Disclaimer : Les personnes trans sont tous·tes merveilleux·euses et plus courageux·ses que Godric lui-même. Celleux qui oeuvrent contre leurs droits méritent qu'on leur crache au visage.
Attention : Rated M et relation M/M. Thématique du suicide et de la dépression. Vous lisez en connaissance de cause.
Liyly :
Salut ! Merci beaucoup pour ta review ! Je suis vraiment contente que cette histoire te plaise keur:keur:keur. Je suis un peu curieuse de savoir en quoi Nigel te fait penser à Rogue o.O Il y a de nouveaux indices dans ce chapitre, peut-être trouveras-tu le lien;)
Bonne lecture !
Cassiopee :
Hey ! Merci beaucoup pour ta review ! Tes compliments m'ont vraiment fait très plaisir et je suis contente que cette nouvelle histoire te plaise autant !
Promis, Alexis n'est pas loin !
Je te laisse avec la suite. Bonne lecture !
Des mercis et des bisous de loin à feufollet, tzvine, Liyly, Lupa Alpha, henrismh, malilite, Tiph l'Andouille, Sun Dae V, Merly Flore, NyannaChet Cassiopee pour leur review. Vos mots illuminent mes journées ! Keur:keur:keur sur vous !
Bonjour à toutes et à tous !
Comment allez-vous en ce weekend prolongé ?
De mon côté, ça va plutôt très bien ! Mon pont est concrètement un viaduc à ce niveau, ce qui est très appréciable. J'en profite d'autant plus que la semaine prochaine va se placer sous le signe « correction de copies » (les dernières, à priori ^^).
Depuis la dernière fois, j'ai eu le temps d'écrire un petit chapitre sur BS (15k à peine, ce miracle!) et j'ai commencé le chapitre de Gravity qui signe officiellement l'alignement des timelines de ces deux histoires. Il n'est pas encore terminé et j'ai déjà si hâte de vous le faire lire, vous n'avez pas idée !
Je vous remercie encore pour l'accueil que vous avez réservé à cette histoire. Vos théories au sujet de Nigel et des liens avec Black Sunset ont illuminé mes journées (et, parfois, m'ont fait bien rire aussi!).
Je vous laisse donc avec le nouveau chapitre, que j'aime vraiment beaucoup. J'y ai glissé quelques indices à nouveau alors ouvrez l'oeil ! Bonne lecture !
Une fois n'est pas coutume, un grand merci à Sun Dae V pour la relecture et ses retours enthousiastes ! Je vais donc redire une fois de plus : sa fic La Course au Chien Sauvage est un must-read si vous aimez Sirius Black !
Black Sunset
Spin-Off : Gravity
Chapitre 3
Gravity : A mutual physical force of nature that causes two bodies to attract each other.
Il ne savait même pas pourquoi il hésitait.
La décision était censée être évidente et elle aurait même le mérite de simplifier beaucoup de choses.
Il ne devait pas se rendre à ce restaurant.
Il soupira. Ses mains trouvèrent ses boucles noires et s'y agrippèrent avec force.
La soudaine douleur lui rappela pourquoi il ne devait pas se rendre au restaurant.
Il s'était promis de faire profil bas en arrivant en France, et il avait très bien réussi à s'y tenir. Il vivait dans une pièce ridicule sous les toits de Paris. La salle de bain était sur le pallier, sa cuisine était à la fois sa table à manger, son bureau et son coin toilette. Il y faisait trop chaud l'été et très froid l'hiver. Le seul luxe était qu'il pouvait voir la Tour Eiffel depuis la seule fenêtre : un rappel rassurant sur l'endroit où il se trouvait – et, surtout, celui où il ne se trouvait plus –.
Chaque jour, il allait travailler à l'heure. Il faisait ce que Eugène lui demandait de faire, même un peu plus puisqu'il l'aidait à enrichir son catalogue. Une fois par mois, il se rendait à son salon de thé préféré. Son seul autre loisir était la lecture.
Si cela avait été possible, il aurait évité tout contact avec d'autres êtres humains et, dans tous les cas, il avait pris soin de ne pas former de liens digne de ce nom.
Bien sûr, Eugène avait été la première exception – uniquement parce qu'il était son patron et qu'il l'avait eu à l'usure –.
L'autre exception était Raphaël Delacour.
Il ne s'expliquait pas comment il s'était incrusté dans sa vie. Au début, il s'était montré cassant, ce qui n'avait pas été difficile étant donné son métier et le fait qu'il avait été amené à toucher son moignon.
Par habitude, il l'avait maudit.
Aujourd'hui, il devait bien reconnaître qu'Eugène avait raison quand il disait que Raphaël et lui étaient devenus amis.
Il ne l'avait pas revu depuis qu'il était venu déposer son paquet en début de semaine, ce qui lui avait permis de réaliser que Raphaël passait vraiment souvent la porte de la librairie. Et qu'il n'avait rien acheté depuis plusieurs mois.
Il était donc le seul but de ses visites.
Salazar en soit témoin, il aurait dû mettre fin à tout cela il y avait bien longtemps.
Raphaël était quelqu'un de bien, il ne méritait pas de s'attacher à un poids mort comme lui. Il n'avait rien à lui offrir et tout à lui prendre. Son passé finirait par le rattraper.
