Un peu plus de procrastination parce que j'ai désespérément besoin d'une pause!

Le thème du chapitre d'aujourd'hui est "soutien", et j'espère que ça se sentira à la lecture haha.

Pas de TW particuliers pour ce chapitre, il me semble - si vous estimez qu'il en faut, dites-moi. Je ne me rends pas forcément compte.

Cette histoire n'est toujours pas bpeta-lue, donc désolée s'il y a des erreurs, j'ai pas trop le temps de me relire cette fois!

Bonne lecture!


Aeleus serre son chapelet dans ses mains trop grandes.

Il compte les Ave Maria murmurés dans le silence pesant de l'église.

Chaque prière le rassure, chaque murmure qui le rapproche de la Gloire Au Père allège son âme.

Aujourd'hui, son âme est lourde. Aujourd'hui, de vieux souvenirs le hantent.

Aujourd'hui, Aeleus est dévoré par son passé.

Alors Aeleus prie, avec ferveur et honnêteté.

Il fait tout pour se détacher de sa basse humanité et se rapprocher, même pour quelques heures, du céleste.

Il repense aux mots qu'il avait dit à Roxas, pour le rassurer.

Aeleus a la foi, et il l'a toujours eu. Mais Aeleus n'a pas toujours prié.

Un temps, il portait le nom de Lexaeus, et sa carrure imposante était celle d'un soldat, et d'un tueur.

Un temps, il ne priait que pour absoudre ses péchés.

Un temps, Aeleus n'avait la foi que lorsque la culpabilité le rongeait trop.

Aeleus a maintenant abandonné son ancienne vie, avec son ancien nom. Il espère être devenu un homme meilleur.

Il y a un peu plus de deux ans, les morts ont commencé à revenir à la vie, et Aeleus a décidé de mettre en œuvre une idée qui lui traînait déjà dans la tête depuis un moment. Il a changé de vie alors que le monde changeait.

Et maintenant, il est Aeleus, un prêtre dont la foi est aussi sincère que réelle. Il n'est plus un mercenaire silencieux.

Parfois, il se demande s'il est encore capable de tuer. Il rêve de pouvoir dire que non, mais il est presque sûr que si on lui met une arme entre les mains, ses talents lui reviendront aussi naturellement qu'un crédo.

Il n'a plus honte. Il ne se cache plus de son ancienne vie. Il ne se cache plus des horreurs qu'il a vues, qu'il a entendues, qu'il a causées.

Aeleus reste silencieux.

Toutes ses prières sont dites.

Et il pleure.

Des visages dansent derrière ses yeux fermés. Des centaines et des centaines de visages, appartenant à des gens à qui il a pris ce qu'ils avaient de plus précieux – leur vie.

Et Aeleus pleure, parce que même si rien ne peut faire vaciller sa foi, Dieu serait fou de lui pardonner pareilles transgressions.

Pour se faire pardonner, il prie. Et il aide, du mieux qu'il peut. Il essaie d'apporter la sérénité aux survivants croyant de la colonie, il essaie du mieux qu'il peut de les guider.

Il y a une chose qu'il doit faire, s'il se sent un jour prêt. Il doit guider Roxas.

Mieux qu'il ne le fait déjà.

Roxas a traversé un traumatisme d'une violence inimaginable avant d'arriver au Dernier Bastion. Aeleus le sait, mais il n'a jamais eu le courage de parler de cette épreuve avec Roxas.

Parce que s'il fait ça, il devra exposer ses traumatismes. Et il n'est pas encore prêt à dire au jeune homme que lui aussi souffre d'un syndrome post-traumatique qui l'handicape chaque jour que Dieu fait.

Alors Aeleus fait ce qu'il fait de mieux. Il se tait. Reste silencieux et offre au blondinet une épaule sur laquelle pleurer.

Et ensemble, ils prient.

Demyx soupire.

Du haut de ses vingt-sept ans, il a décidé de prendre en charge le moral de la colonie.

Cela implique de gérer les archives culturelles, tout ce qui est musical – sa préférence personnelle, cinématographique, littéraire … Tandis que Luxord gère la partie plus ludique, pour les jeux notamment.

Ce soir, Demyx joue distraitement sur son sitare.

Une vieille chanson qui a la préférence de Zexion. Il sourit, juste à évoquer son nom.

Il a beaucoup d'affection pour Zexion.

Il y a un truc entre eux, il croit.

'Fin, ils couchent ensemble de temps en temps, quoi.

Rien de sérieux, parce que Zexion dit qu'il n'a pas envie de se caser avec quelqu'un de plus jeune. Demyx a beau lui dire qu'ils n'ont que quatre ans d'écart, le scientifique ne veut rien entendre.

"C'est une question de principe", il paraît.

Le guitariste rit un peu de la futilité de ses pensées.

Oh, ne vous méprenez pas, il sait très bien qu'il y a des choses bien plus importantes qui méritent son inquiétude.

Il sait.

Mais honnêtement, il est fatigué. Épuisé, même.

Si vous pensez que le reste du monde ne pèse pas constamment sur son esprit, vous vous trompez.

