Deux mois c'était écoulé depuis la mission en Australie et elle se trouver là devant cette boite. Elle avait l'impression d'être hors de la scène comme si elle la regarder, mais de loin. Une main se glissa doucement dans la sienne, l'imprégnant d'une chaleur réconfortante.
Ses yeux ne cessaient de fixer le cercueil en face d'elle, c'était réel, elle était morte.
- Amy ? émit subtilement la voix de Louis.
Il l'avait rarement vu pleurer, il aurait cru que là elle pleurerait. Mais elle n'en fit rien. Elle lui semblait ailleurs. Il resserra plus fermement sa poigne sur la main de la jeune fille. Elle frissonna et tourna la tête vers lui.
- Je rentre, dit-elle sans émotion.
Elle avait l'impression d'être en autopilote. Elle ne se souvenait pas comment elle avait atterri sous sa douche, mais d'un coup alors que l'eau ruisselait sur son corps le poids de la réalité lui revenu aussi violemment qu'un coup de poing dans le ventre. Était-ce des larmes sur ses joues ou était-ce simplement l'eau de la douche ? Elle leva son visage droit vers le jet. Elle ne voulait pas savoir.
Lorsqu'elle sortit de sa salle de bain, Louis l'attendait sur son lit.
- J'ai failli m'endormir, tu attendais que l'eau te fasse fondre ?
- Casse-toi, lui répondit-elle fatiguer.
- Non.
Ils toisaient mutuellement personne ne voulait baisser les yeux en premier. Il s'approcha d'elle.
- Quoi qu'il se passe dans ta tête, tu n'es pas seule Amy.
- Oui ça j'en ai bien l'impression, fit-elle sarcastique.
Il sourit, il aurait pu en faire tomber plus d'une avec ses petites fossettes.
- C'est clair que tu n'es pas prête de te débarrasser de moi.
Il lui caressa la joue du bout des doigts.
- De quoi as-tu envie ? susurre-t-il
Elle lui saisit sa main au vol pour stopper son geste, puis elle le fit basculer sur le lit pour finir par s'assoir sur lui.
- Fais-moi oublier, dit-elle en l'embrassant.
Il sourit contre ses lèvres et l'emprisonna dans ses bras tout en reprenant le contrôle la situation.
Ce qu'il ressentait l'un l'autre n'était pas vraiment de l'amour comme on pourrait l'imaginer. Non c'était une totale confiance mutuelle, une assurance que l'un comme l'autre se comprenait parfaitement et que plus personne d'autre ne pourrait être à même à le faire. Ils avaient l'impression d'être les derniers de leurs espèces la seule famille qu'ils leur restaient. Alors le rapprochant était, disons, naturel. Ils ne se posaient pas de question. Devant personne d'autre, ils ne pourraient paraître aussi désarmés, retirer leur armure et leur masque.
Parfois Amelia s'imaginer ce qu'il en serait aujourd'hui si les autres membres de leur équipe étaient encore en vie. Mais aucune réponse ne semblait juste. D'autre fois elle essayait d'imaginer sa vie si on ne l'avait pas recruté et dans cette vision elle n'arrivait jamais à se reconnaître totalement. Alors elle fermait les yeux, laissait ses spéculations de côté et se reconcentrait.
Elle se réveilla suffoquant légèrement contre le torse musclé et un peu trop imposant de Louis. Elle s'écarta et se leva en prenant soin de ne pas réveiller le jeune présent dans son lit. Elle enfila son peignoir en satin noir et descendit à la cuisine.
- Mademoiselle ? On aurait pu vous monter le petit déjeuner ! s'indigna le majordome.
- Monter un plateau pour mon invité, je prendrais juste des œufs brouillés.
- Bien mademoiselle, répondit le majordome en soupirant.
Il n'eut pas à faire passer le mot au cuisinier, car ce dernier n'avait rien loupé à l'échange. Le majordome Albert servait la famille de Villiers depuis trois générations. Il n'avait jamais l'air fatigué, mais il fallait l'avoué la dernière maitresse de maison lui donner du fils à retordre. Elle rentrait à pas d'heure pleine de boue, débarquait dans les lieux du personnel dès que ça lui chante et encore d'autre bizarrerie.
