Salut ! Je profite du week-end de Pâques pour publier la suite ! Je doute que ce chapitre puisse vous remonter le moral, mais sais-t-on jamais ! Personnellement je l'aime beaucoup !
Foudre du Ciel : Mais de rien ! Bien évidement, je ne déshérite pas Akashi par plaisir ^^
ViridiRegina : Merci ! J'espère que tu vas apprécier ce nouveau chapitre. Et si tu as trouvé que Masaomi était un vautour dans le chapitre 2... j'imagine à peine ce que tu vas penser de lui dans celui-là !
Bonne lecture !
Partie III : La deuxième mission
Shige Yamamoto... Ce nom ne dit rien du tout à Seijuro. L'enveloppe qu'il doit lui remettre est épaisse et pesante. Seijuro a bien une idée de ce qu'elle contient. Au fond de lui, il craint que ce ne soit pas ça et qu'il y ait dedans quelque chose d'encore plus louche.
Seijuro se rend dans un cyber café de Kyoto. Il s'installe devant un ordinateur et cherche sur internet des informations sur ce fameux Shige. Il trouve un petit article dans un journal local : Shige Yamamoto a été condamné il y a un an pour complicité lors d'un vol à main armée. Comment Masaomi Akashi a-t-il pu rencontrer cet homme ? Pourquoi y aurait-il un lien entre un délinquant et lui ? Shige ne semble pas non plus être un ancien employé de l'entreprise.
La curiosité de Seijuro est piquée. Il veut en savoir plus. Mais pour ça, il n'y a qu'une seule option : Il doit se rendre à la prison centrale. Dans la suite de sa lettre, Masaomi a laissé des instructions pour entrer dans la prison et quel faux nom Seijuro doit prendre pour que Shige sache immédiatement qui vient lui rendre visite.
Seijuro prend un taxi qui l'emmène à l'extérieur de la ville et le dépose à trois rues de la prison. Le garçon termine le chemin à pied. Il est assez stressé. Cet univers ne lui est pas familier du tout. Quoique... à bien y réfléchir, Seijuro connaît quelqu'un qui est enfermé ici. Nagasuke Akashi, son cousin, emprisonné pour trafique de drogues. Il est la honte de la famille. Dès que les journaux ont commencés à relater ses exploits, Masaomi a cherché à l'éloigner de la famille, à faire comme s'il n'existait plus. Il répétait à son fils de couper les ponts avec lui. Ce n'était pas bien compliqué, Seijuro n'avait jamais été proche de son cousin. La seule chose qu'ils avaient en commun, c'était d'avoir perdu un être cher.
Seijuro se présente à la prison et demande à voir Shige. Il donne sa fausse identité. On le laisse sans trop de problèmes entrer dans le parloir. Il s'installe le plus loin possible des gardes, devant une plaque de verre renforcé avec un téléphone sur le côté. Voilà un décor bien austère.
Seijuro voit arriver un homme d'une quarantaine d'année. Il est grand, corpulent, impressionnant. Seijuro sent une grande force qui se dégage de ce corps. Voilà un homme qui ne doit pas vraiment se faire emmerder dans ce milieu.
Il s'installe face à Seijuro et prend le téléphone.
-T'es son fils, c'est ça ?
-Oui.
-Tu as l'enveloppe ?
Seijuro la fait passer dans l'espace prévu pour l'échange de petits documents. Shige Yamamoto ouvre l'enveloppe et regarde à l'intérieur. Il semble satisfait.
-Puis-je savoir ce qu'elle contient ?
-Tu n'en a aucune idée ?
-Vu le poids et la dimension, je dirai que c'est de l'argent.
-Tout juste.
-J'ignore le lien qu'il y a entre vous. Mais pourquoi mon père voudrait vous donner de l'argent ?
-Vraiment ? Tu ne sais pas qui je suis ?
Shige semble assez surpris.
-Tant pis, gamin. Tu saura sûrement bien assez vite.
-Comment ça ?
-J'ai des choses à faire. Je dois y aller.
-Attendez ! Dîtes-moi à quoi va vous servir cet argent !
Shige ne répond pas. Il raccroche le téléphone et commence à se lever. Seijuro se lève à son tour, faisant tomber sa chaise en arrière.
-Mon cousin est ici. Mon père vous a-t-il ordonné de le supprimer ?
Cette idée, Seijuro la ressasse depuis qu'il a comprit qu'il va donner de l'argent à un détenu. Nagasuke est la honte de la famille. Pour redorer le blason des Akashi, il serait logique qu'il meure. Et le dernier Akashi... sera Seijuro.
