Chapitre 3:
« Laissons les heures sombres du passé derrière nous. »
« C'est ce que nous enjoint de faire Harry Potter alors que le nouveau Tournoi des Trois Sorciers vient juste de désigner les champions des trois écoles.
Il sait de quoi il parle. Au précédent Tournoi, il avait été choisi par la Coupe de Feu comme l'improbable 4ème champion alors qu'il n'était âgé que de quatorze ans. Plus jeune et moins expérimenté que les autres champions, Harry Potter avait réalisé pourtant un Tournoi exceptionnel ( voir article pages 5 et 6 ) mais qui hélas, s'était soldé par la mort du jeune et prometteur Cédric Diggory et par la renaissance de Vous-Savez-Qui ( voir article page 7 ).
Cette année cependant aucune crainte à avoir, d'autant plus que Harry Potter veille (1) . Ce n'est pas Jayanti Rayat (dont le prénom semble prédestiné puisqu'il signifie « La Victorieuse » ) qui nous contredira. Avec un coach comme le sien, la championne de Poudlard part favorite de la compétition.
Il lui faudra cependant se méfier tout particulièrement du jeune Taurus Petersen, le représentant de Durmstrang. Car si Harry Potter inculque son savoir à notre jeune Serdaigle, Petersen a un professeur beaucoup plus inquiétant. Un homme qui justement semble revenir tout droit de ces heures sombres du passé.
Malgré sa mise impeccable et son charme saisissant, difficile d'oublier en effet que Draco Malfoy a fait partie des Mangemorts. De plus, même si on ne lui connaît aucun crime, il enseigne aujourd'hui la Magie Noire, discipline de prédilection pour les sorciers qui tournent mal. Difficile d'oublier aussi que son père n'était autre que Lucius Malfoy : le bras droit de Vous-Savez-Qui.
Oui cette compétition s'annonce épique avec des professeurs comme Potter et Malfoy. Espérons que leur tumultueux passé commun ( voir article page 2 ) n'empiétera pas sur le but premier du Tournoi : resserrer les liens d'amitié entre les trois écoles et par extension entre les trois pays.
Quoi qu'il en soit, toutes nos pensées seront tournées vers la championne de Poudlard le trois décembre, date à laquelle se déroulera la première épreuve.
Rita Skeeter.
°O°O°O°
Draco se balançait sur sa chaise tout en observant le plafond de sa salle de classe, attendant que les élèves arrivent.
S'ils arrivaient.
Il le connaissait déjà par coeur ce plafond alors que ça ne faisait que deux semaines qu'il était à BeauxBâtons.
Quand il avait vu pour la première fois qu'on lui avait attribué la salle « Harry Potter », il avait bien sûr demandé à changer. Adélaïde Fournier avait refusé sans se départir de son petit sourire qui voulait probablement dire « Je ne vais sûrement pas accéder aux demandes d'un ancien Mangemort ». Il était donc passablement énervé et c'était pour cela qu'il avait utilisé le sortilège de Diversion. Juste pour passer ses nerfs sur Potter, sachant que ce dernier allait aussitôt rappliquer.
Mais ça avait été stupide et Potter ne s'était même pas aperçu qu'il mettait les pieds dans une salle en son honneur.
Il y avait plusieurs scènes de la vie de Potter représentées, de l'instant où Voldemort lui avait laissé sa marque sur le front jusqu'au moment où il recevait l'Ordre de Merlin - du moins le premier qu'il ait eu -. Celle que Draco préférait était la peinture où on le voyait âgé de dix-sept ans. Il volait en compagnie de Weasley et Granger à dos de dragon. Ils avaient l'air épuisés et crasseux mais les yeux de Potter brillaient alors que le dragon filait sur le plafond et le Gryffondor esquissait un rictus inquiétant qui vous filait la chair de poule. Mais c'était de cette façon qu'il souriait à Draco à Poudlard. Comme s'il se réjouissait à l'avance à l'idée de se battre contre lui.
Le regard de Draco descendit sur la pendule. Ça allait bientôt être l'heure. L'équipe professorale de BeauxBâtons venait d'avoir la bonne idée d'instaurer tous les lundis et jeudis après-midi ce qu'ils avaient appelé des « cours d'échange ». En clair, au lieu d'avoir deux après-midi de libres, il allait devoir enseigner la Magie Noire aux élèves de septième année de Beauxbâtons et à ceux de Poudlard qui voudraient bien se présenter à son cours. Il s'agissait de cours facultatifs - pour eux -. Draco était sûr qu'ils étaient optionnels à cause de lui et de la matière qu'il enseignait. Ça lui allait très bien, il n'avait aucune envie de se faire injurier par des parents en colère. Les cours de Potter avaient lieu en même temps, ce qui rabaissait encore ses chances d'avoir beaucoup d'élèves chez lui.
Il en était là dans ses réflexions lorsqu'on frappa à la porte. Il cessa de se balancer sur sa chaise et alla lui-même ouvrir.
Autant essayer de faire bonne impression sur les morveux qui faisaient l'effort de venir assister au cours du terrible ancien Mangemort.
Les trois seuls Serpentards que Potter avaient ramenés se trouvaient derrière la porte.
Il avait retenu le nom de Leto, celui qui s'était presque battu le premier jour dans le couloir avec le grand rouquin de Gryffondor. C'était celui aussi dont Potter avait vanté les mérites. Mais les deux filles, il ne les connaissait pas, même si la brune lui rappelait vaguement quelqu'un.
-Des Serpentards, dit-il en leur souriant, je ne serai pas trop dépaysé.
-Ça c'est sûr, répondit une des filles. Elle était grande, aux cheveux d'un blond terne et aux yeux d'un gris tout aussi terne. Vous connaissez même Elizabeth, dit-elle en poussant sa copine légèrement en avant.
