La façade de l'académie ne faisait pas plus de trois étages de hauteur. On y comptait quatre tours : deux massives et à peine plus haute d'un étage que le reste de la façade et deux autres, plus fines, mais deux fois plus hautes, qui encadraient l'entrée principale. Cette dernière d'ailleurs donnait l'impression d'être obstruée par deux gigantesques baguettes croisées reposant, de part et d'autre, sur l'une des fines tours jumelles.
L'ensemble enfin était ceint d'un large parterre de fleur qui ondulait tout autour du bâtiment comme des dunes arc-en-ciel. Les murs quant à eux, à l'exception des tours, étaient couverts de lanternes magiques projetant des ombres colorées et dansantes autour d'un nombre incalculable de fenêtres qui ne semblaient correspondre à aucun étage. Le tout, en contre-jour dans le soleil couchant, offrait un spectacle merveilleux qui ne manqua pas d'impressionner la plus grande partie des nouveaux arrivants. On eut dit la couronne d'un arc-en-ciel.
Le château dans son ensemble était d'une taille imposante et pourtant relativement modeste au regard de tous les élèves qui devaient y manger, dormir et étudier. De l'extérieur, il semblait même clair que le bâtiment était trop petit pour remplir ses fonctions. Et pourtant, il n'en était rien.
En effet, le bâtiment tout entier avait été soumis à de multiples sortilèges d'extension de sorte que l'intérieur était peut-être trois à quatre fois plus grand que ne le laissait deviner l'extérieur. Personne ne savait vraiment à ce sujet. Une légende circulait même racontant que les sortilèges accumulés d'extension avaient échappé au contrôle des sorciers qui les avaient jetés et que depuis, l'intérieur du bâtiment ne cessait de s'agrandir, année après année, faisant apparaitre, parfois, de nouvelles salles.
Les élèves pénétrèrent enfin dans l'académie. L'entrée principale, bien que d'une grande taille, semblait terne en comparaison de la façade. À l'explosion de couleur des lanternes extérieures répondaient ici trois immenses cheminées suffisamment grandes pour y loger une classe entière.
Cependant, on était vite submergé par la solennité du lieu. Aux murs, des toiles aux proportions extraordinaires dépeignaient des évènements historiques majeurs de l'histoire des sorciers. Les seules choses qui tranchaient avec cette impression de gravité dégagée par le lieu étaient les portraits de Pernelle et Nicolas Flamel qui trônaient au-dessus de l'entrée. C'était les deux seules figures souriantes de la salle.
Le temps pressait et les élèves commençaient à s'impatienter. Personne n'osait encore se plaindre ouvertement, mais l'on s'inquiétait de plus en plus de devoir marcher encore longtemps dans le château.
Heureusement, ils n'eurent pas à attendre longtemps avant d'atteindre la salle de réception. Il leur suffit d'emprunter l'un des escaliers à double hélice se trouvant aux quatre coins de l'entrée pour arriver à l'étage et tomber immédiatement l'une des quatre portes réservées aux élèves et desservant les quatre coins de la Grande Salle.
Toufeu et Touflamme ouvrirent les grandes portes et firent entrer rapidement les jeunes adolescents émerveillés. Ceux-ci s'assirent immédiatement autour des deux immenses tables qui avaient été disposées à leur égard.
Enfin, ils étaient arrivés. Devant eux se trouvaient tous leurs ainés de l'académie Beauxbâtons ainsi que, à droite ou à gauche selon par où ils étaient montés, la table des professeurs.
Il y eut quelques minutes de brouhaha, le temps que chacun s'installe et dépose son sac à dos à ses pieds. Puis une femme d'une taille exceptionnelle se leva au centre de la table des professeurs. Il s'agissait, bien entendu, de Maxime Olympe, la directrice de Beauxbâtons. Le silence se fit immédiatement dans les rangs des élèves. La directrice prit le temps de scruter l'assemblée avant de faire un geste négligent devant elle, comme si elle cherchait à balayer de la poussière imaginaire. Se faisant, elle s'avança avec naturel à travers la table qui s'écarta littéralement sur son passage sous les exclamations ravies des premières années.
Pas mécontente de son petit effet, la directrice se racla néanmoins la gorge pour intimer le silence aux jeunes nouveaux. Finalement une fois certaine de l'attention générale, elle prit la parole.
« - Mes chers enfants… C'est avec une immense joie que moi-même ainsi que tous les professeurs de l'académie vous accueillons à Beauxbâtons. L'apprentissage de la magie est toujours une expérience riche pour un sorcier. Quels que soient vos origines, vos croyances, vos plaisirs ou vos ambitions, l'apprentissage de la magie est toujours une aventure pour un jeune sorcier.
Ce sont sept années exceptionnelles qui vous attendent ici. Sept années durant lesquelles vous passerez du statut d'enfant à celui d'adulte. Nous y veillerons. »
La directrice tendit les bras avec lenteur et commença à effectuer un lent balai avec ses mains gracieuses malgré leur épaisseur certaine. En réaction, de petites mottes de terre apparurent sur les tables de la Grande Salle.
