Chapitre 3 : Veiller sur Ichigo
Byakuya se tenait à l'écart, sous sa forme spirituelle, alors qu'il observait Ichigo marcher le long du canal la nuit tombée. Il avait remarqué que le jeune homme était bien plus pensif et silencieux que dans ses souvenirs. Il l'observa sortir le badge de shinigami suppléant d'une de ses poches. Il était étonné qu'il l'avait toujours après tout ce temps et il le fut encore plus de le voir le jeter dans l'eau. Mais quand il vit le rouquin se tourner pour rentrer chez lui, il vit son visage un peu plus serein, comme s'il venait de se décharger d'un léger poids. Des regrets …
Croyant comprendre ce que le garçon ressentait, sa perte et sa volonté d'aller de l'avant, il ne fit rien, pas même récupéré le badge qui était de toute façon inutile. Il n'avait plus rien à contrôler ou surveiller. Ichigo n'était plus qu'un simple humain comme tant d'autres. Il suivit simplement ce dernier jusqu'à la maison Kurosaki afin de veiller sur lui.
Quand ils rentrèrent, le shinigami toujours invisible, Byakuya observa le changement total dans le comportement d'Ichigo quand il le vit interagir avec sa petite sœur Yuzu. Elle lui présentait d'excellents points faits à l'école et il la félicitait tout en lui faisant une étreinte d'ours. C'était bien trop expressif de la part du jeune homme. Tout comme le sourire sur son visage qui était bien trop grand. Il cherchait à changer afin de prendre un nouveau départ, ou du moins s'en donner la chance après tout ce qu'il avait perdu.
Selon Byakuya, cela pouvait être une bonne comme une mauvaise chose.
« N'oublie pas de montrer ça à Papa, » continuait Ichigo. « Il va être ravi ! » Il s'écarta un peu. « D'ailleurs, en parlant de lui, tu sais où il est ? »
« Non, je sais pas, » répondit Yuzu. « Il est parti tôt ce matin et c'est à peine si on a discuté. »
« Bon, tant pis. Je vais me poser un peu dans ma chambre. »
Le Capitaine Shinigami passa à côté de lui pour aller lui-même vers sa chambre réintégrer son gigai. En chemin, il étendit ses sens afin de repérer Isshin. Il le localisa à la boutique Urahara. Il s'y rendait souvent, tout comme la jeune Karin, bien que pas pour les mêmes raisons.
Il se redressa sur son futon quand il entendit quelques coups donnés contre sa porte. C'était le rouquin.
« Entrez, » dit-il simplement. « Que puis-je pour toi, Kurosaki ? »
« Bonjour, Byakuya, » fit le jeune homme en restant dans l'embrasure de la porte. « Je me demandais… Est-ce que tu sais par hasard si mon père a des ennuis ? »
« Non. Je ne suis pas au fait des problèmes des humains. »
« Tu sais que mon père n'en est pas un. »
« En effet, mais il a choisi de vivre comme tel et de fonder une famille. Quels sont ses motifs et raisons pour un tel acte alors qu'il appartient à une noble famille, je l'ignore et ce ne sont pas mes affaires… » Le Capitaine fixa un instant le jeune homme avant de finalement se lever et faire deux pas vers lui. « Pourquoi crois-tu qu'il a des ennuis ? »
« Un homme est venu me voir au travail et m'a montré une photo de mon père. Il a posé des questions étranges sur lui. Alors je me demandais … Peut-être que tu saurais quelque chose puisque tu n'es pas toujours dans ton gigai. »
« Non, je ne sais rien. Navré de ne pas pouvoir t'être d'une quelconque ut… »
Byakuya fut interrompu par une sonnerie de portable.
« Excuse-moi, » dit alors Ichigo en sortant son téléphone. « C'est Orihime, » ajouta-t-il en décrochant. « Allô ? Orihime. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as un problème ? »
Byakuya nota que même si Ichigo semblait vouloir changer de vie et ne plus retourner vers le passé désormais inaccessible, il avait toujours cette volonté d'aider les autres et se rendre utile sans rien demander en échange.
