Bonne lecture !


Mini blue van


Une fois assis sur le siège passager dans le mini van, Hinata, malgré ses vingt-et-un ans passés, ne pouvait s'empêcher de jouer avec ses doigts à cause de l'impatience. Il avait le sourire jusqu'aux oreilles, ce même sourire resplendissant qu'il adressait à ses proches, aux clients, aux inconnus dans la rue, et en fin de compte, à absolument toute la planète. Bien attaché, les mains au volant, Atsumu lui lança un petit regard moqueur, ainsi que le sourire de "je-sais-je-suis-un-génie" qu'il arborait depuis une demi-heure.

–Arrête de sourire comme ça, ça donne des rides.

–Pff, parle pour toi Tsumu.

Mais ses lèvres s'étirèrent encore un peu plus qu'avant. Atsumu leva les yeux au ciel comme si cela l'ennuyait réellement et démarra son vieux quatre-roues qui ne payait pas de mine. Il tourna ensuite la manivelle pour baisser la vitre, et laisser l'air frais de mai aéré l'habitacle, sous le regard amusé de Shoyo. Ce vieux truc qui lui servait de moyen de transport lui parvenait de l'héritage de ses parents, il devait avoir environ son âge si ce n'était plus et son moteur faisait un boucan d'enfer.

Heureusement, avec tout l'argent qu'il avait gagné, il pourrait se racheter une voiture après le roadtrip, et même vingt. Il de voyait déjà déambuler dans les rues de Los Angeles avec une superbe voiture de sport flambant neuve.

–On met quoi, comme musique ? demanda Hinata pour le sortir de sa rêverie, en tripotant son poste radio/lecteur CD dans tous les sens.

–Attention, c'est fragile ! beugla le blond.

–C'est pas ma faute si t'as que des antiquités, bouda Shoyo. Oh, je sais.

Atsumu haussa les épaules, lui disant silencieusement qu'il le laissait de toute façon choisir. Hinata ouvrit l'immense boîte à gants devant lui, chercha quelques secondes et en sortit une vielle cassette de CD poussièreuse. Son meilleur ami arqua un sourcil.

–Ray Charles ? Ça faisait un moment que je n'en avais plus entendu parlé venant de toi, commenta-t-il.

–Ouais, mais j'ai une petite phase sur lui en ce moment, répondit Hinata.

–Et tu vas vraiment mettre ça ? J'ai retenu qu'une chanson de lui.

–T'as pas de culture c'est tout.

–C'est même pas de notre génération, ajouta Atsumu en faisant la grimace, ce qui fit rire le rouquin.

–Elle est nulle, ton excuse. Aller, roule ou on va jamais partir.

Par pur esprit de contradiction, Miya eut envie de croiser les bras et de bouder. Mais il s'en tint à souffler de mécontentement et empoigna le frein à main pour démarrer, alors qu'Hinata insérait le CD dans la fente prévu à cet effet. Il appuya sur quelques boutons, et certains bruits tirèrent des grimaces à Atsumu, mais en un instant, une musique inconnue au blond résonna dans le mini van.

–Tu pourrais au moins mettre celle que je connais, grogna-t-il.

Il ne reçut que le rire malicieux de Shoyo en réponse, et il tourna à gauche au coin de la rue de la maison du roux.

–Au fait, il est où, ce quelqu'un à qui tu dois passer le bonjour ? demanda curieusement Hinata après qu'ils aient quitté la ville.

La question fit doucement ricaner le conducteur.

–À une ou deux heures de routes. Elle va être ravie de me voir, tu verras.

–"Elle" ?

Atsumu haussa les épaules, du style "je n'en dirai pas plus", ce qui tira une moue boudeuse à son meilleur ami. Ce dernier décida qu'il allait plutôt se concentrer sur le paysage à travers la vitre et la musique émise par le poste radio. Sa tête vint se nicher dans son coude, posé comme son avant-bras contre la porte du véhicule. Il faisait un grand soleil dehors, on se serait cru en été s'il n'y avait pas cette petite brise fraîche qui lui frappait doucement les joues.

