poignets et sa cheville, preuve qu'elle s'en était finalement accomodée. Pourtant, elle sentit son instinct remuer en elle et après quelques heures à comater, ouvrit grands ses yeux sur la fenêtre. Les stores étaient toujours à demi-fermés, la poignée condamnée pour l'empêcher de s'échapper. Elle ne savait pas comment elle aurait pu mais comprenait les précautions. Cependant, elle était presque persuadée qu'elle n'avait pas rêvé l'ombre qui s'était reflétée sur ses draps à la lumière de la lune.
Elle ne savait pas à quel étage se trouvait sa chambre mais elle avait eu assez l'occasion d'observer le haut de l'arbre non loin dans le paysage pour comprendre qu'ils étaient bien loin du rez-de-chaussée. Ainsi, la silhouette qu'elle avait cru apercevoir ne pouvait être là pour une raison quelconque.
Tirant sur ses poignets pour se redresser, elle grogna de ne pouvoir remettre sa frange en place et se tortilla pour avoir une meilleure vue du contrebas. Quelques lumières sortaient des chambres en face, celles des élèves du lycée, mais aucune ne lui révéla de présence au point qu'elle douta de l'avoir réellement vue. Alors que son regard doré ne quittait pas le jardin plus bas, elle eut un faible sursaut. Une silhouette encapuchonnée, vêtue d'un long manteau aussi sombre que la nuit et aux mains se terminant par d'épaisses et coupantes lames apparue devant elle.
Elle se figea, reconnaissant le Faucheur et s'activa à tirer plus fortement sur ses poignets, persuadée qu'elle pourrait ainsi se libérer plus vite. Elle le savait, elle avait douté mais maintenant elle en était persuadée. Ils ne l'avaient pas abandonnée, ils étaient revenus la chercher.
Il posa alors son doigt en forme de lame contre ses lèvres charnues, lui intimant le silence et la discrétion tandis qu'elle acquiesçait doucement. Il allait découper cette fenêtre comme du papier fin et lui permettrait de s'enfuir. Sans explosions, sans grande tuerie, mais Kagame n'était pas une fervente amoureuse du chaos. Elle songea seulement au garçon blond, Katsuki Bakugo. Ils se retrouveraient sans aucun doute mais elle serait alors en possession de tous ses moyens et lui ferait payer ses coups.
Comme prévu, il fit glisser la pointe de sa lame contre le verre qui se brisa sans éclat et Kagame observa sa grande silhouette se mouvoir dans la petite chambre d'infirmerie. Sans un mot, il coupa les liens qui l'enchaînaient au lit et en fit de même pour sa cheville. Libérée, la jeune femme hocha la tête en signe de remerciement et enfila son costume brûlé à de nombreux endroits, cherchant du regard sa prothèse. Plus loin, l'homme qu'elle côtoyait depuis ses neuf ans surveillait qu'aucun super-héros ne s'interposent dans leur fuite.
Les mains tremblantes d'excitation, la brune décida d'abandonner sa prothèse. Ils l'avaient sûrement conservée après son éclat dans la pièce qu'elle supposait servir pour les réunions. Encore la fille aux cheveux roses qui devait chercher à la décortiquer pour en comprendre sa technologie.
Peu importe, je sais voler, pensa-t-elle en nouant sa rangers gauche et en conservant l'autre à sa ceinture.
Déséquilibrée, elle ferma les yeux un instant en sentant son alter vent prendre le relais et son corps se soulever à quelques centimètres du sol. De cette manière, les effets de sa jambe à demi-amputée se faisaient moindre et elle pouvait se contenter de serpenter dans les airs. Alors que le Faucheur enjambait la fenêtre et plantait ses lames dans le mur pour se maintenir, l'adolescente le suivit et sentit l'air frais de la nuit caresser son visage, s'infiltrant entre les mèches de ses cheveux.
«Accroche toi à moi, je vais nous faire voler,» indiqua la jeune femme en tendant sa main à l'homme qui ne bougea pas. Fronçant les sourcils, elle insista et il hocha négativement la tête en pointant le sol d'une de ses lames. «C'est trop dangereux au sol,» grinça-t-elle avant de finalement le suivre lorsqu'il se lâcha pour atterrir souplement sur ses jambes, plus bas.