Leto leva les yeux au ciel. Draco haussa les sourcils, la gamine brune évitait son regard et une légère rougeur commençait à s'étendre sur ses joues.
-Elizabeth Nott, se présenta-t-elle tout de même. Je suis la petite soeur de Théo...
Draco savait que Théo avait une petite soeur, il l'avait même déjà croisée mais dans sa tête elle était restée une gamine de sept ans qui le regardait avec de grands yeux brillants tout en se cachant derrière son grand frère. Ça faisait un petit choc de voir qu'elle avait tant grandi. A croire que le monde avait continué à tourner depuis la fin de la guerre.
-Oui, se reprit Draco, je t'ai vue une ou deux fois. Excuse-moi mais je ne t'ai pas reconnue.
-J'avais huit ans, répondit-elle en souriant doucement et cette fois elle osa le regarder. J'ai beaucoup changé.
Elle semblait avoir repris un peu d'assurance.
-Et comment va ton frère ? demanda-t-il alors que Leto, perdant patience, dépassait les filles pour s'asseoir nonchalamment à une des tables.
Draco avait perdu contact avec Nott après la guerre, comme avec beaucoup de ses anciens camarades, parce qu'ils auraient fini par comprendre. D'ailleurs Blaise savait, c'était pour ça que Draco s'était aussi éloigné de lui. Il écouta la réponse d'Elizabeth d'une oreille distraite tout en cédant le passage à trois filles de BeauxBâtons qui venaient d'arriver.
Ça faisait six élèves. Soit cinq de plus que son estimation initiale. Pas trop mal finalement.
Il allait refermer la porte lorsque deux nouvelles venues entrèrent. Deux Serdaigles dont nulle autre que la championne de Poudlard. Pour le coup Draco fut surpris, il ne s'attendait pas à ce que Miss Rayat ait le cran de venir assister à son cours après leur petite discussion de la dernière fois. Comme si elle lisait dans ses pensées la jeune Indienne lui lança un regard de défi.
Il ne savait pas ce que Potter lui avait dit mais néanmoins elle semblait remontée à bloc. Il esquissa un sourire amusé en réponse et elle parut un peu décontenancée.
-Bien, dit-il une fois que les huit adolescents furent installés, je crois que nous sommes tous là. Il n'est pas vraiment utile que je me présente, je suppose que vous lisez tous les journaux mais si ça peut vous rassurer j'ai déjà tué mon quota d'étudiants avant le petit déjeuner, vous ne risquez donc plus rien pour aujourd'hui.
Cela les fit rire, même Jayanti esquissa un petit sourire et le poids que Draco avait sur les épaules s'allégea un peu.
-Plus sérieusement, reprit-il. La Magie Noire n'a rien de diabolique contrairement à ce qu'on a peut-être pu vous dire. C'est une forme de Magie qui est, pour la plupart du temps, offensive et puissante, c'est pour ça qu'elle est autant appréciée par certains sorciers ayant de mauvaises intentions. Il est en effet plus facile de détruire quelqu'un avec un sortilège de Magie noire et c'est ce qui lui vaut sa mauvaise réputation. Mais elle ne sert pas qu'à attaquer, elle peut servir à protéger. Vous avez peut-être déjà entendu parler de coffres ou de livres enchantés par un sortilège de Magie Noire. En général on en trouve beaucoup chez les vielles familles.
Draco s'interrompit lorsqu'on frappa à la porte, c'était deux autres étudiantes de BeauxBâtons encore tout essoufflées par leur récente course.
-Excusez-nous, haleta l'une des deux en français, mais il n'y avait plus de place dans la classe du professeur Potter, alors on est venue ici.
Draco regarda à contrecoeur de l'autre côté de la cour intérieure. La salle de classe de Potter était bondée. Draco avait conseillé à ses élèves d'assister à ses cours mais il ignorait qu'il y aurait autant de filles de BeauxBâtons pour faire de même. Elles devaient être toutes plus ou moins amoureuses de lui comme n'importe quelle gamine sorcière en ce bas monde.
Potter n'était même pas encore là. En retard pour changer. Draco se retourna vers les deux retardataires.
-Installez-vous, leur dit-il un peu plus sèchement qu'il n'aurait fallu si, comme il se plaisait à le croire, ça ne le touchait pas d'être choisi par dépit, après Potter.
Jayanti Rayat leva la main. Elle avait un petit air à Granger ainsi. Si elle possédait la même intelligence que
Miss-je-sais-tout, alors Draco n'était plus aussi certain d'obtenir une victoire facile. Il lui fit signe de s'exprimer.
-Si la Magie Noire est aussi puissante et utile que vous le dites, pourquoi est-ce que la plupart des sorciers ne veulent rien avoir à faire avec elle ? demanda la jeune Indienne d'un air de défi.
-Parce qu'elle est aussi plus difficile à maîtriser, répondit Draco. Rater un sortilège de Magie Noire n'a pas les mêmes conséquences que de rater un Expelliarmus. Et il y a aussi un sentiment de dépendance lié à cette forme de Magie. Si on maîtrise mal cet art, alors c'est l'art qui finit par vous maîtriser. Vous aimez voler Miss Rayat ?
La question sembla prendre la Serdaigle un peu au dépourvu mais elle hocha néanmoins la tête.
-La magie dite « normale » par rapport à la Magie Noire, c'est comme comparer le vol avec une bonne vieille Comète 260 à celui de l'Eclair de Feu 3.1. Avec l'Eclair, vous allez beaucoup plus vite, beaucoup plus haut, beaucoup plus loin. L'effet est grisant. Vous croyez que plus rien ne peut vous arrêter lorsque vous survolez le monde sur ce balai. La rassurante et prévisible Comète 260 paraît alors totalement dénuée d'intérêts. Sauf que se crasher en plein vol avec une Comète n'a pas le même effet que le faire avec un Eclair, je peux vous l'assurer. Dans le premier cas, le pire que vous risquiez est de vous casser une jambe. Dans le second cas, vous avez toutes les chances d'y rester. Donc oui, certains sorciers ont raison de ne pas vouloir lâcher leur Comète, surtout si personne ne leur a jamais appris à piloter un Eclair de Feu. Mais pour les autres, l'essentiel est de leur enseigner correctement comment s'en servir.
