CHAPITRE QUATRE

Conséquences

Il n'y avait aucun son ni aucune lumière forte lorsque Judy releva lentement ses paupières. La lapine flottait dans un doux nuage aux nuances subtiles de rouge et d'orange. Son esprit était calme et elle ne senti que la sensation de béatitude qui l'entourait, nappée dans son environnement pelucheux.

« Pelucheux ? Orange ? »

Le confort dans lequel Judy baignait lui parut soudainement trop illogique pour son esprit cartésien, et elle ouvrit grand ses yeux.

Elle fut aussitôt frappé par la lumière ambiante. Bien que tamisée elle agressa les rétines de la lapine et elle eut un petit cris de douleur. Elle ne parvint pas à bouger ses bras, et senti son corps revenir peu à peu à elle.

Elle entendit un bruit soudain à côté d'elle, sans qu'elle parvienne à tourner la tête, et sur où elle était.

Elle était alitée, dans ce qui semblait être une chambre inconnue, et Nick se tenait près d'elle. Il avait la tête posé sur ses genoux, et sa queue entourait Judy, la recouvrant presque entièrement. Il semblait endormi mais ses oreilles se dressèrent lorsqu'elle s'était réveillée, et rapidement le renard se redressa. Il avait la fourrure en bataille et les traits tirés de celui qui n'avait pas dormi depuis un bon moment.

-Judy ?dit-il d'une voix pâteuse.

Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'ils rencontrèrent les iris violets de la lapine.

-Judy !

Elle n'eut pas le temps de lui répondre que déjà il venait mettre son museau dans son cou et se frottait à elle avec affection. Il ne s'arrêta que lorsqu'elle toussa, la gorge sèche.

-Où…où suis-je ?parvint elle à articuler.

-Tout va bien, Carotte, tu es à l'hôpital, la rassura-il.

Loin de la rassurer, des flashs de mémoire revinrent à l'esprit de la policière. Un braquage…Une loutre…non, un blaireau…un bruit…

-Je suis là depuis combien de temps ?demanda-elle faiblement.

-Quatre ans, sept mois et dix-neuf jours. On est allé trois fois sur Mars, les Jetstreams de New Yak ont gagnés le championnat, et j'ai cinq enfants illégitimes.

Judy suffoqua un instant en tentant de se relever brusquement avant que Nick ne pose une patte ferme sur son épaule pour la faire se rallonger. Elle put y voir son large sourire malgré les larmes d'inquiétude.

-Renard crétin, dit-elle en toussant, comprenant qu'il se payait sa truffe. C'est impossible que les Jetstream gagnent. Tout le monde sait que c'est les Déserts Angels. Alors, combien ?

-À peine plus de deux jours, Carotte.

-Qu'est ce qui s'est passé ?

À la grande surprise de Judy elle vit une larme couler le long de la joue de Nick pour venir tomber sur sa chemise d'hôpital. Le regard du renard était si triste que Judy en eut le cœur brisé. Elle put y lire l'amour, la peur, mais aussi une forme de culpabilité qui n'y avait pas sa place.

-Tu as…tu as pris une balle, Judy.

-Le lièvre…

-Oui. Tout…tout est allé très vite. J'ai rien pu faire. J'ai…j'ai pas été assez rapide. Je suis désolé, j'étais pas assez bon. Si j'avais été meilleur je…

Il s'interrompît en sentant la patte chaude de Judy sur sa joue, qui essuyait ses larmes de son pouce.

-Nick, je vais bien bébé… Ce n'est pas ta faute, Nick. Tu as été formidable, comme toujours.

Judy remarqua alors la tenue civile de Nick, ainsi que les nombreuses ecchymoses qui lui couvrait le visage et les mains.

-Tu es là depuis longtemps ?

-Je ne t'ai quitté que le temps de rentrer me changer. J'ai aussi appelé tes parents, ils sont sur la route.

-Merci, Nick.