Personne ne pouvait fuir éternellement. Il ignorait s'il allait devoir répondre de ses actes pendant la guerre, de sa trahison ou de la raison pour laquelle il avait perdu une jambe – peut-être même des trois à la fois – mais il ne pouvait pas avoir fait ce qu'il avait fait et gagner le droit à une vie heureuse de l'autre côté de la Manche.
Vos blessures étaient très importantes. Vous devriez être mort et, pourtant, vous avez survécu. C'est un vrai miracle.
Entre sa mémoire en lambeau et son esprit trop embrouillé par les drogues qu'on lui avait injecté, il n'avait pas pu corriger le médecin moldu. Il avait tué et torturé des personnes comme lui, pour seule raison qu'ils étaient des moldus, et son rétablissement était un miracle à leurs yeux. S'il avait su, il l'aurait laissé mourir sur la table d'opération.
Un rictus étira ses lèvres.
Non, s'il avait su, le médecin moldu l'aurait quand même sauvé. Il méritait de vivre avec ses remords pour le reste de sa vie.
Il releva les yeux vers son réveil. Le rendez-vous était dans dix minutes. Il serait bientôt trop tard. Raphaël était ponctuel. Il devait sans doute déjà être arrivé. Au bout de combien de temps allait-il comprendre qu'il ne viendrait pas ?
Il imaginait très bien sa réaction. La façon dont ses yeux bruns allaient s'éteindre. Ses traits s'affaisseraient. Il serreraient un peu trop les lèvres, comme cette fois où il l'avait vouvoyé malgré-lui au tout début – une éternité plus tôt –. Il allait quand même attendre encore un peu, parce qu'il semblait toujours voir le meilleur chez les autres, puis il quitterait le restaurant les épaules voûtés, sans avoir rien avalé, sous les regards plein de pitié des serveurs.
S'il n'était pas qui il était – et qu'il n'avait pas fait ce qu'il avait fait – les choses auraient pu être bien différentes. Il aurait passé un long moment dans la salle de bain pour être certain d'apparaître sous son meilleur jour, peut-être même aurait-il acheté un nouveau costume pour l'occasion. Il serait arrivé à l'heure, il se serrait montrer charmant – Raphaël ne lui semblait jamais plus séduisant que lorsque son sourire dévoilait sa délicate fossette et que ses yeux bruns prenaient la couleur du caramel –. Il aurait ponctué le repas de contacts accidentels – une main, une cheville, un genou – et s'il s'était senti chanceux, il aurait enfin cédé à la tentation de l'embrasser.
L'idée qu'il puisse souiller les lèvres de Raphaël avec les siennes le sortit de sa rêverie.
Il sentit cœur se serrer. La boule qui lui serrait la gorge depuis qu'il avait ouvert le paquet de Raphaël enfla encore, lui donnant l'impression d'étouffer. Il ferma les yeux pour contenir les larmes qu'il sentait monter.
Raphaël serait un gentleman. Il ne chercherait pas à savoir pourquoi il n'était pas venu. Ses visites à la librairie allaient s'espacer, jusqu'au jour où il viendrait pour la dernière fois.
Sa vie allait redevenir aussi vide qu'il le méritait.
Raphaël finirait par l'oublier.
Sa salive devint acide dans sa bouche. Son estomac vide se contracta. La pièce vacilla autour de lui.
Malgré lui, le visage de Raphaël s'imprima derrière ses paupières. Son expression était celle qu'il avait eu lors de leur dîner le soir de son anniversaire.
Celle qui revenait constamment le hanter.
Celle qui le tentait.
Fuck.
Il se leva brusquement, attrapa sa veste moldue et sa canne. La porte claqua derrière lui.
…
S'il avait encore des doutes sur la nature de son rendez-vous avec Raphaël, ils moururent à la seconde où le taxi s'arrêta devant le restaurant. La devanture était soignée, les tables à l'extérieur étaient décorées d'une bougie et de fleurs, la lumière était tamisée à l'intérieur. L'uniforme des serveurs comportait un nœud papillon.
Il semblait n'y avoir que des tables pour deux personnes.
Il avait plus d'un quart d'heure de retard mais il hésita encore sur le trottoir.
Ce n'était pas une bonne idée.
Il fit un premier pas en arrière – personne ne l'avait vu, il pouvait encore prétendre qu'il n'avait pas quitté son appartement comme si le diable était à ses trousses pour essayer de ne pas arriver trop tard – puis ses yeux trouvèrent Raphaël. Il était installé à une table donnant sur la rue. Son profil se découpait sur le fond sombre du restaurant.
Ce soir, il était différent. Ses cheveux châtains étaient plaqués en arrière avec soin et il portait un costume moldu. C'était la première fois qu'il le voyait avec une cravate.
De toute évidence, il avait soigné son apparence.
Son cœur accéléra. Chaque battement semblait plus douloureux que le précédent. Quelque chose d'épais se diffusait dans ses membres et ses entrailles s'étaient transformées en un nid de serpents qui ne cessaient d'onduler. Il allait être malade.
Il devait partir.
Raphaël tourna la tête. Ses yeux s'écarquillèrent. Il le dévisagea, la bouche entrouverte, puis un sourire timide étira ses lèvres.
L'air se bloqua dans ses poumons.
Trop tard.
Stupide, stupide, stupid.
