Salut ! Comment allez-vous ? Les partiels ont commencé pour moi mais j'ai trouvé une petite demie-heure au milieu de mes révisions pour publier ce chapitre. J'espère qu'il va vous plaire.

Bonne lecture !


Partie IV : La troisième mission

Shûzo l'a retourné sur le lit. Il a saisit ses mains et est de nouveau entré en lui. Une de ses mains s'est baladée le long du bras tremblant de Seijuro, s'est approché de sa nuque, de son cou, a saisit sa mâchoire pour lui faire tourner la tête et l'embrasser à pleine bouche. Seijuro a continué à serrer les draps ou la main de Shûzo, très fort.

Ils se sont endormis, épuisés.

Seijuro se réveille le premier. Il fait encore nuit dehors. Il se rend dans la salle de bain et prend une douche rapide. Il ne se regarde pas dans le miroir, n'analyse pas ce qu'il ressent dans son corps, ne ressasse pas avec plaisir la nuit qu'ils vient de passer. Il retourne simplement dans la chambre, remet ses vêtements, ses lentilles et repart sans faire de bruit.

Il marche dans la rue quelques mètres avant d'entendre qu'on l'appelle. Il se cache dans une ruelle. Shûzo semble s'être réveillé. Il coure dans la rue, à peine habillé, la voix brisée. Seijuro le regarde. Il a prit sa décision. Cette nuit sera la dernière. Il ne peut plus faire machine arrière, quand bien même il souffre.

Il attend que la voix de Shûzo se taise. Il attend qu'il comprenne qu'il ne le reverra jamais. Il l'écoute pleurer, puis rebrousser chemin.

Seijuro reste dans la ruelle quelques minutes puis reprend sa route. Il trouve un endroit tranquille, près du canal, pour ouvrir la dernière lettre. Elle est tout aussi concise que les précédentes.

Seijuro,

Tu dois te rendre au centre hospitalier de Kobe. Là-bas, tu devra trouver le docteur Nagai. Présentes-toi sous ton vrai nom, inutile de se cacher avec lui.

Je ne pourrai jamais savoir ce que tu pensera de mes décisions. J'espère que tu pourra au moins un peu comprendre.

Étonné. Son père ne lui demande pas de se suicider. Ce serait pourtant logique. Au lieu de ça, il lui demande d'aller trouver un médecin. Dans quel but ? Ce nom ne lui dit rien non plus mais Seijuro n'a pas envie de perdre du temps a enquêter comme il l'a fait pour Shige.

Il s'empresse de se rendre à la gare de Kyoto et de prendre un billet pour Kobe. La dernière mission. Après ça... sera-t-il libre ? Pourra-t-il retrouver Shûzo ? Au fond de lui, Seijuro se doute qu'il ne doit pas se réjouir trop vite, ce serait un coup à être déçu. Ce médecin peut très bien être là pour l'aider à se tuer. Peut-être Masaomi Akashi a-t-il anticipé que son fils serait réticent à abandonner la vie ?

Le ventre tordu par l'appréhension, Seijuro monte dans le train pour Kobe. Il n'est jamais allé dans cette ville. Par contre, il sait que c'est en revenant de Kobe que la voiture de ses parents a été accidentée et que sa mère est morte.

Dans la ville, Seijuro trouve sans difficulté le centre hospitalier. Plus il approche du but, plus il sent une peur et une excitation monter en lui. On le redirige vers un bureau dans le service de neurologie. Il est bientôt midi et le docteur va prendre sa pause. Seijuro attend qu'il sorte de son bureau pour presque lui sauter dessus.

-Docteur, dit-il d'une voix tendue. J'ai besoin de vous parler. Votre secrétaire m'a dit que vous étiez disponible pendant votre pause.

Le docteur soupira.

-Le principe d'une pause, c'est d'être tranquille, jeune homme.

-Je vous en prie.

D'une voix plus faible, Seijuro décline son identité.

-Je suis le fils de Masaomi Akashi. Il m'a demandé de vous trouver.

L'expression du docteur change immédiatement. Il semble peiné.

-Je suis désolé pour votre père, Seijuro. C'était un homme bien.

Seijuro réalise que c'est la première personne à lui présenter des condoléances. Le docteur prend Seijuro par l'épaule et le guide dans les couloirs de l'hôpital. Ils prennent l'ascenseur et descendent jusqu'au parking sous-terrain.

-Ton père t'a demandé de venir me voir... t'a-t-il dit pourquoi ?

-Non.

-Je vois. Je vais te montrer mais... il faut vraiment que tu prenne sur toi. Et que tu reste calme... Et que tu écoutes bien.

-D'accord... Où allons-nous ?

-Dans un autre centre.

Il invite Seijuro à monter en voiture avec lui. Le garçon hésite quelques secondes.

-Je savais que tu allais venir, mais je dois avouer que tu n'as pas tardé. Comment te sens-tu avec tout ce qui se passe ?

-Je ne sais pas.

-Je comprend. Malheureusement, ce que je vais te montrer ne va pas forcément apaiser tes pensées. J'ai également un lettre de ton père pour toi.