Les gardes de la prison se précipitent vers Seijuro et le saisisse en lui demandant de se calmer. Ils l'emmènent en dehors du parloir. Seijuro ne se débat pas. Il n'a pas su interpréter le dernier regard de Shige. Seijuro sent ses mains sales, comme si c'était lui-même qui avait assassiné Nagasuke.
Il sort de la prison plus déboussolé que jamais.
Seijuro marche dans la ville. Sans but. Il erre comme un zombi, avançant à un rythme lent, les yeux vides, l'esprit complètement ailleurs. Il sursaute au moindre bruit brusque dans la rue et surtout, à chaque sirène d'ambulance. Et si l'une d'entre elles emportait le corps sans vie de son cousin ?
Il finit par arrêter sa marche dans un parc. Il réalise que ses jambes lui font mal et qu'il a faim. Seijuro s'assoit sur un banc.
Devant lui, une aire de jeux pour enfants. Ils doivent être une dizaine à l'escalader sous le regard de leurs parents. Cette vision serre le cœur de Seijuro. A-t-il un jour été aussi innocent ? Il a perdu sa mère très jeune dans un accident de voiture, il n'a jamais eu l'occasion de s'amuser comme un enfant normal.
Cela fait trois heures que Seijuro a quitté la prison. Il sort le téléphone prépayé. Il ne dispose pas de beaucoup d'options, juste le stricte nécessaire. Mais il peut tout de même recevoir les ondes radio. Seijuro sort des écouteurs de son sac et les branche à l'appareil. Il cherche une fréquence radio qui diffuserait les informations et finit par en trouver une après quelques bidouillages.
Il écoute attentivement, les yeux fermés. La nuit commence à tomber. À vingt heures, le bulletin d'information commence sur la radio de Kyoto. Et Seijuro entend ce qu'il craignait : Nagasuke Akashi est mort. Overdose. Si le contexte n'était pas si particulier, on n'en aurait pas forcément parlé dans les gros titres. Mais la mort d'un second Akashi dans la semaine... voilà qui va faire parler tout le monde et alimenter les théories. Mais pour Seijuro, cela signifie plus. Shige a assassiné son cousin sur ordre de Masaomi et complicité de Seijuro. Et le contenu de la dernière lettre semble clair comme de l'eau de roche : Seijuro va devoir mettre fin à ses jours pour éteindre à jamais la lignée des Akashi.
Je veux vivre... Seijuro n'a jamais ressentis auparavant cette si vive envie de vivre. Il veut continuer à respirer, à rêver, à aimer. Il n'a que vint-et-un ans. C'était trop jeune pour mourir. Mais qu'est-ce qui serait pire pour lui ? Vivre comme un lâche incapable d'honorer sa famille, ou mourir sans avoir le temps de vivre ?
Seijuro se sent épuisé. Moralement et physiquement. On lui en demande trop.
Peut-être que tout abandonné serait plus facile après tout ? Abandonner sa vie, ses souvenirs, son nom. Il trouverait un endroit calme, caché, où on ne trouverait jamais son corps. Ou pas. Peut-être son père va-t-il exiger qu'il se suicide face au monde ? Imaginer la réaction de ses amis s'ils voyaient ça lui brise le cœur. Comprendraient-ils ? Et lui ? Lui, ce garçon auquel il pense sans arrêt depuis le collège ? Lui qui est justement à Kyoto depuis quelques mois ? Si Seijuro avait bien une raison de s'accrocher à la vie avec tout ce qui se passe, ce serait pour le revoir. Rien qu'une fois. Serait-il plus douloureux de l'occulter ? De faire comme si l'amour qu'il avait pour lui n'avait jamais existé ? Ou bien chercher à le revoir pour lui dire Adieu ?
Seijuro soupire. Il semble qu'il se soit déjà résigné à quitter les vivants. Il a l'impression de ses entendre, de les voir, les fantômes des anciens Akashi. Leurs regards sont rivés sur lui. Ils jugent ses décisions, ses doutes. Seijuro sent ses épaules alourdies par le poids de ces vies et de ces sacrifices pour l'honneur de sa famille. S'il se suicide, il les libérera tous. Il n'y aura plus d'Akashi. Plus d'offense. Plus de souffrances.
Dans le froid de cette soirée d'automne, il s'allonge sur le banc, écouteurs toujours dans les oreilles.
Seijuro devait s'être endormis. Il sursaute et se relève vivement quand une main se pose sur son épaule. La personne qui l'a réveillé recule d'un pas.
-Houlà ! Du calme, je ne voulais pas te faire peur.
