Bonjour aux courageux qui ont pris la peine de me lire! Voici le 2e chapitre, Table. Pourquoi Table? Parce qu'autour de la table, on organise des réunions pour faire le point, mais c'est autour qu'on partage des moments entre amis.
Yuko Kanoe appartient à Maybe, mais l'histoire ne sera en rien centrée sur elle.
Le chapitre précédent était assez trash, celui-ci est un peu plus "doux". Bonne lecture!
La Gazette du Seireitei sortit trois jours après la découverte du corps sans vie de Shinobi Kyôraku. Cependant, sur ordre du capitaine-commandant, peu de détails avaient été dévoilés. Et à présent, une foule de lecteurs se tenait devant la Neuvième Division, interpelant le pauvre Shūhei qui ne savait plus trop où donner de la tête avec ces gens qui pensaient lire un polar.
Tout en se remémorant les comptes-rendus du laboratoire de recherche criminelle, Kensei soupira. Puisque la victime appartenait à la famille Kyôraku, il était évident que cette dernière allait être interrogée. Depuis qu'il avait commencé à le faire, il avait la sensation d'étouffer et d'être affreusement mal à l'aise, comme si une couverture bourrée de plomb avait été jetée brutalement sur lui. Les aristocrates avaient horreur que quiconque se mêle de leurs affaires. Il aurait pu demander à Inoue ou Hisagi de s'en charger, mais il ne pouvait pas. Il demeurait un homme consciencieux et plus endurci que ses subordonnés aux roueries des nobles. Cependant, rien que pour faire chier cette chipie de Mashiro, il aurait pu lui refiler cette corvée… Hum nan, mauvaise idée, le coupable ne serait jamais démasqué.
Le capitaine salua brièvement ses troupes sur le terrain d'entraînement. Franchement, il n'y avait que les idiots et les âmes pures pour nier l'existence d'assassins ou de divergences chez les nobles. Les conflits pour les héritages ou les successions n'étaient pas rares, même au sein des quatre grandes familles. Chez les Kyôraku, personne ne semblait en vouloir à Shinobi pour le fait d'avoir été le chef de la branche cadette… mais il ne s'agissait là que d'apparences. De toute façon, si l'enquête n'aboutissait à rien, alors il demanderait à son capitaine-commandant d'assister à tous les interrogatoires afin d'exercer une grosse pression supplémentaire sur les membres de son clan. Il espérait tout de même ne pas en avoir à arriver là. Le pauvre Shinigami espéra, sûrement en vain, qu'il n'aurait pas à interroger les autres nobles du Seireitei.
Il fut le deuxième à arriver dans la salle de réunion il salua Kuchiki avant de se placer à côté de lui. Quelques instants plus tard, les capitaines Tetsuzaemon puis Kyôraku arrivèrent dans la salle de réunion. Shunsui n'était pas aussi strict et formel que Yamamoto, preuves en étaient la collation composée de thé au sakura et de daifuku ainsi que la table basse qui était entourée de coussins épais. Pourtant, l'absence d'alcool prouvait bien qu'en dépit de l'intention d'instaurer une atmosphère chaleureuse et accueillante pour la réunion, la situation était extrêmement sérieuse.
« Je vous en prie, prenez place, sourit le capitaine-commandant d'un geste amical de la main. »
Tous s'inclinèrent devant lui avant de s'asseoir.
« Comment vous portez-vous ? »
Pour le moment, tout allait bien pour les capitaines de la Sixième et de la Septième Division. C'était plus compliqué en ce qui concernait leur collègue de la Neuvième.
« Nous n'avons toujours pas de pistes tangibles, c'est pénible... »
Shunsui avait déjà pas mal discuté avec Kensei à l'époque où il n'avait pas encore été banni du Seireitei. Il était du genre pas très patient et s'agaçait vite, ce qui était assez handicapant dans une division d'investigation. Visiblement en cent ans, cet aspect n'avait pas bougé.
