Bonjour à toutes et à tous ! Je vous remercie une fois de plus pour toutes les vues, les follows et les visites ainsi que les reviews ! Ça fait vraiment chaud au coeur !

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katymyny : Contente que ce chapitre t'ait plu, j'espère que la suite te plaira ;)

Butterfly Fictions : Merci pour ta review ! Tu auras la réponse concernant Théo dans ce chapitre ! Quant à Sirius et Remus, il faudra attendre un peu pour savoir ^^ Les couples vont mettre du temps à se former, surtout que certains personnages n'auront pas qu'une seule histoire d'amour ^^ Mais il y aura quand-même des prémices par-ci par-là;)

luxcie : Je n'ai pas pour habitude de séquestrer mes personnages, moi XD Mais bon, ce que je leur fais n'est sûrement pas mieux que ce que tu as fait à ce pauvre Sirius x) Pour JFF il va falloir attendre un peu (beaucoup) XD Ravie que tous ces personnages te plaisent, aussi compliqués soient-ils XD

pouik : Préciser le POV s'avérera nécessaire par la suite, quand il y aura plus de cinq personnages qui interviendront dans une même scène ou dans une même discussion ;) C'est pour mieux s'y retrouver ^^

tenshi-no-yoru : le calme apparent de Harry cache malheureusement bien des choses ^^ Il ne va peut-être pas aussi bien qu'il veut le faire croire :/ Tu vas avoir la plupart des réponses à tes questions dans ce chapitre et ceux qui suivent ;)

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Je vous laisse avec ce chapitre qui apportera des réponses à quelques questions !

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(lundi 17/07) POV Blaise

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Blaise pesta une énième fois contre les professeurs qui donnaient des devoirs à faire même pendant les vacances d'été. Ils voulaient se venger, ce n'était pas possible autrement. Car les professeurs eux-mêmes avaient du travail pendant les grandes vacances à cause des deux cent quatre-vingt copies d'examens qu'ils devaient corriger. Mais c'était de leur faute ! Les élèves n'avaient jamais demandé à passer des examens tous les ans à chaque fin d'année ! Les BUSE et les ASPICS étaient amplement suffisants. Mais pas pour les professeurs, apparemment. C'étaient tous des tortionnaires, de toute façon. Car non seulement ils gâchaient la fin d'année des élèves avec leurs examens qui duraient deux semaines, mais en plus il fallait qu'ils gâchent aussi leurs vacances en leur demandant de rendre des devoirs dont la longueur exigée variait entre cinquante et quatre-vingt centimètres de parchemin ! Se souvenaient-ils d'avoir été élèves, eux aussi ? Était-ce la même chose, de leur époque ? La réponse devait être non car sinon, les professeurs ne leur feraient pas subir cela.

Blaise était donc en train d'essayer de faire son devoir d'histoire de la magie lorsque sa chambre se fit soudain plus sombre. Il se retourna vivement afin de regarder dehors. Ce qu'il vit le fit écarquiller les yeux et étouffer un cri de justesse. Car derrière sa fenêtre se tenait un de ses meilleurs amis, Théo, juché sur son balai et l'air mal en point. Blaise se rua vers la fenêtre et l'ouvrit brusquement.

- Par Merlin Théo mais qu'est-ce que tu fais là ? Que t'est-il arrivé ? Entre, ne reste pas planté dans les airs, voyons !

Blaise ne réfléchissait pas à ce qu'il disait, comme à chaque fois qu'il était paniqué. Il fit entrer Théo et referma la fenêtre avant d'aider son ami à descendre de son balai.

- Assis-toi sur mon lit, tu ne tiens plus debout... Bon sang tu ressembles à un Inferi !

- Bonjour, Blaise, et merci pour le compliment, j'apprécie beaucoup. Je vais bien, un peu fatigué mais ça va. Et toi, comment te portes-tu ?

Blaise leva les yeux au ciel. Son ami semblait au bord du malaise et il trouvait quand-même le moyen de faire de l'humour et de le vanner sur son manque de politesse.

- On s'en fout de moi. Et désolé mais tu dis n'importe quoi, tu n'as pas l'air d'aller bien du tout. Assis-toi, je te dis. Je n'ai pas envie que tu t'écroules par terre.

Théo obéit de mauvaise grâce et s'installa sur le lit de Blaise, au plus grand soulagement de celui-ci. Il vit alors que son ami était chaudement habillé alors qu'il ne faisait pas moins de vingt-cinq degrés à l'extérieur.

- Mais tu dois crever de chaud ! s'exclama Blaise.

- Non, au contraire, j'ai froid.

- C'est parce que tu dois avoir faim...

- Non, justement. Je ne peux rien avaler. J'ai mangé avant de venir et...

Le teint de Théo devint soudain verdâtre. Blaise réagit au quart de tour et l'emmena aux toilettes. Pendant que son ami vidait le contenu de son estomac, Blaise alla chercher de quoi le soigner dans la salle de bain. Il ne savait pas ce qu'avait Théo mais une potion anti-nausées lui ferait certainement du bien. Lorsqu'il retourna près des toilettes, son ami en sortait. Il semblait aller un peu mieux.

- Je n'aurais pas dû autant manger d'un coup, grimaça-t-il. Je n'avais plus l'habitude...

Blaise serra les poings en comprenant ce que cela signifiait. Théo avait été affamé par son père depuis le début des vacances. C'était un miracle qu'il soit arrivé jusqu'ici. Mais il n'avait pas été seulement affamé. Blaise était sûr qu'il avait subi d'autres sévices. Il le regarda plus attentivement et remarqua qu'il tremblait, comme s'il était sous l'emprise de la fièvre. Ce qui était sûrement le cas. Théo avait froid alors qu'il portait un manteau et qu'il faisait relativement chaud dans la chambre. Blaise ne savait pas quoi faire. Il fallait de toute évidence un médicomage à Théo. Il devait se faire examiner et recevoir les soins adéquats. Mais il ne pouvait pas aller à Sainte-Mangouste. Il était aussi traqué que son père. Les Aurors savaient que s'ils trouvaient Théo, ils pourraient le forcer à révéler où se cachait son père. Et Théo n'était clairement pas en état de subir un interrogatoire. Blaise fit rasseoir son ami et se força au calme. Il fit le tour des éventuelles solutions et n'en trouva qu'une seule qui tenait la route. En plus il ferait d'une pierre deux coups. Il se retourna, s'approcha de son ami qui grelottait toujours et s'adressa doucement à lui :

- Théo, tu vas te glisser sous les draps et essayer de dormir, d'accord ? Le voyage a dû t'épuiser plus que tu ne l'étais déjà. Tu as besoin de te reposer. Ma mère n'est pas là, elle ne rentrera que tard dans la soirée. Il est dix-neuf heures, on a quatre bonnes heures devant nous. Nous ne sommes que tous les deux, tu n'as pas à t'en faire. Et puis tu connais ma mère, elle n'ira pas dire aux Aurors que tu es ici. Elle les fuit comme la scrofulite.

