Blodi52 : Merci encore pour ta seconde review. =)

Joana A : Ravie que l'histoire te plaise

emirabermudes0 : Thank you for your review.

Avant dernier chapitre

Dans ce chapitre on entre vraiment dans la partie "Kalexis" de l'histoire. De base ce n'était pas vraiment ça que j'avais en tête mais quand j'ai écrit, c'est ce qui est ressortit. Malgré de nombreuses relectures et changement, le fond n'a pas changé. Ma plume me ramenait sans cesse à ça. Du coup ça pourra paraitre un peu OOC.

Je vous laisse juger par vous même. Bonne lecture


Chapitre 4 : Understanding (Alexis)


Si au début du repas, Alexis préféra garder le silence, bien vite ses a priori s'effacèrent et elle profita du moment. De temps en temps, elle laissait ses yeux dérivés sur la lieutenante pour l'observer. Contrairement à d'habitude celle-ci semblait moins sur sa réserve. Les constants coups d'œil de la lieutenante pour son père passaient difficilement inaperçus. Non plus que le sourire qui avait pris place sur son visage et ne semblait pas prêt de disparaître.

Lorsqu'à la fin du repas Beckett insista pour les aider, Alexis s'amusa de les voir se chamailler. Ses derniers mois, elle en était venue à oublier à quel point Beckett agissait différemment quand son père était autour et réciproquement. L'alchimie qui s'opérait entre eux était indéniable dans ses moments‑là.

Sa grand-mère avait eu raison de proposer qu'elle vienne ce soir. Elle-même ne regrettait pas d'avoir dit oui à sa venue. Ils étaient ce qui se rapprochait le plus d'une famille pour Beckett et Alexis voyait bien qu'elle était nettement plus détendue maintenant qu'à son arrivée.

Peut-être que son père avait finalement raison de garder espoir. Peut-être Alexis avait-elle jugée trop vite et Beckett avait de véritables raisons pour être restée sans nouvelles. C'était dur à comprendre pour la jeune fille, mais elle ne devait pas oublier que la lieutenante n'était pas d'un naturel ouvert. Son père avait tenté de lui expliquer une fois. Il avait pour ce faire comparer la lieutenante à un animal qui aurait été maltraité et qui même une fois dans une bonne famille reste craintif, de peur d'être à nouveau blessé. Beckett avait perdu sa mère dans les pires circonstances possible et d'après ce qu'elle avait compris, son père avait eu du mal à l'accepter et était tombé dans l'alcool. Ça n'avait pas dû être aisé à gérer. Particulièrement à un âge aussi jeune.

Alexis n'arrivait même pas à imaginer comment elle-même ferait si une telle chose se produisait. Bien que sa mère soit partie quand elle était toute petite, Alexis n'avait jamais manqué ni d'attention ni d'affection. Son père avait toujours présent et même si sa mère vivait à l'autre bout du pays, elle n'était pas non plus devenue une totale étrangère. Sans oublier qu'elle avait aussi sa grand-mère.

Que ce serait-il passé si elle les avaient perdus aujourd'hui ? Ne se serait-elle pas également refermée sur elle-même afin de ne plus souffrir ?

Laissant ses états d'âme de côté avant de se remettre à pleurer, Alexis se rendit compte que la muse de son père semblait vouloir partir. Alexis n'était pas dupe. Elle voyait très bien que la lieutenante pensait que c'était la chose à faire pour leur permettre d'être en famille. Le simple fait que la jeune femme ait ce type de considération réchauffa Alexis qui lui proposa de rester. Celle-ci la regarda sans cacher son étonnement. Ce qui n'était pas surprenant au vu de son comportement avec la lieutenante un peu plus tôt dans la journée. Alexis réalisa qu'au-delà de son désir de faire des efforts, elle voulait réellement qu'elle reste plus longtemps avec eux. La lieutenante la scruta un court instant et voyant qu'Alexis était sincère, accepta. Laissant Beckett et sa grand-mère dans le salon, Alexis et son père allèrent dans le bureau afin de choisir un film.

« Merci d'avoir proposé à Kate de rester.

— Quand Gram m'a dit vouloir l'inviter, je lui ai dit que j'aurais voulu t'avoir un peu pour moi pour une fois... » décida d'avouer Alexis. Son père ne la jugerait pas, mais elle n'aimait pas le décevoir. S'il l'avait vu parler à Beckett devant la banque, il n'aurait sûrement pas apprécié. Son père se tourna vers elle, abandonnant ce qu'il faisait.