Amélia marchait sans but dans les couloirs son assiette à la main picorant de temps à autre ses œufs. Lorsqu'elle passa près des anciens appartements de sa mère. Elle repensa alors à la lettre qui lui était destinée dans le tiroir du bureau. La jeune femme pénétra dans la pièce posant son déjeuner sur une commode et s'approcha du bureau. Elle s'empara de la petite clé en argent qui pendait à son cou et déverrouilla le premier tiroir. Quelle ne fut pas sa surprise en y découvrant deux enveloppes !
- Tss
Sur l'une des enveloppes était inscrit son prénom et sur l'autre il y avait marqué « For Tony ». Elle haussa un sourcil, Tony, qui était-ce ? Elle ne se souvenait pas d'une connaissance que sa mère ait pu avoir de ce nom. Elle saisit sa lettre, et entrepris de la lire. La réponse serait certainement dedans.
« Ma petite fille chérie,
Je sais que je n'ai pas toujours était présente pour toi. Je sais que tu es très prise par ton travail pour ton école où je ne sais plus trop quoi. Mais je veux vraiment que tu te souviennes que je t'aime, que tu as toujours était aimée et que même après mon départ je ne cesserai jamais de t'aimer.
Il y a quelque chose que j'aimerais que tu fasses pour moi. Tu as dû remarquer la deuxième lettre, elle est pour ton père. Je n'ai jamais osé lui envoyer, car j'avais peur qu'il t'enlève à moi. Maintenant, il est sûr que si tu lis ces lignes, il est le seul parent qu'il te reste. Peux-tu lui remettre cette lettre et peut-être lui donner une chance de rentrer dans ta vie.
Il s'appelle Tony Stark, je pense que tu n'auras pas trop de mal à le trouver.
Ma chérie un de mes plus grands regrets est de t'avoir privé d'un père. Je sais qu'on n'en a jamais vraiment parlé, mais j'espère que tu me le pardonneras un jour.
Aie une belle vie, c'est ce que je souhaite le plus.
Ta maman qui t'aime »
Un père ? Elle n'en avait pas besoin, et encore moins un guignol qui se balade en armure. Amelia rangea soigneusement le papier et retourna vers sa chambre.
- Tu étais partie où ? demanda Louis quand il la vit revenir.
Elle lui raconta tout, elle n'avait pas à lui cacher quoi que ce soit.
- Tu vas lui donner ?
- Je ne sais pas, j'aimerais respecter la volonté de ma mère. Mais bon tu imagines le tableau : « Salut je suis ta fille, j'ai une lettre pour le prouver, ah et j'ai commis mon premier meurtre à 7 ans ! ». Je t'avoue là tout de suite, je n'ai pas très envie.
- Il en ferait un infarctus le pauvre, se moqua le jeune homme.
Le lendemain, ils furent appelés à la base. Il y avait une nouvelle mission.
- Donc vous récupérait ce colis en Norvège et vous garantissait sa sécurité jusqu'à son arrivée dans notre camp en Amazonie. Vous trouverez tous les détails dans le dossier que je vous ai distribué, des questions ?
- On part quand ?
- Dans une heure !
Cette mission semblait simple, c'était pile ce qu'il lui fallait pour reprendre le boulot en douceur. Une heure plus tard les deux agents anglais embarqués à bord d'un avion en classe éco. Il n'était pas assis à côté et ne se regarder pas. Le mot d'ordre était la discrétion, si l'un était compromis l'autre devait impérativement finir le travail. Le vol durait environ deux heures et Amelia faisait passer le temps en mangeant des pistaches. Elle les décortiquait, puis s'amuser à les lancer pour les rattraper avec la bouche, la patience n'était pas son fort.
Une fois au sol, ils prirent le pick-up qui avait été laissé à leur disposition et se mirent en route en suivant les coordonnées qu'on leur avait indiquées.
Enfin sur place, il découvrir une sorte de bunker qui semblait être abandonné de l'extérieur. À l'intérieur se trouvaient un laboratoire ainsi que deux scientifiques attachés les mains dans le dos. Des soldats alliés les tenaient en joue. Amélia fronça les sourcils, dans le dossier il était écrit que l'infrastructure était de la maison. Il n'y avait rien sur le labo ou quelque prisonnier que ce soit. Elle n'aimait pas ça, l'agence leurs cacher des informations sur leur propre mission, ça n'annonçait rien de bon.