Théo acquiesça en souriant légèrement.

- Allez, couche-toi, tu seras mieux. Mais tu ferais mieux de te dévêtir, d'abord. Pas complètement, bien sûr. Enlève juste ton manteau et ton pantalon. Et ton pull si tu en portes un. Je vais rafraîchir les draps.

- J'ai déjà froid...

- Parce que tu as de la fièvre.

- C'est même pas vrai.

Blaise ne put s'empêcher de sourire. Si Théo se mettait à parler comme ça, c'est qu'il devait être sérieusement atteint contrairement à ce qu'il voulait faire croire. Mais Théo était tout de même quelqu'un de censé et finit par faire ce que lui disait son ami. Il s'installa confortablement sous les draps et ferma les yeux. Épuisé, il ne tarda pas à s'endormir sous le regard d'un Blaise inquiet. Celui-ci, une fois sûr que Théo avait rejoint les bras de Morphée, s'assit à son bureau et commença à rédiger une lettre. Il dut s'y prendre à plusieurs fois, n'arrivant pas à trouver les mots. Il ne voulait pas inquiéter Draco mais il devait dans le même temps expliquer au mieux la situation. Ce ne fut qu'après six essais qu'il fut enfin satisfait de sa lettre. Elle n'était pas parfaite mais elle ferait l'affaire. Il alla chercher le hibou de sa mère dans la pièce qui servait de volière, le sien étant déjà parti pour livrer une lettre à Pansy. Il confia donc la missive au hibou, le mena jusqu'à la fenêtre et le regarda s'envoler. Il espérait que la lettre arriverait vite chez Draco. Ou, plutôt, chez le parrain de Draco. Mais il n'avait pas beaucoup d'espoirs que Draco la reçoive avant le lendemain car son parrain habitait assez loin. De plus, il était tard et le temps était orageux. Les hiboux volaient moins vite dans ce genre de conditions. Aussi magiques soient-ils.

Blaise retourna à sa chambre et fut rassuré de voir que Théo dormait toujours. Il semblait beaucoup plus apaisé. Cela faisait du bien à voir. Blaise avait vraiment hâte que Draco reçoive sa lettre. Il n'y avait que lui qui pouvait parler de Théo à la seule personne qui pouvait l'aider en ce moment-même. En attendant, Blaise devait gérer sa mère. Elle allait sans doute être surprise d'apprendre que l'un des meilleurs amis de son fils était chez elle. Ce n'était absolument pas prévu. Mais Blaise savait qu'elle ne dirait rien, surtout s'il lui expliquait la situation. Sa mère avait beau faire des choses moralement répréhensibles, il n'en restait pas moins qu'elle était mère et qu'elle ne laisserait jamais un adolescent en difficulté dormir dans la rue. Surtout qu'elle connaissait bien Théo. C'était souvent chez Blaise que les trois amis se retrouvaient lors des vacances d'été. Rarement au Manoir Malfoy, jamais chez le père de Théo. Blaise n'était donc pas très inquiet quant à la réaction de sa mère. Ce qu'il redoutait en revanche, c'était lui dire qu'ils allaient probablement avoir de la visite. Sa mère détestait recevoir des gens à l'improviste. Elle ne faisait confiance à personne. Mais Blaise était persuadé de pouvoir l'empêcher de poser des sorts anti-transplanage et de ne pas boucher la cheminée. Il était un Serpentard, après tout. La ruse faisait partie de ses gênes. Et comme tout bon Serpentard qui se respectait, il avait plus d'un tour dans son sac !

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(mardi 18/07) POV Draco

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- Hé c'est super intéressant cette figure ! Je suis sûr que je peux l'apprendre. Elle n'a pas l'air bien compliquée. Il faut juste faire attention à la position des jambes. Je vais sûrement l'utiliser lors des sélections. Si Graham me voit faire cette figure, il va forcément me garder dans l'équipe ! De toute façon il ne trouvera pas mieux que moi. Je suis le meilleur.

- Ce n'est pas la modestie qui t'étouffe... Pense à racheter de quoi te chausser lorsque tu iras sur le Chemin de Traverse. Tu en auras besoin quand tes chevilles auront tellement gonflé que tes pieds n'entreront plus dans tes chaussures.

Draco tourna la tête et adressa un regard glacial à son parrain.

- Je peux savoir ce qui te prend de me casser comme ça ?

- Si tu n'as pas envie que je te «casse», comme tu dis, tu ferais mieux de ne pas faire partager tes pensées à voix haute. Le salon était très bien lorsqu'il était plongé dans le silence.

- Oh, très bien, je me tais !

Draco reprit sa lecture en tournant ostensiblement le dos à Severus sans se douter que celui-ci le regardait en secouant la tête avec un air amusé. Draco savait que son parrain adorait l'embêter. Et lui, oubliant sa prestance de Malfoy, réagissait au quart de tour. Et cela l'énervait car c'était exactement ce qu'attendait Severus. Draco se demandait parfois si son parrain avait réellement trente-cinq ans lorsqu'il le provoquait ainsi. Mais il devait admettre qu'il aimait bien ces chamailleries. Les vacances chez Severus étaient beaucoup plus vivantes que celles qu'il passait chez ses parents. Chez lui, Severus n'était pas la même personne qu'à Poudlard. Bien sûr, il gardait certains traits de personnalité mais il était plus détendu, plus souriant. Peu de personnes le connaissaient ainsi. Et Draco trouvait cela dommage. Severus serait certainement plus apprécié s'il se montrait sous son vrai jour. Mais il devait se sentir en confiance totale pour cela. Draco ne pouvait s'empêcher de penser que si Severus avait une femme dans sa vie, il s'ouvrirait plus facilement aux autres. Mais il gardait cette réflexion pour lui. Ce n'était pas à lui de dicter à Severus ce qu'il devait faire.

