Auteur : kitsu34

Origine : Saint Seiya (Post Hadès)

Couple : Milo x Camus parce que ça leur va bien et que j'aime les torturer.

Genre : Euh… Nawak ? Oui, j'en ai bien peur.

Disclaimer : Rien à moi dans l'univers de Saint Seiya (Heureusement me direz-vous, vu ce que j'en fais….).

Note : Voici le dernier chapitre de cette petite histoire. Je ne m'attendais pas à un tel succès, je l'avoue.^^ Comme quoi, on peut partager des délires. J'en profite pour remercier Midia-du-scorpio, Miss Mpreg (oui je sais que ce thème de l'homme « enceint » s'appelle Mpreg, mais si tu lis ce dernier chapitre, tu comprendras pourquoi je ne l'ai pas annoncé dans le résumé...) et Olivier88 pour leurs reviews et d'une façon plus large, je vous remercie tous de l'accueil fait à ce petit défi déjanté. J'espère que la fin ne vous décevra pas trop : la fin est d'une façon générale, le plus difficile d'une histoire, à mon sens. Cette fois ne fera pas exception : pardonnez-moi si vous êtes déçus, et pour ceux qui me connaissent dans mes autres histoires, vous savez que je suis un auteur sadique et retors qui aime bien faire prendre des vessies pour des lanternes^^… Cette histoire-là ne fera pas exception.

Jamais deux sans trois

La douleur fulgurante le traversa de part en part et résonna longuement dans son corps, le tirant brutalement d'un sommeil difficilement acquis. Légèrement haletant, Camus se redressa sur le coude, dans la nuit. Il attendit en silence, sans bouger, à l'écoute de ce qui se passait en lui. Mais plus rien ne vint dissiper la quiétude nocturne retrouvée. Hormis sa propre respiration, encore sifflante, et le souffle apaisé et tranquille de Milo, plus rien ne troublait l'obscurité.

Avec un soupir, il allait se recoucher quand une nouvelle déchirure le traversa et le crispa, lui faisant pousser un léger gémissement étonné. Cette fois, il sentit obscurément que son corps changeait et une masse dans ses entrailles lui sembla peser soudainement plus lourd. La douleur n'en finissait pas de se répercuter en lui, comme les répliques d'un tremblement de terre. Avec un sentiment d'urgence instinctive, il secoua Milo, qui s'éveilla d'un seul coup.

« Mmh, quoi ? Que se passe-t-il ? Tu as faim ?

- Milo, ça y est.

- Ça y est quoi ?

- Le bébé. Il arrive. Il faut y aller.

- Il arrive ? Tu es sûr ? Il arrive ! Athéna !

- Milo, calme-toi. Je n'ai pas besoin que tu paniques, là. Il faut prendre… Ah ! »

Camus se crispa à nouveau sur un élancement très douloureux qui le pénétra et résonna une nouvelle fois longuement dans son corps. Milo vira au blanc cassé et il déglutit nerveusement en se passant la main dans les cheveux, le regard fixe.

« Athéna… Oh Déesse… Déesse…

- Mi...lo ! Il faut… prendre… le sac…

- Oui ! Le sac ! C'est ça !

- Prévenir… la clinique…

- Ah oui ! La clinique !

- Démarrer... l'hélico… et réveiller… le pilote…

- Oui, oui ! Je m'occupe de tout ça ! Je préviens Shura au passage ! Il va s'occuper de toi ! »

Milo sauta du lit, s'habilla en une fraction de seconde et se précipita hors du temple, tout cosmos dehors. Aussitôt les vibrations des autres Ors s'allumèrent et en moins de temps qu'il ne fallut pour crier une quatrième fois, ils étaient tous autour de lui, teints formant un dégradé de pâleurs intéressant.

Camus sentit le poids dans ses entrailles commencer à se frayer un passage vers le bas et il blêmit dangereusement. Un frémissement général accueillit sa pâleur et Aiolia, Deathmask, Aiolos et Kanon poussèrent la camaraderie jusqu'à l'accompagner fraternellement. Leurs teints hâlés s'éclaircirent substantiellement.

« Oh là là ! Mais que fichent Milo et le pilote ?

- On fait quoi s'il accouche maintenant ?

- Réfléchit un peu, Kan', ce n'est pas possible. Le bébé n'a pas de passage pour sortir. Camus n'est pas une femme.

- Je vais vomir, je crois.

- Je me sens mal…

- Bon les femmelettes, dehors ! On n'a pas besoin de petites natures ici ! »

Pour un peu, s'il n'était pas si occupé à écouter les métamorphoses de son corps, Camus aurait embrassé Shura. Celui-ci, aidé de Mû et Aphrodite, mit les quatre pâlissants à la porte de la chambre, tandis que Shaka, en position du Lotus à côté du lit, psalmodiait un sûtra d'une voix douce, en prodiguant des conseils.