-Certains sorciers tournent mal même si on leur apprend à maîtriser correctement la Magie Noire, objecta Leto d'un ton tranquille.
Draco regarda le Serpentard, à croire que Potter parlait à la place du gamin.
-C'est vrai, admit-il. Mais d'après mon expérience personnelle, il y a plus d'accidents du fait d'une mauvaise maîtrise de la Magie Noire que de candidats pour être le nouveau Seigneur des Ténèbres. Je pense aussi qu'il est plus facile de se débarrasser de ces derniers si on possède les mêmes armes qu'eux.
Ophiuchus Leto hocha vaguement la tête mais impossible de savoir si c'était parce que Draco l'avait convaincu.
-Bien, si vous n'avez plus de questions, nous allons commencer le premier cours, dit-il en prenant une craie et en se dirigeant vers le tableau. Normalement on apprend ce sort en seconde année à Durmstrang, mais ça ira pour débuter. Il s'agit justement d'un sortilège de protection sur les objets.
Il commença à écrire, satisfait lorsque derrière lui, il les entendit griffonner de concert sur leur parchemin.
°O°O°O°O°
Draco avait appris dès son plus jeune âge à ne pas montrer quand il s'ennuyait. Les innombrables dîners d'affaires auxquels son père l'avait obligé à assister enfant et les tout aussi nombreux brunchs que sa mère organisait et auxquels elle conviait les sorcières de la haute société avaient été un entraînement des plus productifs. Aussi jouait-il très bien l'homme intrigué par les multiples tapisseries qui ornaient la salle où les élèves prenaient leur repas. Comme tous les jeudis soirs, Potter et lui étaient chargés de jouer aux surveillants pendant que les étudiants mangeaient. Et ils prenaient leur temps ces morveux.
Potter, alias le Manipulateur des journalistes, était avachi à la table de ses élèves et lorgnait sur leur repas comme s'il n'avait pas mangé depuis dix jours. De là où il était, Draco ne pouvait pas entendre leur discussion mais il le vit transformer une serviette en assiette et ses étudiants commencèrent à lui donner chacun une petite part de leur repas.
Draco s'approcha et grimaça en remarquant que même les trois Serpentards se prêtaient de bonne grâce au caprice du Balafré. Ce dernier avait à présent son assiette qui débordait de toute part mais ne semblait pas pour autant satisfait. Il fixait le grand Gryffondor roux - O'Flaherty si la mémoire de Draco était bonne - d'un air peu amène.
-Monsieur O'Flaherty, dit Potter d'un ton doucereux, je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que vous n'avez pas participé à l'effort collectif pour sauver votre inestimable professeur d'une crise d'hypoglycémie certaine.
Il tendit son assiette pourtant déjà affreusement pleine au Gryffondor. Ce dernier secoua la tête.
-Je suis en pleine croissance, expliqua le rouquin.
Potter haussa un sourcil.
-Vous faites déjà une demi-tête de plus que moi Monsieur O'Flaherty. J'estime que votre croissance a déjà dépassé les limites de la bienséance. Contribuez !
-Une tête, rectifia le Gryffondor amusé tout en continuant à manger tranquillement.
Draco ne put s'empêcher de sourire devant l'air outré de Potter. Mais il ne pouvait pas vraiment se moquer, O'Flaherty était aussi plus grand que lui. Potter grogna quelque chose que Draco n'entendit pas mais qui fit éclater de rire les deux élèves à ses côtés.
-Professeur Malfoy, s'écria soudainement Elizabeth Nott en l'apercevant, venez aussi manger avec nous !
Potter leva les yeux vers lui comme s'il daignait enfin se rendre compte de sa présence.
-Merci Elizabeth, répondit Draco poliment, mais je m'en voudrais de vous enlever le pain de la bouche, surtout que nous avons déjà mangé avant de venir ici.
Potter redressa ses lunettes sur son nez avant de se rendre compte que tous ses élèves dardaient sur lui des regards scandalisés.
-J'aurais omis de vous le dire ? s'étonna-t-il innocemment.
Il protégea son assiette alors que les plus proches d'entre eux essayaient de lui reprendre leur part.
-C'est étrange professeur Potter, dit Draco d'un ton traînant, j'avais cru comprendre que nous devions surveiller les repas, pas enclencher une bataille de nourriture.
Le héros cessa ses gamineries et le fixa froidement. Les élèves autour d'eux s'étaient tus mais ils auraient tout aussi bien pu se mettre à danser sur les tables, Draco ne les aurait même pas vus. Il était bien trop concentré sur Potter.
C'était comme un match éternel. Ne jamais baisser sa garde. Répliquer. Ne pas perdre. Le regarder, chercher la faille.
Le regarder faire le même sourire que sur le plafond de la salle qui portait son nom.
Le regarder...
Potter délaissa son assiette et se leva jusqu'à arriver à sa hauteur.
-Ce que je trouve étrange moi, susurra-t-il de manière que seul Draco puisse l'entendre, c'est l'air soulagé que tu avais ce matin en lisant la Gazette.
Draco encaissa la remarque sans rien laisser paraître mais intérieurement il avait l'impression qu'une chape de plomb venait de tomber directement sur son estomac.
-Oui, je suis extrêmement soulagé que Skeeter ait pensé à parler de mon charme...comment était-ce déjà ? « Etonnant » ?
-Saisissant, corrigea Potter d'une voix étrange.
-C'est encore mieux ! répondit Draco faussement ravi, tout en essayant d'ignorer le fait qu'un frisson venait de parcourir sa colonne vertébrale.
