Voilà, le projecteur est tombé mais Terry y a échappé sans l'aide de Susanna et celle-ci est aussi intacte. Il est vrai que je l'ai rendue plus aigrie que l'originale, elle n'aurait peut-être pas été jusque là mais c'est possible aussi. Susanna est de nature possessive, égoiste et prend ses désirs pour des réalités. La frustration, le rejet et mépris de Terry peuvent transformer son soi-disant amour en haine, en folie. Quoi qu'il es soit on a vu que nos actes peuvent déterminer tout notre avenir, le destin découle de tous ces hasards et nos choix réunis. Terry l'a compris, il a échappé à un destin épouvantable grâce à ses amis et ses choix. Désormais Susanna n'a aucun moyen de chantage sur lui mais est-elle pour autant sortie du jeu? On le verra plus tard comme on va maintenant voir comme on est plus forts quand on est unis. Merci à tous ceux qui continuent la lecture et pour les commentaires!

Chapitre 4

Il suffit d'un ami

Candy désespérait de pouvoir quitter Miami et chercha un moyen de fuite alors que même le docteur Kliss trouvait toutes les raisons à ce qu'elle reste et que Karen était encore plus décidée à son caprice. Pourtant, ce matin du cinquième jour de son arrivée, alors qu'il n'en restait plus que quatre avant son départ pour New York, elle ne trouva pas la jeune fille dans sa chambre, puis son oncle lui annonça qu'elle était partie subitement à New York suite à un télégramme, et donc que Candy pouvait rentrer. Elle fut si soulagée qu'elle ne demanda pas plus de détails sur ce départ et accepta le sac d'oranges offertes du médecin puis après son insistance, le chèque pour payer son travail en sachant qu'elle s'en servirait pour offrir un beau cadeau à Terry. Mais sur le trajet pour Chicago, elle se demanda bien ce qui avait pu faire partir Karen si vite, un autre rôle sans doute. Enfin, elle oublia en songeant avec délice que dans quatre jours elle reverra enfin son fiancé et le regarder briller sur scène puis vivre deux semaines près de lui. Une fois rentrée, elle dévora sa lettre et explosa de joie en racontant toutes ces nouveautés à Albert une fois qu'il fut rentré du zoo. Albert l'écouta raconter les Barrett, l'appartement et l'automobile en souriant de ses:

- Qu'il est merveilleux mon Terry!

Et en pouffant intérieurement de la voir éplucher toute les oranges alors qu'elle ne devait en presser que deux. Du coup, Albert remplit une bouteille du jus et la conserva au frais pour plus tard. Ensuite, Candy alla écrire une lettre à Terry même si elle n'était pas sûre qu'il la reçoive avant de la revoir. En soirée, elle tenta de raviver encore la mémoire d'Albert en lui relatant tout leur passé commun mais rien ne revint à celui-ci. Puis leurs amis vinrent les voir, Alistear tenta un traitement de choc avec un marteau en caoutchouc de son invention, pour guérir Albert mais à part une bosse, il n'eut d'autre résultat que de vivre une franche rigolade et une bonne soirée.

OoO

Terry répéta pour la première fois avec Karen, à peine arrivée à New York. Elle le surprit en connaissant intégralement le texte de la pièce et mémorisant vite la gestuelle et l'orientation de son personnage. A la fin des répétitions, Terry lui sourit et la félicita avec respect avant de lui dire à demain mais la jeune fille le rappela alors qu'il était déjà près des coulisses.

- Terrence! Ca te dirait de boire un verre avec moi avant de rentrer?

- Non merci Karen, je travaille dans deux heures, je vais rentrer manger un morceau avant de repartir.

- Oh ! Je comprends. Mais je peux te ramener alors, j'ai une voiture, cela ira plus vite.

- J'en ai aussi une désormais.

- Ah! Bon, alors, je t'accompagne jusqu'à la sortie.

- Si tu veux mais ce sera vite fait! fit-il, indifférent en repartant à grandes enjambées.

Elle peina mais le suivit et lui dit en route:

- Cela va quand même me permettre de te dire que j'ai un gros bisou pour toi Terrence !

Celui-ci s'arrêta brusquement, se retourna en la regardant avec un air si indigné qu'elle faillit éclater de rire.

