Chapitre 2.

Megumi soupire de lassitude. Il peut entendre Nobara et Yuuji se chamailler depuis sa chambre alors qu'ils sont en plein entraînement avec Nanami. Lui est allité depuis plusieurs jours. Son énergie est trop faible et met trop de temps à se rétablir à son goût.

Il n'a pas de souvenir de l'attaque qu'il a subi et il ne sait toujours pas ce qu'il s'est produit pendant son absence.

Les paroles d'Itadori tournent en boucle dans sa tête.

"Je sais que ça va te paraître dingue mais c'est lui qui a insisté pour te soigner."

Le grand Sukuna ? Soigner un simple exorciste de son plein gré ? On aura tout vu !

II ne peut s'empêcher d'être curieux, toutefois. Qu'est-ce qui a bien pu pousser le roi des malédictions à de telles extrémités ? Après tout, ça n'était pas comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde. Megumi ne le haïssait pas vraiment. Certes, c'était une malédiction, un fléau pour l'humanité qui devait absolument être scellé pour le bien de tous. Certes, il le craignait et ne lui faisait pas confiance. Mais Sukuna savait se rendre utile. Et surtout, Yuuji pouvait survivre grâce à lui et se protéger des exorcistes et malédictions qui souhaitaient sa mort.

Cela suffisait à Megumi pour le tolérer.

Megumi réfléchit à un plan pour découvrir ce que Sukuna a en tête. Il se creuse les méninges, mais ne parvient pas à élaborer de stratégie suffisamment intelligente à son goût. Il finit par baisser les bras. Il aura tout le temps d'y penser plus tard.

Deux coups sont frappés à la porte.

_ Entrez.

_ Bonjour, Fushiguro-kun. Ieri-san m'envoie pour t'apporter ton traitement. Comment te sens-tu ?

_ Aussi bien qu'un homme cloitré de force dans sa chambre alors qu'il se sent parfaitement apte à se battre.

_ Ne sois pas aussi impatient, répond Nitta avec un sourire gêné, on doit s'assurer que tu ne risques pas de t'évanouir à nouveau avant de pouvoir te laisser reprendre tes activités. Sans plus d'informations sur ce qui t'es arrivé, difficile de prévoir ce qui pourrait advenir. Avec autant d'incertitudes, on se doit de rester prudents.

_ Vous n'avez qu'à interroger Sukuna. Après tout, c'est lui qui m'a soigné.

_ C'est justement ce qui inquiète Ieri-san. Yuuji dit qu'il ne se souvient pas de ce qu'il a vu. Autrement dit, Sukuna bloque volontairement sa mémoire pour nous cacher ce qui s'est produit. On a tenté de le forcer à parler mais il reste délibérément caché et refuse tout dialogue. On ne sait plus quoi faire. Rien ne prouve qu'il ne t'a pas apposé une quelconque malédiction qui pourrait te blesser à tout moment, ou pire encore. En l'absence de preuves, on doit te maintenir sous étroite surveillance.

Fushiguro reste songeur, sous le regard inquisiteur de Nitta.

_ Et si je l'interrogeais moi-même ? Peut-être qu'il acceptera de me parler. Ce n'est qu'une hypothèse, mais je pense qu'il ne cherchait pas à me nuire. Mais plutôt à me protéger.

_ Qu'est-ce que tu veux dire ?

_ Lorsque je me suis réveillé, Itadori m'a dit que Sukuna avait insisté pour me soigner. Il a volontairement demandé à Yuuji de le laisser prendre sa place pour me soigner et s'est effacé sans discuter une fois sa tâche accomplie. Je pense qu'il n'aurait pas agi ainsi s'il avait voulu nous manipuler. Il n'est pas du genre à se plier aux exigences des autres, et encore moins à être aussi clair dans ses intentions. Je pense que je pourrais en savoir plus, même si je ne suis pas certain de mon coup je veux tout de même tenter ma chance.

Comprenant les intentions du jeune homme, Nitta quitte la chambre l'espace de quelques minutes, pour revenir accompagnée d'Itadori.

_ Yo, Fushiguro.

_ Assieds toi, ça risque d'être long. Nitta-san, est-ce que vous pouvez nous laisser ?

_ Appelle moi au moindre souci. N'oublie pas de prendre ton traitement.

Sans plus de cérémonie, la jeune femme sort de la chambre et laisse les deux lycéens accomplir leur besogne.