Il rejeta ses épaules en arrière et prit une profonde inspiration pour reprendre le dessus sur toutes les émotions contradictoires qui s'affrontaient dans son cœur et dans sa tête. Il fit un pas vers la porte, conscient que Raphaël ne le lâchait plus des yeux. Il se félicita d'avoir emporté sa canne : sa jambe semblait faite de coton et son moignon était secoué de spasmes douloureux.
- Nous sommes complets, Monsieur, lui apprit la réceptionniste.
- J'ai rendez-vous avec quelqu'un. Il est assis là-bas.
Il tendit le bras d'une façon assez approximative, mais cela sembla suffire. La femme se fendit d'un sourire entendu puis attrapa un menu.
- Suivez-moi.
Il garda son regard vissé sur ses chaussures. Sa main gauche commençait à être douloureuse à force de trop serrer la poignée de sa canne. Ses gestes étaient un peu raides tandis qu'il enlevait son manteau. Il réalisa alors qu'il avait oublié sa veste de costume, que son gilet était déboutonné et qu'il avait retroussé les bras de sa chemise en rentrant chez lui, laissant ses avant-bras nus.
Il ignorait ce qu'il avait fait de sa cravate.
- J'ai bien cru que tu n'allais pas venir, souffla Raphaël, sa voix rauque.
S'il ne trouva pas le courage de le regarder dans les yeux, il refusa toutefois de lui mentir.
- Je n'allais pas venir.
- Mais tu es là...
Il s'installa sur sa chaise après avoir coincé sa canne contre la vitre qui les séparait de l'extérieur. Il se redressa enfin et croisa le regard de Raphaël.
- Oui.
Il se fendit d'un sourire, celui qui faisait apparaître une fossette sur sa joue gauche. Ses yeux bruns semblaient encore plus chaleureux que d'habitude, et la lumière de la bougie leur donnait des reflets dorés. Il était si flamboyant qu'il avait l'impression d'être un trou noir en comparaison.
- Merci, dit-il.
Il le dévisageait intensément, comme s'il craignait qu'il disparaisse s'il clignait des yeux une fraction de seconde de trop. Son sourire redevint timide ce qui était une véritable nouveauté. Pour tout ce qu'il avait pu voir, Raphaël avait une saine confiance en lui, que rien ne semblait en mesure d'ébranler.
Puisqu'il ne savait pas quoi faire de ça, il ouvrit le menu.
Il ne s'attendait pas à le trouver écrit dans sa langue maternelle. Les plats étaient simples mais typiques de la gastronomie anglaise. Il n'avait rien mangé de tel depuis des années et une vague de nostalgie lui serra la gorge.
Le Royaume-Uni lui manquait rarement, pour tout un tas de raison, mais il restait le pays où il avait grandi et où il avait laissé une partie de son âme.
- Une fois n'est pas coutume, je vais avoir besoin de tes conseils. Je n'ai pas la moindre idée de ce que ces plats sont censés être.
Il joua le rôle d'interprète de bonne grâce, même si Raphaël parlait plutôt bien anglais pour un français, son accent mis à part. Raphaël prit des saucisses de Cumberland accompagnées de purée – un choix prudent – et il se décida pour un fish and chips. Raphaël insista sur une bouteille de vin blanc. Puisqu'il utilisa son premier verre pour justifier son incapacité à faire la conversation, l'alcool lui monta à la tête avant que les plats n'arrivent. Si Raphaël s'en aperçut, il se garda de le lui faire remarquer.
Il parla plutôt de sa semaine à l'hôpital des Anges. Il n'y avait pas eu beaucoup de cas intéressants, mais un petit garçon s'était retrouvé avec ses deux jambes inversées, sans que ses parents ne sachent expliquer comment une telle chose s'était produite. Il l'écouta plus qu'il ne parla – ce qui ne changeait pas de leur habitude – puis, entre le plat de résistance et le dessert, Raphaël réussit à lui arracher de plus en plus de phrases, avec cette douceur implacable qui le laissait impuissant.
Le silence qui suivit leur dernière bouchée de dessert était bien plus agréable que celui qui avait pesé au début du repas. Il devait même reconnaître qu'il passait une bonne soirée.
Raphaël vida le fond de son verre de vin et son regard fut attiré par le mouvement de sa pomme d'Adam. Contrairement à lui, Raphaël s'était rasé de près.
Il sursauta lorsque sa main se posa sur la sienne. Le geste était hésitant. Raphaël effleura ses doigts délicatement avant de les envelopper avec douceur. Sa paume était chaude et il pouvait sentir son sang se réchauffer à son contact, diffusant une chaleur plus entêtante que l'alcool à travers son corps.
Son cœur battait définitivement plus vite.
Ce n'était pas une bonne idée.
- J'aime beaucoup tes mains, souffla Raphaël.
Sa voix était à nouveau rauque, son expression sérieuse et son regard hypnotique.
- Elles semblent faites pour faire de la musique.
Il voulut lui dire que sa mère l'avait forcé à prendre des leçons de piano pendant toute son enfance. Son professeur était un homme sec et sévère, qui lui avait assené plusieurs coups avec son cahier de partitions quand il se trompait de note. Seulement, évoquer sa mère ici et maintenant aurait été un véritable blasphème.
Son cerveau lui donnait l'impression de flotter dans sa boîte crânienne, et il était presque sûr que ce n'était pas uniquement la faute du vin blanc.
- I'm still not sure what this is about.