« Alexis, tu sais que quoi qu'il se passe, rien ni personne ne se mettra entre nous ?

— Je sais papa. Je suis désolé.

— Je ne devrais pas te le dire… poursuivit son père en se rapprochant encore un peu — ...mais elle était inquiète à l'idée de venir ce soir. Elle ne voulait pas que tu te sentes mal à l'aise avec elle ou que tu penses qu'elle empiétait. »

Alexis se sentit d'autant plus coupable de savoir qu'en dépit de la manière dont elle se comportait avec Beckett, celle-ci continuait de s'inquiéter de son bien-être et faisait tout pour ne pas la froisser.

« J'ai bien vu qu'elle voulait partir parce qu'elle pensait être de trop, expliqua Alexis dont le malaise ne faisait qu'amplifier. — C'est aussi ce que tu penses ?

— Non. C'est juste qu'après son silence de cet été...tu n'es pas le seul qui a eu du mal à le vivre. Je pensais qu'elle s'en fichait de toi, mais j'avais tort. Il est évident qu'elle était aussi inquiète que moi à l'idée que tu sois dans cette banque. Et gram m'a raconté ce qui s'était passé quand elle est venue chercher l'homme et ensuite après l'explosion. Et j'ai vu les regards qu'elle te lançait pendant le repas. Je pense que Gram a raison et que Beckett veut la même chose que toi.

— Je ne sais pas ce qui la poussée à partir après sa blessure, mais Kate devait avoir une bonne raison. Je ne dis pas que j'ai tout oublié, mais je ne veux pas la condamner pour ça. Je n'ai pas non plus toujours fait les bons choix. Si elle veut la même chose que moi alors je la laisserais avancer à son rythme.

— Je pense qu'une soirée film est un bon début dans ce cas. » Son père lui sourit alors qu'Alexis choisissait un DVD.

Ils revinrent dans le salon. Alexis s'installa sur le canapé en laissant de l'espace au milieu pour son père. Dès qu'il fut installé, il l'entoura de son bras et elle se blottit contre lui. L'adolescente avait choisi un film léger. Après la journée qu'ils venaient tous de passer, il leur fallait bien rire un peu. En cours de film elle se leva pour faire un tour aux toilettes et en revenant s'asseoir elle s'aperçut que Beckett avait adopté la même posture qu'elle. Son père avait un bras autour de la lieutenante dont la tête reposait dans le creux de son épaule. À en juger par ce qu'elle voyait, ils étaient comme ça depuis un moment déjà. Alexis sourit, attendrit de les voir ainsi et échangea un regard avec sa grand-mère qui avait elle aussi remarqué la position prise par les deux adultes. L'adolescente se réinstalla confortablement et profita du reste du film en se sentant rassurée de savoir que tout n'était pas perdu.

Lorsque le film se termina, Alexis se leva alors que sa grand-mère faisait de même. Amusée, l'adolescente ne manqua pas le fait que la lieutenante semblait avoir du mal à émerger. Elle n'était pas endormie, mais proche de l'être apparemment. Il était tellement rare de la voir ainsi. À bien y réfléchir, c'était même la première fois qu'Alexis la voyait dans un tel état de détente. Lorsque la jeune femme surprit son regard, elle sembla gênée. Aussi Alexis détourna les yeux pour ne pas l'embarrasser davantage.

Sa grand-mère fut la première à monter. Alexis ne s'attarda pas non plus. Elle était fatiguée et puis elle préférait leur laisser un peu d'intimité. Elle serra son père dans ses bras, y restant un peu plus que nécessaire avant de se tourner vers Beckett. Alexis hésita un court instant avant de la prendre à son tour dans ses bras et de la remercier une fois encore pour lui avoir ramené sa famille. Elle s'éloigna ensuite vers l'escalier et rejoignit rapidement sa chambre. À n'en pas douter son père allait essayer de prolonger le moment. Chaque fois que la lieutenante venait chez eux, il était toujours réticent à la laisser repartir.