« Je sais pertinemment que c'est en principe la Sixième Division qui se charge des enquêtes au Seireitei. Cependant, je voudrais être certain qu'aucune famille de la noblesse ne soit impliquée dans le meurtre. Je préférerais éviter tout conflit d'intérêt avec les Kuchiki ou mon propre clan, c'est déjà suffisamment compliqué comme ça au Gotei 13. S'il s'avère qu'aucun noble n'est lié au meurtre alors Muguruma-san, je délèguerai l'enquête sur Shinobi Kyôraku à la Sixième Division, mais ta division sera toujours là pour servir de support. Tu lui transmettras toutes les données. »
Le brun finit sa pâtisserie tandis que Kensei hochait la tête en évitant de gémir d'un air désemparé. Depuis l'avant-veille, il interrogeait tous les membres de la famille Kyôraku, branches mineures comprises et franchement, se coltiner tous ces interrogatoires relevait du décathlon, surtout avec certains qui, contrairement à leur sympathique capitaine-commandant, étaient des individus arrogants. Il aurait laissé volontiers Kuchiki s'en charger.
« Où en est l'enquête d'ailleurs ?
-J'ai discuté avec mes collègues de la Douzième Division ce matin, commença le capitaine aux cheveux cendrés en relisant ses notes. L'assassin a utilisé de l'éther diéthylique pour endormir le personnel. Il a ensuite tué Kyôraku Shinobi avec une arme blanche. La lame semble ne pas en être à sa première utilisation, pas émoussée mais la fente sur le crâne présentait un tranchant pas tout à fait aiguisé, contrairement à une arme d'assassin. Le meurtrier a sûrement déjà tué ou combattu par le passé mais n'est pas un tueur professionnel. J'ajoute que le meurtrier devait lui vouloir à mort parce que les mutilations ont été commises avec une violence sadique…
-Ce n'est donc pas un assassin professionnel engagé par un noble pour se débarrasser d'un rival, coupa Iba.
-Je ne suis pas d'accord, il se peut qu'il ait utilisé une lame émoussée pour embrouiller les pistes, intervint son collègue de la Sixième Division. Après tout, pour le moment, nous n'avons trouvé aucun indice sur son identité.
-Justement, avant de me faire couper, j'allais ajouter qu'on avait trouvé de légères traces de pas. Lisez le rapport. »
Tous les Shinigamis présents dans la pièce consultèrent le dossier pour le moment peu épais. Certes, certains serviteurs avaient marché dessus sans s'en rendre compte, rendant la plupart d'entre elles inexploitables. Néanmoins, grâce à un travail minutieux, les enquêteurs avaient pu en relever quelques unes sur la scène du crime. La profondeur des pas et leur espacement suggéraient que le suspect était un homme de taille moyenne. Les premières analyses montraient que cet homme avait chaussé… des sandales en paille ?!
« Un Shinigami ?! s'étouffa le plus jeune des capitaines ici présents. Impossible ! Pourquoi l'un de nous s'en prendrait-il au cousin de notre Soutaicho ?
-Calmez-vous, tempéra le Soutaicho en question, beaucoup de gens à la Soul Society portent des sandales en paille, cela ne veut rien dire. Renonçons à exploiter cet indice pour le moment. »
Tous reprirent quelques gorgées de boisson.
« Vous n'avez aucune idée sur l'identité de l'assassin?
-A part ce que les traces de pas révèlent, pas encore, Kyôraku-soutaicho. Le corps a fini par se disperser. L'arme du crime n'a pas été laissée sur les lieux. Par ailleurs, le meurtrier a sûrement enfilé des gants. En revanche, il reste les cordes qui ligotaient la victime et ses habits. Le département de développement technologique est actuellement en train de les analyser afin de récupérer des indices sur l'identité de l'assassin. »
Le cousin de la victime souffla d'un air résigné.
« Essayons de procéder à ce que les humains appellent « brainstorming ». Avez-vous des hypothèses sur sa nature ? »
Iba ouvrit le bal.
« Une âme errante vous pensez ? »
Tous avaient en tête l'affaire Senna et le combat qu'il avait fallu mener dans la Vallée des cris contre les âmes bannies.
« Ce serait l'éventualité la plus difficile à gérer, répondit Shunsui. Cela supposerait que cette âme serait dotée de capacités terrifiantes d'autant plus qu'elle semblerait capable de ne laisser aucune trace.
-Imaginez que ce soit une âme échappée des Enfers ?
