Salut, à tous,

Aujourd'hui, petit OS très simple et sans prétention qui fait partie lui aussi des premiers que j'ai écrits. C'est sans doute l'un des seuls où Mary n'a pas une fin triste. Je précise d'ailleurs pour cette fois et celles à venir que c'est un personnage que j'affectionne beaucoup, même si son destin dans mes OS ne le laisse peut-être pas paraître.

Bref, comme la semaine passée, bonne lecture, en espérant que ça vous plaise !


RAR : Katymyny : Merci pour ta review ! J'ai plus ou moins le même point de vue sur les romances que toi, même si ça reste toujours difficile de faire naître une relation de cette ampleur avec le (si) peu de mots que nous autorise les OS. C'est un peu un challenge personnel ce recueil finalement même si je l'ai écrit en partie pour me sortir d'une grosse phase de page blanche sur un plus gros projet. Du coup, il n'a pas vraiment vocation à être ultra-précis, ou très développé comme le serait une histoire en plusieurs chapitres. Il a été écrit par pur plaisir finalement et n'est pas des plus recherchés. Je l'ai publié en espérant que ce qui m'a amusée d'écrire plaisent à d'autres. Du coup, j'espère que la suite ne te décevra pas même si certains des chapitres qui suivront ne seront pas dénués d'un peu de mièvrerie et de coups de foudre.


TITRE : Nouvel espoir

SITUATION : Post saison 2, pré-saison 3

PAIRING : JohnxMary

RESUME : John a perdu gout à la vie à la mort de Sherlock. Mais peut-être que le destin lui réserve un avenir meilleur, incarné par une certaine Mary Morstan…


« John ? J'ai besoin d'un petit service.

John releva la tête des papiers qu'il consultait sans vraiment les voir, plongé dans des pensées à des milles de son activité. Il croisa le regard de Sarah et acquiesça pour lui dire qu'il l'écoutait.

- J'étais censée assurer l'entretien d'embauche d'une infirmière pour le cabinet sauf que j'ai une urgence personnelle… tu pourrais t'en charger?

- Aucun problème, murmura John.

Il pouvait faire des heures sup' jusqu'à minuit s'il le voulait, de toutes façons, qui pourrait le lui reprocher ou même lui faire remarquer ? Personne ne l'attendait dans son vieil appartement, celui qu'il avait avant que sa vie ne change du tout au tout. Avant ce jour béni dans les labos de St Barts. Avant Sherlock. Il était incapable de retourner à Baker Street. Il avait trop de souvenirs là-bas, Sherlock était trop présent. Il se sentait vaguement coupable de laisser Mrs Hudson traverser son deuil seule mais il était incapable de se retrouver dans le salon du 221B où flottait encore l'odeur de son colocataire et de ses expériences. Encore encombré du bazar qu'il y laissait. De traverser le couloir pour monter à sa chambre, de passer devant celle de Sherlock.

Vide. Silencieuse. Criant l'absence de l'homme qui l'avait sauvé. Et qui l'avait tué aussi sûrement qu'aurait dû le faire cette satanée balle en Afghanistan. Comment pouvait-on se sentir aussi vivant et mourir aussi vite en l'espace de quelques secondes ?

En l'espace d'une chute. Le temps que le trottoir ne se couvre de sang, de son sang, métaphore de la vie qui s'échappait de John au même instant. Il n'arrivait même plus à croire au miracle qu'il ne cessait de réclamer à Sherlock. Il n'en avait plus la force. Plus l'envie. A quoi bon se torturer à espérer ? Sherlock était mort, enterré sous cette pierre tombale qui n'était jamais fleurie. De toutes façons, il détestait ça. Les fleurs. Les choses que faisaient le commun des mortels.

- John ?

- Mmh ?

- Tu es sûr de pouvoir le faire ? Je veux dire… ça va ?

- Parfaitement bien, assura le médecin du ton le plus convainquant qu'il possédait en souriant à sa collègue.

Cela ne pouvait être plus faux. Mais Sarah lui sourit d'un air triste qu'il ne remarqua même pas, l'informa de l'heure à laquelle il devrait recevoir la jeune femme, déposa son CV et disparut derrière la porte.

John soupira et se lança dans la lecture du document en attendant son prochain patient.


Il venait de fermer son bureau quand une jeune femme s'approcha de lui.

