Chapitre 3 :

Mal-entendu


Obi-Wan peinait à marcher lorsque les Clones étaient venus le chercher pour le conduire à nouveau face à Sidious. Vix l'avait forcé à se lever et à manger le porridge sans saveur, qu'il avait vomi par la suite. Mais le petit droide n'était pas un medroide donc n'avait aucune idée de l'état de santé du prisonnier.

Le Jedi était donc parvenu à surmonter ses maux et à obéir aux ordres des clones, qui était de se lever et de marcher. Il était si fatigué et si douloureux qu'il a trébuché dans l'allée. Un clone l'avait donc frappé durement dans les côtes, si bien qu'il en ressentait encore quand il était arrivé devant le trône de Palpatine. Il était certain qu'il y aurait un hématome en plus. De plus, le clone l'avait tiré violemment par le bras, à tel point que son membre était encore engourdi.

Il n'avait pas souvenir que ses soldats étaient aussi forts physiquement, bien qu'il savait au fond que c'était son physique et sa perte musculaire qui l'affaiblissait.

Darth Sidious n'était pas dans son fauteuil, il était derrière, devant la baie vitrée surplombant Coruscant, illuminé par ce soleil, à l'image d'un Dieu qui était face à une terre conquise. Cela dégoutait Obi-Wan qui n'osait regarder ce Sith, dont la grandeur était désormais louée par tous.

Comme à son habitude, il se mit à genoux, soupirant intérieurement de soulagement, permettant discrètement de reposer ses jambes et ses épaules, dont il ressentait une certaine lourdeur. Un vertige incessant l'avait accompagné depuis qu'il avait quitté sa cellule et il n'avait pas envie de perdre l'équilibre devant son pire ennemi.

Après quelques longues secondes de silence, le Sith sortit de sa rêverie et retourna auprès de son trône, esquissant un sourire satisfait devant la vision du Jedi soumis.

« Ben, je suis ravi de te voir encore aujourd'hui. »

Obi-Wan se mordit les lèvres, ne sachant si c'était du sarcasme ou bien une forte probabilité de vérité, il préféra ne pas répondre et laissa continuer l'Empereur. Il craignait que sa voix ne soit pas assez forte pour qu'il paraisse dans un état normal. Il ne voulait pas prendre le risque que Sidious découvre qu'il était faible et malade.

Il était tellement concentré sur lui-même qu'il vit au dernier moment, le Sith s'approchait de lui. Il était debout, s'imposant devant lui, le regard amusé et pétillant d'excitation. Sidious leva soudainement la main et Obi-Wan ferma les yeux, certain que ce dernier irait le frapper ou le gifler pour une quelconque raison, mais au lieu de cela, on lui toucha les cheveux doucement, puis des doigts glissèrent sur sa joue, jusqu'à sous son menton qui fut relever vers le haut.

Le visage du Sith avait totalement disparu, l'expression moqueur et fier laissa place à une confusion, mêlée à une incompréhension et un étonnement.

« Qui t'a frappé ? »

Obi-Wan tressaillit en entendant ce ton si froide presque menaçante du Sith. Il cligna des yeux, incapable de répondre, ouvrant la bouche, seul son souffle s'échappait de ses lèvres.

« Qui t'a frappé ? répéta le Sith.

- Je…Personne, Excellence, je suis tombé, fit Obi-Wan en pensant qu'il avait probablement un petit hématome sur la joue droite que fixait Sidious.

Mais la réponse ne semblait pas apaiser le Sith, dont la rage commençait à effrayer Obi-Wan.

- Lève-toi et déshabille toi.

- Pardon ?

- Je t'ai dit de te déshabiller, je dois vérifier.

- Non…attendez, je vous assure que… » protesta Obi-Wan, mais l'Empereur lui jeta un regard qui lui rappelait alors le chantage qu'il lui avait fait s'il n'obéissait pas. Il n'avait pas le choix, il devait lui obéir, sinon d'autres subiraient un triste sort.

Il se leva et défit alors sa tunique du haut priant pour que Sidious ne l'oblige pas enlever le bas. D'une main tremblante, il retira son unique vêtement du haut et attendit, serrant fermement son haut contre sa poitrine, cherchant à fixer tout sauf le Sith.

Sans sa tunique, il avait déjà froid, il était glacé en fait. Il aurait bien aimé qu'on lui offre une simple couverture, mais étant un prisonnier et un ex-Jedi, il savait qu'aucune de ses demandes n'auraient été accepté, alors il a souffert en silence. Ses dents claquaient et il se contenait vainement priant la Force pour que personne n'entende. Sentir l'air frôlait sa peau nue était pire qu'il l'aurait pensé, il espérait que cela se termine le plus rapidement.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? murmura Sidious en lui attrapant le bras le tirant vers l'avant.

