Note: Alors y a des interludes dans cette fic qui ont lieu 7 ans avant les évènements d'Azkaban donc pour certains chapitres on voyage dans le passé, et celui ci est le premier d'entre eux, vous voilà prévenus.

Interlude 1

Sept ans plus tôt : Septembre 1997

C'était lui qui avait insisté pour aller chez Barjow et Beurk. Il n'avait pas envie de quelque chose en particulier mais il aimait la manière obséquieuse dont le vieux Barjow s'adressait à lui. Il aimait voir les gens ramper devant lui, devant son nom et ce type là le faisait plutôt bien.

Sa mère avait finalement cédé à sa demande, comme elle le faisait toujours. C'était le mois d'Avril et un vent frais soufflait dans l'Allée des Embrumes. La rue était déserte et sombre même si on était en début d'après midi. Mais c'était ainsi dans cette partie de la ville, tout y était plus sombre et cette ambiance lui plaisait.

Les talons de Narcissa avaient claqué sur le pavé à chacun de ses pas, si bien que ses pas à lui avaient paru étouffés.

Il se souvenait d'une femme en haillons se cachant dans un coin à la vue de sa mère et de la bouffée de fierté et de suffisance qu'il avait éprouvée à cet instant. Sa mère avait l'air d'une reine même dans cette rue malfamée. Elle marchait la tête droite, regardant les alentours avec mépris. Ils étaient des Dieux ici et ils le savaient.

Puis l'homme était arrivé...Puis l'homme avait...

-Draco ?

Le préfet en chef serpentard ouvrit les yeux et fronça les sourcils. Il s'était encore perdu vers ses souvenirs. Ça lui arrivait encore de temps en temps quand il fermait les yeux, beaucoup moins souvent qu'avant certes, mais c'était toujours contraignant.

-Désolée, j'ai cru que tu dormais, reprit Pansy.

Draco balaya ses excuses d'un geste de la main et regarda par la fenêtre le paysage défiler à toute vitesse.

-On arrive quand ? demanda-t-il finalement.

Il avait arrêté de regarder le paysage pour contempler son propre reflet. Il fit un bref bilan de ce qu'il voyait : il n'était pas moche, c'était déjà ça, mais il n'était pas dans le peloton de tête des mecs mignons. Apparemment son visage était trop pointu, sa peau trop pâle et son caractère trop froid pour parvenir à faire glousser ces demoiselles. Les gens le regardaient en général avec une sorte de distance respectueuse qui était autant due à son apparence qu'à son nom.

Les filles ne le draguaient pas - à part Pansy qui flirtait de temps avec lui mais honnêtement, il s'en serait bien passé - et ça lui avait parfaitement convenu jusque là. Mais cette fois -comme depuis quelques mois-, le reflet renvoyait aussi l'image d'un jeune homme défait. Pas étonnant que Pansy s'inquiète.

-D'ici une heure, Draco.

C'était Crabbe qui avait répondu. Au même moment leur compartiment grinça et trembla. Le gâteau que Goyle était en train de manger tomba à terre, il le ramassa dans un juron sonore alors que le train reprenait son allure tranquille.

-Ce nouveau chauffeur est incompétent, siffla Parkinson.

Goyle pour sa part enfournait quand même le gâteau tombé dans sa bouche.

Draco se détourna d'eux, dégoûté. Il était déjà fatigué et ce n'était que le premier jour. Il passa distraitement son doigt sur l'écriture gravée au couteau à même le bois juste en dessous de la fenêtre et eut un sourire absent.

C'était marqué « Mort aux Sangs Impurs » et c'était lui qui avait inscrit ça en troisième année. Il se rappela qu'il avait aussi voulu rajouter « et à Harry Potter » mais c'est à cet instant que tout était devenu glacé et que le train avait reçu la visite des Détraqueurs. Potter s'était évanoui comme une fillette ce jour là. Ça avait été très amusant.(1)

La voix de Pansy s'éleva à nouveau mais Draco ne l'écouta plus. Il avait de nouveau fermé les yeux. Il était vraiment épuisé.