« - Beauxbâtons saura vous faire grandir, pour peu que vous y enraciniez votre cœur – à ces mots, de jeunes pousses émergèrent et se mirent à pousser au milieu des tables. –
- Beauxbâtons soutiendra toutes vos passions, pour peu que vous sachiez entretenir la flamme – Les pousses qui se croisaient deux par deux à présent prirent soudain feu. –
- Beauxbâtons apaisera toutes vos peines, pour peu que vous restiez sous sa protection. – un petit nuage de pluie fine apparut à son tour, éteignant les flammes des arbrisseaux dont il ne restait plus que les troncs entrecroisés. –
- Et plus que tout, Beauxbâtons saura faire ressortir le meilleur de vous-même, pour peu que vous vous laissiez guider. »
Sur ces derniers mots, une brise magique vint emporter les cendres et braises qui s'étaient détachées des tiges entrecroisées pour les emporter, les réunir, les faire tournoyer et finalement former six petites étoiles rougeoyantes disposées par groupe de trois au-dessus des deux tiges entrecroisées. L'emblème de l'académie décorait à présent toutes les tables du réfectoire.
Il y eut un tonnerre d'applaudissements et de sifflements où l'enthousiasme sincère des premières années se mêlait à l'admiration respectueuse des élèves plus anciens. Maxime Olympe sourit légèrement, avec une grande douceur, avant de faire un geste de la main pour retrouver le silence.
« - Nous rappelons à présent aux nouveaux élèves quelques règles de sécurité élémentaires. Il est interdit de s'approcher de la fontaine Flamel sous peine d'être emporté par les sirènes. Il est fortement déconseillé de s'aventurer dans la Fourbe Forêt sans professeur sous peine de disparaitre à jamais. Enfin, il est formellement interdit de visiter le Jardin des Félicités. »
Maxime Olympe laissa passer un temps. Elle voulait être certaine que chacun avait bien entendu ses consignes. Elle profita de cet instant de silence pour reprendre sa place et lancer d'un ton plus chaleureux.
« - Bien. Nous allons à présent procéder à l'attribution des Familles. Monsieur Vaguesort je vous prie. »
Le professeur de sortilège commença alors à faire l'appel des nouveaux élèves. Chacun à leur tour, ces derniers venaient s'assoir à la Table qui Tache. Ils posaient alors leurs deux mains à plat de part et d'autre de la table et attendaient d'être jugés. Quand la table en avait fini, une écriture brouillonne et baveuse apparaissait alors à la surface de cette dernière exprimant son jugement et tachant allègrement les avant-bras et les mains des jeunes adolescents.
Ainsi les noms des quatre familles commencèrent à défiler : Aigrefeu, Marbouelin, Tirelair, Cameleau…
« - Indy Albright ! »
Le tour du jeune garçon vint rapidement. Ce dernier s'installa à la table avec une apparente assurance et un air plus renfrogné que jamais. On eut dit qu'il menaçait la table elle-même de faire le mauvais choix. Ce fut rapide. Le garçon avait à peine posé ses avant-bras sur la table que celle-ci se mit à cracher de l'encre dans tous les sens. Monsieur Vaguesort n'avait pas encore annoncé le résultat que Stan et Morgane le connaissaient déjà.
« - Cameleau ! »
Le chétif blondinet descendit de l'estrade pour rejoindre sa nouvelle famille non sans manquer de lancer un large sourire à ces deux acolytes de voyages.
« - Lothar Dresstones ! »
Il n'y eut pas plus de mystère pour celui-là. Le grand échalas brun vint s'assoir, plein d'assurance, et afficha un sourire plein de satisfaction lorsque le professeur de sortilège annonça « Aigrefeu ! ». Il rejoignit la table de ces derniers où l'attendaient déjà quelques connaissances qui le félicitèrent avec enthousiasme. Comme quoi, songea Stan, il arrivait bien à se rendre sympathique aux yeux de certains. Ce qui, finalement, n'était pas très rassurant.
« - Stan Gravel ! »
Enfin son tour... Stan marcha jusqu'à la table avec une certaine raideur. Il remonta maladroitement ses manches qui tenaient mal à ses coudes. Une fois assis, il posa doucement ses deux avant-bras dénudés sur le bois usé de la Table qui Tache. Arriva alors l'une des choses que Stan redoutait le plus. Un évènement inhabituel. L'un de ses pires cauchemars. Il se passait quelque chose d'inattendu et c'est lui qui se trouvait au cœur de cet évènement. Peut-être que tout cela n'arrivait que dans sa tête. Peut-être que cela ne durait pas depuis SI longtemps en réalité. Mais pour lui, qui se trouvait au centre de toute l'attention, chaque seconde semblait s'étirer une heure entière.
La Table qui Tache ne réagissait pas. Stan résista à l'envie de retirer ses bras et de partir en courant. Où aller de toute façon ? I n'y avait aucune issue, non.
Non, aucune. Au lieu de cela donc, il se concentra sur ce qu'il souhaitait, ou plutôt sur ce qu'il ne souhaitait pas. « Pas Marbouelin, pas Marbouelin, pas Marbouelin… » Stan se répétait si fort cette idée qu'il en avait fermé les yeux. Ce n'est que lorsqu'il sentit l'encre froide en contact avec sa peau qu'il les ouvrit à nouveau. La Table qui Tache lui répondait, l'interrogeait même. Sur son bois sans cesse immaculé s'étaient écrits les mots suivants « En es-tu certain ? ».