Il se pencha pour l'embrasser doucement. Ils se regardèrent un instant, se disant par les yeux ce que les mots ne peuvent dire, et ne furent interrompus que lorsque le portable de Nick vibra dans sa poche. Non sans un petit soupir il décrocha en sortant de la pièce

Judy en profita pour s'examiner de plus près. À priori ses pattes postérieures bougeaient librement, ce qui était un soulagement, et elle ne ressentait qu'une légère gêne au niveau du ventre lorsqu'elle voulu se mettre en position assise. Elle souleva le drap d'hôpital pour enfin voir un bandage lui enserra le bas-ventre, un pansement sur son flanc à quelques centimètres au-dessus de sa hanche droite.

-C'était le poste, fit Nick en revenant vers elle. Le chef Bogo veut me voir pour un rapport détaillé. L'hôpital l'a prévenu que ton opération s'était bien passé, et les collègues ne vont pas tarder à venir te voir vu que tu es rétablie. Tu veux que je leur dise de revenir un autre jour ?

-Non, ça va aller. J'aurai juste besoin d'un petit service avant que tu ne partes…

-Tout ce que tu veux, mon cœur, lui dit-il en venant lui prendre la patte dans la sienne.

-Il faut que tu m'aides à aller aux toilettes…Je tiendrai pas deux minutes de plus, dit Judy en rougissant.

Le renard pouffa avant de l'aider lentement à descendre du lit. Ses jambes là portaient à peine, et elle eut une sensation de brûlure dès qu'elle fit le premier pas. Non sans une grimace elle dut se rattraper à son cou, et vit le regard de Nick sur sa tenue.

-Nicholas Wilde…gronda-elle, tu serais quand même pas en train de me reluquer dans cette situation ?

-Je ne fais que profiter d'une opportunité, lui répondît-il.

-Renard vicieux…

-Lapine sexy.

Il l'accompagna jusqu'à la salle de bain, et la prit carrément dans ses bras pour la reposer sur son lit.

-Il va vraiment falloir que j'y aille…

-Va, je vais pouvoir survivre deux heures sans toi, dit-elle en l'embrassant. Mais pas beaucoup plus longtemps, alors fais vite.

-Oui, chef.

Il la serra dans ses bras avant de sortir prestement de l'hôpital.

Nick

« Bon, il y a plus qu'à espérer que Bogo a déjà réglé les détails. J'ai pas envie de passer la journée ici, d'autant que je sens la lapine à phpleine truffe » se dit Nick en poussant la porte du commissariat central. Il n'avait pas remarqué l'heure matinale, et la plupart des autres policiers n'avait pas encore commencé leur service. « Parfait ! Je n'aurai pas à leur dire à chacun que Judy va bien. Benji est capable de me tenir la patte encore plus longtemps que le chef. » Si Nick considérait la majorité de ses collègues comme ses amis, y comprit le guépard, il n'en restait pas moins qu'il n'avait envie que d'une seule chose : aller retrouver sa lapine. De plus il était encore bouleversé par les événements, et ne se sentait pas d'une humeur particulièrement loquace.

Alors qu'il grimpait quatre à quatre les marchés menant aux bureaux de direction, il fut intercepté par deux mammifères qu'il n'avait jamais vu. Il s'agissait d'une lynx et d'un bison, tous deux habillés de costumes noirs strictes et affichant un air fermé et sérieux. Le bison posa ses sabots sur l'épaule du renard pour le faire s'arrêter.

-Nicholas Wilde ?demanda-il, ou plutôt exigea-il de savoir d'une voix rude.

-Les toilettes sont au bout du couloir et la machine à café au rez-de-chaussée. Le moka est excellent, répondit Nick en tendant de se dégager.

-Très drôle. Agent Beretta et Winchester. ZPDIS*. Veuillez nous suivre.