Seijuro connaît cette voix. Et ce visage... ces cheveux noirs, ces yeux gris. Il regarde, surpris, émue, son ancien capitaine du collège. Nijimura Shûzo. Seijuro sent son cœur battre la chamade dans sa poitrine et ses joues d'échauffer. Shûzo... l'homme qu'il aime en secret depuis des années.
À cet instant, déguisé comme il l'est, Shûzo semble ne pas le reconnaître. Seijuro ignore s'il doit jouer le jeu ou révéler son identité. Son père lui a bien dit de se montrer le plus discret possible. Même si cela lui fait mal au cœur, Seijuro décide de mentir à Shûzo pour le moment.
-Ce n'est rien, répondit Seijuro avec une voix volontairement plus grave qu'à l'accoutumée.
-Tu avais l'air frigorifié et avec ce froid... enfin, un banc, ce n'est pas un endroit où dormir.
-Je sais.
Seijuro se sent rougir furieusement. Il baisse la tête.
-Je peux te raccompagner chez toi si besoin.
-Je... n'ai plus de chez moi.
-Oh. Et bien... tu peux venir dormir chez moi ce soir.
Mauvaise idée, se dit Seijuro. Mais la proposition est trop alléchante pour qu'il n'accepte pas. Shûzo a toujours été protecteur. Mais de là à proposer l'hospitalité à un inconnu... Voilà qui n'est pas prudent.
-Ce serait avec plaisir.
Shûzo sourit. Un sourire ravageur pour l'équilibre de Seijuro. Il se sent vaciller au bord du gouffre. Le destin lui joue un tour bien cruel. Si Seijuro doit se suicider dans les jours à venir, lui faire revoir son amour est une torture. S'il avait ignoré son existence, il aurait pu accepter d'abandonner la vie. Mais peut-être que la présence de Shûzo est justement un cadeau d'adieu de la vie elle-même. Seijuro se sent perdu. Il n'arrive plus à réfléchir de façon rationnelle. La différence entre ce que lui dicte son cœur et sa raison est trop grande.
Seijuro se lève et suit Shûzo. Ils marchent un peu dans le silence jusqu'à arriver devant un petit immeuble pas bien haut. Shûzo entre et guide son invité jusqu'au troisième étage. Il ouvre la porte d'un appartement et invite Seijuro à entrer.
Il fait bien chaud à l'intérieur. L'appartement est assez spacieux, disposant d'une chambre à part. Il commence par une entrée un peu étroite, puis, sur la gauche, une cuisine américaine. Le salon est assez grand avec deux fenêtres. Puis, sur la droite, deux portes : l'une donne sur la salle de bain et l'autre sur la chambre.
Seijuro laisse ses chaussures dans l'entrée. Shûzo va dans la cuisine. Il sort deux bières du réfrigérateur.
-Je ne me suis même pas présenté ! Lui dit Shûzo en lui tendant une bouteille. Je suis Nijimura Shûzo. Et toi ?
-Akira.
Seijuro s'assit à la table de la cuisine. Shûzo commence, tout en sirotant de temps en temps sa bière, à cuisiner le dîner. Il ne pose pas de questions embarrassantes à Seijuro et préfère répondre à celles avides du garçon.
-Tu as un travail ?
-Oui, depuis peu. Je bosse dans une agence de pub.
-Tu es heureux ?
Shûzo semble surpris pas cette question. Il prend le temps de réfléchir.
-Mon boulot me plaît, j'arrive à vivre normalement...
-Et ton p... ta famille ?
Seijuro avait faillit demander des nouvelles du père de Shûzo alors qu'Akari n'est pas censé le savoir.
-Ma famille se porte... pas trop mal on va dire.
-Tu as quelqu'un dans ta vie ?
-... Non. Je suis célibataire.
Le départ de Shûzo lui avait brisé le cœur à l'époque. Il avait toujours eu beaucoup de respect et d'admiration pour son ancien capitaine. Et, petit à petit, de l'amour. Il avait gardé contact avec lui quand il était parti aux U.S.A.. Puis, plus tard, quand Seijuro avait finit le lycée, Shûzo était revenu au Japon quelques semaines. Les deux garçons s'étaient revu.
Masaomi avait compris. Dès qu'il avait vu Shûzo et la façon dont Seijuro le regardait, il avait compris. Il avait convoqué Seijuro le soir-même dans son bureau. « Tu aimes ce garçon, avait-il dit. Ce genre de sentiments pour un homme n'est pas permis. Je refuse que tu le revoie. Tu ne dois pas aimer les hommes, Seijuro. C'est honteux. Et je pense que tu sais ce qui arrive quand la honte s'abat sur un membre de la famille... ne meurt par pour une amourette. »
Alors, Seijuro n'avait plus revu Shûzo. Il avait obéit à son père. Il avait essayé de brider ses sentiments. Mais désormais, son père était mort. Pour autant, rien n'avait changé. Car quoiqu'il arrive, Seijuro va devoir quitter Shûzo. La mort n'est plus une option. Son père a raison. Aimer les hommes, pour sa famille, est une honte.
