Bonjour ! Nouveau chapitre.

Je le répète mais l'histoire est pour un public averti. Qu'on ne viens pas me dire que je n'ai pas prévenu.

Sinon bonne lecture !


Canada. Thaïlande. France. Italie. Le fin fond de la Russie. Corée. Elle avait tout tenté, elle et son père. Les villes les plus habitées, les contrées arides, que ce soit de glace ou de soleil, le bateau... Elles arrivaient quand même, comme ce jour-là. Encore une lettre lui était parvenue. En la voyant sur la table, les larmes lui étaient montées aux yeux. Encore une... Elle avait été tenté de la brûler, mais ça n'aurait rien changé à ce qui arriverait. Ca aurait été même pire... Elle n'avait toujours pas guérie de la dernière fois. La boite d'anti-douleur déjà sur la table, elle posa finalement ses doigts tremblants sur la papier rouge fermé par un ruban violet, après s'être assise.

Le long de son bras, la décharge manqua de la faire hurler, tandis que son corps s'arc-bouta vers l'avant. Elle se mordit la langue jusqu'à ce que le sang ne lui emplisse la bouche, pour ne pas que son père dans la pièce à côté ne l'entende. Pauvre père... Daisuki Yamaki n'avait pas mérité que sa si précieuse fille, la seule des deux qu'il avait avec lui, ne souffre autant. Il espérait que sa deuxième fille avait une vie calme et pleine de bonheur. Il savait combien elle cachait sa douleur, mais ne savait pas quoi dire ou faire. Que dire ? Il serrait juste les dents avec elle, remplissant la boite de la salle de bain de bandages et de désinfectant à chaque fois qu'elle se servait dedans, principalement la nuit, sans doute pour ne pas qu'il s'inquiète trop.

La décharge atteignit finalement son but, après avoir traversé sa poitrine, menaçant encore une fois de lui faire exploser le cœur : ses jambes. Elle sentit toutes les plaies se rouvrirent comme avec des bouts de verre, la forçant à cracher le sang qu'elle gardait dans sa bouche, pour ne pas s'étouffer avec, tant la douleur la fit tousser. Elle dut poser sa tête sur le métal froid et taché de la table de la cuisine, pour reprendre ses esprits.

"La Corée, vraiment ? En Russie, c'était plus dur de te trouver, Yuki-chérie..."

- Eh merde... Espèce de salopard...

Elle prit une grande inspiration, en profitant pour froisser le papier de la lettre et de la jeter directement dans la poubelle. Elle s'était améliorée en basket, au moins... Elle prit trois antidouleurs avec un verre d'eau, qui ne fit malheureusement pas disparaître le goût ferreux entre ses lèvres, avant de soupirer tandis que sa langue saignait encore. C'était rien de grave, ça sera cicatrisé trois jours plus tard... Elle regarda l'état de ses jambes, chose peu difficile du fait qu'elle soit en short, aujourd'hui. Et dire qu'elle venait simplement de se réveiller...

- P'pa...? Appela-t-elle, après avoir ravalé les larmes qui menaçaient de couler.

Son père entra dans la pièce quelques secondes après, avec les bandages et le désinfectant. En le voyant, le visage fermé, elle eut des remords de l'appeler. Si elle avait été intelligente, elle aurait pris les bandages avec elle...

- Excuse-moi, Papa... J'aurais du y penser avant.

- Yuki, arrête de t'excuser. Tu n'y es pour rien... On sait tous les deux à qui en revient la faute...

Il passa une main dans les cheveux courts et colorés de vert de sa fille avant de calmement et délicatement appliquer le désinfectant sur ses jambes, en partant des cuisses jusqu'à ses pieds, qu'il dut aussi recouvrir des bandages blancs commençant déjà à prendre une teinte rouge à une vitesse effrayante. Cela mettrait encore des semaines, avant que cela arrête de la tirailler et de saigner... Il prit ensuite Yuki dans ses bras, autant pour la rassurer que pour se rassurer lui-même. Il brulait de rage à cause de type, de cette troupe de héros qui n'avait rien fait pour elle... Il la prit dans ses bras comme une princesse avant de la déposer à ses côtés dans le canapé, la tête sur ses jambes, un plaid sur elle, avant d'allumer la télévision, grâce à la télécommande posée sur l'appui-coude.

- Tu veux regarder quoi ?

- Un film drôle.

- Louis de Funès ?

- Yep. Mais pas de la saga Les gendarmes, on les a regardé y'a pas longtemps.

Il passa dans son disque dur avant de mettre le fameux film "L'aile ou la cuisse" qui faisait toujours rire sa princesse. Cela lui permettrait d'oublier la douleur pendant quelques heures. Ils devaient aller se balader, eh bien se serait reporter. Pas question qu'elle marche aujourd'hui. Il passa tendrement sa main dans les cheveux de sa fille tout en la couvant du regard. Si seulement il avait été plus attentif... Peut-être qu'elle n'aurait jamais été la cible de ce type...