Il lui fallut une seconde pour réaliser qu'il venait de parler en anglais. S'il se fiait au sourire amusé de Raphaël, ce n'était pas très grave. La lueur moqueuse – celle qu'il connaissait très bien et qu'il trouvait charmante – embrasa ses yeux bruns tandis qu'il raffermissait sa prise sur ses doigts.
- Et bien, c'est un rendez-vous galant. Et j'espère sincèrement que ce n'est que le premier d'une longue série.
Il devait avoir basculé dans une autre réalité, parce que cela ne faisait pas sens. Aucune personne saine d'esprit ne devrait avoir envie de passer du temps avec lui pour commencer – il réussissait très bien à décourager les rares téméraires – et encore moins nourrir des sentiments romantiques à son égard. Même si son corps n'était pas brisé comme il l'était et même s'il n'avait pas fait tout ce qu'il avait fait, il doutait pouvoir être en mesure d'aimer
Dans tous les cas, il n'était pas digne d'être aimé.
Raphaël méritait mieux. Quelqu'un d'entier et de bon. Quelqu'un qui n'hésiterait pas une seule seconde à la possibilité de passer une soirée entière en tête-à-tête avec lui et qui pourrait lui décrocher la lune et toutes les étoiles s'il le lui demandait.
- Tu ne peux pas vraiment vouloir d'une chose pareille.
L'expression de Raphaël se durcit, son regard s'assombrit et les muscles de sa mâchoire devinrent saillants pendant un brève seconde.
- Tu as raison. Je veux également te plaquer contre un mur et t'embrasser jusqu'à ce que tu manques d'air. Et je veux aussi qu'on s'envoie en l'air pendant des jours. L'usage veut toutefois que l'on commence par les rendez-vous quand on veut faire les choses bien et j'ai bien l'intention de faire ça dans les règles de l'art.
Il lui serrait les doigts à lui faire mal. Sa voix était plus grave qu'il ne l'avait jamais entendue. Son regard le transperçait de part en part.
Il se sentit rougir à mesure que son cerveau réussissait à mettre du sens derrière sa déclaration, ce qui était remarquable étant donné la quantité de sang qui venait de rejoindre son entrejambe.
- D'autres questions sur mes intentions ?
Ce n'était pas une bonne idée.
- Non.
Sa voix sonnait à mi-chemin du coassement et du gémissement, et il ne savait pas ce qui était le plus humiliant. Raphaël eut un sourire amusé et sa prise sur ses doigts redevint plus légère. Son pouce balayait ses phalanges, ce qui, étrangement, tenait la panique à distance.
Il n'avait pas peur de l'intimité physique, encore moins avec un autre homme. Cela serait loin d'être la première fois, puisque Poudlard avait eu cet avantage de rassembler au même endroit tous les adolescents d'un même pays. Certains n'avaient pas été contre un coup vite fait dans l'un des nombreux recoins du château. Puisqu'il était qui il était, cela n'avait jamais été au-delà. Après tout, il était destiné à faire un grand mariage avec Emily Rosier et si ses véritables préférences avaient été éventées, il serait passé de Sang-Pur à Traître-au-Sang avant d'avoir eu le temps de dire le mot homosexuel.
Une chance qu'il ait été doué en Métamorphose. Personne n'avait jamais fait le lien entre le mystérieux Serdaigle prénommé Nigel et lui. Pas même le meilleur ami de son frère.
Toutefois, ce n'était pas ce que lui proposait Raphaël. Il voulait une relation amoureuse. Il voulait des rendez-vous, des promenades main dans la main, des mots tendres, des déclarations et toutes ces autres choses que faisaient les couples.
Malgré le fait qu'il avait été fiancé, des années de cela, il était loin d'être un expert, mais les auteurs avaient traité le sujet en long, en large et en travers. Il avait retenu de ses lectures qu'une relation de ce type nécessitait de l'honnêteté et de la confiance, deux choses dont il était incapable.
Raphaël était en passe de mettre les pieds dans un bateau voué à couler après avoir été emporté par une tempête qui allait le laisser meurtri.
- Ce n'est pas une bonne idée.
Il aurait dû récupérer sa main au passage, mais il s'en sentait incapable. Ses respirations semblaient s'être synchronisées avec le rythme du pouce de Raphaël sur sa peau. Ça lui permettait de garder la tête froide.
- Je savais que tu dirais ça, répondit Raphaël en secouant la tête.
Si cela était encore possible, son regard devint plus tendre. Puis le coin de ses lèvres frémirent, annonçant une moquerie ou une blague douteuse.
- L'histoire a montré que mes idées sont toujours bonnes. Je ne vois pas pourquoi celle-ci échapperait à la règle.
Il échoua à le faire sourire. Il ne comprenait pas – ou il refusait de comprendre –. Il devrait se montrer plus ferme dans ce cas. Cette soirée serait leur premier et leur dernier rendez-vous. Il allait recommencer à le vouvoyer. Il demanderait à Eugène de mentir quand il viendrait à la librairie.
Et si tout cela ne fonctionnait pas, il partirait. On lui avait vendu les mérites de Lyon et de Bordeaux. Il avait réussi à recommencer sa vie une première fois, ce ne serait pas très difficile de le faire à nouveau.
Raphaël retrouva son sérieux.
- De toute façon, il est trop tard pour la mise en garde, Nigel. Tu es venu ce soir. Je ne vais pas abandonner aussi facilement. Au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué, je suis plutôt obstiné.