Shûzo sort deux assiettes et met la table. Il sert son omelette aux cèpes. Seijuro essaye de savourer le repas. Il tente d'aborder des sujets légers. Mais une question le taraude.
-Puis-je te demander pourquoi tu es venu vers moi ce soir ?
Shûzo semble gêné.
-En fait... tu ressembles beaucoup à un de mes amis. Il vit une chose très difficile en ce moment et quand je t'ai vu, inerte sur ce banc... j'ai eu peur.
-Tu as eu peur que je sois mort.
Shûzo releve la tête vers lui et le regarde. Il acquiesce. Seijuro joue avec son verre d'eau, pensif. Shûzo regarde la bain blanche du garçon et il la voit. Une cicatrice dans la paume de sa main. Il connaissait cette cicatrice. Il saurait mieux que personne en dessiner les contours.
Cette cicatrice, Akashi Seijuro se l'était faite lors du premier camp d'entraînement du club de basket du collège Teiko. Un soir, pendant qu'ils préparaient le repas, Aomine faisait l'imbécile. Il avait bousculé Akashi Seijuro qui était occupé à peler les pommes de terres. Le couteau qu'il tenait avait entaillé la paume de sa main. Akashi Seijuro n'avait même pas crié. Il était resté calme et impassible alors que le sang coulait à flot. Shûzo et le coach Shirogane l'avait accompagné aux urgences et on avait dû lui faire des points de sutures. Shûzo avait surveillé la guérison de la plaie durant toute la durée du camp d'entraînement et même après. Il changeait les pansements, désinfectait. Il prenait soin de cette main et chérissait les moments qu'il passait en tête à tête avec Akashi Seijuro.
Seijuro intercepte le regard de Shûzo. Ils se regardent. Sans s'échanger le moindre mots, ils surent. Si Shûzo ne pose de questions, il pourra prétendre qu'il ne savait pas. En silence, il contemple les traits du visage d'Akashi Seijuro. Il a un peu changé depuis la dernière fois qu'il l'a vu. Il a l'air plus adulte, plus mature. Mais surtout, il semble si usé, fatigué...
-J'ai vraiment cru que tu étais mort... j'ai eu peur d'arriver trop tard.
-Je comprend. Mais tu vois, je vais bien.
-Non, tu vas mal. Dis-moi que ce qui est arrivé à ton père ne t'arrivera pas.
-Shûzo...
-S'il te plaît.
-Impossible.
Cette atmosphère soudain pesante gêne Seijuro. Il veut partir avant de perdre le contrôle de la situation. De toute façon, Shûzo ne sera pas en mesure de comprendre tous les enjeux de la situation. Seijuro a tué son cousin, il est écrasé par le poids des générations d'Akashi. Shûzo tout entier est la seule chose qui le retient actuellement de faire le grand saut. Ça, et son envie de vivre. Mais vivre, pour Seijuro, se résume depuis des années à être avec Shûzo.
-Alors, tu veux dire que tu vas...
-Je ne sais pas.
-Tu sais, tu n'es pas obligé de faire comme ton père. Je sais pourquoi il a agit comme ça, j'ai entendu parler du scandale, comme tout le monde. Mais ton père a rétablit votre honneur, non ? Alors, tu n'as pas besoin...
-Il n'y a pas que ça, Nijimura-san.
Seijuro n'a pas envie de parler de tout ça. Il se sent mal. Il se lève, les jambes légèrement tremblantes. L'image du corps de son père lui revient en mémoire, tel un flash. Il repense aux mots des journalistes, à la mort de son cousin. Shûzo doit comprendre qu'il est troublé. Il se lève lui aussi et prent Seijuro dans ses bras.
-Seijuro... ça va aller.
Le garçon ne s'est jamais demandé si Shûzo partage ses sentiments. A cause de son père, Seijuro n'a jamais pu se poser cette question. Il a rejeté cette possibilité. Mais alors que Shûzo le serre contre lui, caresse son dos, il se demande si ce ne serait pas le cas. Ce serait horrible. Si Shûzo l'aimait autant que lui, s'il lui disait, maintenant, Seijuro savait qu'il ne pourrait plus renoncer à la vie.
-Je dois y aller.