- Arrête de t'en vouloir, si tu veux que j'arrête de m'excuser. Toi non plus, tu n'es pas responsable...

- Tel père, telle fille.

Il prit donc la main de Yuki entre ses doigts, se souvenant de cette sensation quand il l'avait fait pour la première fois, lorsqu'elle était née. Où était sa jumelle, d'ailleurs ? Ou se trouvait Yoru, après que sa mère l'ait emmenée sans dire un mot, partant comme une voleuse au beau milieu de la nuit ?

- Tu crois qu'on devrait retourner au Japon ?

- Pour te rapprocher de ce type ? Certainement pas.

- P'pa... Je crois que... J'en ai marre de fuir... Je vis dans la peur, constante. Je veux que ça s'arrête. Quitte à lui cramer la gueule comme j'aurais du le faire... Et puis... J'ai toujours pas trouvé un seul de mes âmes-sœurs...

Le père serra les dents en entendant ça. A dix-sept ans, il était vrai que ne pas trouver ne serait-ce que sa première âme-sœur était anormal... Leur cavale y était sans doute pour quelque chose...

- Tu es sure de toi ?

- Je suis terrorisée... Juste, je sens qu'il le faut... J'ai juste peur que... Mon âme-sœur soit...

- Un vilain ?

- Un héros, plutôt...

Sa précieuse petite fille, comme il aimait l'appeler, en avait gros sur la conscience... Elle ne lui avait jamais dit, jamais parlé de ce qu'il s'était passé pendant ses trois mois de disparition. Il n'empêche que le désintérêt total des Héros pour son cas leur laissait un goût amer dans la bouche, à la fille comme au père. Il se souvenait encore de la première phrase qu'elle avait réussi à articuler après un bon mois d'hôpital et de mutisme.

"Ne m'abandonne pas... Je ne veux pas qu'il m'enlève, une nouvelle fois"

Sa voix rauque, son regard effrayé, les multiples bandages qui la recouvraient lui faisaient faire encore des cauchemars et il arrivait qu'il vérifie la nuit si elle était dans son lit, vivante. C'était comme ça qu'il avait fini par savoir le deuxième mal qui la bouffait...

- On partira dans une semaine, le temps que je prépare tout et que tu ailles mieux, d'accord, princesse ?

- Ouais...

Ils regardèrent alors le film tranquillement, jusqu'à la fin. Lorsque ce fut fait, il déposa sa fille dans son lit, pour qu'elle puisse se reposer. Pour le moment, elle était trop faible pour s'approcher de l'armoire, et au fond, il en était rassuré. Elle n'avait pas besoin de ça dans son état. Il aurait pu lui prendre, pour qu'elle arrête, mais il comprenait pourquoi elle faisait ça. Elle voulait juste se sentir mieux, ne serait-ce qu'un peu... Il lui embrassa le sommet du crâne, lui déposa sa saga de livre du moment près d'elle et s'en alla ensuite pour prévoir tout ce qu'il leur faudrait pour vivre au Japon. Il possédait toujours la maison là-bas, n'était-ce pas le principal ?

La journée passa tranquillement, jusque la nuit tombe enfin, après leur avoir accordé les derniers rayons de l'astre du jour. C'était la, la seconde peur de Daisuki. Oh, oui, il savait déjà ce qu'elle faisait, son petit rituel qui lui faisait froid dans le dos, dés que la nuit tombait. Non, elle n'avait, bien sur, aucune idée d'à quel point il était au courant...

Il se posait donc derrière la porte, s'asseyant contre elle pour écouter et juste vérifier qu'elle ne faisait rien de dangereux... Il entendit donc la mélodie, celle qui lui faisait aussi faire des cauchemars...

- Veux-tu, veux-tu... Au grand arbre me trouver... Mettre un collier de corde, et pendre à mes côtés...

Elle chantonnait ça tout le temps, depuis sa captivité... Elle prit la seringue à côté d'elle, l'emplissant du liquide qu'elle venait de chauffer, en se posant à la fenêtre, jetant un regard aux étoiles avant de la planter dans le creux de son coude, y déversant son mal. Oui, Yuki se droguait depuis bientôt un an et demi, chaque soir pratiquement pour échapper à la douleur constante. Entre un mal et un autre, elle préférait celui qui la détruisait sans lui causer de douleur...

Elle observa les étoiles se flouter devant ses yeux, avec un sourire apaisé. Oui, maintenant, elle ne sentait plus rien du tout... Comme elle aimerait que ça s'arrête tout ça... Au fond, la fin de la cavale, c'était surtout pour lui qu'elle l'avait demandé. Elle continuerait de se droguer, elle le savait. Mais lui, il pourrait peut-être trouver la paix au pays natal. La fuite incessante le blessait plus qu'elle... C'était donc dans un rêve empli de fleurs bleues et violettes, des lilas, qu'elle s'égara le temps que son cerveau ne se pose enfin, effaçant la sur vigilance dans laquelle elle était piégée.