Stan secoua la tête à s'en décrocher la mâchoire. L'encre disparut pour mieux revenir en vagues sauvages. « Alors quoi… ? » pouvait-il lire à présent. C'était le moment ou jamais. Il fallait qu'il tente le tout pour le tout. Stan ferma les yeux et pensa le plus fort qu'il put « Tirelair ! TireLAIR ! TIRELAIR ! ». Il y croyait. Si la Table qui Tache considérait son avis, il avait une chance. Ça allait marcher. Il fallait que ça marche !
Il ne s'était sûrement pas attendu à recevoir de l'encre jusque sur le visage. C'est pourtant bien ce qui lui arriva. Les jets étaient si puissants que Stan ressemblait à présent davantage à un panda qu'à un jeune garçon. Des rires traversèrent le réfectoire tandis qu'il baissait le regard, incrédule. La Table qui Tache s'était recouverte des mêmes onomatopées, cent fois renouvelées, « HA HA HA ! ».
Stan devint rouge de honte ce qui, vu l'encre qui lui recouvrait le visage, ne se voyait pas tellement. Tandis qu'il restait figé, toute l'encre disparut à nouveau puis, après quelques secondes, revint former le jugement final.
« - Cameleau ! »
La voix de Monsieur Vaguesort suffit à peine à sortir Stan de sa torpeur. Il n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles. Bon gré mal gré, il se dirigea vers sa nouvelle famille, celle des Cameleaux. Mais comment en était-il arrivé là ?
Sur son passage, Lothar lui lança quelques piques bien senties, mais Stan était trop choqué pour y prêter la moindre attention. Une fois assis à sa place, Indy le félicita. Mais encore une fois, Stan n'était pas en état d'écouter. Il n'y eut que le sourire bienveillant de Morgane pour lui redonner un instant le sourire.
Il était devenu un Cameleau… Il avait le visage couvert d'encre… Il ne savait pas ce qui était le pire des deux. En fait si, il le savait très bien ! Il était devenu un Cameleau ! Un Cameleau… Non. Non... Non, ce n'était pas si grave ! Les Cameleaux aussi pouvaient faire de très bons botanistes après tout. L'eau ne jouait-elle pas un rôle tout aussi essentiel que la terre pour les plantes ? Si, si, si. Ce n'était pas si grave ! Pas si grave du tout. Ses parents comprendraient. Ils ne lui en voudraient pas. Ce n'était pas sa faute après tout ! Enfin peut-être que si ? La Table qui Tache n'avait-elle pas voulu faire de lui un Marbouelin ? À moins qu'elle se soit simplement moquée de lui ? Non, impossible !
Stan n'en finissait plus de se torturer l'esprit. Perdu ainsi dans ses pensées, il ne prêta aucune attention aux passages qui suivirent si bien qu'il manqua le jeune garçon trempé des statues. Ce dernier, Djibril Kofe, ne manqua pourtant pas de faire rire l'assemblée. Il faut dire qu'une fois reçue sa nomination parmi la famille des Tirelairs il se lança dans une danse endiablée jusqu'à sa place qui envoya eau et encre partout à la ronde. On rit, on jura, on apprécia fortement son petit numéro.
Puis vint le tour de Morgane.
« -Morgane Rougerive ! »
Cette dernière s'avança sans montrer le moindre signe d'appréhension. Elle s'assit avec calme et détermination devant la Table qui Tache avant d'y poser ses avant-bras bronzés. Il y eut un léger instant de flottement puis la Table qui Tache se mit à écrire avec une douceur rare si bien que la jeune fille ne reçut que quelques légères gouttes d'encre.
« - Cameleau ! »
Morgane se leva avec un sourire qui paraissait sincère, mais dans lequel Stan décela un peu de tristesse. Cela le fit sortir de sa propre spirale infernale. Lorsque sa nouvelle amie arriva pour prendre place à ses côtés il se sentit un devoir de l'interroger.
« - Donc tu es contente ?
- Oui. Bien sûr. Je suis dans la famille des Cameleaux après tout ! Une famille pleine de sorciers prestigieux et dans laquelle sont passés tous les membres de ma famille.
- Mais donc… Tu es c… »
Il n'eut pas le temps de répéter sa question. Indy avait fait irruption dans leur fraiche conversation pour féliciter la jeune fille. L'instant était passé.
La soirée se poursuivit jusqu'à épuisement de la liste des nouveaux élèves. Après quoi on put passer aux plats principaux, fromages et desserts. Quand enfin les corps furent rassasiés, les élèves se remirent en route, direction les dortoirs, chaque famille guidée par son professeur référent.
Stan et ses deux amis suivaient ainsi le professeur de soin aux créatures magiques, Mademoiselle Broomfield. Ces yeux étaient d'un bleu clair parfaitement assorti aux couleurs des Cameleaux. Ses cheveux bouclaient légèrement et venaient encadrer un visage maquillé avec retenue, au nez fin, aux pommettes saillantes et aux lèvres charnues. C'était une femme encore jeune, d'une taille modeste, mais d'une grande beauté à l'anglaise qui faisait des ravages dans les rangs des adolescents de tout âge, sa beauté n'ayant rien à envier à la gentillesse et l'attention dont elle faisait preuve envers chacun, Cameleau ou non.