Draco en était précisément à la page deux cent vingt-huit de son livre lorsque du bruit se fit entendre à la fenêtre. Il fit comme si de rien n'était, espérant que Severus irait ouvrir au hibou ou à la chouette. Mais, toujours dos à lui, il ne l'entendit pas bouger. Il attendit quelques minutes avant de se retourner et de fixer son parrain avec un air agacé. Celui-ci haussa un sourcil.

- Je n'attends pas de courrier, moi, dit-il d'un ton moqueur.

Draco le fusilla du regard et se leva en soufflant. Lui non plus n'était pas censé recevoir de lettre pour le moment. Blaise et lui avaient décidé de s'envoyer des lettres tous les deux jours plutôt que tous les jours comme ils le faisaient depuis le début des vacances. Ils trouvaient cela trop angoissant et trop déprimant d'apprendre l'un de l'autre quotidiennement qu'ils n'avaient toujours pas de nouvelles de Théo. Draco avait envoyé sa lettre la veille au soir, il ne recevrait donc pas la réponse de Blaise dans la journée. Et il ne pensait pas que ce soit Pansy qui ait pu lui écrire. Ils s'échangeaient souvent des nouvelles au début des vacances, puis ils ne s'écrivaient plus jusqu'à la rentrée. En s'approchant de la fenêtre, Draco eut la confirmation que ce n'était pas Blaise qui lui écrivait. Car ce n'était pas le hibou de son ami qui attendait qu'on lui ouvre. C'était un grand-duc alors que le hibou de Blaise était un petit-duc. Draco le fit entrer et récupéra la missive accrochée à sa patte. Il la déplia et écarquilla les yeux en voyant tout compte fait l'écriture de son ami. Puis il fronça les sourcils et regarda de nouveau le hibou. C'était peut-être celui de la mère de Blaise... Il haussa les épaules, se rassit à sa place et commença à lire sa lettre.

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«Draco,

Tu dois être surpris de voir que c'est moi qui t'écrit, étant donné qu'on avait décidé d'espacer nos correspondances. Je te rassure, ce n'est pas un usurpateur qui a copié mon écriture. La première fille que tu as embrassée était une allemande, c'était lors des vacances d'été de l'année dernière et personne ne le sait à part Théo et moi.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : si je t'écris maintenant, c'est pour te dire que Théo est chez moi. Si tu reçois ma lettre le dix-huit juillet, alors Théo est arrivé hier soir, vers dix-neuf heures. Il a fait le trajet depuis son père en utilisant son vieux balai. Je ne sais pas ce qui s'est passé, il était super mal en point, je l'ai tout de suite mis au lit et il s'est endormi comme une masse. Il ne va pas bien du tout. Il a de la fièvre. Je ne sais pas à quoi c'est dû, il pleuvait et il ventait quand il est arrivé. Il a peut-être pris froid durant le trajet. Ou alors il était déjà comme ça et le voyage n'a rien arrangé. En tout cas, quoi qu'il ait, il a besoin de soins. Il est très faible. Il n'était déjà pas bien épais avant mais là il est carrément maigre. Il doit vraiment être examiné de toute urgence. J'ai bien pensé à l'emmener à Sainte-Mangouste mais ce serait trop risqué. On pourrait croiser des Aurors et s'il y a une chose dont Théo n'a pas besoin, c'est bien ça. Ils voudront à tout prix l'interroger sans se soucier du fait qu'il ne soit pas apte à leur répondre. Ils cherchent son père et ils utiliseront tous les moyens possibles pour le trouver.

Il n'y a qu'une seule personne qui puisse aider Théo et je n'ai pas besoin de te dire qui c'est. Je vois déjà ta bouche s'ouvrir pour protester et je t'arrête tout de suite : je sais que ça fait des années qu'il n'a pas exercé mais il ne peut pas laisser Théo comme ça. Il n'aura pas le courage de les regarder dans les yeux à la rentrée en sachant que Théo était malade et qu'il n'a rien fait pour l'aider. Tu pourras lui dire ça si jamais il est réticent à l'idée de venir le soigner. Dis-lui que Théo peut rester chez moi pendant toutes les vacances s'il le faut. Fais de ton possible pour le convaincre, s'il te plaît. Je ne sais pas combien de temps Théo pourra tenir sans soins. C'est vraiment urgent.

J'espère te revoir très vite.

Blaise.»

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Draco lâcha la lettre, sous le choc. Il n s'était pas attendu à cela. Cela faisant pourtant trois semaines qu'il espérait avoir des nouvelles de Théo, il en avait enfin mais il n'aurait jamais pensé recevoir une lettre pareille. C'était bien pire que tout ce qu'il avait pu s'imaginer. Qu'est-ce que le vieux Nott avait fait à Théo pour qu'il soit dans cet état ?! Car pour Draco, cela ne faisait aucun doute que Théo avait été maltraité par son père. Il pensa alors à la requête de Blaise. Il avait évidemment compris de qui il parlait. La seule personne capable d'aider Théo se trouvait en face de lui. Mais il ne savait pas comment aborder le sujet. Severus avait bel et bien un diplôme de médicomage mais comme l'avait souligné Blaise, cela faisait plusieurs années que son parrain s'était retiré de la profession, ayant été obligé de se consacrer à son métier de professeur. Tout cela était un peu long à expliquer, c'est pourquoi Draco n'avait jamais donné de détails à ses amis.

Il savait que son parrain accepterait d'aller aider Théo. Mais en fait il avait tout simplement peur de ce que Severus leur dirait, à Blaise et lui, une fois qu'il aurait examiné Théo. Il avait peur de connaître l'étendue des dégâts. Mais Théo avait urgemment besoin de soins. Draco ne pouvait pas tergiverser alors que son ami était probablement en danger. Il prit son courage qu'il considérait inexistant à deux mains et s'adressa à son parrain :

- Severus, je... j'ai besoin de toi. Enfin... c'est plus Théo qui a besoin de toi.

Severus releva la tête de la Gazette, l'air surpris.

- Il t'a écrit ?