-Elle a surtout insinué que tu étais un Seigneur des Ténèbres en puissance. N'importe qui aurait été furieux. Et l'autre jour tu n'étais pas particulièrement ravi de voir ton pote Zabini. Je me demande donc ce que tu as tellement peur qu'il dévoile.
-Je ne vois pas de quoi tu parles, grinça Draco.
Potter haussa les sourcils, apparemment Draco ne l'avait pas convaincu.
-Je trouverai ce que tu caches Malfoy, promit-il.
Draco ne détourna pas les yeux. Il réfléchissait déjà à son plan de défense. Si Potter se mettait à trop fouiner, il n'aurait qu'à lui dire qu'il était homosexuel. Ce n'était pas vraiment un secret, il avait été discret pour éviter que sa sexualité ne s'étale dans les journaux. Par égard pour sa mère surtout. Même si Narcissa savait qu'il couchait avec des hommes elle s'entêtait à espérer qu'il épouse une Sang-Pur - de bonne famille cela va sans dire - et qu'il engendre un héritier.
Comme si le fait d'avoir un gosse arrangerait leur situation. En réalité ça ne serait qu'une source supplémentaire de problèmes. Et Draco n'avait pas spécialement envie de faire un enfant simplement pour ne pas que s'éteigne la si prestigieuse lignée des Malfoy.
Avouer qu'il était gay aurait le mérite de donner un os à ronger à Potter. Le Balafré cesserait enfin de se mêler de ce qui ne le regardait pas.
-Je n'ai rien à cacher, dit-il en souriant de toutes ses dents. Je suis le type le plus honnête et franc de cette planète.
Potter sembla tout de même légèrement amusé puisqu'il esquissa son sourire mauvais - c'était mieux que pas de sourire du tout -. Qui donna à Draco envie de voir ses lèvres occupées à une activité tout sauf pieuse, bien qu'elle nécessitât que l'ancien Gryffondor se retrouve à genoux.
Il détestait quand son imagination débridée s'emparait ainsi de son cerveau. Il n'y avait que Potter pour arriver à faire ça. Il pensait qu'avec l'âge, ça lui aurait passé, mais c'était presque pire. Il allait probablement devoir se trouver une autre compagnie que sa main droite pour se le sortir de la tête.
O°O°O°O°O
Il était près de vingt-deux heures et Draco venait juste de finir sa lettre hebdomadaire destinée à Narcissa lorsqu'on frappa à sa porte. Il pensa que ça devait être un de ses élèves ayant un problème quelconque, aussi fut-il surpris de voir le très taciturne professeur de botanique de BeauxBâtons derrière sa porte.
-Monsieur Decroy, quelle surprise ! s'exclama Draco tout en regardant dans le couloir à la recherche d'un témoin oculaire, au cas où le brave homme déciderait de se servir de son corps comme compost pour ses plantes.
Cela faisait maintenant presque deux mois qu'il était à BeauxBâtons mais cet homme, avec son visage émacié et ses yeux bleu électrique, lui faisait toujours aussi froid dans le dos.
-Vous n'auriez pas croisé un Patronus aux moeurs douteuses par hasard ? reprit-il en souriant.
La réponse lui vint d'elle-même quand Potter ouvrit la porte de sa chambre. Draco fut à la fois déçu et soulagé de ne pas le voir vêtu de son débardeur et de son jean moldu - qui était pour le coup devenu son pantalon préféré -. Les seuls changements vestimentaires de Potter par rapport au dîner était qu'il avait desserré sa cravate et déboutonné le col de sa chemise.
Il allait peut-être falloir que Draco arrête de bouffer l'ancien Gryffondor des yeux dès qu'il apparaissait quelque part.
Le bon côté de Durmstrang était qu'il ne l'avait pas eu constamment sous les yeux.
Le mauvais côté de Durmstrang était qu'il ne l'avait pas eu constamment sous les yeux.
Encore quelque chose qui confirmait son adage personnel comme quoi « Potter faisait chier quoi qu'il arrive ».
Le Patronus de Potter suivait d'une démarche majestueuse et digne jusqu'à ce que ses yeux immatériels se posent sur Draco. Après ça, il gonfla son poitrail et se mit ... à sautiller. Ce genre de pas ne devait même pas être possible pour un cerf ... à la rigueur pour un cheval de cirque et encore Draco en doutait.
Decroy semblait partagé entre la désapprobation et le choc alors que Potter était, lui, clairement en train de se
décomposer. Le cerf continuait sa danse étrange qui lui était visiblement destinée.
-Finite Incantatem ! s'écria le Gryffondor un peu trop vite et un peu trop fort en pointant sa baguette sur son Patronus.
Puis il darda sur Draco un regard noir, le défiant silencieusement de faire le moindre commentaire. L'ancien Serpentard trouva plus sage de ne pas le contrarier.
Pour cette fois.
-Tu peux retourner à tes occupations Potter, annonça Draco amusé. Comme tu peux le constater, il n'y a aucun élève désobéissant ici. Seulement le professeur Decroy qui est venu me voir.
Comme ça, si jamais on devait retrouver son cadavre demain, Potter chercherait du côté de Decroy. Même s'il était plus probable que ce soit pour le remercier chaudement plutôt que pour venger sa mort.
-Hey ! Il y a une réunion de professeurs dans le couloir et on ne me dit rien !
Tout l'amusement de Draco fondit comme neige au soleil. De la chambre de Potter venait de sortir Guy Merle dont l'air satisfait lui déplut souverainement.
-Professeur Merle, salua Draco froidement.
-Professeur Malfoy, Professeur Decroy, répondit Merle plus chaleureusement tout en s'appuyant contre le chambranle de la porte comme s'il était le propriétaire des lieux.
Decroy ne salua personne. Il se contentait de tous les fixer de son regard de psychopathe. Autant dire qu'il ne servait à rien.
