Chapitre trois
Je repris conscience sans doute quelques heures plus tard. J'entendais faiblement le bruit de la pluie sur les ardoises et les vitres du château mais ces sons me paraissaient étouffés. Je sentais la douce chaleur d'un feu de cheminée à mes pieds même à travers la couette.
La couette ? Quelle couette ?
Je me levai brusquement et observa la pièce où j'étais. Mis à part la cheminée je n'avais presque pas de lumière. Je cherchai à tâtons ma baguette mais elle n'était plus dans ma jarretière. Je n'avais d'ailleurs plus ni ma robe de sorcier, ni de pull, ni ma cravate, ni me chaussures. Bon, au moins j'avais toujours ma chemise et ma jupe. La pièce était petite et un peu ronde sur un bord. En cherchant, je trouvai ma baguette sur la table de nuit à ma gauche.
- Lumos, chuchotai-je avant de reprendre mon observation.
Alors c'est sûr, je n'étais pas à l'infirmerie ! J'étais dans une chambre au vu de la bibliothèque en face de moi, et du bureau sous la fenêtre à ma gauche. Le lit était d'ailleurs un lit pour deux personnes, pas un simple lit d'étudiant. Les draps étaient doux, en flanelle, vert émeraude et sentais la belladone.
Mais bordel où est-ce que j'étais ?!
Je sortis du lit, sur le qui-vive, prête à lancer un sort de saucisson sur un quelconque agresseur. J'ouvris la porte à droite et regardai la deuxième pièce. C'était un petit salon, avec lui aussi une cheminée qui fonctionnait. Puis je le vis, affalé dans le canapé, endormi avec un livre retourné sur lui. M. Rogue.
Oh putain de bordel de merde de sa mère en salopette ! Qu'est-ce que je foutais dans les appartements privés d'un prof' à trois ou quatre heures du mat' ?!
Je fis le tour de la pièce en espérant trouver le reste de mes affaires lorsque je passais à côté de lui. Je m'arrêtai et mon sort s'évanouit. La lumière produite par la cheminée lui éclairait une partie du visage. Il paraissait tellement plus jeune les traits complètement détendus. Comme si tous ses problèmes et ses responsabilités s'étaient envolées. Mue par je ne sais quelle divinité, je repoussai une mèche de cheveux de son visage.
Fallait je me l'avoue, je le trouvais beau, comme ça endormi comme un mort. Ma main descendit caresser sa pommette pour ensuite suivre le contour de sa machoire. Avant que je me rende compte de quoi que soit, mon visage se trouvait très proche du sien.
Nom d'un dragon empaillé ! Me suis-je maudite en reculant précipitamment, Lilith ma grande, on essaye pas d'embrasser son prof' pendant qu'il dort !
Je soupirai et m'assis à l'autre bout du canapé, essayant de réfléchir un peu. Je sentis M. Rogue bouger, murmurer dans son sommeil puis il réveilla en sursaut en pointant sa baguette sur moi.
- Oh du calme monsieur ! M'écriai-je, c'est moi Lilith !
Il avait une sale tête, on aurait dit qu'il avait fait un cauchemar. Il cligna des yeux comme une chouette avant de s'asseoir et se passa les mains dans ses cheveux.
- Vous allez bien ? demandai-je, on dirait que vous avez vu le diable !
Il me regarda sans me voir. Oui, d'après sa tête, ça aurait pu être ça. Ce que je vis en face de moi était un homme qui avait du vivre l'enfer à un moment donné de sa vie. Sans réfléchir, je l'enlaçai, le forcant à poser son menton au creux de mon épaule. Je lui carressai les cheveux comme je le ferais à un enfant.
- Là, là, shh, murmurai-je en le berçant, votre cauchemar est fini. Vous êtes à Poudlard, avec moi.
Mais putain Lilith qu'est-ce qui te prend ma grande ?! Tu vas te prendre des heures de colle pour le reste de l'année pour avoir fait ça !
Mon coeur battait à cent à l'heure, était-ce le sien que je sentai aussi, tel deux coeurs jumeaux ?
Il sembla se réveiller tout à coup, essayant de se dégager mais je le maintiens contre moi.
- Calmez-vous... Vous êtes en sécurité.
Il enfouit encore plus sa tête dans mes cheveux et je le sentis aggriper mon chemisier dans mon dos. A cet instant, je découvris une nouvelle facette de cet homme. Il lui arrivait d'être vulnérable, en détresse comme cela peut arriver à tout le monde.
J'avais l'impression d'être hors du temps, comme dans une bulle.
- Miss Bran, vous pouvez me lâcher à présent.
Sa voix résonna dans la pièce. Me rendant compte de la situation, je m'écartai de lui en rougissant.
- Ah euh oui bien sûr. Désolée. Vous allez pas me filer des heures de colle j'espère ?
Il ne me répondit pas. Je levai mes yeux vers lui mais il regardai autre chose et il avait les joues un peu rouges. Je suivis son regard pour voir que mon chemisier était très largement ouvert, laissant bien voir à qui le voulait mon soutien-gorge.
- Putain ! m'écriai-je en français en essayant en vain de fermer ma chemise.
Il eut le bon sens de se retourner mais le mal était fait.
- Miss Bran, vous pouvez utiliser le lit pour les deux heures à venir, ce après quoi je vous rammène à votre dortoir.
Je ne sais pas pourquoi, je fus déçue. Il était redevenu froid et distant, comme si de rien ne c'était passé.
Bien sûr idiote, tu t'attendais à quoi ?! C'est juste un prof' et tu es une élève !
- Et vous ? Vous allez dormir où ?
- Eh bien, le canapé fera très bien l'affaire. Ce ne sera pas la première fois que j'y dormirai.
Un lourd silence se fit. Je voulus dire quelque chose mais il m'arrêta d'un geste de la main.
- Faites comme si rien ne s'était passé. Je ferai de même.
Je me levai, dépitée et me dirigeai vers la chambre. Je jetai un dernier coup d'oeil mais je ne vis que son dos. Je me trainai jusqu'au lit et me couchai dedans. Après un tel ascenceur émotionnel, je m'endormi rapidement.