[ZPDIS : Zootopia Police District Investigations Service, la Police des police Ndla]

Nick déglutit en les voyant sortir leur badge. « Judy va pas être contente… »

Ils conduisirent le renard jusque dans une pièce généralement utilisée lors des conférences officielles. Nick remarqua qu'ils ne l'emmenait pas en salle d'interrogatoire, ce qui était généralement un mauvais signe, quoi qu'on en dise. Quoiqu'ils aient à lui dire, ils voulaient que ça ne se sache pas.

-Monsieur Wilde…commença la lynx Beretta.

-Officier Wilde, si vous le voulez bien, l'interrompt Nick.

-Savez-vous pourquoi vous êtes là ?continua l'agent Beretta sans se soucier de son intervention.

-Au poste ? Je travaille la. Mais si vous voulez parler de cette pièce en particulier, je répondrai « parce que vous venez de m'y emmener ».

-T'es un marrant toi, gronda le bison avec un sourire sadique.

-C'est ce que ma mère disait souvent.

Nick conservait son rictus narquois et son ton insolent. Ces deux-là ne lui inspiraient pas confiance, et il tenait à le leur faire signaler. « Je vous prends de haut, et je vous emmerde » aurait pu être marqué sur son front à cet instant que le message n'aurait pas été plus clair.

-J'aime bien les marrants. Ils me donnent du challenge, rétorqua Winchester sans quitter le renard des yeux.

-Monsieur Wilde, vous êtes ici parce que vous êtes accusés de violence policière et de tentative de meurtre, ainsi que pour manquement au devoir, dit Beretta d'une voix neutre, glaciale. Qu'avez-vous à nous dire pour votre défense ?

Le visage de Nick perdit toute contenance tant il ne pouvait en croire ses oreilles. Il s'était attendu à tout sauf à ça, et c'est certainement l'effet que les deux agents désiraient en le prenant ainsi de court. Il tenta de remettre de l'ordre dans ses pensées en réfléchissant à toute vitesse quand le bison clarifia la situation.

-T'as bousillé trois gars, dont un à presque fini à l'hôpital, et ce alors qu'ils étaient désarmés. Ça c'est pour la violence policière. T'as tellement amoché un des types qu'il est resté presque vingt quatre heures entre la vie et la mort, donc tentative de meurtre…

Le gros bison prenait manifestement du plaisir à balancer ces accusations au insane de Nick. Il avait un sourire en coin et des yeux enflammés, presque sauvage. De son côté, la lynx avait le visage fermé, et retenait presque son souffle. Nick sentait la colère monter en lui a mesure que l'agent Winchester parlait, mais cela n'arrêta pas le bison pour autant.

-…et tout ça pour venir en aide à une fliquette au rabais qui a pas été fichue de faire usage de son arme.

-Ce n'est pas ce qui s'est passé !grogna Nick entre ses dents.

-Monsieur Wilde, on a une preuve montrant que…murmura Beretta.

-Qu'en plus de tout ça, t'as des relations malsaines avec ta partenaire. Parce que, cerise sur le gâteau, tu te tapes la lapine !ria l'agent.

Nick bondit de son siège, toute griffes dehors et les crocs sortis, prêt à bondir sur le bison qui riait encore.

-Espèce de salaud ! Allez vous faire fo… !rugit-il

-WILDE !hurla une voix tonitruante derrière lui.

Le chef Bogo venait d'ouvrir la porte de la salle de conférence à la volée. Il était rouge de colère, légèrement essoufflé d'avoir du courir pour les rejoindre. Ses yeux lançaient des éclairs en comprenant ce qui se tramait dans son poste de police. Son apparition eut au moins l'effet de calmer Nick, qui rentra ses griffes avec méfiance.

-Chef, je…

-Fermez-la Wilde !gronda Bogo. Sortez immédiatement, ordonna-il en lui indiquant la porte.

Nick envoya un regard cinglant aux deux agents du ZPDIS. Winchester riait encore, mais le renard vit que la lynx avait baissé la tête sans oser le regarder.