Une fois dans le confort de sa chambre, Alexis se changea rapidement, se brossa les dents dans la salle de bain avant de s'installer dans son lit. Le sommeil la prit en quelques minutes, la fatigue émotionnelle de la journée prenant le dessus sur le reste. Cependant, même si elle s'était endormie sans problème, son sommeil fut agité. Elle se réveilla moins d'une heure après s'être couchée à la suite d'un cauchemar. Résistant à l'envie d'aller voir que son père ou sa grand-mère allaient bien, Alexis se tourna pour se rendormir. Durant les deux heures qui suivirent, l'adolescente se tourna et se retourna dans son lit. Elle était incapable de rester endormie. Dès qu'elle fermait les yeux, elle revoyait l'explosion de la banque et les minutes interminables qui avaient suivies où elle avait cru que sa famille était morte.

Décidant qu'il était inutile de rester dans son lit si c'était pour attendre que le temps passe, Alexis se leva. Elle hésita sur la marche à suivre et finit par se dire qu'une tasse de thé l'aiderait peut-être à la détendre suffisamment pour qu'elle essaye de se rendormir. Elle sortit aussi silencieusement que possible de sa chambre afin de ne pas réveiller sa grand-mère et traversa le couloir. En arrivant sur le palier, elle avisa de la lumière provenant de la cuisine. Peut-être que son père ou sa grand-mère était debout finalement. Alexis descendit rapidement les marches et s'arrêta sur le palier quand elle se rendit compte que ce n'était ni son père ni sa grand-mère dans la cuisine, mais le lieutenant Beckett.

En soi ce n'était pas de savoir qu'elle était restée pour la nuit qui l'étonna, mais plutôt le fait qu'elle soit debout au milieu de la nuit et qu'elle semblait profondément perdue dans ses pensées. Quand elle les avait laissés pour monter se coucher, elle savait très bien que son père proposerait à Beckett de rester ici. Il était évident qu'elle était fatiguée et cela ne l'étonnait guère que son père ait réussi à la persuader de rester.

Alexis poursuivit sa descente de l'escalier sans que la lieutenante réagisse. La jeune fille ne savait pas trop comment montrer sa présence sans l'effrayer. D'habitude la muse de son père se rendait tout de suite compte quand il y avait quelqu'un qui approchait.

« Lieutenant Beckett ? Alexis parla à voix basse, mais cela suffit à faire sursauter la jeune femme qui releva précipitamment la tête pour scanner la pièce avant que ses yeux ne se posent sur elle. — Je suis désolé, je ne voulais pas vous effrayer, murmura Alexis mal à l'aise.

— Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait quelqu'un. Est-ce que c'est moi qui t'ai réveillée en m'activant dans la cuisine ?

— Non, ne vous inquiétez pas. Je n'arrivais pas à dormir alors...

— Alors tu t'es dit que tu allais te faire quelque chose à boire et espérer que le sommeil finirait par venir ? compléta Beckett avec une lueur de compréhension dans les yeux. De toute évidence la lieutenante avait compris ce qui empêchait Alexis de dormir.

— Oui. Je voulais me faire un thé. Ça m'aide en général. »

Tout en lui répondant, Alexis se dirigea vers la bouilloire. Elle était encore chaude et suffisamment remplie pour une tasse. L'adolescente se retourna et remarqua enfin le mug entre les mains de la femme en face d'elle.

« J'ai eu la même idée que toi. » Beckett la regardait nerveusement et triturait l'anse du mug avec ses doigts. Alexis lui sourit et sortit sa propre tasse avant de piocher dans la boîte de thé et tisane.

« Vous non plus vous n'arrivez pas à dormir lieutenant ? finit par demander Alexis, une fois que sa tasse fut pleine.

— Kate. Tu peux m'appeler Kate. Enfin c'est comme tu veux. Je veux dire, je ne te force à rien. Je sais que nos rapports ne sont pas très bons depuis mon retour alors je comprendrais si tu ne veux pas.

Son père avait eu raison un peu plus tôt dans la soirée, Beckett-Kate était vraiment anxieuse quand il était question d'elle. — Kate est très bien. » Assura Alexis avec un léger sourire.

Ce n'était pas grand-chose, mais Alexis vit les épaules de la lieutenante se relâcher. Jusqu'à avant l'été, Alexis avait l'habitude de l'appeler lieutenant ou lieutenant Beckett. Son père faisait de même et puis c'était également par respect pour sa fonction. Ses dernières semaines, c'était surtout devenu une manière de garder de la distance. Ce que la lieutenante semblait avoir réalisé. Le moins qu'elle pouvait faire maintenant qu'elle avait décidé de lui donner sa chance était de se comporter de manière plus chaleureuse. Quoi de mieux que d'utiliser son prénom ?