Ça, il le savait. Obstiné était même un euphémisme. Raphaël serait capable de battre une bonne partie de sa famille à ce jeu-là, pourtant autoproclamés champions dans la discipline.
Raphaël se leva, sans lâcher sa main. Il se pencha et déposa un baiser chaste sur ses doigts, s'attardant juste une seconde de plus.
- Je reviens.
Si son cerveau n'était pas remis à flotter dans sa boîte crânienne, il en aurait peut-être profité pour s'enfuir. Sans la main de Raphaël, sa peau était devenue glacée, à l'exception de l'endroit où il avait posé ses lèvres.
Cet endroit là le brûlait.
Il secoua la tête pour retrouver ses esprits, sans grand succès. Il ignorait comment Raphaël s'y prenait, mais personne n'avait jamais eu cet effet sur lui. Il avait toujours été celui qui menait la danse, dominant sans mal l'étrange jeu de la séduction, quand bien même les parties avaient souvent été courtes, n'offrant qu'une intimité éphémère.
Deux mains se posèrent sur ses épaules quelques minutes plus tard.
- On y va ?
Le souffle de Raphaël lui donna l'impression de remonter le temps. Il se sentit basculer de son échelle dans la librairie. L'endroit où il l'avait attrapé par les hanches se mit à vibrer.
Attention, Nigel.
Il aurait dû prendre la mise en garde plus au sérieux.
Raphaël tira sa chaise quand il se leva, son corps en automatique et ses pensées un tourbillon sous son crâne. En parfait gentlemen, il l'aida même à enfiler son manteau.
- Pourquoi as-tu pris ta canne ?
- Je suis parti dans la précipitation.
Il n'avait pas encore tout à fait intégré qu'il n'en avait plus besoin.
Sa réponse lui tira un bref éclat de rire, au moins un peu moqueur.
- Pas de douleur, alors ?
- Non. Pourquoi ?
- Je compte bien te raccompagner chez toi et je préférerai marcher.
S'il avait su cela avant, il aurait peut-être pu se cacher derrière sa jambe, même s'il connaissait assez le Soigneur pour savoir que cela lui aurait valu un autre rendez-vous, à l'hôpital des Anges, cette fois.
Raphaël glissa une main dans le bas de son dos et le guida à l'extérieur du restaurant.
Son voyage en taxi lui avait appris que le restaurant était situé dans le Marais. Ils devraient traverser la Seine, sûrement au niveau de l'Île de la Cité, ce qui les ferait passer près de l'hôpital des Anges. Il y en avait pour au moins une heure de marche. En temps normal, il aurait pris le métro.
Raphaël semblait savoir où il allait. Il marchait assez près de lui pour que leurs mains se frôlent de temps en temps.
Il étouffa sans pitié l'envie de mêler ses doigts avec les siens. Il avait déjà trop encouragé Raphaël.
La soirée était douce pour un début de printemps. Les feuilles commençaient à revenir sur les arbres et les moldus avaient réinstallés des jardinières fleuries à tous les endroits qui le permettaient. Il leva les yeux vers le ciel : les nombreuses lumières de la ville faisaient pâlir celle des étoiles. Il préférait Paris en plein jour.
Ils empruntèrent l'un des ponts piétons qui permettaient de rejoindre la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Ce soir, elle était enveloppée d'une aura dorée ce qui la rendait plus mystérieuse.
- Ce n'est pas parce que je n'ai pas mal que je suis prêt pour une randonnée à travers Paris, dit-il finalement.
- Puis que je me suis occupé de te soigner, je sais que ce n'est pas tout à fait vrai, mais on peut prendre le passage à côté de la Cathédrale si tu veux. Il atterrit du côté de la librairie.
Il fronça les sourcils.
- Quel passage ?
Raphaël tourna la tête vers lui et le dévisagea.
- Tu ne connais pas le passage de l'île de la Cité ?
- Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler.
Il eut un bref éclat de rire, seulement un peu moqueur.
- Quoi ?!
- Je n'arrive pas à croire que tu n'ais jamais entendu parlé des passages ! C'est pour ce genre de raison qu'il faut se faire des amis quand on arrive dans une nouvelle ville !
Il ignorait encore de quoi il s'agissait, mais Eugène allait l'entendre lundi.
- Puisque tu es le seul ami digne de ce nom que j'ai, puis-je avoir l'information ?
Raphaël pivota sur lui-même et il se mit à marcher à reculons devant lui. Malgré son costume moldu et son allure distingué, son sourire malicieux le faisait ressembler à un gamin sur le point de faire une bêtise.
- C'est une information très précieuse. Qu'est-ce que j'obtiens en échange ?
Il était presque certain que son regard noir était loin d'être menaçant. Il essaya de se décaler sur la gauche, mais Raphaël l'imita, ses bras écartés pour l'empêcher de le dépasser. Il avait l'air de trouver cette situation très amusante.
- Ne sois pas mauvais joueur, Nigel !
Il grogna.
- Ma gratitude éternelle.
Raphaël éclata à nouveau de rire.
- On sait tous les deux que je l'ai déjà. Depuis longtemps.
Il pesta en silence. Cet idiot avait raison. Comment en aurait-il pu en être autrement ? Il avait mis fin à plusieurs mois de douleurs aiguës et il s'était arrangé pour qu'il obtienne l'un des meilleurs modèles de prothèse du monde magique.