-Que faites-vous tous ici ? reprit Merle.
Draco lui aurait bien retourné la question mais il en connaissait déjà la réponse. Ce tocard de professeur de
métamorphose essayait de fourrer son nez - entre autre chose - dans le pantalon de Potter depuis le premier jour. Et bien sûr l'ancien Gryffondor ne voyait rien. Merle avait un pied dans la place maintenant.
-Rien qui vous concerne, répondit Draco sèchement.
Merle eut un sourire crispé.
-Toujours aussi agréable, commenta Potter d'une voix polaire. Viens Guy, allons terminer ce verre. On se verra demain au cours de Duel, Malfoy.
Ça sonnait presque comme une menace. Draco les regarda retourner dans la chambre de Potter avant de sentir les yeux de Decroy peser sur lui. Il avait complètement oublié le professeur de botanique.
-Que puis-je pour vous ? demanda-t-il essayant de paraître désinvolte.
Il ne pensait pas que Merle parvienne à ses fins. Potter était hétéro après tout.
« Peut-être mais c'est aussi un mec », songea-t-il.
Et il était bien placé pour savoir que parfois un trou était simplement un trou.
-Je voudrais m'entretenir avec vous en privé, répondit Decroy sombrement.
Draco hocha la tête. Ça il s'en doutait. Un peu à contrecoeur il fit entrer l'homme dans sa chambre.
Decroy refusa de s'asseoir et de boire quoi que ce soit. D'ailleurs il fit comprendre à Draco qu'il n'était pas venu ici dans le but d'être empoisonné. Draco haussa simplement les épaules. Ce type pouvait bien imaginer le pire sur lui, il s'en moquait. Pour sa part il s'affala presque sur son fauteuil. Il estimait qu'il avait fait preuve de la politesse requise. Si Decroy ne voulait pas en faire autant, alors ce n'était plus son problème. Marc-Antoine devait être en train de se planquer quelque part parce que Draco ne le vit pas venir alors que c'était l'heure du repas. Cependant il ne pouvait guère lui reprocher d'avoir peur de Decroy.
-Que voulez-vous ? répéta-t-il, en détachant sa cravate.
L'homme le toisait mais rechignait à parler. Ça rappela à Draco tous ces types du Ministère qui le détestaient mais qui avaient tout de même eu besoin de lui pour témoigner contre certains Mangemorts.
-Je suis mourant, lâcha enfin l'homme du bout des lèvres.
Draco se redressa. Cette fois Decroy avait toute son attention.
-Une femme m'a jeté une malédiction il y a quelques années, reprit-il. Ce sortilège me tue à petit feu. Mes médicomages disent qu'il ne me reste que quelques mois. Un an maximum.
-Magie Noire, je suppose ? demanda Draco en soupirant.
Decroy hocha sèchement la tête. C'était pour cela qu'il était là. Pour que l'expert en Magie Noire essaie de le sauver.
Comme si Draco était capable d'une telle prouesse !
-Le nom du sort ?
-Fixeras.
Comme il s'y attendait, le sortilège lui était inconnu. La majeure partie des sorts de Magie Noire n'étaient pas répertoriés pour la simple et bonne raison que chaque mage noir inventait ses propres sorts. Il suffisait d'avoir une bonne imagination et une envie dévorante de faire le mal.
-Je ne le connais pas, répondit-il. Mais je peux chercher dans mes livres personnels...
-Inutile.
-Même si je le connaissais, reprit Draco, je ne suis pas guérisseur.
« Je suis tout le contraire », rajouta-t-il en pensée.
-Mes médicomages disent qu'il faut savoir comment fonctionne le sortilège pour trouver un moyen d'y faire face.
Pour sa part Draco ne savait pas si ça servirait à grand-chose mais c'était toujours mieux que de rester les bras croisés.
Il se releva et alla à son bureau.
-Je vais vous donner l'adresse d'un hôpital, ils ont un service d'experts en malédictions très compétent, dit-il tout en écrivant sur parchemin. C'est en Suède. Demandez le Médicomage Tanaka. Dites-lui que vous venez de ma part.
-Vous avez eu besoin de leurs services, professeur Malfoy ? demanda Decroy.
Draco se crispa légèrement.
-Non, dit-il doucement, je n'en ai pas eu besoin.
C'était vrai, parce qu'à lui, personne ne lui avait jeté de malédiction. Il lui tendit le papier.
-Qu'est devenue la femme qui vous a fait ça ? demanda-t-il.
-Elle est partie. C'était mon épouse ... enfin elle l'est toujours au regard de la loi.
Draco haussa un sourcil. Et dire qu'il trouvait sa vie compliquée.
-Je peux faire autre chose pour vous ? demanda-t-il.
Decroy eut un sourire sinistre.
-Peut-être quand j'aurai retrouvé ma femme, répondit-il.
Draco ne savait pas s'il était sérieux ou s'il venait de faire de l'humour noir. Il n'avait jamais vu Decroy plaisanter, voire même sourire. C'était plutôt inquiétant.
-J'ai peur de ne pas être d'une grande utilité, dit-il quand même en choisissant de plaisanter à son tour. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais le professeur Potter passe son temps à vérifier que je ne blesse personne. Avoir un homme tel que lui constamment sur le dos n'aide pas pour organiser des meurtres.
-Le professeur Potter est inquiet pour vous, répondit Decroy nonchalamment.
Draco s'humecta les lèvres. Decroy ne savait rien. Il ne connaissait pas leur histoire. Il avait dû lire dans les journaux qu'ils se détestaient à l'école mais il ne pouvait pas comprendre à quel point c'était intense. Personne ne le pouvait. Ça n'appartenait qu'à Potter et lui.
-Il est inquiet, convint-il. Mais pas pour moi, plutôt pour ce que j'incarne à ses yeux. Les Moldus appellent ça une bombe à retardement je crois.