-Allez dans mon bureau, et n'y bougez pas jusqu'à ce que je revienne. Si votre cul n'y est pas quand j'arrive je vous fous aux archives jusqu'à votre retraite. Aller !lui ordonna Bogo avant de claquer la porte derrière lui si fort que la vitre trembla.

Le cœur de Nick battait encore le sang jusque dans ses tempes lorsqu'il atteignit la porte du chef de police. Il laissa presque une trace de griffe sur la poignée en ouvrant la porte avec fureur.

« Enfoires de bureaucrates ! Toujours à foutre le nez dans ce qu'ils ne comprennent pas ! ». Nick rageait intérieurement, faisant les cents pas dans le bureau. À l'extérieur lui parvenait la douce voix de Bogo, probablement en train de hurler sur les deux larrons. « Au moins le chef fait quelque chose. » Il savait que Bogo, malgré son caractère particulier, était proche de ses hommes et qu'il n'aimait pas que d'autres services fassent de l'ingérence dans ses affaires. En particulier la ZPDIS. « De toute façon, ils veulent quoi, au juste ? Épingler un flic ? Ou alors ils ont simplement voulu se faire un renard ? ». Ce qui aurait pu passer pour de la paranoïa n'était pas très loin de la réalité. Malgré le fait que Judy, première et seule lapine du ZPD et officière émérite l'ait personnellement recommandé, Nick avait subit de nombreuses fois des brimades à l'Académie de police, et il savait que plusieurs enquêtes avaient eu lieu sur son passé criminel. Il avait toujours fait en sorte d'avoir un casier vierge -et remerciait encore Judy pour son silence sur sa fraude fiscale- Mais cela n'avait fait qu'attiser encore plus les regards sur lui. Personne ne pouvait croire qu'un renard puisse être innocent. « Des preuves mon cul ! Certainement un témoignage bidon d'un anti-spéciste bas de plafond ».

Nick continua de ruminer pendant de longues minutes avant que de lourds bruits de sabots ne fassent presque trembler l'immeuble.

-Chef !dit Nick alors que Bogo ouvrait la porte.

-Assis !

Le buffle avait les sourcils froncés et le regard sévère. Une fois que Nick se soit exécuté il s'installa à son propre bureau et jeta le dossier qu'il avait entre les pattes dessus. Il prit ensuite une profonde inspiration et ôta ses lunettes.

-Vous vous êtes mis dans de sales draps, Wilde, vous le savez.

Il n'avait pas posé de question ni de jugement. Seulement énoncé un fait.

-Chef, c'est le deux autres qui…

-Wilde, je sais très bien ce que vous allez me dire, mais sachez qu'ils ont des preuves dans ce dossier.

Il sorti un CD du replis de son classeur pour le mettre dans le lecteur de son ordinateur, puis lança une courte vidéo qu'il montra à Nick.

On y voyait une scène se déroulant à l'extérieur, filmée de derrière une vitre. Ils pouvaient voir des reflets irisés de bleu et de rouge. « La caméra de la voiture de patrouille » comprit Nick. La vidéo commençait quelques instants avant le début de l'agression.

Ils y virent Judy sortir du côté conducteur et l'entendirent faire sa sommation, suivit par Nick. Ils sortirent du cadre de l'image, et pendant de longues secondes il ne passa rien d'autre, hormis le bruit du taser de Nick et la seconde interpellation de Judy.

Nick savait ce qu'il allait se passer, et ferma les yeux. Il sursauta en entendant le coup de feu, et se refusa de voir le corps de Judy être éjecté pour retomber lourdement sur le sol dans un bruit mat devant la voiture.

« Qu'est-ce que t'as fait ? » s'entendit-il hurler à travers la vidéo. Sans toujours aucune image, Bogo et lui entendirent des bruits de luttes, des cris, masqués par le grognement barbare du renard. Puis il y eu du mouvement à l'écran, et ils purent voir le chat être jeté contre le mur et retomber, assommé. On vit ensuite lièvre revenir devant la caméra. Il reculait, les yeux fixés sur une menace qui le faisait pâlir. Nick avançait dans sa direction.