- Ah non! Ca ne va pas recommencer! Bon, mettons les choses au point Karen! On va jouer ensemble mais seulement jouer! Tu ne m'intéresses pas autrement Karen, seule ma fiancée et future épouse m'intéresse pour ça, c'est clair?

- Oh parfaitement Terrence! Mais... justement, c'est elle qui t'envoie un gros bisou. Sacrée Candy! Elle avait raison, tu es quelqu'un de droit Terry et tu la mérites bien.

Terry la regarda alors avec un grand intérêt.

- Tu connais Candy?

- Depuis peu de temps mais oui, je la connais et hier chez mon oncle à Miami elle me parlait encore de toi et sa hâte à te revoir bientôt.

- Tout compte fait Karen, j'aimerais qu'on boive un verre ensemble, sauf si c'était seulement pour me tester.

- Pas seulement et ce n'étais que mon idée, Candy m'en voudrait mais moi je suis plus méfiante de nature. Enfin je ne regrette pas car en vérité, j'ai vraiment besoin de toi pour réussir à être très bonne sur scène et je ne veux pas non plus d'ambiguïté entre nous. Je te trouve très bien en tout mais je ne tomberai jamais amoureuse de toi, rassure-toi. Mais en ami je te trouve vraiment très intéressant si tu me donnes ma chance.

- Eh bien!, des amis on en a jamais assez et franchement, tu me plais bien dans ce sens aussi et encore plus si tu me dis que ma Candy est plus belle que Susanna.

- Alors là, tu as trouvé ton homme Terry! Enfin, ta femme! Mille fois plus belle que la Marlowe, c'est certain! Candy est très jolie, intelligente et admirable mais surtout, vraiment trop gentille. A sa place moi je me serai giflée tant j'ai été pénible avec elle. Mais en fait, je suis persuadée qu'elle allait s'évader. A ton avis Terry, Candy est du genre à s'évader par tous les moyens pour suivre son cœur non?

- C'est plus que certain même si je n'ai pas compris pourquoi tu l'emprisonnais Karen. Allez, allons finir cette passionnante conversation autour d'une bonne boisson, je t'invite.

OoO

A Chicago, pour ses derniers jours de travail, Candy eut des soucis avec la grand-mère de Patricia, tombée malade car elle travaillait sur trois postes en même temps. Mais tout finit bien pour elle heureusement et elle redevint raisonnable. Deux jours avant le départ, Candy fit des achats en ville avec Annie et Patricia et elles tombèrent hélas sur Eliza et Neal Legan, sortant d'une grande boutique de mode, en arborant leur habituel air dédaigneux. Une vendeuse les suivait en portant une haute pile de paquets enrubannés. Eliza vit Candy et ses amies et stoppa net sur le trottoir, la pauvre vendeuse qui ne voyait pas grand chose se cogna contre elle et tous les paquets dégringolèrent.

- Espèce d'idiote! Je vous préviens que tout ce qui sera abîmé ne vous sera pas payé ma fille!

Candy se précipita pour aider la vendeuse à ramasser ses paquets, ses amies aussi, ignorant les gesticulations d'Eliza et son frère même pas capable d'en faire autant. Puis les quatre filles mirent leurs chargements dans la voiture et la vendeuse les remercia gentiment. Mais Eliza ne s'arrêta pas là.

- Et ne vous attendez pas à un pourboire! Et toi Candy, ce n'est pas la peine de t'imaginer dans une de ces robes dans la vitrine, tu n'en as pas les moyens!

- Imaginer est gratuit Eliza, je ne suis pas ton employée, garde tes conseils !

- Toujours aussi pédante pour une petite infirmière sans parents! Mais ne crois pas que tu vas ternir ma journée car figure-toi que je vais bientôt voir un ami, il se trouve à New York et je le verrai d'une des meilleures places du théâtre jouer Roméo.

- Un ami? Et c'est moi qui rêve!

- Quand il aura enfin vu clair, c'est toi qui pourras toujours rêver Candy. En attendant, je vais à New York avec maman et ma robe sera la plus chic, crois-moi !

- L'habit ne fait pas le moine Eliza. Je te souhaite néanmoins du succès à New York, du moment que je ne t'y croise pas.

- Parce que tu comptes y aller et te ridiculiser avec tes robes de paysannes?