« QUOI ?! J'arrive tout de suite ! » s'exclama-t-il avant de raccrocher. « Uryu est à l'hôpital. Il vient de sortir du bloc. Il faut que j'y aille ! »
En un clin d'œil, il n'y avait plus personne. Byakuya était de nouveau seul dans sa chambre. Il jeta un coup d'œil à la fenêtre et vit Ichigo courir vers le grand hôpital comme si sa vie en dépendait. Il soupira, sachant qu'il devrait courir pour le rattraper mais il sortit quand même de son gigai pour le faire, histoire de ne pas être ralenti par les performances du corps artificiel nettement inférieures aux siennes.
Il suivit la trace d'Ichigo d'un bon pas, remerciant le ciel qu'il n'avait pas à recourir au shunpô pour cela. Cela lui devenait de plus en plus compliqué. Il arriva à l'hôpital, dans la chambre d'Uryu Ishida à peine quelques secondes après le rouquin de telle sorte qu'il ne manqua rien à la conversation.
« C'est pas vrai ! » s'exclama le Quincy blessé. « Tu as même prévenu Ichigo ! Orihime. Tu es adorable mais il faut toujours que tu en fasses trop ! »
Byakuya se glissa dans la pièce et vint à côté d'Uryu, lui faisant un simple geste de silence avant de montrer Ichigo du menton. Le rouquin n'avait pas à savoir qu'il était là. Le Shinigami alla ensuite s'appuyer contre le mur et avisa les humains présents dans la chambre. Il remarqua la présence d'un autre Quincy, plus âgé, probablement le père du blessé entrer dans la pièce en dernier en tenue de médecin.
« Personne n'en fait trop, » dit le père d'Ishida. « Toi tu parles comme un adulte mais tu agis comme un enfant. »
Tout en disant cela, le Quincy-médecin avait jeté un regard sur Byakuya, comme Orihime Inoue. Aucun des deux ne fit remarquer sa présence à Ichigo non plus, ce qui le rassura également. Il n'aurait pas à expliquer ça.
« Pardon ?! Dans mon état, je ne comprends même pas qu'on me laisse avoir des visites. Je vous rappelle à tous que je sors à peine du bloc. J'ai vraiment pas besoin d'autant d'agitations. »
« Fais pas le malin, » rétorqua platement le père, le visage et la voix dénuée d'émotion. « Je t'ai opéré alors je sais où tu en es. C'est pas le fait de discuter avec des gens qui va te faire du mal. En revanche, j'ai quelques inquiétudes quant à tes activités alternatives. Se faire attaquer et laisser pour mort, cela fait un peu débutant non ? »
« Quoi ? » s'étonna Ichigo avec effroi. « Attaquer et laisser pour mort ? Qui c'était ? Uryu, dis-moi. Dis-moi où et comment ça s'est passé ! »
« Gardez-le à l'écart, » ordonna calmement Byakuya, sachant que sa voix ne serait pas entendue du rouquin. « Il ne peut plus se battre. »
« Non. Ca ne te regarde pas, » répondit Uryu à Ichigo, tout à fait d'accord avec le Shinigami.
« Bien sûr que cela me regarde aussi ! » rétorqua Ichigo. « Tu n'es plus en mesure de faire le job ! Ce qui veut dire qu'on est tous concernés ! Qu'on a tous un problème si tu ne nous dis rien ! Uryu, c'était qui ?»
« Il est essentiel qu'on entende ces informations, » fit remarquer Ryuken Ishida. « Autrement, je ne vois pas l'intérêt de t'avoir opéré. »
« Tu veux bien me lâcher, oui ?! » s'écria Uryu avant de gémir de douleur.
« Et voilà, » dit sarcastiquement le père en croisant les bras et en s'appuyant contre le mur à côté de la porte. « Deux points qui sautent. Refais ça une octave plus haut et tout se débine. Tu retournes au bloc et il faut recoudre. »
Byakuya était étonné de voir si peu de sentiments se dégager de cet homme à l'égard de son fils. C'était rare, et généralement le propre de la noblesse bien que jamais avec une telle froideur dans le regard ou dans le ton. Il n'émanait rien de cet homme à un point que le Shinigami commençait à avoir des doutes sur la personne. Il se massa discrètement la poitrine alors qu'il attendait, à l'écoute de la suite.
« Mais pourquoi ? » demanda Orihime d'une petite voix, assise sur une chaise à côté du lit.