Le Faucheur avait été un des premiers à l'accueillir alors même qu'elle se retrouvait terrorisée, entourée par de nombreux vilains. Il était difficile de lui donner un âge, son alter lui ayant causé de nombreuses cicatrices sur tout le corps au point qu'il se montrait rarement sans sa capuche et son long manteau. Beaucoup racontaient qu'il s'était lui-même tranché la langue, plus petit, l'empêchant maintenant de parler. Kagame avait toujours éprouvé de la sympathie pour lui. Ses gestes étaient doux et réfléchi par peur de blesser ses alliés par inadvertance et ils communiquaient tout autrement.
Alors qu'il se glissait dans l'ombre d'un bâtiment, elle en fit de même. Il semblait connaître les passages et cela la rassura un peu tandis qu'ils avançaient discrètement, continuant leur ascension en contournant les lieux les plus découverts. Ils arrivèrent rapidement au portail et elle s'arrêta, posant une main sur l'épaule de l'homme.
«C'est plus prudent de prendre la voie des airs,» insista la brune une nouvelle fois. Nul besoin d'attirer l'attention sur eux, les bâtiments grouillaient d'élèves et de professeurs aux alters puissants.
Cependant, elle ne s'attendait pas à ce qu'il se tourne vers elle, le regard sombre alors que la lueur de la lune laissait apparaître une partie de son visage mutilé. Elle sentit son coeur faire un raté alors qu'elle évitait souplement ses lames en utilisant son alter pour se propulser en arrière, exposée face aux chambres des étudiants. Heureusement, seulement l'une d'entre elles émettait encore de la lumière.
Sans attendre, il se jeta de nouveau sur elle alors qu'elle s'envolait plus haut, hors de sa portée. Elle ne comprenait plus rien. Etait-il possible que les super-héros aient organisé tout cela dans le seul but de la tuer ? Pourquoi le faire quand ils avaient eu autant d'occasion pour l'endormir ?
L'essoufflement que lui procurait l'utilisation de son alter la ramena dans le présent. Son cœur avait besoin d'une décharge ou elle ne pourrait plus se tenir à l'écart de celui qui était son allié.
Tendant une main en direction de la chambre encore allumée, elle aspira son énergie, la rendant aussi sombre que les autres et réunit une partie de l'électricité absorbée pour la propulser en direction de son cœur, la faisant hoqueter mais également reprendre ses esprits. Elle remarqua cependant qu'elle avait légèrement perdu en altitude et que le Faucheur s'était de nouveau fait aspirer par la noirceur.
Son regard doré parcouru chaque recoins mais en vain, jusqu'à ce qu'elle aperçoive une ombre se précipiter dans sa direction, ses lames tranchantes luisant face aux rayons lunaires. Si elle pu se décaler et éviter de se prendre un coup sur son bras, elle sentit en revanche qu'il avait enfoncé un de ses poignards dans le tissu qui pendait, à l'endroit même où sa prothèse aurait dû se trouver.
Elle fut alors tirée puis propulsée sur le sol, s'écrasant violemment en lâchant un râle de douleur quand son corps tomba directement sur son poignet et qu'elle entendit un craquement provenir de ce dernier. Elle n'eut, en revanche, pas le temps de reprendre sa respiration qu'elle dû rouler sur le côté, évitant de justesse de se faire poignarder.
Kagame ne voulait pas l'attaquer, il n'était pas son ennemi. Elle se contentait alors de rester hors de portée, de retenir ses attaques et de gagner du temps. Mais, face à ses actes, elle ne pouvait continuer éternellement à le fuir.
«Qu'est-ce qu'il te prend !» siffla-t-elle en lui lançant une puissante bourrasque alors qu'il se jetait sur elle comme un animal affamé, réussissant à entailler sa pommette en lui lançant un fin couteau. Elle réussit à le projeter assez loin pour le voir revenir presque aussitôt à la charge, ses yeux aussi sombres que les abysses n'exprimant rien. Il n'y avait aucune lueur brillante, aucun sentiment qui l'aurait différenciée d'un ennemi. Il n'y avait que la détermination dans ses gestes, et sa rage alors qu'il s'acharnait à essayer de la tuer.
La tuer.
Il était revenu pour la tuer.