« OK, souffla-t-elle. — Pour répondre à ta question, non je ne dormais pas non plus. Quand je suis chez moi et que je n'arrive à rien dans mon lit, je me lève, me prépare quelque chose à boire avant de prendre un roman dans ma bibliothèque. Je me suis dit que ça ne coûtait rien d'essayer…

— Je fais la même chose. Papa m'a déjà retrouvée plusieurs fois endormie sur le canapé avec un roman en main. » Avoua Alexis.

Kate sourit et le silence s'installa entre elles. Chacune d'elle restait dans ses pensées. Kate assise sur un des tabourets de bar et Alexis appuyée sur l'îlot. Ce n'était pas un silence gênant. Alexis se rendit compte qu'au-delà de la boisson chaude, la présence de la lieutenante était rassurante et agréable. Plusieurs minutes passèrent ainsi, le silence uniquement troublé quand l'une d'elles prenait une gorgée de thé. Alexis se demanda si elles étaient toutes les deux réveillées pour les mêmes raisons, sans oser le demander à haute voix.

« Si tu veux en parler, je suis là. Ou alors on peut rester ici en silence ou si tu veux rester seule, je peux remonter. » Proposa finalement Kate.

Alexis savait que si elle lui disait vouloir rester seule, Kate remonterait dans sa chambre sans être vexée. Et si elle voulait parler, la lieutenante l'écouterait. Depuis qu'elle la connaissait, elle avait toujours apprécié Kate pour ça. Elle ne s'imposait jamais, mais surtout, quand Alexis en avait eu besoin, elle avait toujours été là pour la conseiller. C'est ce qui la rendait différente des autres femmes qui avaient traversé la vie de son père. Y compris sa propre mère. Bien sûr, par acquit de conscience sa mère lui aurait également proposé de parler de ce qui l'empêchait de dormir, mais sans véritablement avoir envie de le savoir. Ce n'était pas que sa mère était totalement insensible, mais il fallait reconnaître qu'elle n'était pas douée pour apporter du réconfort. D'aussi loin qu'elle se souvienne, sa mère n'avait jamais été présente pour la consoler. Elle était surtout là pour s'amuser. Alexis avait quand même hésité à l'appeler ce soir, en se disant qu'entendre sa mère lui ferait du bien après ce qui s'était passé. Mais elle avait bien vite renoncé. Le moindre prétexte aurait été bon pour que sa mère ramène la discussion à ses problèmes d'actrice et c'était la dernière chose dont Alexis avait besoin.

Quoique toujours nerveuse, Kate la regardait avec chaleur et c'est ce qui décida Alexis à se confier. Maintenant que les valves étaient ouvertes, tout se déversa. Les mots sortaient de sa bouche de manière un peu décousue, mais cela ne sembla pas déranger Kate. Elle lui raconta tout. Toutes les émotions qui l'avaient traversé durant ses épouvantables heures à attendre. Sa peur de ne plus revoir son père et sa grand-mère. Le fait qu'Ashley n'était pas là pour elle et son choix de rompre avec lui. Son impossibilité à garder les yeux fermés sans revoir l'explosion.

Avant même qu'Alexis ne se rende compte qu'elle pleurait, la lieutenante était déjà debout et avait fait le tour de l'îlot de la cuisine. L'instant suivant, l'adolescente se retrouva au creux de ses bras. Kate lui murmurait des paroles réconfortantes alors qu'une de ses mains caressait ses cheveux et que l'autre faisait des cercles apaisants dans son dos. Pour la deuxième fois de la journée, la jeune fille craqua totalement. L'étreinte de Kate était douce et forte à la fois. Alexis ne sut pas combien de temps elle passa ainsi dans les bras de Kate qui continua ses mouvements dans son dos. Quand elle reprit pied à la réalité, Alexis ne bougea pas tout de suite. Elle profita encore un peu de ce moment.

En dehors de son père et de sa grand-mère, il était rare qu'Alexis s'autorise à être ainsi avec une personne extérieure. Le fait qu'elle en voulait à Kate pour son comportement avec son père pas plus tard que la veille aurait dû rendre ce moment gênant, mais contre toute attente ce ne fut pas le cas.