« Pardon, Orihime, » répondit Uryu Ishida. « Ce n'est pas contre toi. C'est seulement que là, je ne peux rien dire de plus. Tu devrais rentrer chez toi. »
« Très bien, » soupira-t-elle.
Quelques instants plus tard, ils se retrouvèrent tous dans le couloir, Byakuya toujours présent à l'insu d'Ichigo.
« Tu me raccompagnes ? » demanda la jeune femme.
« Euh … Oui, oui, bien sûr ! » fit le rouquin, interrompu dans ses pensées. A cette heure-ci, je comprends que tu ne veuilles pas rentrer seule, » ajouta-t-il avec un sourire rassurant. « T'inquiète pas. Je suis là. »
« En même temps, je ne voudrais pas que tu te sentes forcé ! » répliqua Orihime en rougissant.
Ryuken Ishida posa une main sur l'épaule de la jeune fille, surprenant cette dernière.
« Je vais te ramener en voiture. Ce sera plus sûr, » dit-il avant de regarder le rouquin. « Rentre chez toi, Ichigo. Ton père n'aime pas que tu traines le soir. Si en plus, c'est avec une fille, cela pourrait bien le rendre hystérique. »
Il avait dit cela encore une fois sans la moindre émotion. Et il avait évoqué Isshin Kurosaki, sa réaction… Cela laissait supposer qu'ils se connaissaient. Byakuya crut alors avoir deviné qu'il était l'homme que l'ancien Capitaine Shiba avait opéré. Opéré et rendu réfractaire à la moindre émotion.
Ichigo semblait hésiter un instant avant de se pencher en avant.
« D'accord. Merci, » dit-il avant de partir en courant.
« Ichigo. A demain au lycée, hein ? » s'exclama Orihime.
Sa voix se répercuta contre les murs silencieux de l'hôpital.
« Dis donc. J'apprécierai que tu ne cries pas dans cet hôpital. »
« Oups ! » fit-elle en plaquant ses deux mains contre sa bouche. « Oui, désolée ! »
Ryuken jeta un nouveau coup d'œil au Shinigami avant de reporter son attention sur elle.
« Puisque Ichigo ne peut servir à rien, j'ai préféré attendre qu'il soit parti pour te le dire, » dit-il toujours aussi calme et froid. « Je ne pense pas que ce soit un hollow qui aie attaqué Uryu. »
« Aucune présence hollow n'a été détectée dans le secteur depuis une semaine, » informa simplement Byakuya.
« Et ce n'était pas non plus un shinigami, » continua le Quincy comme s'il n'avait pas été interrompu. « J'ai examiné les traces de pression spirituelle autour de la blessure et je suis perplexe. »
Il fit demi-tour et marcha dans le couloir, amenant Byakuya et Orihime à le suivre d'un bon pas. Mais qu'avaient tous ces gens à presser le pas, se demanda le Capitaine Shinigami en faisant autant attention que possible à sa respiration.
« Je ne suis même pas sûr de pouvoir appeler cela de la pression spirituelle. Je n'avais encore jamais vu ce type de particules. »
« Mais alors qu'est-ce que c'est ? »
« Je n'en ai encore aucune idée. Je t'ai dit tout ce que je savais. Le reste n'est que suppositions. »
« Quelles sont vos suppositions ? »
« Aucune qui ne devrait intéresser un Shinigami. Ce n'est pas une affaire de hollow. »
« Ma famille a une dette envers Ichigo Kurosaki. Et le connaissant, il se jettera dans les ennuis même s'il n'a plus aucun pouvoir. De ce fait, le préserver du danger est la meilleure solution en le tenant dans l'ignorance le temps que cela s'arrange. Mais pour que la situation évolue, il faut avoir des informations. »
Byakuya toussa quelque peu mais n'eut pas une quinte de toux incontrôlable. Ryuken s'arrêta pour fixer le shinigami un instant.