Le renard avait le dos arqué, les pattes avant tendues toutes griffes dehors sanguinolentes. Il arborait lui-même de nombreuses blessures, et il saignait. Mais son visage était méconnaissable. Il avait les oreilles tirées en arrière, les crocs ressortis dans un rictus carnassier. Ses yeux étaient si dilatés qu'ils ressemblaient à deux billes d'émeraudes furibondes. Nick lui-même ne pouvait pas se reconnaître. Il semblait… sauvage.

Nick se vit empoigner le lièvre par le col, grognant devant son museau comme s'il allait le déchiqueter, puis le soulever du sol pour l'abattre sur le capot de la voiture. On ne vit plus que le haut du corps de Nick, qui abattait sa paume sur le lièvre plusieurs fois de suite. La patte du lièvre retomba mollement sur le capot, inerte, alors que Nick avait toujours le bras levé. La raison remontait peu à peu au visage de Nick, qui se détendait et se rendait compte de ce qui s'était passé.

Ils le virent alors se regarder au sol, ses yeux s'écarquillèrent, et il semblait réfléchir à toute vitesse. Puis il se rua à l'intérieur du véhicule de patrouille, on l'entendît farfouiller au niveau du volant en haletant pour récupérer la radio. « Clawhauser ! Envoie une ambulance ! Judy… » « Nick ? »entendirent le guépard leur répondre. « Oui, bordel, c'est moi ! Envoie immédiatement une ambulance à l'angle de Moonlight et Rivers ! C'est Judy ! ».

Ils virent Nick ressortir en trombe et s'agenouiller à quelques mètres du capot, tandis que Clauwhauser demandait toujours ce qui se passait à la radio. Lorsque le guépard se tut, Bogo et Nick entendirent un murmure là où Nick était parti. Toujours sans dire un mot Bogo monta le son. Nick referma les yeux, retenant ses larmes. « Judy, mon cœur, tout va bien. Reste avec moi, bébé… » l'entendirent clairement dire.

Le chef Bogo coupa la vidéo au moment où des sirènes se faisaient entendre près d'eux.

Nick baissa les yeux d'un air penaud. « Cette fois, je m'en sortirai pas avec une dérobade quelques belles paroles. J'ai été flic pendant moins de trois semaine. Félicitations, Wilde, c'est un record… »

-Chef, je…

-Comment va Hopps ?le coupa le buffle.

-Elle s'est réveillé peu avant votre coup de fil. Elle est encore faible, mais déjà prête à en découdre.

-Du Hopps tout craché, dit Bogo en soupirant.

Il semblait soulagé pour sa subordonnée, et enleva ses lunettes pour se frotter les yeux de ses sabots. Il semblait fatigué.

-Depuis quand ça dure ?

La question ne laissait pas de doutes sur le sujet.

-Depuis ma remise de diplôme, Monsieur.

-Je vois…C'est du sérieux ?

-Et bien…ça ne fais pas longtemps, et personne n'est au courant et…Oui, Monsieur, c'est sérieux, répondit finalement Nick en voyant le regard stoïque de Bogo.

-Vous êtes stupides. Vous auriez dut venir m'en parler tout de suite. Ben quoi ?dit-il en surprenant le regard ahuri de Nick, vous pensiez vraiment être le seul couple dans la police ? Fangmeyer et Wolford sont mariés depuis deux ans, Delgato va avoir des petits avec Marybel, au service technique, et Clawhauser a eu une aventure avec l'Officier Grayburn avant que ce dernier ne soit muté au district de Sahara Plaza. Vous êtes loin d'être les premiers ni les derniers.

-Je ne savais pas que…

-C'est le but, Wilde. Ma politique est simple : je demande pas, je veux rien savoir. Vous, vous dites rien et vous ne vous ne vous étalez pas. Tant que vous ne vous affichez pas, et que vous restez professionnel au poste, il n'y aura aucune mesures à votre encontre.