Elle et sa joyeuse troupe prirent à gauche, puis à droite, montèrent des escaliers et en descendirent d'autres, avant de finalement déboucher sur un couloir en rien différent des autres. Là, le professeur Broomfield s'arrêta et se retourna pour s'adresser aux adolescents réunis et perplexes.
« - C'est ici que vous trouverez vos dortoirs. - Devant la mine perplexe des premières années, elle sourit avec bienveillance. – Cela étant dit, il vous faudra deux choses pour pouvoir entrer. »
Tout en parlant, elle désigna d'un doigt la broche qu'elle portait sur sa poitrine : c'était une pensée bleu pâle au cœur violacé.
« - Vous aurez besoin de votre insigne de Famille et… d'un peu de politesse »
À ces mots, elle se tourna vers une peinture qui se trouvait juste à sa droite. Il s'agissait d'un tableau de grande taille qui allait du sol jusqu'au plafond et sur lequel était représentée une sirène au milieu de l'océan. Rose Broomfield se pencha en avant et tendit vers la toile son insigne tout en déclarant.
« - Gratia Florum, Puella… »
Alors la sirène, qui jusque-là virevoltait avec nonchalance, se rapprocha de la fleur jusqu'à déformer la toile elle-même. Elle renifla la pensée métallique avant de sourire. Elle retourna alors au cœur de son tableau et, par un phénomène que seule la magie pouvait expliquer, elle écarta un pan de sa propre toile pour dévoiler un passage secret.
Les élèves étaient émerveillés. Ils rentrèrent avec empressement dans leur salle commune suivis de près par leur professeur. Une fois tous à l'intérieur, Mademoiselle Broomfield leur adressa un dernier message.
« - Vous voilà à présent membre de la Famille des Cameleaux. Peut-être certains avaient-ils envisagé d'autres possibilités. Pourtant votre présence ici ne doit rien au hasard ni à la malchance, bien au contraire. Cela signifie que vous portez en vous une grande générosité. Des qualités que peut-être vous ne vous imaginez même pas. Mais la Table qui Tache ne se trompe jamais. Aussi j'attends de vous tous, un comportement exemplaire, et surtout, j'attends de vous que vous portiez une attention particulière à vos camarades de cette famille, comme d'une autre.
À présent, dormez et reprenez des forces. Demain commence votre première journée à l'académie de Beauxbâtons ! »
Et elle s'en alla sans plus de formalités sous le regard déjà amouraché de quelques jeunes adolescents.
La salle commune était en pleine effervescence. Les nouveaux venus, encore excités par cette soirée riche en émotion et en magie, avaient besoin d'en discuter les uns avec les autres, entre amis ou entre nouvelles connaissances.
Stan était décidé à ne pas déroger davantage à ses principes qu'il ne l'avait déjà fait dans le Bus de la Brume. Il s'apprêtait à filer dans les dortoirs des garçons quand une voix le héla.
« - Stanyslas ! Viens voir, viens là ! »
Évidemment. Ça aurait été trop simple sinon. Il songea soudain que Morgane n'était peut-être pas le meilleur choix pour qui NE voulait PAS se faire d'amis. Bon, peu importe, deux-trois politesses et il pourrait aller s'isoler. « Courage Stan ! » pensa-t-il alors qu'il se retournait et rejoignait le jeune groupe tout juste assemblé.
« - Bonjour. Je m'app…
- C'est Stanyslas Gravel, il a l'air un peu ronchon comme ça, mais en fait il est super sympa une fois qu'on le connait !
- Salut.
- Coucou.
- B'jour.
- Yoh.
- Donc… Stan. Voici Mélanie Duval, Sarah Denacre, Henri Grominé, Song Tunogak…
- Daodang
- Pardon, Daodang, et… hmm… - Mélanie fit de grands yeux aux derniers de la bande. –
- Je m'appelle Steeve Mackrekan. »
Stan ne pouvait s'empêcher d'admirer la capacité de Morgane à aborder tout le monde et n'importe qui pour s'en faire un ami. Il n'arrivait cependant pas à savoir s'il devait envier ou condamner ce talent… Définitivement ce n'était pas quelque chose dont il avait besoin selon les recommandations de ses parents. Mais de toute évidence, une dizaine d'années cloîtré dans la grande propriété familiale avait fini par laisser des traces. Le jeune garçon ressentait au fond de lui l'envie irrésistible de se lier à d'autres adolescents de son âge. Pour autant, il ferait de son mieux pour écouter les conseils de ses parents. C'est eux qui devaient avoir raison à la fin. Les amis, ça ne servait à rien !
Il regarda les quatre camarades qui lui faisaient face. Mélanie Duval était une jeune fille forte, aux cheveux courts qui, avec son air un peu garçon manqué, ne manquait pas de charme. Elle affichait un sourire naturel qui mettait immédiatement à l'aise.