_ Je vais aller droit au but : j'ai réfléchi à ce que tu m'as dit et je pense que Sukuna cache quelque chose. Je ne pense pas qu'il avouera directement ce qu'il compte faire mais j'ai pensé que je pouvais au moins essayer de le questionner sur ce qui m'est arrivé. Mais pour ça je vais avoir besoin de ton aide. Il faut que tu le forces à sortir de sa cachette pour que je puisse-

_ Pas la peine de te fatiguer, gamin. Parle.

Une bouche apparaît sur la main d'Itadori en même temps que les mots sont prononcés.

Pris au dépourvu, les deux adolescents s'observent avec des yeux ronds.

_ Sukuna, reprend Megumi une fois son calme retrouvé, j'ai deux trois questions pour toi.

_ J'ai pas toute la journée. Dépêche toi qu'on en finisse. Qu'est-ce que tu veux savoir ?

_ Qu'est-ce qui s'est passé l'autre jour ?

_ La malédiction t'a jeté un mauvais sort. Son énergie t'a empoisonné. Si je n'étais pas intervenu, tu serais mort à l'heure qu'il est. Autre chose ?

_ C'était quoi ce sort au juste ?

_ Un sort ancien. Une malédiction aussi vieille que le temps. Elle se répand dans les veines et paralyse tout le corps, le système nerveux, les organes. Il suffit de quelques minutes pour qu'elle fasse totalement effet et que la victime soit tuée. Si on agit pas rapidement, aucun moyen de sauver la personne touchée.

_ Tu avais déjà vu ce genre de sort, demande Itadori. Comment ça se fait ?

_ Je ne suis pas un gamin comme toi, idiot. J'existe depuis des siècles. J'ai vu plus de choses que ton petit cerveau ne pourrait imaginer.

_ Comment as-tu fait pour contrer le sort ?

_ C'est pas tes oignons. Contente-toi de ne plus te laisser avoir. Je n'interviendrai pas à chaque fois.

Megumi n'a pas le temps de le questionner davantage. Sukuna retourne dans les profondeurs de la conscience de son hôte sans lui laisser le loisir d'en apprendre plus.

_ Je suis désolé, je ne peux rien faire de plus, annonce Itadori. J'ai beau essayer de me souvenir de ce que j'ai vu, rien y fait.

_ Je sais. Nitta-san m'a tout raconté.

_ Je dois te laisser. Je dois retourner à l'entraînement.

_ Oï, Itadori. Est-ce que la pieuvre a été scellée ?

_ Non. Elle s'est échappée avant que Gojo-sensei et Nanamin ne puissent la capturer. Aucune trace d'elle depuis.

_ C'est mauvais signe.

_ Je sais…

Lové dans les bras de son amant, Satoru cogite intensément. Il ne trouve pas d'explication logique au comportement de Sukuna. Comme tous les membres de l'équipe pédagogique, il s'inquiète pour la sécurité et la santé de Megumi. Qui sait ce que le roi des malédictions a bien pu lui faire dans son sommeil forcé ?

Fushiguro a beau affirmer qu'il se sent en pleine forme et que rien ne semble anormal à ses yeux, Satoru a du mal à croire que le grand Ryomen Sukuna se soit sagement contenté du rôle de sauveur sans exiger une contrepartie ou mettre en place un quelconque plan diabolique dont ils ignoraient les tenants et aboutissants.

Il y a forcément une raison logique à tout ça. Réfléchis. Trouve un détail, n'importe lequel.

Les lèvres avides de Nanami effleurent la peau de son cou, ses épaules, ses clavicules. Difficile de réfléchir dans ces conditions.

_ Tu penses trop, Satoru.

Gloussant, l'enseignant laisse son compagnon le ramener à la réalité à force de baisers passionnés.

Il glisse ses bras autour de son torse musclé et se laisse gentiment aller à ses ministrations, comblé par la tendresse de ses caresses et l'amour qu'il devine dans chacun de ses gestes.

_ C'est que j'ai du mal à m'imaginer pourquoi une malédiction aussi puissante que Ryomen Sukuna a pu volontairement soigner Megumi-kun sans même exiger quoi que ce soit en retour.

_ Je ne sais pas ce qui l'a poussé à agir. Tout ce que je sais, c'est que tu te focalises un peu trop sur ce Sukuna à mon goût. Et que si tu continues à te perdre dans tes pensées, je vais finir par croire que tu l'aimes plus que moi.

Satoru est soudain pris d'un fou rire.

Mais oui bien sûr ! Pourquoi n'y ai-je pas songé plus tôt ?

Il renverse leurs positions et s'attaque avec joie à la bouche de son partenaire, ronronnant de plaisir en sentant les mains de ce dernier s'attarder sur son postérieur.

_ Nanamin tu es un génie.