-Mais maintenant que le ZPDIS est dans la confidence…murmura Nick en comprenant soudain le pétrin dans lequel il était.

Bogo posa ses lunettes sur sa table et inspira un grand coup avant de revenir vers Nick.

-Voila comment ça va se passer, Wilde…

Judy

Nick lui manqua des qu'il passa la porte de sa chambre. Elle s'aperçut qu'il était sept heure du matin. Nick en aurait pour un moment, compte tenu de la circulation aux heures de pointe. Il lui faudra prendre son mal en patience. Elle chercha des yeux son téléphone, mais elle ne vit aucune de ses affaires dans l'espace qui l'entourait. Judy ne voulu pas tenter le diable en se relevant, et avisa la télécommande de la télévision sur la table de chevet.

À peine eut-elle tendu la patte pour l'attraper qu'une forte douleur lui coupa le souffle, et elle serra les dents pour ne pas hurler.

-À votre place j'éviterai de bouger, lui dit une voix douce.

Judy sursauta, lui arrachant un nouveau pic de douleur. Malgré son ouïe développée, même pour un lapin, elle n'avait pas entendu entrer une élégante renarde en blouse blanche. Certainement une infirmière. La renarde se tenait dans l'encadrement de la porte, et sursauta à son tour devant la réaction de Judy.

-Je…Je ne voulais pas vous faire peur, je m'excuse. Je…je vais vous envoyer quelqu'un d'autre.

-Attendez, dit Judy tandis que l'infirmière partait. Restez, s'il-vous plaît. C'est moi qui m'excuse je ne vous avait pas entendu arriver. Je dois être encore dans les vapes.

-Je…vous…ça ne vous dérange pas que je m'occupe de vous, Mademoiselle ?demanda timidement la renarde en refermant la porte.

Judy leva un sourcil devant cette question absurde, et lui fit un grand sourire en l'invitant à la rejoindre.

-Je devrais ?

-C'est que…vous avez le droit de changer de personnel soignant vous savez. Alors ça serait normal que…enfin, je veux dire que je ne vous en voudrai pas si vous le faisiez.

Le visage d'incompréhension de Judy laissa place à celui de la résignation quand elle comprit où la jeune renarde voulait en venir.

-Écoutez, infirmière…

-Vinny.

-Vinny, je veux bien que vous vous occupiez de moi, à condition que vous m'appelez Judy, comme tout le monde, que vous me passiez mon téléphone et que, plus qu'autre chose, vous m'emmeniez aux toilettes. Je viens d' y aller il y a même pas dix minutes, mais bon…

-Oh, fit la renarde en rougissant légèrement, c'est tout à fait normal, Made…Judy. C'est les anesthésiques. De même que votre légère surdité. Normalement tout devrait rentrer dans l'ordre d'ici une heure ou deux, si vous évitez de bouger brusquement, lui expliqua Vinny en l'emmenant à la salle de bain. Vous permettez que j'examine votre pansement ?demanda-elle une fois la lapine rallongée.

Judy acquiesça et laissa l'infirmière la déshabiller avec douceur. Elle avait les gestes sûrs et professionnels, et Judy ne ressenti pas la moindre douleur lorsqu'elle enleva le pansement, lui appliqua les soins et en fit un nouveau en quelques minutes.

-Comment ça se présente ?

-Vous devrez voir le médecin pour ça, mais je pense que vous allez vites vous en remettre. La balle a ricoché sur votre gilet pare-balles, et est entré dans la zone iliaque supérieure sans toucher ni organes ni artères importantes.

-Woaho, vous êtes vraiment douée, Vinny, dit Judy, sincèrement impressionnée par ses connaissances médicales.

-Oh…j'ai beaucoup appris à la fac de médecine avant de devenir infirmière…j'ai de bons restes, fit négligemment la renarde avant s'ouvrir un placard pour récupérer les affaires de Judy, dont son téléphone.