Decroy lui lança un regard désabusé.
-Après tout cela ne me regarde pas, lâcha-t-il.
Il hocha vaguement la tête avant de s'en aller : sa façon à lui de lui souhaiter une excellente nuit et de le remercier pour l'adresse, Draco n'en doutait pas.
O°O°O°O
Draco se tenait aux côtés de Potter et d'Amandine Dubois. En face d'eux se trouvaient les septième années des trois écoles.
Dubois était professeur de Sortilège et de Duel à BeauxBâtons, c'était aussi sa voisine de table. Draco appréciait son esprit incisif et sa façon de traiter Potter comme un humain normal et pas comme un Dieu vivant. Cette Dubois là semblait aussi obsédée par les Duels que l'était son homologue de Poudlard par le Quidditch.
Plus qu'un sport, le duel était un art à part entière. Il y avait des règles à respecter, des postures à tenir. Comme tous les gosses issues des familles traditionnelles sorcières, Draco avait reçu des cours de duel dès son plus jeune âge mais il n'était pas vraiment un élève appliqué. Il préférait le Quidditch. Parce qu'au Quidditch il y avait plus de pièces à manoeuvrer. Il était plus facile de manipuler une partie de Quidditch dans le sens que l'on voulait. Dans un duel il n'y avait que deux solutions : soit on était le plus fort, soit on ne l'était pas. C'était un sport trop noble pour que Draco l'apprécie à sa juste valeur.
Ceci dit, il trouvait que c'était un bon moyen d'entraînement pour Taurus, même s'il ne pensait pas que les épreuves consisteraient en des duels. A moins de deux semaines de la première épreuve ça lui permettrait aussi de jauger les capacités des deux autres champions.
Jayanti Rayat surtout ne cessait de l'inquiéter. Depuis qu'elle suivait ses cours, il avait pu se rendre compte qu'en plus d'être intelligente, elle ne ratait jamais un seul sortilège. Potter n'avait pas menti quand il l'avait encensée. C'était la même chose pour Ophiuchus. Le Serpentard avec son air j'-m'en-foutiste se révélait être un sorcier d'exception. Draco était d'ailleurs presque soulagé que la Coupe ait choisi Rayat à sa place. Presque.
Par contre la championne de BeauxBâtons restait un gros point d'interrogation. Il avait réussi à jeter un oeil sur ses dossiers scolaires. Elle avait toujours eu des résultats excellents mais ça ne l'aidait pas beaucoup, Taurus et Rayat aussi avaient de très bons dossiers.
Il espérait la voir à l'œuvre aujourd'hui.
Potter était plus occupé à le fixer froidement qu'à écouter les instructions de Dubois. Draco se demanda à quelle heure exactement Merle avait quitté sa chambre hier soir.
Il était resté longtemps allongé sur son lit, attendant le bruit d'une porte qui s'ouvrirait mais il avait fini par s'endormir. Il se crispa en entendant Potter lancer le sortilège d'Assurdito.
- Que te voulait Decroy ? demanda immédiatement ensuite Potter avec le peu de subtilité qu'on lui connaissait.
Draco se tourna vers lui en souriant.
Potter plissa les yeux et fixa ses lèvres. Draco résista à l'envie de se les humecter.
-Tu souris beaucoup, constata Potter. On dirait que c'est ton nouveau moyen de défense. Avant, tu utilisais le nom de ton père.
-Et je ne le peux plus pour des raisons évidentes, railla Draco. Peu de gens sont impressionnés par de vieux morceaux d'os. C'est bien dommage d'ailleurs. Ceci dit, je peux te retourner la question Potter. Que te voulait le professeur Merle ? Je veux dire, à part s'adonner aux joies de la sodomie avec toi.
Il avait voulu le choquer - et l'informer de la situation - mais Potter le regarda d'un air déçu, presque blessé.
-Tu as beaucoup de défauts Malfoy, lui grinça-t-il dans un murmure tout en détournant le regard, mais je ne pensais pas devoir un jour ajouter « homophobe » sur la liste.
-Ça n'a rien à voir ... attends, tu veux dire que tu t'étais rendu compte qu'il était gay ?
Potter haussa les épaules.
-Bien sûr, répondit-il finalement le regard fixé droit devant lui.
Draco n'arriva pas à cacher sa surprise.
-Il te veut Potter, crut-il bon de préciser.
Et je ne peux vraiment pas lui jeter la pierre.
Cette fois les yeux verts se plantèrent dans les siens.
-Je sais.
-Tu ... Mais ... Tu es d'accord avec ça ?
Merde, voilà qu'il balbutiait à présent. Potter devait le prendre pour un demeuré.
-Merle a des renseignements sur la première épreuve, répondit l'ancien Gryffondor avec un nouveau haussement d'épaules.
Draco ferma brièvement les yeux. Potter ne se laissait pas draguer parce qu'il était peut être intéressé par un homme mais simplement à cause du pari. Il devait vraiment avoir envie de ne pas le voir rappliquer à Poudlard.
-Et maintenant je sais en quoi elle va consister, reprit Potter d'un air dégagé.
Ça fit à Draco l'effet d'un coup de poing. Le petit Saint ne manipulait pas seulement les journalistes, apparemment ses collègues homosexuels y passaient aussi - et probablement dans tous les sens du terme -. Rayat devait connaître l'épreuve à présent. Mais Draco ne savait pas s'il avait envie de frapper Potter pour ça ou parce qu'il avait couché avec Merle.
-J'aimerais connaître le prix que tu as payé Potter, siffla-t-il. A mon avis, ton amour-propre doit être maintenant dans le même état que ton petit cul.
Mais Potter ne répondit rien, il enleva l'Assurdito et s'approcha de Dubois.
-Je pense que le professeur Malfoy et moi devrions faire une démonstration, annonça-t-il.