-Il faudra alors en avertir les gardiens… Les Enfers ne relèvent pas de notre juridiction cependant, donc on ne pourra pas juger l'assassin si c'est le cas. »
Byakuya ne dit rien, se contentant de prendre des notes pour le compte-rendu de la réunion avec son impeccable calligraphie.
« Un Hollow ?
-Il faudrait voir alors ce qui se passe au Hueco Mundo. Hallibel-san a promis la neutralité, mais il se peut que ce soit un Hollow solitaire.
-Un autre humain éveillé spirituellement ?
-La Dixième Division a fouillé de fond en comble l'ancien QG du Wandenreich, mais il n'y a plus personne. Quant aux Fullbringers, je chargerai la Treizième Division de surveiller la situation dans le monde réel. »
Les capitaines firent une petite pause, dégustant leur thé.
« Un Shinigami ?
-L'hypothèse a déjà été envisagée et elle serait la plus probable, soupira Kensei. »
Certes, les divisions n'étaient pas très unies en temps normal, voire pas du tout. Sauf que là, si la piste s'avérait effectivement mener droit vers un Shinigami, alors les interrogatoires ne feraient que renforcer les tensions déjà existantes. Tous se regardèrent d'un air inquiet. Aucun ne désirait de heurt entre Shinigamis.
« N'interrogeons pas tout de suite nos soldats, nous avons besoin de cohésion et de confiance en ce moment. De plus, rien ne dit que le meurtre a été commis et/ou prémédité par un Shinigami. D'autres suggestions ?
-Je n'écarterai pas la piste d'un assassinat commandité par un noble, déclara fermement le Vizard. Bien des affaires ont impliqué des assassins personnels ou encore des mercenaires. Or les contentieux à propos d'honneur, d'héritage et autres intérêts ne manquent pas. Je demanderai à inspecter les demeures des suspects ainsi que des endroits pouvant éventuellement abriter des hommes de main. »
Le capitaine-commandant ferma brièvement les yeux.
« D'autres idées ?
- Pour le moment non, répondit l'homme aux cheveux cendrés.
-Devons-nous quand même surveiller les endroits cités ? s'enquit Iba.
-Je pense qu'il serait bon de prendre des renseignements auprès de nos contacts et de leur demander de garder un œil pour nous. Le Hueco Mundo et le Monde Réel ne sont pas sur le même plan d'existence que la Soul Society et par conséquent sont beaucoup plus compliqués à gérer. »
Byakuya fronça légèrement les sourcils bien que son visage demeurât impassible.
« Vous vous dispersez, réduisons le nombre de pistes avant d'interroger qui que ce soit ou bien de décider d'éparpiller nos forces.
-Je comprends ton point de vue Kuchiki-san, concéda Shunsui. Cependant, je n'avais pas l'intention d'éparpiller nos forces comme tu le crains, mais plutôt de renforcer la surveillance à ces endroits-là. Nous devons parer au prochain méfait. Le principal problème pour le moment n'est pas tellement de savoir qui il est vraiment, mais quelles sont ses motivations. Ce pourrait être le début d'une longue série de meurtres chez les nobles.
-Je m'en suis occupé, Soutaicho : j'ai renforcé les patrouilles de surveillance du Seireitei et des gardes rapprochées des familles nobles avec mes propres soldats, le rassura le capitaine de la Septième Division. »
Il fallait dire que d'habitude, rares étaient les familles qui pouvaient se permettre de disposer de gardes du corps possédant la maîtrise de leur pression spirituelle. En effet, les âmes possédant cette capacité n'étaient pas si courantes que cela et la mission de maintenir l'équilibre entre les mondes en purifiant les Hollows et autres Plus et celle de défendre la Soul Society passait bien avant. Ce dispositif n'était que provisoire et pour le moment, rien n'indiquait que l'univers était menacé. Le temps de régler cette affaire et les Shinigamis assignés à la protection des Nobles seraient remobilisés au Gotei 13.
« De toute façon, reprit Iba, si le tueur a l'intention de commettre des meurtres en série, alors il est quasiment certain qu'il est resté terré quelque part dans le Seireitei : on n'y entre pas comme dans un moulin. Nous n'avons trouvé personne jusqu'à présent, cependant il ne pourra pas se cacher éternellement. Patience… nous finirons par l'avoir. »
Tous hochèrent la tête devant ces paroles pleines de bon sens. Shunsui croqua un bout de daifuku avant de poursuivre.