Le déclic se fit en elle alors qu'elle se souvenait avec force de leur manière d'éliminer les traîtres et les faibles. Leurs gestes, leurs manières de procéder et de les traiter avec froideur. Mais elle n'était ni l'un, ni l'autre, n'est-ce pas ? Son souffle se bloqua dans sa gorge. Elle avait failli à ses devoirs et elle était persuadée qu'ils devaient penser qu'elle avait alors tout révélé en se faisant sauver par leur équipe de super-héros. Cette pensée la frappa comme un boulet de canon. Elle comprit qu'elle ne comptait plus. Ils l'auraient préféré morte. Morte et silencieuse. Elle repensa alors aux paroles d'Eraser Head.
Tu n'es rien de plus qu'une arme. Et les armes se cassent et se remplacent.
Sans vraiment l'imaginer, elle comprit qu'elle avait signé son arrêt de mort lorsque son corps s'était brisé à la surface de l'océan. Elle était devenue défectueuse, une pièce du rouage qu'il suffisait de changer. Kagame serra la mâchoire à s'en faire mal. Elle pensait qu'ils croyaient en elle. Mais pouvait-elle seulement espérer que ce fut un jour le cas ? Envoyer une personne de confiance pour adoucir sa méfiance et la trahir. Elle sentit la colère flamber en elle et les larmes inonder son regard incendiaire..
«Espèce d'enfoiré,» gronda-t-elle en s'élevant dans les airs, puisant plus fort dans l'atmosphère pour aspirer chaque parcelle d'énergie. En sentant un puit non loin, elle s'excusa mentalement envers le garçon aux cheveux électriques et força davantage pour le vider de toute sa charge. Elle n'avait plus rien à perdre, n'est-ce pas ? Les héros voulaient sa mort, ses alliés avaient envoyé le Faucheur pour l'éliminer, que restait-il de sa loyauté alors qu'elle se sentait trahie au plus haut point. «J'aurais donné ma vie si elle avait suffit à sauver l'un d'entre vous,» murmura-t-elle d'un timbre rageur en sachant pertinemment qu'il l'avait entendu.
Ses cheveux sombres voltigeaient à présent autour de son visage alors que ses pupilles dorées brillaient d'une puissance survoltée. Elle était morte pour embrasser la cause, avait maintes et maintes fois prouvé sa loyauté sans faille. Mais ça n'avait pas suffit. Ils étaient les seuls à l'avoir poignardé dans le dos et pour cela, ils allaient payer. Sa mèche de cheveux bleue se fit presque incandescente alors que de nombreuses lumières s'allumaient dans les multiples chambres d'étudiants pour s'éteindre presque immédiatement quand elle en absorbait l'énergie.
Ils la pensaient faible ? Ils pensaient qu'elle les aurait dénoncés à la moindre menace ?
Ses veines se mirent à briller d'un bleu électrique alors que le vent se faisait plus fort et plus violent. Sa cape brûlée voletait derrière son dos alors qu'elle sentait qu'ils ne seraient plus seuls d'ici quelques secondes. Peu importait si ça lui donnait le temps de se venger. Elle n'avait plus rien à tirer, seulement la rancœur qui l'étouffait dans sa peine.
Le Faucheur était plus bas, ses chaussures trouées par ses lames pour lui permettre de garder l'équilibre et de ne pas se faire plaquer par le début de tempête que la brune avait provoqué. Mais il ne pouvait plus rien faire. Il ne pouvait plus bouger, paralysé par la puissance vengeresse du vent qui le maintenait au sol. Sa capuche fut rabattue sur ses épaules, dévoilant un crâne mutilé et rose de nombreuses cicatrices mais aussi deux billes noires sans émotions.
«Je vais te foudroyer,» tonna-t-elle en tendant ses deux mains en sa direction, ignorant la brûlure dans son poignet. Il n'y avait plus aucune lueur de peur dans son regard. Seulement un puit sans fond qui la fit gémir de colère et de désespoir. Elle avait l'impression qu'on lui avait ouvert la cage thoracique pour la poignarder en plein cœur. Elle aurait aimé qu'il regrette. Qu'il lui donne une raison d'arrêter tout ça et d'oublier qu'elle venait de perdre sa seule famille. Mais rien de tout cela ne se produit. Tous deux étaient déterminés. L'un à mourir fièrement pour sa mission, elle a venger son honneur et la douleur qui l'irradiait.