Puis sans attendre de réponse, il sauta souplement sur la plate-forme consacrée aux duels.
Draco resta planté où il était, la bouche soudainement sèche.
-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, parvint-il à dire.
Il chercha de l'aide du côté de Dubois mais la femme semblait enchantée par la proposition de Potter. Elle fit donc une chute colossale dans son estime.
-Oh oui, s'exclama-t-elle en le poussant en direction de la plate forme. Ça va être vraiment intéressant !
Potter le regardait de haut, très fier de son coup. Même ses élèves semblaient avoir hâte de voir la confrontation.
-Allons, professeur Malfoy, susurra-t-il, ne nous dites pas que vous avez peur !
C'était pourtant le cas, Draco commençait à être terrifié mais pas par Potter. Il n'arrivait déjà plus à réfléchir correctement car la panique s'emparait de lui. Aussi monta-t-il les quelques marches lentement, incapable de trouver une excuse pour s'en aller de là.
Potter parla de nouveau mais Draco ne l'entendit pas, les étudiants autour d'eux étaient ravis du spectacle. Dans sa main sa baguette lui sembla peser une tonne.
« Tu peux le faire » se dit-il. « Potter va utiliser l'Expelliarmus, et tu n'auras qu'à lancer un sortilège de protection ».
Un banal sortilège de protection. Après tout, ça faisait cinq mois maintenant qu'il n'avait plus essayé de lancer un sort normal. Peut-être qu'il allait y arriver ... Il essaya de respirer calmement mais échoua pathétiquement. Déjà son coeur battait bien trop vite et il haletait presque.
L'idée de faire de la Magie Noire lui traversa l'esprit mais il ne pouvait se résoudre à blesser Potter sévèrement.
Il ne répondit même pas aux salutations d'usage parce qu'il était à présent incapable de faire le moindre geste. Ses cheveux venaient de se dresser sur sa nuque tandis qu'une sueur froide serpentait le long de sa colonne vertébrale. La crise de panique habituelle était en train de le prendre aux tripes. Il trembla alors qu'une violente nausée s'emparait de lui. Vomir devant des élèves était la dernière chose qu'il voulait faire mais son estomac n'allait pas lui donner beaucoup de choix en la matière.
Potter lança un sortilège qu'il n'entendit même pas mais, les yeux écarquillés par l'impuissance, il vit nettement la lumière dorée foncer sur lui. Il la reçut de plein fouet et se sentit propulser dans les airs. Trois secondes plus tard, le choc et la douleur de la chute l'envoyèrent dans des limbes bienvenues.
°O°O°O°
Draco ouvrit la porte de l'infirmerie - une pièce de l'école qu'il se serait pourtant bien passé de connaître - et eut un mouvement de recul. En face de lui se trouvait Potter, s'apprêtant visiblement à entrer. Draco s'était à moitié attendu à le voir débouler pour prendre de ses nouvelles mais il aurait préféré que la confrontation ait lieu plus tard. De préférence à un moment où il ne serait pas à moitié drogué par des potions d'anti-douleur. Potter ne l'avait pas loupé, il avait gagné deux côtes cassées et un sacré hématome sur le crâne. C'était plus la chute que le sortilège qui l'avait salement amoché mais rien que les deux infirmières de BeauxBâtons ne puissent guérir. Il était sûr que l'une d'entre elles en avait d'ailleurs profité pour masser un peu plus longtemps - et un peu plus bas - que nécessaire son dos endolori.
-Salut Potter, dit-il d'un ton faussement enjoué. Tu es venu finir le travail ?
L'ancien Gryffondor n'esquissa même pas un sourire. Il semblait inquiet. Il avait toujours été trop gentil pour son propre
bien.
Mais c'était ça aussi qui faisait son charme.
-Je suis venu voir comment tu allais, répondit Potter en le détaillant des pieds à la tête.
S'il avait su, il aurait mis une chemise qui lui allait mieux au teint.
-Je me porte comme un charme, mentit Draco. Maintenant que ce point est éclairci, je vais retourner dans mes quartiers.
Potter l'attrapa par le poignet alors qu'il passait devant lui. Draco eut un sourire moqueur envers lui-même parce qu'un agréable frisson venait de traverser son corps.
-Je suis désolé, je ne voulais pas te faire de mal, dit Potter.
Draco dégagea son poignet et résista à l'envie de le toucher ensuite pour essayer d'y faire partir les petits picotements qu'il ressentait.
-C'était toi ou moi, répliqua Draco en haussant les épaules. C'est le principe même des duels.
Il continua d'avancer. Son pas était rapide et son dos l'élançait un peu, il s'en rendait bien compte mais il voulait que la discussion à propos du duel s'arrête là.
-Je pensais que tu allais au moins mettre en place un sortilège de protection, poursuivit pourtant Potter en marchant au même rythme que lui. Mais tu n'as rien fait. Tu as encaissé le sort sans seulement bouger le petit doigt.
-Je ne m'attendais pas à ce que tu sois aussi rapide, cingla Draco perdant patience. Lâche-moi maintenant !
Potter sembla enfin comprendre puisqu'il s'arrêta net dans le couloir. Draco ressentit un vif soulagement en le distançant.
- Depuis quand n'arrives-tu plus à faire de la magie normale ?
Draco sentit son coeur se serrer, il cessa de marcher et se retourna lentement. Juste le temps pour se composer un visage neutre. Pour ne surtout pas réfléchir au fait que Potter savait...
-Je ne...
-Inutile d'user ta salive en fausses dénégations, Malfoy. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt. Bon sang, à Poudlard tu ne pouvais pas faire un pas sans lancer un sortilège ! Même pour attraper les plats tu préférais jeter un Accio plutôt que de te bouger. Il fallait que tu étales ta magie partout comme un chien pisserait pour marquer son territoire. Et là rien. Pas un seul sortilège en deux mois ! Zabini est au courant, n'est ce pas ? C'est pour ça que tu semblais aussi peu ravi de le revoir.