- J'y vais parce que je suis invitée Eliza, alors que toi tu t'imposes.

- Invitée? Dis plutôt que tu as manigancé! Mais tu verras, Susanna Marlowe a fait du chemin, tu auras une surprise là bas!

- Elle ne t'a donc pas tout dit dans ses lettres alors! Mais ma pauvre fille, Susanna t'a menti, enfin, comme toi elle a rêvé et est bien réveillée aujourd'hui et démasquée à jamais.

- Oh! Quelle idiote! Mais ça ne fait rien, moi je suis plus maligne, je gagnerai et Terry t'échappera car tu n'es vraiment pas digne de lui.

- C'est lui seul qui sait qui l'est Eliza, pas toi. Et maintenant ça suffit, j'ai assez perdu de temps avec tes élucubrations. Venez mes amies, c'est vrai qu'ici c'est trop cher pour moi mais s'il suffisait d'une belle robe pour être jolie ça se saurait.

- Intrigante! Fille d'écurie! Dévergondée!

Puis en secouant son frère planté comme une statue.

- Neal! Fais quelque chose!

- Hein! Et quoi donc?

Il regarda sa sœur d'un air ahuri puis n'eut que l'idée de se mettre devant Candy pour l'empêcher de passer. Celle-ci le regarda avec assurance et dureté.

- Ôte-toi de mon chemin Neal! Tu ne fais toujours pas le poids! Tu vas encore geindre et te plaindre si je te frappe!

Il n'eut encore pas le courage et s'écarta en serrant les lèvres et blêmissant. Eliza s'époumona à nouveau en injures mais les trois jeunes filles les ignorèrent et repartirent loin d'eux pour décider de la suite de leurs achats. Candy fut pourtant lucide et avoua:

- Eliza avait quand même raison pour ce qui est de mon budget, par ici, tout est trop cher pour moi, je ne peux m'acheter une robe digne de Terry hélas!

- Alors pourquoi ne pas la confectionner nous même? s'exclama Annie.

Patricia rejoignit son amie par un cri triomphant.

- Mais oui, c'est ça la solution, ainsi tu auras une robe unique et comme tu la voudrais !

- Mais je ne suis pas très douée pour la couture mes amies, tu le sais Annie, je n'aimais guère cela enfant et... je n'ai rien écouté des leçons de mademoiselle Pony.

- Moi si, Candy et celles de ma mère aussi, j'aime toujours coudre et je crois sans me vanter que je peux réaliser le patron et trouver des tissus pas chers mais de qualité dans une boutique pas bien loin.

- Et moi je brode assez bien, rajouta Patty. Je pourrai te faire un bustier sur mesure et j'ai plein de rubans de soie de grand-mère. Allons-y vite !

- Eh bien!, vu votre enthousiasme mes chères amies, je vous suis, je vais tâcher de rattraper mon retard en couture, pour Terry je le ferai.

Elles éclatèrent de rire et repartirent à leur projet, pleines d'allégresse.

Et le lendemain après-midi, Annie, Patricia, Archibald et Alistear vinrent chez Candy et Albert avec la robe déjà bâtie. En trois heures, puisque même les garçons s'y étaient mis, la robe devint magnifique. Elle était en coton rose pâle, bien dégagée au cou et aux épaules, le bustier couvert de roses blanches brodées par Patricia. Un voile de mousseline diaphane entourait la large jupe jusqu' aux pieds et les rubans rouges en nœuds papillon sur les manches ballons courtes et le devant de la jupe donnaient une touche fantaisie originale. Tout le monde applaudit quand Candy revint de sa chambre avec Annie, très fière d'elle et de tous.

- Oh! Ce que tu es belle! dit Patricia pour tous les autres car les garçons restaient muets d'admiration. Terry va en tomber à la renverse! Enfin... il va adorer quoi!

- C'est vrai! finit par approuver Albert. Candy vous êtes plus que jolie, vous êtes resplendissante. Je le dis en toute sincérité et de tout mon respect, vous êtes aussi belle de l'intérieur que de l'extérieur et Terry sait quelle chance il a de vous avoir comme promise et ne la lâchera jamais.

