Cible 02 : Claire Gokudera
Assise sur le parvis de l'école, l'adolescente corrigeait les quelques erreurs qu'elle avait faite sur les équations à rendre dans l'après-midi. Elle en corrigea quelques-unes avant de poser son crayon sur son cahier et de s'étirer, tandis qu'une personne se posta devant elle, lui cachant les rayons du soleil :
- Épuisé ? Demanda ce dernier.
- On peut dire cela, Shiro.
- Shiro Yamamoto, 17 ans, japonais aux cheveux noirs et aux yeux marrons. Sportif, bienveillant et optimiste. Fils de Takeshi Yamamoto et Haru Miura. Prétendant au titre de onzième gardien de la pluie Vongola.
Ce dernier s'assit ou plutôt s'affala sur le parvis, il jeta un coup d'œil aux équations et demanda, curieux :
- Pourquoi tu retravailles sur ça ? Je croyais que tu les avais terminés il y a deux semaines.
- Oui mais tu connais comment est M. Heiwajima, se justifia-elle.
- Je sais surtout que tu es bien trop perfectionniste, Claire, rit-il.
Claire leva les yeux devant les rires de son meilleur ami. Elle laissa son regard traîner sur l'arrivée des adolescents qui se pressèrent plus ou moins pour aller en cours quand un détail attira son attention. Jacob et Ace discutaient avec sérieux devant la Harley Davidson du blond, ce dernier semblait serrer son sac en bandoulière contre lui et Jacob avait son bras droit mit en écharpe, sûrement un entraînement Varia qui s'est mal terminé. Elle les vit se diriger vers l'immense bibliothèque de l'école. Instinctivement, elle se leva à son tour et rangea son cahier, surprenant Shiro, qui demanda :
- Ou tu vas ?
- A la bibliothèque, j'ai oublié quelque chose, se justifia-t-elle.
- Mouais, répondit-il, pas convaincu. On se retrouve en anglais avec Parker ?
- Avec plaisir, répondit-elle en s'éloignant.
Elle pressa le pas pour rejoindre l'aile du château qui servait principalement de bibliothèque. Elle poussa alors la lourde porte en bois sombre et entra dans la bâtisse. Cette dernière était une pièce longiligne sur deux étages ou d'immenses bibliothèques étaient encastrées dans les murs, ces derniers regroupaient des livres venues du monde entier traduit en quasiment toutes les langues, même les langues mortes. Claire chercha du regard le duo de la Varia et elle ne tarda pas à les trouver attabler à la table se trouvant la plus éloignée de la porte d'entrée. Elle se dirigea alors vers eux et s'aperçut rapidement qu'ils semblaient méfiants et parlaient à voix basse.
- Qu'est-ce que vous faite, les garçons ? Leur demanda-t-elle.
Les deux jeunes mafieux coupèrent leur discussion puis regardèrent Claire d'un air méfiant avant qu'Ace ne prenne la parole sèchement :
- Rien qui te concerne.
Claire soupira avant de reprendre en voyant l'épais dossier sortir du sac du punk :
- Un dossier pour la Varia ?
Ace se dépêcha d'éloigner son sac de la vue de la brune et reprit tout aussi sèchement :
- T'as pas autre chose à foutre, sérieux ? Genre, je sais pas moi, faire le petit chien pour les Vongola.
Claire ferma les yeux et secoua doucement la tête avant de répondre, vaincue :
- J'ai compris, je vous laisse.
Alors qu'elle commençait à s'éloigner, Jacob prit la parole :
- C'est un dossier sur Clara.
Claire se retourna brusquement avant de rapidement s'approcher, elle demanda, interdite :
- Comment vous avez eu ça ?
- T'es sérieux, Jack ? Pesta Ace en croisant les bras.
- Soyons réalistes, Ace, nous n'avons que trois jours pour la convaincre, sinon Xanxus nous fera la peau. De plus, tu sembles oublier qu'à un moment, elles étaient amies.
- Et nous le sommes toujours, répondit-elle fièrement.
Elle reçut des regards ennuyés et Jacob reprit en ouvrant le dossier :
- Bref, Xanxus aurait fait suivre Clara toute cette année afin de ne pas la perdre de vue et nous avons son adresse.
Claire observa alors mieux le dossier et vit qu'en effet il y avait de nombreux cliché de l'adolescente dans diverse situation. En faisant ses courses, se promenant dans un parc, à la salle de sport, etc.
- Donc, nous cherchons le moyen de l'approcher sans l'effrayer, reprit le Superbi.
- Je te l'ai dit, on sonne chez elle et lui demande de revenir, répondit Ace agacé.
- Si on fait ça, on va la faire fuir, andouille, répondit Jacob.
- C'est toi, l'andouille, mec, répliqua Ace.
- Jacob a raison, trancha Claire.
Elle reçut en retour un regard froid d'Ace mais la brune ne se laissa pas démonter et repris, sûre d'elle :
- Réfléchissez, Clara a coupé les ponts avec tout le monde pendant un an. Si vous débarquez d'un seul coup chez elle, elle va, de un : repartir dans une autre destination et de deux : trouvera même le moyen de fuir son père. Et là, nous n'aurons plus aucune chance de la retrouver.
Jacob soupira bruyamment, il s'adossa contre son siège et reprit, épuisé :
- Galère.