-Je savais pas qu'il fallait autant de qualifications pour être infirmière…murmura la lapine. Sans vouloir vous vexer, bien sûr !s'empressa-elle d'ajouter devant l'air triste de Vinny.

-Aucun problème, Judy. Je suis déjà contente d'être infirmière vous savez.

La lumière commença à se faire dans l'esprit de Judy, qui fronça les sourcils en prenant la patte de la renarde dans la sienne.

-Qu'est-ce que vous voulez dire ?

La renarde rougit en baissa les yeux.

-Je…Tout est en ordre, Mademoiselle, je dois vous laisser, j'ai d'autres patients. Un médecin passera vous voir un peu plus tard, dit l'infirmière d'une traite en jetant presque le téléphone de Judy sur le lit avant de s'en aller rapidement, laissant Judy seule et sous le choc.

« Je dois avoir une petite conversation avec elle… » se promit-elle en prenant son téléphone.

Comme elle pouvait s'y attendre, une vingtaine de SMS lui avaient été envoyés, et elle avait une douzaine d'appels manqués. La plupart venaient de différents membres de se famille, quelques-uns de ses collègues du poste. Un sms la fit rire et provenait de Bogo lui-même. « Ne traînez pas la patte, ça fait trop de paperasse ». Elle imaginait sans problèmes l'air austère du chef quand il se voulait amical.

Sans surprise se sont ses parents qui ont appelés le plus souvent, ainsi que sa sœur Johanna. Judy voulu les appeler en retour, mais tomba sur leur messagerie. Elle se souvint des paroles de Nick et, comprenant qu'ils devaient être sur la route, décida de texter sa sœur.

La réponse ne se fit pas attendre.

JO : JUDY ! T'es réveillée ? Ça va ? On était mort d'inquiétude !

JUDY : Tout juste, j'ai mal mais ça va. Tu sais quand les parents sont partis ?

JO : je suis avec eux et Sarah. On est passé prendre abuelita au passage. On devrait arriver dans deux heures, si papa veut bien doubler ce foutu tracteur.

JUDY : Ok, je dois voir le médecin. À tout à l'heure.

JO : on t'aime 😘😘

Judy reposa sa tête sur son oreiller. Elle était sereine en sachant que sa famille venait à son chevet, en particulier sa grand-mère et sa petite sœur Sarah, qu'elle ne voyait pas assez souvent. L'idée d'être entourée de tous ses proches lui fit plus de bien que tous les médicaments du monde. « Il ne manque plus que Nick ».

Elle fut à la fois troublée et rassurée de voir à quel point son bonheur dépendait de la présence du renard dans sa vie.

Cela faisait une bonne heure qu'il était parti, et elle s'inquiétait de ne pas avoir de ses nouvelles. Elle l'appela, mais son téléphone était éteint. « Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé ! » pria-elle intérieurement. Il fallait qu'elle en ai le cœur net, et trouva rapidement le numéro de Clawhaser dans ses contacts.

-Judyyyyyy !l'entendît-elle hurler à la seconde sonnerie. Comment ça va ? Mal, je suppose. C'est horrible ce qui t'´es arrivé.

-Ben ! Pas trop mal, je survivrai. Dis tu as vu Nick ? Il m'a dit que Bogo l'avait fait demander il y a plus d'une heure.

-Ah….

La voix du guépard était soudain devenue plus grave, et Judy senti que quelque chose n'allait pas.

-Il est encore en dans le bureau du Chef. Une chance qu'ils se soient débarrassés des deux…

Sa voix s'interrompît brusquement. Judy l'entendît presque mettre sa patte sur bouche pour en avoir trop dit.

-Ben, de quel « deux » tu parles ?

-Désolé, Jude, mais c'est pas vraiment à moi de…

-Clawhauser !

Elle entendit le policier soupirer derrière son téléphone.

-Judy…Nick a été convoqué par deux agents du ZPDIS.

Le sang de Judy se glaça dans ses veines.

-Ben, tu vas tout me raconter sans rien oublier.