Un agent leur tendit un coffre en métal pas plus gros qu'une boite à chaussure. Louis s'empara du colis et lança un regard lourd de sens à sa partenaire, lui aussi était surpris du dérouler des évènements. Ils s'apprêtaient à partir lorsque celui qui commandait la troupe de soldats ordonna l'exécution des scientifiques. Amelia serra les dents, bien sûr elle avait déjà dû tuer dans le passé mais elle essayait toujours de faire le moins de victimes possible. À la surprise générale, un grincement de porte retentit, les soldats levèrent leurs armes automatiquement, puis sans que personne ne comprenne ce qui se passait, une fillette d'à peine huit ans surgit en courant devant le couple de scientifiques.
- Pitié, pitié, laissez mes parents, hurla-t-elle.
La plupart des agents présents avaient baissé leurs armes, mais l'un d'eux visé toujours la gamine. Amélia ne réfléchit pas plus d'une seconde et se posta sur la trajectoire du pistolet.
- Tu ne vas pas tuer une enfant ! dit-elle d'un ton autoritaire.
- On a des ordres ! répliqua ce dernier.
- Oh et si je t'ordonne d'aboyer tu le fais ?
Le soldat jura sans pour autant arrêter de les menacer de son arme.
- Qu'ont-ils fait pour qu'on les élimine ? Demanda la jeune femme.
- Madame, je regrette mais vous n'êtes pas habilité pour le savoir, répondit l'officier supérieur.
- Appeler le QG, je ne vous laisserais pas toucher à un cheveu de cette gosse et si on peut éviter de la rendre orpheline ce serait mieux !
Le sergent ne chercha pas à délibérer, il n'aimait pas perdre de temps. Il contacta donc la base afin de régler ce contre temps au plus vite. Il fut alors décidé que le couple serait comme convenu au départ, liquider et que leur fille sera, elle, confié à l'agence puis placé en orphelinat. Amélia ne pouvait rien faire de plus pour elle malheureusement.
Nos deux espions purent alors continuer leur mission. Cette fois aucune prise de risque, ils feraient le voyage jusqu'en Amazonie dans un jet qui avait été apprêté spécialement pour eux.
- Pourquoi nous ? demanda Louis
- Quoi ? lui répondit Amélia qui avait repris son manège avec les pistaches.
- Je veux dire, une mission comme ça, t'envoie pas un soldat pas un agent.
- Ils ne veulent pas que ça se sache, c'est pour ça qu'ils voulaient éliminer les témoins, rétorqua la jeune femme.
- Oui c'est logique, n'empêche je ne sais pas pourquoi mais depuis qu'on est parti de Londres je ne le sens pas.
- Je te le dis à chaque fois de moins manger avant de prendre l'avion !
- C'est ça moque toi, riposta-t-il en lui lançant la première chose qui lui tomba sous sa main; un gobelet en plastique vide
- Arrête de faire l'idiot et concentre-toi plutôt sur le pilotage, je trouve que l'avion penche légèrement à gauche.
- Nianianianiaa, répliqua le brun avec une voix criarde.
- Très mature, maugréa-t-elle en lançant une nouvelle pistache.
Le voyage fut long, ils se relayaient tour à tour pour piloter l'avion. Ils n'avaient pas le droit de se poser faire une escale. Après huit longues heures, ils arrivèrent enfin à destination.
Ils venaient de quitter un pays avec des températures froide ou modérée pour un pays où la chaleur faisait en suffoquer plus d'un. Amélia avait attaché ses longs cheveux en queue de cheval haute, il lui arrivait toujours dans le milieu du dos. Elle pensa qu'elle devrait peut-être les couper, mais le souvenir de sa mère aimant la coiffer lui revient brusquement en mémoire. Elle secoua la tête, elle ne devait pas y penser.
Ils furent accueillis par une troupe de soldats qui les escortèrent à l'intérieur du complexe. Étrangement l'ambiance était tendue, Louis était raide comme un piqué. Il était sur ses gardes, une sensation de malaise ne le quittait pas depuis l'atterrissage. Sa partenaire portait le colis et avançait d'un pas calme, l'atmosphère ne lui avait pas échappé non plus. Parmi les nombreux pas, le jeune homme entendit le clic singulier d'un crochet de sécurité, d'une arme, qui venait d'être retiré. En un battement de cils, Louis avait plongé sur sa partenaire, fit une roulade au sol et tira sur les hommes postés autour d'eux qui avaient également ouvert le feu.