- Non. Il ne doit même pas être en état de le faire. Il est arrivé chez Blaise hier soir. Il s'est sûrement enfui de chez son père. Ou plutôt de l'endroit où ils habitaient à l'insu de tout le monde. D'après Blaise, il ne va pas bien du tout. Il a perdu du poids, il est faible et il aurait de la fièvre. C'est tout ce que Blaise a pu me dire. Il n'en sait pas plus. Théo était très fatigué, il avait besoin de dormir, Blaise n'a donc pas pu beaucoup parler avec lui. Je ne suis pas sûr que Théo lui aurait dit grand-chose, de toute façon. Tu le connais, il est très secret. Il n'aime pas s'épancher. Enfin bref, il a besoin de soins. Il ne peut pas aller à Sainte-Mangouste. Il pourrait se faire repérer par des Aurors. Ils n'hésiteront pas à lui sauter dessus pour avoir des informations sur son père. D'une, Théo ne sera pas en état de répondre, et de deux ça m'étonnerait qu'il ait envie de parler de la personne qui est responsable de son état. Il faut donc qu'un médicomage se déplace chez Blaise pour examiner et soigner Théo. Quelqu'un qui ne le balancera pas aux Aurors. Quelqu'un de confiance, quoi.

Draco posa un regard lourd de sens sur Severus. Ce dernier soupira.

- Je ne suis plus médicomage, Draco.

- Ça se garde à vie, un diplôme. Même si tu n'exerces plus. Et puis tu soignes les cas graves, à Poudlard. C'est comme si tu exerçais toujours, en fait. Tu ne vas quand-même pas laisser dépérir un élève de Serpentard ? Un élève de ta maison ? Le meilleur ami de ton filleul, qui plus est ? Je sais que tu n'es pas comme ça, Severus. Je sais que tu as bon fond.

Severus leva les yeux au ciel, faisant sourire Draco.

- Tu n'avais pas besoin de me prendre autant par les sentiments, Draco. Bien sûr que je vais aller le soigner.

Draco sentit le soulagement l'envahir.

- Merci, Severus. On y va quand ?

Severus fronça les sourcils.

- «On» ?

- Bah oui, lâcha Draco. Tu ne crois quand-même pas que je vais rester ici pendant que tu vas voler au secours de mon meilleur ami ?

- Il est hors de question que tu viennes, déclara fermement Severus.

Le soulagement que Draco avait éprouvé quelques minutes auparavant laissa place à la colère.

- Et pourquoi ça ? demanda-t-il, la Pimentine commençant à lui monter aux oreilles.

- Parce que je ne veux pas avoir à gérer une potentielle crise d'angoisse ! On ne sait pas comment tu pourras réagir en voyant Théo. Tu peux avoir un choc. Je ne serai pas apte à vous gérer tous les deux à la fois. Théo devra requérir toute mon attention. Je demanderai d'ailleurs aux Zabini de me laisser seul avec lui.

- Blaise va être difficile à convaincre.

- Sûrement moins que toi.

- Je n'ai jamais dit que j'acceptais de ne pas venir, répliqua Draco.

- Tu feras ce que je te dis. C'est pour le bien de ton ami. Si tu veux que je le soigne dans les meilleures conditions, alors je dois être seul avec lui.

Draco soupira. Il savait qu'il n'aurait pas le dernier mot avec Severus. Et puis il comprenait malgré lui pourquoi il voulait l'écarter. Il devait avouer qu'il ne savait pas lui-même comment il pourrait réagir. Il valait sûrement mieux qu'il reste là. Mais il n'avait pas envie d'être seul. Il allait tourner en rond en attendant le retour de Severus et s'imaginer tout et n'importe quoi. Il se sentirait vraiment mieux si quelqu'un était avec lui pour le rassurer. Si Severus avait une compagne, Draco ne serait pas resté seul ! Il fallait vraiment que Severus se trouve une femme.

- D'accord. Dans ce cas je reformule ma question : tu y vas quand ?

- Tout de suite. Je pense qu'ils ne m'en voudront pas de débarquer à l'improviste. Ils comprendront que la situation est relativement urgente. Tu n'ouvres à personne durant mon absence, d'accord ? De toute façon je vais mettre des protections.

- Zut alors, je ne peux même pas profiter de ton absence pour m'enfuir...

Severus décocha un regard noir à Draco qui leva les yeux au ciel.

- Je plaisante. Je n'ouvrirai à personne et je ne bouge pas de là, c'est promis.

- Je compte sur toi. Bon, je vais aller chercher ma mallette.

Severus se leva et sortit du salon. Il revint quelques minutes plus tard avec une mallette en cuir. Draco l'avait vue à de rares occasions quand il s'était fait lui-même soigner par Severus.

- J'y vais. Si je ne suis pas revenu à midi et que tu as faim, il y a ce qu'il faut dans les placards.

- Severus, j'ai quinze ans, je ne suis plus un gamin. Je sais m'occuper de moi tout seul. Je ne vais pas me laisser mourir de faim parce que je suis tout seul.

- C'est ça, moque-toi. Tu verras quand tu auras des enfants. Tu ne pourras pas t'empêcher de t'inquiéter pour eux. Allez, à tout à l'heure.

Severus partit sur ces mots. Draco soupira. Commença alors une longue attente pour lui...

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Quelques minutes plus tard, POV Severus

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En transplanant, Severus atterrit devant une maison assez grande et qu'il jugea plutôt de bon goût. Mais il n'était pas là pour juger la qualité de la demeure des Zabini. Il était là pour soigner le garçon malade qui y avait été recueilli. Même si c'était urgent, il prit la peine de frapper à la porte. C'était la moindre des choses. Quelqu'un vint vite lui ouvrir. Il se retrouva face à une femme d'une trentaine d'années, très séduisante, mais qui n'était pas du tout du goût de Severus. Aucune chance qu'elle ne lui plaise. Il comprenait cependant pourquoi elle se trouvait facilement des maris.

- Bonjour, Mme Zabini. Je me présente, je suis Severus Rogue, Maître des Potions et professeur de potions à Poudlard.

- Enchantée. Ornella Zabini. Mon fils m'a dit qu'il y avait de grandes chances que vous veniez. C'est pourquoi j'ai temporairement annulé les sorts anti-transplanage et désactivé les détecteurs de magie. Mon fils a visiblement eu raison de croire en vous. Entrez donc, ne restez pas sur le pas de la porte.

Severus suivit Mme Zabini à l'intérieur de la maison.

- Vous venez voir Théo, c'est cela ?

- Oui, mon filleul m'a dit qu'il était chez vous et qu'il avait besoin de soins.