Alistear réussit aussi à faire son compliment oral mais Archibald semblait taciturne depuis que le prénom de Terry avait été prononcé et son frère finit par lui donner un coup de coude. Alors il soupira puis admit enfin :

- Bon, d'accord. Moi aussi je crois que Terry va cette fois être assez intelligent pour faire tout pour te garder vu qu'il... semble t'aimer vraiment et toi aussi. Alors je vous souhaite à tous deux tout le bonheur possible, sincèrement. Mais qu'il ne s'avise jamais à te faire de la peine où... enfin... tu lui transmettras mon bonjour, quoi.

Annie sourit, elle avait fait les gros yeux quand il avait émis ce léger avertissement mais il avait fait un gros effort alors elle posa un baiser sur sa joue et Candy applaudit, donc elle rougit fort. Alistear sourit aussi puis rajouta:

- Oui, moi aussi je lui transmet un grand bonjour, je n'ai pas oublié quel beau cadeau il m'a fait avec le biplan à réparer en Ecosse. S'il en a un autre, qu'il pense à moi!

Albert vit Archibald faire la grimace mais comprit que cette fois ce n'était plus pour Terry car Alistear sembla un brin gêné quelques secondes. Les filles ne semblaient pas l'avoir vu alors Albert alla chercher et offrit son cadeau à Candy : une paire de longs gants blancs pour compléter sa robe de soirée.

- J'ai eu un bon pourboire ce mois-ci et je n'aurais pas su quoi en faire à part vous prouver ma reconnaissance et mon estime, chère Candy.

- Ils sont magnifiques Albert, je suis très touchée et mon estime ne risque pas de diminuer, vous avez tant permis que je sois ce que je sois. Quoi qu'on ignore encore, je sais l'essentiel de vous, vous êtes quelqu'un de respectable, généreux et fiable, c'est sûr. Mais hier soir vous me sembliez songeur après notre exercice, rien n'a rejailli?

- Rien mais un nom m'a en effet semblé familier, celui de votre cousin disparu je crois.

- Anthony?

- Oui Anthony Brown, il m'a semblé familier quand vous l'avez prononcé mais ensuite j'ai fini par penser que vous étiez la seule à m'en avoir parlé un jour, tout simplement.

- Je me souviens vous avoir dit qu'il avait eu cet accident et sa terrible issue oui mais je ne crois pas avoir prononcé son nom devant vous, non je suis sûre de n'avoir jamais dit ce nom devant vous Albert. Mais peut-être que vous l'avez connu comme vous viviez près de Lakewood à cette époque et qu'il était souvent à cheval à se promener. Qu'en pensez-vous les garçons?

- Peut-être ! admit Archibald après réflexion. Anthony était assez secret et ne nous disait pas tout, il était solitaire en fait, il n'y a que toi qui a su le faire s'épanouir Candy, comme ses roses et... comme pour Terry.

- C'est vrai ! approuva Alistear. Anthony était un peu comme Terry mais en plus doux, moins écorché vif. Une âme solitaire, chevalier servant et sensible. Mais pour ce qui est de savoir si vous avez pu connaître Anthony, Albert ? Je l'ignore mais c'est possible.

- Anthony était blond aux yeux bleus très clair, azur en fait. Il cultivait les roses, une passion héritée de sa mère disparue si jeune, Rosemary Ardlay Brown. Ca ne vous dit rien Albert?

C'était Candy qui avait fait ce portrait après avoir été émue de la ressemblance qu'avaient vus Archibald et Alistear sur les deux plus chers garçons de sa vie amoureuse.

- Rosemary dites-vous? Si, ce prénom sonne joliment dans ma tête mais est-ce un souvenir? Je n'en ai aucune idée hélas!

- Ne vous inquiétez pas Albert, tout finira par revenir, fit Candy désolée de le voir encore se tenir la tête pour trouver enfin une réponse. Alors il releva les yeux et sourit pour la rassurer.

- Oui, inutile de se torturer ce soir, fêtons plutôt notre voyage avec nos précieux amis. Que diriez-vous d'une bonne tournée de crêpes et de limonade pour le dîner?

- Avec plaisir! dirent-ils tous en cœur.

Après le départ de leurs amis, assez tard, Candy eut envie de revoir Anthony et de lui parler. Elle sortit de son armoire le carton à chapeau contenant ses souvenirs et contempla la petite photo de son ami de Lakewood.