« Le bruit que faisait les talons de sa mère sur le sol s'était arrêté soudainement et Draco avait cessé de marcher lui aussi, un peu surpris.

Devant eux se tenait un homme d'une trentaine d'année, la mise pouilleuse comme la plupart des habitants de l'Allée des Embrumes. Draco s'était demandé pourquoi sa mère s'était arrêtée devant ce type et pourquoi elle venait de se placer entre l'homme et lui.

Oui, pourquoi perdaient-ils du temps pour cet homme échevelé et dépenaillé ?

Plus tard il se dirait qu'il aurait dû faire attention à ses yeux injectés de sang, comme ceux d'un homme qui a trop bu, ou trop pleuré ; qu'il aurait dû voir sa baguette trembler dans son poing fermé. Mais il ne pointait pas la baguette sur eux, pas encore. Il la tenait juste le long de son corps, au bout de son bras tendu et crispé à un point que ça devait en être douloureux.

Il n'avait rien vu de tout ça, ni le regard envahi par la haine et la douleur, ni les mains tremblantes. Peut-être qu'il aurait pu tout changer s'il avait fait attention, s'il avait pensé à autre chose qu'à sa petite personne ?

Mais il s'était senti juste agacé par ce contretemps. Sa mère avait compris elle, c'était pour ça qu'elle s'était mise devant lui. Il faisait une tête de plus qu'elle mais elle s'était mise devant.

-VOUS AVEZ TUE MA FAMILLE ! avait hurlé l'homme.

Ça avait fait sursauter Draco. Il s'était mis à regarder dans la rue rapidement, pas pour chercher de l'aide, il ne pensait pas en avoir besoin. Il voulait simplement s'assurer que personne ne voyait Narcissa et Draco Malfoy se faire crier dessus par un plouc.

Il avait voulu s'avancer vers le type pour l'insulter mais sa mère l'avait empêché de passer.

-Non, avait-elle sifflé presque haineusement.

C'était la première fois qu'elle s'adressait à lui de cette façon et elle ne s'était même pas retournée pour le regarder.

Tout son être était tendu vers l'intrus, pas vers lui.

-Nous n'avons tué personne, avait-elle repris pour l'homme et cette fois sa voix avait été calme, presque apaisante.

L'homme avait émis un rire grinçant que Draco devait entendre souvent après ça dans ses cauchemars.

-Ma femme et mon fils, ils étaient..., avait-il commencé avant que sa voix ne se brise.

Draco avait pensé que ça allait se finir là. Ils allaient contourner l'homme qui pleurait et poursuivraient leurs emplettes.

Sauf que l'homme avait pointé sa baguette sur eux et cette fois il avait souri.

A cet instant, Draco avait enfin compris que c'était sérieux.

-Comment osez-vous...

-Tais-toi ! avait sifflé de nouveau Narcissa, toujours sans le regarder.

Il s'était aperçu alors que ce n'était pas de la haine qu'il avait entendu dans le ton de sa mère l'instant d'avant : c'était de la peur et cette fois elle avait semblé encore plus palpable.

« Et quoi ? » avait-il voulu dire. « Il ne va pas nous tuer non ? ». Il avait gardé le silence, il n'était plus capable de faire le fanfaron parce que ses tripes avaient l'air de vouloir remonter jusqu'à sa gorge. Il savait qu'il était à présent aussi effrayé que sa mère...mais tellement, oh tellement moins courageux !

Elle aurait pu transplaner.

-Ils ne pouvaient pas se défendre, avait repris l'homme d'une voix plus assurée. Elle était moldue et lui n'avait que cinq ans...vous l'avez tué !

Elle aurait pu transplaner...

-Nous n'avons tué personne, avait répété sa mère. S'il vous plaît, baissez votre baguette monsieur.