« Comment se porte ta sœur, Byakuya ?
-Pourquoi est-ce à moi que vous posez la question, Soutaicho ?
-N'ayant plus de supérieur hiérarchique direct, elle ne peut rapporter ses progrès à personne d'assez compétent dans sa division. Etant Taichou d'une des treize divisions et surtout son grand-frère, tu es le plus à même de constater ses progrès dans sa maîtrise du Bankai.
-Je sais pertinemment que le Gotei 13 a cruellement besoin d'officiers. Rukia se remet peu à peu de la mort d'Ukitake, elle s'entraîne durement. »
Traduction : c'était pas encore vraiment gagné. Shunsui espérait très fortement que l'ennemi ne lancerait pas d'assaut contre le Gotei 13. C'est à peine s'ils se remettaient de la guerre contre les Quincys. Certes, le nouveau capitaine-commandant avait été nommé à peine un mois après la fin des hostilités pour gérer le désordre et apporter un semblant d'espoir face à toutes ces bouleversements. Pourtant, ils avaient perdu bien des soldats et pas uniquement des haut-gradés l'Académie Shin'o, en dépit de l'augmentation du numerus clausus, n'arrivait pas à remplir ses places et enfin les candidats au poste de capitaine maîtrisaient encore moyennement leur Bankai.
« Et en ce qui concerne Shūhei ?
-Il n'est pas loin du Bankai, mais le souci est qu'il craint trop son propre pouvoir. Je ne le juge pas assez mature pour être promu capitaine. »
Il ressentait certes un sentiment similaire à cause de son Hollow intérieur lui aussi avait peur de se laisser emporter par cette noirceur et cette soif de pouvoir et de destruction. Pourtant, à son avis, son vice-capitaine avait un peu trop peur de son pouvoir, c'en était un peu extrême. Des décennies avec cet enfoiré de Tōsen et voilà un potentiel gâché !
« Y aurait-il autre chose que vous souhaiteriez aborder ? »
Il eut droit à des « Non, Soutaicho ». Alors il finit sa tasse de thé avant de se remettre debout et de remettre son chapeau.
« Merci de vous êtes présentés pour cette réunion. Si jamais vous avez du nouveau, faites-le moi savoir et je programmerai une nouvelle réunion. Sinon, la prochaine sera dans sept jours. Je vais donner les ordres aux divisions concernées. Bonne journée à tous. »
L'ombre en profita pour souffler un peu. Elle venait de mettre son adversaire coriace hors d'état de nuire momentanément. Jetant un bref coup d'œil à la silhouette qui gisait sur l'herbe, elle se dirigea à une vitesse surhumaine vers le mur où sa partenaire était emprisonnée.
« Attention ! »
En entendant l'exclamation, la silhouette sombre tourna vivement son regard vers son côté droit mais n'eut pas le temps de s'enfuir : un froid extrême la happa jusqu'à ses moindres recoins. Elle tenta de résister contre l'engourdissement qui gagnait trop rapidement chaque recoin de son corps, mais sans succès : elle fut annihilée sur-le-champ. La créatrice de l'attaque redoutable s'effondra peu après, à moitié inconsciente. La prisonnière en profita pour défaire les attaches de reiatsu qui s'étaient affaiblies considérablement et se rua vers elle.
« Félicitations Rukia-Taicho ! Vous pouvez tenir jusqu'à sept secondes maintenant, la complimenta-t-elle en l'aidant à s'asseoir. »
La jeune femme lui sourit. Ses entraînements avec l'adolescente lui rappelaient fortement l'époque heureuse où, encore jeune recrue à la Treizième Division, elle-même était formée par Kaien Shiba. Cela lui semblait si loin. Dire que désormais, c'était elle qui entraînait les nouveaux…
« Toi aussi… tu t'es bien débrouillée, Yuko-san, lui répondit-elle d'une voix encore essoufflée. »
Yuko Kanoe, cette jeune fille aux longs cheveux noirs arborant des reflets crépusculaires et aux yeux assortis, était une des rares âmes à ne pas avoir oublié son passé sur Terre. En témoignait d'ailleurs la façon dont elle avait arrangé son uniforme de Shinigami, qui rappelait fortement son uniforme de lycéenne. Elle portait autour de sa clavicule un foulard rouge formant un nœud marin au lieu d'être larges, ses manches étaient légèrement bouffantes ses tabis étaient non pas des chaussettes blanches, mais des collants noirs. Le fourreau qui pendait à sa ceinture était de même teinte que son nœud et le sabre qu'elle rengaina présentait une poignée de la même couleur que ses yeux.