Seijuro sent sa respiration se couper. Une quatrième lettre. L'ordre final ? Trouver le docteur ne serait donc pas la fin ? Seijuro se met à trembler.

-Il me l'a remise quand il est venu, il y a cinq jours.

-Cinq jours... il...

-Il savait ce qu'il allait faire. Il m'a informé que tu allais enfin venir et m'a remit la lettre.

-Vous avez essayé de l'en empêcher ?

-Oui. Mais j'ai vite compris que rien ne pourrait changer sa décision.

-Je vois...

Le docteur se gare devant une petite bâtisse à trois étages entourée d'un grand jardin. Nagai prend son sac et en sort une lettre qu'il tend à Seijuro. Le garçon la prend avec la gorge nouée, les mains tremblantes. Il a peur de ce qu'elle contient. Il s'est plus ou moins dit qu'il n'aura pas à se suicider suite à la troisième lettre. Cette nouvelle lettre remet tout en question.

-Je ne sais pas si tu veux l'ouvrir avant ou après...

Seijuro ne répond pas. Il regarde l'écriture de son père. Nagai sort de voiture, suivit par Seijuro.

-Nous sommes dans une maison médicale qui accueille les personnes dans le coma. L'hôpital ne peut pas tous les garder, ils occupent des chambres trop longtemps. Alors, quand la famille ne veut pas les débrancher... on les déplacent ici.

Qu'est-ce que je fais là ? Se demande Seijuro. Il suit néanmoins le docteur. Ils montent au premier étage et s'arrêtent devant une chambre, tout au fond d'un couloir. Le docteur ouvre délicatement la porte et laisse Seijuro entrer.

Le garçon fait un pas timide.

Il manque de s'évanouir devant ce qu'il a sous les yeux. Sa mère est là, allongée dans un lit d'hôpital. Elle est pâle, maigre, mais c'est bien elle. Sa longue chevelure pend sur le bord du lit. Sa poitrine se soulève avec un rythme régulier. Les machines branchées à elle fond un bruit caractéristique et oppressant.

Seijuro ne pouvait pas croire ce qu'il voit. Il se laisse tomber à genoux. Tout les sentiments se mélangent.

-Elle... elle est vivante ?

-Son activité cérébrale est presque inexistante. Et sans l'assistance respiratoire, elle ne pourrait pas survivre.

-Mais alors... pourquoi ? Et comment ? Père m'avait dit... qu'elle était morte. Je l'ai cru... j'en étais persuadé. Et je sais qu'il a signé l'acte de décès. Je l'ai même vu, dans son bureau. Alors, comment ?

Le docteur Nagai s'assoit sur une chaise.

-C'est vrai, ton père a signé le certificat de décès. Quand ta mère est arrivée à l'hôpital, elle était déjà presque en mort cérébrale. Ton père ne souffrait que d'une légère fracture du bras. Il est resté tout le temps près d'elle. Il voulait continuer à espérer qu'elle ouvre les yeux, malgré les résultats des tests. Mais tes grands-parents, les parents de ta mère, eux, voulaient qu'elle soit débranchée. Ton père a finit par accepter. Il a signé les papiers. Quand nous avons commencé à débrancher les machines... ton père a vu une larme sur la joue de ta mère. C'est un phénomène physiologique qui peut rarement arriver quand le cerveau est mort. Alors, ton père m'a demandé de la cacher dans ce centre pour continuer d'attendre et d'espérer... Il ne pouvait pas se résoudre à la voir mourir.

-Il ne me l'a jamais dit. Comment a-t-il pu me cacher une chose pareille ?

Le docteur indiqua d'un mouvement de la tête la lettre que tient Seijuro.

-L'explication est peut-être là.

Le docteur Nagai s'incline légèrement et quitte la chambre, laissant seuls les deux derniers Akashi.

Seijuro s'approche de sa mère. Il prend sa main dans la sienne. Elle était fraîche, mais Seijuro sent encore le sang qui pulse.

-Maman... c'est moi, Seijuro. Est-ce que tu peux m'entendre ? Je suis désolé. Je te croyais morte. On m'a dit que tu l'étais. Pourquoi en aurais-je douté ?

Seijuro était trop petit quand sa mère était morte. Trop petit pour qu'on le laisse venir à Kobe, trop petit pour avoir le droit de voir sa mère sur son lit de mort. Il y a tant de choses qu'il aurait aimé lui dire...

Seijuro s'était consolé de la mort de son père en se disant qu'au moins, il avait rejoint sa femme. Mais ce n'était même pas vrai. Il savait qu'il allait être seul après la mort.

Le garçon resta de longues heures auprès de sa mère. Il ne savait plus quoi penser, plus quoi lui dire. Il avait trop de choses.

Finalement, il se tourna vers la lettre. La dernière lettre. Il espérait qu'elle contenait les explications dont il avait besoin.


Je n'avais pas précisé le nombre de chapitre. Mais maintenant vous vous doutez que celui-ci n'est pas le dernier ^^ Il reste une lettre.

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