« Concentre-toi sur ta respiration et visualise chaque partie de ton corps. Détache ton esprit, Camus, et ressent le flux d'énergie qui te parcourt. Il faut accompagner cette énergie et ne pas s'y opposer et la combattre.

- Et respire par à coups comme la sage-femme t'a appris pour calmer la douleur.

- Le petit chien, Camus, fais le petit chien ! »

Un cinquième éclair de douleur le foudroya et cette fois, il poussa un cri et ferma les yeux de souffrance. Les pulsations effrénées et déchirantes le ployèrent, comme le roseau sous le vent et sa respiration se bloqua sur la douleur. Une sueur glacée l'inonda et il frémit de tout son être, claquant des dents et convulsant presque. Jamais il n'aurait cru que la souffrance de l'enfantement était si vive. Les femmes affrontaient effectivement une forme de guerre et son cortège de dévastations, lorsqu'elles donnaient la vie…

Soudain, une déchirure violente, comme chauffée à blanc, lui arracha un cri puissant. Une masse incandescente à présent se frayait résolument un chemin de flammes dans ses entrailles. Plus rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Il descendait invinciblement, écartant ou déchirant tout sur son passage. Et son corps réagissait, se contractait, accompagnait chaque nouvelle poussée pour expulser cette masse qui le fouaillait.

Il criait à présent sans retenue, agrippant les draps et une main, saisie au hasard, qu'il broyait sans retenue. Il poussait, poussait de toutes ses forces tout en hurlant par à-coups, conscient du fond de sa peine, qu'il n'y avait pas d'issue. Le bébé ne pouvait pas venir ainsi. Ils allaient mourir tous les deux, au milieu de cette souffrance blanche et insupportable.

La porte s'ouvrit brutalement et Milo entra, suivi du pilote et du médecin du Sanctuaire qui blêmit en constatant l'avancée du travail. Le chevalier du Scorpion évalua lui aussi l'étendue des dégâts d'un seul coup d'oeil et, au travers de ses larmes, Camus saisit un regard magnifique, qui l'électrisa.

Milo s'assit au sol, contre le lit et avec un sourire radieux, lui prit la main, la décrispant du drap qu'elle torturait. Il la porta à ses lèvres et de l'autre main, épongea tendrement son front.

« Mi...lo… Je...ne… vais… pas… y… arriver…

- Si mon amour. Si, tu vas le faire. Je suis là, avec toi, et je ne te quitterai jamais. Nous allons mettre au monde cet enfant, tous les deux.

- J'ai...mal…

- Moi aussi, je souffre avec toi. Regarde-moi. Camus, regarde-moi. »

Camus ancra son regard noyé de larmes dans l'azur radieux des yeux de Milo. Malgré la semi-obscurité de la pièce, il ne vit que lumière et force dans le regard de mer d'été. Le cosmos de Milo l'enveloppa et se fondit en lui, allégeant son fardeau, partageant sa souffrance. Doucement l'énergie de son aimé le gagna, ravivant son courage et ses forces. Animé d'une résolution nouvelle, sentant Milo battre en lui et enfiévrer ses veines, il se prépara pour l'ultime assaut.

Milo fit signe à Shura et celui-ci, sur un regard du médecin qui achevait de se préparer, arma Excalibur. Camus, se raidissant devant l'inévitable, sentit une puissante vague de chaleur douce et impossible à endiguer se répandre en lui.

« Je suis là, mon amour. Je serai toujours là. Même dans la mort, je t'accompagnerai. Je vous accompagnerai. Je suis toi. Je suis lui. Nous ne sommes qu'un. »

L'émotion qui l'étreignit à ces pensées transmises par la vibration de Milo jointe à la sienne et qui se répercutaient à l'infini dans son être fut trop violente. Ses larmes débordèrent. Même la lame incandescente, chauffée à blanc au paroxysme de sa douleur, n'eut pas raison de cette magnifique communion. Dans un dernier hurlement de rage, de souffrance et de délivrance, Camus jeta toutes ses forces dans la lutte, tandis que le bras de Shura tranchait l'air dans un sifflement net et sinistre.

oOoOo

« Je savais que je te trouverai là, encore occupé par ta contemplation. Il dort et rêve. Tu n'en as pas assez ?

- Je n'en n'aurai jamais assez. La force vitale humaine est réellement fascinante. Ils sont capables de tout, y compris de transgresser les lois immuables fixées par la Nature et les dieux. Je suis réellement impressionné…

- A ce point ?

- Regarde-les, tous les deux. Ils ont réussi à se défaire de leur enfer personnel et à se rejoindre malgré tout. Malgré moi. Je ne peux qu'être impressionné, tu ne crois pas ?