Elle aurait pu transplaner mais lui ne savait pas encore le faire. Non, c'était faux, il savait le faire mais il n'avait simplement pas encore passé son permis. Il n'était pas assez courageux pour tenter le transplanage dans ces conditions et sa mère le savait. Après tout, le cinglé n'allait quand même pas les tuer, n'est ce pas ?

-Il y avait la marque des Ténèbres au-dessus de ma maison quand je suis rentré ce jour là. Ils ont tué ma famille. Je vais tuer la leur.

L'homme parlait si calmement à présent, il n'en était que plus effrayant.

-Je vais tuer la suceuse de Mangemort et son rejeton, avait-il repris.

Et il avait rajouté:

-Avada Kedavra.

La porte de leur compartiment s'ouvrit faisant sursauter Draco et s'évanouir de son esprit la vision d'une lumière verte fonçant sur sa mère. Zabini lui jeta un regard goguenard et entra.

Le jeune noir était le seul type de sa maison qui osait le critiquer ouvertement. C'était aussi - et ce depuis qu'ils étaient en cinquième année - le seul serpentard qui pouvait prétendre lui ravir sa place. D'ailleurs, Draco savait que certains dans leurs rangs auraient préféré que Zabini devienne le leader des vert et argent. Tout comme il savait que son camarade n'attendait qu'une chose, qu'il merde quelque part pour pouvoir l'évincer.

Sous des dehors amicaux, les deux serpentards ne pouvaient pas s'encadrer.

Il prit place sur la banquette à ses côtés. Draco se redressa instinctivement. Il n'aimait pas l'air supérieur de Zabini à son encontre mais il s'y était attendu et pour l'instant il laissait faire. Il avait autre chose en tête que de s'occuper de conserver son pouvoir au sein des Serpentards. Il pensa au livre bleu qui était dans sa mallette à ses pieds et son esprit s'apaisa.

Il avait fait le bon choix.

Bientôt tout irait bien.

Tout allait redevenir comme avant.

-Mon hibou a poursuivi le train pour m'apporter la gazette du sorcier ! fit Zabini en jetant le journal sur la table devant Draco. J'ai pensé que ça pourrait vous intéresser !

Draco ne put s'empêcher de sursauter en voyant la photographie magique indécente qui s'étalait sous ses yeux à la première page et il attrapa le journal bien trop brusquement.

« Harry Potter est gay »

C'était le titre de l'article. Il commença à lire avec frénésie, oubliant les autres.

« Le jeune élu du monde sorcier ne cache en effet plus son homosexualité. Cette nouvelle va briser le coeur de milliers de jeunes filles mais celui qui doit tuer Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom aime les garçons. La veille de son départ à Poudlard, l'école des sorciers, où il doit entamer sa septième et dernière année, il a été surpris avec un moldu près de la Tamise (cf la photo ci-dessus) dans une position frisant l'indécence, qui ne laisse plus aucun doute sur ses préférences sexuelles. Espérons que notre jeune héros saura faire la part des choses et que cette nouvelle découverte sur lui-même ne l'empêchera pas de mener à bien la tâche qui lui incombe. M. Rimel, un célèbre psychomage, explique cette déviance par la...

-J'ai cru que j'allais gerber quand j'ai vu ça, dit Zabini le coupant dans sa lecture.

Draco se rappela alors où il était et remit son masque d'indifférence. Il plia le journal lentement et le passa à Pansy. Il fut content de pouvoir détacher ses yeux de la photographie de Potter embrassant un moldu et glissant ses mains dans le pantalon d'un goût douteux de ce dernier.

Ainsi Potter était gay. Draco eu un frisson de dégoût. Ce gryffondor était décidément une abomination.

-Qu'en penses-tu ? demanda Zabini et il avait l'air d'un chat qui vient de lécher sa coupelle de lait.

Draco se dit que ça lui ferait trop plaisir qu'il accorde de l'importance à cette nouvelle, lui qui était imperméable à tant de choses depuis la mort de sa mère. Cinq mois déjà.

