La serveuse du pub de Pré-au-Lard, les Trois Balais, en avait bien eu des anecdotes croustillantes avec son grand nombre d'élèves de l'école de sorcellerie, venant certains Samedi. Quatre pourtant l'avaient marquée plus que les autres.

Elle se souvenait de ces secondes années arrivant fraichement dans son bar comme si de rien était. Connaissant les règles de l'école, elle les avait interpelé puis appelé un professeur pour les ramener au château. Aucun ne fut vexé de son geste mais, au contraire, hilare. Le premier, un garçon aux cheveux emmêlés et aux grandes lunettes rondes cachant des yeux noisettes, brillant de malice, lui avait dit qu'ils étaient issus de son imagination et que, dès qu'elle se retournerait, ils auraient disparus. Ne les croyant pas pour une noise, elle les gardaient à l'œil jusqu'à ce qu'un client ne vienne la héler et qu'elle ne tourne la tête. À peine avait-elle repris son attention sur les jeunes élèves que déjà, ceux-ci n'étaient plus là. Elle ne su par quels sortilèges ils avaient réussi leur coup mais elle se souvenait avoir sourit en pensant que ce ne serait pas la dernière fois qu'elle aurait affaire à eux.

La même année, un manège similaire au dernier eu lieu. Les élèves affluaient dans le pub et cette fois-ci elle ne se fit pas avoir. Elle prit des amis à elle pour assurer le service correctement tandis qu'elle surveillait les jeunes chenapans.

- Nous allons être puni James ? avait questionné d'une voix remplie de sanglots un deuxième garçon potelé.

L'enfant aux cheveux d'un châtain terne et aux yeux clairs, embués de larmes, tremblait de tout son corps en regardant son ami, le garçon qui lui avait parler la dernière fois. Ce dernier semblait plus inquiet pour son ami que par l'éventuelle punition et tentait de lui redonner le sourire doucement.

- Allons vous ne serez pas si sévèrement puni pour de la curiosité, tenta de consoler la serveuse.

- Oh vous savez Peter n'aime pas être puni ça lui rappelle son père. Quand il faisait quelque chose de mal il-

- James ! Tu avais promis de ne rien dire, le coupa brusquement le dénommé Peter. Je... Je ne veux pas être puni...

Emprise de remord, elle regarda les alentours et les laissa finalement partir. Ils étaient jeunes et curieux, elle n'allait tout de même pas priver de leur jeunesse des pauvres enfants déjà si malheureux. Les voyant sortir en consolant leur ami, elle ne put s'empêcher de sourire. Ils seraient comme les cinq doigts de la main avec autant d'affinité entre eux. En les regardant par la fenêtre, elle lâcha un hoquet de surprise. Le garçon si chétif en se remémorant de mauvais souvenir séchait soudainement ses larmes avec un large sourire calculateur et sous les applaudissements des trois autres. Oh oui comme les cinq doigts de la main. De vrais canailles qui l'avaient bernée.

À la troisième visite, elle s'étonna de ne voir que trois d'entre eux rentrer dans le plus grand silence, cherchant à se faire les plus discrets possibles. Elle ne tarda pas à les rattraper et les envoyer dans la réserve à l'abris des regards indiscrets.

- Cette fois-ci vous ne pourrez pas partir, vous ne m'aurez pas, les prévint-elle.

Pourtant aucun ne réagit, ils restèrent sagement assis, surveillant par l'embrasure de la porte les nouveaux entrants et sortants. En suivant leurs regards elle vit enfin le quatrième garçon entrer dans des vêtements beaucoup plus luxueux qu'auparavant. Se dirigeant vers la sortie, elle se fit intercepter par James.

- S'il vous plaît nous sommes venus vous implorer de ne surtout rien dire à ses parents. Ne leur dites pas que nous sommes là ou que nous sommes déjà venu, par pitié.

Choquée par ses paroles, elle se reprit vite en se souvenant de leur dernier numéro. Repartant vers le garçonnet, quelle ne fut pas sa surprise de voir entrer à leur tour les honorables et si redoutés Orion et Walburga Black. Tenant chacun par une épaule un enfant dont l'un de ses quatre fauteurs de troubles. Ce dernier tenait ses cheveux bruns bien coiffés dans une queue de cheval basse et passait au peigne fin les lieux de ses yeux métalliques. Rassuré, ses épaules semblèrent se détendre légèrement. À ses côtés se tenait un autre garçon identique à son image si ce n'est la taille et ses joues d'enfant rougis. Ils portaient tous les deux fièrement une robe de sorcier noire arborant le blason de leur famille.