- Je confirme. Il se réveille par intermittence depuis hier soir mais il se rendort très vite. Le pauvre petit est complètement épuisé. Mon fils ne le quitte plus. J'espère que le père de Théo va vite être arrêté par les Aurors. Mon fils a des envies de meurtre à son égard.

Tout en discutant, Mme Zabini mena Severus jusqu'à la chambre de Blaise. Elle toqua et ouvrit la porte.

- Blaise, ton professeur est arrivé. Je te laisse avec lui.

Mme Zabini s'éclipsa. Severus entra dans la chambre sur l'invitation du fils Zabini. Il salua son élève avant que son regard ne se pose sur le garçon qui était alité et qui semblait dormir à poings fermés.

- Il s'est réveillé deux ou trois fois mais à peine deux minutes à chaque fois.

Severus écouta son élève qui l'informa de ce qu'il avait fait pour tenter de soulager son ami.

- J'ignore d'où vient sa fièvre. Je ne savais donc pas si je devais la faire baisser ou non. Dans le doute j'ai fait en sorte qu'elle ne monte pas. J'ai rafraîchi les draps. Mais je n'ai pas donné d'antipyrétiques à Théo.

- Vous avez bien fait. Y a-t-il d'autres choses que je dois savoir ?

- Non, je crois que je vous ai tout dit. J'imagine que vous ne voulez pas que je reste ?

Severus retint un soupir. Il n'aurait pas à batailler avec M. Zabini pour qu'il le laisse seul avec son ami. Et Draco qui disait qu'il serait difficile à convaincre !

- En effet, il vaut mieux que je sois seul avec lui. C'est en partie pour cela que je n'ai pas emmené Draco avec moi.

- Il a dû bien le prendre. Je vous laisse. Bon courage. Et... merci.

M. Zabini s'en alla, visiblement soulagé que son ami soit entre de bonnes mains. Severus reporta son attention sur M. Nott et repoussa le drap qui le couvrait. Il remarqua que, même dans son sommeil, le garçon tremblait. C'était probablement dû à la fièvre. Et ce n'était pas très bon signe. Car il devait en avoir beaucoup. Avant de l'examiner, Severus lança un sort de diagnostic. Il passa sa baguette le long du corps de son patient, prit un parchemin et posa dessus le bout de sa baguette. Une liste apparut, l'informant de l'état de santé du jeune homme. Il grimaça. C'était étonnant qu'il soit encore en un seul morceau. Comment avait-il pu faire un aussi long trajet dans un état pareil ?! Ce garçon resterait un mystère pour lui. Il avait renoncé à le comprendre, de toute façon. C'était un cas beaucoup trop compliqué. Mais il allait sûrement devoir s'y intéresser davantage. Il s'en voulut de ne pas avoir pris au sérieux les récurrentes accusations de Draco à l'encontre du père Nott. Mais même en tant que directeur de maison, sans preuves et sans plaintes du principal concerné, il ne pouvait rien faire. Mais ça, Draco refusait de l'entendre. Il lui disait que dans des cas de force majeure, il devait passer outre le règlement. Peut-être avait-il raison. Mais ce n'était pas aussi simple qu'il semblait le penser. Severus secoua la tête. Ce n'était pas le moment de penser à tout cela. Il regarda de nouveau le parchemin. Le sort de diagnostic donnait les informations de base et révélait ce qui n'allait pas. Ce n'était pas un sort ultra méga précis qui disait absolument tout ce qu'il y avait à savoir. Il ne fallait pas se leurrer : cela n'existait pas. Si tout pouvait se savoir par un simple sort, il n'aurait pas eu besoin de faire cinq années d'études pour avoir son diplôme de médicomage. Tout ne se soignait pas non plus à l'aide de simples sorts. Il y avait des choses qui devaient se faire à la main ou avec du matériel médical. Sinon, là aussi les études seraient beaucoup plus courtes qu'elles ne l'étaient. Elles restaient cependant moins longues que dans le monde moldu, parce qu'il y avait tout de même de nombreux sorts qui dispensaient d'apprendre certaines choses, que ce soit aussi bien dans la théorie que dans la pratique.

Severus n'avait donc que des informations globales sur l'état de son patient, mais ce qu'il y avait d'écrit sur le parchemin était déjà bien assez inquiétant comme ça. Déjà, le garçon avait plus de trente-neuf de fièvre. C'était apparemment dû à une plaie infectée. Le sort ne précisait pas d'où venait la plaie. Ensuite, il ne pesait que quarante-six kilos. Pour quelqu'un qui mesurait un mètre soixante-douze, c'était beaucoup trop peu. Les lignes suivantes indiquaient l'état des os : trois côtes cassées, une épaule démise et une cheville fracturée. Tout cela serait vite réparé. La liste se terminait par de nombreuses carences. Mais cela n'avait rien d'étonnant au vu du poids du jeune homme. C'était ce qui allait être le plus long à traiter. M. Nott en aurait pour des mois et des mois de potions nutritives et de suivi alimentaire strict. Il en parlerait à Poppy dès la pré-rentrée des professeurs.

Severus rangea le parchemin et commença par injecter un sédatif faiblement dosé à son patient pour qu'il ne se réveille pas durant les soins. Puis il répara les os cassés et fracturés ainsi que l'épaule démise et banda le poignet pour le stabiliser. Il dévêtit ensuite le garçon pour examiner la plaie infectée. Il retint un hoquet de stupeur en voyant non pas une plaie mais un corps rempli d'hématomes, de coupures et de plaies plus ou moins profondes. Il ne donnait pas cher de la vie du père Nott s'il le croisait avant les Aurors. Non, il se retiendrait. Car ce genre de pourriture ne méritait que le pire des châtiments pour un sorcier : le baiser du Détraqueur. Il se reprit et traita une à une les plaies. Elles n'étaient pas très sérieuses et aucune d'entre elles n'était infectée. Et ce n'était pas vraiment une bonne nouvelle. Car cela voulait dire que la plaie infectée se trouvait ailleurs. Une fois avoir traité les blessures du devant du corps, il retourna le garçon. Il ne put retenir une grimace en voyant l'état du dos. C'était là que se trouvait l'infection. La plaie n'était vraiment pas belle à voir. Il mit du temps à la traiter, la nettoyant d'abord à l'eau puis avec une lotion, puis passant un baume, puis un autre baume, puis encore un autre baume... Après trois bons quarts d'heure de soins, il fut satisfait du résultat et c'était le principal. Il rhabilla son patient et mit son bras en écharpe pour immobiliser son épaule. Les soins étaient à présent terminés. Il fallait désormais qu'il attende que le jeune homme se réveille pour lui parler de... de... pour lui parler tout court, en fait. La liste des choses dont il devait discuter avec lui était trop longue.