En essayant de s'écarter de la jeune femme, Alexis tangua légèrement. Le fait d'avoir pleuré l'avait vidée de ses forces, mais heureusement pour elle Kate réagit immédiatement. Avec un bras autour de sa taille, Kate l'entraîna doucement vers le canapé et la fit asseoir.

« Est-ce que tu te sens mieux ? murmura Kate une fois qu'elles se furent installées sur le canapé.

— Oui. Merci...je suis désolé d'avoir ruiné ton t-shirt, répondit Alexis en se rendant compte que le vêtement était à présent froissé et plein de larmes.

— Oh, c'est un t-shirt de ton père, je suis sûr qu'il s'en remettra. Kate lui sourit et replaça une mèche de cheveux derrière son oreille de la même manière que sa grand-mère plus tôt dans la journée.

— Je suis désolé. Pour la manière dont je t'ai parlé devant la banque, se surprit à dire Alexis en passant au tutoiement sans même y réfléchir.

— Inutile de demander pardon. Ta réaction était tout à fait normale et justifiée.

— Ce n'était pas uniquement à cause de ce qui se passait. »

Alexis ne savait pas exactement ce qui l'a poussait à vouloir parler de ça maintenant, mais elle ressentait le besoin de faire comprendre à Kate son erreur de jugement. Les dernières heures lui avaient permis de comprendre à quel point elle s'était trompée et elle voulait que Kate le sache.

« Je sais et je maintiens ce que j'ai dit. Tu as tous les droits d'être en colère contre moi Alexis. Je t'ai donné toutes les raisons de l'être. À toi ou à ton père. J'en suis désolé, sache-le. Kate la regardait dans les yeux et Alexis put y lire la sincérité.

— Je ne le suis plus à présent, répondit immédiatement Alexis avec la même sincérité. Aussi étrange que cela puisse paraître toute trace de colère avait disparu à l'instant où elle avait senti les bras de Kate autour d'elle.

— C'est vrai ? L'incrédulité était clairement visible autant dans la voix de la jeune femme que dans ses yeux. Si elle était étonnée que Kate se montre aussi ouverte avec elle, Alexis le cacha. Elle n'avait aucune envie que Kate se referme.

— Oui, Kate. Je t'ai mal jugée et j'ai eu tort de le faire. J'étais juste… j'étais en colère par rapport à la manière dont tu as laissé de côté papa durant tout l'été. Mais, quelles qu'aient été tes raisons pour rester éloignée durant ta convalescence il ne m'appartenait pas de t'en faire le reproche.

— Je le regrette. D'être resté sans nouvelles. Ce n'était pas juste pour tout père, ça ne l'était pour personne. J'avais besoin de temps, mais si je pouvais revenir en arrière je ferais les choses différemment, lui avoua Kate penaude. — Je ne sais même pas pourquoi il a accepté de me pardonner, ni même toi ou ta grand-mère, renchérit-elle avec un rire dépréciatif.

— Il t'aime, voilà pourquoi. Et je pense que ça te fait peur, mais que tu ressens la même chose.

À l'instant où les mots quittèrent sa bouche, Alexis vit le visage de Kate se colorer et elle se fit, la réflexion qu'elle n'aurait peut-être pas dut être aussi directe. — Pardon. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, s'excusa-t-elle immédiatement.

— Ce n'est rien Alexis. Je ne peux pas te reprocher ton honnêteté. »

Le silence s'installa une nouvelle fois. Alexis ne savait pas quoi dire. Elle aurait peut-être dû réfléchir à deux fois avant d'être aussi franche. Elle savait pourtant que Kate n'était pas très ouverte et le fait qu'il s'agisse de son père ne devait pas aider.

Au bout d'un moment, Alexis décida de revenir sur le sujet initial de leur conversation même s'il y avait le risque que la femme à ses côtés soit toute aussi réfractaire pour parler de ça.

« Comment fais-tu pour supporter la peur ? Avec papa vous avez affronté tellement de danger et je me suis toujours demandé comment il vous était possible de le faire sans sourciller. »

Cette question la taraudait depuis très longtemps. Kate Beckett l'avait toujours impressionnée. Cette femme était l'incarnation même de la force. Même quand son appartement avait brûlé, elle était restée digne et souriante. Pourtant il devait bien y avoir des moments où c'était trop, même pour elle. Ce qui expliquerait sa fuite suite à sa blessure. Ou plus simplement le fait qu'elle n'arrivait pas à dormir cette nuit.