Seijuro se dégage des bras de Shûzo. Il recule de deux pas, presque comme s'il était apeuré par ce qu'il voyait. Il est terrifié par l'avenir. Que doit-il faire ? Désobéir à son père et se cacher jusqu'à la fin de sa vie, avec Shûzo ? Ou bien, décider de mourir en purifiant la lignée et abandonner toute idée de vivre avec Shûzo ?
Vivre, cela signifie devoir affronter les souvenirs de son père et la mort de son cousin. Seijuro ne se sent pas capable de se pardonner d'avoir donné cet argent à Shige, de lui avoir permit de tuer Nagasuke.
Alors Shûzo, n'ayant pas envie de perdre Seijuro, tente le tout pour le tout. Il attrape le bras du garçon et l'attire à lui alors qu'il se dirige vers la porte. Shûzo tire Seijuro à lui et l'embrasse sur la bouche. Son corps se colle au sien. Le garçon se débat quelques secondes avant de se laisser faire. Si Shûzo l'aime... Seijuro fait face à un débat intérieur. Puis, il décide de lâcher prise. Il décide de fondre dans les bras de son ancien capitaine et de faire ce qu'il n'a jamais pu faire. Ce sera sa première et dernière fois.
Seijuro passe ses mains dans les cheveux de Shûzo et presse ses lèvres contre les siennes. Ils entrouvrent leurs bouches, laissent leurs langues se caresser, se titiller. Ils se découvrent avides l'un de l'autre. Ils ne peuvent se retenir, ils l'ont fait trop d'années. Shûzo soulève Seijuro et l'entraîne vers la chambre. Il le dépose sur le lit et recommence à l'embrasser.
Seijuro n'a pas peur, il se laisse découvrir. Shûzo le déshabille avec délicatesse. Les garçons ne s'échangent aucun mot : ils sont superflus dans cette situation. Ils se retrouvent vite nus l'un contre l'autre. Leurs corps se chauffent, se frictionnent. Shûzo caresse Seijuro entre les cuisses, il cherche à le faire réagir, à le faire gémir, à lui donner du plaisir.
Les mains tremblantes, la respiration hachée par l'excitation, Shûzo se penche vers sa table de nuit, délaissant quelque secondes son amant. Seijuro cherche à l'attirer à lui, il se sent seul quand Shûzo n'est pas au-dessus de lui, en train de l'embrasser et de le toucher. Shûzo sort de son meuble un préservatif et une bouteille de lubrifiant. Il s'en enduit les doigts et retourne auprès de Seijuro.
Dans la chambre, seule la lumière de la lune les éclaire. Shûzo regarde le visage pâle de Seijuro pendant qu'il glisse délicatement ses doigts en lui. Seijuro plisse les yeux, soupire et se cambre. Son corps gigote, gêné par cette sensation nouvelle. Shûzo l'embrasse, le rassure. Il prend son temps pour le préparer et admire les traits du visage de son amant. La lune les sublime.
Shûzo finit par retirer ses doigts. Il prend le préservatif et déchire le paquet avec les dents. Un geste que Seijuro trouve assez sexy. Le garçon profite de ce petit instant de calme pour retirer ses lentilles. Quand Shûzo retourne au-dessus de lui, il se plonge dans ses yeux rougeâtres et sourit. Il caresse sa joue avec une tendresse infinie et vient l'embrasser.
Son corps se cale contre les hanches de Seijuro. Il se positionne et commence à entrer en lui. Le garçon agrippe les draps et les serre fort. Il gémit et une larme lui échappe. Shûzo efface bien vite les désagréments du début. Il le distrait jusqu'à ce qu'il s'habitue à la sensation. Là, enfin, il commence à bouger en lui.
C'est un concert de soupirs dans la chambre, de plus en plus aiguës, de plus en plus rapides. Seijuro ne desserre pas sa prise sur les draps. Il sent le plaisir grimper en flèche en lui. C'est si intense... si bon... Seijuro a l'impression que jamais il ne pourra sortir de cette transe. Il ne veut pas. Il ne veut pas redescendre sur Terre. Il sait qu'il souffrira. Mais cela finit immanquablement par arriver. Il jouit et entraîne Shûzo avec lui. Les deux garçons sont tremblants.
Seijuro se retrouve envahit par tout ce que le plaisir lui a fait oublier. La mort de son père, de son cousin, la dernière lettre...
-Encore, souffle-t-il à Shûzo.
Cette nuit ne doit pas avoir de fin. Mais on n'arrête pas le court du temps. Même avec toute la volonté du monde, il faudra se dire au-revoir demain matin.
J'ai adoré écrire ce chapitre !
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