« Vous sentez le sakura. »
« C'est peut-être à cause de son zanpakuto, » commenta Orihime Inoue. « Zenbonzakura ressemble à des pétales de sakura qui volent au gré du vent. »
« Cela n'a rien à voir, jeune fille, » coupa le médecin, le regard toujours fixé sur Byakuya. « Je connais bien cette odeur. Elle m'a suivie pendant plusieurs mois. »
« C'est vous qu'Isshin a opéré. Vous avez accepté ce sort pour votre fils selon lui. »
« Il va falloir que je rappelle à ce vieux shinigami ce qu'est la notion de vie privée. Quoi qu'il en soit, si vous pouvez l'éviter, ne finissez pas comme moi. »
« Alors aidez-moi avec Ichigo Kurosaki. Pour cela, je dois savoir tout ce qu'il faut pour pouvoir le protéger. »
« C'est lui l'objet de... »
« Oui, » coupa le Capitaine de la sixième division.
Orihime fixa les deux hommes, comprenant qu'elle n'était pas la bienvenue dans cette conversation devenue privée. Elle resta juste un peu à l'écart, patiente et silencieuse.
« Voilà ce que je pense, » fit alors Ryuken Ishida. « L'agressé n'en savait pas plus sur son agresseur que nous. » Il se tourna vers Orihime. « Lorsqu'il t'a dit de ne pas le prendre personnellement, il était sincère. Il n'a aucune idée de ce qu'il lui est arrivé. »
« Vraiment ? » fit-elle, surprise.
« Quoi qu'il en soit, il semblerait que vous soyez tous en danger. Saurais-tu quelque chose que j'ignore ? »
« Non. »
« Et vous ? »
« Peut-être, » répondit Byakuya en s'appuyant contre le mur d'une main, légèrement essoufflé. « La Soul Society surveille le monde des humains en tout temps. Cette mesure est prévue essentiellement pour préserver les vivants des hollows mais nous sommes conscients qu'il existe d'autres êtres aux pouvoirs étranges comme les Bounts ou les Fullbringers. »
« Que sont les Bounts et les Fullbringers ? »
« Normalement, il n'y a plus de Bounts, » intervint Orihime.
« C'est vrai, en théorie, » confirma le Shinigami. « Quant aux Fullbringers, on peut considérer que vous en faites partie, Orihime Inoue. Il s'agit d'un être humain avec un pouvoir particulier. »
« Vous sauriez quelle genre d'énergie ces … Fullbringers peuvent manipuler ? » demanda le Quincy.
« Malheureusement non. Je suis capitaine, il est vrai, mais la science ou la médecine ne sont pas mes domaines d'expertises. C'est le propre des quatrième et douzième divisions. »
« Donc, en supposant qu'Uryu ait bien été attaqué par un humain potentiellement Fullbringer et déterminé à suivre un agenda, on pourrait se demander si Tchad et toi, Orihime, n'allez pas être les prochains sur la liste. »
« Et Ichigo ? » demanda-t-elle, soudain plus inquiète à l'annonce d'être une potentielle victime.
« Kurosaki ne dégage plus aucune énergie spirituelle, » répondit Byakuya à la place du Quincy. « Il est devenu insignifiant aux yeux de tout ennemi. S'il lui arrive d'être en danger, cela est du au hasard ou à sa volonté à vouloir protéger les autres malgré son manque de pouvoirs. Si face aux humains, ce n'est pas un problème insurmontable pour lui, face à des êtres ayant un quelconque pouvoir, il sera écrasé, voire pire, tué. »
« Allez viens, Orihime, » soupira le Quincy. « Je te raccompagne. Vous pas, le Shinigami. »
« Ce n'était pas dans mes intentions de m'imposer, » rétorqua Byakuya d'une voix calme. « Je vais plutôt aller me renseigner et savoir ce qu'il se passe à Karakura. »
Ryuken Ishida resta un moment silencieux avant de finalement s'adresser une dernière fois au Capitaine Kuchiki.
« Bien qu'aider un Shinigami me rebute, je ne peux que vous conseiller ceci. Trouvez rapidement une solution à votre problème car plus vous attendrez, pire ce sera. Et à la fin, vous serez même dans l'impossibilité de pouvoir vous mouvoir tellement vous n'arriverez pas à respirer. »
« J'ai déjà reçu cette mise en garde, » dit Byakuya.
« Pas d'une personne qui l'a déjà vécu. »
Byakuya inclina la tête et disparut de l'hôpital. Il devait parler avec Urahara pour voir ce qu'il savait de toute cette histoire.
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