« Par contre, tu as tendance à te relâcher bien trop vite, poursuivit l'autre brune en buvant le contenu de l'outre rapportée par Yuko. Même après un combat, tu te dois de demeurer aux aguets : des complices peuvent très bien venir au secours de leur camarade. »
L'intéressée hocha la tête. Certes, elle était parvenue à devenir officier assez rapidement. Néanmoins, elle savait qu'elle ne devait pas se laisser aller à l'orgueil.
« Je tâcherai de me montrer plus prudente à l'avenir. »
Tout à coup, un Shinigami courut vers elles, les prévenant de l'arrivée du vice-capitaine de la Sixième Division. Une minute plus tard, Renji venait en trottinant vers elles, un dossier sous le bras. Il fixa Rukia : ces derniers temps, tous deux avaient été très occupés et n'avaient pas vraiment eu le temps de se poser ensemble. A l'occasion, il lui proposerait un restaurant.
« Hey Rukia ! Je dois te faire part des avancées de l'enquête.
-Oh, salut Renji ! En quoi ma division serait-elle concernée ? »
La jeune femme en avait bien une idée, mais elle laissa son ami dérouler son rapport.
Ichigo était en train de travailler son cours. Cela faisait trois ans que la vie avait repris son calme. Certes, les Hollows qui déambulaient à Karakura faisaient toujours partie de son quotidien à présent qu'il avait retrouvé ses pouvoirs. Néanmoins, pas d'ami kidnappé ni d'énergumène qui s'intéressait de façon malsaine à lui.
Le jeune homme soupira. Après l'enlèvement d'Orihime, tous avaient accumulé terriblement de retard dans leurs cours et leur classement de fin d'année s'en était fait ressentir cela avait été un miracle qu'aucun d'eux ne redouble sa 1ère. Le scénario s'était répété lors de la guerre des mille ans, cela avait été un autre miracle que tout le monde dans le groupe ait pu intégrer la licence désirée. C'est pourquoi dès son entrée à l'université, le rouquin s'était promis de s'appliquer pour avoir les meilleures notes possible afin de décrocher le diplôme de son choix. Les cours étaient suffisamment difficiles comme ça pour ne pas qu'une autre affaire lui tombe encore dessus. Il se leva d'un air agacé. Il se déconcentrait, là ! Il avait besoin d'une bonne douche, ça lui remettrait les idées au clair !
Tout en essorant l'eau trempant ses cheveux, il revint un quart d'heure plus tard, déterminé à réussir également son second semestre.
« Ta chambre est toujours aussi chaleureuse. »
Son propriétaire sursauta en captant la présence de l'intruse. Puis il se rendit compte qu'il la connaissait. Très bien même.
« Rukia ?! Qu'est-ce que tu fais ici ? »
L'interpelée avait revêtu son Gigai qui était en ce moment-même allongé sur le ventre, tranquillement installé sur le lit, feuilletant un seinen posé sur la table de chevet.
« Bonjour Rukia, comment vas-tu Rukia ? le taquina-t-elle d'un air malicieux.
-Dit celle qui a débarqué dans ma chambre sans me prévenir et y prend ses aises.
-J'ai dormi là pendant des mois je te signale.
-Sans rien me demander.
-Mais tu ne m'en as jamais chassée, dit-elle avec un petit sourire en coin. »
Zut, il ne pouvait rien lui répliquer ! La jeune fille se leva et se mit face à lui. Ichigo vit alors que ses cheveux avaient poussé elle lui allait bien cette coupe.
« Nee-saaaaan ! Tu m'as manqué! Hurla la voix d'une sorte de fusée jaune. »
L'intéressée asséna un coup de poing et le problème fut réglé. Kon couina en se frottant le museau dommage qu'elle ait enfilé des collants épais parce qu'il avait une jolie vue sous sa jupe. Hélas, il n'en profita pas longtemps : une main calleuse l'agrippa par le cou.