–Eh, Tsumu.

–Quoi ?

Même si le blond avait le regard figé sur la route devant lui (encore heureusement), il savait que son ami de longue date lui souriait de toutes ses dents rien qu'au ton de sa voix.

–Je crois que c'est l'une des meilleurs idées que t'as eues jusqu'à maintenant, lui avoua-t-il, alors que le visage du concerné se fit encore plus fier qu'avant.

–Et attend de voir ce que j'ai prévu pour la suite. Shoyo, ça va être le plus gros kiff de notre vie. Foie d'Atsumu. Et pas de Miya hein, Osamu aurait jamais eu ce genre d'idée.

Hinata se retint de lui dire que c'était en partie parce qu'Osamu était responsable et raisonnable et qu'il n'aurait jamais espéré gagner assez d'argent pour faire un roadtrip de riche qui pourrait durer des mois grâce à un jeu de loto, et que même dans le cas où il y participerait et gagnerait, il aurait donné la moitié à une association pour la lutte contre la faim dans le monde et l'autre pour ouvrir un restaurant qui lui donnerait deux fois plus d'argent. Les jumeaux avaient juste un sens des priorités différent.

–Ouais, je te fais confiance, lui accorda-t-il. On ira en Grèce.

–Si tu veux. Et je construirai une villa en Californie, continua Atsumu, alors qu'ils se rapprochaient d'une entrée d'autoroute.

–Et le jour où je serai riche aussi, je construirai la mienne en face de la tienne. Comme ça je viendrai te réveiller tous les matins à six heures.

–T'es un sacré bâtard. Il n'y a que les gens aigris pour se lever à six heures !

–Si on considèrent que les gens ayant une vie active sont des gens aigris, alors oui, Tsumu. Tu sais, on n'est pas tous à se la couler douce comme toi.

–Je me la coule pas douce, je ne m'épuise juste pas, rétorqua le blond.

Hinata soupira. Il ne savait pas trop quoi penser de son meilleur ami à ce niveau-là. Atsumu ne se donnait à fond que dans les choses qui le passionnaient réellement, et ces choses, il fallait les trouver. Il avait toujours été plutôt posé, à ne jamais se prendre la tête. Il aimait faire la fête, flâner devant la télévision, faire du sport, jouer de la guitar. À partir du moment où une certaine activité ne faisait pas partir du champ lexical de "travailler", il était plutôt partant. Hinata savait que c'était comme ça, qu'il y avait des personnes comme ça dans la vie. Il savait aussi qu'à un moment où à un autre, Atsumu devrait bien se sortir les doigts du cul et prendre des responsabilités. Mais bizarrement, il avait du mal à l'imaginer comme ça.

–Aller, en route pour une heure et demi d'autoroute, annonça Atsumu qui venait de passer le péage. J'espère que t'as un grande vessie parce qu'on s'arrête pas.

–Ah ouais ? Donc tu comptes rouler sans essence ? ricana Shoyo en pointant l'indicateur de carburant.

Miya lança un regard là où l'index du roux pointait, faillit se frapper le front sur le volant avant de se rappeler qu'il conduisait, et marmonna quelques insultes sous le rire moqueur d'Hinata.

–C'est pas vrai ça ! s'exclama-t-il. J'ai fait le plein avant de partir.

–Au risque de me répéter, ton mini-van c'est une anti-

–Une antiquité, je sais, grogna d'agacement le blond en soufflant. Bon, c'est quand la prochaine aire d'autoroute ?

–Dans quatre kilomètres. J'en profiterai pour aller aux chiottes et acheter des jambon-beurre.

Sans lui lancer un regard (parce qu'il devait se concentrer sur la route), Atsumu lui lança un soupir du genre "c'est-un-complot-n'est-ce-pas" et le rire d'Hinata redoubla d'intensité.

Derrière la vitre, Shoyo voyait le printemps, symbole de changement et de renouveau, et se dit que même sans l'avoir su avant l'instant présent, ce roadtrip était la chose dont il avait le plus besoin en ce moment.


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Chuuus