« Anthony, c'est Candy. Je ne t'ai pas oublié tu sais, jamais je ne t'oublierai. Mais comprends-moi, Terry c'est autre chose que nous deux, nous étions des enfants. Je ne sais pas ce qui se serait passé si tu ne nous avais pas quitté Anthony mais je sais que Terry est l'homme idéal pour moi car il te ressemble de l'intérieur tout en étant unique et merveilleusement doué pour tout et surtout pour me rendre heureuse. J'espère que tu le comprends Anthony, tu voulais que je sois heureuse, tu as aussi fait tant pour moi, jamais mon cœur ne t'oubliera mon prince des roses. Repose en paix mon Anthony, mon frère d'âme. »

Elle regarda aussi sa Tendre Candy séchée dans sa boite et sourit de la voir toujours belle. Puis elle fit défiler les deux insignes des Ardlay trouvées, la bible de Sœur Maria, le crucifix de mademoiselle Pony, le ruban d'Annie, la poupée blonde trouvée dans son couffin d'orpheline et le petit bracelet de laine où avait été écrit son prénom: Candice. Puis elle remit tout dans la boite et ouvrit le coffret de Terry. Elle contempla amoureusement la belle pile de lettres qu'il lui avait envoyées, les coupures de journaux sur sa célébrité grandissante, le mouchoir à son chiffre, les photos qu'il avait envoyées dont les dernières où il posait bébé et une autre dans les bras d'Eléonore à trois ans.

« Voilà mon présent et mon avenir. Personne ne me le prendra, j'en ai tant rêvé, je l'aime tellement! Oh! Demain enfin je vais te revoir mon amour, tu me manques tant ! J'ai hâte d'être dans tes bras, je ne pourrais plus vivre sans y être, sans tes baisers et tes mains si douces sur ma joue et mes cheveux. Oh! Je me sens toute rouge mais c'est si bon de t'aimer mon étoile, de te plaire et de me sentir si belle et précieuse dans tes beaux yeux bleus et dans ta voix si chaude et envoûtante. »

Elle soupira encore de hâte et de plaisir puis redevint sérieuse en étudiant ses photographies d'elle enfant. Il n'y en avait que trois. Une à cinq ans avec Annie et d'autres enfants de la maison Pony, une à huit ans avec Capucin et sœur Maria et enfin, la dernière chipée par Alistear dans un album de Lakewood, à douze ans avec Archibald, Alistear et Anthony qui l'entouraient debout et elle assise sur le canapé dans une belle robe verte et la main d'Anthony sur son épaule. Elle hésita un peu mais cette photo était belle et pleine de souvenirs. Puis elle se dit que Terry n'en était plus là et il voulait la voir enfant alors elle la mit dans son sac avec les autres.

Au matin, très tôt, Alistear et Archibald revinrent pour les emmener à la gare.

- Oh! Vous vous êtes levés de si bonne heure pour nous? C'est adorable mes amis mais il ne fallait pas!

- C'est qu'il commence à neiger et la gare est assez loin, justifia Alistear. Mais j'ai aussi un cadeau pour toi Candy, hier il n'était pas fini, maintenant si et tu dois l'emporter pour te donner un maximum de chance car elle s'appelle la boite à bonheur.

Candy prit la petite boite en bois laqué qui fit entendre une jolie mélodie en l'ouvrant.

- Oh! C'est magnifique Alistear, merci.

Elle lui fit une grosse bise qui fit rosir le jeune homme.

- Je suis très touchée et te promets de tout faire pour garder le bonheur, Alistear. Et je t'en souhaite autant avec Patty et autant pour toi Archie, avec Annie.

- Merci Candy mais moi je n'en suis pas là avec... enfin si mais j'ai plus important pour l'instant que penser à...

- Chut! fit Alistear. On a dit qu'on ne parlerait pas de ça maintenant, tu vas ternir sa joie de partir.

- Et toi tu ne te dis pas que sa joie sera encore plus ternie de l'apprendre à son retour alors ? Et nous ? Et Patricia ? Tu penses à nous ?

- Mais que se passe-t-il mes amis? fit Candy bouleversée de voir les deux frères se déchirer.

- Ce n'est rien Candy, je suis désolée, ce n'est qu'un différent entre nous qui n'est pas grave.