« Aïe Ichigo !
-Je t'ai vu, pervers. »
Puis la peluche retrouva son tiroir, ses protestations ignorées.
« Qu'est-ce qui t'amène ici ? s'enquit-il en se tournant à nouveau vers elle. »
Il était heureux de revoir la jeune femme. Durant ces dernières années, il avait pris tellement l'habitude de l'avoir à ses côtés. Ils avaient vécu tant de choses ensemble en si peu de temps, il pouvait affirmer sans peine que Rukia était l'une des personnes dont il était le plus proche.
« Je vais t'en parler. Allons marcher un peu, veux-tu bien ?
-Très bien, mais je ne traîne pas, je dois réviser, demain je dois rendre un devoir très important. »
Deux minutes après, le rouquin et la brune parcouraient les rues du quartier pavillonnaire. A part quelques travaux suite à des dommages collatéraux provoqués par des Hollows, le paysage n'avait pas réellement changé depuis la première fois qu'elle avait été nommée à Karakura.
« Alors raconte-moi, que se passe-t-il là-bas ?
-Il y a trois jours, un membre de la famille de Kyôraku-Soutaicho a été assassiné dans sa chambre. A part que son meurtrier n'a pas utilisé de reiatsu ni de Kido et a pu rentrer facilement dans le domaine, nous n'avons pas trouvé plus d'indices. Nii-sama envisage que ce soit une âme errante de type masculine et de taille moyenne.
-Mais vous n'en avez aucune preuve, n'est-ce pas ? Pourquoi vous vous ruez à Karakura alors ?
-Par précaution, bien sûr. Il ne faudrait pas que d'autres meurtres surviennent. Et puis, la Treizième Division est déjà bien implantée à Karakura, donc il suffira juste d'exiger plus de vigilance.
-Le plus susceptible de te fournir des renseignements dans ce domaine, c'est pas moi. »
Depuis qu'Urahara et Yoruichi n'étaient plus, c'était Tessai qui tenait la boutique pour les Shinigamis de passage dans le monde réel. Ses deux amis lui manquaient affreusement et même la présence des autres employés ne parvenait pas à combler cette absence.
« Mais Tsukabishi-san ne sait rien non plus. »
Rukia laissa échapper un petit nuage de buée. Elle avait toujours trouvé marrant que les saisons coïncident entre la Terre et la Soul Society.
« Peut-être pas une âme errante alors. Dis-moi, toi ou les autres auriez-vous aperçu des humains éveillés spirituellement ? Qui pourrait en vouloir au Seireitei. »
Le jeune homme fronça les sourcils.
« Non, et toute façon je ne vois pas pourquoi cette personne en voudrait au Seireitei. Les Quincys, ça me semble réglé et quant aux Fullbringers, ils mènent leur vie, tranquille. Et les Hollows que j'ai purifiés récemment n'étaient pas assez puissants ni assez intelligents pour mener le genre de crime que tu décris. Les portes de l'Enfer apparaissent de temps en temps quand je purifie un Hollow mais sinon, pas d'autre manifestation. »
La brunette observa un prunier qui se dressait sur le trottoir. Ses feuilles dessinaient des tourbillons de feu sous le vent froid, quelle beauté évanescente et éphémère ! Elles flottaient gracieusement telles des messages ayant voyagé depuis l'au-delà.
« Si tu tombes sur un humain comme vous ou une âme errante, pourrais-tu m'en parler ?
-Pourquoi devrais-je me mêler des affaires du Gotei 13? »
Rukia détourna légèrement la tête. Depuis la fin de la guerre contre les Quincys, cela faisait la troisième fois seulement en trois ans que la vice-capitaine de la Treizième Division lui rendait visite. Pourtant, ce ne fut qu'à ce moment-là qu'elle réalisa à quel point le fossé entre eux s'était creusé. Aizen et Yhwach, les deux puissants ennemis qui avaient cherché à impliquer Ichigo, étaient désormais hors d'état de nuire. Mais la dernière guerre avait causé de terribles ravages dont la Soul Society se remettait encore elle et Renji, en tant qu'hauts gradés, étaient très occupés, parfois débordés à réparer les infrastructures et former les recrues engagées à la va-vite pour combler rapidement les pertes. Alors, les nakamas s'étaient séparés : elle-même était à deux doigts d'être promue capitaine tandis que lui avait repris une vie quasiment normale, était entré à l'université. Elle obéissait aux ordres du Gotei 13 en tant qu'officier tandis que lui n'était au départ qu'un simple lycéen. Il n'avait pas l'intention de se retrouver embarqué dans toutes ces histoires de complot. Il n'avait pas tort : il n'avait aucun compte à rendre aux Treize Divisions. Ce serait même plutôt l'inverse.