_ Et bien, derien j'imagine. Content de t'avoir rendu service malgré moi. Je ne sais pas quelles conclusions farfelues tu as tiré de mes propos mais si tu pouvais s'il te plaît te concentrer un peu sur nous et notre petit problème respectif, ça ne serait pas de refus.

_ A vos ordres, sensei.

Taquin, Gojo se déhanche sans vergogne contre l'érection délaissée de son amant. Ce dernier pousse un soupir de contentement et enfonce ses doigts dans la chair tendre des cuisses musclées qui encadrent son bassin.

Les deux hommes s'adonnent à leurs activités avec la plus grande attention, oubliant un instant responsabilités et dangers. Entre les murs de cette chambre, isolés du reste du monde, ils ne pensent plus qu'au désir et à la satisfaction de l'autre. A leur amour intense et éternel pour l'être aimé.

Je ne sais pas ce que je ferais si quelqu'un osait toucher un seul de ses cheveux devant moi. J'imagine que ça ne donnerait rien de bon pour l'agresseur, en tout cas. Il est mien. Et je suis sien. Personne ne peut s'immiscer entre nous. Pas même Ryomen Sukuna.

Satoru caresse amoureusement le visage de Nanami, encore une fois perdu dans ses pensées. Son compagnon le ressent et décide de le réprimander comme il se doit. Il porte sa bouche à son torse et mordille chaque téton avec ferveur, pour le plus grand plaisir de l'exorciste.

Les gémissements langoureux de Satoru emplissent vite la pièce et Nanami est fier de ses méfaits. Avec ça, aucun risque que son amant ne daigne penser à autre chose que lui et lui seul.

_ Je me doutais que tu étais possessif, mais là ça dépasse tout ce que je pouvais imaginer.

_ Que ça te serve de leçon, Gojo Satoru.

Ce faisant, il lui donne une fessée et les deux enseignants se sourient affectueusement.

_ Je te propose d'utiliser ta bouche à de meilleures fins que de me réprimander, Nanami-sensei.

_ Qu'est-ce que tu suggères ?

Le blond s'attaque une nouvelle fois à ses tétons et il tente de réprimer ses gémissements pour conserver tout son sérieux.

_ Je crois qu'une partie très impatiente de mon corps réclame votre attention.

_ Et que puis-je faire pour remédier à ça ?

Tout en parlant, sa bouche se déplace de plus en plus bas, léchant la peau offerte avec révérence. Se rapprochant avec une lenteur démesurée du pelvis de Satoru, qui prie intérieurement pour que Nanami cesse de le torturer aussi délicieusement. Il saisit les cheveux de son partenaire un peu brutalement et le force à baisser la tête pour se retrouver nez à nez avec son érection.

Déjà, ses sous-vêtements sont humides et ne laissent aucun doute quant à son besoin d'être soulagé sur le champ.

_ Je te trouve bien arrogant, pour un homme qui ose penser à un autre dans les bras de son amant.

_ Tais toi et touche moi pour l'amour du ciel, grogne-t-il pour toute réponse.

Nanami laisse échapper un grognement amusé et se décide à agir.

Mais c'est sans compter sur Itadori qui décide de faire irruption dans la chambre sans crier gare.

_ Sens- J-je suis vraiment désolé ! Je voulais pas vous interrompre ! J-je vous attends dans la cour, prenez votre temps.

Itadori prend ses jambes à son cou, Satoru se retient de hurler de frustration et Nanami se contente de soupirer bruyamment.

_ Va retrouver Itadori-kun. Je t'attendrai sagement.

Il dépose un baiser sur ses lèvres et caresse délicatement son membre douloureux tant son désir est grand, s'excusant silencieusement de ne pouvoir le soulager. Gojo prend sur lui pour ne pas geindre et tuer Itadori sur le champ et il consent à suivre les conseils de Kento.

_ Tu as fait quoi, s'écrie Nobara, incrédule ; bon sang ce que tu peux être idiot ! Il fallait frapper avant d'entrer. Personne ne t'a appris les bonnes manières ?!

_ Je ne savais pas qu'ils étaient ensemble, se justifie l'adolescent, absolument embarrassé par la scène dont il a été le témoin quelques minutes plus tôt.

_ Toute l'école le sait, soupire Nobara en se pinçant l'arrête du nez. Il n'y a que toi pour ignorer ce genre de choses.

_ Depuis quand ?

_ Des semaines, si c'est pas des mois. Ils se retrouvent tous les soirs après les cours. Enfin, sauf quand un idiot comme toi vient les interrompre.

_ Yo, Itadori-kun, Kugisaki-chan.