Obi-Wan posa ses yeux sur son membre, une marque rougeoyante de main sur son bras avait commencé à se former.

- Et ça ? continua le Sith en levant son bras en l'air dévoilant alors un début d'hématome sur ses côtes.

Le Jedi eut alors un sursaut de panique. Pourquoi Sidious s'énervait-il soudainement ? La seul logique valable était que le Sith pense qu'Obi-Wan avait désobéi ou avait tenté de s'échapper pour obtenir ce type de lésions. Cela le fit frémir, surtout lorsqu'il croisa les yeux dorés fusillant de l'Empereur.

« Tu m'as menti, Ben, grinça-t-il.

- Non…je…je suis tombé, Excellence, bredouilla Obi-Wan grelottant, je vous assure, c'était un accident, je n'ai pas…

- Qui ? » persifla le Sith en lui attrapant le poignet violemment.

Obi-Wan ne comprenait pas. Qui ? Qui avait-il tenté d'attaquer ? Qui avait-il tenté d'abattre ? Qui étaient ses complices ? C'est cela ? Il était trop épuisé, trop brumeux pour chercher une explication à ce soudaine interrogatoire.

« Je…n'ai rien fait, je vous en conjure, répondit-il d'une voix presque désespérée craignant pour la vie d'innocence.

- Ben, tu ne réponds à ma question, murmura Sidious agacé.

- Je vous assure, se défendit-il, j'ai trébuché et… »

Il haletait, sa fatigue le rattrapait à chaque mot qu'il prononçait, il n'arrivait plus à réfléchir correctement, la seule chose qui lui importait c'est que personne n'allait mourir par sa faute. Il fallait qu'il persuade l'Empereur qu'il n'avait rien fait, qu'il avait obéi comme il lui avait demandé. Personne ne devait mourir.

« Je vous en prie, je…ne tuez personne, je vous en supplie, fit-il en se mettant à genoux au bord du désespoir, je suis juste tombé…et…on m'a frappé…c'est tout, je n'ai pas voulu m'enfuir, je ne me suis pas battu, je vous en conjure… »

Il toussa, sa voix se perdit. Il avait utilisé toute son énergie pour dire ces mots qu'il espérait que Sidious comprendrait. Il ne remarqua même pas ses larmes qui s'échappaient de ses yeux.

La main de Sidious lui attrapa à nouveau son menton, l'obligeant à le regarder dans les yeux. Mais Obi-Wan voyait de moins en moins net, à cause de ses larmes mais aussi de son esprit qui s'approchait dangereusement de l'inconscience. Il avait de plus en plus de mal à rester éveillé, il était certain qu'il allait s'évanouir.

Les doigts du Sith frottèrent ses joues humides, effaçant ses larmes ne réalisant alors que maintenant qu'il pleurait.

« Je vous en prie, pria-t-il ne sachant quoi dire pour sauver des vies, ne…leur faites rien…Je ferai…que vous voudrez.

- Oh, cher Ben, je ne tuerai personne. Sauf…ceux qui ont osé levé la main sur toi. »

Quoi ?

Mais Obi-Wan ne put à peine assimiler ses paroles, que ses paupières s'alourdirent. Il tomba en avant, sa conscience le relâchant. Ce fut le noir complet.

.


Il était si pâle quand il a posé ses yeux sur lui. Cela l'avait interloqué de voir le grand Jedi Obi-Wan dans un état aussi affligeant. Il avait effleuré le visage de l'esclave tendrement, appréciant la douceur de la peau mais surpris qu'elle soit aussi brûlante. Puis…il vit une légère marque rouge sur le coté de la joue droite.

Darth Sidious n'avait jamais apprécié que ses jolies jouets soit aussi maltraités. La colère et la rage s'emparèrent de son cœur. Qui avait donc osé touché à son esclave ? Qui s'était permis de porter la main sur son Ben ?

Oui, son Ben. C'est ainsi qu'il définissait la créature devant lui. Il était à lui, il pouvait faire ce qu'il voulait et lui seul pouvait se permettre de rendre sa peau bleutée, rouge ou violacée. Qui l'avait donc frappé ? Il avait dit cela à haute voix et son esclave adorable prétendit que personne ne l'avait frappé, qu'il avait chuté malencontreusement. Mais Sidious ne le croyait, il avait besoin de voir de ses propres yeux. Il lui ordonna sans aucune gêne de se déshabiller.