Mais Demyx pense que se distraire avec ses histoires de cœur, ou de cul vraiment, en l'occurrence, est une chose très saine.

Surtout si ça l'empêche d'aller se glisser dans l'armurerie pour se tirer une balle dans la tête, merci beaucoup.

Du coup, il s'occupe comme il peut.

Il gratte sur les cordes usées de son sitare et il pense au charmant derrière son plan cul actuel.

Plan cul ou pas, il a beaucoup d'affection pour Zexion. Même s'il est plus vieux, et même si sa première passion dans la vie c'est Star Trek.

Parce que Zexion, bizarrement, a l'air d'être un des rares survivants à prendre son rôle dans la colonie au sérieux.

"Le moral des troupes, c'est essentiel", dit-il dans son brouillard post-coïtal, "C'est grâce à toi qu'on va pas tous se jeter du mur les uns après les autres, tu sais".

Et Demyx caresse les cheveux bleus de son amant, et, le cœur léger, il lance un débat sur la supériorité de Marvel par rapport à DC Comics, et quand il perd parce que Zexion est têtu comme une mule, il serre le petit scientifique dans ses bras et l'embrasse avec langueur.

Parfois, ils parlent de choses importantes.

Parfois, Zexion vient le voir en colère parce que son travail est difficile ou parce qu'il n'est pas d'accord avec Vexen, et les conversations ne sont ni légères ni distrayantes.

Demyx l'écoute toujours, quand il parle du virus, des zombies, des autopsies. Il se permet même parfois de faire quelques propositions d'analyses qui lui paraissent pertinentes (Demyx est loin d'être un idiot, contrairement à l'opinion populaire).

Vous ne pouvez donc absolument pas reprocher à Demyx de ne pas s'intéresser à la fin du monde.

Il irait même plus loin, les expériences sur les réactions musculaires des cadavres par le recours à des chocs électriques étaient de sa proposition.

Merci qui? Bah oui, merci Demyx.

Il rit de nouveau et continue de jouer en grattant avec un peu plus de concentration son sitare.

Xaldin s'étire.

Ses muscles le tiraillent avec indolence.

Le soleil ne va pas tarder à se lever, et il est fatigué.

Le manoir n'est plus très loin, et, pourtant, il ne rêve que de retrouver son lit.

Il n'en dit rien, bien sûr. Ce ne serait qu'enfoncer le couteau dans la plaie.

À voir les traits de Riku, il n'est pas le plus fatigué du groupe. Il prend donc une profonde inspiration et se ressaisit.

Ça fait des heures qu'ils poussent, qu'ils tuent, qu'ils brûlent.

Le manoir ne devrait plus être très loin, et Xaldin est à deux doigts d'en remercier le ciel.

Xion est couverte de sang – heureusement, ce n'est pas le sien, et Riku a l'air d'être au bord de l'évanouissement.

Aqua n'en mène pas large non plus, et Terra fait de toute évidence de son mieux pour camoufler sa propre fatigue.

Xaldin s'en sort donc plutôt bien, toutes choses considérées.

Il passe un bras autour des épaules de Riku pour lui montrer un peu de soutien et offre un sourire qu'il espère rassurant à Xion.

– On y est presque. Vous n'avez pas intérêt à abandonner maintenant! Il s'exclame en glissant juste assez de taquinerie dans sa voix pour remonter le moral de ses collègues.

Aqua se contente de grogner en réponse en serrant un peu plus fermement la batte de baseball dont elle se sert depuis que ses munitions se sont épuisées.

Terra sourit, et le groupe continue de pousser vers le Nord, pour arriver bien assez tôt devant les grilles imposantes du manoir.

La plaque en argent près du portail indique élégamment "Manoir Oblivion", et Xaldin n'a pas le temps d'en informer le reste du groupe que Xion est déjà montée à un arbre, l'œil vissé au viseur de son sniper.

Elle y reste quelques minutes, réajustant sa position par intermittence pour avoir une meilleure vue d'ensemble du grand bâtiment qui s'érige devant eux.

Elle saute au sol, son arme en bandoulière, et l'air grave, elle murmure.

– Des humains, je crois. sa voix vacille un peu lorsqu'elle ajoute : J'ai l'impression d'avoir aperçu Vanitas.

Xaldin réagit avec une vitesse qui le surprend lui-même. En quelques instant, il est près de Xion et lui offre un étreinte rassurante alors que la jeune femme sanglote.

Il caresse son dos avec tendresse, et dans le secret de son esprit, pense que Larxene saurait mieux gérer cette situation que lui.

Sans cesser d'enlacer la jeune femme en larmes, il ne manque pas la grimace qui déforme les traits de Terra.

Au moins, ils sont fixés sur ce qui se trouve dans le manoir.


Boom, du scénario - qui l'eut cru?

J'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à me donner vos retours si ça vous tente!

Le titre de ce chapitre est tiré de la chanson "The End of The World", par Skeeter Davis (c'était juste le fond sonore qui passait au moment de trouver le titre, mais le working title était Stand By Me - chanson de Ben E. King. J'aime bien les deux)

À la prochaine!

De l'amour,

~paopu