À l'inverse, Sarah Denacre était l'image même du coton-tige. Sa peau pâle, ses cheveux blond platine, la maigreur de son corps qui transparaissait jusqu'au bout de ses doigts lui donnait un air étrange qui dérangea Stan. Elle était en train de se vernir les ongles tout en murmurant une mélodie sans accorder un regard à ses camarades. Pourtant, Stan était persuadé qu'elle écoutait attentivement.
Henri Grominé avait un profil… atypique. Avec ses lunettes épaisses, ses cheveux noirs en brosse et ses sourcils épais, il n'était pas exactement ce qu'on aurait pu appeler un beau garçon. Il ne semblait cependant guère s'en soucier, il affichait en effet une assurance inébranlable.
Song Daodang était un garçon avec des origines vietnamiennes qui possédait, malgré son jeune âge, une carrure déjà impressionnante. Ses yeux en amande et son visage rond tranchaient avec l'impression de maturité qui émanait de son corps. Stan se demanda ce qu'il fallait faire pour être aussi musclé. Peut-être devrait-il lui demander…
Steeve Mackrekan quant à lui était l'archétype même de l'écossais. Les cheveux roux en batailles et les tâches de rousseur y étaient pour beaucoup dans cette impression.
Soudain, Stan se demanda ce que les autres pensaient de lui. Lui qui n'avait toujours vécu qu'avec ses parents réalisa soudain qu'il n'était peut-être pas le mieux placé pour juger de l'apparence des autres ! Cette pensée l'inquiéta et plus que jamais il eut envie de s'isoler dans les dortoirs. Apparemment personne n'avait remarqué qu'il n'écoutait rien depuis plusieurs minutes. Il prit donc congé comme il savait le faire, rapidement et sans grande subtilité.
« - Bon, et bien, ravi d'avoir fait votre connaissance. Je suis fatigué, donc je vous souhaite une bonne nuit. Bonne nuit.
- Bonne nuit !
- B'nuit.
- Dors bien. »
Morgane, qui était en pleine conversation avec une autre élève, s'aperçut alors qu'il s'en allait.
- Tu pars déjà ?! Attends, Stan ! »
Mais elle l'appela en vain, le jeune garçon avait déjà tourné le talon et devait être trop loin pour l'entendre. Il pénétra dans l'escalier et disparut. Elle sembla déçue de son départ. Song et Steeve, eux, n'avaient même pas pris la peine de lui répondre, ils étaient bien trop concentrés, plongés dans un duel au bras de fer qu'aucun des deux ne comptait perdre.
Il s'en alla donc sans même répondre à Morgane. Il descendit les marches quatre à quatre avant de pénétrer dans le couloir sur lequel donnaient les nombreuses chambres étudiantes. Le jeune garçon prit le temps de la réflexion. Il n'y avait que deux choix intelligents à faire de son point de vue. Soit il s'installait dans la chambre la plus éloignée de l'escalier et ainsi il éviterait les vas et viens de ces camarades, il aurait ce petit sentiment d'être seul qui lui manquait tant en cet instant. Ou alors…
Ou alors il s'installait dans la chambre qui donnait juste devant l'escalier, la première du couloir. C'est vrai que tous les élèves passeraient forcément devant, mais au moins il n'aurait jamais à traverser tout le couloir pour aller se coucher le soir ou partir en classe le matin. Sa décision était presque faite, il avait juste besoin de vérifier quelque chose.
Pour cela il entra dans la première chambre avec détermination. Il ne s'attendait absolument pas à tomber nez à nez avec Indy, déjà installé sur un lit, un livre à la main. Ce dernier leva la tête, les sourcils froncés, et accueillit son camarade avec une moue moqueuse.
« - Il y a plus d'une trentaine de chambres ici et il a fallu que tu choisisses très exactement celle où je me trouvais ! Ce n'est plus de l'amour, c'est de la rage.
- Ne dis pas n'importe quoi. C'est juste la première chambre du couloir...
- Je sais.
- … et je voulais vérifier quelque chose.
- Ha ? »
Stan colla son oreille à la porte. Indy le regarda, perplexe, avant de reprendre.
« - Sérieusement ? Tu ne vas pas me dire ?!
- Te dire quoi ?
- Ce que tu veux vérifier !
- Ho désolé. Je veux vérifier si l'on entend les gens qui passent dans le couloir.
- Et donc… pour ça tu vas attendre que quelqu'un passe dans le couloir ?
- Je n'ai pas vraiment le choix. »
Indy n'ajouta rien, il replongea sa tête dans son livre et reprit sa lecture. Au bout de cinq minutes, il n'y tint plus.
« - Mais, excuse-moi, mais… tu as conscience que si tu n'entends pas les gens qui passent alors, et bien… tu ne sauras jamais qu'ils sont passés… puisque tu ne les auras pas entendus ! »
Stan le regarda avec surprise. Ce n'était pas totalement bête, mais il ne voulait pas le reconnaitre.
« - Tant pis, si je n'ai rien entendu d'ici dix minutes je passerais voir dans les autres chambres si quelqu'un est passé et si ce n'est pas le cas et bien je reviendrais ici ! »
Indy soupira tout en secouant la tête et sautant de son lit.