Kagame ferma les yeux et relâcha toute l'énergie emmagasinée en elle en deux éclairs d'une puissance qui fit trembler les bâtiments et provoqua un bruit de tonnerre assourdissant. La foudre traversa alors le corps de l'homme, le pulvérisant dans un cri silencieux avant de remonter plus haut, comme aspirée par le ciel qui fut aussitôt illuminé d'un éclat argenté. C'était comme si le jour avait remplacé la nuit durant quelques secondes, embrasant le lycée Yuei et les élèves qui se grouillaient à leur fenêtre pour observer ce qu'il se produisait.
Alors que la jeune femme perdait légèrement en altitude, elle sentit presque tout de suite son corps se faire violemment plaquer contre la surface dure et bétonnée et lâcha un gémissement plaintif.
Sa vision encore trop floue ne lui permit pas d'apercevoir plus qu'une mèche verte avant de se faire entraîner au sol, son corps fermement maintenu et s'écrasant avec force contre le portail du lycée après avoir roulé en s'écorchant les bras. Sa respiration se bloqua dans ses poumons alors qu'elle entendit une de ses vertèbres craquer sous la violence de l'impact. Pour autant, alors que la tempête se dissipait et que le ciel n'était plus illuminé par une vive lumière, elle sentit ses barrières tomber les unes après les autres.
Ses épaules furent secouées par de lourds sanglots, ses joues se baignant de larmes et son corps se recroquevillant sur lui même. Elle avait envie de mourir, comme il aurait fallu alors qu'elle se faisant engloutir par les flots. Elle regrettait, elle regrettait tant de ne pas avoir pu quitter ce monde dans la fierté et dans l'accomplissement.
Kagame se sentit empoignée par les mêmes mains qui l'avaient sorties de l'océan et qui avaient ainsi provoqué tout cela. Ses sanglots se coupèrent net. C'était sa faute à lui. S'il n'avait pas sortit son corps brisé hors de l'eau, rien ne serait arrivé. S'il l'avait laissé couler, s'il n'avait pas été aussi...
Prise d'un instinct, elle se jeta sur le garçon aux cheveux verts et se laissa aller, le coinçant sous ses poings et frappant son visage, brisant un peu plus son poignet. Mais elle ne ressentait plus rien. Plus aucune douleur électrisante. Ses poings rencontrèrent les joues, le nez, du garçon. Une fois, deux fois, la troisième, il arrêta net son geste et profita de son déséquilibre causé par sa jambe amputé pour la dégager de lui. Mais elle n'avait pas fini, elle n'en avait pas fini et elle reprit ses pleurs à s'en étouffer.
Alors qu'elle allait une nouvelle fois se jeter sur Izuku, la brune se fit de nouveau plaquer au sol, empirant l'état de son dos. Cependant, cette fois, le corps était plus lourd et plus grand. Au travers du voile de ses larmes, elle reconnut le blond qui avait la mâchoire contractée à l'extrême. Elle continua de se débattre comme un diable alors qu'il la retenait par les poignets, ne songeant pas une seule fois à utiliser son alter contre le garçon. À quoi bon, elle se sentait si vide, ses forces la quittaient pour ne plus laisser que le désespoir.
«Arrête de bouger, putain,» aboya-t-il mais elle le surprit en lui donnant un coup de son genoux gauche au mauvais endroit et il se plia sur lui-même en étouffant un grognement de douleur, se retournant pour l'exploser une bonne fois pour toute. Pourtant, à peine s'était-elle relevée à l'aide de son alter qu'elle s'était figée, laissant ses genoux cogner le béton.
Katsuki, en short et t-shirt comme au saut du lit suivit son regard et aperçut à quelques mètres le corps fumant d'un de leurs ennemis, complètement brûlé aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur dans une vision cauchemardesque. Eraser Head était au-dessus de lui et vérifiait son poult. Lorsqu'il releva son visage fermé, ce dernier secoua négativement la tête.
«Il est mort,» déclara-t-il alors que la jeune femme s'écroulait, inconsciente.
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Note de l'auteur : Au fait, publication tous les vendredis !