Amelia avait également sorti son arme, mais au lieu de tirer, elle se releva et abattit la crosse de l'arme sur le crâne du soldat le plus proche. Dans son élan elle enroula ses jambes autour du cou du suivant pour l'emmener au sol. Puis elle désarma deux autres dans la foulée. Son cerveau marchait à cent à l'heure. Pourquoi Louis se contentait-il de tirer ? Était-il blessé ?
Le jeune avait lui abattue le reste de la troupe, avant que d'autre ne puisse rappliquer, Amelia le saisit par l'épaule et le traina à couvert.
- Où ? questionna-t-elle.
- La cuisse, répondit son coéquipier.
Elle jeta un coup d'œil rapide, en effet ça pissait le sang.
- Il te faut un garrot !
- Il faut d'abord qu'on se tire de là !
- Se tirer n'arrangera rien si tu te vides de ton sang en chemin.
De toute façon, elle ne lui laissa pas le choix et retira sa ceinture pour la serrait autour de sa cuisse.
- Allez maintenant, on dégage ! ordonna la jeune femme.
Ils coururent vers la jungle, arme à la main en tirant pour tout ce qui bouge. Sur le chemin, ils « empruntèrent » une jeep. Les autres soldats étaient sur leur talon. Ils ne les lâchaient pas, alors Amy eut une idée. Elle lança un regard en biais au brun, puis fit un signe pour lui montrer le jerrican d'essence à l'arrière de leur véhicule, il hocha la tête. La jeune femme vira dangereusement à gauche pour éviter un arbre, elle slalomé dans la faune en espérant ne pas se faire ralentir. Louis enleva son t-shirt et le déchira en lanière pour faire une mèche. Il en plongea une partie dans le bidon puis le plaça à l'avant sur le siège passager. Amélia le saisit et coinça la pédale d'accélération avec puis sortie de la cabine, et son partenaire alluma la mèche avec son briqué. Ils sautèrent ensuite de la jeep sans demander leur reste, elle explosa deux mètres plus loin dans un arbre. Les deux agents restèrent au ras du sol, laissant croire à leur poursuivant qu'ils étaient morts dans l'explosion. Ils rampèrent silencieusement, la douleur faisait grimacer le jeune homme. Il se retenait de crier sous les mouvements répétés de sa jambe blessée contre le sol.
Une fois sûrs qu'ils étaient à l'abri et plus suivit, ils prirent une pause.
- Tu tiens le coup ? Demanda Amy.
- Ça peut aller.
- Bon.
Elle examina la plaie de plus près.
- C'est moche, la balle n'est pas ressortie.
- Avec tout ça elle a dû se balader pas mal.
- Je ne pourrais pas te l'extraire ici, on devrait retourner à l'avion.
- Tu parles de l'avion qui n'est peut-être même plus dans une base hostile.
- Lui-même oui.
Elle resserra le garrot et espéra que ça ne s'infecte pas. Avec l'humidité et la chaleur ambiante, c'était le milieu propice à la prolifération des microbes. Avec une blessure pareille, le risque de septicémies était gros. La jeune femme essuya la sueur de son front, il faut qu'ils quittent cet endroit. Cependant revenir dans le camp maintenant serait du suicide, le mieux était d'attendre là nuit.
Ce fut de très longues heures pour les agents tapis dans la jungle. Lorsque le moment fut enfin venu, Amelia partie en direction de la base. Ils ne pouvaient pas y aller ensemble, car Louis aurait été un boulet. Elle devait être rapide et silencieuse. Leurs ennemies ne la repérèrent finalement que lorsqu'elle démarra l'engin. Elle fut d'ailleurs soulagée de voir l'appareil pile là où ils l'avaient laissé. La jeune femme démarra plein gaz et se fit canarder presque immédiatement. Au lieu de se diriger vers la piste de décollage, elle fonça dans la forêt. Amelia enclencha le pilotage automatique et alla lancer une corde. Son coéquipier la rattrapera au vol est y grimpa pendant qu'elle reprenait le contrôle de l'appareil afin de décoller.
- T'aurais pu me filler un coup de main, fit Louis essoufflé en pénétrant enfin dans l'avion.
- Tu t'es bien débrouillé tout seul je trouve, le taquina-t-elle.
- Très drôle, marmonna-t-il.
Elle fit rapidement le calcul avec le réservoir qu'ils avaient et la distance qui leur rester à parcourir pour avoir la vitesse maximale dont elle pouvait disposer pour arriver le plus rapidement possible. Pour Louis maintenant chaque minute comptait.