« - Non, mais franchement ! Laisse, je vais t'aider. »
Sans attendre de réponse, il sortit de la chambre et claqua la porte au nez de Stan. Celui-ci, qui l'avait regardé sans rien dire, recolla immédiatement son oreille à la porte. Rien. Pas un bruit. Non, toujours rien… Ha ! Ça y est, il entendait quelque chose !...
« - Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux !
- Hey ! »
Stan ouvrit immédiatement porte.
« - Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! Stanyslas est un imbécile heureux ! »
Indy remarqua aussitôt Stan.
« - Ho tiens, salut Stan !
- Hey, mais qu'est-ce que tu fais !
- Bah tu vois bien, je t'aide à savoir si on entend les gens qui passent.
- …
- Je dirais que tant qu'ils ne hurlent pas dans le couloir ça devrait aller non ?
- …
- C'est là où tu me dis « merci ».
- … Merci… »
Les deux garçons rentrèrent dans la chambre. Indy affichait, chose rare, un grand sourire satisfait tandis que Stan le regardait avec dans les yeux un mélange de contrariété et de reconnaissance. Finalement, la reconnaissance l'emporta.
« - Merci, parfois je fais des trucs pas très malins.
- Y a pas de problème Stan, tu sais, c'est à ça que servent les amis. »
Sans attendre de réponse, Indy se réinstalla confortablement sur son lit et reprit sa lecture tandis que Stan, lui, déballait ses affaires. Cela ne lui prit pas très longtemps. Quand il eut fini, il s'allongea sur son lit avant de se relever aussitôt. Il se mit alors à fouiller ses vêtements, puis la chambre. Il allait et venait de long en large et en travers, parfois il s'arrêtait, regardait à droite et à gauche avant de se précipiter vers un objet quelconque pour le soulever. Indy ne pouvait ignorer son manège éternellement, bien qu'il essayât.
« - C'est quoi le souci cette fois ?
- J'ai perdu Salvador !
- Salvador ?
- Oui tu sais, mon Occamy !
- Comment as-tu pu perdre ton Occamy ?!
- Je ne sais pas ! Il était avec moi quand nous sommes arrivés j'en suis sûr !
- Hmm… Il ne doit pas être loin. Tu te fais trop de soucis !
- C'est un bébé Oc-ca-my ! Bien sûr que je me fais du souci ! Il est tout petit ! Et il a beaucoup de valeur ! Et puis… Et puis c'est le mien, c'est mon Occamy, c'est… - Stan avait l'air misérable. – C'est mon ami…
- D'accord, d'accord. - Indy referma son livre et se leva à son tour. – Bon, tu te souviens de la dernière fois que tu l'as vu ?
- Alors… Il est toujours dans ma capuche normalement, mais la dernière fois que je l'ai vu… C'était… - Stan essaya de se concentrer du mieux qu'il pouvait. Il ferma les yeux et se remémora chaque moment important de la soirée : la Salle Commune, les couloirs, la Grande Salle, les couloirs, l'Entrée, les jardins…
Stan se concentra encore davantage. Il fit abstraction de l'endroit où il se trouvait. Il devait se concentrer sur son Occamy. Il repensa à ce dernier, il se le représenta dans son esprit. Salvador…
Le jeune garçon sentit un frisson le parcourir l'espace d'une seconde et alors il ouvrit les yeux, mais il n'était plus dans sa chambre. Il était… Il ne voyait rien en fait. C'était le noir complet, mais il entendait des bruits. C'était la grande salle. C'était durant leur repas. Comment était-ce possible ? Il entendait tous les élèves parler. Des Aigrefeus, des Cameleaux, des Tirelairs. C'est comme s'il naviguait entre les tables. Soudain il repéra une voix qu'il ne reconnut que trop bien. C'était Lothar Dresstones.
« - Je vous le dis les amis. Les enfants pourpres sont parmi nous cette année et si l'on n'y prend pas garde… Imaginez ce qu'ils pourraient faire ! Souvenez-vous des Lafites.
- Les Lafites ?
- La famille disparue, idiote !
- Disparue… ou assassinée !
- Ho !
- Et oui…
- Mais il faut qu'on fasse quelque chose, Lothar !
- Ne vous inquiétez pas, je compte bien m'en occuper… Vous le voyez, celui-là, là-bas. C'est Stan Gravel. Tout le monde dit qu'il souffre d'une maladie orpheline et que c'est pour ça qu'il n'est pas sorti de chez lui pendant onze ans. Mais moi je vous dis que c'est que des mensonges. C'est un de ces enfants pourpres, c'est sûr !
- On ne devrait pas le dénoncer alors ?
- Ça ne servirait à rien sans preuve. Non… On doit s'en charger nous-mêmes, le dévoiler au grand jour.
- Mais on est que des enfants Lothar…
- Arrête de faire le bébé Arthur ! »
Un nouveau frisson et cette fois les yeux de Stan s'ouvrirent pour de bon. Au-dessus de lui, Indy lui tapotait la joue avec un peu trop de force.
« - Hey, qu'est-ce que tu fais ! »
Stan réalisa alors qu'il était allongé par terre.
« - Tu t'es mis à frissonner et t'es tombé d'un coup ! Tu m'as fait super peur ! Il t'est arrivé quoi ? Tu veux du sucre ?