- Hum… excusez-moi, je cherche le cabinet du Dr Sawyer. Elle devait me recevoir…

John se figea dans son mouvement. Accaparé par ses pensées qu'il était, il en avait complètement oublié le service que sa collègue lui avait demandé de lui rendre. Il avait pourtant lu le CV de la dénommée Mary Morstan, sans en retenir une ligne, et son patient était arrivé. Alors il l'avait rangé au fond d'un tiroir et avait complètement oublié de quoi il en retournait.

- Oh, euh… excusez-moi. Sarah a eu un empêchement de dernière minute… C'est moi qui vais vous recevoir.

Il ressortit précipitamment les clefs de son cabinet et les enfonça maladroitement dans la serrure.

- Je ne veux pas vous retarder si…

- Non. Il n'y a personne, lâcha John, sans vraiment savoir pourquoi il avait déclaré ça.

Peut-être était-ce dû aux magnifiques yeux bleus de la jeune infirmière? Mais il y'avait bien longtemps qu'il avait cessé de regarder les femmes. La douleur était bien trop forte, bien trop présente, elle l'accaparait, le retenait prisonnier de ses chaînes et l'empêchait de s'intéresser à autre chose qu'elle.

- Je suis le Dr Watson, se présenta-t-il avec un sourire de politesse. Entrez.

- Mary Morstan, fit la jeune femme en lui rendant son sourire.

Puis elle se glissa dans l'interstice de la porte ouverte et John la laissa aller s'asseoir dans la chaise en face de son bureau. Il referma la porte et rejoignit son poste, derrière l'ordinateur. Il fouilla un instant dans les tiroirs et en ressortit le CV. Sans vraiment comprendre sa réaction, John rougit. Il ne savait même pas quoi dire des aptitudes de la dénommée Mary. Alors dans une vaine tentative de rattraper son erreur, il s'abîma en silence dans la lecture du CV. La jeune femme ne fit aucun commentaire quant à son professionnalisme – laissé au placard s'il devait être honnête avec lui-même, mais depuis le temps, le cabinet était habitué à son taux d'absentéisme qu'il soit physique ou psychique – et John lui en fut brusquement reconnaissant. Comme si elle était capable de comprendre sa douleur, la raison pour laquelle il avait été incapable de se concentrer aujourd'hui. Il savait la chose absurde et pourtant, il se sentit un peu mieux et put lire attentivement le CV de Mary Morstan. Il émit un sifflement admiratif à mesure que ses yeux descendaient sur la page. La jeune femme avait de l'expérience pour ce qui se rapportait aux interventions d'urgence de type militaire apparemment. La chose résonna en John qui se revit un instant face à Sarah, à l'époque où il recommençait à goûter à la vie, pour son propre entretien d'embauche. Son moral baissa d'un coup. Il ne serait plus jamais comme ça. Prenant sur lui, John releva la tête, posa ses yeux sur la jeune femme et l'étudia un instant. Il la trouva belle. Ses cheveux blonds encadrant un visage doux mais volontaire, ses yeux bleus comme l'océan, ses lèvres fines. Mais bizarrement, cette pensée ne lui fit rien. Il était mort de l'intérieur, comment aurait-elle pu ? Il sourit néanmoins, une partie de son cerveau remarquant le regard appréciateur qu'elle jetait sur lui, sans pour autant s'y attarder. Il s'en fichait après tout.

- Je… Vous êtes légèrement surqualifiée, fit John, répétant sans même le vouloir les mots que Sarah avait prononcés à son encontre lors de son entretien.

Mary sourit. Comme il l'avait fait lorsque Sarah l'avait reçu.

- Je veux dire… ici, vous allez faire des piqûres, prendre la tension à des petits vieux, bref, vous n'assisterez pas d'éminents chirurgiens sur un champ de bataille pendant que les balles pleuvent au-dessus de votre tête.

John avait envie de s'administrer une gifle. Il racontait n'importe quoi. Qu'allait-elle penser de lui ? Et puis qu'est-ce que cela pourrait-il bien lui faire ? Il y'avait bien longtemps qu'il se fichait de l'opinion du monde. Résultat d'années passées avec Sherlock sûrement.

- Vous avez l'air de savoir de quoi vous parlez, murmura Mary sans vraiment le regarder.

John retint un rire amer. Oui, il savait de quoi il parlait. L'Afghanistan l'avait détruit, avait détruit son corps, la chute de Sherlock l'avait détruit aussi. Avait achevé de le détruire. Cette parenthèse dans sa vie n'avait rien été d'autre qu'un effet placebo finalement. Plus dure était la chute.