Raphaël toujours devant lui, il cherchait une façon de lui extorquer l'information sans y laisser son âme, quand il réalisa que le Soigneur était sur le point de percuter un poteau de plein fouet.
- Attention ! dit-il en l'attrapant par les pans ouverts de sa veste pour l'écarter.
Son geste brusque les déséquilibra tous les deux. Raphaël commença à basculer en arrière, il tira sèchement sur sa prise. Il y eut un moment de confusion, puis son dos heurta la rambarde du pont avec suffisamment de force pour qu'il ait un bleu le lendemain.
L'air se bloqua dans ses poumons quand il réalisa que Raphaël était plaqué contre lui, ses mains agrippées à ses épaules.
Stupide, stupide, stupid.
Il fit l'erreur de lever son regard. Les yeux de Raphaël lui donnèrent à nouveau l'impression de le transpercer, comme s'il pouvait voir jusqu'à son âme. Ils étaient presque nez-à-nez.
Il pouvait sentir son souffle rapide sur ses lèvres.
Il déglutit difficilement.
Il ne voulait pas lâcher Raphaël du regard, même s'il faisait sans doute un bien piètre travail pour le dissuader de l'embrasser. Une part de lui avait un peu trop envie qu'il le fasse.
Raphaël libéra ses épaules, sans pour autant reculer. Il attrapa la rambarde de part et d'autre de son corps, l'emprisonnant aussi sûrement que s'il avait utilisé un sortilège.
Il rapprocha encore un peu plus son visage du sien, jusqu'à ce que leurs lèvres ne soient plus qu'à quelques millimètres. Le brun de ses yeux était presque totalement englouti par ses pupilles dilatées. Il pouvait compter le nombre de ses cils.
Il voulait franchir la limite. Ce serait facile.
Ce serait stupide.
Raphaël caressa son nez du bout du sien avec une douceur qui bloqua l'air dans ses poumons. Il serra les paupières à faire danser des kaléidoscopes multicolores devant ses yeux brûlants. Ses poings serrèrent davantage le tissu qu'il avait attrapé quelques secondes plus tôt. Raphaël glissa sa joue contre la sienne, sa peau accrochant à la très légère barbe qui avait repoussé depuis ce matin.
- Respire, Nigel, souffla Raphaël à son oreille.
Sa main gauche se posa entre ses omoplates avec douceur tandis que la deuxième enveloppait à nouveau ses doigts crispés. Il réalisa qu'il tremblait – il ne savait même pas pourquoi – et que son cœur battait beaucoup trop vite dans sa poitrine, comme s'il essayait de s'échapper, ce qui expliquerait peut-être pourquoi il avait la gorge aussi serrée.
Ses poumons refusaient de faire leur travail.
- Je serais très flatté si tu t'évanouissais dans mes bras, mais je n'ai pas envie de terminer aux Urgences des Anges. Respire.
Sa tentative d'humour réussit à le sortir de sa torpeur. Il bascula la tête en avant. Son front se posa sur l'épaule de Raphaël et quand l'air entra enfin dans ses poumons, il était saturé par son odeur – un mélange de cuir, de café et de sucre –. Sa tête se mit à tourner et sans le soutien de Raphaël, il se serait sans doute écroulé.
Il lui fallut une éternité pour reprendre le contrôle sur ses émotions, quand bien même il était incapable d'expliquer ce qu'il venait de se passer. Il n'avait jamais paniqué de cette façon ou, en tout cas, pas dans ce genre de situation. Quelque chose n'était pas normal ce soir. Peut-être couvait-il quelque chose. Ou peut-être que son poisson n'avait pas été si frais.
- Ça n'a pas besoin d'être aussi compliqué, Nigel, reprit Raphaël, tout près de son oreille, son souffle chaud caressant sa nuque d'une façon qui menaçait de lui faire perdre le fil.
De toute évidence, il refusait de comprendre que c'était pour le mieux. Il ne s'abandonnerait pas à la facilité, encore moins si cela risquait de blesser Raphaël au final.
Il s'était promis de ne plus faire de mal.
Le nez de Raphaël effleura sa nuque quand il tourna la tête, puis il le sentit inspirer profondément. Ce fut à son tour de trembler.
- Adèle que tu sens bon, grogna-t-il.
Merlin, Viviane, Morgane et Circée, il fallait qu'il mette fin à tout ça!
Il se redressa lentement, récupérant sa main au passage, puis croisa ses bras sur son torse. Raphaël soupira, déçu, mais il reposa ses mains sur la rambarde, reculant d'un petit pas pour remettre une distance plus correcte entre eux. Il garda la tête baissée de longues secondes. Quand il se redressa complètement, son air enjoué sonnait faux.
- Je veux la promesse d'un deuxième rendez-vous, dit-il.
- Quoi ?
- Si tu veux que je te parle des passages, je veux la promesse d'un deuxième rendez-vous. Ça me paraît juste.
Il n'en crut pas ses oreilles ! Cet homme ne s'avouait-il jamais vaincu ?
- Je viens de t'éviter une fracture du crâne.
- Je viens de t'aider à faire passer ta crise de panique.
- Que tu as provoqué !
- Je n'y peux rien si je suis trop irrésistible.
Ce n'était pas pour ça qu'il avait fait une crise de panique – si tant est que cela avait été le cas – mais Raphaël retiendrait sans doute qu'il avait raison s'il lui disputait ce point.
Le Soigneur leva un premier sourcil, son regard résolu. Il était toujours coincé entre lui et la rambarde.