- Pourtant il m'a déjà semblé hier soir que c'est plus que cela Alistear, dit Albert en voyant Archibald bien pâle et embêté comme s'il ne pouvait pas parler.

- Alors je refuse de partir ainsi! s'exclama Candy tristement. Alistear, comment veux-tu que je sois heureuse à New York si je m'angoisse sur ce que j'ignore et semble grave?

- Et voilà! soupira-t-il en regardant son frère avec un peu de rancune. Bon, je vais vous le dire alors et vous verrez qu'il n'y a pas de quoi être triste. C'est seulement que je souhaite devenir aviateur... en Europe.

- Aviateur? En Europe? Vous voulez dire en France, Alistear? Sur le front? Comme militaire? En vous engageant?

- Oh! Mon Dieu! gémit Candy après le constat d'Albert, la mine contrite d'Archibald et la tête baissée d'Alistear, opinant timidement. Alistear! Tu veux aller te battre à la guerre toi aussi?

- Je me sens inutile ici, je sens que ma voie est là-bas, c'est mon devoir, comprends-moi Candy !

- Il a cette idée en tête depuis des semaines ; il n'a rien dit parce qu'il y avait déjà Flanny qui voulait partir mais il y pense aussi depuis tout ce temps, compléta Archibald en soupirant. Je n'arrive pas à l'en dissuader. Et ce matin, en le voyant se lever si tôt, je l'ai suivi et me suis dit que tu saurais le faire renoncer Candy, tu es la seule qu'il écoute !

Celle-ci regarda l'air inquiet d'Archibald, la mine penaude d'Alistear et tenta alors :

- Mais Alistear! C'est dangereux! Tu risques de... ne jamais en revenir!

- Oui Candy mais comme Flanny, je n'irai pas par dégoût de la vie, je ferai tout pour en revenir, je vous le promets à tous.

- Flanny est infirmière Alistear, elle y est allée pour soigner, pas tuer.

- Parfois on n'a pas le choix Candy, c'est la guerre qui l'oblige.

- Mais pourquoi faire la guerre? Pourquoi veux-tu aller tuer des allemands qui ne t'ont rien fait?

- Tu ne peux pas comprendre la politique Candy, tu es une... infirmière.

- Moi je ne suis pas infirmier ni une femme, Alistear, dit Albert en secouant la tête, pourtant je ne comprends pas non plus la guerre et je ne crois pas non plus que ce soit à cause de mon amnésie. Mais je comprends et respecte votre point de vue et ce besoin de faire votre devoir tout en pouvant réaliser votre rêve de piloter.

- C'est vrai, avoua le jeune homme, c'est aussi pour pouvoir devenir le pilote que je veux être mais je n'irai pas uniquement pour cela, je me sens vraiment mal de ne rien faire pour défendre la liberté alors que j'ai l'âge minimum.

- Écoutez Alistear, reprit Albert. Nous ne pouvons pas vous empêcher de faire selon votre âme et conscience bien sûr, ni nous ni votre frère, vous seul devez décider de votre destin mais... est-ce que ça presse comme décision ? Ne pouvez-vous pas au moins attendre les fêtes de fin d'année avant de le décider et au moins en discuter davantage?

- Oh! Oui Alistear ! Je t'en prie, promets-nous de ne pas partir avant au moins l'an prochain, c'est ça que je veux comme cadeau de Noël, s'il te plaît!

Alistear regarda les yeux suppliants de Candy, comment résister ? Il soupira puis opina.

- Bon, d'accord mais c'est bien parce que c'est toi Candy. Je te promets d'attendre janvier mais pas plus.

- Ouf ! fit Archibald soulagé. Au moins je suis rassuré jusque là maintenant, merci mes amis. C'est que tous les matins au réveil, j'avais peur qu'il n'ait filé sans prévenir.

- Heu... J'avoue que je voulais partir après demain pour éviter de voir vos peines ! Mais ce n'est pas très courageux en effet, je dois tout de même dire ça à Patty, c'est vrai.

- Oui, pensez à tout Alistear ! conclut Albert. Faire votre devoir c'est bien mais ne pas trahir sa famille est aussi important. Bon, allons-y maintenant où nous allons rater le train.

- Oh! Surtout pas! s'exclama Candy en poussant tout le monde dehors.

A suivre...