Ben hésitait. Une atteinte à sa pudeur, sans aucun doute. Cependant, la peur dans les yeux de son esclave était plus forte que sa dignité et il finit par obéir sans protester.

Sidious aurait pu trouver ce moment très excitant voire très prometteur pour la suite, si ce n'était la marque d'une main qui s'était figée dans la chair du bras droit, qui l'empêcha de profiter de cet instant précieux. Son aura devint sombre et il appela le coté obscur pour nourrir sa brutale haine et sa fureur. On avait touché à son jouet, à son esclave, à sa précieux créature, à son Ben. L'hématome sur les côtes n'arrangeait encore moins la situation.

Ben lui avait assuré que personne ne l'avait frappé. Ce qui était faux.

« Tu m'as menti. »

L'affolement se lit dans les traits tirés de son tendre esclave. Il parvint à peine à prononcer ces quelques mots pour se défendre, pour rattraper son erreur, mais plus il parlait, moins Sidious ne comprenait ce qu'il voulait dire. Pourquoi avait-il soudainement peur ? Pourquoi cachait-il les responsables de ses coups ? Ne devait-il pas au contraire dévoiler les coupables de cet affront ? Cet ancien Jedi était-il à ce point stupide au point de cacher ses propres bourreaux ?

Plus il observait l'homme, plus il se rendit compte qu'il n'était pas son état normal. A première vue, il aurait pu croire que son prisonnier était ivre ou bien drogué, mais aucune substance de la sorte aurait pu l'atteindre dans sa cellule. Alors qu'est-ce que c'était ?

Ben tomba littéralement à genoux, s'effondrant à ses pieds comme une poupée de chiffon. Cela surprit Sidious.

Puis, des supplications. Une main tremblante qui avait empoigné le pan de la robe impériale. Des yeux vitreux en larmes qui l'implorait. Des joues rouges et humides qui rendait l'homme à terre merveilleusement beau.

Son Esclave Jedi qui le suppliait. C'était la plus belle chose qu'il ait jamais vu depuis qu'il était né. Si beau et si innocent. Si soumis et si magnifique. Le conjurant d'épargner des vies comme si cela était l'unique chose qui permettait à son esclave de se maintenir conscient et vivant. Sidious en était presque jaloux de ces êtres inconnus que Ben cherchait vainement à protéger.

C'est alors qu'il réalisa que l'ancien Jedi était persuadé qu'il l'avait contrarié et qu'il exécuterai sa menace. Il aurait pu en rire devant ce quiproquo, mais il n'en fit rien. Au lieu de cela, il caressa les joues en larmes de l'esclave et lui assura tout doucement :

« Oh, cher Ben, je ne tuerai personne…Sauf ceux qui ont osé levé la main sur toi. »

Sa belle créature cligna des yeux, ses traits affichant une confusion visible. Puis la rougeur disparut, laissant place à une pâleur plus accentuée, qui alerta alors le Sith. Rapidement, il lança la Force à travers le corps de Ben et découvrit alors les maux qu'il combattait depuis quelques temps déjà. Avant même qu'il finisse son diagnostic, son prisonnier perdit conscience, se penchant dangereusement en avant.

Machinalement, Sidious le rattrapa et le corps brûlant de l'homme le déconcerta. Il n'avait jamais connu la maladie en tant que Sith et c'était bien la première fois qu'il voyait un Jedi à l'agonie. Ben haletait, cherchant à respirer, sa poitrine se soulevait au gré de sa respiration rapide et saccadée.

C'est alors que les gardes rouges vinrent à lui, prêt à lui tirer son esclave loin de lui, craignant tous qu'il avait été attaqué. Mais Sidious fut plus vif.

« Arrière ! tonna-t-il avec autorité figeant les armures rouges.

- Votre Excellence, il ne doit pas…

- Depuis quand vous contrez mes ordres.

- Mes excuses, my Lord » se rattrapa le soldat.

Délicatement, Sidious porta son esclave contre lui…comme une mariée. Il fut lui-même étonné de son geste mais il n'aurait pas supporté qu'un de ses gardes lui retire sa belle créature. Personne ne devait toucher son esclave de cette manière. Cela lui appartenait.

Il se dirigea alors vers le mur à la droite du trône, qui dévoila une porte dérobée activée par sa Force Obscure.

« Mon Seigneur…

- Je vais dans mes appartements privés, coupa-t-il uniquement, tuez les Clones qui attendent le prisonnier à l'extérieur.

- Bien, monsieur. »