-Je pense que ton hibou est sacrément rapide, dit-il finalement de sa voix traînante. Il faudrait que tu arrêtes de le droguer Zabini.

Cela fit rire les trois autres puis il les laissa rabaisser Potter et sa sexualité déviante, comme si cela ne l'intéressait pas.

Mais ça l'intéressait. Ça l'intéressait même beaucoup.

Il n'ouvrit plus la bouche durant tout le reste du voyage, son esprit réfléchissait à toute allure.

Quand le train s'arrêta enfin, le journal de Zabini avait fait le tour des compartiments et Draco avait pris sa décision.

°O°O°O°

-Dimitri Delej ! appela McGonnagall.

Un garçon blond avança d'un pas incertain jusqu'au tabouret. Draco regardait la scène avec un ennui visible. Le morveux allait d'un instant à l'autre mettre le Choipeau sur sa tête et serait réparti dans une des quatre Maisons. Même si la cérémonie de répartition l'ennuyait à mourir, Draco préférait la regarder plutôt que de faire comme la plupart des élèves présents, c'est à dire reluquer Potter.

La nouvelle de la dégénérescence du balafré avait bien entendu fait le tour de l'école aussi vite que l'aurait fait le vif d'or.

Et en ce jour de rentrée, le petit pote Potty était le centre d'attention de tous - pour changer -, pensa Draco d'un air dégoûté.

Il se demanda si les élèves espéraient que Potter allait faire quelque chose de dégoûtant, comme se masturber en public ou encore montrer son trou de balle à l'assemblée. Il était devenu, semblait-il, une bête curieuse, enfin, une bête encore plus curieuse que d'habitude.

Draco, lui, s'était comporté comme si la sexualité déviante de Potter n'avait aucune importance.

Et quand il l'avait croisé devant les grandes portes, là encore, il n'avait rien dit.

Potter avait pourtant semblé l'attendre de pied ferme, un horripilant petit sourire mesquin collé sur ses lèvres et le blond devait bien lui accorder un certain cran. Mais Draco s'était contenté de passer devant lui et les deux autres déchets humains de sa bande, sans même lui accorder un regard.

Il aurait pu l'insulter jusqu'à ce que sa voix en soit irritée et le blesser avec des mots encore et encore. Cela aurait été si facile à faire ! Si facile de voir son sale sourire se faner et ses yeux s'assombrir dangereusement ! Oh, il l'aurait mis en colère, la petite pédale, ça c'était sûr mais plus important, il lui aurait fait mal !

Draco savait qu'il avait le pouvoir de faire souffrir avec des mots. De toucher là où ça faisait mal. Et pas que de toucher d'ailleurs, d'appuyer franchement et durement de tout son poids sur la plaie béante qu'il venait lui-même de creuser, puis de remuer brutalement toute cette merde avec le couteau le plus tranchant possible.

Mais il n'avait rien fait. Se mettre Potter à dos cette année ne faisait pas parti de ses plans.

Il eut un frisson en repensant à ce qui était écrit dans le livre bleu :

« Une vie qui compte pour toi contre une vie qui compte pour le Monde »

Il leva les yeux sur Potter. Il riait avec ses amis, insouciant, ne se doutant pas un seul instant que Draco Malfoy prévoyait de le tuer.

Il mangea en silence. Pansy lui adressa bien deux fois la parole mais il ne prit pas la peine de lui répondre. Lorsque ce fut l'heure, il se leva et demanda aux élèves de première année de le suivre.

Son groupe dut s'arrêter pour laisser passer celui des gryffondors, mené par le miséreux et la sang-de-bourbe. Draco eut une grimace de dégoût mais cette fois encore, il ne fit aucune remarque. Pourtant Weasley faisait pitié avec ses habits élimés et Granger n'avait vraisemblablement pas profité de ses vacances pour aller chez le coiffeur ou prendre des putains de cours d'élégance.