Tout en le regardant dormir, il se demanda ce qu'il allait faire. Ce garçon avait besoin d'être surveillé. Mais Severus ne pouvait pas s'occuper de lui en permanence. Ce qu'il faudrait, c'était l'envoyer à Sainte-Mangouste. Mais Draco avait raison. Ce n'était pas raisonnable. Il fallait préserver la tranquillité de son ami. Severus se demanda si le fils Zabini était apte à réaliser certains soins. Il savait que son élève, qui se destinait depuis longtemps à devenir médicomage, avait effectué l'an passé un stage à Sainte-Mangouste. Cela avait dû être une aubaine pour l'hôpital qui était constamment en manque de personnel. C'était déjà le cas du temps où il y travaillait, en alternance avec son poste de professeur à Poudlard. Bref. En deux mois, M. Zabini avait dû apprendre les bases et soigner des plaies en faisait partie. Il pourrait donc s'occuper de son ami. Évidemment, Severus passerait tous les jours pour s'assurer que tout allait bien et que les soins avaient été correctement effectués. Il contrôlerait également l'état de santé de son patient. Il fallait qu'il en parle avec le probable futur médicomage. Mais il le ferait plus tard. Pour le moment il attendait le réveil de M. Nott. Il savait que ça pouvait prendre du temps à causer du léger sédatif qu'il lui avait donné. Mais cela arriva plus vite qu'il ne l'aurait pensé. Au bout de deux heures, les yeux de l'alité papillonnèrent avant de s'ouvrir. Il sembla d'abord se demander où il était avant de probablement s'en souvenir, au vu de son expression soulagée. Puis il parut surpris. Sans doute venait-il de réaliser qu'il avait beaucoup moins mal partout. Comme s'il sentait une présence à côté de lui, il tourna la tête... et poussa un cri. Il voulut se redresser mais Severus l'en empêcha.

- Non, restez allongé, vous ne devez pas bouger.

Le jeune homme obéit. Il avait toujours été d'une nature docile. Du moins en cours. Mais Severus se doutait que c'était pareil en-dehors de Poudlard.

- Que faites-vous là ? demanda le garçon.

- Je suis venu à la demande de votre ami pour vous soigner. Ne lui en voulez pas, vous en aviez vraiment besoin.

M. Nott grimaça.

- Je peux difficilement le nier. Depuis combien de temps suis-je là ? J'ai un peu perdu la notion du temps...

- Depuis hier soir, d'après la lettre qu'a envoyé M. Zabini à Draco. Vous n'avez fait que dormir, apparemment. Vous en aviez également besoin.

- Je suis encore fatigué.

- C'est normal. Vous êtes faible et en plus vous avez de la fièvre. Mais je l'ai traitée, elle devrait baisser désormais. Ou, plutôt, j'ai traité la source de votre fièvre. Une de vos plaies s'est infectée. Les autres sont un peu moins sérieuses. Avec des soins réguliers, elles devraient cicatriser assez vite. J'ai également réparé vos côtes, votre poignet et votre épaule. Là aussi, tout devrait rentrer dans l'ordre rapidement. Le plus long pour vous va être de retrouver un poids normal. Mais vous allez être accompagné pour cela. Il faut cependant que vous le vouliez. Je sais que vous venez de vous réveiller et que vous n'avez peut-être pas envie de parler de tout cela mais c'est important d'en discuter au plus vite.

- J'en suis conscient, murmura le garçon. Mais tout va un peu trop vite pour moi. Je suis venu ici hier soir juste pour me réfugier, je ne m'attendais pas à ce qu'on vienne me soigner pendant que je dormais...

- Je vous ai mis sous sédatifs. Je ne voulais pas que vous vous réveilliez pendant les soins, étant donné qu'ils étaient quelque peu désagréables. Je ne vais pas vous poser de questions pour le moment sur la cause de votre état. Je pense que cela peut attendre. Et je doute que vous soyez apte à en parler maintenant. Je voulais juste que vous sachiez ce que vous aviez et les soins qui vont été apportés.

- Merci, professeur. Quand pensez-vous que je serai remis sur pied ? Parce que je ne compte pas passer toutes mes vacances ici. Lorsque j'irai suffisamment mieux, je chercherai un autre endroit où me réfugier en attendant la rentrée.

- Je doute que votre ami vous laissera faire, dit Severus sur un ton moqueur. Vous pouvez toujours essayer mais attendez-vous à subir ses foudres. Maintenant qu'il est rassuré de vous savoir en sécurité ici, il va tout faire pour vous empêcher de partir. Vous ne semblez pas vous rendre compte à quel point vos amis étaient inquiets pour vous. Je me doute bien que vous étiez dans l'incapacité d'envoyer une lettre à qui que ce soit mais à présent vous êtes chez des personnes qui prennent soin de vous. Si vous repartez pour vous réfugier Merlin seul sait où, vous allez de nouveau inquiéter vos amis. Ce ne serait pas très gentil pour eux.

Les paroles de Severus eurent l'effet escompté : l'adolescent rougit, mal à l'aise. «Au moins ça lui redonne des couleurs» ne put s'empêcher de penser Severus. Non, ce n'était pas bien de se moquer. Pas bien du tout.

- Je ne voulais pas inquiéter Blaise et Draco... Si j'avais pu, je leur aurais donné de mes nouvelles...

- Leur auriez-vous dit la vérité ?

- Non.

Severus fut déconcerté par autant de franchise. Ça avait le mérite d'être clair.

- Mais de toute façon je n'avais pas l'intention de rester là-bas pendant toutes les vacances. J'aurais dû partir plus tôt, d'ailleurs. Mais je n'osais pas.

- Nous reparlerons de cela plus tard, dit doucement Severus. Pour le moment, vous devez vous reposer. Je passerai tous les jours pour m'assurer que vous allez bien. M. Zabini pourra s'occuper des soins, ce n'est pas bien compliqué, il saura comment s'y prendre. Vous aurez un certain nombre de potions à prendre. Si vous n'arrivez pas à toutes les prendre, n'hésitez pas à me le dire quand je viendrai. Prenez en premier les plus urgentes. C'est-à-dire les potions nutritives, les potions antipyrétiques et les potions anti-infections. Les autres sont moins importantes, même si à un moment vous allez devoir les prendre. Car vous avez aussi des potions pour solidifier vos os, des potions pour contrer les carences et des potions vitaminées.