« Parce que nous ne savons rien sur cette personne on ignore ses intentions. Imagine qu'elle commette encore plus de meurtres.
-Le Gotei 13 saura très bien gérer.
-C'est faux Ichigo, tu le sais très bien. »
Cela embarrassait terriblement la Kuchiki d'admettre cette cinglante vérité. En tant qu'officier du Gotei 13, cela revenait à dire qu'elle avait failli et qu'elle ne pouvait tenir tête à de puissants adversaires, peu importait que le Gotei 13 comporte des centaines d'autres soldats.
« Nous ne savons rien de ses intentions. Si cette personne a des buts sombres pouvant nuire à l'équilibre des mondes, alors nous devons l'arrêter avant que cela ne soit trop tard. »
L'argument avait fait mouche, elle le voyait dans la façon dont ses yeux s'étaient légèrement agrandis. Et en effet, lui tenait à sa famille et ses amis plus que tout. Si l'ennemi s'en prenait directement à l'un d'eux, alors le rouquin interviendrait. Mais pas avant. Elle savait qu'il détestait qu'on lui force la main, c'est pourquoi pour le moment, elle ne lui demandait pas un service trop contraignant. Pourtant, la vice-capitaine de la Treizième Division n'avait pas fini elle utilisa alors un argument affectif :
« S'il te plaît Ichigo, fais-le en tant qu'ami. Pour Renji et moi. »
Les deux jeunes gens ne l'avoueraient jamais ouvertement, mais cette époque leur manquait. Cette époque où la complicité régnait entre eux, au point d'enfreindre les lois de la Soul Society pour aller sauver les amies. Cette époque où ils se soutenaient et se faisaient mutuellement confiance. Cette époque où ils se remontaient réciproquement le moral lorsque qu'il se trouvait au fond du gouffre.
« C'est bien parce que c'est toi et Renji. »
Un sourire doux illumina le visage de Rukia.
« Merci, Ichigo. »
Une façon détournée et brève de lui dire qu'elle était heureuse de sa confiance, de son amitié et qu'elle lui retournait tout cela.
Les deux jeunes gens rentrèrent... et pour la énième fois de la journée, Ichigo regretta d'avoir quitté sa paisible chambre d'étudiant pour passer le week-end de quatre jours dans le domicile familial.
« Rukiiiia-chan ! »
Blasée, la jeune femme glissa souplement sur le côté Ichigo lança un uppercut dans la joue du pignouf et le tour fut joué : il s'écrasa pitoyablement par terre.
« Bonjour Isshin-san.
-Les enfants sont si cruels Masakiiiii ! chiala le brun en embrassant le poster – eh oui, toujours là ! »
Une personne bien moins excitée que le père Kurosaki accueillit plus doucement la Shinigami qui sourit en la reconnaissant.
« Rukia-chan ! Ça faisait si longtemps ! s'exclama Yuzu en lui faisant un câlin.
-Comment vas-tu Yuzu ? s'enquit-elle en le lui retournant pudiquement. »
Les deux filles s'échangeaient de sincères amabilités lorsque la porte d'entrée s'ouvrit à nouveau.
« Ah, salut Rukia, lança tout simplement Karin en ignorant superbement son père à qui elle venait d'asséner un coup de pied. »
La jeune noble lui retourna son salut et sourit en constatant que personne, du moins au niveau du caractère, n'avait changé. Cependant, elle fut frappée de constater de ses propres yeux que les jumelles finissaient leur adolescence. Dire qu'elle les avait connues alors qu'elles y entraient tout juste.
« Je te prépare du hojicha ?
-Je ne veux pas te déranger Yuzu, répondit Rukia, un peu gênée. »
Certes, elle considérait les Kurosaki un peu comme sa famille. Pourtant, rien à faire, c'était son éducation de Kuchiki qui l'emportait.