- Donc, on fait quoi ? On lui envoie une lettre ? Demanda Ace, cynique.
- Mais d'un côté, je suis d'accord que nous devons provoquer une rencontre. Toutefois, le lieu est primordial.
Les trois adolescents ne dirent plus un mot, conscients de la difficulté de la tâche qui s'imposait à eux. Ramener auprès d'eux une amie rongée par la peine et la culpabilité. Claire se souvint encore avec émotions du simple texto qu'elle avait reçue, peu de temps après son départ.
« Si je reste, je vous causerai à tous du tort. Désolée Claire. »
Claire avait eu beau retourner toute l'Italie, sa meilleure amie s'était tout bonnement envolée. Plus de carte bancaire utilisée, plus de logement à son nom, rien, nada. Elle avait tout simplement disparu de la surface de la terre à cette époque et l'idée même qu'on connaisse son adresse lui réchauffait le cœur.
- Le parc de la villa communale ? Proposa Jacob.
Claire le fixa, surprit de sa proposition, car c'était le parc de leur enfance. Il était en effet assez courant que les enfants en bas âge des Vongola et des Varia allait passer leur après-midi là-bas, quand les parents pouvaient recevoir des personnalités à risque du milieu.
- C'est un lieu ouvert, de cette manière, elle ne sera pas acculée si jamais elle veut fuir.
- C'est risqué comme endroit, s'exprima Claire.
- Tu as une meilleure idée ? Lui demanda Jacob.
Claire ferma les yeux et admit d'une demi voix :
- Malheureusement, non.
- C'est bien beau, mais qui nous dit à quelle heure et quand elle se rendra dans le parc ? Demanda Ace, en soufflant.
- Toi, t'as oublié la règle d'or d'un bon assassin, réprimanda Jacob, fatigué.
- Bah ouais, je dormais, répondit Ace.
Jacob bailla et sortit alors plusieurs documents avant de reprendre :
- Ce qui fait avant tout un bon assassin, c'est de pouvoir prévoir les faits et gestes de sa cible.
- Donc, si on comprend ses faits et gestes, on arrivera à prévoir quand elle sera dans ce parc et à quelle heure elle pourrait y être ? Résuma Claire.
- C'est exact, confirma Jacob.
….
23h30
Claire regardait à nouveau l'heure sur son portable avant de le ranger rapidement, puis elle regarda autour d'elle.
Assise sur un banc d'une des allées les plus fréquentées du parc, ce dernier était quasiment plongé dans le noir malgré les quelques lumières présentes. Elle sentit un vent frais qui la força à remettre sa veste sur ses épaules avant d'observer le parc plus en détail. Il était quasiment vide et les rares personnes qui passaient dans les allées étaient soit les joggeurs, les promeneurs tardifs de chien ou les sans-abris qui étaient présent à Naples. Ces derniers fouillaient les poubelles, à la recherche de reste de nourriture. Claire se leva alors en voyant l'un d'eux s'approcher et laissa quelques euros qui traînaient au fond de sa poche à leur intention, elle était peut-être fille de mafieux, mais ça ne l'empêchait pas d'être généreuse avec son prochain.
Elle vit alors de loin Jacob et Ace revenir bredouille et s'empressa de les rejoindre :
- Alors ?
- On n'a rien trouver. On a écumé tout le parc de long en large mais aucune présence d'elle, répondit Ace, penaud.
- Je t'ai bien dit qu'elle ne voulait pas être retrouvée.
- Après tout, peut être que Jacob a raison, déclara Claire.
Les deux garçons la regardèrent et la brune reprit :
- Elle a coupé les ponts pendant un an avec nous, elle a eu toutes les occasions de revenir mais elle a refusée, peut-être que c'est mieux comme ça, reprit Claire.
- T'es prête à faire une croix sur ta meilleure amie ? Demanda Ace.
- Nous devrions respecter son choix, Ace. Tu devrais en faire de même et accepter que nous ne la reverrons peut-être plus.
- Quand on aime un minimum quelqu'un, on se bat pour elle, répliqua Ace avec dureté.
- Je n'ai pas abandonné, Ace, mais je respecte son choix. Elle ne veut plus de cette vie de mafieux et contrairement à beaucoup d'entre nous, elle a eu le courage de couper les ponts avec tout ce qui concernait au monde de la mafia. Ne me dis pas que cela t'a fait plaisir qu'elle s'auto détruise comme elle l'a fait ?
Ace pesta et savait que Claire avait raison. Tout le monde l'avait vu faire une descente en enfer, mais personne n'avait su réagir car la plupart connaissait le tempérament de feu de la fille de Xanxus et certain la craignait à juste titre.
- Nous ferions mieux de rentrer, déclara Jacob.
Ace pesta et partit seul de son côté, tandis que le blanc se tourna vers la japonaise :
- Tu veux que je te raccompagne ?
- Si ça ne te dérange pas, mais tu n'es pas inquiet pour Ace ?
Il jeta un dernier regard à son cousin avant de déclarer
- Pas du tout, je sais qu'il est plus prudent qu'il n'y paraît et puis la Varia est assez réputée dans le coin. Personne ne toucherait à un cheveu du fils du prince sanglant.
Claire hocha la tête, rassurée, avant d'être raccompagnée. Personne ne sut que, pendant toute la conversation, deux yeux rouges les épiaient.