- Je crois qu'effectivement, je ne vais pas me forcer à les prendre, celles-là, répondit M. Nott qui était redevenu pâle.

- Faites simplement de votre mieux. Je vais noter sur un parchemin les prescriptions exactes. Je confierai le parchemin à votre ami, c'est lui qui s'assurera que vous preniez bien vos potions. Il va adorer s'occuper de vous. Vous serez son premier vrai patient. Bon, je vais vous laisser. Je reviendrai demain dans l'après-midi. Je vais demander à Mme Zabini de lier sa cheminée avec la mienne. Ainsi, s'il y a le moindre problème, votre ami pourra me joindre facilement.

- Très bien. Merci pour tout ce que vous faites, professeur. Est-ce que... est-ce que vous pourrez rassurer Draco, s'il vous plaît ?

Severus fronça les sourcils. La voix hésitante et le regard fuyant de l'adolescent ne laissaient que peu de doutes quant au vrai sens de sa demande.

- Je ne lui mentirai pas, si c'est que vous voulez me demander, dit-il fermement. M. Zabini saura forcément la gravité de votre état en voyant les potions qu'il devra vous faire prendre. Si lui est au courant, alors Draco doit l'être aussi. Il est assez fort pour entendre la vérité, ne vous en faites pas. Lorsque je dis que vous devez vous reposer, je parle aussi de votre esprit. Si vous vous inquiétez pour vos amis, vous ne réussirez pas à vous tranquilliser. Alors ne pensez à rien et dormez le plus possible. M. Zabini vous réveillera à temps pour que vous puissiez prendre vos potions. Avez-vous d'autres questions ?

- Non, je crois que c'est bon.

- Bien, dans ce cas à demain, M. Nott.

Severus quitta la chambre sur ces mots. Après avoir cherché un instant son chemin – quelle idée d'habiter dans une maison aussi grande ! – il se rendit au salon où attendaient Mme Zabini et son fils. Il les informa de l'état de son patient, donna la liste des potions et des fréquences des prises à M. Zabini et demanda à la mère de celui-ci si elle pouvait relier sa cheminée à la sienne, ce qu'elle accepta volontiers. Une fois ceci fait, il souhaita à tout le monde une bonne journée et sortit de la maison pour transplaner. À présent, il devait parler à Draco. Il savait qu'il allait le retrouver dans un état assez anxieux. Tout ce qu'il espérait, c'est qu'il n'ait pas mis sans dessus dessous le salon pendant son absence !

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(vendredi 21/07) POV Tonks

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Tonks était de très bonne humeur en se rendant au Ministère en cette belle journée d'été. Il faisait beau, il était prévu qu'elle aille sur le terrain ce jour-là, elle était censée dîner le soir-même chez sa mère qu'elle n'avait pas vue depuis un certain temps, et la veille au soir, son chat était revenu après avoir disparu trois jours plus tôt. Tout allait donc parfaitement bien. Même la matinée de paperasse qui l'attendait n'aurait pu altérer sa joie. Elle se mit au travail dès qu'elle arriva au bureau mais fut vite interrompue par son supérieur qui vint la voir.

- Salut, Tonks. Excuse-moi de te déranger mais il y a du nouveau concernant l'enquête préliminaire de la traque du Mangemort Nott.

Tonks ne savait pas si elle devait se réjouir. Elle désapprouvait toujours le fait de surveiller le courrier de deux adolescents dans l'espoir de pouvoir interroger leur ami qui était aussi le fils du Mangemort recherché.

- Peux-tu être plus précis ?

- Nous avons intercepté une lettre très intéressante venant de l'un des amis du fils Nott. Si ça peut te rassurer, nous avons réexpédié la lettre pour qu'elle arrive à bon port. Pour en revenir à nos hippogriffes, il semblerait que le fils Nott se trouve chez les Zabini.

Tonks cacha du mieux qu'elle put son agacement. Elle devait se rendre à l'évidence : cette idée avait porté ses fruits. D'un ton neutre, elle demanda :

- Vous avez dû faire une copie de cette lettre, j'imagine ? Je peux la voir ?

Bart acquiesça, sortit une lettre de sa poche et la lui tendit. Elle la regarda et fronça les sourcils.

- Vous ne comptez pas aller interroger ce pauvre garçon tout de suite, j'espère ?

- Si, pourquoi ?

- Tu l'as vraiment lue, cette lettre ? Zabini dit que son ami est très mal en point ! Il ne sera pas du tout apte à répondre à vos questions !

- Cela fait apparemment trois jours que le fils Nott est arrivé chez les Zabini. Il a dû reprendre du poil de la bête. Surtout que nous savons par le biais d'une autre lettre que Nott a reçu des soins.

- Peut-être mais il est sûrement encore trop faible, répliqua Tonks. Il vaut mieux attendre.

- Ce n'est pas à toi de décider, Tonks. C'est le Chef des Aurors. Et il a donné son Vermillious pour aller interroger le fils Nott.

Tonks serra les poings pour ne pas s'énerver. Elle réussit à prendre un ton détaché pour répondre à son supérieur :

- Très bien. J'espère que ceux qui iront l'interroger sauront s'arranger avec leur conscience.

Bart grimaça.

- Tu en fais partie, Tonks. Je t'avais dit que tu serais sûrement envoyée sur cette affaire.

Tonks éclata d'un rire sans joie.

- Non mais il est hors de question que j'y aille. Je suis contre cette idée. Je serais bien capable de faire capoter l'interrogatoire pour pouvoir partir au plus vite.

- Je te déconseille fortement de faire ça. Tu devrais être honorée d'être réquisitionnée sur cette affaire. Même si ce n'est pas de la traque au Mangemort pure et dure. Tu ne peux pas refuser d'y aller. Écoute, je comprends que ça puisse te crisper de te rendre chez les Zabini pour interroger le fils Nott qui n'est apparemment pas au top de sa forme. Mais tu ne seras pas seule. Dis-toi qu'en accompagnant Dawlish, tu pourras l'empêcher d'y aller trop directement. Tu pourras mener l'interrogatoire si tu le souhaites. On ne te demande pas d'être méchante avec ce garçon. Tu peux utiliser la méthode que tu veux. Ce qui compte, ce sont les résultats. Dans ce cas précis, les résultats qu'on veut, ce sont des informations concernant l'endroit où se cache le Mangemort Nott. Ces informations, seul le fils Nott peut nous les donner. Son père, c'est un Mangemort en liberté, Tonks. Et en cavale, qui plus est. Tu sais aussi bien que moi qu'un Mangemort en cavale, c'est très dangereux. Il peut très bien tuer des gens pour se cacher chez eux. Si ce n'est pas déjà fait. Il faut agir, et vite.