« J'insiste, c'est préparé avec amour.
-Très bien alors, merci.
-Karin, tu n'as pas vu Rukia-chan depuis longtemps alors tu restes un peu avec nous, n'est-ce pas ? »
L'interpelée céda sous le regard inflexible de sa sœur alors que son frère entamait la montée des escaliers.
« Je peux pas rester, j'ai du boulot.
-Je reste en bas, je vais te laisser travailler. »
La jeune femme hésita quelques secondes, puis se décida :
« On pourrait passer la soirée ensemble une fois que tu auras fini de réviser ? Je n'ai pas vu les autres depuis longtemps. Et puis… ça me rappellerait le bon vieux temps. »
Un léger sourire fleurit sur le visage du rouquin. Il pouvait bien se permettre de se détendre un peu… et de profiter de la présence de son amie.
« On va au kaitenzushi ? »
« Kuchiki-san, Abarai-san, ça faisait si longtemps !
-Comment vas-tu, Kuchiki ? Et toi, Abarai ?
-Nous sommes contents de vous revoir tous les deux. »
Rukia avait appelé Renji qui avait été plus que ravi de s'échapper de son impitoyable capitaine et de la paperasse et surtout de pouvoir bien remplir la panse. En ce moment même, ils étaient attablés avec Ichigo, Orihime, Uryuu et Chad. Se retrouver à six leur rappelait tant de souvenirs, leur complicité.
« Pour l'instant, nous reconstruisons le Seireitei, nous formons le plus de recrues possible. Et vous ?
-Fac de médecine, répondit la détentrice des fleurs de Shun shun Rikka.
-Ecole de mode, indiqua le Quincy.
-Fac d'histoire, précisa le Shinigami remplaçant.
-J'ai monté mon propre groupe de musique, annonça le Fullbringer. »
Les yeux de Renji brillèrent comme ceux d'un enfant devant un nouveau jouet.
« Ouah ! Tu me feras écouter ta musique ? »
L'intéressé hocha la tête, ravi que quelqu'un s'intéresse à ses créations.
« Chad a déjà sorti deux albums, ils ne sont pas au hit-parade mais ses musiques sont si mélodieuses, tu as envie de te déhancher là-dessus, précisa Orihime.
-Kurosaki racontait quelque chose à propos du Seireitei, intervint Uryuu. Je ne vois pas en quoi nous devrions être impliqués.
-Rukia, tu pourrais me prendre l'assiette avec les wakamé ? »
La brune la tendit à Renji.
« Deux jours auparavant, un membre de la famille Kyôraku a été sauvagement assassiné, relata-t-il en servant de l'eau pour l'ensemble de la tablée. Nous ignorons son identité et même sa nature. En attendant, toutes les pistes sont envisagées, y compris celle qui impliquerait un humain éveillé spirituellement. Nous ne connaissons pas ses intentions, c'est pourquoi nous envisageons tout, y compris un potentiel danger pour l'équilibre de la Soul Society. »
D'après tous les anciens ryokas, aucune activité suspecte n'était à signaler, mais ils promirent tous d'apporter des renseignements au Gotei 13 si nécessaire.
« Ishida-kun, pourrais-tu m'attraper l'assiette avec les makis au thon s'il te plaît ? »
A la plus grande horreur de ses amis, l'excentrique jeune femme dégaina un pot de haricots rouges dont elle en tartina une noisette sur un maki avec un air excité de petite fille.
« Vous voulez essayer ? demanda-t-elle, les yeux brillants.
-C'est très gentil Inoue, mais on va essayer de finir nos plats, déclinèrent-ils tous en suant à grosses gouttes. »
Ils essayèrent de ne pas rire en voyant la tête dépitée de la rouquine.
La soirée se passa sous le signe des rires et autres anecdotes. Ce moment si convivial était vraiment la bienvenue dans la vie bien chargée des deux vice-capitaines. Ce moment si convivial et si reposant qui risquait bien d'être le dernier avant longtemps…
J'explique pourquoi Ichigo n'interviendra pas vraiment dans cette fic. Pour moi, c'est le gars qui a rien demandé qui se retrouve embarqué malgré lui dans des aventures. Donc tant que ça touche pas Karakura directement, il ne fera rien.
A plus!