Comprenant maintenant les dires du garçon à lunettes, elle s'avança vers eux prudemment. La famille était connue pour faire partie des familles de sang pur à l'éducation stricte et elle était sûre que les escapades du garçon serait sévèrement réprimées si elle osait en toucher mot.

- Lord et Lady Black ! Que me vaut l'honneur de recevoir une famille de votre rang en ces murs ?

- Madame Rosmerta. Il nous tardait de pouvoir passer un peu de temps avec nos enfants, nous avons facilement reçu un laisser-passer pour eux. Nous tenions à ce qu'ils soient aptes à se repérer dans ces rues avant leur troisième année.

Voyant l'aîné des fils rouler des yeux, la serveuse dut réprimer un sourire et les emmena plutôt à une table éloignée de la réserve mais toujours visible pour les trois garçons.

- Et quels sont les noms de vos adorables enfants ?

- Sirius Black, Madame. Je suis enchanté de faire votre connaissance.

- Regulus Black, Madame. Il en va de même pour moi.

- Et bien en voila de bonnes manières, vos parents doivent être fiers de vous.

Le plus jeune sourit et le plus grand sembla vouloir rajouter quelque chose mais un regard noir de sa mère l'en dissuada.

Reprenant finalement son service, elle garda toujours un œil sur ses petits protégés et, quand finalement vint l'heure de partir, les trois garçons osèrent sortirent leur tête à travers la porte pour mieux voir leur ami. Alors que les parents sortaient, Sirius se tourna et, lorsqu'il les vit, un grand sourire orna son visage. Il leur tira la langue de manière puéril, contrastant avec ses manières irréprochables de futur Lord, avant que la voix colérique de sa mère ne le ramène à l'ordre, l'obligeant à sortir.

Les secondes année sortirent enfin de leur cachette, remercièrent la serveuse et repartirent comme ils étaient venus. Elle s'attachait déjà à ces gamins.

Un long moment passa avant qu'elle ne les revoit. Malgré les différentes sorties organisées, ils n'étaient pas retournés dans sa bâtisse. Ce fut finalement à la dernière sortie à Pré-au-lard qu'elle les vit. Quelques gallions en mains, ils lui demandèrent une boisson pour se remettre d'aplomb pour les examens de fin d'année. Devant leur culot, elle ria franchement. De bonne grâce, elle leur servit leur commande et les emmena comme à chaque fois dans la réserve.

- Cette fois-ci vous serez bien puni pour votre sortie improvisée bien que je me demande comment vous faites pour toujours sortir.

- Oh vous savez il nous suffit juste d'attendre que Remus soit mal luné pour qu'il nous sorte une idée incroyable et hop ! On se retrouve en votre charmante compagnie, répondit James.

Ce dernier grommela en prenant une autre gorgée de son breuvage.

- Je t'emmerde James.

Quatre voix s'offusquèrent de son injure. La gérante du pub n'en revenait pas qu'un enfant de son âge ose dire cela devant un adulte. Il s'était jusqu'alors fait plus discret que les autres alors elle n'avait jamais pris le temps de le détailler. C'était un charmant garçon fin et grand pour son âge. Ses yeux aussi malicieux que les trois autres se cachaient pourtant derrière un chevelure châtain qui s'éclaircissait avec l'arrivée des beaux jours, comme s'ils cherchaient à ne pas être vu.

- Arrête de dire ça ! C'est pas bien, le réprimanda James en le regardant effrayé.

Ce groupe était bien hétérogène en vue des éducations si différentes de chacun. Remus se contenta de hausser des épaules un sourire en coin.

- Dire quoi ?

- Dire... ça !

- Mais enfin que ne dois-je pas dire oh petit prude ?

- Remus !

Il ricana légèrement avant de lâcher un faible désolé, pour rassurer ses amis qui le prenaient pour Salazar maintenant qu'il avait dit le mot interdit des parents.

Enfin, le professeur McGonagall arriva et un regard suffi à faire baisser ceux des enfants.

- Madame Rosmerta, encore désolé de tous les troubles occasionnés par ces jeunes garnements qui ne semblent pas savoir se tenir aux règles de l'école. Mes garçons, croyez-moi que votre punition sera proportionnelle à la gravité de vos actes.

Les élèves suivirent leur directrice de maison à l'extérieur du bar mais se permirent tout de même un dernier au revoir de la main, un sourire collé à leur visage.

Elle l'avait déjà sentit à l'époque, elle ne pourrait pas se passer de ces petits garnements.