_ S-sensei, je suis vraiment désolé, s'exclame le lycéen en s'inclinant bien bas.

_ C'est pas grave. De toute façon c'est de ma faute, j'avais oublié qu'on avait rendez-vous ce soir.

_ Si vous voulez profiter de votre temps libre pour le passer avec Nanami-san, on peut se débrouiller seuls ; offre Nobara.

_ Non, je voulais être de la partie moi aussi. Je dois avouer que ma curiosité a été piquée. Itadori-kun, qu'as-tu trouvé ?

_ Nobara et moi, on s'est dit qu'on pourrait peut-être trouver des informations sur la malédiction qui nous a attaqué et le mauvais sort qu'a subi Fushiguro. Donc on est allé fouiller dans la bibliothèque et on a trouvé un vieux manuscrit.

_ Il décrit les particularités du démon, enchaîne Nobara ; il se replie lorsqu'il est grièvement blessé pour récupérer son énergie. Il trouve refuge dans des grottes très humides ou au fond de lacs peu fréquentés. La raison à ça est que lorsqu'il se régénère, il n'est pas en mesure de se battre. Donc pour se protéger, il se cache dans des lieux difficilement accessibles.

_ Mais ce n'est pas tout. Le sort qu'il a jeté est un sort primitif. Ce qui veut dire que seuls les exorcistes les plus vieux et les plus puissants peuvent contrer ce sort. Le rituel de purification nécessite une énorme quantité d'énergie. En revanche, aucune indication sur le processus n'était indiquée sur le parchemin.

_ Je comprends mieux pourquoi Sukuna s'est chargé des soins. Aucun de nos médecins n'aurait pu sauver Fushiguro-kun dans ces conditions. C'était très sage de sa part. J'imagine qu'on lui doit une fière chandelle.

_ Mais pourquoi a-t-il pris les devants ? Vous ne trouvez pas ça louche, rétorque Nobara, les bras croisés sur sa poitrine.

Elle est persuadée que Sukuna cherche à les duper. Mais elle manque de preuves pour le prouver et cela la contrarie.

_ J'ai ma petite idée sur ses motivations, confie Gojo avec un sourire énigmatique. Mais je ne voudrais pas tirer de conclusions hâtives alors je vais garder mes opinions pour moi-même.

_ Sensei, c'est pas juste ! Dites nous ce que vous savez.

_ Navré, Itadori-kun, mais je ne peux pas pour l'instant. Est-ce que vous avez trouvé autre chose ?

_ Un rituel pour sceller ce monstre une bonne fois pour toute. Il est risqué mais à plusieurs, on a nos chances.

_ Tu m'as l'air fort motivée, Kugisaki-chan. J'apprécie ton implication mais vous êtes encore trop jeunes pour procéder à un rituel de scellement. Les exorcistes de grade 1 et supérieurs se chargeront de cette mission. Vous pourrez éventuellement être autorisés à nous accompagner en guise de soutien si les choses tournent mal. Si c'est le cas, il va de soi que Megumi ne doit pas être mis au courant. S'il apprend que vous venez avec nous, il refusera de rester sagement dans sa chambre.

Les deux adolescents hochent la tête de concert.

_ Quand Fushiguro pourra-t-il être libéré ?

_ En théorie, il devrait déjà être dehors puisque ses constantes sont plus que bonnes. Mais Yaga a tenu à ce qu'il reste sous observation pour éviter que le conseil ne se mêle de trop près de cette histoire. Il cherche à protéger Fushiguro des Zenin, qui pensent que Sukuna en a fait un réceptacle potentiel au cas où ils parviennent à tuer Itadori-kun à notre insu.

_ Et vous pensez qu'ils ont raison ?

_ C'est difficile à dire. Aussi dur que cela puisse être, on ne peut pas écarter cette éventualité sans plus de preuves. Et puisque Sukuna refuse de nous divulguer ce qu'il a en tête, on a pas d'autre choix que de considérer Fushiguro comme une menace potentielle.

_ Il est au courant, questionne Itadori mais il connaît déjà la réponse.

_ Non. Yaga a insisté pour que rien ne lui soit révélé. C'est mon rôle d'enquêter pour prouver son innocence. J'aurais donc besoin de ton aide, Itadori-kun. Mais pour le moment, j'ai surtout besoin de me reposer et de faire des choses d'adulte alors si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais regagner ma chambre !

Itadori rougit et évite désespérément le regard de son professeur, sous les ricanements de son amie.

Gojo ne perd pas de temps pour retrouver les bras de son amant et les deux adolescents se retrouvent seuls dans la cour de l'école.