- On peut aussi rester là toute la nuit si tu préfères. La vue est très agréable et je ne travaille pas avant lundi.
Il fit claquer sa langue contre son palais ce qui tira un sourire satisfait à Raphaël. Il pouvait très bien lui dire non – qu'il débattrait – et cuisiner Eugène lundi.
D'autres mots passèrent ses lèvres tout pareil.
- Très bien.
Raphaël haussa un deuxième sourcil.
- Promis ?
- Oui.
Son sourire s'élargit ce qui eut un étrange effet sur ses entrailles.
- Je veux te l'entendre dire.
Merlin qu'il pouvait se montrer agaçant.
- Je te promets un deuxième rendez-vous. Satisfait ?
Raphaël fit un pas en arrière, emportant sa chaleur avec lui. Il se baissa pour ramasser la canne qu'il avait lâché un peu plus tôt.
- Merci.
Ils reprirent leur chemin côté à côte. Il nota avec soulagement que la distance entre eux semblait plus importante qu'à leur départ du restaurant.
- Les passages, donc ?
- Comme tu le sais, le quartier sorcier est accessible par la statue d'Adèle ou par certaines bouches de métro. Cependant, Paris est une ville immense et très peuplée. Il est très compliqué de transplaner pour se déplacer car les chances qu'un moldu s'en aperçoive sont très grandes. Le gouvernement a donc créé des passages pour nous permettre de traverser Paris en toute discrétion. On peut passer très facilement d'un arrondissement à un autre ou rejoindre le quartier magique. Le passage de l'Île de la Cité est de ceux-là.
Merlin, il allait tuer Eugène lundi.
- Combien y en a-t-il ?
- C'est là que ça devient intéressant ! Personne ne sait vraiment ! Il y a un Registre officiel, sauf qu'il remonte à la Révolution. Paris a beaucoup changé depuis, surtout après la deuxième guerre mondiale. Sans compter la rumeur selon laquelle le premier gouvernement avait prévu des passages secrets. Il y en aurait un petit millier. Mon frère et moi, on en connaît pas loin de deux cent !
Si Raphaël ne portait pas de costume, et s'il avait fait jour, il aurait eu l'impression que les quelques heures qui avaient précédé cette discussion n'avaient pas existé. L'homme enthousiaste à sa gauche était le Raphaël qu'il avait appris à connaître au fil des mois. Il retrouvait sa zone de confort et, avec elle, sa capacité à mener une conversation sans rougir comme un idiot.
- A quoi ressemble ces passages ?
- A n'importe quoi. Ça peut être une porte, un pan de mur, une bouche d'égout, un porche... C'est ce qui rend leur recherche si difficile. En général, les emplacements des passages se transmettent de générations en générations ou grâce à certaines relations. Dans tous les cas, ils sont très pratiques.
Ils étaient arrivés sur l'Île de la Cité. Il reconnut le chemin qui menait à l'hôpital des Anges – dont une partie était située sous la Cathédrale de Paris –. Il était vraiment curieux d'emprunter ce passage !
Raphaël se stoppa abruptement au moment où ils passèrent devant l'hôpital.
- Je croyais que ta prochaine garde n'était pas avant lundi ? se moqua-t-il.
Raphaël croisa les bras sur son torse et se tourna vers lui.
- Tu ne te souviens vraiment pas, je me trompe ?
La question venait de nul part. Il eut beau réfléchir, il échoua à deviner ce à quoi elle faisait référence. Raphaël secoua la tête.
- Nous nous sommes rencontrés là-bas il y a exactement un an, jour pour jour.
Il sentit ses joues se mettre à chauffer. Il avait cru comprendre que Raphaël était un grand romantique mais il n'aurait jamais imaginé qu'il avait retenu la date où Eugène l'avait traîné aux urgences. Non plus qu'il ne comprenait pourquoi il s'était accroché pendant aussi longtemps, ignorant ses remarques cassantes, ses quelques insultes et ses mises en garde.
- Après ta dernière consultation, je me suis laissé jusqu'à aujourd'hui pour te convaincre de me laisser une chance.
L'espace de quelques secondes, sa façade de charmeur tomba pour laisser place à l'homme timide qu'il avait rejoint au restaurant. Il sentit son cœur se serrer.
- Pourquoi moi ?
Il fronça les sourcils.
- Comment ça ?
- Pourquoi moi ? Pourquoi tous ces efforts pour quelqu'un comme moi ?
Quelqu'un qui ne le méritait certainement pas.
- Pourquoi pas ?
- Ce n'est pas une réponse.
Raphaël pencha la tête sur le côté, les yeux légèrement plissés.
- Pourquoi tant d'efforts de ta part pour t'empêcher d'être heureux ?
Il serra les dents.
- J'ai mes raisons, grinça-t-il.
Raphaël haussa un sourcil impérieux.
- Dans ce cas j'ai aussi les miennes.
Ils s'affrontèrent du regard quelques secondes, puis Raphaël se détourna, l'invitant à le suivre d'un geste de la main.
- Le passage n'est pas loin.
Il le mena sur la place qui s'étendait devant la Cathédrale. D'ordinaire, il y avait toujours une foule compacte de touristes et de parisiens. Vide, elle semblait plus vaste, offrant un parvis à la hauteur du bâtiment historique. Il avait imaginé que le passage était dissimulé le long de l'un des murs de la Cathédrale, mais Raphaël l'entraîna vers la statue au milieu de la place.