« Quand on est flic, on doit être capable de gérer ses émotions. Quoi qu'il arrive, on doit pouvoir faire face. Cela ne veut pas dire qu'on ne ressent rien. On doit surtout faire attention à ce que nos émotions ne prennent pas le dessus et nous empêchent de faire correctement notre travail. Tout est une question de contrôle.

— Est-ce que c'est déjà arrivé de ne pas arriver à contrôler ce que tu ressentais ? Alexis avait conscience d'être sur une corde raide avec ses questions, mais tout comme son père, la curiosité prenait le dessus.

— Oui. Je suis loin d'être infaillible Alexis. »

Alexis perçut le geste de Kate vers sa poitrine. L'adolescente n'était même pas sûre que la lieutenante s'en soit rendu compte. Elle ne serait pas étonnée que ce soit devenu une sorte d'automatisme. Décidant qu'il était inutile de pousser plus avant et mettre Kate mal à l'aise avec sa curiosité, Alexis voulu changé de sujet. Kate la devança en reprenant la parole.

« Quand on m'a tiré dessus...j'ai vraiment cru que j'allais mourir. À mon réveil à l'hôpital, je n'arrivais pas à penser à autre chose. Je fermais les yeux et j'étais à nouveau là-bas, en train de mourir. Au point où je craignais de m'endormir. C'est plus facile à gérer à présent, mais il m'arrive encore d'avoir du mal à garder mon sang-froid face à une arme. Kate se tut et sembla hésiter à poursuivre. Alexis garda le silence. — Aujourd'hui…disons qu'il m'a fallu toute ma volonté pour ne pas enfoncer la porte de cette banque à l'instant ou je suis arrivée sur les lieux. Tout ce que je voulais c'était les faire sortir de là. Le chef des preneurs d'otages ne voulait parler qu'à moi et j'avais tellement peur de ne pas faire ce qu'il faut et qu'il décide de s'en prendre à ton père. J'essaye toujours de faire ce qu'il faut, mais parfois c'est juste trop. »

Des larmes fraîches coulèrent sur les joues d'Alexis en écoutant ce que Kate lui disait. En descendant se faire un thé, jamais Alexis n'aurait pensé se retrouver à discuter avec Kate de manière aussi ouverte. Sachant à quel point il était difficile pour la lieutenante de s'ouvrir, Alexis en était d'autant plus bouleversée. Elle en avait tellement voulu à Kate pour son comportement sans jamais s'interroger sur ce que celle-ci avait pu ressentir du fait d'avoir échappé d'aussi prêt à la mort. Et ce matin, elle avait été odieuse avec elle, ne faisant qu'ajouter un poids supplémentaire sur les épaules de la lieutenante.

Les bras de Kate l'encerclèrent à nouveau et Alexis se laissa faire. Il y avait une différence cette fois pourtant, Alexis n'était pas la seule à pleurer. En réponse, la jeune fille se fondit davantage entre ses bras pour donner à Kate le même réconfort que celle-ci lui prodiguait.

« Est-ce qu'on peut rester là encore un petit moment ? demanda Alexis quelques minutes plus tard. Elle se sentait à nouveau très fatiguée, mais ne voulait pas se retrouver seule dans sa chambre.

— Bien sûr. Aussi longtemps que tu voudras. »

Alexis laissa Kate se déplacer sur le canapé avant de se rapprocher. Semblant comprendre ce qu'elle voulait faire, Kate écarta ses bras afin qu'Alexis puisse s'installer contre elle avant de le refermer sur elle. Elles ne parlèrent plus, se contentant de rester sur le canapé. La nuit se poursuivait doucement. L'adolescente se laissa bercer par les battements de cœur de Kate et par la sensation de bien-être qui l'entourait.

Alexis s'était lourdement trompée. Kate n'était pas du tout comme Gina ou sa mère. Kate avait un cœur généreux. Et après ce soir, Alexis savait qu'il ne lui fallait qu'un peu de temps pour que celle-ci se rende compte que leur famille pouvait devenir la sienne. Le sommeil finit par l'emporter et cette fois-ci il n'y eut pas de visions apocalyptiques pour la réveiller.