La jeune femme frissonne alors qu'un coup de vent soulève légèrement sa jupe, ce qui attire le regard du lycéen.

_ Est-ce que tu veux rentrer ?

_ Non, j'ai passé trop de temps enfermée aujourd'hui. J'ai besoin de prendre l'air. Si tu as froid, tu peux rentrer au dortoir. Moi, je vais marcher un peu.

_ Attends, mets ça.

Il retire sa veste et l'attache autour de la taille de Nobara. Comme il est plus grand qu'elle, le vêtement couvre une bonne partie de ses cuisses et offre une protection contre la fraîcheur extérieure.

Ils marchent silencieusement, à quelques centimètres l'un de l'autre.

Cela fait plusieurs jours qu'ils ne se sont pas retrouvés seuls. Itadori ne peut pas identifier le moment exact où ses sentiments pour la jeune femme ont basculé de l'amitié à l'amour. C'est arrivé un peu sans crier gare, naturellement et quelque part cela le rassure. Car c'est plus simple à accepter. Il n'ose pas vraiment lui dire de but en blanc qu'elle lui plaît énormément. Alors quand il le peut, il laisse sous-entendre ce qu'il ressent à son égard. Comme en cette nuit d'automne, où ils marchent sans se regarder et qu'il approche discrètement sa main pour la poser sur sa taille.

Il la sent se tendre à son toucher et son cœur manque un battement. Il pense se retirer et s'excuser platement mais contre toute attente, elle se rapproche encore plus et se colle à lui. Il raffermit sa prise et daigne la regarder.

Elle fixe les bâtiments dressés devant eux et sous la lueur de la pleine lune, il devine ses rougeurs. Il se sent pris d'un élan d'affection et de tendresse. Et enfouit son visage dans ses cheveux pour inspirer son parfum délicat.

Elle le laisse faire et il prend cela pour une invitation à faire ce dont il a envie depuis des jours. Il dépose un baiser sur sa joue, tout près de ses lèvres pulpeuses. Ils se sont arrêtés de marcher maintenant.

Nobara se tourne vers lui et enroule ses bras autour de son cou. Sa silhouette est fine, svelte. Sa poitrine pressée contre son torse le tente terriblement. Mais il ne veut pas précipiter les choses. Elle mérite qu'on lui laisse le loisir de décider de la direction de ses relations. Elle mérite qu'on la respecte, qu'on se soucie de ses désirs, de ses besoins sans la presser ou lui imposer quoi que ce soit. Peu importe à quel point il la convoite. Peu importe à quel point son désir le rend fou.

La jeune femme prend les devants et l'embrasse avec avidité. Elle écarte ses lèvres de sa langue mutine et caresse la sienne langoureusement. Elle laisse échapper de petits couinements exquis. Il ne l'a jamais vue aussi ouverte, détendue et vulnérable.

Elle sourit contre ses lèvres lorsqu'il ressert son étreinte autour de ses hanches et presse leur bassin l'un contre l'autre, révélant son érection coincée dans son uniforme.

Ils s'embrassent à en perdre haleine, à en oublier le temps et l'espace. Itadori a l'impression d'être sur un nuage. Il saisit Nobara par la taille et la soulève, glisse ses mains sur ses cuisses alors qu'elle entoure sa taille de ses jambes pour se stabiliser entre ses bras.

Il effleure sa peau douce et souple de ses ongles et elle gémit entre ses lèvres. Elle vient mordiller le lobe de son oreille et il gémit à son tour.

_ A-arrête.

_ Quoi, tu as peur ?

_ Non. C'est juste que…

_ Que quoi ?

_ Je ne veux pas qu'on se presse. Je ne veux pas que tu regrettes.

_ Je suis assez grande pour savoir ce que je veux, Itadori.

_ Ce n'est pas ce que je voulais dire.

_ Qu'est-ce que tu veux dire alors ?

_ Qu'on a tout notre temps et que je préfère prendre mon temps avec toi, plutôt que de risquer de tout gâcher en brûlant les étapes. Je sais que le métier d'exorciste comporte son lot de dangers et qu'on peut perdre ses coéquipiers à tout instant. En théorie, ça devrait m'effrayer et me pousser à agir selon mon instinct. A profiter de la vie. Mais je ne veux pas partir, ou te voir partir, en me disant que j'ai profité de toi sans même me soucier de ce que toi tu veux. Sans avoir pris le temps de te donner ce que tu mérites.

_ Tu réfléchis trop. Tu sais ça ?

Elle ne veut pas l'entendre prononcer un mot de plus. Elle l'embrasse plus passionnément encore et toute envie d'argumenter s'évanouit face à l'intensité de ses baisers.