Lorsqu'il put enfin avancer, il mena son troupeau d'élèves jusqu'aux cachots. Il prit son temps pour leur expliquer le fonctionnement de la maison serpentard et tout ce qu'il y avait à savoir pour qu'ils réussissent leur intégration dans les meilleures conditions. Il n'aimait pas avoir à expliquer quoi que ce soit mais il s'était vite rendu compte que c'était la meilleure façon d'avoir la paix pour le reste de l'année. Et cette année plus que tout autre il avait besoin de temps à lui.

Une fois qu'il eut répondu à leurs questions, il leur donna leur emploi du temps et leur ordonna d'aller dormir. Il n'attendit pas de les voir descendre vers les dortoirs pour se diriger vers le sien. Les autres n'allaient pas tarder à arriver et Draco voulait avoir investi les lieux avant.

Contrairement aux gryffondors qui gardaient le même dortoir durant toute leur scolarité, les serpentards en changeaient à chaque rentrée. Cette année, il était plus spacieux que les autres et il y avait même un coin pour étudier, ce qui était appréciable si on voulait éviter de se coltiner les autres dans la salle commune.

Draco s'appropria le lit à l'extrême droite et il était encore en train de ranger ses affaires quand Crabbe, Goyle et Zabini entrèrent.

-Je vois que tu fais comme chez toi ! ironisa Zabini en s'affalant sur le lit à côté du sien.

-J'ignorais que cela te poserait un problème, répondit Draco, trop doucement pour que ce ne soit pas un avertissement.

-C'était juste une constatation, répondit Blaise mielleusement. Cette chambre est carrément géniale comparée aux autres!

Le changement de sujet sur quelque chose de moins délicat n'échappa pas à Draco mais il considéra cela comme une victoire personnelle.

Théodore Nott arriva quelques minutes plus tard, son sac se balançant négligemment sur son épaule. Il y eut un moment de silence chargé de mépris mais Nott ne sembla pas y faire attention et s'installa sur un des deux lits restants.

-Est-ce que vous avez vu Potter ? siffla finalement Zabini. Il parade dans l'école comme si de rien n'était ! Il devrait raser les murs, ce suceur de bite, mais à la place il se comporte comme si être un putain de gay était quelque chose de normal !

-Il a vécu chez les moldus, répondit Nott avec indifférence. Ils sont un peu plus ouverts sur ça que nous.

-C'est ta copine pleine de taches de rousseur qui t'a raconté ça ? demanda Zabini acerbe. Fais-lui plutôt sucer ta queue à cette garce. La bouche pleine, elle dira peut-être moins de conneries.

Vincent ricana méchamment. Nott sortit calmement sa baguette de sa poche et la pointa sur Zabini.

-Répète, ordonna-t-il, ou excuse-toi.

-Et tu vas faire quoi si je répète ? questionna Zabini en se levant pour se mettre en face de l'autre garçon. Tu vas me jeter un sort ? Devant un préfet, ça ne serait pas très raisonnable.

Draco les observa, prêts à s'affronter. Nott était plus petit que Zabini. De toute façon Zabini était le plus grand d'entre eux. Mais Nott dégageait une sorte de calme assurance qui avait toujours mis Draco mal à l'aise. Ce mec s'affichait avec une gryffondor, refusait de participer à la guerre et continuait son bonhomme de chemin comme si rien ne pourrait jamais lui arriver. Pour Draco, sa nonchalance était quasiment suicidaire.

Mais bizarrement, il s'en sortait bien. Certes, Nott senior disait à qui voulait bien l'entendre que son vaurien de fils le déshonorait en refusant de suivre ses traces mais personne n'embêtait Théodore. La raison en était simple. Nott n'était rien dans ce jeu de la guerre. Il n'était pas important et les gens sans importance avaient le droit de choisir. Draco se demanda quand est-ce qu'on lui demanderait à lui de choisir. Le plus tard possible, c'était tout ce qu'il espérait.