- Non, non ! Ce qu'il m'est arrivé ? Je… Je ne sais pas ?
- Comment ça tu ne sais pas ?!
- J'essayais de me concentrer pour me souvenir où j'avais vu Salvador et soudain je me suis retrouvé dans le noir et j'entendais des voix !
- Des voix… »
Indy le regarda avec des yeux qui disaient clairement qu'il ne trouvait pas sa blague amusante.
« - Je dis la vérité ! J'ai entendu Lothar qui parlait avec un certain Arthur !
- Hm hmm… Et de quoi parlait-il ?
- Il parlait des enfants pourpres, ils disaient qu'ils étaient dans l'école et qu'ils voulaient les démasquer.
- Les enfants pourpres ? Ils sont complètement malades. Enfin, ils sont complètement malades SI tu as vraiment eu une vision… »
Stan lança un regard noir à Indy. Il se releva aussi vite qu'il put et s'éloigna vers la porte.
« - Ne me crois pas si tu veux. De toute façon je m'en fiche, tout ce qui m'intéresse c'est de retrouver Salvador.
- Attends, tu fais quoi ?
- Je vais chercher Salvador !
- Mais où ?!
- Je ne sais pas, là où je pourrais !
- Tu sais que tu ne peux pas quitter la Salle Commune la nuit ?
- Je sais. Je m'en fiche. Salvador est plus important pour moi. C'est mon ami et c'est un cadeau de mes parents ! »
Les deux amis se regardèrent un moment avant qu'Indy ne détourne le regard.
« - C'est bon t'as gagné. Mais tu ne peux pas y aller maintenant, la Salle Commune doit être encore pleine. Attendons et je viendrais chercher avec toi. »
Stan pesa le pour et le contre avant de relâcher la poignée de la porte.
« - Très bien, attendons. Mais je te préviens, je ne t'ai pas demandé d'aide donc si tu te fais attraper, ce n'est pas mon problème !
- Sympa. »
Trois heures plus tard, ils décidèrent de remonter dans la Salle Commune. Ils avançaient prudemment, incertains de ce qu'ils allaient trouver en haut.
La salle était vide, ou presque. Toujours à la même place que trois heures plus tôt Song et Steeve dormaient comme des bébés, avachis de part et d'autre des gros fauteuils qu'ils n'avaient pas quittés. Indy ricana, Stan le rabroua d'un coup de coude. Ils traversèrent la Salle Commune sans difficulté et arrivèrent vite à l'entrée de leur dortoir.
Après une dernière hésitation, un dernier regard en arrière, ils franchirent le pas.
L'ambiance du château la nuit saisit les deux adolescents. L'or et la lumière avaient laissé place à l'obscurité et ses mille et une teintes argentées.
Tout était silencieux.
« - Où va-t-on maintenant ? – murmura Indy. –
- Dans le réfectoire. Je suis peut-être fou, mais je veux croire que ma vision a un lien avec Salvador. - Indy haussa les épaules. –
- C'est toi qui vois. »
Ils progressaient prudemment, mais avec efficacité. Tous les deux penchés en avant comme si cela pouvait les rendre invisibles. Ils arrivèrent enfin dans l'Entrée.
Toujours aucun bruit, la voie était libre, pourtant les deux adolescents restèrent interdits. Dans la grande salle à la forme parfaitement carrée, il n'y avait plus un seul escalier. Là où, il y a quelques heures encore se trouvait quatre immenses escaliers de pierre, il n'y avait plus rien, ou presque. En lieu et place de ces derniers ne se trouvaient plus à présent que quatre immenses dalles de pierre ornées chacune des quatre emblèmes des familles de Beauxbâtons : le Coquelicot rouge pour les Aigrefeus, l'Aconit violet pour les Marbouelins, la Pensée bleue pour les Cameleaux et le Muguet blanc pour les Tirelairs.
C'était presque trop facile depuis qu'ils avaient quitté leur dortoir. Les deux garçons étaient de plus en plus tendus et ne pouvaient s'empêcher de penser que, tôt ou tard, ils se feraient attraper.
Mais puisqu'ils étaient arrivés jusqu'ici, autant continuer. Mais où ? Stan se souvint soudain que les professeurs possédaient leur propre porte pour entrer dans la Grande Salle. Peut-être que celle-ci était toujours accessible. Il exposa son idée à Indy.
« - Tu es fou. On n'a aucune idée de comment on pourrait bien accéder à cette fichue porte ! Moi je dis que c'est fichu pour ce soir. Retournons donc au dortoir, on cherchera ta bestiole demain.
- Rentre si tu veux, moi je continue !
- Tu es complètement dingue en fait… »
Indy secoua la tête, mais resta néanmoins au côté de son ami. En dépit de savoir où il devait aller, ils débutèrent la traversée de la salle en direction du couloir opposé, et ce sous le regard réprobateur de Nicolas et Pernelle Flamel.
Ils avaient presque fini leur traversée quand des bruits se firent entendre. Quelqu'un chantait, chantonnait. C'était Toufeu ! Ou peut-être Touflamme ! Peu importe lequel des deux, il fallait vite qu'il rebrousse chemin, ce qu'ils firent sans attendre.