Draco ferma les yeux brièvement. Il ne se sentait pas bien à nouveau.
-Tu fabules, dit-il.
Mais sa pathétique réplique manquait de conviction. Potter savait. Et Potter approchait de lui à nouveau.
-Pourquoi ne l'as-tu pas dit ? murmura-t-il. Ça aurait pu être dangereux pour toi. Pour les élèves. Tout le monde s'attend à ce que tu sois capable de ...
-Ta gueule !
La voix de Draco les avait fait sursauter tous les deux. Il avait sa baguette pointée sur Potter et même si son bras tremblait violemment, à cette distance il ne pourrait pas le louper. L'ancien Gryffondor n'avait pourtant pas l'air impressionné. Juste irrité.
-Tu comptes réellement me jeter un sortilège de Magie Noire ? siffla-t-il. Après tout, tu ne sais plus faire que ça !
-Mieux vaut la Magie Noire que pas de magie du tout ! cracha Draco.
C'était son mantra depuis la fin de la guerre. Depuis qu'il n'arrivait plus à jeter des sortilèges normaux sans devenir une petite chose tremblante et malade.
Potter posa la main sur son avant-bras et abaissa sa baguette. Draco eut un nouveau tremblement violent. Il voulait que Potter le laisse tranquille. Qu'il oublie tout. Mais c'était trop demander.
-C'est pour ça que tu fais ce métier, n'est-ce pas ? demanda Potter en prenant visiblement sur lui pour être plus gentil. Ecoute, pour Poudlard on va trouver une solution...
-Ferme-la ! grinça Draco à qui cette gentillesse justement filait de l'urticaire.
Mais le Balafré n'écouta pas.
-Tu pourrais seconder le professeur de potion, Edmund est âgé et une aide ne lui ferait pas de mal ou même Hagrid avec les animaux.
-TA GUEULE !
Draco venait de l'attraper par le col et de le plaquer contre le mur. Potter eut l'air choqué, ses grands yeux verts étaient tout écarquillés mais Draco s'en foutait. Il était furieux. Tout ce qu'il redoutait se produisait. Ce connard était en train de le traiter comme un handicapé. Comme s'il était une petite chose qu'il fallait prendre en pitié.
-Je ne suis pas un foutu Cracmol, enfoiré ! cria-t-il en le cognant à nouveau contre le mur.
Sauf que cette fois, quelque chose céda au niveau de son dos et il se retrouva à genoux à haleter sous la douleur et la surprise.
-Merde ! Ça va Malfoy ?
Draco rejeta la main que Potter allait poser sur son épaule.
-Ça va, siffla-t-il entre ses dents en mettant un point d'honneur à se relever tout seul.
Le mur sur lequel il s'appuyait ne comptait pas.
-Tu es tout pâle, je vais te ramener à l'infirmerie !
-Non, grinça Draco, les infirmières m'ont donné de l'onguent au cas où j'aurais mal.
Potter passa une main nerveuse dans ses cheveux.
-OK, obtempéra-t-il, allons dans ta chambre, je vais te l'étaler et on parlera.
Draco eut un ricanement mauvais. Comme s'il avait envie de parler de ça avec qui que ce soit.
-Tu en as suffisamment fait pour aujourd'hui, susurra-t-il. Tu comprendras que je ne suis pas spécialement enchanté à l'idée que tu me touches.
Le visage de Potter se ferma et il recula d'un pas mais honnêtement Draco se moquait de l'avoir blessé. Il fallait qu'il se retrouve seul pour faire le point.
Il ne s'attendait pas à ce que Potter sache pour sa déficience. Que lui l'apprenne entre tous le rendait malade.
Sa mère et Blaise étaient les rares personnes à être au courant. Avec un de ses collègues à Durmstrang et le professeur Tanaka. Draco était allé le voir quand il croyait encore qu'il avait reçu un mauvais sort. Sauf que tout allait très bien chez lui au niveau de sa magie. Pas de malédiction derrière laquelle se cacher.
C'était un blocage mental. Et Potter n'avait pas besoin de savoir ça aussi. De comprendre à quel point il était faible.
-Il va pourtant falloir qu'on parle de ta situation, reprit Potter comme s'il répondait à ses pensées.
Draco se sentit très fatigué tout d'un coup et son dos l'élançait toujours. Qu'importe ce qu'il dirait, l'ancien Gryffondor ne lâcherait pas l'affaire. Le mieux était d'obtenir un peu de répit.
-Pas ce soir, d'accord ? répondit-il d'un air las.
Potter sembla hésiter et le dévisagea longuement avant de hocher finalement la tête. Draco ne lui laissa pas le loisir de répondre autre chose et s'en alla.
Il ne savait pas comment la journée avait pu aussi mal tourner mais elle ne semblait malheureusement pas totalement terminée. Quand il arriva dans le couloir qui menait à sa chambre, il entendit des sanglots. Il s'approcha rapidement.
Rayat se tenait là, toute seule, un parchemin à moitié froissé dans sa main. La serdaigle leva ses yeux rougis de larmes vers lui en entendant ses pas.
-Mon-mon père, bégaya-t-elle répondant à sa question silencieuse, il a reçu un mau-mauvais sort...Il est mourant !
Puis elle se remit à pleurer pour de vrai. Draco déglutit, ne sachant pas réellement ce qu'il devait faire. Il posa finalement une main hésitante sur son épaule. La seconde d'après il recevait la jeune Indienne dans ses bras. Il grimaça sous le choc mais ne tomba pas cette fois. Il pensa qu'elle devait être en train de mettre de la morve sur sa chemise et grimaça de nouveau.
-Ça va aller, soupira-t-il en lui tapotant maladroitement le dos.
Mais il mentait. Il se demanda si tous les gens mentaient dans ces cas-là.
A suivreuh