- Aucun passage n'est rattaché à un lieu de culte. C'était un accord entre le premier gouvernement sorcier et celui des moldus. Et puis, vu le nombre de personne qui l'utilisent, cela ne serait pas très discret. Peu font attention à ce qui se passe autour de la statue de Charlemagne. Tu vois cette gravure ?
Il alluma la pointe de sa baguette pour lui. Trois lettres – IEC – surmontaient une date – 1801 –. Il hocha la tête.
- I, E, C : Incanté, Envouté, Conjuré. La date fait référence à l'année où a été créé le passage. Pour l'activé, il suffit de presser sa baguette au niveau de l'inscription.
La pierre avala le morceau de bois sur quelques centimètres. Raphaël lui serra le bras.
- Puis de tourner d'un quart de tour vers la droite.
Il y eut un délicat woosh, une sensation d'air frais et quand il battit des paupières, il se trouvait sous le porche d'un des anciens hôtels particuliers non loin de la librairie.
- Pratique, non ?
Il n'en doutait pas, mais il comprenait un peu mieux pourquoi Eugène ne lui en avait pas parlé.
- Une baguette magique est indispensable, n'est-ce pas ?
Raphaël le dévisagea.
- Tu n'as pas de baguette ?!
- Non.
La seule qu'il avait jamais eu avait été perdue quand les secours moldus l'avaient pris en charge. Puisque sa magie avait trop servie à blesser des personnes innocentes, il refusait d'en racheter une autre. Il réussissait à réaliser de petits sortilèges sans et, pour le reste, les sorciers français avaient adopté un grand nombre d'inventions moldues dans leur vie quotidienne. Son appartement possédait même l'électricité.
Il se débrouillait.
- J'ai vu ta magie quand je t'ai examiné il y a un an.
- Crois-moi, Raphaël, c'est mieux comme ça.
Raphaël ouvrit la bouche pour contester – puisqu'il était très fort à ce jeu-là – mais il ne lui en laissa pas le temps.
- Je n'habite plus très loin. Je devrais réussir à rejoindre mon appartement avec ma vertu intacte.
- Non. Je te raccompagne.
Son ton excluait toute négociation. Il capitula malgré lui.
Quand ils passèrent devant la librairie, il vérifia par habitude que rien n'avait bougé de place. Il avait hâte d'être à lundi et de retrouver son quotidien simple et ses habitudes. Une fois qu'il aurait réussi à décourager Raphaël – même s'il ignorait comment – les jours recommenceraient à se ressembler, chacun plus monotone que le précédent et toute cette histoire deviendrait une anomalie.
Raphaël l'ignorait, mais cela serait pour le mieux.
Son immeuble n'avait pas grande allure malgré ses dix étages comme il ne se trouvait pas dans la ruelle la plus cotée du quartier sorcier non plus. C'était le seul endroit qu'il avait pu s'offrir à son arrivée et il refusait de déménager, même s'il aurait pu trouver mieux maintenant.
Il sortit ses clefs puis il prit une profonde inspiration, bien décidé à avoir le dernier mot.
- Merci pour cette soirée, Raphaël, dit-il en lui faisait face. Bonne nuit.
Il ignora son soupir au moins déçu, si ce n'était pas agacé. Une main se posa sur la sienne tandis qu'il enfonçait la clé dans la serrure, le stoppant dans son geste. Elle fut suivie par une deuxième au niveau de sa taille et un souffle chaud sur sa nuque.
Il allait devoir arrêter de faire ça.
- J'ai passé une excellente soirée, murmura-t-il à son oreille.
Ses lèvres se posèrent sur sa joue, s'attardant juste une seconde de trop, comme un peu plus tôt.
- Bonne nuit, Nigel.
Il recula puis un bruit sec annonça son transplanage.
Il semblait avoir emporté toute l'air de la rue avec lui. Il laissa son front heurter la porte devant lui et il ferma les yeux pour retrouver son calme. Il devait oublier cette nuit et enfermer tous les sentiments contradictoires que Raphaël savait attiser avec un talent certain.
Ce n'était pas une bonne idée.
Son poing s'écrasa avec force sur le panneau de bois. Quelque chose craqua et une langue de douleur remonta jusqu'à son épaule.
- Fuck !
Il lui fallut encore une éternité pour reprendre le contrôle sur sa respiration hachée et il attendit d'avoir rejoint son minuscule appartement pour laisser les larmes gagner.
…
Vous ne pensiez tout de même pas que ça allait être aussi facile, si ? (Oui, il est stupide, mais il a des excuses).
Comme d'habitude, je suis curieuse d'avoir votre avis sur :
- Nigel Sky et son équilibre mis à mal par Raphaël.
- Raphaël Delacour qui, vraiment, est très difficile à décourager.
- Ce petit rendez-vous romantique qui change la donne pour le meilleur (ou peut-être pour le pire).
- Paris version magique (je suis assez fière de mes idées xD)
Et bien entendu, si vous avez des théories concernant le(s) lien(s) entre ce Spin-Off et le reste de mon UA maison, je suis tout ouïe.
Je vais pas vous mentir, le moyen le plus efficace pour me motiver à poster le prochain chapitre est une review !
On se dit à la prochaine du côté de Black Sunset : Supernova.
Orlane.
Mis en ligne le 15/05/2021