- La fragilité de l'âme humaine et l'expression de ses rêves fous ne m'atteint pas comme toi.

- C'est dommage. Tu passes à côté de quelque chose, je t'assure.

- C'est ainsi. Mon sommeil n'a pas de rêves.

- Oui, c'est ainsi. Que viens-tu faire ici, dans ce cas ?

- Zeus a tranché. Il a accepté la requête d'Athéna. Nous avons perdu même sur ce point.

- Oh, vraiment ? Quand je te disais qu'ils étaient fascinants et parvenaient à renverser l'ordre établi.

- Je te parle d'une déesse. Pas des humains.

- Une déesse humaine, qui œuvre pour et par les humains. Elle est leur émanation, ils sont ses enfants. Sa force vient d'eux et partage de la leur. Fascinants, vraiment.

- Dangereux, surtout.

- Oui… Très dangereux, en effet. »

Hypnos darda ses yeux d'or qui oscillaient entre étonnement et prudence sur les visages devant lui. Un vent d'un froid mordant, auquel rien ne résistait, parcourait l'étendue gelée et prise dans une gangue dure et cruelle de glace. Son sifflement hostile couvrait les gémissements de torture et de souffrance des âmes qui hurlaient leur désespoir, aux prises chacune avec sa définition de l'enfer. Le dieu ne ressentait aucune compassion pour elles, ces âmes damnées qui s'étaient dressées contre leur Seigneur. Ces mortels impies n'avaient que ce qu'ils méritaient. La souffrance éternelle dans les tréfonds de la plaine stérile du Cocyte, vivant éternellement leur pire cauchemar renaissant sans fin comme le foie de Prométhée. Ainsi devaient payer les rebelles à l'ordre établi. La marche du monde supposait et exigeait ces règles immuables.

Pourtant, dans le regard d'or, s'allumait doucement quelque chose qui frémissait. Une lueur folle et inconséquente, que le Dieu du Sommeil se reprochait de ressentir et qui pourtant se frayait un passage invincible en lui. Quelque chose d'irraisonné, s'approchant bien d'une certaine forme d'admiration.

Devant lui, deux visages, tordus de souffrance jusque là dans les affres d'un châtiment cruel et permanent, venaient de se rejoindre dans une lumière dorée apaisante et triomphante. L'enfer que chaque âme se forge dans le Cocyte, un enfer de souffrances solitaire, venait de voler en éclat. Deux âmes à jamais séparées normalement l'une de l'autre achevaient de se rejoindre sous ses yeux et de vibrer dans une harmonie douloureusement belle.

Par-delà la douleur et la peine, par-delà la malédiction d'un dieu et les lois immuables du monde, Camus du Verseau et Milo du Scorpion partageaient à présent le même lot perpétuel. Et Hypnos ne pouvait s'empêcher de s'en étonner, presque avec émerveillement.

Où les humains trouvaient-ils cette force ? Au milieu de son admiration, franche et déclarée à présent, se mêlait même une certaine pointe vive d'envie. Cette intensité le fascinait résolument au beau milieu de sa permanence immobile, de son existence diluée.

La main de son frère, posée sur son épaule, tira le dieu du Sommeil de ses réflexions.

« C'est assez, à présent. Recule-toi, que je remplisse ma tache. Même si je désapprouve ce que je m'apprête à faire, les ordres du dieu des dieux ne sauraient être contestés. Les chevaliers de cette génération doivent retourner à la vie.

- Je me demande si, dans cette nouvelle existence, ils arriveront au bout de leurs rêves.

- Non.

- Non quoi ?

- Ils n'arriveront pas au bout de leurs rêves. Les mâles humains ne peuvent donner la vie. C'est ainsi que le veut l'ordre du monde.

- Oui, c'est ainsi et pourtant…

- Pourtant quoi ?

- L'ordre du monde veut aussi que les âmes damnées soient isolées à jamais et que les morts ne reviennent pas à la vie. C'est pourtant ce qui vient de se produire. Par deux fois ces humains ont accompli un miracle.

- Justement. Cela suffit.

- Qui sait ? Les mortels ont coutume de le dire.

- De dire quoi ? »

Les yeux toujours attachés sur les deux visages apaisés et rayonnants pris dans la glace hostile, Hypnos murmura, comme perdu à nouveau dans ses pensées, un imperceptible sourire de sphinx sur les lèvres :

« Jamais deux sans trois, Thanatos, jamais deux sans trois... »

oOoOo

Hem, j'espère que la fin ne vous déçoit pas trop^^, mais le Mpreg, ici, n'était qu'un rêve... C'était un petit pari qui m'avait été lancé : écrire un Mpreg... Bon ce n'en est pas tout à fait un, mais c'est le mieux dont je suis capable actuellement. Pari (en partie !) relevé ^^?