John éclata de rire, s'accordant un regard perdu de Mary. L'ironie lui allait très mal et lui donnait en plus des airs de fou furieux psychopathe.

- Excusez-moi… murmura-t-il en essayant de calmer son fou rire.

Ce n'était même pas drôle de toute façon.

- Il n'y a pas de mal, répondit l'infirmière.

Elle devait le prendre pour un fou. Tout le monde le prenait pour un fou. Ils avaient peut-être raison.

- Oui. J'étais médecin militaire, informa-t-il.

Elle acquiesça.

- Je ne vois pas de raisons de vous refuser le poste si vous le voulez vraiment… En revanche, vous seriez plus à votre place à St Barts.

- Tout comme vous, si je ne m'abuse.

John fit non de la tête, une douleur poignante à la poitrine. Il avait l'impression que quelque chose écrasait, pétrissait son cœur. Comment pourrait-il avoir sa place à St Barts avec le fantôme de son meilleur ami qui hantait les lieux ? Il n'avait jamais cru au surnaturel ou au paranormal, John avait toujours été quelqu'un de très rationnel mais revenir là-bas ? A chaque fois qu'il passait dans la rue de l'hôpital, il revoyait le corps de Sherlock s'écraser sur le pavé, répandant un liquide vermeil sur le trottoir. Il essaya de chasser les larmes qui affleuraient à ses yeux.

- Dr Watson ? Vous vous sentez bien ?

John retint le « Est-ce que j'en ai l'air ? » acerbe qui se bousculait à ses lèvres et préféra baisser la tête.

- Désolé j'ai pas la tête à ça, je… ça fait un an que mon meilleur ami… je sais même pas pourquoi je vous raconte ça…Je ferai mieux de me taire. Vous n'êtes pas venue pour ça. Pardonnez-moi.

Il n'y avait aucun jugement dans le regard bleu de Mary Morstan. Et John en ressentit une bouffée de reconnaissance.

- Vous voulez en parler ? demanda-t-elle doucement. Je… je sais que je suis une parfaite inconnue et vous êtes en droit de me virer de votre bureau dès maintenant pour incorrection, mais parfois… c'est plus simple de parler à quelqu'un d'extérieur.

Elle baissa la tête et John fut certain qu'elle avait rougi. Il sourit, appréciant l'attention. Et bizarrement, il eut envie de se confier à cette jeune femme. Il avait l'impression qu'elle pouvait le comprendre.

- Il y'a un an… jour pour jour… mon meilleur ami a sauté d'un toit.

John renifla bruyamment et chassa la larme qui avait coulé le long de sa joue.

- J'ai assisté à toute la scène. Il m'a même téléphoné avant de… avant de se suicider.

C'était la première fois qu'il prononçait le mot, malgré les nombreuses insistances de sa psy. Il n'y était jamais parvenu. Il avait l'impression qu'en disant la chose, elle était plus réelle, il avait l'impression qu'il enterrait définitivement le souvenir de Sherlock. Et il se refusait à oublier.

- On l'avait accusé d'être un imposteur et… je ne sais pas pourquoi il a fait ça. C'était pas le genre à faire des trucs pareils. Pourtant il l'a fait. Il a sauté.

- Vous lui en voulez ?

- Souvent oui. Il n'a laissé aucune explication. Je lui en veux pour ça et pour m'avoir laissé. Le reste du temps, je me sens terriblement seul, abandonné. En colère.

Mary sourit tristement et instinctivement, posa sa main sur celle de John. Ce dernier, soudain gêné, déclara en faisant mine de passer à autre chose.

- Bien ! Quoi qu'il en soit, vous êtes engagée. Sauf si vous préférez St Barts.

- Je pense que je serais bien ici.

Elle retira sa main et John acquiesça.

- Vous pourrez commencer dès demain.

- Parfait.

Elle se leva et se dirigea vers la porte avant de se retourner pour serrer la main de son désormais collègue. Et puis au bout d'un instant de silence :

-Vous allez tenir le coup ? Je veux dire… seul.

John la contempla un moment, surpris. Mais il n'y avait aucun sous-entendu dans son regard. Elle avait demandé cela dans un simple élan de compassion. Elle voulait l'aider. Elle n'avait aucune intention de profiter de sa faiblesse.

- Un peu de compagnie ne serait pas de refus, » répondit-il.

Et le sourire qu'elle lui accorda réchauffa un peu le cœur de John. Il y'avait quelque chose chez Mary qui lui donnait espoir en l'avenir.


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