Tonks soupira. Son collègue avait raison. Elle n'était peut-être pas d'accord avec le fait d'aller voir le fils Nott alors qu'il n'était pas en état de subir un interrogatoire, mais vu qu'elle y était obligée, elle pouvait au moins faire en sorte que ça se passe le mieux possible.

- D'accord, j'accompagnerai Dawlish. Quand irons-nous chez les Zabini ?

- Après-demain, dans la matinée.

- Je croyais que c'était urgent ? lâcha Tonks, perplexe. S'il n'y a pas une minute à perdre il faudrait plutôt y aller demain, à la première heure...

- Il faut que tu sois accompagnée et demain il n'y a personne de libre. Il y a d'autres traques plus urgentes.

- D'accord. Mais ça ne se fait pas trop de débarquer chez les gens un dimanche, surtout le matin !

- Il n'y a pas de jour pour faire notre boulot, Tonks. Le travail dominical est de rigueur chez les Aurors.

- Non mais je m'en fous de travailler le dimanche, c'est l'idée de déranger les gens ce jour-là qui me plaît moyen.

- Un Auror ne doit pas avoir de remords. Retiens cette phrase, elle rime en plus.

Tonks leva les yeux au ciel.

- Ok pour après-demain. Et pour cet après-midi, qui seront mes coéquipiers, déjà ? Je ne m'en rappelle plus.

- Personne, l'opération est annulée.

- Annulée ?! Mais... pourquoi ?

- Il n'y avait pas assez d'informations et donc trop de risques. Ce n'est pas vraiment annulé mais reporté à plus tard.

- Super... Donc je vais passer toute la journée ici à faire de la paperasse, c'est ça ?

- Désolé. Mais oui, c'est un peu l'idée.

- Je vais démissionner.

- Tu nous dis ça à peu près cinq fois par semaine et tu ne le fais jamais. Tu aimes trop ton métier pour ça.

- Mouais. C'est pour mieux vous berner. Un jour je le ferai vraiment et vous ne vous y attendrez pas.

- On verra ça. Allez, je te laisse. Travaille bien.

Bart s'en alla, laissant Tonks pester toute seule contre ses supérieurs. Sa journée qui avait si bien commencé était en train de devenir u vrai cauchemar. Elle était tellement heureuse de pouvoir aller sur le terrain ! Mais elle comprenait pourquoi l'opération avait été annulée. Non, ce qui l'embêtait le plus, c'était d'aller interroger le fils Nott. Elle ne savait pas pourquoi mais elle la sentait très mal, cette confrontation. Comme si ça n'allait pas se passer comme prévu. Mais peut-être se faisait-elle des idées. Peut-être était-elle trop pessimiste. Bon, elle espérait au moins que le dîner chez sa mère ne serait pas annulé, lui. Et que son chat serait toujours là quand elle rentrerait. Il était son seul vrai ami et elle l'aimait énormément. Elle savait qu'il n'était pas parti volontairement. Ce n'était pas son genre. Il avait sûrement été «kidnappé» mais avait réussi à s'enfuir et à rentrer à la maison. Il avait d'ailleurs été très quémandeur en caresses et câlins, que Tonks lui avait donnés volontiers. Elle préférait largement la compagnie d'un chat plutôt que celle d'un homme. Sa dernière histoire d'amour s'était terminée un mois plus tôt et elle n'en gardait pas un très bon souvenir. Elle était restée en couple pendant un an avec cet homme. Sur la fin de leur histoire, il y avait eu beaucoup de tensions entre eux. Ils n'arrêtaient pas de se prendre la tête pour un oui ou pour un non. Elle ne s'était pourtant pas résignée à le quitter parce qu'elle l'aimait. Un soir, ils s'étaient violemment disputés. Son compagnon était parti en claquant la porte, comme lors de chacune de leurs disputes, la laissant seule, triste et en colère. Une heure plus tard, elle avait commencé à avoir de fortes crampes abdominales. Elle pensait que 'était dû au stress provoqué par cette dispute. Mais ces crampes étaient devenues beaucoup trop fortes, l'obligeant à se rendre à Sainte-Mangouste en urgence. Mais elle avait peut-être trop tardé. Le médicomage qui s'était occupée d'elle lui avait appris qu'elle avait fait une fausse couche alors qu'elle n'était même pas consciente d'être enceinte. Parce que cela n'avait jamais été prévu avec son compagnon. Leur couple était trop récent pour cela. Elle était rentrée chez elle encore plus démoralisée qu'elle ne l'était après la dispute. Le lendemain, elle avait annoncé sa fausse couche à son compagnon. Au lieu de s'excuser et de la soutenir, il lui avait reproché de lui avoir fait un enfant dans le dos juste pour le forcer à rester avec elle parce qu'elle sentait que leur couple battait de l'aile. Il l'avait quittée sur ces mots. Tonks avait souffert de cette rupture mais pas autant et pas aussi longtemps qu'elle ne l'aurait pensé. Parce qu'elle avait compris que cet homme n'était qu'un sombre idiot et elle l'avait très vite détesté autant qu'elle avait pu l'aimer. Cela lui avait évité des semaines de dépression ! Et puis elle avait pu compter sur le soutien sans faille de son chat. La vie de Tonks n'avait donc pas été très rose durant l'année écoulée mais elle se disait qu'un jour la roue allait tourner et qu'elle serait enfin heureuse. Elle n'avait pas trop à se plaindre, depuis quelques temps : elle avait changé de supérieur, elle faisait du bon travail, elle avait récemment revu son cousin Sirius qu'elle avait toujours adoré et, cerise sur le gâteau, c'était l'été, sa saison favorite. Elle était donc plutôt heureuse. Et elle ne demandait rien de plus. Son travail était sa priorité et elle comptait bien prouver qu'elle était digne d'être une Auror.