-Je ne suis pas quelqu'un de raisonnable, tu devrais le savoir depuis le temps, répondit Nott dont la baguette luisait déjà à son extrémité d'un sort prêt à jaillir.

Zabini était d'un genre différent. Lui, les filles le reluquaient très souvent. Les bruits de couloirs disaient qu'il était le plus sexy des serpentards. Grand, bien foutu, la démarche féline, et surtout un charisme quasiment irréel, c'était ça Blaise Zabini.

Il sortit aussi sa baguette, plus nerveux que Nott, ce qui était un mauvais point pour lui. Draco décida d'intervenir avant que ça ne dégénère. Il ne voulait pas que Snape lui reproche d'avoir laissé ses camarades s'entretuer dès le premier jour.

-Excuse-toi, Zabini, ordonna-t-il finalement d'un ton sec.

-Pardon ? s'exclama l'interpelé en regardant Draco d'un air offusqué qui mettait à mal ses traits presque parfaits. C'est une plaisanterie ?

-Tu as insulté sa petite amie, expliqua Draco d'un ton impatient. Excuse-toi et arrêtez de vous comporter comme des gamins!

Personne n'était dupe. Bien entendu, Draco cherchait juste à faire payer ses précédentes remarques à Zabini. Histoire que tout le monde se rappelle un peu qui commandait ici - du moins aujourd'hui encore-. Le blond se moquait que Ginny Weasley soit traitée comme une sous-merde, c'était ce que méritaient les traitres-à-leur-sang. Mais entre rabaisser Zabini ou rabaisser la soeur de Weasmoche, le choix était vite fait.

Zabini serra les dents, Draco crut un instant qu'il allait contourner son ordre et se tendit imperceptiblement. Pourtant le serpentard se contenta de se tourner vers Nott et de lui présenter des excuses.

Son ton était si peu convainquant que Draco se demanda si Nott allait les accepter. Mais le jeune homme dut se rendre compte qu'il n'obtiendrait pas mieux sans faire usage de la magie et donc sans risquer de se faire virer de l'établissement. Il baissa sagement sa baguette, semblant considérer l'incident comme clos.

Là encore, personne ne fut dupe.

Le reste de la soirée se passa sans autre problème. Draco mit juste un temps fou à s'endormir comme chaque nuit, redoutant le moment où il entendrait les talons de sa mère résonner dans sa tête.

°O°O°O°O°O°

Draco ne rêva pas de sa mère cette nuit là. Il rêva de magie.

Il existait plusieurs sortes de magie. Des bonnes, des neutres et des sombres.

Celle à laquelle Draco s'adonnait depuis les vacances d'été, depuis qu'il avait trouvé le Livre Bleu dans la bibliothèque privée de son père, était de la mauvaise magie.

Peut-être une des pire de toutes. De la magie tellement noire qu'il sortait de ses séances comme vidé de son âme. Mais c'était aussi, aux yeux de Draco, la plus attirante. Et dans ses rêves elle lui murmurait avec la voix de Narcissa qu'il devait l'aimer pour la vie.

C'était celle qui lui promettait de faire revenir sa mère : La Nécromancie.

Car quand il aurait réussi son incantation, tout redeviendrait comme avant. Il ne serait plus orphelin de mère. Il ne serait plus abominablement triste et peut-être que son père sourirait à nouveau.

Ça prendrait du temps il le savait et l'ingrédient principal était pour l'instant intouchable.

Alors il revoyait en songe ce qui était inscrit dans le Livre Bleu et qu'il avait lui-même inscrit à tout jamais dans son esprit...

« Une vie qui compte pour toi contre une vie qui compte pour le Monde »

« Détruire leurs espoirs pour réaliser les tiens »

« Tuer pour faire revivre... »

« Tuer pour faire revivre. »

« Tuer pour faire revivre ! »

A suivre...