Hélas, à peine revenu à l'entrée de leur couloir, la même mélodie se fit entendre. C'était Touflamme ! Ou Toufeu ! Peu importe, cette fois ils étaient fichus !
Les deux garçons se regardèrent, avant de se mettre à courir en tout sens dans la salle en essayant de faire le moins de bruit possible. Mais il n'y avait de toute évidence aucune autre issue ! La porte du fond était fermée et la porte d'entrée était… ! Elle était ouverte ! Stan faillit pousser un cri sous la surprise de voir la porte s'ouvrir sous sa poussée. Il fit du mieux qu'il put pour attirer l'attention de son camarade qui essayait désespérément d'ouvrir la porte du fond. Les chants se rapprochaient.
« - Deux elfes sur le dos d'un Malefoy
Ça ne fait pas un Rogue mais ça fait « Hoï, hoï ! »
Deux elfes sur le dos d'un Malefoy
Ça ne fait pas un Flamel, mais ça fait « Hoï, hoï ! »
Deux elfes sur le… »
Stan pouvait encore échapper au pire s'il sortait maintenant. Il regarda Indy une dernière fois. Il allait le regretter… Il le savait, il allait le regretter. Pourtant, il ne put s'empêcher de faire autrement. Courant aussi vite qu'il en était capable, il alla jusqu'à son ami, le tira par la manche, lui indiqua la grande porte d'entrée entrouverte et se remit à courir aussitôt. Déjà la lumière approchait de chaque côté du grand hall, et les chants résonnaient à présent en cœur.
« - Deux elfes sur le dos d'un Malefoy,
ça ne fait pas un Lupin, mais ça fait « Hoï, hoï ! »
Deux elfes sur le dos d'un Malefoy,
Ça ne fait pas un Weasley, mais ça fait « Hoï, hoï ! »
Deux elfes sur le dos d'un Malefoy…
Les deux adolescents franchirent le pas de la porte à l'instant même où les deux elfes pénétraient dans l'Entrée. Aussitôt Stan et Indy se figèrent sur place tandis que les deux créatures se taisaient. Elles s'étaient arrêtées et se regardaient à présent, le regard empli de sérieux, attentif aux gestes de l'un et l'autre. Soudain, dans un élan commun, ils respirèrent à pleins poumons et lancèrent un tonitruant.
- Ça ne fait pas un DumbledoOOOoooore… Mais-ça-fait-« HOÏ HOÏ ! » »
Les garçons profitèrent de ce vacarme pour refermer la porte. Malheureusement, le bruit attira l'attention de Toufeu. Ou de Touflamme. Peu importe. Ce que l'un voyait, l'autre tardait rarement à le voir également.
« - Tiens, la porte chante avec nous !
- Et bien elle fait ce qu'elle veut moi je dis ! Elle est…
- Libre !
- Niah niah niah !
-Nioh nioh nioh !
- Bon, assez plaisanté. Rentrons. »
Les garçons profitèrent de quelques secondes de répit pour souffler. Quelques secondes seulement, car c'est le temps qu'il leur fallut pour réaliser que les deux Elfes se dirigeaient à présent vers la porte pour sortir. Évidemment, si c'était des elfes de jardin, il y avait de fortes chances qu'ils vivent dans une cabane extérieure !
Stan et Indy détalèrent, courant presque à quatre pattes pour aller s'allonger derrière la butte fleurie la plus proche. Toufeu et Touflamme sortirent enfin. Ils purent regarder avec un désespoir certain l'un des deux elfes tourner une immense clé dans la grande porte avant de s'éloigner.
Les garçons attendirent de ne plus entendre les pas trainants des deux elfes avant de respirer à nouveau. Cette fois, c'était certain, ils étaient sauvés. Enfermés dehors, mais sauvés !
« - Bon… et maintenant ? - demanda Indy en fronçant les sourcils. -
- Maintenant ? »
Stan était complètement perdu, alors à quoi bon réfléchir à une quelconque idée ? De toute façon rien n'allait depuis qu'il était entré dans ce château. D'abord il devenait un Cameleau, ensuite il perdait Salvador, et voilà que maintenant il se retrouvait enfermé, en pleine nuit, en dehors de l'école ! Indy attendait sa réponse avec sévérité, mais Stan n'avait véritablement aucune idée sur ce qu'ils devaient faire.
« – Je ne sais pas Indy. On improvise. – À sa grande surprise, ce dernier haussa les épaules avec indifférence. –
- Ok. – Il allait ajouter quelque chose, mais parut se raviser avant de finalement lâcher un rapide…
« - Merci pour tout à l'heure.
- De rien. …C'est à ça que servent les amis, non ? »
Les deux garçons sourirent à l'unisson avant de se remettre enfin debout. Le choc fut à la hauteur de leur soirée. Dehors, là où à leur arrivée ils étaient passés en rang bien serré au milieu des célèbres statues figées, se déroulait à présent une petite fête silencieuse. Une fête dont les participants n'étaient autres que les statues elles-mêmes !
L'une d'entre elle, Indy aurait juré qu'il s'agissait de Vincent, Duc de Trèfle-Picques, les salua en passant. Les deux adolescents, pantois, échangèrent un regard désespéré.
« - Mais qu'est-ce qu'on va faire ? »
